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Tome LVIII
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REMARQUES
AU SUJET ET A PROPOS DE l'ÉDITION d'UNE VERSICm* °^
DU BEUVES d'AIGREMONT
Tout à la fin de mon édition des Quatre Fils Aymon, après avoir présenté en un ensemble les principaux carac- tères qui autorisent à ranger en familles dé rédactions les divers manuscrits du poème, je disais : « Il reste à formuler pour chacune des familles déterminées la filia- tion exacte des versions qu'elles embrassent ».
Un premier pas me semble fait dans cette voie par la publication du Beuv es (TAigremont, première branche du poème, d'après les mss. de Metz, Montpellier, TArsenal, Peterhouse, Douée d'Oxford. En une thèse de 74 pages (Greifsv^ald, 1913), M. Karl Kaiser donne les 987 pre- miers vers d'après ces cinq manuscrits, et nous apprend (p. 10) que la seconde partie du Beuves d'Aigremont, où ces mss. se séparent en une version M Mz et une version A P D, sera prochainement publiée par MM. Theel et Geipel.
La division du travail a des inconvénients que signa- lent et déplorent les économistes. Ici, M. Kaiser, mar- chant le premier, s'est honnêtement cru tenu de donner non seulement sa part du texte, mais aussi de composer une sorte d'introduction générale visant le Beuves (TAi- gremont en son entier. Je suppose que MM. Theel et Geipel l'ont aidé, mais travail à trois est rarement parfait.
Après avoir rappelé qu'avant 1909, il n'existait de texte imprimé des Fils Aymon que le Renaus de Montauhan, de Michelant, M. K. traite de l'édition que j*ai donnée ici et dans la coUeetion des publications spéciales de la Société des Langues Romanes : « Castets, lui aussi, donne seulement une édition du ms. ]a\ Vallière, et en introduction et en appendice, des remarques sur les autres manuscrits. Evidemment, il ne songe pas à rédiger un
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. •• • .
6 . •'*•. Rïl^AROUES AU SUJET
ouvrage {(Piiû'* caractère absolument critique : Anschei- lief;id'witrér auch gdt Kein abschtiessend Kritisches Werh y/'iClxUffên ». Il cite mêm-e, à Fappui de cette opinion, ce '•'-que j'ai dit dans mon introduction, à propos d'une remar- que de Zwick visant l'édition de Michelant. S'il eût con- tinué à lire, il aurait constaté que je promettais surtout de faire autrement que le premier éditeur, c'est-à-dire de ne pas toucher au texte sans en avertir et sans en donner la raison.
Mais M. K. veut bien reconnaître que mon édition est bonne et que les notes et les explications que je donne au sujet des manuscrits, sont très supé^rieuTes à ce que l'on avait jusque-là ; et je n'aurais qu'à me réjouir, s'il ne se hûtait d'ajouter que notes et explications n'éclai- rent qu'en partie les rapports compliques des manuscrits entre eux.
« Donner et retenir ne vaut », dit le proverbe. L'on aurait e^i à la rigueur le droit de parler ainsi, car je ne pouvais, dans l'état où je trouvais la question, m'enga- ger dans un détail minutieux au sujet de manuscrits représentant des versions très différentes les unes des autres, mais il eût fallu dire d'abord que, dans la descrip- tion des manuscrits, dans de longues notes au texte, enfin dans l'appendice, j'ai jeté les bases d'une classifi- cation des manuscrits en familles d'après les rédactions qu'ils nous ont conservées et que, tout à la fin, j'ai pré- senté un résumé de ce classement (1). On devait le dire, parce qu'en fait c'est sur ce classement que l'on s'est appuyé pour éditer la première partie d'un Beuves (TAi- gremont d'après les manuscrits A P D, M Mz, et c'est également grâce à lui que MM. Theel et Geipel ont reconnu que, pour la seconde partie, ces manuscrits offraient deux versions absolument distinctes, l'une con- servée dans A P D, rautre dans M Mz.
(1) DaiiB uji article à part sur lee dernières pivhlications rela- tives aux Fiîs Aymon j'arvais déjà tracé un clafisement général en partant de L. V. Eevue des L. romanes, année 1908, pp. 490-604.
DU « BEUVES d'aIGREMONT »
J'admets volontiers qu'un jeune romanisant peut se croire tenu à une discrétion qui n'est pas obligatoire pour les vétérans de la maison ; mais quel péril y avait-il à reproduire des lignes comme celles-ci : « M Metz ont un Beuves d Aigremont particulier... A P ont un Bernes (TAigremont autre que celui de L, mais dont la première partie concorde avec celle de M Metz »? — C'est cette première partie commune aux quatre manuscrits que vous imprimez. En y ajoutant, à partir du v. 740 (sur les 987 du texte) le ms. Douce (D), vous ne faites que mettre à profit les indications que j'ai données sur ce manuscrit, auquel manquent de nombreux feuillets au commence- ment et dont j'ai imprimé la première page en consta- tant qu'il suit la version A.
Dans ce dédale en apparence inextricable des manus- crits des Fils Aymon, j'ai tracé des avenues où il est aisé de se retrouver ; mais j'aurais préféré n'être pas contraint à le rappeler. Remarquez d'ailleurs que, soit à la description des manuscrits, soit dans l'appendice, soit même dans les notes au texte, j'ai multiplié les résumés et les citations, celles-ci dur j longueur plus qu'ordinaire, parce que je tenais à faire triompher la vérité, peu soup- çonnée jusqu'alors, qu'à côté de la version représentée par un seul ma:iasi*.rit, 1:î manuscrit La Vallière que j'édi- tais, il était d'autres rédactions très différentes de celle-là et très différentes entre- elles Je n'avais pas dédaigné de consulter la vieille prose française qui représente un ms. perdu de la *^imil!e P A M Metz pour la première partie du Beuves (TAigremotit, et les mss. M Metz pour la seconde. A ce .-ropos, j'imprimais, ou à peu près, toute la seconde partie du Beuvs (TAigremont d'après M. D'ail- leurs, par les r?i{;t.r»iis de A et de P à la description des manuscrits, aimsi que par les résumés et des com.pariai- sons partielles, je donnaivS les éléments les plus néces- saires à l'élude de re remaniement si curieux du grand poème. J'avais donc appris avec une réelle et sincère satisfaction, que j'aurais le plaisir de lire le commen-
8 REMARQUES AU SUJET
cernent irri[»rimé, et j'ai étr d'autant plus étonné que ma préparation antérieure du sujet fût mise en oubli.
L'exemple à lui seul de Matthes montre où l'on en était avant mes travaux. En 1875, parlant du ms. Douce dont on lui avait communiqué des extraits, il déclarait : <( le manuscrit ne réclame pas d'auti^e examen. Il con- tient la plus ancienne version de Renaus^ la version tra- ditionnelle » (1). Or, ce n'est pas à la version tradition- nelle de Renaus, c'esitoàndipe à celle du ms. La V allier e, impriméei par Michelant et connue de Matthes, qu'il faut comparer le ms. Douée, mais, au moins pour le commen- cement et la fin à la version A P. Notez que Matthes avait feuilleté le ms. A (Arsenal), puisqu'il en mentionne un passage, p. xxvii du Renout van Montalbaen. Entre feuil- leter un manuscrit et le lire, il y a loin.
M. Kaiser, dans la Literatur, ou bibliographie, men- tionne la thèse de R. Zwick sur la Langue du Renaut de Montauban. Mais ce travail d'un esprit sagace contient des inexactitudes, et, comme ni la description des mss. n'y est suffisante, ni le sujet lui-même ne pouvait être utilement traité en raison de l'infidélité du texte tel que Michelant l'a édité, je crois bien faire de corriger ici quelques-unes de ces inexactitudes. La thèse de Zwick est de 1884. S'il eût connu le ms. La Vallière lui-même, il aurait eu un terrain plus solide, malgré le manque d'homogénéité du manuscrit (2).
A la page 13, Zwick énumère les contradictions maté- rielles, sachUcfe Widersprûche, qu'il a relevées dans le texte du poème :,
1** La femme de Renaud est d'abord dite Aélis (Miche- lant, p. 117, V. 10; Castets, 4420) ; dans toute la suite elle est appelée Clarisse.
(1) L'on a le texte de cette lettre à la, ppemière page de mon Appendice, p. 906.
(2) J'eo donne la deecription minutieufie à mon Appendice, B., p. 920-925. On ne comiprend point que Michelant néglige de faire ïa moindjre allusion à l'aspect si particulier du manuscrit qu'il éditait.
DU (( BEUVES d'aIGUEMONT »
2® Les Fils Aymon, dans leur fuite, sont d'abord logés par Termite Gautier (Michelant, p. 133, v. 30 ; Castets, V. 5059). Plus loin il reparaît, mais sous le nom de Ber- nardt (Michelant, p. 362, v. 33 ; Castets, v. 13797).
3** La première partie raconte conunent les quatre frè- res, après la malheureuse partie d*échecs, s'enfuirent de la cour dans les Ardennes. Lorsque, plus loin, Renaud conte sa rupture avec l'Empereur, il ne mentionne point d'une syllabe la partie d'échecs et fait venir les cheva- liers directement de la Cour en Gascogne.
J'avoue voir une simple différence entre les noms attri- bués à la duchesse plutôt qu'une contradiction. Il s'agit de la même personne, et l'an sait que jongleurs et copistes se gênaient peu avec les noms propres. Il en est bien d'autres exemples dans les Fils Aymon (1).
Quant au Gautier et au Bernard, ce sont deux person- nes distinctes. Les Fils Aymon, revenant de la course où Renaud a conquis la couronne du roi, s'arrêtent à Poi- tiers chez leur hôte Gautier. Il semble que ce soit le même personnage qui les a hébergés lorsqu'ils se rendaient avec Mangis dans le Midi, après qu'ils avaient été si affectueu- sement reçus par leur mère à Dordonne (Michelant, p. 98; Castets, V. 3697). De toute manière, Gautier n'est pas un ermite. Dans le Morgante, Pulci le transpose à Paris, m«iis ne se tromipe point sur sa quailité : E' solean questi sempre per antico Dismontare alla casa di Gualtieri (xi, ott. 30).
Bien plus loin dans le récit, lorsque les Fils Aymon sortent du passage souterrain par où ils se sont évadés de Montauban, ils se trouvent dans un bois, et les frères de Renaud lui conseillent d'aller demander l'hospitailité à son ami l'ermite Bernard. Celui-ci les accueille de son mieux (Michela.nt, pp. 362-364 ; Castets, 13793-13853). J'ai donné, dans l'appendice, la forme que cet épisode a prise
(1) Hervi de Lion (v. 1449) et Hervix de Loeenn© (v. 3560) sont le même pereonnage, mais le t«rouvère ne songe qu'à la rime.
10 REMARQUES AU SUJEf
dans B (1). Dans A il diflèr© de L par des détails de forme. Il y a donc à noter, non point une contradiction dans le texie, mais une erreur de Zwick ; et cependant il disposait du texte de Micihelant. Comment a-t-il pu transposer à Poitiers un emiitage de la forêt légendaire de .la Serpente, près Montauban ? L'ennui est que ces choses, une fois imprimées, peuveoit faire autorité.
J'en vie<ns à la troisième contradiction. D'après Zwick, lorsque Renaud naconle à ses dieva'liers comment il a rompu avec l'Emipereur, il ne dit pas un mot de la funeste parlie d'échecs et ne fait pas allusion à l'épisode des Arde utiles. Il y a là, pour Zwick, ujie double contradic- tion. Il renvoie à Michelant, p. 277 (Castets, v. 8610-8073. Of. 8708-8724).
Notons successivement .les passages où il peut être ques- tion de la partie d'échecs.
Sous Momtessor, dans les Ardennes, Renaud a une dis- cussion av^ec Fouques de Morillon. Il y rappelle qu'il a joué avec Berlolais avant de le tuer d'un coup d'échi- quier (Michelant, p. 67 ; Castets, v. 2620-2630).
<3uand la duchesse, sans les recormaître, reçoit ses enfants revenus des Ardennes, elle leur raconte comment ses fils ont dû se réfugier dans les Ardennes à la suite de la mort de Bertolais. Mention est faite explicitement de la partie d'échecs (MicheJant, p. 90 ; Castets, v. 2399- 2410).
Dans la délibération des barons du roi Ys, où l'on exa-
(1) P. 964-966. Le iiom de rermite y est omis, par raie de ces négliigences dont B est coutumier, très occupé qu'il est d'amplifier. Il est dans Epiiud et rédition Maurice Bauche, si altérées que soient ces reproductions. Dans ie Rinaldo en vers, Termite est de la geete de Olermont, ce qui dérive de ce qu'ont dit de lui les frères de Renaud : « Bernarz l'ermite qui ja fu vostre dru ». Au chant II du Morgante, l'abbé qui donne l'hospitalité à Roland, lui déclare que son nom est Chiaramonte^ qu'il est issu de 'l'illus- tre geste et neveu ou cousin du paladin Renaud. Tout c^la dérive du passage des Fi! s Aymcji,
DU (C BEUVES d'aIGREMONT » H
mine s il faut, au non, livrer les Fils Aymon à CJiarle- magne, »le viccwnite d'Avignon résiime le Beuves d'Aigre- mont (1) et imeintion.ne que Renaud a tué Berlolais d'un coup d'échiquier : « pa.r tel devision Conques puis ne pol estre Irovés ens el roion ». Ceci peut être, à la rigueur, considéré connne une aUusion à l'épisode des Ardennes.
. Il n'est pas dit de façon exp-li-cite que Bertolais et Renaud eussent joué ensemble, et il est insisté sur ce que l'on avait omis, après la mort die Beuves, d'obtenir l'adhé- sion des Fils Aymon à la .paix. L'on donne pour raison de l'acte de Renaud la rancune qu'il gairdait à Charle- magne.
Les mss. B C V A P M ont une forme conxmu'ne de celte délibération où le vicomitè d'Avignon fait aussi res- sortir que Ton avait omis de réconcilier les Fils Aymon avec l'empereur, tandis que Ton n'avait pas oublié Vivien d'Aigremojit, frère de Maugis. Ceci est sans doute pour expliquer comment ce personnage n'a aucun rôle dans les Fils Aymon, Il est fait mention de la mort de Berto- lais, mais sans aucun, détail. Plus sûrement encore que dans le passage correspondant à la version La Vallière, il n'est pas fait allusion à l'épisodi© des Ardeniies 2). Mais il faut reconnaître qu'il est surtout question de l'aiiitago- nisme des Fils A}^Tnon et de Chademagne, et que rien n'obligeait à s'étendre sur ce qui n'est pas essentiel.
J'en viens enfin au passage visé par Zwick. Les faits y sont présentés plutôt d'après la version A P, dont l'on a le tlexte dans mon introduction, p. 146-147, mais sans que Renaud parle expressément d'une partie d'échecs. Je m'étais demandé si ce ne serait point par le fait de copistes (p. 143) ; mieux eût valu dire que si la partie n'y est ])as, Ton y retrouve l'échiquier et l'emiploi que Renaud en a l'ait :
(1) Michelant, p. 166; Castet£, v. 5888-5923.
(2) L'on a ce texte daii6 mon édition, à l'Appendice, p. 954-958.
12 REMARQUÉS AU SUJET
Je pris un eskekier c on ot d*or pai^nturé ;
Berlolai en feri .1. cop desmemuré,
.1. neveu Chaiiemagne que im^t avoit amé.
8626-8628.)
La différence entre la version L et la version A P est que, d^ans la seconde, quand Renaud se plaint à Char- lemagne de la brulalité de Bertolais, remipereur Tinsuilte mais ne le frappe poinL Renaud, dans ce premier dis- cours, pense uniquement à expliquer comment il a été amené à se révolter contre son suzerain et à se mettre au service du roi de Gascogne. Il négdige donc sa quereille avec Bertolais, rappelle qu'il a demandé à Charles répa- ration pour la mort de Beuves et, qu'insulté par Tempe reur, il a tué son neveu d'un coup d'échiquier. Rieji ne l'obligeait à dire qu'en jouant avec Bertolais ii avait été frappé «par ceJui-ci. Mais le coup d'échiquier est le témoin de cette (première partie dti drame.
Dans le second et bref discours, non mentionné par Zwick, que Renaaid adresse, un peu plus bas, à ses hom- mes (v. 8708-8724), il rappoUe encore la mort de Beuves et le coup d'échiquier.
Zwick a donc tort d'affirmer catégoriquement que, dana le discours de Renaud, il n'y a pas une syllabe de la partie d'échecs ; il y a le coup d'échiquier et la mort de Bertolais,
Ainsi s'évanouissent les conlradictions qu'il avait cru constater.
Mais il ne s'en est pas tenu là. Le texte du ms. La Vallière offre ceci de particulier que d^ v. 1 au v. 6594 (Miohelant, p. 1-174), les vers sont rimes (1) ; que du V. 6595 au v. 12587 (Michelant, p. 175-330) ils sont asso- nances ; que le reste du texte e»i rimé. L'on est donc
(1) Dans oe1>te première partie, plusieuDs des autres manus- crits ont une laisse afisona«ncée que j'l^ reiproduiite en note au V. 5003. Est-ce un reste d'une première rédaction qui aurait été écrite en assonances?
DU « BEUVES D*AIGREMONT ». 13
porté à supposer que la partie en assonances- est «plus aniciedine, au moins pour la forme, que le reste du poème, et il est d'ailleurs d'autres raisons encore pour Tadmettre. Mais quand Zwick affirme (p. 14, 1. 23, sqq.) que lanti- quité de la partie assonancée est prouvée parce qu'il n'y reste à peu près aucune traice de la première et qu'il ren- voie aux "trois conitradietions qu'il croit avoir relevées, il se trompe.
J'ai insisté sur le discours du comte d'Avignon, dont Zwick ne iieml i>as compte, parce qu'on l'a précisément dajns la partie rimée et que les faits y sont présentés à peu près exactement comme dans le discours de Renaud lequel est dans la partie assonancée : il y a le coup d'échiquier, mais non la querelle de Renaud et de Berto- lais. Le nom d'Ardennes n'y est pas prononcé. Dès lors, il ne peut plius être parlé des contradictions que Ton pen- sait avoir relevées entre «la partie rimée et la partie assonancée. Dans oelle-ci, Fouques de Morillon reproche à Renaud la mort de Bertolais, neveu de Charlemagne (Michelant, p. 182 ; Castets, v. 6888), et souvent il y est question de la mort de Beuves. C'est en s'appuyant sur d'autres remanques plus im'portantes que l'on est porté à juger que le poème est formé d'éléments d'abord dis- tincts, dont l'on a fini par former un tout où les soudures n'ont jamais complètement disparu.
Le Beuves d'Aigremont bien que destiné à se trans- former en une introduction générale aux Fils A y mon, fut d'atK)ird une composition indépendante. Il garde presque absolument ce caractère dans le texte, le plus ancien, celui du ms. La Vallière [L], où il s'arrête vraiment au vers 1701. Aoi vers suivant commence la Chanson des Qua- tre Fils Aymon :
Dus Aimes de Doixlone .1. gentis chevaliers
Sans doute, dans cette forme antique du Beuves d'Ai- gremont, il est fait une petite place au duc Aimes, mais on y était forcé par la nécessité de créer un lien entre une
14 REMAROUES AU SUJET
œuvre d'un cara«ctè.re archoïqu^, dont le succès avait dû être grand, et le récit des aventures des Fils Aymon. On ne pouvait choisir plus noble et grave vestibule. Dès ior», il ne devait plus être reproduit à iparl. Mais, bien que déjà modifié dans le texte I^i VaHière; il était destiné h Têtre encore et bien davantage. On devait, par un progrès natupel, aller plus loin, achever la fusion des deux poè- mes en un seul. L'on y était encouragé par l'importance et le succès du Maugis (ÏAigremont et peut être du Vivien de Monbranc, compositions d'un genre romanesque dont la première a plus de 9000 vers, où l'ami des Fils Aymon est définitivement présenté comme .le fils de Beuves d'Ai gremont, où l'on a.p(prend d'où il lient sa science d'en- chanteur et comment, grâce à lui, Renaud possédait Bayard 'le cheval-fée, et Froberge, l'épée rivaile de Du-
ramdal.
Dès lors, on n'hésita pas à prendre des libertés plus grandes avec le Beuves (TAigremont et les Fils Aymon eux-mêmes. Il sem'Me cependant que, d'abord, l'on n'osa point refaire le Beuves (TAigremont en entier. Les manus- crits B C donnnt, en effet, le texte ancien jusqu'au vers 1262. Puis, dans l'intention de relier étroitement les deux poèmes, le récit est complètement refait jusqu'au vers 1987. L'on alla plus loin et l'on rédigea à nouveau le Beuves d'Aigremont d'un bout à l'autre, tout en gardant, du mieux que l'on pouvait, les dommées les plus intéres- santes du texte primitif. Au point de vue esthétique, aucun de ces remaniements n'égale la beauté sombre du vieux Beuves d'Aigrement, mais ils plaisaient .parce qu'ils unissaient en une seule composition le court poème et la Longue histoire des Fils Aymon : ils réussirent au point que, seul, le ms. La Vallièi'e représente aujourd'hui le premier âge de ce qui devait peu à peu constituer le cycle des Fils Aymon, tel que le Moyen-Age l'a lu et admiré, se pénétrant de plus en plais de l'élément roma- nesque. Ainsi transformé, il eut l'honneur de servir de
DU « BEUVES d'AIGREMO^T » 15
point de dépairt aux premiiers essais de la poésie cheva- leresque italienne.
On ne peut donc qu'approuver les jeuiies romanisants qui ont eu la penisée d'imprimer un des Beuves-d Aigre- mont de la .seeonide époque, tel qu'il a été conservé dans une -faniiiUe de manuscrits.
Une introduction, (p. 6-15) mentionne d'abord, comme il a été dit plus haut, rédition de Renakis de Montauban de Michedant o-t eelle que» j'ai donnée sous le titre de la Chanson des Quatre Fils Aymon dans la Revue des Lan- gues Romanes et dans la collection des éditions spéciales de notre Société. Puis vieint l'énumération avec renvois à mon édition des mss. que j'ai connus et plus ou moins utilisés. L'on a eu tort dé ne pas mentionner le ms. 701 de la Bibliothèque natioale (1). En tête de la longue ana- lyse que j'en ai faite (p. 180-242) j'ai dit sans doute qu« le Beuves dAigremont y est supprimé, mais j'ajoute qu'il en est tenu compte dans la suite, et j'en donne aussitôt la preuve. L'on aurait dû comprendne que pour moi, par- tant de la version ancienne, le Beuves d'Aigremont s'ar- rête avant radoubeanent des Fils Aymon et la queirelle de Renaud et de Bertolais. M. Kaiser, prenant la forme plus récente pour base, mène le Beuves dAlgremont jus- qu'à l'endroit où Cliariemagne apprend que Renaud et ses frères se sont réfugiés dans les Ardennes. Or, dans le ms. 764, c'esit seulement au f. 6, reeto, que l'on est à ce point de la narration. Je ne professe pas d'admiration pour cet interminable roman, mais il date du XIV* siècle, puisque des tapisseries dont les sujets lui sont empruntés sont portées à des inventaires de 1389 à 1420 (v. mon
(1) L*oai aurait dû meniionner, sinon mes Mâcher ches où il est si souvent question du nus. de Montpelliefr dont l'on se sert, mais le Maùgis d'Aigremont, d'a(>rès le ms. P et les mss. M C. A la page 315 Ton a des remarques importantes sur le ms. P que l'on utilise aussi pour ce Beuves (TAigremont. On oublie trop que dans tous les mss. des Fils AymoUy il ya des traces de l'influence du Maugis d* Atgremont.
16 REMARQUES AU SUJET
édition, p. 243, 244). H n'y a rien de téméraiFe à sup- poser que ces inventions, ont contribué à la forme que rhi-sloire des Fils Aymon a prise> en Itailie (1).
M. K. aviait d'abond peinsé à prendre ipour base de son travail le ms. A, (Arsenal), mais il a été rebuté par la mauvais ortographe et la difficulté qu'il a trouvée à lire les premieirs feuillets (2). Il a donc préféré le ms Mz (iMetz), qui est établi avec soin et plus correct, mais je ne crois pas que l'on y ait une forme plus anciemie, bien au contraire.
Aux pages 10-15, l'on a un résumé de la partie du Beuves d'Aigretnont, éditée par M. Kaiser, où il est com- paré aux autres versions. A propos de la petite intro- duotion générale qui précède le Beuves d'Aigremonl, M. K. dit bien qu'elile n'existe dans aucun autre manus- crit que ceux dont il se sert, sauf le ms. de Venise, mais il ne dit rien de ce que ce diernier manuscrit présente ici de particulier. Dans la petite introduction de la version suivie par M. K., le meuirtre de Lohier est omis, bien qu'il soit la cause de la mort de Beuves d'Aigremont. V ne l'omet pas ou tout au moins l'ajoute :
Seignors, oes chanson de grand nobilité ; Elle est de voir estoir, sans point de fausseté ; Ains n'oïstes meilor en trestot vostre aé ; Si com Karies de France, li fort roy coroné, Gueroia li dus Bues d'Aigremont la cité. Karies le fist ocire, le fort roy coroné, [Puis que] dus Bues ocist Lohier l'aduré, Renau[s] ocist après Bertolais le membre.
Le rappel de la mort de Lohier a tout l'air d'une cor^ rection, mais elle était justifiée, puisque du meu-rtre du fils du roi découlent tous les malheurs qui suivent. Il est
(1) Ganelon y déploie une activité qui fait penser au rôle qu'il tient dans les romanfi italiens; maie il y a d'autres indices encore.
(2) La photograiphie donnée à mon édition est prise de ce manus- crit. L'écriture ee/t bonne.
DU (( BEUVES D*AIGREMONT » 17
étonnant que M. K. qui publia précisément l'éJpisode de la mort de Lohier, n'ait pas trouvé intéressante la correc- tion fournie par le ms. de Venise (1).
Un peu plus bas, dans le tecte praprememt dit, la versioni publiée par M. K. donne pour raison de la colère de Cliarlemagne contre Beuves son reifus de servir le roi dans sa guerre contre ies Saxons. V imagine, au con- traire, que Beuves n'a pas voulu suivre l'empepeur dans sa guerre en Espagne. Cette variante dérive du texte lui- même de M. Kaiiser. Simon dit à Beuves que ses frères ne veulent pas se«rvir le roi :
Ne ale«r en Espaigne par desus Esclavons {v. 278). et, pLus loin, la duchesse rappelle encore que Doon a nefu.&é de suivre le roi en Espagne (v. 322).
La version La Vaililièire, suivie en cela par B C, donnait pour raison de la colère du roi que Beuves remplit mal son devoir envers lui par amour pour son frère Doon, le vassal rebelle. On crut, pilns *lard, bien faire en imagi- nant que Beuves s'était séparé de Charies dans une de ses guerres les plus difficiles, celle de Saxe. Avec V on en vient à la guerre d'Espagne, à laquelle ia Chanson de Roland et le Pseudo-Turpin avaient conféré une gloire incomparable. Mais dans le courant «des Fils Aymon, je ne crois pas qu'ii soit ■tenucomiple des changemenils intro- duits au commencement dti Beuves dAigremont, Puisque l'on mentionnait V pour la petite introduction, il eût été bon d'avertir de ses traits particuliers en cet endroit.
Mais M. Kaiser, en 'partant de la version qu'il édite, s exposait à négliger certai-ns des traits caractéristiques de la version La Valilière. Je suis ici dan® la nécessité de ciler ses oaroles :
« Le commencement propre «de l'épopée a sa scène à
(1) V. Deux manuscrite de VHUtoire des Fils Aymon, daitt la Revue des Lanigufifi Romaines', amnée 1887, p. 54 suiv. Il y est ques- tion des mss P et V. A propos du ms. P, je conte comment je Tai découvert eoue un titre inexact d'un fac-mmilé à T usage de l'Ecole dee Chartes.
2
18 REMARQUES AU SUJET
Paris, à la cour d« Cha-riesi. Tous les barons s'y sont rendiis, sur rordre- de rempereoir, à ia Penteicôte. Seul, Beaives d'Aigiremont a osé se» tenir à iVécart. Chaiiiles exprime son méconitenitemenit de la désobéissanice de Beoi- ves. Il .accuse Bouves et ses frères d'avoir causé, par teur absence, la mort, de Baudoin et de maint autre vai liant chevaiier dams des guerres antérieures. » Ceci est exact des 'manuscrits A P M Mz, mais ne l'est pas des mss. L, B, C, où il est longuement question de Doon. de Nain- teuil et de la guerre qu'il avait soutenue contre Charles. C'est par affection, je le disais plus haut, pour Doon que Beuves se dispense de servir le roi. Ainsi, tout, à l'entrée du poème, tes noms de Beuves et d'Aymes paraissent encadrés de ceux de personnages faisant déjà partie de l'épopée. Substituer à des souvenirs féodaux d'un carac- tère si pairticulier et vivant, un rappel des guerres de Saxe fut une idée fâcheuse. On entrait ainsi dans cette voie de la convention banale où en Italie l'on devait aller si loin.
Si, dans le cours des Fils Aymon, Ton rencontre la mention d'une guerre de Saxe, de Baudoin, de la reine Sebiie, de la défaite de Guiteckin (v. 5134 suiv.), c'est comme de choses toutes récentes ; on revenait de cette guerre, et le vieux Doon de Nanteuil allègue, pour ne point suivre le roii en. Gascogne, contre les Fiis Aymon, que Ton arrive à peine de Saxe et que dleipuisi cinq ans il n'a pas vu sa femme. Il y a donc contradiction entre ce passagenci et lia mention d'une guerre de Saxe au commencement du Beuves d*Aigremont ; mais les irema- nieurs ne s'inquiétaient pas pour si peu.
Les deux mesisagers que Charles envoie à Beuves «dans L B C, Enguerrand et Lohier, répètent taxtuelement, à la manière homérique, les reproches que Chademagne fait à son vassal, et par conséquent parlent de Doon de Nan- teuil. M. Kaiser avertit qu'il n'a pas à s'occuper du pre- mier messager, qui ne figure pas dans la version qu'il édite ; mais soit dlans- les conseils de modération que ia
DU « BEUVES d'aIGREMONT » 19
ducheisise donne à son mari, *soi<t dans le discours de Lohier, soit dan® la réponse de Beuves, il est question der Doon de Nainteuil et de la guerre qu*il soutint contre Chanleanagnie. C'es-t un trait important de la version L B C. Les résumés dé M. K. n'en gardent rien.
En énumérant îles parents sur le concours desquels Beuves déclare compter, M. K. ajoute là Doon, Aymes et Girard, un Gamiar, fils de Girard (p. 13). Garnieir est un fils de Doon, neveu, par conséquent, de Girard. Le roman de Gui de Nardeuil commence :
Oï aivez de Aye, la bêle d*Avignon, De Garnier de JVantuel^ le nohile baron j Près lu de parenté Girart de RoussiUon, Et fu cousin germain Regnaut le fix Aymon
Dans Je ms. A, un de ceux dont M. K. se sert pour établir son texte du Beuves (ÏAigremont, je .reniconire, au f* 7, verso, A, dans le discours d*Otes : Et Garnier de Nantuel et son père Doon » ; f. 9, recto. A, dans la
plainte de Maugis : « Et Doon de Nantuel et Garnier, le siens fis ».
Il est possible que l'erreur de M. Kaiser ait pour expli- c-alion que, *par inadvertance, il ait mail interprété un passage du texte qu'il ipublie. Aux vv. 675-678, Beuves dit qu*ill appellera à son aide son firère Girard, Doon de NanlueJ « Et Garnier le son fil que il a engenré. » Mais que dit le ms. A au passage correspondant ?
Ains menderai mon frère, Girairt le redouté. Que il me vienne aidier o son riche hamé. Et Doon de Nantuel qui moult est ibel armez. Ne Garnier ii siens fite n'i sera obliez.
M. K. en extrait les variantes ainsi que de P. Les voici pour le vers en question : « Ne G. A P ; n'i sera obiliez A. » Cette façon de présenter les variantes n'est
20 îtÊMARQUËS Au SUJET
pas san'S i.nioon(véni6nt, car l'oni peut en imduiro que pour la jpesite. le vers est identique à celui de Mz que je cite textoiellement, et qui est :
Et Gamier le son fil que il a engenré.
Si M. K. avait pris note du vers, entier de A, il eût Iiiésilé à attribuer Garnier pour fils à Girard.
Pour la parenté des Fils Aymon, en tant que menibreô de la geste de Doon de Mayènce l'on a, je crois, l'es- sentiel dans mes Recherches, p. 78-85 (/?. des L, Rom. 1886, tome xxx, p. 61-67).
Pour en Rmr avec ce que M. Kaiser nous dit du com- mencement du Beuves (TAigremonij je rappelle qu'à l'ap- pendiioe dfe mon édition (p. 911), j'avertis que le poème, dans le manusicrit Laud, à la difiérenee de toutes les autres versions, commence par une très courte introduc- tion où Charles se plaint de Beuves et Doon lui répond.
Je donne ensuite les 110 premiers vers de cette version.
L'on y voit que remipei^eoir reproche seuLeanent à son vassail de ne pas venir à la: cour quand il y est con- voqué.
Pair. II. fois ai le duc ja. à ma cort mandé. Il n'i daigne venir, ne m'a contnemamdé.
Il est donc résoloi à marcher contre le duc, à prendre sa ville et à le faire pendre comme un larron.
Doon reproche à l'empereur d'avoir enlevé à Beuves le pays de Basque et la Navarre, et maintient, en termes rapi^elant ce que dit Aymes dans d'autres versions, que les frères de Beuves sont puisiaants et le soutiendront.
Donc iil n'est question, «dans ce manuscrit, ni d'une guerre de Saxe, ni d'une guerre d'Esipa'gne, et il faUiait l'indiquer d'un mot. Le lecteur ne devinera jamais que L B C V Ld ne savemt .rien d'une guerre de Saxe où Ciliarles fit de grandes pertes . i>arco que de nombreux vassaux lui avaient refusé leur concours.
DU « BEUVES D AIGREMONT » 21
« D'après lets mss. A P M .Mz ei V, Bernes va dans sa chambre et s*arme. » Il fallait ajouter lo ms D (Douce) qui commenoe précisément à cet endroit, et dont M. K. donne les variantes au bas dé son texte. L'on avait déjà, dans mon" édition, icette première page de D que j avais déchiffrée d'après une photographie (p. 907-908). Mais dxms lia version L B C, quand la commune est venue, « comme esfoudre courant », à Taide de son seigneur, le duc reDaraît :
A icele envaïe es vos Bue von errant, Et issi de la chambre sans nul delaiement, Et a \iestu raubenc, lacié Velme luisant, Et ot ça i nie Fespée à son senestre flanc, Et estcria ses homes : N'aies mie atarjant.
v. 678-683.
Les gens de Beuves avaient àù quitter la salJe pour aller .revêtir ileufis armes défensives (v. 635-642). Beuves en avait sûrement fait autant, car dès le premier choc I^hier lui eût fendu la tête si un de ses chevaliers ne s'était jeté au-dievaai.t de Téipée et n'avait sauvé son sei- gneur aoi prix de Sia vie. Il convenait donic de mentionner attssi L B C, d'autant plus que c'est layersion la plus ancienne. 1(1 y aurait lieu de cpmpareir ici la forme du récit dans L B C avec celte du ms. de Metz qui, pour ce court épisode, diffère tedlement de P A M que M. K. a dû donner au bas ce texte pour les w. 687-730. Mais il eût l)ieni fait de donner jusqu'au v. 772, où commence une laisse en- ment.
Quand Maugis iparaît en scène, on nous dit seulement qu'il avait 16 ans et qu'il jouait habilement de la harpe et diu violon : l'on vise les mss. A P M Mz. Mz ne donne pas l'âge de Maugis à cet endroit. A y donne 16, P donne 20. Mz donne 13 ailleurs, au v. 708, qui n'a pas de con- trepartie dans les autres manuscrits. Il fallait dire que Maugis a 16 ans d'après A et ne pas faire supposer un aecord des manuseri'ts. Mais pourquoi mentionner uni-
22 REMARQUES AU SUJET
quemeoit, ©t <te ipréférentce, ses <lalenls de musicien ? Ce n'est pas sous cet aspect que le fils de Beuves, Télève d'Oriande, est destiné à figurer dans la suite. Est-il pos- sible que les vieux conteurs n'aient trouvé ici à adimirer dans Maugis que des talents de jongleur auxquels nulle part ailleurs il n'est fait adlusion ? Le texte donne tout autre chose. Beuves est dans sa saMe, attendant l'entrée du fils de l'empereur : il est richement vêtu, s'entretient ave ses vassaux :
Cliques dex ne fist home, pair le mien essïemt, Qui iplus eûst en lui proëce et hardement.
550 Sa moillier sist lés Ixii qui molt ot le cors gent, Et Amaugis ses fiex qui li joe devant. Il harpe et si vïele, molt savoit d'estrumens, De l'art de nimgremant sot il le maistrement, Par dte devant le duc faisoit enchanteme>nt
555 Qui sont bed et cortois et plaisant à la gent. le' est cil Amaugis — ce saiciés vraiement, — Qui embla Kademaine par dievant Montauben Et poila à Raignaut qui estoit ses parens ; I[l] li irendi prison, que le virent .VII. cent.
C'est te texte de iMz donné par M. K. L'on, voit aux Varianbes de P A que Maugis doit sa connaissance des enchantements à l'art de Tolède. Cela dérive du Maugis d'Aigremont (632-639 ; cf. 1064, 2537-2545). Jamais on n'aurait pensé à présenter uniquement le courageux cousin' de Renaud comme un. joueur de harpe et de vielle. Celte donnée est prise des moyens qu'Espiet, le gentil neveu d'Oriandle, emploie pour calmer Bayard (M. d'Aigr. 2310 suiv.) et cedle des J^ux d'enchantement de l'endroit où Espiet amuse l'amiral de Paterme et sa cour (ibid., 2154 suiv.), et surtout de Tépisode assez agréable d'Espiet et de Charlemagne (ibid., 5609-5718).
On aurait pu mettre quelque chose conune : Maugis qui égaie ses parents par des jeux d'enchanteur.
Au «numéro 95, quand Beuves a ordonné aux survivants
DU « BEUVES D AIGREMONT » 23
des fidèles de Lohier de rapporter à Charlemagne le corps de son fils, M. Kaiser résume ainsi la suite : « Ils emportent leur seigneur sur une bière. Le duc les accom- pagne jusque devant la ville. »
C'est abrégé d'après le texte de Metz que M. K a im- primé, mais c'est, en outre, présenté comme une forme commune à toutes les versions. Il n'en est rien : nulle part peutr-être n'édiate plus évidemment la différence entre L B C et la rédaction adoucie de P A D M Mz.
Dans Metz, aussitôt 'Lohier mort, les vingt survivants de ses chevaliers rendent leur épée à Beuves qui les épar- gne pour qu'ils rapportent son fils à Charlemagne. Il leur en donne l'ordre tout en justifiant son acte par les me- naces que lui a faites Ldiier. ïï a eu iradson de se d)é- fendre et ne regrette rien. Qu'on le dise au roi. Il ne fera rien pour lui et ira l'attaquer avec cent mille hommes.
Henri, qui ipai^le pour les s-urvivanilsi, répond seoilemeoit qu'il s'acquittera exactement de ce mandat. Il ne témoigne aucune indignation, bien que son seigneur, en sa qualité de messager, eût dû être respecté par le duc, vassal de son père.'
Beuves s'occupe de faire fabriquer une bière et prépa- rer deux chevaux :
Une bière fist faire, charpenter et doler Et fist .II. fors chevaus gentilment acopler.
L'on place le corps dans la bière que l'on couvre d'un drap venu d'outre-mer. Beuves accompagne le cortège jusque hors die la cité.
Le remanieur n'a pas compris que l'homme qu'il nous dépeint ainsi, aurait été incapable de tuer Lohier.
Dans L B C, Beuves, après la mort du fils de Charles, ordonne de tout tuer :
Mar en escKaperont li petit ne li grant !
Le trouvère ici le laisse à son œuvre de carnage et avertit des conséquences désastreuses qu'aura dans la
24 REMARQUES AU SUJET
suite le meurtre de Lohier. Puis, sans transition, Ton voit Beuves appeler Savari, celui des chevaliers du fils de Charles qui avait repoussé dans le fourreau Tépée que son seigneur dégainait déjà à la fin de son premier dis- cours (édition, v. 542). Beuves n'en dit pas long, encore tout fumant de colère et de sang : « Vassal, garde-toi de tarder. Videz tôt ma ville sans aucun délai. Vous por- terez à CharJemagne, Lohier, son vaillant fils. Je n*ai pas d'autre tribut à lui envoyer. S'il veut me faire la guerre, je lui ferai du mal. »
Savari, qui avait l'âme fière, répond plus hardiment que l-e Henri de l'autre v-ersion : « Sire, ne vous troublez pas : il vous donnera du souci. Avant la fin du mois de février, soixante-dix mille hommes, armés de fer et d'acier, vien- dront à votre porte. Vous n'éviterez pas d'être en péril. Songez à vous garder, vous en aurez besoin. Vous serez sûrement occis, c'est certain. Nul homme au monde ae pourrait vous sauver ; seul le pourrait le Seigneur Dieu, le vrai Justicier. » Il quitte le duc sans plus larder, et peu s'en fallut, à ce que j'ai oï conter, que Beuves ne le fît pendre comme un larron. Les gentils chevaliers em- portent [le corps dans leurs bras] ; quand ils sont hors d^ la ville, ils le chargent sur un sommier. » {Edition, 715-736).
Pour l'enlèvement du corps à bras et non dans un© bière, j'ai préféré ici la leçon de B C à celle de L, en raison de tout le contexte où l'on voit si bipen les gens de Lohier très pressés de sortir d'Aigremont ; mais, au V. 736 L lui-même' dit aussi : « Desus m-etent le cors, ne volren* alargieir. »
I^s deux narrations diffèr»e/nt pour le fond autant que pour la forme. 11 fallait en avertir et ne pas donner à croire que la version mollo, affadie de Mz fut ici sem- blable à celle de L B C, que partout l'on retrouverait le Beuves qui fait fabriquer une bière pour le corps de T>ohicr, le couvre d'un draip précieux, se joint au cortège funèbre. Tout cela est invention de seconde époque.
DU « BEUVES d'aIGREMONT » 25
touche au fabliau. I>e même, le nom de Savari, le cou- rageux vassal, devait être mentionné.
C'est à CCS parties significatives des textes qu'il faut toujours regarder, si Ton prétend reconnaître et mar- quer les caractères distinctifs des versions de nos trou- vères. Le Beuvés qui ord<mne à Savari de « vider tôt sa ville », n'aurait point pensé à rendre honneur si minutieu- sement aux restes de son ennemi. Il fallait à Savari un courage incomparable pour oser lui parler aussi franche- ment, et le trouvère a raison de remarquer qu'il s'en fal- lut de peu qu'il ne le fît pendre.
Dans son introduction, M. Kaiser avertit que pour faci- liter la .comparaison des versions du Beuves d! Aigremoni dont une seule, la version L, est imprimée, il a rédigé pour le Beuves (ï Aigremoni tout entier un tableau synop- tique où le contenu «de chaque version est présenté d'un bout à l'autre en courtes formules. « J'ai placé les diffé- rentes versions à côté l'une de l'autre, de sorte que l'on voit bien les ressemblances et les différences (p. 8). »
Ce tableau remplit de la page 16 à la page 27. Aux pages 16^17, il est à quatre colonnes, répondant aux ver- sions A P M Mz, V, Ld, B C L. Mais, aux pages 18-19, l'on a une colonne de plus pour M Mz qui se sépare de A P (D), et aux pages suivantes, l'on a six colonnes, parce que B C s'est séparé de L.
Il me semble certain qu'en préparant ce tableau, M. K. a d'abord résumé à part chacune des versions étudiées. C'était déjà un travail utile, mais il a tenté davantage. Dans ses diverses rédactions, le poème contient toujours des parties semblables ou ne différant que peu, mais dont Tordre varie suivant les versions^. Il a donc été séduit par le désir de faire ressortir les ressemblances et les différences de «es parties, en les mettant face à face. De là, des Iranisposilions fréquentes, parfois fort étendues, et la destruction de l'ordre du récit, ce qui est un incon- vénient réel. Il l'a senti et a tâché d'y remédier par d'in- génieuses dispositions typographiques et par de courtes
26 REMARQUES AU SOIET
ûkdications, réparant de son mieux le désordre créé. Les versions qui ont le moins souffert de cette opération de dissection, sont A P D, V, Ld, c'est-à-dire Jes moins an- ciennes, celles où les remonieurs se sont donné Le plus libre champ. J'aurais procédé .plus simplwnent et pris pour base ou point de départ fa version L qui estia plus ancienne, et j'aurais respecté pour chaque version l'ordre du récit ; puis, j'aurais repris à part la liste des res- semblances et des différenceis. C'aurait été un peu plus long, mais l'on s'y reconnaîtrait avec plus de facilité et de sécurité.
Un exemple. Pour la vereion M Mz, il est annoncé, page 18, que le roi part en guerre contre Beuves .d'.Mgre- mont, qui a tué son (ils Lohier ; mais, cette guerre n'ap- paraît qu'à la page 22, après que Beuves est mort et enterré. C'est sans doute pour marquer une concor- dance avec d'autres versions. Tout se brouille ainsi, et l'oiidiie des faite est. interverti dans L môme où, page 23, après Ja mort de Beuves, il reparait pour informer ses frères de la guerre dont il est menacé par le roi. Tous les encadrements n'y font rien, on se perd, et cependant, ces récils et leurs principales diflérences ne sont pas chose nouvelle ipour moi. Mais je regrette que M. K. ait tellement escompté la docilité du lecteur. S<ni travail n'est vraiment utile que pour V, dont l'accès est diffîcile et qu'il résume clairement et sans transposition.
J'ai de la peànc à recomposer la fin de Ja version MMz. Passe pour la trajieposiUoa de Ta mort de Beuve» qui est déplacée pour compilaine aux versions plus récente», mais que se passe-t-il entre le moment où la duchesse encourage son fils Mai^is à venger son père avec l'aide de son oncle Girard el de son cousin Rejiaud, et oedui où éclate la «piereUe entre Bertolais et Heneitd ? J'avais le soin d'imprimer, d'après M, une analyse avec très longs ovtrails de toute cette fin du Beuves d'Aigremont ■w 4dilJon, p. 972-980), supposajit' d'ailleurs que l'on se "fVliorteraït, [>our la partie d'éoliecs, è la citation donnée
DU « BEUVES d'aIGREMONT » 27
à la description du ms. de Montpellier (p. 160). Je crois qu'on eût bien fait d'y retgander. On eût aussi noté qu'après le retour dte® traîtres è Paris, Girard et Doon, frères de Beuves, font la guerre à Charlemagne. Oetle guerre a lieu, mais elle est à peine indiquée. 'Gharles se décide à faire des concessions aux ducs et la paix est conclue. Girard éleva un couvent en l'honneur de saint Pierre et Charies créa ceux de la Charité et de Vergeloi. Mais ils négtligènent de s'assurer f assentiment des Fils Aymon et de Maug^is. Charles agit en cela folle- ment et plus tard le paya cher.
Ici est placée la formule habituelle qui avertit de la fin d'un poèlme :
Explicit la Mort dus Buef d' Aigrement
Dans cette version, comme dans L, les Fils Aymon pro- prement dits commencent à la venue, à Paris, d'Aymes et de ses fils avant la partie d'échecs et la mort de Bertolais (1).
La courte guerre se retroiue au même endroit dans les versions L et B C ; mais dans L elle est présentée de manière assez semblable à ceMe qu'elle a dans M Mz. Girard et Doon défient Charies et le poursuivent jusques sous Paris :
L'esperon ne donast por plain .1. val d'arçent
Leui^ gens les réconcilient. Girard, en souvenir de cette paix, él^ve des égalises et Charlemagne fondé la cité de Bonevent (Michelant, p. 45 ; Castets, v. 1689-1701). L'on attribuait à Girard la fondation de l'abbaye de
(1) Avec cette différence que Tadoubetnent, des Fik Aymon dans M Mz, comme dansi A P D a lieu bien plu» tôt, avant que Charles sache la mort de Lohier, tandis que dansf L l'adoubement est placé après la courte guerre, tout juste avant la partie d'échecs. B G donne une forme intermédiaiTe, place Tadouibement après la paix conclue du vivant de Beuves.
28 REMARQUES AU SUJET
Vézelay où, d après une légende 1res répandu©, l'on pos- sédait les restes d'^ sainte Madeleine (2). L'auteur de M Mz a voulu pnéiciser, aitriibue à Oirand la construciion de Saint-Pierre et à Charles ceHe de k Charité et de Vézélay. La parenté originelle des deux versions en cet endroit paraît évidente, anais comment penser à rapppo- eher les deux passages s'il ne reste aiucune trace de la forme donnée dangi M ?
M. Kaiser a Hinilé le champ de ses roclierches à un tel excès que rien, chet lui, n'avertit que l'on a, dans la partie assonancée de L, c'est-^-^lire dans le texte 'e plus ancien du poème un résumé du Beuves tïAigremont, résumé qui, ou bien dériAe des versions d'après lesquelleis il édite le Beuves, ou bien a servi de base à elles et ù d'autres, ce qui est plus probable, vu l'archaïsme de la versification.
Dans la délibération des barons du roi Ys, le vicomte dWvignon raconte longuement les causes de la rupture de Renaud et de l'empereur. Comme j'ai été dans la né- cessité de corriger et compléter le texte de L en cet endroit, je citerai ici mon édition pour le Jecteur, qui ne disposerait que dé celle de Micheknt :
« Je l'ai bien oï dire, et de fi le savom.
Que Charles tint sa cort à la cist de Loon. 5890 II i manda Girairl, le duc de Rosillon,
Et Doon de Nantueil et duc Bue d'Aigremon ;
[N'i degnierent venir, poi dotèrent Challon.
Li rois en fu dblens, plainst soi à ses barons.
Tx>ihier i cnvoira, n'avoit encor girenbn,] 5895 A .CGC. chevaliers [qu'il ot à] compaignon ;
Se meslerent an duc el palais d'Aigremon.
(2) Jacques de Voragine T>e(paroduit encore cet/te légende à la fin du XIII* fiiècle, une vingtaine d'année© aiprè* Ja découverte ( ?) <le8 reliques en Provence. L'égili«e aibbatiaJe de la Madeleine (1906) à Vézelay eet le plu» grand monument roman de la Fran<?e actuelle.
DU <( BEUVES d'aIGREMONT » 2(1
Tant i momlia [la noise] et la g.namde lançon, [Ja li trancha Ja teste H dus Bues d'Aigrcmont. Charlies en fu dolens et mou'lt enr fu embrons.
5900 Puis en fu grans la gaierne et puis Tacardoison. Che fu à une feste saint Joha« le baron Que Charlips tint gran.t cort à Paris sa- maison Et] înen<la en. conduit le duc Buef d'Aigremon. El conduit ( -harlemagne fut tués à bandon,
59(fâ Puis en dura la guerre longement, oe savom. Girairs le guerroia, li dus de HoeiHon, Et dams F), de Nam'tueil pa^r fîere comtençon, KaiT il estoieml frère, que de fi le set on. Il desicoinifireint Charle, lui et ses coimpaignons;
5910 S'ennestora Saint Père de Cluigni le baron Et puis la Charité et Verzeiai selonc, Saiwt Beneoit sur Loire le où si moine sont. Tel hofior i fist [Dex por Girart et Doon] Que acopdé se furent en .1. jor à Charlon
5915 Et trestout lor parages, fars tant que lor nevou Qui estoient adonques bachelor et guilon. Onques ne volrent quenï>e à 'lui acordisson. llenaus Je haoit molt de vielle gonguecon ; Por çou tua il puis Bertolai le baron,
5920 A Paris, en la salle, devaoït le roi Charlon, D'un eschekier d'argent, par tcd. de vision Conques puis ne pot estre trovés ens el roion.
*
J'ai (reproduit en appendice (p. 954-^8) lai délibération lelle au'on la dans B C V A P \I et Haitton d'Oxford. Le discours du comte d'Avignon y est aibrégé. La compa* raison de ces lextes mènerait loin. Il suffît ici de remar- quer que lies neveux des ducs, cest-à-dire les Fils Aymon, n'avaient pas été compris dans la paix. Ainsi s'explique le droit qu'ils s'arrogeront de récLimer réparation pour la mort de Beuves. Ce motif ressort également dians le discours que Renaud adresse à ses barons et où il se
30 HEMARQUES AU SUIET
justifie d'abord d'avoir rompu avec rempereur, puis de rester fidèle au roi Ys, bien que oekii-ci Tait trahi (1).
Zwick avait i^emarqué, comime je lai noté déjà, que dans oe discours de Ilenaud il n'est pas question de la fuite dans les Ardeones ; c'est vrai (et dans le discours du comte d'Avignon' non pJus, à moin® qu'on n'en voie une trace au v. 5922), mais quand il affirme qu'il n'y reste pas une syllabe de la partie d'échecs, il se trompe: il eri reste l'essentiel, la conclusion, l'échiquier et l'em- ploi que Renaud en fait (2). D'ailleurs, Zwick no fait point d'allusion au discours du comte d'Avignon.
Dans la partie rimée, à l'épisode dies Ardennes, Re- naud, tâchant de ramener Fouques die Morillon à la pensée de conseillea* à Ohariema^ne de faire la paix, présente une justification de sa conduite. Ohades l'avait frappé .si fort que Ile sanig avait coulé jusqu'à ses pieds. Dans sa cdlère il saisit l'échiquier avec lequel il avait joué avec Berlolais et tue le neveu de l'empereur. Aucune allusion n'est faite à la mort de Beuves, mais ceile de Lohier est mentionnée (Michelant, p. 67 ; Castets, v. 2515-2535).
La: version die l'Arsenal diffère en plusieuns pointa. Les mauvaises rimes sont des altérations du texie de L.
Forques die MoriMon a Regnaut apelé. Vasisiaut, mont estes fox, mont vos ai esgardé, Qui encontre Chadon aves chastel fermé. Il ne vous laira mie en uais vostro hérité. 5 FoiPques, ce dit Regnaus, trop en aves parlé. iMont me baiez forment, le sçai de vérité. Car j'ocis Bertholai de l'eschaquier quarré. Certes n'an puis néant, mont m'en a puis pesé ;
(1) Mkhelant, p. 227-228; Ca&tets, v. 8610-8673. Un peu plus baa, Renaud pMmonoe un second discours, mais beaucoup moins long, où sont encore mentionnés et le meurtre de Beuves et la mort de Bertolais tué d'un coup d'échiquier. Michelant, p. 229-230, Castete, v. 8708-8724.
(2) Zwick, ueber der Sj/rache des Renaut von Montavban, p. 14.
DU « BEUVES d'aIGREMONT » 31
Mez lit eûst Richart le cuer dou ventpe oslé ; 10 Et moi feri il si, isaichez de vérité,
Que le samc dje mon chief vis à mes- pietz couler.
De maitalenit que j'o, cuidai vif forcener.
Je saisi [rjeschaquier dont nous aivieiii» jouet,
Bertholai en feri, tout To escervelé ; 15 Sar moi fu deffendanit ; or m'en saves mal gré.
Car en parles à Charle, le> fort roi eoronné .
Ce seroit mont gnant joie, -c'estienis acordé,
S'en iroie à ma mère qui tant m'a désiré.
Par Dieu, oe dit Forcon, ains l'arois comparé, 20 Por amor Bertholai ares le ehief copé.
(Fol. 16, verso A.)
Il n'est 'plus question de Lohier, mais d'un péril que Richard aurait couru. A substitue Riichard à Guichard en d'autres endroits de cet épiisade. Of. w. 2191, 2219, 2274. C'est simple confusion/ de noms, mais L .suffit pour témoi- gner d'une forme perdue où Guicha'rd avait un rôle. — Il semble qu'éditer le Beuves d' Aigremont à pairl, et ne pas avertir des endiroits des FUs Aymon où il y est référé, soit un travail incomplet.
Reprenons au »taiblieau synoptique la part faite à la ver- sion M Mz (p. 22, 24).
Au soir de la bataille sous Troyes, devrait-on dire, comme on le fait «pour les autres versions, des faits sont présentés ainsi :
Girard (souligné) conseiiHe »la soumission.
Les frèreis sont d'accord.
Girard négocie avec Charles.
Charles, sur le conseil de Naymon», consent à par- donner.
Dans les résumés correspondlants, les députés qui vont demander la paix à Charfes sont indiqués. Pour A P D, c'est Fouques. Or, M. Kaiser donnant Je texte du Beuves d'après le ms. Mz qui, pouir la première partie, concorde avec A P D, a dû établir ce résumé de la seconde partie
32 RKMARQUES AU SUJET
de M M z avec un soin particulier. Mais voici ce que j ai imprimé moi-mémo û&ns mon appemlice, p. 978 :
Les à\jtcs décidenit d'envoyer des messagers demander la paix. Ce sont Pons, Richier, Araadex .li^ vont au tref du roi :
Premerain a i>a;rJé clan>l Amadex le prous.
Cliarleis consulte Ogier, Salemon, Hue du Maine, Galeran de BuiUon.
Par dessus tons les nuirez apefla il \nimon.
Ils Tengageuit à pardonner :
Dex pandomna sa mort à Longis le baron.
Charles appelle Amadex et imipoee ila condition que Beuves viendra le servir à Paris avec sept cents vas- saux. Les trois mesisagers reviennent. Sur le conseil de Girard, les ducs se isoumettent. Dans la prose, le rôle d'Amadeus est attribué à Etienne (aillemand Steffen).
Au résumé cornespondlant de L deux messagers sont indiqués, mais iils ne sont pas nommés : ce sont Fouques et Amadeus {édition. : v. K3C3;Micheibnl, p. 37). Le pre- mier a été mentionné conmie neveu de Girard (v. 1331) et le seconid, au vers suivant, comme dans M : « El Ii preus Amadieus qui tant par fu vaillant ».
Dans B C Ton envoie égaliement Fouques, neveu de Girard, mais le nom d' Amadeus est remplacé^ pair celui de Pacooi.
Qui ne verrait que le rapport de M et de B C à î^ efcc manqué par Amaideus pour li'un, par Fouques pour Tau- tre, et qu'en supprimant et les noms des messagers et la part. qu'ils prennent aux négociations, on fait disipa- raîtire les marques des rapports des veirsions ?
Il est à crainidre que M. Kaiser n'en ait pas eu le sen timent. A la version \\ au même endroit, ii résume :
Fouques et Doou coniseilAemt la soumission.
DU <( BEUVES D*AIGR£MONT » 33
Les frères sont d accord. Il négocie âvec Ohadrlés. Qui, il î
A la colonne A P D il y a : Fouques négocie avec Charles. A la colonne M Mz il y a : Girard négocie avec Charies, et je viens die dire que cette expression trompd. Pourquoi à V n'a-t-on mis que ce il anonyme ?
Revenons à la suite d'après le ms. M. C'était te jour de la Pentecôte. Charles tenait sa cour à Paris. Il s'était accordé avec de duc de Roussillon. Jamais on» ne vit si riche cour. L*on y comfytait 15 rois, 30 ducs, 60 comtes. Charles portail sa couronne. Surviennent Renaudl, Akuid, Guichard, Richard et leur père Aymes. Aussitôt que le roi a vu celui-ci, il lui dit de compter sur sa loyale amitié : il traitera généreusement ses fib. De Renaud il fera son sénéchal. Alard et Guichard porteront le daia- gon, et Richard pofftera le faucon» du roi.
Sire, répond le duc, nous vous obéirons. Mais vous nous avez fait toirt, quand, malgré votre sauf-conduit, Beuves d'Aigremont a été tué. Sachez, Em'pereur, que cela me pèse : si nous ne vous redoutions, nous en tirerions ven- geance. Mais puisque mes frères Girard et Doon vous Tout pardonné, je vous le .pardonne aussi.
Aymes, dit le roi, c'est parler sagement. Le duc fut coupable envers moi, je ne puis le cacher, quand il tua mon fils que j'aimais tant.
Là-dessus les Fils Aymon s'emportent et Renaud parle en leur nom :
Sire, chen dist Renaut, qui fu li graindrez hom. Chevalier nous feïstez, néer ne le povon ; Durement vous haon, ja ne vous cheleron, Pour la mort au duc Buef, le sire d'Aigremon, 5 Quer à nous ne feïstez pez ne acordoison. Kallemaines l'oï, si drecha le menton. Adonques rougi Kalle aussi comme carbon. « Renaut, fui toi de chi, fix à putain, garchon. A moulR petit s*en faut, ne te met e« prison. »
3
34 REMARQUES AU SUJET
10 « Sire, chen dist Renaut, ne seroil pa'S reeon. Puis que ne J'ameiKlez, à itant itou* taison. »
A liant ]e l«ssierent li .IIII. bacheler. Renmil lo fix Aymon l«âsa alsnt ester. Aalart et Guicharl Ve vont neconforler.
15 El puis après mengié, S'Ierent behourder. Et H ^uqnan-t s'osdeent el prennent à jouer. Renaut et B«rt^i si ont ■pris .1, tablier Et uns esche?, d'ivoine, si pristrewt à jouer. Hé Dex ! là granl nwirlii« les convint desaevper.
20 Reinaoït et B^telai sunt au jouer assis,
El la.nt i ot joué que il s ot e6tri«. Rertelai le dama fix à putain, chetis, El a hauoliié la paume, si le ieti ou vis. Tel birfe li donna que 1© sanc est saiHis.
25 Et quant R^iaut le voit, si en fu moult ma^rris, '1 saiidi Teschequier qui fu à or massiis, S'en feri Bertelai tresi par mi lieu du vis Que Irestout le fendi entresiques ou pis. Mort l'avoit étendu, or eet levé -le oris.
On m'excusera de pep^oduLne ce texte, si altéfl-é, que j'ai déjà donné dans mon édition (p. 159-160), mais vrai- ment j'y suis contraint.
Résumons. Aymec, malgré les prévenances de Char- lemagnc, lui dit qu'il n'oublie pas le meurtre de Beuves et qu'il ne pardonne que nia^ré lui. Otârlemagne rap- pel'le è son 'tour la mort de son file Lohier.
Renaud intervient au nom des quatre frères .déclare leur rancune ; entné eux et Charles il n'y a fias eu d'accord. L'empeireur te traite de « Hx à p... » et le meoiace de la prison.
id se résigne à se taire.
^ d'échecs.
Lais el Renaud jouent enseml)le. Querelle. Ber-
aite ausisi Renaud de « (ix à p... » et lui donne
3 buffe (fue le sang jaillit.
DU (( BEUVES D*AIGREMONT » 35
Renâud saisH l'échiquier et tuie BM^olais.
Dame deux parties bien distinctes : dans Tune, Ay-mes, Chaiilemâgne et Renaud; échangeait reproches, menaces et rempeneur va jusqu'à l'inaiiite girossière, à propos de la mort de Beuves et de celle de Lohier ; dans la seconde, BertoJais et Renatid seuls, aucune plainte à Oharlemagne, un acte de viodence que Renaud châtie aus- sitôt.
Dans M. Kaiser il n'est question ni de l'oubli impru- dent d'Aymes et de ses fils, lors de la conclusion de la paix (1), ni du bon aiccueil fait è Aymes et à ses fils par remtpepeuir, ni de la discussion entre Aymes, Charlema- gne et Renaud. L*on a, par contre :
Partie d'échecs.
Quereil'le entre Renaud et Bertoliais.
Renaud demande justice à Charlles.
Celui^i l'insulte.
Renaud demande compte de la mort de Beuves.
Charlemagne le frappe de la main.
Renaud tue BerLolais.
Or, nous avons vu que Renaud demande compte à Charlemagne de la mort de Beuves bien avant tout con- tact avec Bertoliais, qu'il ne se plaint pas à l'empereur de l'outrage que lui a fait son neveu, que bien au contraire il en tire vengeance sur le champ. Nulle part Charles ne le firappe.
La conception était cependant intéressante. Aymes et ses enfants sont revenus à la cour par prudence, mais ils ont toujours sur le cœur le meurtre de Beuves, d'au- tant plus qu'on les a oul)liés dans la paix. Cette idée
quentre les Fils Aymon et l'Empereur aucune réconci- liation n'est intervenue, est le point de dépa«rt de ce qui
suivra, car Renaud, qui s'est tû devant l'empereur, ne
(1) J'ai fini ipar renoncer à découvrir, dans les tableaux de M. Kaiser, aucune mention de la couirte guerre et de la ipaix d'après la version M Mz. C'est cependant ceUe dont il a édité le commencement.
36 REMAROUES AU SUJET
peut pas laisser impunie l'outirageante .pravocaiion de Bertolais.
Dans ma note sur le manuscrit viii (Metz) que d'abord je n'ai connu que d'après l'aitide de Mone, je disais : a Un trait padriiculier à M-Me4z : afvaaot la quenelle de Beirtolais et de Renaud, Ctiarlemiagne a déjà fort mal- traité Renaud qui lui avait <re{>roctié La mort de Beuves. J'ai mentionné ces passages plus haut dans la desoription du maniuscrit de 'Montpelilier ». (Edition^ p. 267.) On était done bien averti.
D'où vient cette erreur, qui fait disparaître une des parties les plus caraetérisUques d'une version 7 D'une confusion de fiches très probablement. Je m'aperçois, en effet, que le résumé de la partie d'échecs est calqué sur celui de la version L. La seule différence est que dans L Charlemagne frappe Renaud de son gant, tandis que, d'après M. Kaiser, il le frapperait de sa main, dians M-*Mz. Cette différence vient sans doute de oe que le seul coup que «reçoive Renaud dans M-Mz est une buffe^ mais c'est Bertolais, non Cliarles, qui l'aippilique.
C'est dans la version L que l'on a i'origine de la fowne que le récit a prise dans M-JVIz. Quand Renaud, battu par Bertolais, insulté par rempereur, lui demande compte de la mort de Beuves, ill aUègue que si ses oncles et son père se sont accordés à ce sujet avec Charles, pour lui il ne s'y résignera point. Il y avait là xm moUif qui per- mettait de remanier le comm^noemenit des Fils Aymon à l'endroit où éclate entre eux et Charles la longue et im- placable guerre (v. Fils Aymon, v. 1932-1933). On retrou- vait d'ailleurs ce motif dans le discours du comte d'Avi- gnon cité plus haui (v. 5915).
Pour en finir sur ce /point, j'ajouterai que, dans l'édi- lion de te prose franiçaise, publiée par la Librairie Mau- rice Bauche, avec illustrations de Robida, l'on a une tra- duction assez fidèHe de la fin du Beuves d^Aigremoni d'après M Mz. Cette prose a tous les défauts du monde, mais elle représen4e un manuscrit qui, pour le Beuves^
DU « BEUVES d'AIGREMONT » 37
était coirformle à M Mz et, pour le restei, à A P D. Il n'asï pas inutilie d'y regarder.
Dans le ms. Laud, d'après le Pésumé de M. Kaiser, c'est aussi avant toute querelle avec Bertolais que Re- naud demanide compte à Charies' de la «mort, de son oncle.
Le nom de la mère des Fils Aymon, Aye, est men- tioné pour la version V (p. 24). Dan® M Mz elle est dite Marguerie. Dans A elle est dite Ermians et Ermenjart. Ces différences sont à noter pour toutes les versions. Pour- quoi seulement Aye et à propos d'un, seul manuscrit ?
Conmient M. Kaiser résume-t-rl, d'après A P D, ce même épisode -de la partie d'échecs et de la mort de Bertolais ?
Partie d'iébhêcs.
Querdlle de Renaud et de Bertolais.
Renaud diemande justiee à Charles.
Celui-ci l'insulite.
Renaud demande compte de la mort de Beuves.
Renaud' tue BeTtolais.
Cette disposition est en soi suspecte, parce que Charles n'y répond pas à la seconde réclamation de Renaud.
Voici d'ailleurs ce que je lis dans A P.
Après la paix condue avec Charlemagne, Aymes vient à la cour avec ses fils : Maugis s'y trouve aussi. Le roi aiccueilte le duc avec joie, embtrass© lui et ses fils. On dîne, puis les uns vont behourder, les autres jouent aux échecs et aux tables (1). Renaud et Bertoilais, neveu de Charlemagne, jouent aux échecs. Bertolais se fâche et frappe Renaud au visage. Texte d'après P :
75 Come Renaus le vit, si comence à enfler. Por l'amor Ohaillemagne ne l'osa adeser. Il s'en va à Karion l'empereor clamer. Sire, drois emperere, je ne vos os irer. Vos m'adobastes primes, je ne le puis celer.
(1) P omet de metationii'er qu© l'on jou© à c€b deux jeux L'Ar- senal foOTnit le complément, f® 12, recto B»
38 REMARQUES AU SUJET
80 iMon oncle m'aoeïtes dont j'ai le ouer iré, Et vostr^i niés meïsmes m'a [il] hui bufeté. Guidiez que ne m'en doit, emperere, peser ? La mort Buef d'Aigremont vos vodrai demander, Que vos m'en» fêtes- droit, par le cors .S. Omer, 85 Ou se ce non, danz rods, il m'en devra Reser. Come Karles l'oïj ôi comence à ninfler, Les euils à roeillier, les sorcilz à lever, La soe lede cliiere fist moult à redoter ; Mauves garçon puant en a Renaut clamé : 90 A pou que ne vous vois de ioa paume doner. Come Renaus l'oï, preot soi à retomer, Et regarde ses frère® que il devoit amer. Bien connut lor corrages, color prist à mo^er. De moult grant hardement se' prist à demenler. 95. H iprent .L esdiaquier que moult pooit peser ; M voit ses anemis eautor lui aûner ; BertoJai en feri canque il pot esmer Amont parmi le chief , que il ne pot durer ; Le cervel li espant, les eulz li fet voler ; 100 De si haut com il fu^ l'a fet juz craventer. L'ame s'en est alée dou vaiMant bacheler (1). Des variantes de A, je note les plus importantes. Après le V. 80, A ajoute : Mais pais en aviens feite que le [savent] li per(S'). Il remplace 81-84 ainsi : Vostre niés Bentholas m'a si féru ou nez Qu'à po-lli oil dou chief ne me sont jus volez. Il a la pais brisie qu'avient fetet loer. Si vueil, biax sire [roi], me fêtes amender. Ou se ce non, [danz rois], mont devra moi peser. — V. 89 : malvais garçon enflez.
(1) Edition, p. 146-147. — Com(>airez les wem 92-96 avec le die- couni de Renaud (édition, 8621-8627) :
Li rois m'en apela malvar» garçon* esuBé,
Je «reigardai mes ftneines que molt avoie amé,
Je conui bien lor cuer» et lor ruiste fierté.
Et mi anemi furent devant moi assemblé.
Où les alasse querre, quant là fxireint trové?
Je pris \m escîhekier c'on ot d*or painiuré, etc.
DU << BEUVES d'aIGREMONT » 39
Dan« la deecripliom du ms-. P j'ai insisté &ur la res- semblance de ceiite fomie du récit avec ce que l'on trouve dlan-s le diseotirs où Renaud raconte à ses chevaliers coimnent il a rompu avec rempereur (édition, v. 8610 suiv.). Il y dit dlainemeiirt; qu'exaspéré par la manière ins'ultan'te dont Chariemagne a accueilli sa demande de réparation de la mort de BeuveS', il a tué Berto^lais, neveu de l'empereur, d'un coup d'échiquier. Pourquoi n'est-il pas question de la partie d'échecs proprement dite ? Elle a tout l'air d'une imitation de la querelle de Baudoin et de Chariot dans Ogier ; elle n'avait pas dans les Fils Aymon une importance comparable à celle du grand événement antérieur du meurtre de Beuves, commis avec l'agrément du roi, par violation, du sauf-conduit donné au duc. Le coup d'échiquier pouv^ait paraître ta (rappeler suffisam- ment. On pourrait examiner s'il n'y eut pas de confusion entre Lohier ou Looïs tué par Beuves, et Bertolaîs tué par Renaud- ou un de ses frères, mais la place manque- rait ici.
Il est regi^table que M. Kaiser, s'éloignant des textes, ait imaginé deux réclamations distinctes de Renaud. La ppemiére, visant Bertolais serait accueillie pair une insulte de Charles. La seconde viserait la mort de Beuves.
L'on a vu, au contradre, que Renaud se plaint une seule fois, qu'il parle d'abord de la mort de Beuves, puis sans interruption de l'outrage qu'il a subi du fait de Ber- tolais. La paix étant brisée par l'acte dti neveu du roi, il menace de réclamer vengeance de la mort de Beuves. Charles répond par des insultes. Renaud voit l'indi'gna- tion de ses frères, ta joie de ses ennemis : il prend un échiquier et tue Bertolais.
Tout cala est d'autant plus intéressant qu'on le trouve déjà dans la version La Vallière, au discours de Renaud. J'ajoute qu'encore ici le souvenir de la trahison dont Charles ne s'est point lavé, domine tout. C'était inévi- table ujie fois le Beuves (TAigremont devenu partie inté- grante des Fils Aymon. Le sommaire de M. Kaiser ne
40 REMAJH^^UËS AU SUIET
laisse riiein entrevoir ni de cette cancepiion, ni diu lien de la version L et de k version; P. Or, pour cette partie, le texte de P était imprimé déjà.
Si M. K. n'a rien trouvé qu'« Aymo« eises fils à Paris » pour renwplir rintervaUe enilre la conclusion de la paix et la partie d'échecs, c'est peut-être qu'il a lu un peu vite le texte de P et d'A. L'on y voit qu'Ayjwesi et ses fils se renconitrenit avec Maugis et les frères d'Aymess, esU' un mot avec leur parenté dont la présence et l'aititude pèseront sur .la- diécision de Renaud et qui combattront pour lui dans la mêlée qui suivra la mort de Bertolais. Pour ma pairt, je n'aurais pas hésité à en indiquer quelque chose ; la place ne manquait pas : une demi^colon/ne est ireetée en blanc.
Il est agréable à l'œil de voir à trois colonnes consécu- tives : Karl erhàlt Kande, mais pour A P D cela v^it d-ire: Charles apprend la mort de- Beuves et la irévolte de Girard qui assiège Troyes ; pour M Mz, entendez : Charles apprend que Beuves assiège Troyes. Pour V le sens esl le même que pour A P D.
Un des inconvénients de ces courtes formules est qye l'une peut glisser à la place de l'autre sans qu'on s'en aperçoive. C'est le danger des fiches de îtoute nature, paiTce qu'elles «tendent à parler aux yeux plus qu'à l'esprit. En voici un assez probant exemple.
Version A P D, n° 121, à la dernière ligne de la colonne, on lit : Bues und Brûder sind einverstanden, J'entenids que Beuves et ses frères Girard et Doon sont d'accord pour accepter le conseil que Foirques ou Fou- ques leutr donne de se soumettre à Oharlemagne. Je me rappelle encore que, dans une autre version, B C, Fou- qus tient aussi un sage discours :
Girarl, ce dist Foucon, por î'amor Dieu entent. Entre vos et Doon et Aymon le ferrant Et cil autre baron, n'estes mie sachanit. Que combatez à Ohar'le l'empereor puissant.
DU <( BEUVES D^AIGREHONT » 41
Bueves ocist Lohier à s'esioée trenchant. Se Charles en a duel, De m en vQi>& merveililant. Et il les engage à s'accord<er avee l'empereur. Les ducs y consenitenit et vont demaiider grâceà leur seigneur.
Ils osterent lor dras de muete et de randon ; Trestot nu en lor braies
Ils implorent sa merci. C'est le grand coupable, Beuves d'Aigremont, qui parie : il prie le roi de lui pardonner la noort «de Lohier. Donc, à cet endroit, Beuves est vivant. Mais dans la colonne de A P D dont il s'agit, il a été enseveli au haut de la page. Il ne peut donc figurer au bas, à moins d'erreur, car dans cette colonne la suite est continue et sa«ns transposition de partie. Je regarde à mon édition (p. 145) où j'ai pirécisément imprimé la fin du Beuves d'après les mss. A P, et je constate, eo effet, que les ducs qui viennent solliciter le pardon de l'empe- reur sont Girard et Doon. Beuves est mort depuis iooig- teamps, et la gueripe qui prend» fin, a eu pour cause le désir légitime de ses frères de se venger de la trahison dont il a été victime.
D'où vient l'erreuir ? Au bas de la seconde colonne et sur la même ligne l'on a : Die Brûuder sind einver- slanden. Cela devait figurer à «la première colonne, doit y être replacé, et l'indication donnée à la première doit être reportée è la seconde. En effet, cette colonne est attribuée à la version M Mz, où le récit développé de la guerre, dont les pfincipauix faits se déroulent autour de Troyes, est placé a-près la mort de Lohier, que Charles veut faire expier à Beuves.
Dans les deux premières colonnes de la page 22, la part faite à Doon de Nanteuil est insuiffisante et trom\pe. A la première colonne (A P D) il est mentionné comme amenant un renfort à Girard de RousiUon, quand celui-ci, assiégeant Troyes est attaqué par Charlemagne. Or, Doon est déjà mentionné dans A (f. 10, recto-vérso) aussitôt qu'on apprend l'approche de Chademagne et quand
42 REMARQUES AU SUJET
Girard part avec vme avanjt-gaTde à Jia. pemconire des royaux. Il laisse Doon devant la ville assiégée en lui confiant le conwnaîîid'ement de l'os^. Les deux avant- gardes se choqueîi»t. Girard est bie«sé par Richard de Nor- mandie, mai© remonte e« selle grâce à Faide de son neveu Fofques. Girard, désespéré des pertes que font les siens., fait venir Doom à son secours. Mais Charlema- gne arrive avec le gros de son armée. Galeran de Bouillon surprend le camp des ducs et y met le feu. Dix mille bourgeois de Troyes font une sortie.
Et s'en vinrent es loges, là où fu la fumée.
Le jor ont gaaignet mainte chape forée ;
De l'or et de largent ont tant com lor agrée.
Girard reconnaît que son armée est desconfile et di* à Forques qu'il faut battre en retraite. Girard et Doon se consultent pendant la nuit et acceptent la proposition de Forques de se soumettre à l'empereur :
Sire, ce dit Doon, il parole avenant. Car le faisons ainçois, por Dieu onipo»lent. Adonc a fait Girars au duc ottroiement. Girart de Rocillon a le plait créante Que il querra la pais et qu'il soit acordés.
Forques monte un mulet, prend un »rameau d'olivier, se rend à la tente de l'empereur et négocie avec lui. Je donne ici' te résumé de M. Kaiser : Girard assiège Troyes. Charles rapprend. Il convoque son armée. Il approche avec 100.000 hommes. Girard l'aip prend. Combat.
Combats singuliers. Renfort amené par Doon. Autres combats.
DU « BEUVES d'aIGREMONT )> 43
L'armée de Giraixl bat en retraite.
Le combat est initeirompu durant la nuit.
Forques conseille la soumission,
[Les frères] (1) y consentent.
11 fallait donner à Doon la pairt qui lui revient. La place matérielle ne manquait point, puisqu'à la troisième codoTMie, ceMe de V, on lia trouvée, de sorte que des indi- cations données pour V manquent à la colonne A P D, ien que communes aux deux versiionfs. Eti' procèdent ainsi on rend impossible de reconnaître les points où il y a concopdaince, et tout aussi bien différenceis intéressaotes. Ainsi, dans V la sortie des bourgeois est placée avant l'arrivée des troupes du roi, mais elle est du moins indi- quée. Dans A elle est motivée par la surprise du camp des ducs habilement exécutée par Galeran. Il fallait la mentionner, puisqu'on le fait pour V, mais comme ceoi • Ga;leraji surprend le camp des ducs. Les bourgeois font une sortie et pillent le camp.
Ce sont ces deux actions qui décident du réisuUat final de la journée. Si V a vraiment transposé la sortie et
supprimé le rôle de Galeran, il a fait du tort à la nar- ration.
Le meurtre de Beuves, d'après la version B C (p. 21, 5* colonne) est exprimé ainsi : Griffon tue Buef ». Pour la version L (6* colonne) l'on a deux personnages : Fou- quet transperce Beuves; Griffon le décapite ».
En réalité, Fouques de Morillon a aussi une part au crime dans B C. C'est lui qui a réglé la part de chacun. Il promet à Griffon de tuer le cheval de Beuves, et il tient parole : dès lors Griffon n'a plus qu'à percer le duc désarçonné. C'est une variante de L, où d'abord le uuc est désarçonné par Griffon. Beuves i-eprenait son cheval, mais m\ traître le lui lue. Survient Fouques de Morillon qui perce le duc d'un coup de lance. Griffon tranclie la tête à Beuves.
(1) C'est à cet endroit que le nom de Beuve» a été placé par erreur, comme je l'ai expliqué pJiUB haut.
44 REMARQUES AU SUJET
Tuer le cheval de l'adversaire lôtait Tacte le yins déloyal. L ravait attribué à un traître anonyme. B C l'at- tribuent à Fouques de Morillon.
Il importait de laisser à Fouques tout son reilief. C i «t précisément celui des membres de la geste des traîtres dont le nom reparaîtra le pil»ui& souvent dans les Fii.s Aymon. Renaud et lui se querellent sous Montessor (2515-S539). Quand Renaud et ses frères coirbaltert a!i guet-apens de Vaucouleurs, c'est Fouques de Morillon qui tes défie (6880-6899). H blesse gravement Renaud (6965-6970), qui le tue d'un coup de Broberge (6985-6994). Ripens, qui se charge de pendre Richard, se déclare un neveu de Fouxjues de Morillon (10323). Les fils de Fou- ques de Morillon, Comstans et Rohars, provoquent les fils de Renaud, Aymonnet et Yvonnet, au duel, où ils succombent (16742-17787).
Il fallait donc mettre, pour la version B C : Fouques de Morillon tue le cheval de Beuves. Griffon perce Beuves de sa lance.
Pour A P D, M. K dit seulement de la mort de Beuves : « Bueves est blessé* mortellement ». Par qui ?
Je relis A, f. 8, vereo A et B. Griffon a^itaque Beuves. D'un coup de lance il lui fausse Técu. Beuves riposte par un coup d'épée qui glisse sur le casque de Griffon et blesse son cheval devant Tarçon. Griffon saute en « piez » et se couvre de son écu. Survient toute sa pairenté : Hardr, Forques de Morillon, Moran, Sanson et Béranger. Beuves combat comme un lion « crestez ». Escoz [Forques] de Morillon le perce d'un coup de lannco et le renverse à terre. Garin [Griffon] de Hautefeuille remonte à cheval quand il voit le duc Wcssc i\ morl. Beuves se retire à l'écart :
Contre Oriant se couche, si a Dieu reclamé,
Il souhaite que son fils Maugis croisse en courage et le venge de Gharlemagne.
DU « BEUVES D AIGREMONT » 45
Puis a pris .1. poil d'erbe lies liri enmi le pré. De &a main le saingixa, de par Dieu Ta usé Ou nom de Jhesu Crist qui le mont a formé. L'ame s'en est alee, le corps ^ est deviez.
Les points à noter étaient les noms, des adversaires. Griffon et Fouques ou Forques, presque toujours les mêmes ; le souvenir de Maugis et la communion d'un brin d'herbe. La plaice ne manquait pas : il y a des espaees en blane dans la coilon(ne. Se borner à dire que Beuves a été blessé à mort ne suffît pas, d'autant plus qu'aux autres colonnes le récil de ïa mort de Beuves est T>eaucouip moins écourlé. A la ve^sion L l'on a : Fouques transperce Beuves. Griffon Je décapite.
La querelle de Bertolais et de Renaud, dans les ver- sions B C, L, est facile à étudier, puisque Ton a L dans l'édition de Michelant et dans la mienne, et que j'ai imprimé, dans ma description des manusciils (n. 150-158), la partie de B C où est cette quereWc.
Résumé de M. Kaiser pour B C.
Partie d'échecs.
Querelle de Renaud et de Bertolais.
Renaus demande justice à Charles.
Charles le traite de poltron (feigling).
Renaus lui demande compte de la mort de Beuves.
Charles le fnappe de la main droite.
Renaus «tue Bertolais.
Voici un résumé d'après le texte lui-même :
Berthelot trahe Renaud de « fix à p... ».
Renaud répond qu'il lui donnerait de la main dans le visage s'il n'était le neveu de Chariemagne.
Berthelot Je traite encore de « fix à p... » et le frappe au visage du poing droit.
Colère des frères de Renaud qui leur promet de se venger.
Il va à Charles et se plaint de l'acte de Berthelot.
Charles le tiraite à son tour de « fix à p.. . » et menace de le faire epiprisonneir.
46 REMARQUES AU SUJET
Renaud demande compte de la mort de Beuves.
Charlemagne le frappe au visage de son poing droit.
Renaud revient auprès 'de ses frères et tue Berthelot.
Il y aurait plusieurs choses à noter : Renaud est trois fois de suite insullté dans les mêmes termes, — ses frères s'indignent — Chairlemagne le menaee de la prison.
Mais, nulile part, Renaud n'est traité de lâche, de pol- tron. L'auteur de B C préfère un terme d'une vulgarité grossière et cependant moins énergique : Je reproche de lâcheté est le plus outrageanit que l'on puisse faire à un seigneur féodal. Où M. Kaiser l'a-t-il pris ? .
Pasisons à .la version L, que M. K résume ainsi :
Partie d'échecs.
Querelle entre Renaus et BertoJiais.
Renaud demande jusitiee à Charles.
Cedui-ci Tinsulie.
Renaud demande compte de la mort de Beuves.
Chaules le frappe de son gant.
Renans tue Bertolais.
Regardons au texte.
Bertolais appelle Renaud fel cuverl renoié » et 'ui donne un telle buffe que le sang coule. "^
Renaud demande justice à 'Charles,
Celui-ci l'aippeille « malvais garçon, coart ».
Renaud, traité de renégat et souffleté par le neveu, traité de lâche par l'oncle, demande compte de la mort de Beuves et déclare que si son père et ses oncles ont pu se réconciJiier avec l'empereur, il n'est pas lié par cet accord.
Charles le frappe de son gant.
Renaud s'en va, rencontre Bertolais et le tue.
C'est donc à L que M. K. a emprunté, pour ra.ttri- buer à B C, le reproche de lâcheté fait par Charles au vaillant Renaud.
Mais il se trouve ici une donnée qu'il eût été bon dft noter. Renaud- ne se juge pas lié par l'accord que sou père et ses oncles ont consenti avec l'empereur au sujet
DU <( BEUVES d'aIGREMONT )) 47
de la mort de Beuves. Ijà est Tarigine de cette rancune persistante qui a pris, dams M Mz, le développement complet que nous avons signalé plus haut.
Celte transposition du reproche de oouairdise est de nature à tromper gravement, car elle altère le caractère des deux versions. Dans L les insultes de Bertolais et de Charlemagjie visent Thonneuir même de Renaud et doivent le loucher au vif : elles sont dans la tonalité féodale de tout le poème. B C ici, comme presque par- tout, fait tort à la dignité du sujet.
Quant Bertolais a été tué, Clhademiagne ordonne de saisir Renaud. I.es Fils Aymon, soutenus par leur pa- renté, sa défendent vigoureuisement, mais finissent par céder au nombre et prennent la fuite. Dans les manus- crits B C V Ld, Ton a ici une première intervention de Tenchaniteur Maugis en faveur des Fils Aymon. IjCS trois frères de Renaud sont faits prisonniers et Charles les enverrait à la potence, mais Maugis endort les gardes de la prison et délivre ses cousins.
Les versions A P D, M Mz, L et la prose ignorent cette invention. Le texte afférent de B C est dans mo*i édition p. 154-158.
Résumé de B C pair M. Kaiser.
Mèilée générale.
Les Fils Aymon et Maugis prennent la fuite.
Ils sont poursuivis.
Seul Renaut s'échappe.
Les quatre autres sont emprisonnés.
Maugis pense à une évasion.
Grâce à un enchantement de Maugis, ils s'enfuient.
Comime aux versions V et Ld, M. Kaiser a imprimé d'abord le nom de Maugis en italique, sans doute pour a'ppeler Taittentdon sur cette première intervention du fils de Beuves. Mais ici cette indication n'est pas jus tifiée. Voici, en effet, ce que donnent les manuscrits B G (1).
(1) J'ai imprimé autreioifi ce curieux éfxieode des Fik Aymon dvM la chartre d'après lie ms. C (Nationale, 766) dans les notes
48 KEUARQUES AU SUJET
Mêlée génémlo.
Les Fils Aymon preoMnent la fuite.
Ils sont poursajâvis.
Seul' ReiDiaud s^échappe.
Ses trois frères sorU fails prisonniers.
Charles veut les faire pendre.
Aymes proteste : on ne peut les pendre comme des larrons. Que Charles les tienne en prison- en les nour- rissant mal : ils mourront bientôt. Ogier et Naymes par- lent dans le même sens. Les voilà donc dans la charlre profonde.
Se Mûugis lor cousin pooit estre conté !
Renaud, quand l'armée eut cessé de le poursuivre, était revenu vers «la Franee, à la recherche de «es frères. Il se cachait près d'Orléans, où on» lui avait dit que Charies allait sa couir.
Oiez une aventure ; ichou est vérités,
Que Maugis ila trouva qui bien est doctrines ;
D'ingromanche et des ars ert sages clers letrès.
Il vient à Renaud et lui demande qui il est. « Je suis un homme déshérité, né à Dordonne ».
Maugis insiste et demande son nom. Renaud se fait enfin connaître. Maugis le baise cent fois et lui promet de délivrer ses frères. Il fera payer à Charles la mort de son père tué par trahison.
La nuit venue, Maugis va è lia cour ; Reciaud reste à Tatlendre. Maugis se «i^^nd à la charlre ; elle était gardée par deux cents hommes armés. Les gaites lui deman- dent qui il est. Il se fait passer pour un pauvre homme qui cherche im logis. 11 jette son charme, les enohante,
de Maugis d^Aigremont, p. 363-366. C'est exactemeiub le même récit que dons B, avec les négligences habituelleB du copiste de C, mais aussi avec des leçons intéressantes..
DU « BEUVES D*AIGREMONT » 49
et ils s*«einfdarment. Mëugis en-tre dan-s la prison et tire ses cousias du cachot. Il se fait reconnaître d'eux.
Puis vinreint à Reoiaiit soz l'oilivier romé.
On voit ile« différences. Maugis n'est pas indiqué comme ayant pris part à la mêlée générale, ni comme s étant enfui avec les- Fils Aymon. Il n'a été ni fait pri- sonnier, lii incaiicériél avec les frères de Renaud. Il n'a pas eu là méditer, dans :ta chartre, sur les moyens d'en sortir.
Il apparaît ici, comme dans ia version La Vallière (v. 36^43), quand après avoir volé un trésor à Orléans, il vient à Firaproviste trouver ses cousins à Doî^dofme et, dès iors, s'attache à leur <îestinée. L'imitation est flagirante, et le trouvère en avertit quand il s'écrie : « Oïea une aventum ! » — Ijc ms. C dit : « Oïez une mer- veille ! », et c'est probablement la meilleure des deux leçons. Déjé, aivant que Maugis se 'mo.ntre, il' disait que les Fils Aymon ne demeureraient point dans la prison si leur cousin Maugis savait qu'ils y sont.
De toute manière, lé résumé de M. Kaiser diffère abso- lument de ce que Ton a au texte de la version B C.
D'où vient ce déswecopd ? Sans doute de ce qUe, dans les versions V et iLd les faits sont présentés comme dans le résumé figurant à la colonne B C, avec cette seule différence que dans ces deux versions Aymes et Girard intercèdenl en faveur des quatre prisonniers et qu'il est fait inention de l'enterrement de Bertolais.
Dans B C l'on a Vu la proposition assez singulière qu'AjTnes fait au roi. Il ne sohge qu'à épaifgner à ses (ils un sup{>lice déshortorant. Ogier et Naymes l'approu- vent. C'eist un souvenir de la légende d'Ogier, et il est naturel que le trouvère' ait pensé à lui. Il est étrange que mentionnant ailleurs les prières d'Aymes et de Girard, l'on n'ait point dit un< mot de l'iniervention d'Aymes dans B C. Mais l'identité des trois colonnes, pour le
reste, prouve assez que, pour l'emprisonnement, l'on a
4
50 REMARQUES AU SUiET
été dominé par \e souvenir de V Ld, à moins, qu'il n'y ait eu simple mélange et cooifusion) de fkheiS'.
Dans ma desicriptioii du 'manuscrit da Venise, j'avais résumé en gros iles faits depuis le moment où Charles airme chevaliers les Fils Aymon jusqu'à la trahison d'Her- vieu de Lausanne à Montessor. Je disiposais de ressour- ces incomplètes, et cei>endant ted point me paraît devoir être rappelle.
Quan*d Renaud a éité battu par Bertolais et qu'il s'est plaint à l'empeipeur.
Charlemagne l'oï, ne flist ne o ne non.
D'après M. Kaiser, Chademagne l'insulte.
Plus bas je dis que Renaud, avec ses cousins Vivien et Maugis et ses frères, prend la fuite. Je ne vois pas le nom de Vivien au résumé de M. K. Mais où il est bien difficile que je me sois trompé, c'est à l'endroit où Maugis sort de la prison avec ses cousins. Le trouvère a imaginé un em-bellissement d'après le passage des Fils Aymon, où l'enchanteur enidort les pairs et l'empereur lui-même (v. 11612-11549) et d'après celui où, la nuit, Maugis vient au camp, enchante les gardes de Charles et l'emporte enidormi à Montauuban (v. 12538-125 72), je le résume ainsi : Maugis entetnri les gardes dire que leur sort sera décidé le lendemaini matin. Puis Charles descend lui-même dans la chartre, où Maugis le défie et déclare qu'ils seront secourus. Il endort Charles et tous ses seigneurs à l'aide d'un « cha-rme », sort avec les autres prisonniers, dépouille les barons qu'il transporte dans la chartre et place Charles, toujours endormi, à la porte de la prison pour la garder. Cela fait, ils s'en vont, et près des « fourches » ils trouvent Renaud qui était venu à leur aide..
j\''y a-t-il pas Jià une invention d'aulant plus intéres- sante qu'elle semible iparticuliène au manuscrit de Venise? Pour les Fils Aymon, il suit en gros B C, y. compris
DU « BEUVES d'aIGREMONT » 51
lenlèvomenit de Obarlot, fils de Tempepeiur, que Maugis endort et porte à Tremogne.
On ne comprenid pas que le résumé -de V omelte un Irait si oaracléri&tique. L'on auirait le droit de se deman- der s'il n'a pa.s été •égalemenib ouiblié au résumé du ms. Laud qui, d'une manière générale, diffère peu de celui de Veni«e.
Ce doute n'est satvs doute point fondé, mais il serait excusaible, car l'on constate parfois telle omission que rien n'explique.
L'idée de pkycer Renaud près de la potence, atten- dant le moment de secourir ses frères, est prise de l'épi- sode célèbre où Richa«rd court un si grand danger d'être pendu par Ripeus.
Dans la versiom x\ P D, lorsque te messager dé Char iemagne, Othes, lui raipporte que l'aecord a été conclu avec Beuves, la nouvelle est fort mal reçue, parce que l'on a garanti au duc qu'il pouvait venir en toute sûreté.
Et quamt Charles loi, si a .L pou pensé ; Damedieu en jura, le roi de majesté. Se il le puet tenir, il sera encruez.
' Surviennent alora les traîtres qui trouvent un homme déj<à tout iprèt à écouler leums propositions.
Oez quel aventure il a illec trové. Grifonméis de Sorance et ses compains Hardré El Guenelon. ses fix en .sont au roi aies, Le roi ont appelé à .L conseil privé. [Fouques] de MorilILon avoit avent parlé. Sire, dit il au roi, mouit (par est grant viité Que li dus a vos fil oci et decopé. Nous vous le gadterons se il vous vient à gré A tout .1111.'' hommes fervestus et armés. Que si li dus i passe, tous sera decopés. Quant Charles les entent, les en a merciez. Signors, dit ii, se fere le poés.
52 REMARQUES AU SUJET
Je VOU& doîirai [é touô] et chaatiaux et citez. Et il li ont SOT isains ©t promis et juré. De Tostse sont parliz à tout .V."* d'a-rmés-A De Parils sont issuz. Or les «ontfonde Dé ! En .1. bois s'iembucherent, quei mal fut il planté !
Je cile d'après le ms. A. L'on a vu que l'empeifeur était tout prêt à biem accueillir le conseil des tipaîtres^ Que donne M. Kaiser ?
OUias rievient [lauprès du roi] (1)
De« traîtres préparent une em^bueicade.
Or, pour les autres versions, sauf Laïud, il y a le nécessaire. Pa»r exemple, pour V, l'on a :
Ganelon vient à Charles.
Il propose de surprendre Beuves.
Charles hésite à commettre- un tel acte.
Enfin il s'y décide joyeusement.
Les traîtres préparent l'embuscade.
On voit tout ce qui manque au résumé de A F D. Il n'est rien dit de 11 'accueil que le iroi fait à la nouvelle de la paix, rien des propositions quei lui fait Fouques de Morillon au nom- et en présence ide Griffon^ Ganelon, Hardré. Toute la famille des traîtres est là ! Rien non plus de la réponse de Clharles ; et quand! les traît'res par- tent pour leur vilaine besogne, on les désigne comme des imconntus : Desi traîtres !
Dans le résumé di© M Mz, qui est plius eomiplet, je retrouve encore la formule : des traltties. Or, je lis, dans M :
Guenelon apela son neveu Aloris,
Fouques de (Morillon i refu autresi.
Hardrez et Berenguier que Dex puist maleïr.
Chil ont mis à reson Kalle, le ûx Pépin.
(1) Il y a en allemand : Othes hehri heim, Ce»! le même sens.
DU <c BEUVES D AIGREMONT » 53
5 Sire, che a dit Gii<é«ez, entendez eha à mi. Or voue vi-etii li dus Buesi à vostire court servir, Et ôunt en sa compengne .C. chevalie^ns de pris. Moult grant honte lest chen, par Dieu qui n« menti, (Quant vous amez cheli qui Lohier vous mordri.
10 Se vous le vouliez, par le corps .S. Rémi, Nous irochirrion., sire, corne vostr© enemi. Baron, dit Cterlemaignes, par boaine foi Totri : Quoi que vous en fâchiez, ne soit pas sus moi mis. Sine, «chen a dit Guenez, le matin mouveron
15 0 .111.™ olievaâiers as elmez d'Avignon.
Guenez, chen dist le roi, chen seroit trahison,
Quer nous avon mult bien donné trievez Bue von.
Sire, chen a dit Guenez, oez autre reson :
Ja n'i metez vos mains, emj>erere frans hom.
20 Guenez, chen dist le roi, or feitez vostre bon. Adonc en sunt parti [Grifo^] et Guenelon,
Et [Fouques] et Hervis, Aloris et Samson.
Des traîtres, ces cb©val!ieir& dont les noms dans Tépo- pée symbiD^lident toute fonme à& perfidie ! Mais ii n'y avait qu'à faire comme ipour la version V, où on Et que Ganelon vient pitoposer è OharJes de surprenidne Beuves.
Examinons de plus pr^ le Tésumé «de M Mz.
Des traîtres viennent à Charles.
Ils conseillent de surprendre Beuves.
Charles hésite à approuver un tel acte.
Enfin il s'y décide.
Rencontre.
Combat.
Les tpaîU^es sont en plus grand nombre.
Beuves est tué paa* GaneJon.
La mort de Beuves aurait dû être présentée aufcren»ent.
Il y a d'abord duel entre Griffon et Beuves. Ijc déioyal Griffon tue le cheval de Beuves, mais ceîkii^î, d'un o^up d'épée, abat Griffon et son cheval.
lyors escrie li duz : N'i garrez, desloiaus !
54 REMARQUES AU SUJET
Second duel enitr© Griffon et Beiives, tous deux à pied. Mais Ganelon survient et perce Je duc d'un coup de lance.
Blesé à mort, k bon chevalier tombe. Griffon se jette sur lui, soulève son haubert de mailles et lui plonge son épée dans le corps.
L'ame s'en est partie du vaillant chevalier. Puis lui a dit Grifon : Or as tu ton louier Pour le fix Charlemaigne l'empereur au vis fier, Que lu feïs ocbire à duel et à pechié.
C'est biem Griffui qui achève Beuvee que Ganelon n'a fait que blesser .11 fallait donc mettre une formule analogue à ce que l'on a employé à la version L, et dire :
Ganelon transperce Beuves et Griffon le tue.
J'avais cité un long passage de M, où l'on a la mort de Beuves, daius mes Rechercher, p. 212-214 (Cf. pour le transport du corps à Aigremont, p. 135), et je l'avais résumé aux Corrections et Compléments de mon édition, p. 988, à propos de l'erreur que l'incorrection des textes m'avait fait comnvettre au sujet de la mort de Beuves dans B C, à ma note au v. 1472.
Je regarde encore à la colonne de L (p. 25). On n'y donne pas le nom des messagers qui vont deniander la paix à Charles. Ce sont Fouques et Amadeus. Or, Fou- ques est nommé pKJur les versions A P D, V, B C, et dans L c'est lui qui parle au roi et lui tient im long discours. Le personnage, neveu de Girard, est important, et son nom ne devait pas être supprimé.
Dans ce même résumé de L, quand les traîtres ont tué Beuves, on dit simplement qu'ils s'en retournent. C'est supprimer le trait le plus archaïque de cette version.
Pendant le combat, Fouques de Morillon a percé Beu- ves d'un coup de lance. Aussitôt il crie à ses hommes de combattre courageusement, car le duc est occis et il faudra faire un présent de sa tête à Charlemagne :
Et cil ont respondu : A Deu beneïçon.
DU i( BEUVES D*AIGREMONT » 55
Grifes d'Autefeuille décapite le duc et plus tard il remet la tête à Charlemagne.
Sire, ce dist Grifons, or oies mon semblant. Ves ci la teste au duc qui ovra malement, Ki ocist vostm fi] si desmesuréement. Comme Charles l'oï, sel flst molt liéement. Amis, ce dîst li rois, ci a moJt bel présent.
(1683-1687.)
C'est atroce, j'en conviens, mais Test-ce plus que le meurtre d'Enguerrand et de Lohier, que devait protéger leur qualité de messagers ? Mais Charles et les traîtres ont i>éché gravement contre la loyauté : Beuves venait avec le sauf-conduit de l'empereur. Celui-ci se déshonore en prêtant l'oreille aux suggestions des Ganelon et Griffon d'AutefeuiJle. Dès lors, les Fils Aymon sont autorisés ù proclamer que le droit est de leur c6té (1).
Tout l'édifice féodal semblait s'écrouler dès que le vas- sal ne pouvait plus compter sur la parole de son suze- rain.
On aurait pu mettre : Les traîtres reviennent et Griffon remet au roi la tête de Beuves .
Je regrette d'avoir encore à relever une inexactitude aux dernières lignes qui achèvent le tableau synoptique. Quand les Fils Aymon, échappés des mains de Charles, se sont réfugiés dans l'Ardenne, où ils bâtissent le château de Montessor, sur la Meuse, ils vivent gaîment, se croyant en sûreté. Mais Charlemagne finit par apprendre l'endroit où les jeunes chevaliers ont trouvé un asile. 11 convoque ses armées à Paris et informe ses barons de son dessein d'aller attaquer les Fils Aymon. On se rend aussitôt à Montloon, où la grande armée est définitivement rassem- blée (Edit., vv. 1970-1989).
(1) Leur proteetation 6*exprime eouivent en la formule ezoellente et bien française: i Force n*esit pas droit ».
56 REMARQUES AU SUJET
Or, après la mention de la construction de Montessor, voici comment M. Kaiser présente les faits»
Pour les versions A P D, M Mz, V, ILd :
« Quand Charles l'apprend, il march« contre eux. »
Pour la version B C :
« Quand Charles Tapprend, il marche conlr* eux avec une airmée. »
Pour la version L :
« Après sept ans, Charles l'apprend et rassemble une armée à Montloon. »
Ces courtes affirmations ne sont exactes qu'en partie. La forme elle-même est improipre. Il fallait ou son armée ou l'armée de ses barons, de ses vassaux. Mais, dans ces abrégés, on songe au fait principal. D'après ce que Ton a sous les yeux, le ms. L serait seul à mentionner que l'armée est réunie à Montloon. Je ne dirai rien de V et de Ld, ni de M, pour cet endroit du récit, mais je vois dans mon édition à la description des mansucrits, p. 139, pour A P, et p. 158, v. 262, pour B C, des textes portant que l'armée est réunie à Montloon. Je sais que pour B C le texte de D que je cite ne suffirait pas, à la rigueur, et que mieux eût valu citer davantage et confirmer par C (1), mais Montloon y est mentionné. En indiquant ce détail pour L seulement, on crée entre ce ms. et d'autres une différence qui, en ce point, ne répond pas à la' réalité. Or, il s'agit de parties imprimées et à la disposition de tout lecteur des Fils A y mon.
M. K. a placé a-près le tableau synoptique un relevé des laisses avec leurs rimes pour tous les manuscrits du Beu- ves d'Aigremont. On sait l'utilité générale de ces tableaux et le parti que, dans certains cas, on en peut tirer. A en juger par un coup d"œil rapide, oe travail a été fait avec toute l'exactitude possible. Je m'attendais à trouver quel-
(1) J'aurais mi-eux fait de contimier la citation jusqu'au v. Tôt dnÀt à Monlaon hes a fait aûnor. — L'on rejoint L à la laisse suivante : A Monlaon fu KaJez rempererez au vil fier etc. (B. f . 13, verso B. Cf. C, f. 67, verso B.)
DU « BEUVES D^AIGRJEMONT » 57
ques Jig<nes indiquant des endt-oits où la comparaison des rimes serait alléguée comme confirmant ou suggérant quelque idée sur les rapports intimes des manuscrits. Mais depuis la page 15 et dernière de l'introduction, Fau- teur s'est tenu pour dispensé d'écrire rien qui ressemble à l'expression d'une pensée personnelle. Je ne vois pas trqp pourquoi Y<m fait pour B C une numérotation des laisses en chiffres romains, à partir du point où cette version se sépare de L, tandis que l'on ne le fait pas pour M Mz, quand ils se séparent de A P D.
Il a été fait usiage de cette' njumérotation de la seconde partie de B C au taibleau synoptique ; mais je crois que ces procédés de transposition ont phi tôt nui à la clarté et entraîné des erreurs ma'tériel'les.
De la page 32 à la page fîmale 7i, ïon a la première partie du Beuves d'Aig remont, d'aipirès la version com- mune aux mes. A P D M Mz. Le soin avec lequel M. Kai- ser m'avait dénoncé comme n'ayant pas eu la pensée d'établir une édition critiqiie des FUs Aymon m'avait fait espérer que le court texte qu'il donnait serait pour lui une occasion de metilre en œuvre cet esprit critique dont s'honore justement l'érudition moderne. Je m'imaginais naïvement que les esOraictèneiS des divers manuscrits seraient mis en relief et comparés, que les meilieures leçons seraient introduites dans de texte ou tout a« moins détachées précieuôemienjt des autres* Dans l'espace étroit où il se limitait, et avec les ressources dont il disposait, tout liui deve-nait si aisé ! Cet espoir a été déçu. M. Kai- ser édile à peu près sans correction d''aucune sorte sa copie du manuscrit de Metz et place en note toutes les variantes de A P D M. Il laisse au lecteur la tâche d'y découvj'ir la meUleiire 'leçon. Nulle part il ne témoigne de préférenoe, et véritablement j'ai cherché sans aueun résultat une ligne qui m'éclairat sur ces raipporls com- pliqués qui relient les mss. et que je n'avais, paraît-il, fait comiaître qu'incomplètement. Il n'y a rien qu'un défilé de variantes au bas des pages, une sorte de cinéma où
58 REMARQUES AU SUÏET
marchenit de front A P DM. Mieux eût valu reproduire franchemont les cinq textes, \e> volume- n'en aurait guère était grossi, car le système d'abréviation® employé n'éco- nomise <ju« pou de pLace. L'on aurait ainsi conservé les diversités diialectales et d'autres dont M. K. ne tient pas toujours compte (1).
L'on a parfois la hardiesse d'impriimer en une suite dans les variantes un passage où tous les manuscrits sont d'accord couiire Metz pour ajouter ou remplacer. MetZj com»me P ot B, est un de ceux qui peuvent trom- per par la correction et l'homogénéité très apparentes de l'ensemble, sous laqueile se dissimulent des altérations du texte, tandis que les 'défauts de A M C sautent a«ùx yeux. Je m'en suis trop aperçu, quand j'ai imprimé Mcâugis d'Aigremonl d'après le ms. P. Sans M et C, en bien des endroits, je ne m'en serais pas tiré.
A tel endroit un bon texte est déipecé en forme de variantes et il faut tout un travail pour le reconsiituer. Du vers 759 au vers 763, M. K. donne a^u texte, d'après son manuscrit Mz :
Li dus Bues d'Aigremont a s'ensengne escrïee : « Ferés, franc chevalier, por le cors de dou père. Ja n'en eschapra .L, n'ait la teste copée. » Il tint traite l'espee qui vaut une contrée. Ëns el caple le fîert sans plus de demoree.
Voici ce qu'on lit aux variantes :
59-63 ersetzen : 1. Or oiez que fist Bues (Oi. q. Bueves f. A) a la chiere membree (bêlement a celée D) P A D ; Le duc B. s'en toma coiement a cheJee M. 2. En une (sa) chambre entra (en e. M) s'a la (sa D M) brogne endosse P A D M. — 3. Et le hiaume lacie et (s'a) la targe
(1) Dial.^ti8c1i>p' VarUmten honnten selbstverstàndîich nicJvt heriichsichtigt werden. P. 10. Maie il eet -^'autrw particularités qui disparaifisent aussi.
DU « BEUVES d'aIGREMONT » 59
cobree (D dore) P A D. — 4. Et a çaimle l'espee qui y&\i une contrée P D. Puis n saint le bon brant a langue d'or ouvrée A. — 5. En la meM-ee vint (entra D) tneslot de randonee (n*i a fet areslee- M), saniz nule demoree D) P M D ; En la saàe revi-ns-t par moult grant aïree A.
C'est établi avec un soin méticuleux, je le reconnais bien volntiers, mais il valait mieux faire comme on la fait ailleurs, par exemple pour le long passage de Metz (687-70) où Ton. donne en une suite la version de P A M (12 vers) avec ses variantes propres. Ici A présentait :
Oies «cïue Buei\'e.s fist à la ohiere meanibrée. An une chambre entra, sa la broigne endossée Et le hyame lacié, sa la large cobrée ; Puis a saint le bon branc à langue d'or ouvrée. 5 En la sale revinsl par mont grant aïrée.
(Arsenal, f. 4, verso B.)
Les seules différences entre mon texte et celui qui, pour A, se dégage des variantes, sont purement ortho- graphiques : An, broigne, hyame, branc, mont, mais elles n'en sont pas moins caractéristiques du manuscrit de l'Arsenal. On voit quelle peine s'imposerait celui qui vou- drait retrouver un texte dans les variantes qui ne se rapportent point à la version imprimée.
J'en suis à regretter de n'avoir pas imprimé ma vieille copie de A, au moins pour le Beuves (T A ig remont. On la lirait telle qu'elle est, non dépecée et défigurée, comme on l'a vue en forme de variantes. Et cependant, je le redis, ce relèvement est fait avec un soin extrême. Mais si un vers n'apporte qu'une aJtération orthographique ou • |)Ou im'ixïtilante, il n'est pas noté.
Ainsi, quadid Cliarlemagne arme chevaliers Renaud et SCS frères^ il dit à son sénéchal, dans le ms. A :
Aportés moi les armes qui furent Codoez Que j'ocis en bataille à mon branc aceiré.
60 REAtARQUÉS AU SUJET
Mz domne la forme cordrée, qui est prpbaj^lement la meiilleure, celie d'où vient ce roi -de Cèdre ou de Chypre que menitioninent ici ieis éditions populaires de notre vieille prose ; mais on «fût bien fait de citer les vers de A en note aux vers 909-910, On- aurait ainsi la certitude . qu'il est parlé de ce roi fabuleux dans d'autres mss. que Mz.
Si j'ai pris le soin de revenir au texte de A, pité plus haut, c'est qu'il rappeàte le passage correspondant du ms. La A'allière et de B C (v. 678 sq.) dont j'ai padé déjà :
A icele [envaïe] es vos Buevon errant,
et que M. K. omet à son résumé général du Beuves d'Ai- gremont (p. 13).
La fidélité au majiusorit choisi est recommandable, mais lorsque 1 on a en main le moyen de corriger sûrement, ne faut-il jamais en avoir le courage ? Lohier dit, aux vers 783-784 :
Sire dex, disit Loihiers, voirs père omnipotent. Qui en la sainte Virge preïs avancement.
N'èist-ce pas inintelligible ? J'aurais audaicieuisement emprunté « aombrement » que donne P A. C'est con- forme à la phraséologie pieuse du Moyen-Age, et cela se comprend. Quiant à « anoncement », indiqué comme variante de M, c'est sans doute l'origine de ce singu- lier « avancement », mais je vois mal comment Tannon- ciation s'arrangerait avec « preïs ».
L'on eût bien fait d'introduire au texte, après 600, le vers de A confirmé par P :
Ou Bauduins fu mort qui tant estoit prodons.
Cette reprise (diu commencement du poème est toute naturelle dians la bouche de Lohier, quand il reproche précisément à Beuves d'avoir refusé son service pour la
DU (( BEUVES D*AIGREMONT w 61
guerre de Saxe, où périt Baudoin (1). De même, à k page 57, Ton aurait pu faire passer au texte la version P A M, au lieu d'y laisser lia déelamationi froide que dorme Mz.
Il n'est point de règle absolue, et f estime qu'il est bon, quand rien ne s'y oppose, de se reprocher du vrai texte, tout en fournissiant en noie 'les moyens d'apprécier la valeur de la correction. C'est dilflcile, délicat, affaire de mesure et de sens, et ce- n'est .point obligatoire, mais c'est enfin faire œuvre de critique. Par contre : chi non fa, non falh, mais alors ne parlons j>oint d'édition cri- tique.
«Que quelques fautes malbérieiUes se soient mêlées è rimprimé, c'est péché véniel, et nul n'en est exempt.
J'en ai rapidement noté quelques-unes :
P. 40, var. à v. 202 : au lieu de Buvon, lisez : Buévon.
P. 40, var. à v. 206 : au lieu de grenu, lisez : crenu.
P. 41, var. à v. 219, A, lisez : mont.
A l'addition de A, au v. 224, lisez : et fervestu.
P. 42, var. 4 v. 244. On n'a pas compris que, suivant sa mauvaise habitude, A fait un vers de deux (1). Le premier hémistiche doit donc être rapporté aii v. 243 et le second au v. 244, où, au lieu de « vaillissaînt une a stèle » l'on a « ne i>erde une cinelle », ou cenelle, que l'on n'aurait pas dû imprimer civelle, H ne manque pas ici de vers entier dans A ; deuix y sont à demi représentés.
P. 45, var. à v. 316, lisez : Ja nus.
V. 403, au lieu de : De .1. pars i avra, corrigez : De .II. pâ.rs ce que donnent le sens et la leçon de A que
4
(1) La duchefifie, dans se» coneells à son mairi, rappelle la mort de Baudoin, v. 324, et Lohier la meniionne en son premier dis- cours, y. 675, quand il parje de la guerre de Saxe. Il ne fait que reproduire oe que Charlemagne a dit à ses barons, v. 57. Ces répétitions matériedle» sont un des- caractères de notre vieille épopée.
(1) Dans mon édition, j'eoi ai noté les exemfxlee pour la fin du poème. V. vv. 16036, 16037, 16166, 16161, 16169, 16178, 16230, 16283, 16482, 16577, 17351, etc.
62 REMARQUES AU SUJET
Ton a omise. P a : D'imibes pars, ce qui revient au mèm«e.
V. 409, à la rime, lisez : argue. F. d'impression.
P. 51, var. à v. 73, lisez : Çaiens.
P. 52, yar. à v. 487, «lisez : les esgaridenl.
P. 53, var. à v. 519. Au lieu de : remest à l'ennuie, lisez : Termine. P. donne : dermile.
Var. à V. 522. Au lieu de : corusté, lisez : cousté.
Dans l'aidditiion au v. 530 du texte, lisez aux variantes : Por Tamor de Karlon : P (A de son père).
V. 782, au lieu de : crarent, lisez : cravent.
V. 978 : Chaple(s)maine.
Conclusion, — M. Kaiser a bien lu et reproduit la partie du Bcuves (TAigremont •c|u'il avait entrepris d'édi- ter d'après le manuserit Mz. ; il a relevé patiemment les variantes don-nées par les autres mss. de la même faimlle. Mais il a eu l'ambition de montrer qme sa connaissance du sujet et son éducation philologique lui permettaient de tenter davantage ; il a composé une sorte d'introduction générale ou de préliminaires : cela forme la première partie de «sa publication. A ce propos, j'ai dû noter qu'il commence par utiliser, sans le reconnaître, ceux de mes travaux où les manuscrits sont décrits et classés en familles. J'ai réclamé contre cette expropriation incor- recte dans l'intérêt de la vérité et doi droit. .Quelques lignes auraient suffi pour s'acquitter envers mon édition des Fils Aymon. L'on, a préféré prendre sans autre expli- cation, oubliant le mot si juste d'Horace :
distat, sumasne pudeniter An rapias (Bp. I, 17, 44).
Mais, pour ce qui suit, M. Kaiser a négligé, de parli pris, l'étude de mon édition et de nombreux articles que j'ai publiés sur les Fi^s Aymon, dans la Revue des Lan- gues romanes. Il y eût trouvé des ressources qui lui au- raient permis d'éviter les nomibreuses erreurs et confu- sions que j'ai eu l'ennuyeuse tâche de relever. Je n'y reviens pas et me borne à adresser une recommamlation
DU (C BEUVES D*AIGREMONT » 63
à oeux qui voudraient étudier la qvtesiioa des rédactions du Beuves d'Aigremont : qu'ils se gardent des résumés et tableaux de M. Kaiser.
II
Je. voudrais ne pas iaisser .sans lemarques d'un carac- tère général une discussion laborieuse et longue, où Ton était obligé de .se conformer à Tordît s-uivi par l'auteur.
Il me paraît bon d" aller, quand rien ne s'y oppose, du simple au composé. L'étude des scienees naturelles peut être proij>osiée en modèle : on y part des organismes rudimentaires et l'on suit le progrès qui les transforme. Or, la philologie est, elle aussi, une science de la vie. L'on possède plusieurs rédactions du Beuves d Migre- mont, La rédaction La Vallière est plus courte, moins chargée, et plus airchaïque. Elle renferme en outre, dans La suite du poème, des germes de changements ou développements que l'on relève dans les autres rédactions, et même un résumé du Beuves (TAigremont. Enfin elle est antérieure pour l'ensemble et, sauf quelques points douteux, au Maugis (TAigremont, dont toutes les autres formes du poème ont subi l'influence. C'est donc par elle qu'il faut conunencer l'étude générale du sujet.
EWe est d'aildeurs imiprimée.
L'on doit passer ensuite à La version B C. EWe offre une première modificaition du plan. Elle suit L tout d'abord et s'en sépare seulement à un moment de la bataiUe sous Troyes, mais donne l'exemple de reporter en anrière, immédiatement après la conclusion de la paix, la venue des Fils Aymon à Paris, où Cliarle» les adoube chevaliers. Par cela seul la fusion du Beuves d'Aigremont et des Fils Agmon est réalisée. Après la mort de Beuves, ses fils Maugis et Vivien sont présentés aux côtés de leur mère, tandis que, dans la version La Vallière, Maugis n'apparaît que bien (pkis loin (Michelant, p. 97 ; Castets, v. 3643) et qu'il est à peine fait mention
64 REMARQUES AU SUJET
d'un Vivian dans un veirs suspeiot d'interpolation (Cas- tets, V. 8170).
Une fois la soudure des dieoix poèmes faite ©t Maugis introduit en scène, les tronvères eiusicent pu s'en tenir lii, mais Ton avait lu te MaugU (TAigremont, et. l'auteur de B € a procédé à une réfection générale où l'élément romanesque a pris une grande part, où l'on a respeoté seulement la partie centrale du poèime : MicWant, p. 175 ; Castets, V. 6595. — Miciieilani., p. 330, Castets, v, 12587.
Un remaniement, mieux compris pour l'ensemble, a lieu dans la version A P D. Le Beuves d! Aigrement y est précédé d'une' introd'uotion, mal rédigée, mais qui ean- bnasse en fait les Fils Aymon. Pour affirmer son indépen- dance, le trouvère ne s.uit pas d'abo-rd le ms. La Vallière, coammie B C avaient fait : il n'hésite point à renouveler le fond' et la forme du Beuves d'Aigremont. Le premier mes- sager envoyé à Beuves est sopiprimé. L'adoubement des Fils Aymon recule encore en arrière, est placé après la mort de Lohier, Si Charles réunit une année ix>ur ven- ger son fils, un arnangeime'nt a lieu emtire lui et Beuves et ses frôes. Ainsi, la grande guérie <jui, dams L B C, suivait la mort de Loliier, a lieu après la mort de Beuves.
Une fois la paix conclue, Aymes^ scis fils et Maugis viennent à la cour où ils sont bien accueillis, amais la mort de Bertolais a les conséquences que Ton sait et les Fils Aymon s'enfuient dans les Ardennes.
Il est à noter que A P D ne mentionnent rien de l'em- prisonnement des frères de Renaud et de leur délivrance pair Maugis : cette version fait un choix parmi les inven- tions de B C. On n'a qu'à feuilleter ta» prose française qui suit A P D d'une manière à peu près régulière à partir de rentrée dans les Ardennes. Si, pour la seconde moitié du Beuves d'Aigremont, elle s'en écarte, c'est que là elle suit la forme que le i^éolt a prise dans M Mz, où après radoubement des Fils AynM>n, eux et leur père revienneniL à Dordonine aussitôt que l'on a appris à la cour que Lohier a été tué par Beuves.
DU « NEUVES d'aigremônt » 65
CharJeima'gne raiSsembk son armée pour châtier le meurtrior de son fils. Mais celui-ci a obtenu Tappui de ses frères Girard et Doon : ils assiègent Troyes. Après um long et ruide combat, les duios envoient Pons, Amadte'X, Richier demander la paix. Elle- est aecordée ; les ducs viendront à Paris servir Tempereur.
Mais Beuves est tué ipar les traîtres, et Maugis se promet de venger son père avec laide de ses oncles Girard et Doon et de ses cousins, fils d'Aymes. Ainsi il est inlroduit dans laetion. La guerre est très brièvement résumée comme dans L et B.
A partir de la querelle de Renaud et Bertolais, M Mz se rattachent à la version La Vallièire ; mais Mz est incomplet à partir du point où Maugis se fait ermite, et M imagine un pèlerinage en Palestine tout particulier ; d ailleurs le ms. est très incomplet à la fin et le dernier feuillet en eist encore- aux combats devant Jérusalem. Il est à noter qu au commencement du pèlerinage le texte de M comprend quatre parties : L Le départ de Renaud et sa rencontre avec Maugis h Constantinople (texte de L) ; IL Une transition de 33 vers amenant les pèlerins à Acre ; III. Là on rejoint le texte de B qui, dès lors, est suivi pour 221 vers représentant 275 vers de B ; IV. M prend alors une marche particulière.
Il semble donc que, sauf pour le Beuv&s d'Aigremont,, où l'on se donnait une plus grande liberté, el pour la fin du poème, les pemanieurs puisaient à leur gré daius rancienne version L et dans la rédaction B C. I^ version A P D, sa'Uf toujouTS pour le Beuves d'Aigremont, est un compromis entre L et B. Ainsi, le champ des compa- raisonis est assez limité, car on revient toujours à Tume de ces deux versions, avec les différences de détail que l'on peut suipiposer. Si A P D imagine un épisode romanes- que après rensevelissement de Renaud, c'est uniquement pour mettre au poème comme une signature d'auteur. Mais cette version eût mieux fait de ne pas placer à Creoigne, qui n'a, semble-t-il, jamais existé, la sépaHure de Renaud qui tne pouvait être qu'à Tremogne. 6
66 REMARQUES AU SUJET
On a pii'rfois employé le terme do tnaditiannelle en parknt de lelle ou telle versioïi'. ElUe ne me semble autorisée que pour la vorsion La Vallière, qui se retrouve pour le fonid sous toutes les aulnes, niais la diffusion de B C et de A P D fut pJius gra>nide probatotement que celle de L dont il ne reste qu'un .seul ihanoiscrit^ A l'étranger on lisait lantôt une version, tantôt l'autre, et bien, des parti cuîlari tés que l'on y a notées dans les imitations des Fils Aymon ont leur origine dans telle ou te.lle des rédac- tions françaises.
Il faut enfin noter que A P D et M Mz qui chacuine, à sa façon, diffèrent de la version I^ VaJliène pour le Beuves d'Aigremont beaucoup plus que B C, s*eni éloi- gnent moiaiis que celte vetrsion-ci pour le reste du poèane. Il ne faudrait domc pas leur supposer partout une indé- pendance envers L pkis grande qu'elle n'est. Ainsi, j'ai été aidé^ jxjur la fin si difficile du poème, par les mss. A et P, qui, en cette partie, concordent avec L jusqu'au V. 17737 où B y revient après s'en être séparé au v. 12587. Je regrette de n'avoir pu connaître D pour une partie plus élendue de la Vin, où d'ailleurs il concorde avec A P.
I^a version A P D se retrouve en fait sous la prose française dont je fais voloinltiers mention et à laquelle j'ai consacré un chapitre de mon appendice (p. 969-984). Je me suis cru autorisé à dire qu'elle a été faite suir un manusicrit j:)erdu du poème, N", semblable è A P D, si ce n'est qu'il suivait M Mz pour la seconde partie du Beuves d'Aigremont et revenait au texte de L pour la captivité de Charlemagne à Montauban. Ma'is je ne rappelais point une preuve décisive de la réalité de ce manuscrit. Dans notre prose, quand Charleanagne sort de Montauban, Re- naud lui prête ou hii doufue, on ne sait trop, son cheval Bayard, que le roi d'ailleurs lui renvoie dès qu'il est revenu à son camp. Dans les textes en vers des Fils Aymon, il est queslioiu, à cet endroit, d'un cheval liard et j'avertissais en note, au v. 12916, que là était sans doute, par confusion de mots, l'origine de la pensée, si
tu « BEUVES D^AIGREMONT » 67
peu naturelle, de comfier îe fidèle et merveilleux destrier de Renaud à Charlemagne. Mais je n'aurais pa-s dû me borner à mentionner, sans plus, que cette altération du récit se retrouve dans le RincUdo italien en octaves. Citons le résumé que M. Bajna donne du vieux poème italien : « Chapleflàiagne irrité a.ocuse ses barons de Tavoir trahi et défie Renaud. Celui-ci, en courtois gentilhomme qu'il est, remet Charles en li'beirbé, lui rend sa couronne im- périale et les douze épées, et voudrait aussi lui donner Bayard, mais l'eïnpereur, une fois revenu au camp, ren- voie le dieval et commande l'attaque ide 'la forteresse » (lUnaldo da Montalbano, p. 61).
Il est évident que l'auteiur italien s'appuyait sur un de nos textes en vers. Il l'a modifié et enrichi en bien des en- droits, mais là on reconnaît la marque itallienne. Ce texte était-il identique en tous j>oints à celui dont dérive notre prose ? Non, et pour la captivité de Charlemagne à Mon- tau'ban, au lieu de suivre le même texte que notre prose, il préfère la version B A P à la version La VaMière qu'en cet endroit notre prose reprend. Ainsi, tandis qu'elle nous montre Charlemagne s'éveiUant de lui-même du sommeil où Maugis l'a plongé par un enchantement, le Rinaldo fait intervenir Renaud qui, à l'aide d'herbes dont Maugis lui a enseigné hx vertu, -réveille rempereur (1).
Dans nos mss. A P B C V c'est Roland oui rend ce
service à son oncle, ou plutôt qui tire de son aumônière
et remet à Naymès l'herbe dont il suffit de toucher Charles
pour qu'il s'éveille (2) ; mais l'on peut admettre que l'auteur italien ait mieux aimé confier à Renaud le soin
de tirer son seigneur de l'engourdi ssement où Maugis l'a
mis.
Il est très probable que le ms. dont l'auteur italien
s'est servi, procédait pour cet épisode des textes APEC
V, mais pour le reste il revenait à la version A P, tout
comme notre prose. En ceUle-ci l'on a vraiment un équi-
(1) P. Ra}na, Riruddo éta Montcdhanoy p. 60.
(2) Voir ce iMissage d'aiprès B en note au; v. 12771.
68 REMARQUES AU SUJET
valent, si enlaidi •qu'il soit, du Renaud de Monlauhan dont s'est in-spirée l'épopée italienne.
Le p'Pemier qui ait claipement averti de la diversité des rédactions du Beuves d'Aigrement, est M. Pic Rajna. Dans son étude sur le Rinaldo da Mont-albano (Boiogna, 1870), il compare le Buovo italien aux deux versions fran- çaises qu'il connaissait, le Renaus de Mielielant et le ma- nuscrit de Venise, et il comstate que le texte italien suit tanlôL l'une, ta-nlôt l'aoïtre des vers-ion^s françaises. Il en vient à conclure que le texte italien doit dériver d'une ver- sion française diiïérant à la fois du texte édité par Miche- lanl et du ms. de Venise. L'on sail aujounl'hui que Les versions du Beuves d' Aigrement conservées sont nom- breuses et que plusieurs ont probableaunt péri.
Mais le lecileur de M. Raj«a est surtout frappé de l'in- fluence que ri'Uiustiro critique attribue au Beuves d' Aigre- ment sur La constitution et »le développement de Tépopée chevaleresque italienne. « Je noterai surtout, dit-il, que ce roman doit être compté parmi les premiers qui sont venus en Italie, parmi ceux qui, dans des temps très anciens, ont dû êiire chez nous les plus familiers aux chanteurs et aux auditeurs. En fait, qui ne connaît les incessantes inimitiés entre la race de Clermont et celle de Mayence ? Sur elles repose la fable d'un grand nom- bre de nos compositions italiennes, du Morgante entre tant d'autres ; il on est peu qui les ignorent complète- ment. Or, cet aïiili^gonisme n'apparaît point dans les romans français, et il serait difficite de trouver un autre acte d'hostilité entre les deux familles, si ce n'est ce meurtre de Beuves accompli par des traîtres appartenant à cette race (1). Je suis donc persuadé qu'il faut recon- naître ici le germe d'où a crû graduellement une grande I>lante qui, malheureusement, a envahi beaucoup plus de
(1) C'est du moins vrai des textes plus ancieins que les Fiis Aymon, Mais l'idée de réunir les traîtres en une famille a pu être sug- gérée par le procès de Ganelon où tfgure sa parenté de trente barons, dont Pinabelqui sera son chaippion. Boland d'Oxford, f. 68. sqq. Pour Pinabel, voir Fil8 Aymon, 1695, 16843, 17790.
DU <( BEUVES d'aIOREMONT » 69
place qu'il ne convenait, qui a ravi la lum/ière et la nour- riture aux autres parties du cycle » (p. 21).
Ces observations si intéressantes m'ont eegagé à recher- cher convmient apparaît et se constitue, danis notre Beu* ves dAigremont, oeAle ge®t© des traîiiree dont les méfaits sont si fréquents da-ns les romanis italieais.
Dans la version La VaJlière, elle est présentée ainsi :
En France ot .1. linage cui Dame Dex mal dont ; Ce fut Grif d'Autefueiille et son fîl Guenelon, Déranger et Hamdré et Hervi de Lion, Antiaumes li félon, Fouques de Morillon.
(Michedant, p. 39 ; Casteite, 1447-1450.)
Avec des variantes, suivant les versions, le personnel des traîtres est ainsi constitué.
Leur cri de guerre est Hautefeuille ! du nom du fîef imaginaire attribué à Grifes. C'est lui qui, dans cette version, même rattaque contre Beuveis et lui tranche la tête ; c'est «lui, en'fîn, qui remet à Charlemagne l'odieux trophée. Dans ce texte, le plus ancien de tous, Ganelon a un rôle second:aire. Le trouvère, pour introduire celui que sa trahison en Espagne avait rendu célèbre, le sup- pose fils de Grifes ; mais c'est bien celui-ci qui mérite notre attention.
J'attends ici l'indulgeiioo du lecteur. J'ai dit, je crois, quelque part, que nos trouvères se faisaient lire et expli- quer les chroniques latines. Si, dans le texte La Val- lière, il est dit seidement, au début de la Chanson : Toute est de vodre es'toire, sens point de fauseté, les man'usorits A, P, M, Mz ajoutent :
A Saint Denis en Fra'nce que Dex a tant amé, La trove on cl rolle o l'autre autorité.
C'est se vanter de conter une histoire authentique, de la tenir de clercs « leltrez » qui savaient lire le latin mais ne te comprenaient parfois que très imparfaitement. De
70 REMARQUES AU SUJET
tradu€tion-s où rimiagiiiati on avait déjà sa part, l'aiidi- teur gardait des souvenips épars, noms propres de per- sonnages ou de lieux, faks matériels, et il transformait ensuite le tout au gré de sa fantaisie .11 est donc très possible (1) q«e le Beuves d'Aigremont ait eu pour base moins une légende transmise oralement que les passages de Gnégoire de Tours que j'ai rapportés et étudiés dans mon introduction aux Fils Aymon, Ce que je vais dire n'est qu'une application è Grifes de Hautefeuille d'un de ces textes de Grégoire.
Tout d'abord, j'avais accepté que Grifes ou Griffon représentait Gripon, le plus jeune fils de Charles Madel qm, après la mort de son père, avait recherché l'appui de Hunald d'Aquitaine et s'était rendu ainsi odieux aux Aus- trasiens (introduction, p. 40, n. 1). Celle hypothèse me paraît aujourd'hui inutile et doit être écartée. Il est, en effet, dans Grégoire de Tours, un Grippo qu'une inteH- ligence imparfaite du liatin a pu faire considérer comme un traître responsable de la mort de Bobo (Beuves).
L'on est à Carthage, où se trouvent Bobo, Grippo et EvanJlhius, qui ont été chargés d'une mission auprès de l'emperciur Maurice. Un de leurs serviteurs franks ayant tué un habitant dox pays, le senior, ou préfet de la ville, vient avec tout le peuple au logement des Franks, les engage à venir sans a-rmes comférer avec lui. On leur pro- met .la sûrelé. Mais à joei'ne Bobo et Evantliius sont-ik sortis qu'ils sonit mis à mort. Grippo s'arme, et, à la tête de ses hommes, va à la rencontre des Carthaginois. II proteste contre le meurtre de ses compagnons, tuiés en violation du droit des gens, quand ifls venaient pour assurer la paix avec l'empereur. Le préfet calme les
(1) Je raisonne ainsi ipar dé^ir de si!ii]f>lificatioii et de clarté : dèei qu'il y eut des chroniques écrites, on ne pouvait procéder comme au temps des aèdes homériques, mais le travail de oofDB- titutioQ de légendes ne s'en faisait pas moins. Pou<r les chansons de route, le Beuves d' Aigremont mentionne seulement t Sonete et chançonetes » (v. 417), mais cela n'exclut pas les chants de guenre.
DU (( BEUVES d'aIGREMONT » 71
esprits «et -conduit Grippo à Maurice qui montre mio grande indignailian et promet que les coupables seront punis suivant ce qu'en décidera le roi OhiJdebert.
Je laisse ici de côté le personnage de Bobo ou Beuves en qui je crois avoir suffisamment prouvé qu'il faut voir le Beuves d'Aigremorit de Tépopôe. Mais il y a, diaiis le récit de Grégoire, un autre personnage d^ont une incom- plète intelligence du latin iK)Uvait faire suspecter la loyauté. C'est Grippo, le seul des dépuités franks que les Carthaginois aient épargné, rhomane qui consent à aller négocier avec J'empereiir au sujet de la mort de ses coil- lègues. Il y avait eu trahison, le sauf-conduit avait été violé ; on pouvait soupçonner Grippo d'être de conni- vence avec les Carthaginois. Pour des esprits ignorants et simplistes, iJ n'y avait plus qu'un pas à faire pour imaginer que Grippo avait préparé le crime par luie entente secrète avec l 'empereur Maurice lui-même.
Les peuples guerriers n'aidmettent point d'èttre vaincus sans que quelque trahison s'y soit mêlée. Quand Renaud apprend que Grifes de HautefeuiHe tendi un piège à ses fils, il donne une première formule d'une manière de voir dont lies exemples ne sont pas rares dans l'histoire :
Haï, Fraiiice ! dist il, desor totes miltor, Ains ne fustes encone nul jor sans traïtor !
(V. 17131) (1).
Il est vrai que «l'empereur est Maurice et non Cbar- lemagne, mais pour ceux qui composaient les Chansons de Geste ou les ente-ndaient chanter, il n'y avait eu, au Moyen- Age, qu'un empereur, Charles.
Le domaine de Beuves n'a pas de précision géogra- phique. On voit seulement qu'une fois que ses frères lui ont amené leurs renforts à Aigrement, il ileur faut pas-
(1) Je ne puis renvoyer à l'édition- de Michelaflit parce que pour la fin du poème il a quitté la vea»io«i La Vallière et donne la réduction B C jusqu'à la légende pieuse.
72 REMARQUES AU SUJET
&er par la Lomibardiie pour aUer ai^iéger Troyes. Le trouvère situe donc le fief de Beuves assez loin dans le Midi. Mais par les personnages de Beuves et de Grifes, l'on ^retrouve om- contact avec la réalité.
Une fois Grippo convaincu de- trahison, l'on n'avait pilus qu'à lui constituer une famiUl©. On lui, donne Gane- lon pour fiils, et pour pareets d'autres personii^ges pris au hasard; ou en raison de leur mauvaise réputation. Ainsi est créée, en face de la geste des baron^ loyaux, une race, une geste de traîtres qui, en Italie, prendra, dans l'épopée, une place que M. Rajna, avec raison, a jugée- excessive ; mais j'estime que si, dans les Fils Aijmon proprement dits, son activité mauvaise ne s'était pas continuiée jusqu'au dueil entre les fils de "Renaud et ceux de Fouques de Morilllon, les Italiens l'eussent oubliée ou négligée comme le Beuves d'Aigremont lui-même.
M. Rajna continue ainsi le développement que j'ai cité plus haut : « Puisque le Beuves d'AigremorU, excepté le premier livre du roman en prose et les endroits corres- pondants du poème dti ms. palatin, est très peu connu de nos romanciers, nous aurons, ici, à remarquer le fait très curieux d'une narration tombée de bonne heure dans l'oubli, mais qui a survécu dans ses effets, lesquels sont devenus un des ca'radères Jes plus saillants cte notre littérature romanesciue. » Puis il exprime l'opinion que r antagonisme des deux gestes a dû se déveîlopper lente- ment : pour qu'il se montre établi dans les esprits et infiltré dans toutes les parties dti cycle, « il conviendra de supposer qu'avant que le roman? chevaleresque ail pris racine sur les rives de l'Amo, les inimitiés entre Mayence et CHermont ont été la matière d'un bon nom- bre de poèfftes aujour'hui perdus ou que l'oft n'a pas encore retrouvés ». M. Rajaa serait doîic disposé à adinet- tre que l'évolution s'est accomplie d'abord drurani Tâge de la poésie' franco-italienne.
Mais dans la Chanson des Oucdre Fils Aymon, que ies lia/liens ont connue dès le XIIP siède, la parenté des tral-
DU « BEuvÈs d'aigremont » 73
1res, opposée à celle des baronis loyaux, a son action depuis la mort de Beuves d'Aigremont jusqu'au daiel des Fils de Rerxaud, tout à la fin du poème. li n'est donc pas nécessaire de chercher ailleurs ou de suppiôser des poè- mes perdus. Griffes de Hautefeuillé, Ganelon et les autres soni présentés déjà en un lignage distinct, et quand les fils -de Fouques sont accrochés au gibet, Gàinelon promet à ses parents qu'il tirera vengeance dé rouilirage.
Iil dist voir li U^aïstres, ains ne deigna mespnendire. Puis vendi toz les pers, s'en fîM les ciliés pjiemire.
(1779^17800)
Ainsi R^ijcevaux est aniwncé dans. les Fils Aymon. Dans la vers-ion B C on imagine que Renaudl, dans l'inlé- rêt de sa famille, se réconcilie avec Ganelon et les siens: « si sont enitrebaisié ». Ainsi se gâtaient ies textes. Il est bien à regretter que Michelant n'ait pas suivi le ms. La Vallière jusqu'à la fin, ou mis du moins en citation les différences essentielles;
La question des rapports des Fils Aymon et de l'épopée i laiienne est aussi oom-plexe qu'étendue. J'ai averti sou- vent qu'il y faut tenir compte du Maugis d'Aigremont et inême de la Mort de Maugis. L'on doit aussi regarder au ms. 764 de la Nationale. L'on y a la conception d'attri- buer à Kenaud toute une longue série d'aventures en Orient. Le traître Ganelon, qui apparaît souvent dans la partie antérieure au départ de Renaud, forme le projet de le tuer quand il viendra sans armure se soumettre au roi. f^es Pairs sont informés et décident d'aiocompagner eux-mêmes Renaud et de le proléger. Un des espions, dont ce roman fourmille, en avertit Ganelon :
Quand Guesne renterudi, Jheis<u Grisl maugréa ; A son lignage dist qu'autre tour trouvé a. Quant ira outre mer, espier le fera Et le fera mordrir ; ad ce fait s'accorda Alory et Hardré et ceulz qui furent là.
7i REMARQUES AU SUJET .
Cette donnée a été utilisée par les Italiens qui l'ont mise en action : Ganelon no cesse de tendî^e partout le réseau de ses complots i
Bayard et Maugis sont tiraBsportés, par un nuage mira- culeux, de Rome en Teire-Sainte. Pulci, pour ramener Renaud et Richard sur le champ de bataille de Ronce- vaux, a recours aux démons serviteur^ «de Maugis, tirant ainsi un. franc parti «des talents de lenchanteur, ce que le romancier français n'eût »pas osé •faine, bien que déjà daiis le Maugh d^ Aigremont (v. 5751-5754) Maugis contraigne les diables à faire tomber ses diaînes.
Si, dans les poèmes romanesques, l'on rencontre des tournois en Orienl, le ms. 7M nous en offre un exemple à la cour du roi Richier, à Acre. «
Il n'est pas jus<iu'à l'anneau d'Angélique, dont Ton ne trouve l'exemple dans le cycle des Fils Aymon. A la nais- sance de Maugis, sa mère lui met à l'oreille un anneau merveilleux :
...ja qui le portera Anemis ne m^ufez ne l'enfantosmera Ne d'adeser à lui mil pooir n'avéra. Ne vers ne autre beste nwl mal ne li fera.
(vv. 84-87.)
Il est vrai que la Dame du I^c avait déjà donné à Lan- celot un anneau qui conjurait tous les maléfices et que si l'anneau d'Angélique, mis au doigt, détruisait tout en- chantement, il tenait de celui de Gygès la propriété de rendre invisible : il suffisait de le placer dans la partie gauche de la bouche. Mais à l'auteur du Maugis revient d'avoir eu Ja .pensée d'iinlrodiiirPe dans un cycile épique une donnée empruntée aux romans bretons, et il va plus loin en confiant réducalioai de Maugis à la Fée Oriande, qui finira par en l'aire son amant. Il part en quête de sa famiHe, et le hasard le m»èiie à Tolède, où il se fait une grande réputation par sa science. Il plaît à la femime de Marsile : elle l'avait
DU « BEUVES d'aIGREMONT » 75
...durement aamé. Ses amors li envoie coiement à celé.
(v.2553.)
L'explication cl*un songe de Galafre vaut à Maugis la faveur du vieux roi et de son fils Marsile.
Un espion apporte la nouvelle que l'amiral de Perse a débarqué avec toute son armée. Galafre va à la rencon- tre des ennemis, mais est tué dans le combat.
Les Persans mettent le siège devant Tolède. Un géant, Estorfaus, survient, se disant frère de Braibant, qui a été tué autrefois par Charles, surnommé Mainet, quand il était au service de Galafre. il altaciHc une î)orte de la ville. Marsile et Baligant, avec quarante hommes, vont à lui, mais le géant fait Marsile prisomiier. Les autres se réfugient dans la ville.
Cependant, Maugis et la reine se divertissaient amou- i^usement, quand arrive la nouvelle de la prise de Mar- sile. Maugis s'awne, mo.n»te Bayard) et va provoquer le géant. Après un premier combat, il accepte de suivre Escorfaus à son camp. Il est convenu que si Maugis est vainqueur, il pourra trancher la tête à l'amiral de Perse, En attendant, on lui remet Marsile avec lequel il rentre à Tolède.
Le lendemain matin, second combat. Maugis tue le géant, et les seigneurs de Perse lui remettent l'amiral, à qui Marsile tranche la tête.
Aquilant do Maiogre, parent de l'amiral de Perse, repart furieux pour sa ville, Valdoirmant. Les Persans choisissent alors pour seigneur Baligant, frère de Mar- sile. C'est lui, avertit le trouvère, qui secourra Marsile, A Uoncevaux, contre Charlemagne.
Marsile fait Maugis sénéchal.
Moult l'aime la roïne au gent cors acesmé. Ouamt il ont leu et aese, si font lor volenté.
(v. 3203.)
76 REMARQUES AU SUJET
Aquilaat de Maiogre a défié Marsile, qui décide de kii faire la guerre et envoie contre lui une armée com- mandée par Maugis.
Maugis attaque Valdormant. Le roi Aquilant avait pour femme Ysane, sœur de La mère de Maugis* Du haut des murs elle remarque le chevalier, apprend ses exploits et qu'il est chrétien. Aussitôt elle s éprend de lui :
Ne sera imès aese en trestot son vivant, S'aura de lui eu son bon et son talant.
(v. 3252.)
Aquilant, dans une- sortie, est tué i>ar Maugis. Ysane déplore d'abord Ja mort d'Aquilant et maudit celui qui en es-t raulèur :
Mes vos Tavez sovent eai reprovier oï Que joene dame a tost obliez viol mari. Autresi lost mist elle Aquillant en obli Por l'amor de Maugis qu'ele par amoit si Que dormir ne pooit ne par nuit ne par di.
(V. 3320.)
Maugis assiégeait vainement la viUe. La reine Ysane lui fait savoir son amour et il accepte un rendez-vous dans la ville, Les amoureux, s'en remettant à Espiet du soin de les garder, ne ipensaient guère plus qu'à user de la liibeirlé qui leur était donmée, quand, juste à temips, Ysane voit à l'oreille de Maugis l'anneau que sa sœur, la duchesse d'Aigremoiit, y avait placé le jour de sa nais- sance. Elle comprend qu'il est son neveu et liui raconte sa propre histoire. Il n'est plus question d'amour entro eux.
Maugis, aux prises avec le roi Brandoine, fîk d' Aqui- lant et d'Ysane, finit par le vaincre, lui appi-end que leurs mères sont sœurs. Brandoine ee fait chrétien, la paix est conclue, tous les gens du pays sont baptisés :
Qui né volt croire en Dieu, si ot le chief copé.
(v. 3862.)
DU « BEUVES d'aIGBEMONT » 77
Revenu à Tolède, Maugis s'abandoujhe sans réserve à son amour pour la reine, femme de Marsile,
Et li vilamz le dit, et si est verilez,
Tant va li poz à levé que il i est quassez.
(v. 3880.)
Un jour que les amanlis s'étaient endormis, et qu'Espiet s'était laissé, lui aussi, aller au sommeil, .près de la porte où il eût dû veiller à leur sûreté, un sarrasin, Sorbrin, à la recherche de son époirvier, aperçut les coupables par une fenêtre qui donnait sur un jardin. Il va aussitôt les dénoncer à Marsile qui court à la chambre, suivi de tous ses barons :
Ovrez, pute, dit il, venus est vostre jor.
Anqui serez destruile avec vo lecheor
Qui giSit en vosire chambre desoz vo covretor.
(v. 3^7.)
La reine est fort épouvantée. Maugis lui dit de se défen- dre courageusement, et il se transforme en un animal merveilleux :
Car aviz fu Marsile et à la gent deôvee Maugis ère une bisse de .XV. raijnz ramee» Onques si bêle rien ne fu de mère née. D'oir estoient les cornes, la teste en haut levée, Desus chascune hranche .L pierre ot formée Qui pliis reluisoit cler que chanideille alumee.
(v. 3986-)
Les païens sont tout étonnés. Marsile, l'épée à la main, saisit la reine par les cheveux, juare qu'il se vengera de Maugis s'il peut le saisir ; pour elle, il la fera brûler vive (v. 39^).
La reine se souvient fort à propos du moyen qu'em- ploie Iseut pour échapper à la vengeance du roi Marc
êh EEHUBOTES AU «CJET
(\tmigt9 dAigremoni. noie au v. i»>15) : e-ILe promet de traverser sans vëiemetA an fco d'épînes. comptant qu elle subira répreme sans danger. puisqu'eDe n'a pas eu plus de rapports avec Mausis qu'avec la bêle que l'on voil (v. iwl).
flans la note au v. i»>irj je rappelLe aas<F>î que le début de fyett^ a%>^«Uuv a -^^a m»vi«4e ^ktii> la Mr^ri ffAHu^. où Aloraain. avant averti s*>q frère* «ie l'iaÛdéLifeé de Geniè- vie, Agravain se cuaree de surj^rendre ie> coupables. Quand Lan*?ek»t entre dans b chambre de la reine, Agra- vain et ses chevaliers le voient i*ar une f»niêtre ouverte sur le v-erger. lîs veulent enfoncer la porte, mais Lan- €sek>l, l'épée à la main, les disperse et rejoint scm cousiu Bohor. Plus tard, il apprend que la reine doit être brûlée \ive : il attar|ue l'escorte qui la comJuisait au supplice, la déii^-Fe et l'emmène a^^ec lui au château de la Joyeuse fhwde (v. P. Paris. Rom, de hi 7. /î., \ . p. 33^^4).
Bien que ie héros du MaugU dWigremoni soit em- prunté à une Chanson de Geste, que tout le personnel épique y figure, que batailles et sièges en oecupeol ime bonne partie, c'est néanmoins un roman par la conception générale et sou\"ent par la nature des idées. Le trou- vère s'est propose de donner à la Chanson des Fils A^TUon les antécédents qui lui manquaient : dans quelles circons^ tances sont nés Maugis et son frère Xi^ien, à qui Maugis doit-il sa science d'enchanteur, d'où viennent Bavard, le cheval-fée et Froberge, Tépée comparable aux plus illus Ires, comment Maugis et Vivien relrouAeront-ils leurs pa- rents, telles sont les questions auxquelles il doit être ré- pondu ; de nombreuses aventures où Maugis apparaît, soit comme tel chevalier de la Table-Ronde, soit conane enchanteur, soit comme un guerrier de l'épopée ciassique. forment un ensemble d'un caractère mixte dont le détail peut nous sembler manquer d'originalité vraie, mais qui, au Moyen-Age. dut intére^^er. La part faite aux enchan- tements de Maugis el de son allié fidèie, Espiet, le beau nain-^oilet, ne\'eu d'Oriande la fée, le combat de Maugis
DU (( BEUVES d'aIGREMONT » 79
et de Noiroti, Fenchanteur païen, ne lassaient point Tatten- tion. La promptitude avec laquelle Maugis s'éprend des belles dames devait suggérer aux Italiens Tidée de prê- ter un penchant pareil à son cousin Renaud, La narra- tion est facile, écrite en utie langue exce'llenle, semée do proverbes, de majximes, de développements moraux (v. 1888, 3022, 3320, 3880, 4116, 4125, 4139, 4326, 4846, 4954, 5009, 5863, 7183).
Les braniches secondaires du Cycle des Fils Aijmon n*ortt qu'un intérêt médiocre dans norro littérature épi- que, mais au point de vue de T influence du cycle sur le roman italien, il en va tout autrement ; au delà des monts elleis profitaient de l'atitorité du granid poème et offraient en outre des éléments nouveaux à la curiosité i Faut-il parler des dates ? Le Maugis est antérieur aux copies que nous avons des Fils AymoUj sauf peut-être le ms. La Vallière. Le ms Laud, dont la version est une de celles où il est fréquemment visé, est die 1333 (v. édition des Fils Aymon à la note sur les ms. d'Oxford, pp. 915, 920). Quant à la veirsion du ms. 764, Paulin Paris la sup- posait, l'on ne voit pas pour quelle raison, du commen- cement du XV* sièc;le et jugeait qu'elle avait eu peu de succès (Histoire Littéraire, xxii, pp. 704-705) (1). Mais son existence est constatée, en 1390, 1420, dans des inven- taires de tapisseries. Pour qu'en 1420 l'on trouve, dans l'inventaire du dmc de Bourgogne, un « grant vielz » tapis de Brebant, où était représenté comment Renaud vainquit le roi Danemont devant Angorie (Cf. ms. 764, f** 111, sqq. et mon édition p. 223 sqq.), il faut que ce roman ait été i>opulaipe depuis longtemps. On peut donc le repor- ter fort en arrière dans le XIV® siècle. D'ailleurs, les
(1) P. Paris dit encore que Maugk, d'après cette version, se remaria en Orient. Nulle part je n'ai vu que l'ancien amant d'Oriande et de la femme de Mainsile se eoit marié. Il y a là quelque coniusion entre Maugis eb Aymonnet que Renaud avait promis pour époux à la belle Sinamonde (édition, p. 224 et 228, note 1).
80 REMARQUES AU SUJET
pr-emièpes copies n«e furent sans doute pas établies avee le luxe» de notre exemplaire dont les enluminures sont de grande valeur et fournissaient d^intéressanJLs sujets pour les tapisseries.
L'on ne saurait trop se rappeler, h ce propos, ia con- cltision qui termine la belle étudo de M. Rajna sur la Rotta di Roncisvalle : « Les productions étrangènefi con- tinuèrent à être connues dans leur propre langue, non seulement durant tout Je XIV® siècle, mais jusqu'au dé- clin du XV® ». 11 convient de lire Pu Ici et Boiardo et Arioste lui-même en tenant compte de ces paroles. Gan- guené ne nous disait-il pas que « les anciens romans fran- çais et espagnols étaient devenus la lecture favorite d'Arioste, si l'on n'ose pas dire sa principale étude ? ». Certes, c'est aux romans bretons que Ton pense le plus souvent, en lisant le Roland Furieux, mais le poète ne pouvait ignorer le parti que l'on avait déjà tiré, en France, de l'histoire des Fils Aymon, et il avait là conune une justification de la manière dont la l^ende épique était posée dans le Morgante, \e Roland Amoure^ux et dans les compositions populainas plus anciennes, telles que le Rinaldo.
Ferdinand Castets.
ONOMASTIQUE DES TROUBADOURS
AVANT-PROPOS
Parmi les papiers ûe Chabancau se trouvait une iis-le sur fiches des noms propres qui se rencontrent dans les poésies des troubadours. Nous vivons hésité, penditnt quelque lemps, à la publier. Nous ne savons pas si elle est complète, et, d*ailleairs, iJ est difficile de faire des listes qui le soient. Nouis croyons cependant pouvoir ia publier, pour plusieurs raisons.
D'abord il semble, d après les exemp-laires des Gedichle der Troubadours et des Werkc der Troubadours, de Mahn, qui appartenaient à Chabaneau, qu'il ait relevé soigneusement tous les noms propres qui se trouvent dans cas deux coilectioiiis. Il a dû faire de même pour le Choix des poésies des Troubadours de Raynouard.
Il semblait donc bien que Chabaneau ait relevé tous les noms proprets qui ont attiré son attention, dans les poésies lyriques de troubadours. Nous disodis poésies lyriques, parce que La plupart des poèmes didactiques nu iiarratifs paraissent avoir été laissés de ôôlé.
D'ailleurs, quekfues notes qui se trouvaient parmi les fiches donnent les indications suivantes. Dans l'une on lit : « Relever G. de Cabreira [P. de Corbiac rayé], G. de Calanso. B. de Paris, Flamenca [souligné ainsi], Jaufre [B. de Boni rayé], Novas de Iherelge, Breviam, Croi- sade [Chanison de la], Guerre de Navarre, Biographies j\es Troubadours] ».
Sur une autre fiche, on lit : « Reste à dépouiller : Flamenca, les poèmes historique-s, G. de Calanson, G. de Cabrera, Breviari, les vies des Troubadours ».
Jusqu'à quel point le rdevé fait par Chabaneau est-il complet ? Il y a évidemment des lacunes ; je m'en suis
82 OXOMASTIOIF: des TROUnADOlRS
aperçu en le feoiilletani quelquefois, et ce sont ces lacu- nes, dont je ne puis pas fixer rimpoptance. qui m'piil fait hésiter d'abord à publier cette liste. Il y manquait en particulier le rellevé des noms contenus dans les Inedita publiés par M. \ppel et dans les Inedila du ms. Cam- pori ; beaucoup de poésies déj.à publiées ne jvaraissent pas avoir été dépouillées. J'ai essayé de combler toutes ces lacunes, sans me flatter d'y avoir complètement réussi.
Cependant, je crois que celte liste rendra des ser\ices, comme instrument de travail. Il n'y en a encore aucune de ce genre, et nos études souffrent de cette lacune (1).
Evidemment, il serait très désirable d'avoir, pour lan- cienne littéralure provençale, un Dictionnaire des noms propres, dans le genre du Proie nzalisches Supplemenl- Wœrierbuch, d'Emile I-evy, avec citation des passages, identification des noms, discussions historiqties, commeiv taires, etc. Mais qui se chargera de cette besogne ? Quand sera-t-elle. possible ? Et qxii l'entreprendra, après la tourmente actueile ? En attendant, nous offrons aux p4X)vençali&tes un simple instrument de travail, un peu fruste peut-être, mais qu'on pourra polir et compléter à loisir à mesure que les lacunes apparaîtront (2). Nous serons très reconnaissants aux lecteurs de la Revue qui voudront bien nous signaler, en cours d'impression, ces lacunes et les erreui^ qui sont inhérentes à des travaux de ce genre et qui sont peut-être pllus nombreuses dans celui-ci, par suite des circonstances. Un supplément sui- vra sans doute ce travail ; nous faisons appel à toutes les bonnes volontés pour qu'il soit complet.
Il a paru, récemment, un travail de M. F. Bergert, Die von d^^n Trobadors genannten oder gefeierien Damen, Halle, lOb'l. [Beihefie zur Zeitschrift fur romcùnsche Phi-
(l) Sainle-Palaye avait dressé une liste des noms propres ; elle se trouve dans ses papiers.
"Z) C'est dans cette intention que nous avons laissé des blancs assez importants entre les dittérents arlicles.
OXOMASTIOrE DES TROUBADOURS 83
lologie, XLVI]. Le relevé -des nom.s des feanmes chan- tées par les troubadours paraît complet (1), et l'auteur a ras«emWé, sur chaeune d*edles, tous les renseignements qu'il a pu trouiver. C'est un travail fort méritoire et qui pendra de grandis servi<;es. Noujs y renvoyons quelque- fois pour ceirtaims reuiseignementsi comiplémentaires : formes qui se trouvent dans les variantes, différences de graphie, etc. Nous citons également, d'après cet ouvrage, les noms de plusieurs fenunes auxquelles il est fait allu- sion d«ins les poésies des troubadour-s, quand elles ont pu être identifiées : ces noms sont mis entre crochets.
Nous ne disons pas la part qui nous re\dent dans cette puiblication. Elile a cons-islé surtout à contrôler les renvois qui nous 'paraissaient douteux, è vérifier de nom- breux points de détail, de tout ordre, à comibler les lacu- nes, et, dans la partie purement matérielle, à compléter les fiches, où les noms des troubadours étaient presque tous en abrégé. Nous n'avons pa« cru devoir indiquer tou- jours par un artifice typographique (crochets, astérisques, etc.), nos .a/dditions ou nos changements. Nous ne l'avons fait que dans certains i>assages, qui nous ont paru plus importants que d'autres. En principe, tout ce qui est entre parenthèses a été ajouté par nous au travail primitif de Chabaneau.
Le classemeht des troubadours est fait d'après l'ordi^e alphabétique du Grundriss, de Bartsch. Les pièces sont indicfuées par les premiers mots du premier vers.
Chal>aneaii avait admis, dans sa liste, les Senhals ou noms de convention. Mais je ne crois pas qu'il les ait tous relevés. Nous avons ajouté la plupart des autres d'après Bergert.
Nous avons dépouillé les ensenhamens de G. de Ca- lanso, Fadet ioglar (éd. W. Keller), de G. de Cabreira (^l'après Milà, Trobadores en Espann, p. 205 sq.) et de JL de Paris (d'après Bartsch, Denhmaler),
(ï) Nous n'avons relevé que quelques lacunes de peu d'imporlance.
84 OXOMASTIOl E DES TROUBADOURS
Il «est arrivé quelquefois que Chaibune-au n fait ses dé- pouillements d après des éditions diplomatiques de manus- crits (surtout d'après les textes publiés dâJis YArchiv, tomes XXXIII et suivants), où les attributions de pièces ne sont pas toujours exaetes. Nous avons corrigé les erreurs qui ont pu se produire de ce chef quand nous les avons remarquées ; mais pllusieurs peuvent nous avoir échappé. lEn général, les renvois qui ®e trouvent à la fin do chaque article du Grundriss de Barlsch permettront de retrouver le nom du troubadour auquel la pièce appar- tient.
Pour les troubadours dont il existe des éditions, nous avons pu, en gé»néral, ajouter aux noms propres des ren- seignements historiques : par exemple pour Bertran éo Born (éd. Stimming, 3* éd.), Uc de Saint-Cire, Peire Viidal, etc. Ces renseignements, il est à peine besoin de le dire, n'ont pas la prétention çVèire complets.
En ce qui concerne les j>ersonnages historiques, comme les rois d'Aragon ou de Casti'lle, les empereurs d'Alle- magne, etc., ffious avons tâché d'établir une cJassifîcation,
Abréviations. — Xous avons laissé quelques aibrévia- tions d'ouvrages cités par Chabaneau, quan-d elles ne présettitent pas de dif fi cu-lités.
Le nom de Bertrax de Born, revenant souvent, est cité quelquefois par les deux initiales : B. B.
Xous citons, quand il j a lieu, le Grundriss de Bartsch sous la forme abrégée Gr.
On trouvera quelquefois aussi les \\ crj;c der Trouba- dours de Mahn et les Geàichte der Troubadours du même cités en abrégé : M. Ged. M. \V,
.V. B. — Les feuilles contenant les lettres A et B ayant dû être tirées ava-nt que j'aie pu terminer la. révision rompilèle des poésies des troubadours, les additioiiuS, assiez noanbreuses, à ces deux premières lettres paraî- tront dès le prochaiin numéro de la Bévue.
J. Anglade.
LISTE DES NOMS PROPRES
QUI SK RENCONTRENT DANS LES POÉSIES
de8 Troubadours
Abdenago. — p. d'Ailvergne, Dieus vera vida,
•Abel. — P. de Coiibian, v. 17. P. Ciirdenal, Tostemps azlr, Peii^e Vidnl, Bem jrù\c (Vivern e cVtsiiu. R. de V^queiras, Ar vci escur e trebol ce/. Zor/j, Atrcssi com Ut {jamH,
TAuiLAis (Var. Alhinais^)]. — G. Ad^mar, Lanquan ici florir rcspifja. (11 s'atril cVAlbi: il faut lire quAlhi lais.)
AiîiRo. — Malfro Krnieiigaml, Tempa en qnicu mo seii espanda,
Abraam. — P. (1(^ Corbian, 17. Uostang Reix^ngiiior, Si com Irobïun clar cl viclh icsiamcnL Zorzi, Alrcssi com lo ijamcl. GiUiiiKUi, Jeu un sui purs uls aubes Iroba- dors. F. d«e Marseilk, Scnhcr Dieus.
Absalon. — Ariiaut de Maruoil, Tau m'abellis em plalz (Epilro). P. do Corhian, 20. Zor/i, S'ieu Irobcs plazcr a veiulre. [), de Paris.
AcHiLLEs. — B. de Paris.
AcH\. — C'oriiel (père), Vu sirveutes.
Acre. — R. d'Alaiiianou, Qui que semai. Roiiiface de Castelkiie, Sitôt no m'e^ fort gaia:. M. de Montaudon, L'auir^ier fui eu paradis. Peirol, Pos flum Jordan. R. de Vaquoiras. .1/* lei escur e trebol cet. Ricas Novas, Pos partit an lo cor. Rostaiig Berenguier, Pos desamar. Tomiers, Si col [lacs molins. F. de Lunel, Roman.
86 ONOMASTIQUE DES TROUBADOURS
Adam. — A. Daniel, Lo ferm voler. B. de Bondeilhs, Tôt aissim pren, B. de Bom, Moût me plai quan vei. B. Carbonel, Dieus fes Adam. Cercamon, Lo plaing comenz. F. deMarseille, Vers Deus. G. de Poitiers, Farai chansoneta, G. de Caibeslaiih, Ar vei qu'em ven- gut als iorns loncs. Gavauda, Patz passien ven del senhor. Idem, Un vers farai pos me someilL H. d'Au- penga, Ar quan semblol [oill del fraisse, Serveri de Girone, Del mon volgra... P. de Corbian, 1. Zorzi, Atressi çom lo gamel. Dante de Majamo, Sel fis Amors.
Advmelox. — B. de Paris.
Adastres. — \^. de Paj-is. (C'est, d'après M. JeaTiroy, la forme du ms. Bartsch imprime Odastrbs.)
Ademar. — Tenson avee R. de Vaqueiras.
AdONELLA. — Cf. DONELLA.
Aelis de Montfort. — B. de Boni, Domna.
Aenac. — Troubadour cité par R. Vidal, Abrils issia, V. 1189.
Aeneaws. — G. de Calanso'n, Fadet, 110-111.
Aengris. — Riohaixl d'Angleterre, Dalfin, ieus voill deresnier,
Aenric. Cf. Enric.
Aereill (?). — G. de Berguedan, Bernartz, ditz de Bais- seil. Lire Creill^ Cresseill ?
Aeson. — G. de Calanson, Fadel, 79.
Africa. — Raimoiii de Tors, Ar es dretz queu chante parle.
\
ONOMASTIQUE DES TROUBADOURS 87
Agaitz (Saill d'). — Cf. Saill.
Agalborgen (i\a Galborgen). — Gui de Cavaillon, Maii- tel vil. Cf. Galborg.
Agamemnon. — G. de Calanson, Fadet, 190.
Agen. — B. de Boni, Quan la novela flors. Mong*e de Montâudo.ii, Pois Peire d'Akergn: a chantai.
Agenes. — Bertraii et Mateus, Seigner Berlran, per la des- conoissema, Pierre III d'Aragon, Peire Sdlvatge, en yreu pezar. B. A. Moncuc, Er quan li rosier, G. P. de Cazals, Enqueras sil plagues, Uc de Saint Cire, Un sirvenies voill far. Comte de Foix, Mas qui a flor,
Agnes. — C. de Poitiers, En Alvergne. Un vers forai. R. d'Orange, Parliers... eu chan. Agn^s, servante, da^ns Carbonel et Rocin (Gr. 82, IS). N'Aines dans Ricas Novas. Un vers voil coniensar. N'Anhes de Roca- coart, B. de Born, Dona puois de mi. N'Agnes, R. de Vaqueiras, Truan, mala guerra. N'Aynes d'Arc, Guil- lem de la Tour, Pos N'Aimerics. Agnes de Gimel, Comte de Poitiers, Companho fatai. N'Agnes de Lenta, R. de Vaqueiras, Truan, mada guerra.
Agneseta. — Cf. Borgert, p. 92, 91.
Agnesina (i\). — Rofm, Rofin, digalz. Agnesinna de Polo- c;nac, A'Ibertet, En amor trob; cf. Bergert, p. 92. A. de Saluss-a, a. de Belenoi, Tant er d'amor.
Agot, Agout. — G. del Baus, En Gui a tort. Ricas Novas, Un vers voil comensar. N'Agout (ou N'Amieu), Blaeas- sct, Guerra mi plai. Raimon Agout. Cadenet, De nulla ren. E. de Barjok, Una Valenta. G. Faidit^ .46 cantar me dei ; Ab cossirier ; Ar es lo mons vermels ; D*un dolz bel plazer; Ges nom tuelh; Jauzens ab gran; Mon cor e mi ; Per loi del temps ; Pel messatgier ; Sitôt nonca; D'un amor.
88 ONOMASTIQUE DES TROUBADOURS
Ai;hadiva (i\'). — Sordel, Qui se membra. Id., Ailant ses plus. Id., Ensenhamen,
Agremon. — Guilhem de Bergiiodaii, Joglars not de&co- nortz.
Aguilar (Posson d'). — R. de Vaqueiras, Senher mar- ques,
Aguolan. — G. de Cabrera, Cabra.
AiA, — Anonyme, Cour d Amour, P. Raimo-n, Ar ai ben ctamor, G. de Cabi^era, Cabra. Paus de CajKluieil, Hu- mils et francs.
AicELiis ( = Ezzelin). — G. Raimon, Cant eu venc d'On- ffar*i<t. (Aucune pièce de G. Roimon ne co.ramence ainsi. C'est la pièce Gr. '^^29,3 : ce vers est le^ premier de la deuxième stroplie). Aizeïjx : Uc de Saint Cyr, Canso quer leu.
AicELMA, — Temson de Gmizcnet et d'En Raeanbaut. (Bct- toni, Catiz, di B. Amoros, n° 344).
AiDO. — R. de Vaqueiras, Scnhcr Miurques.
AiGAR. — B. de Born, Rossa tan crcis,
AiGLA (L'). — Aicail dei Fost^al, Entre dos reis.
AiGLENTLNA (kl piuecla). — R. de Vaqueiras, Aon puesc saber.
AiGuriA. — R. de Vaqueiras, Ilonrat Marques. Cf. Bei- gert, j). 08. G. de Cabi-era, Cabra
AiGiJNA, AiiJNA (\'). — Alaixîabru, Llverns vai.
AiGLiNA DE Sarzan. — G. de la Tour, Pos N'Aimerics. (Sarzana est dans le di-strict de Cevante, prov. de Gênes.)
ONOMASTIQUE DES TROUBADOURS 89
Aiglon (rei) (^^^Egioa, Juges, III, 15). — P. de Cor- bian, 19.
AiGo^N. — P. Card-enal, Pcr fols ienc.
Aima (lN') de l'Espatla. — R. d'OraInge, Escouiatz, (E'spaila est plutôt un nom commun ; cf. Appel, Prov. Chr,\ n° 36).
AiMAN (N'). — n. de Du.rfort, Turc Malec. AiMAR. — G. de C'abi>era, Cabra.
Al MARS. — B. de Boni, G es eu nom desconorl. Id., Un sirienles faiz, K. de Barjols, Beh Gazanhs, B .de Va- quoirns, TuU me pregofi. N'Aimars i.o Mi:sciiis (do Limog<^.s?), B. de Born, Bem platz car. .X'Aimars (de Poitiers), B. de Boin. Quan la novela fhrs. G. de Borueil, Flaimj e sospir, G. de Sant Gregori, Ben tjrans aïolesa. Cf. encore Gr. 4.
AiMENs. — P. Cardewal, Cel que fe. (Ce n'e^l pas pro- bablement un nom propre.)
AiMERic (de Marbona). — Duraiwl de Pernas, En ialeuL G. iUquier, Al car onrai senhor (Aimerics lo vielhs). P. Vidal, Pos ubert ai. \\. Gaueelm, Qui vol aver com- plida. B. de Tors, Per Vaiinen Pascor. B. de Vaquei- ras, Ao m'agrada.
AiMERiG (N'). — P. Bogier, Per far esbaudir (AinieriA^s lo /os, c'est-à-dire Aimeric de I^iira, neveu d'Ermen- garde). B. de Vaqueiras, Del rei d'Aragon. (Ijc même sans doute ; cf. Milà, p. 88 et Anglade, MéL' Chaba- neauy p» 739.)
Aimeric (roi de Hongrie). — P. Vidal, Ben vin a gran dolor.
Aimeric [de Belenoi]. — Tenson avec Arnaut Catalan.
90 ONOMASTIQUE DES TROUDADOURÔ
AiMERic DE Pégulhax. — G. Figueira (Cf. Gr., 10, 9), Ane tan bel cop ; kl., N'Aimerie gueus par (Gr, 10. 36), G. d^e la Tour, Pos N'Aimerics. Fortunier, Si N'Aime- ries te demanda (est-ce bien Aime rie de Pégulhan ?). Foxa (Jo<an de) le cite deux fois : cf. Romania, IX, 54, 68. Contre Aimeric de P., "cf. Uc de Saint Cyr, Antan fez coblas, Aimeric se nomme encoi-e dans ses tensons avec Albeirt, Bertran Daurel, Elias, Gaucebn Faidit, Guilhem Raimon ; Gr, 10, :i, 0, VS, 35, 37.
Aimeric (X'). — Aimeric, Pcive del Pney. (Le trouba- dour Aimeric ; cf. Cbabaneau, Biogr, des Troubadours, p. V^99.)
Aimeric (de Monlréial?). — H. de Miraval, .1 Dieu me coman,
Aimeric. — G. de Cabrera, Cabra,
AiMiERS. — Zarzi, En tal désir,
AiMo. — A. de BeJenoi, Aram destreifjn, B. Marli, Quan Terba, G. de Cabrera, Cabra,
AiMON (la terra Sanh). — B. de Boni, Quan la novela flors, (Ccsl-àndire l'Angleterix; ; Stimming, B, de Born, 3« éd., p. 177.)
AiMONEï (jongleur). — U. de VaqueiraiS, Senher marques.
AïoLS, Aous. — Bonafe, Senh' En Blacatz. l\. d'Oran.ge, Apres mon vers.
Aire (La ciutat d'). — B. de Boni, Un sirvenles falz.
Aix, Aies (lo senber d'). — B. de Born, Pois Venfadorns, Aix (le juge d'), B. Garbonel, .Si anc nul temps. Aix, II. d'Orange, En allai rimeta. Complainte du roi Robert.
Aines, Ai.vesina. Cf. Agnes, Agnesina.
ONOMA8TIOLE DES TROUBADOURS 91
Ajol. -^ g. de Cabrera, Cabra. Akis. — G. de CaJanson, Fadet, 148. Ajanes = Agenes. — Paire 111 d'Aragon. Alaisina YstELDA. — A. Ysekia, A Na Carenza,
Alaman. — Anon., Ja no cugei. A. de Pegulhan, Cel que s^irais ; En aquel temps, B. de Born, Mon chan fenisc. CaJega Panza, .1/' es sazo.s. F. de Liinel, Al bon rei. Gavaiida, Senhors, per /os voslres, G. de Poycibot, SHeu anc jorn, G. de Bonieil, Dcls bels digz (Il s'agit die Frédéric Barbe lousse). G. de Calanson, Bels senher Dieus, G. 4o Saut Desdier, S'en lot me* bot. Joan d'Au- biisson, PJn NïcoleL L. Cigala, Se mos ciians fos (Il y ^'sî. <ii cslioii aussi .;e Veniperaire, Piiiis rioute d'AUle- niagiie : Frédéric II ?). P. de Marseille, .16 marri- men, P. Vidal, Bon' aventura ; 'Ben viu a gran dolor, P. de Caslelnou, Hotmail nom cal, Pisiol-eta, Ane m/iis nuls hom. Poire Bi^inoii, Pus partit an, B. de Beljoc, An Peire m'er (il y est question de Frédéric II). R. de Vaqueiras, Senhor marques, B. de Tors, .Ir' es ben clreitz. Un Templier, Ira e dolor.
Al aïs, AuAZAIS. • — (Jf. AZALAIS.
AuAMANDA. — B. dé Born, D'un sirventes nom cal, G. de Borneil, Sius quier conseil, Bernart Arnaut d'Arma- gnac. Cf. G/'., 244, 12 (Giiiraiit d'Es>panha), où on lit Xa L'Amada ; Bergert, p. 58. P. Cardenal, A lotz farai.
Ai.AMANUA. — B. de Born, Bem platz. Id., leu chant, G. de Berguedan, Un sirventes ai. P. Vidal, Ma volun- latz. B. Vidal, Abril issia, B. de Vaqueiras, Aras pot hom. M., Gat^lambei. Tomiers, De chantar (Frédéric II), B. de Miraval, Qui bona chanso, P. de la Caravana. Al- baric, Ami<^ Guibert, P. de Marseille, .46 mjarrimen. G. Biquier, De far chanso, kl. Temson avec le comte
92 ONOMASTIQUE DES TROUBADOURS
Henri et le sieur d'Alest. Anonyme, Bona dompna. B. A. d'Armagnac, Lombartz, Frédéric de Sicile.
Alamano. — B. d'Alamanon, Amies Guigo; Ja de chanlar.
Alanes. — Bertran det Boni, Pois la gens. (Il faut lire Alaves, les habitants de la province' d'Alava, en Na- varre).
Alavso. ■*— Fauro et Falconiiel.
Alai». -r- Durand de Paornat?, En lalenl.
\lai»s. — B. de Boni, Ane nos pol fur. (I) s'agit d'AIep, en Syrie ; Sliniming, B. de Boni, o"* ckI., \k 189.)
Ai.Ani (Sanl). — G. Bi(iuier, fl. de Mm, vhausetz, G. de S. Gregori, Drcg e razos,
Albana (ALbe la longue). — P. de Coii>ian, 32.
AinANHA. — B. Carbonel, Si une nul temps, P. Vidal, M oui es bona 1er ru. Pujol, Cel gui sulvet,
Aldau. Cl*. Aliar.
Albaric (N). — Uc de S. Cire, Un sirvenies (Alberic da Boinauo). (ï. encore, l'c de S. Cire, Messonget et Su- diier, Denkmàler, I, 320.
AijiAnic u: BoncaotixoN. — G. de Cabrera, Cubru.
Alberjatz. — Tenson d'All>erjatz et de Gamli.
Albert (\') (maR|Uos). — B. de Vaqueiras, Senher nuu- ques. Tenson entre lui ot \\. de Vaqueiras, Arum di- ,gah. N'Albert. G. <le Berguedan, Amie marques.
Albert (N), de Sisteron. — G. Ademar, Tant es d'amor. Teniî^on d'Albert et du Mon ge. Tonton de G. Faidit et dWlbeit de Sisiteron.
OXOMASTiÇlUE DES TROUBAFMDURS 93^
Albert. — A. de Pégulbam, Alberi, chauseiz ; Amies .V Albert, (Cif. sur ce «persantiage G;.B€rtoni, Ricerohe sui irovatori mmori di Genova, 1'* éd;, p. 20 du iirdgie à part). Tcnson avoc S, Doria (le même ?)
Alberu. — R. Vidal, Abrits issia. (Aubière, Puy-de- Dôm-e, d'après W. Bohs.)
Ai.ni. — G. Ademar, Chantan dissera. Cf. supra, Albilais. G. Bi-guier, Qui a sen, M. de Mouiaudon, L'aulre jorn,
Albiges. — P. Vidal, Mos cors saletfra^ Cornet père, Un sir vente s,
Albertet. — lenson d'Albertet et de En Peire. Cf. oincare Uc de l'Escuire, De mots ricos. Cf. A. Jeanroy, Poésies provençales inédites^ p. 35 du tirage à part. Chabaneau voulait lire Ar.nËRTET de Sàvoya. tje ms. a Albertet de Sa,
AiBRicx (N), de Ronnan<& ? — Vc de S. Circ^ ^fes«ongel un sirventes. (C'est Alberico de Romane, ef; siupra,
s. V. Al.DARIC.)
Ai.Bi.ssoN. — Dai*phin d Aiïvergne, Reis pois, Albuxon (pros e valons .ves<^onte,s*^a .d'). G. de Puycibot, Una grmis amors. Gui d'Usfîel, Ben feira ciiansoti.
Ai.cAis. — p. Cardenal, lu clerc si fan paslor,
Ai.ci BA. — Allusion a îlolopbeme ? P. de Bussînbac, Sirventes et diansos {en Valcnba al rei),
Alda. — Zorzi, Airessl com la gamel,
Aldaer. — G. de Cabrera, Cabra.
Aldenai. — Guiraudo, Gr, n® 230.
Aldeon. — G. de Cabestamh, Gr, 242, 7, v. 58. (Les mss donnent des textes différents : Malleon A G I, Aldenn R, om, H V.)
AijM .%RDc> (En). — Mareabni. p. ^83. (Ce renvoi eilip- tic|oe Aé^fsaé VArchir^ T, 50, p. 283» où se trouve le lexte d'une eobla que Chabaneau vei^ attribuer à un aulre Mareabrun : Biogr, p. 3l^».)
ArEGRET. — B. c4e \>ntado«r. Amor^ et queus,
ALEfiRET. — Se n€»nroe à ki Bn (ie Arti p€ureisson.
Ai^AGRi. — P. i'ardenal, La* amairita (autre forme. YsF.xoRi) ; Li clerc .s-i fan pastor : Seiiher X'Eble ; Tdn son vàUn.
Ai.EST (Ms. l ) — A T'aies. — J. Boi^el, i>irQ damor, AixsT (I» se»nher d'). — Tenson a\ec G. Riqiiier. Alest. — G. de Borneil, Umilr'ier.
Alexandre. — Anon., Ben en nescis. Anon., Lo sen vol- (ira (allusion). Ja de razon. A«on.. Tre^i cauofi 8on. A. de Péuguliaii, Ara par ben; En aguel temps. A. Ik- niel, Er vei vermeUh, B. ALbaric, leu ame lai, B. de Born, A lolz die. G. Faidil, Fortz chauza. G. Fabre, On mais vei. Deux Guillems, Guilhems prims lest. G. Magret, Uaiga pueja. G. de la Tor, De las donas (\Iahn. Gedichte, II, 233). Guiouet, En Raymbaui pros, dona. G. Riquier, Tenson avec Henri de Rodez et Marques. \'At de Mous (sans autre indica- tion). Palais de Savieza. P. Cardenal, Tostems vol- fjram. P. de Corbian, 33. P. de Ladils, Mossen Ramon. P. Violai, Ben viu a gran ; Sim laissaïa. P. de (3ap- dueil, Ar nos sia capdels ; Tuit dison. R. de Vaqueiras, Ao magrada. ; Senher Marques. Rostang Beresnguier, Si com trobam. Ug. de S. Douât, Siri entes ai ois. 0. de Calanson, Fadei, 05-96. G. de Cabrera, Cabra.
Amxandres (Bels). — Il s'agit d\ine dame : G. le Ros, A la mia Je.
ONOMASTIOÏE DES TROIBADOURS 95
Alexandri. — Alexanidri, En Blacasset,
Alexandria. — P. Raimojî, Lo doliz chans, A. d*Orlhac, Ay Dieus. R. de Vaqu^iras, Non puesc saher, Tem- plicr (Un), Ira c doior,
Ai.FAR (Hugonel d'). — R. de V^queiras, Honratz mar- ques. Cf. Far.
Alc.ais (Los). — B. de Born, AI dons nou, Eble d'Ussel. Gcs vos port mon escien, P. Cardenul, Razos es,
Ar.GAYA. — G. de Montanihai^ol, Gr. 225, 8 ; éd. CouJet, A^III, toniad»a.
ArxiARBi, Algaravia. — G. Riquior, El nom de] ver Dieu. le de S. Cire, Guillem Fahres.
Alcuessa. — Tomiers, Si col flacs, (Frontière d'Espa- f2?ne, miïiis où ?) .
Algines (Oomlat d). — A. d^iu Luc, En chanfarel. [Alice de France]. — B. de Boni, Gr. 80, 40 (allusion).
Alîar, Albar (Sauc fîlh d'). — P. Vidal, Ges pet temps,
Auo. — P. Vidal, éd. Anglade XXXIII, 54 (Gr, 364, 16).
[Alix, sceuF de Philippe- Auguste]. — B. de Boni, Gr, 80, 40,
TAlix de Roissillon]. — G. de S. Desidier, Gr. 23'i, 10 ; cf. Bergert, .p. 18.
Almansor. — P. rarden4il, Oi/o/? som al refreilor. R. Vi- dal, Abrils issi^ji.
Almarln. — Isinarl, Dd sonei.
Almars (Domna \'). — Caslelloza, Ja de chanlùr.
96 0\i»iJAfiTJOl E iât-^ TltUli:Ai*ai
Aluiiil. — 11. oe V^ueirafe. TryAK. moio çuerm. Cf. JEIloitz.
\Lu*i. < f. VrJVAI T J»* AL^►^.
AiJtic-f. — 11. de Toi*^. .4miî> ♦.r<lu^rrm. Al M. \i\Hi (\vvi, — IWiTiiiH\ >niu El. Biacaiz. \u Xi, — B- (ie Paris.
\iALK\HATZ. - lî. d*' \>iitj»dour, lit luuit pcrduî : To- jiorl <ffti> sui : Li' russuni'tis. \1, ik* Xlonlaïuion, .lis*?/ rum tt'l tfu u t^siai. IV^in»!. Ah p^-at. jui : 1m grau alt- prau.sa, Jîira^ \o\a«, I^its fuiviit, li. d<» ralinera. Oi-
\jAi:R\iii:. — A!l*^rtrt, Vo/jt/r, dipaiz, l.aKk*iK»t, A'o «ai <;<J rotthi^iL C<*w/k' de Poitk^rv, £« .Urrrwijr (= Fmrai un vers). G, de ItorDeiJ. JL<^ chajisunria, J, d Aubos- s«»u- Tos/rw /fofia. Moine de Xioul^iKlon, L'autre /o^^i- K. VwiaL l^/i/fî /««iti (Xîv^niliel ?K l <• <4e S. Cire,
\i\LR\Hi:j. — < f. i^u]^ra. F*. Vi<iaL Al\irv. — U, Vi<d:iJ. iaKiicHiUIus,
\\yjj\\ (Peifiis iV). — G, P. lie Ca?<il>, D'una Jeu chonso. P». (U^ Vliraval, (li^ui^onela jarai,
\\iKU\. < f. AlAMAM»A.
\\iM»^»H- — 0. FiiriJ^ira. Am lati brj cnp^
\m%i.ru (\*). — F<»lqDeit de Marseillie, dir no m^abrits MiMz. (VA. de Xarp^j.va). G, ni<]uier, .4/ pus noble ^ fjtt pu*i taien. (\*A. w: \arbo\a, fils diu premier), G. Riquier, Tant m en honraiz. (Ex Amalric), G. Riquier, Per re non puesc. Joan EsleAe, Aî^^i col malananii.
I
OXOMASTIQUE DES TROUBAOOURS 97
A.MAMEL'. — Uc de Alurel, Ges ^ïtot bos prelz,
Amanieus (D'Armtigruïk; ?). — P. €ârde«Ra.l, Tenda» t Iraps,
Amaxeus (De la Broqiiern). — Ameiis de la Br., Quan reverdejon, '
Am.wieu [De Sescas]. — A. de Sesi^as, /l vos qu ieu am. Ciivnlier Lunel, Lcmirler mcntre quez ieu,
Amanieu de Lebîiet. — R. de Carnet, Ara$ quan vei,
Amàtieus DEL Paiars. — U. Vidal, Abrils issia. (W, Bohs : Na Maheu de Palars.)
[AMAïiSTi] = A'méthysle. — G. de Cabestanh, Ar vei quen lejigui.
Amblartz (i\'). — B. de Born, Ges de far sirvenles.
Amei.is. — Uc do la Bacailaria, Per grazir la bona estrena, G. de Cabrera, Cabra.
Amia (Doii^^n). -t- Sopdel^ Gr, 437, /.
Amic. — G. de Cabrera, Cabra,
A MIC (Sonhcr). — G. de Ber^rued^n (?), Arnndeta de ion cliantar. ^
Amics Privatz. (Les deux inleriocuteiirs &e donnent ce nom.) Anonyme, Amies privatz, gran guerra.
Amic (Mais d'). — La Ijoba de Pennautier, dans H. do Miraval. {Gr. 406, 4, 9, 24, 34, ,V, 38, 44, 46 et Be sai que ; Qf. Bergert, p. 32.) , , . .
Amic (A Mon Amic). — D. de Pradas, Tant sent al cor. Id. El temps quel ro^sinhols. ;
, 4
Amic (\I«m Tar). — P. \ wlaL Apy^tiisr e ta.^<*tr^ .Viac* (Beis Amies ears). — P. Viciai. Bels Amies carîf. \\iiER. — O. tie • alaiis*Mi. f»i*/el (nis. h). \miel- Cf. Bldcââset. s^. w A«.oiT.
Ayii.iî\ï Tz. — SïHrtiel. Pitoi-i n*^m teiu-
Amiuieta. — Pujol. Sf7 mnU «i^inmr. Ci, Bt^rgerl, p. 56»
A\a\. Cf. 'Alda.
Avox. — G. «ie Calaiiï^vi. F*uieL ^Xk I9ft R. Cf. A\x\.
Amora\is. — Marcahru. Emperttire per mi. G. de Ber- guedan, in trichaire.
Amorat (L^. L\aiorat? — Zor7Î. S«7 morts fondes,
AuPHiox. — G. de Calanson, Fadei. 01.
Amsiza (Mère et fille). — R. de V.i>qiKMra!4. Trwtn main guerrfê.
Anauga. Cf. Amaul.
\\CEi.ME (En). — ReforzaL D^un canJier,
Anto. — S. de Girone, Près d'un [ardi.
\\DA. — Cf. Auda.
Andviozitz. — Gavaiidan, Seignors,
\\r>RiErs DEL Pal-vis. — TernwnagnHK», Romania. VIIF, V. 101. 192 (2 4^ilalioi>s).
AvDRiEi, Axdriel de Fransa, Andriei' de Paris. — Alhertetet Gaucelm Faidil, len^>n. Aimerk^ de Belenoy,
oxoMASTiorr dks TRornAnorns 09
Ja ner crezulz, Aimeric do Pégulhau, Qui sofrir ; S'ieu ian ben âmes, Artaud ap. J. d^ Nostredame, éd. Cha- baneau-Angladie, p. 180. B. de Paris, Guordo, ieus fas. B. de Pradas, Sitol mai. Blacatz -ci Pi.stoleta, tcnson. E. «de Barjpls, Bon' aventura, F. de Romans, A/a bêla domna, G. Faidit, Cora quem des. G. de Ber- guedan, Lai on hom. G, Magrel, A^restan bem tenc, G. de la Tor «et Sord-el, teiison, Us amies. Giraut et Peiroiiet, ton son. .loixian <le Cofoilon, Ane mais. Pons de Ciipdoil, Domna en pven. W. de> Vaqueiras, Non puesc saber, Raimon Bistortz d'Arks, A^on irob qu'en re. Raimon Jordan, Verl son H ram, Uc de la Baca- laria, Per grazir, Uc de Pena, Cora quem desplagueii. Descort anonyme, Si trobes (Archiv, 34, 430).
Andriel, Mon Andriel. — P. de Capedieuil, Aissi m'es ; Ben es fols ; Liais amies, Id., Ja non et hom, Id., De totz chaiiius,
Andrieu (Sanh). — A. de Pegulhan, Ara parra. Marca- brun, D'aisso lau Deu, G, de la Tour, De San Martin. P. de Corbian, 2o. R. de Castelnou, Er'a bcn dos ans. Te de l'Eîycura, De mots ricos.
Andrieu (T.o pey = de Hongrie). — Complainte du roi Ro- bert.
Andrivet — B. de «Paris.
Androinel. — Anonyme, dcà de razon.
Andlza. — Daude de Pradas, Ben aif Amors. Uc Brunet, Plus lo dous temps.
AxnuzA (Bernart d'). — R. de Vaqueiras, Leu sonet. (Guilhem d'A.), G. Riquier, Ane non aigui.
Anfelis. — G. de Cabreira, (^abra [oglar.
Ami* '-3 Ara^ -ti ?i. — B. .1- P. -i^^^. 7-: •,'- r^.ctt.
\*i.^ !.*( <;«^: :>-: A_f..:r- Mil.. — \. i- P.-«ulliaa. A'/< 'f/Ufi tfiiif'*- : EUi'inun ■•>m .'■^in»-*/:». II. de Bom. MUi »wr<'/d<">. <j. Adeioar. A^.-n ffi f-.srr. G. <Je Ca- hr^ira. liar'lr>-ji. ÙttiLiiuMirif-r. p. ité. G. i^ iTalanson. fie/ ^fmbl'in. I!. de Uirataj. 0ui<>im ^mt arr^nlet. Per- di^'^i, t-';htr Aiu'j* . H. \tda). i avd-jgî/w-
Amos (d« Ca^iaie : AU>a^ .\^ — B. Caho. £n fuM de rrrfan : Enqurr l'ib ^4i : Tant aula domum. F. de Iauiià. a t t/on rrii . G. de Mur. G. Hin^tûer. tegon . G. Ki<]uk'r. .4/ jitu.<. u-l-tr : *.'rfire m'-nt fatf : Grans ifang en: /rems nom le: ^rih En Jorda: :^îru ja tro- hcA. Paidel de MarviJk*. Ifc wirninen, \"\t de \fons (Pas d'aulne iiidti-alioii daii-i i^liahatieaiit. Zorzi. .Si7
AsF'is (rieJ). (Ali^MMifie II d'.VraçosO. — G. de Bonieil. t'tir ii'iit m l'A : id.. Ces de sobreioUr : Id., Solatz, joi<i e elfudars ; G. Adémar. Laiga puja. [=G. Magnel, l.'aii/a pueja'. P. \ idaJ^ Be m'agrada. M., Bon' aven- Jura. Id.. /(eus en si<4 Id.. .Mou/ es b>tna lerra. Id,, Oiui/il hom et^. P<»is Barba. Sinrnles. R, Vidtd. AbrUs Usia.
e de l>^on T). ■ — Marrabni, Per faura jiz lie ciian.
I 7 — Moine de .Uoiitaudon. Senher .'ardenal. De sirrente*. Pisloleta, Se
OXOMASTIOUE DES TROUBADOURS' iOl
chantars. R. do Casldnou, Mon slrventes Ifafiuh Ga- vaud^i, Lo vers.
Anfos. — Cercamon, Lo plaing comenz. G. de Cabrera, Cabra Joglar,
Anfos (Comto). — Tenson de Gui et Falco. Moine de Monta iidon, Pois Peire. (fje même ?)
Anfos (comte de Toulouse ?). — Manc^bm, Auiaiz de chan. Cf. supra N'Anfos.
Anfos (Moissen). — R. Cornet, 4.
Angevi. — A dau Luc, En chantareL B. de Boim, Pois als bores ; id., Ouan la novela flors. Comte de Poi- tiers, Pois de chantnr, Joan Eslève, Francs reis. Ri- chard d'Angleterre, Ja nuls om, Gavaudan, Senhors, P. Cardenal, Las amairitz {parlar angevi). Cf. Ango-
VENC.
Angieus (Angers). — Aimeric de Belenoi, Ja ner cr&- sut. Alegret, Aissi cum cel. Anonyme, Damna vos ma- vetz, Bernart de Rovonae, Ja no vuelh, B. de Born, D'iui sirvenles nom cal, Id., Mon chan fenisc. Id., Pois ièls baros. Dauphin d'Auvergne, Reis pois, P. Ro- gier, Ja no creirai { — \, de Beilenoi). P. Vidal, /)c- chanlar, Perdigon, Aissi cum cel. Cf. Folco d'An- gieus.
AxGLATERRA (I\ei d'). — Anonymo, Ane no cugei. Cf. encore Ai mon et Englaterra.
Angles (Anglxiis). — Anonyme, Ane no cugei. Cavalier Lunel, Lautrier menire, Raimon de Cornet, El dugatz, Id., Per tôt h mon. Guiraut de Calanson, Beîs senher Dieus. P. de Ladîls, Mossen Ramon {rei angles). Ri- chard d'Anirlctenx}, Ja nuls om. Cf. encore Exgî.es.
102 _. ; '-0NÔ1I ASTI OLE DES TR0UBAD0UH9
AxGLBSai-'ï''-- ^- ^ Girone, Près (fun jardi.
.•'['^•sébvEnc. — Moiiiioie d'Ajijou ? A. Pâniel, L'aura '\\'-' amara ; cf. Appel, Prov. Chr.^, n" 2ô.
Anjau. — B. de Born, D'un sirvenles ; Ces de disnar. Comte de Poitiers, Ft/rai un vers. (Coms d'A.), Gui- laut d'Espagna, Pues e'a sui ab aenlior. Marcabru, Assalz m'es bel. lî. dt: Tors, Ar es de» dieit. P. Cardc- nal, Bel m'es. Uc de S. Cire. Un sirvenles.
An\a (Santa). — F. de Luiiel, liomans de monduua v'ida.
Anoilla (tasiel de) ou NorLLA. — G. de Berguedan, Chanson ai.
Anonav- — Le de S. €irc, Vna dansela.
A^slils, — G. do Cabrera, Cabra ioglar.
.An-selot. — P. Capdenal, Tendus e Iraps {Lujtsehl ?).
.\nse»sina (La gent). — A. de Pc^ullian, Pos descubrir.
Cf. ASSESSIS.
.\ntechist. — G. Faidit, Ara nos sia guilz. Granel et Ber- Iraii, le-iison. B. d'AJamanon, Pos anc.
ANTKLMii. — G. de Cabreiia, Cabra.
Antic (N'). — Cl. de Bornei'I, Ai com aven.
{. lie MarL'itil, Doua genser,
>ii., Sui e 1)1 sui.
— E. Cairel, Pois chai. Marcabrun, Par Je de la Bacalaria, Per grazir. Uc de Pen- lem desplagues. G. de Cabrera, Cabra.
ONOMASTIQUE DES TROCBADOURS 103
Antiphanor. — A. de Garca«îses, Papagai.
Amona (Bueve d). — P. Candenal, L'arcivesque de Xar- bona, G. de Bergnedan, Sirvenies, Cf. encore Boves
D*A.
Antonh (N'). — A. de Miareuil, Tant m'abellis.
AoD (L'es<|iie!Ttîii?). — P. de Corbian, Tezaur, v. 19.
Aon (S.). — M. do Moiilaiidon, Fort mcmiela.
Aorlhac. — Bon-afos e Cavaire, Bonafos eu vos envit,
.\rcHER (Com-tor d'). — Comun^l, CorrUor (TApcher re- buzat. Torcafol, Comunal en rima,
AroLoiNES DE Tir. — A. de Mansan, Oui vonitc. G. de Cabrera, Cabra.
Apoloim. — B. de Paris.
Apostoli (L*). — L. CigaJa, Si mos chans fos,
Arabit. — E. Cairel, Qui saubes. Gavatxdan, Senhors. G, Fîguéira, Del preveire maior, G. de Bonieil,A Vonor Dieu, G. de CaIanso*i, Bels senher Dieus. Peirol, Quant amors U. de Vaqueiras, No niagruda,
Arago. — Aiion., D^anhar ntestera. A. Daniel, Launi amara. B. d'Auriac, Nostre reis. B. de Boni, Lo Coms; Pois lo gens, M. de Mon^taudon, /lissé com cel quoni mena. P. Raimon, Aon puesc sofrir. P. Vidal, De chanlar, Id., Deus en sia. R. d'Eira», Coms procnsoi. R. VidaJ, Casiiagilos. Uc de S. Cm,Nulla ren. Ccr- camon, Lo plaing comenz. G. de Berguedan, Be volria. S. de Girone, En may. A. de PéguUian, En aquel temps. Cf. encore Erangos. Comte de Foix, Frances; Mas qui a flor. G. do Calansom, Fadel, 83-84.
104 ONOMASTIQUE DBS TROUBM)0tIR6
Ar.vgo (Enfant d'). — r B. de Roveftac,' Bel mes, G. Ri- quier, De far chanso. P. do Marseille, Lautr'ier.
Aragon (Rei d'). — (Lei& fiche® ùe Ch^haneali n'étaient pas classées par noms de rois. Nous les avons clas- sées d'après Mil-à. Chabaneau (Biogr.). Diez :et les édi- lions de troubadotirs, quand eilles existent. Mais nous n'avons pas besoin d'avertir qy^e ridenlification est loin d'être sûre dans des cas assez nombreux. Nous met- tons un point d'interrogation après le nom du trou- badour, quand cette identification nous paraît trop dou- teuse.) . '
[Alfonsk II d'AragOn, I de BàrceUoiie, 116^-11961. — A. de Mareuil, Ab yratH onor; Là fvhnca captenensa. B. do Bom, Oiian vei pels vcrgiers. G. de Berguedan (Pierre II ?), Lai on nom ; Joglar, nol desconortz. G. de S. Desdier, El temps quan vei. G. del Luc, Ges si toi. G. d'U-ssel, Si ben parlet^. F. de Marseille, Ben an mort ; Oimais non conosc (Pierre II ? Cf. éd. Stronski, p. 183). P. Raimon, Atressi com, la çandelfi. Non puesc sofrir, P. Rogier (A. de Belenoi), Ja non creirai, P. Vid<aJ, Ajostar ; Per ces dei ; S'eu.fçs en çQft, Pistotelia, Aitan sospir ; Anç nuû^ nuls hoi^i ; Ja nuh anjLoai, ; Se chantars, P. de Capdx^eil, So <jfM'om plus voU R. de Vaqueiras, Del rei.dMra^a/*. (Peut^^être encone A. Daniel, L'aura amara, v. 37.)
, 1 \
[Pierre II» 1196-1218], — A. dé Pegulhan, Cor fui de dur ^ordansa ; De finamor ; En auquel temps ; En greu pantois ; Nuls liom non es ; Pos descubrir ; Pos ma bêla mala ; S^ieu ben lofi, xXnomyme, Arondeta. A. de Sairlût, Aissi mou. Albertet de Sisitorotn (Pierre II ou JaiMiie I ?), Ah son /jai. S., de Marvejok, Ab greu cossi^e, E. Fonsalâda (?)/ De bo loc movqn ;'En cor ai que comens. G. de Puycibot (?), Ouar fui de dura (A. de Pogulhan); S'ieuanc jorn^ G. de Borneil, Ab semblan;
ONOMASTIQUE DES TKOlB.^WOUftS f(fc
Era quan vei, G. de Cailaikson ,(?). En Aragon al joven rei; Sitôt Vaura, P. de Bergerac, Brtègairacw R. -de Mi- ra val, Aissi com es (jenser; Cet que jois tain; Er ab la forsa, Uc d^.S.Ciro, Un sirventfi$. :
[Ja<:me I, le ConquériinlJ. — A. de Beleno^, Aissi col prc$; Meravill me. A. de ^^esca» (Piearei Ilï ?), Donzela ; En aquel nics. B, Calvo, Un nou sirvente$, B. de Ca^tel- lane, Era pueis iverns, iJaspal, SeinJios auias. Engles, A la cort fui, G. Anelier, Vera merce^.G, de MonU- nhagol, Ges per malvestal; Leu chansoneta, G. de Mur, D'un sirvenie$, G. Ili-quier, Guilhem de Mur. Nal de Mon6, La mlors ea grans^ Pons Barba, Sirventes non es, Serveri, de Giroite^ Del mon volgra. Sordel, Pla- nher viteil : Puois non tenc ; Oui se nietabra. ,Uc de S. Cire, VU go loslre semblan (variantes de T). (Une liclio de Chabaneau ajoute : Lo bon reis d\Arago <^t renvoie à Jaufre, sans autre indication : il s'agit sans doute du roman- de JauiVe.) B. de Uouvcnac, D^un sirventes.
[Pierre lll]. — B, Cuirboinel, Ane dç joi, Vf. de Mars^le, f/autrier. P. Salvalje. Paul Lanfran^c de Pistoja.
Aragon (Ueinc d'). ~^',A.,d<p Belenoi, Aissi. col près. B. ide Boru, Poi^ lo g^ns (la, reiBi»& Sanclif).. P.. Vidal, S eu fçs ei\ c^r^(SaJLlche).^ A. tle Sescas^ fi/i aqt^el sn^es,
ARAGONf:fi.-(Reis)* — Atton.., Vai Hugoneii B. Caivo, f/n nou sirventes. B. d'Auria€, 'Nosire rtisv Gadeinet^ S'ieus essai. G. Riquier, S'ieu ja trobat. l\. de Miraval, Baiona p^er sirventes. R. de» Va«queiras, Jw hmn près. R. de Cornet, Per lot lo mon. P. Vidal, Tant an ben dig. G. de Calanson, Una dùu^sa res.
Aragones. — B. -de Born, A tornarm'er ; Guerr' e pan- tais ; Molt m'es descendre ; Pois lo gens. Gavauda, Senhors. G. Magret, Ma domnam ten pre^. P. VidaK
106 ONOMASTIQUE DES TROUBADOURS
Baron Jésus : Xeus ni gels. To-miors, De vhantar. Uc de St Cire, Bem meravilL
Aramon Luc d'Esparro. Cf. Luc d'Esparro.
Arans. — B. de Bom, Ane nos poe far, (Aram est le nom biblkfue de la Syrie ; cf. Stiinming, B. de Boni, 0* éd., p. 189.)
Arc (D'). — G. de la Tour, Pos VA^imeries,
Archimuaud (de PérigUeux, les deux frères). — B. de Bom, Fulheia, N'Aquenbaultz. B. de Boni, Un sir- ventes falz. (Archambautz, Stimmiiig, B. de Bom, :5« éd.)
Archithicli. — p. d'Auverg'ne, Dieus v^ra vida.
Audit (\'). — B. ('alvo, S eu d ir ai. 'G. -P. Gazais, Ah la pascor ; A tavinen mazan ; A trop grau fereza ; Ar m'es bel ; Aras pos vei ; Bem plagroinVcâs Bernart ; Enqueras ; Per re.
Argensa. — A. de Belenoi, Pos Dieus. G. de Bomeil, Tôt suavet. G. Faidit, Sitôt nonca, B. de Palazol, S'ieu anc per fola. Ponson, Valent domna. P. Vidal, Tant an ben dig, IXicas Novas, Lo bels terminis. Sordel, No puesc niudar, Sicail do Marvejols. Tomiers, De citantnr, Uc de S. Gire, Un sirventes.
Argenticra (L'). — G. d'Apchier, Cominal vielh flac. Argentqs. — B. de Bom, Cazutz sui.
Argileu. — B. de Paris.
Anoo.--G.de Calanson,Fad(^/, 70. (Argus, ibid., 73 D).
ONOMASTIQUE DES TROUBADOURS 107
Arias. — Perdigon. Contramor.
Ariel. — B. de Paris.
Aripodes. — B. de Paris.
Aristotils. — Tenson d<^s deux Guillaumes. Anon. Palais de Savicza.
Aiuus. — G. do Cabrera, Cabra.
Arles. - - Anon. LWnlrier fui. B. d'Alamanon,, De Vc^r- civtsguc ; Ja de ch'aiilar ; Pois chanson. Goniplaiiile du roi Bobert. Daude de Pradas, Ab lo dous temps. G. Fawlil, Si anc nuls honi. G. de Borneil, Ben deu en bona corl. Olivier, Aitan leu com ha. P. Cardenal, Be volyra. V. Vidal, Aiostar. B. de Tors, Ar es dreitz. Templier, Ira e dolor.
Arman (Comte). — P. Vidal, Neus ni yels. (Comte Ala- manni, homme d'état génois.)
Armanhac. — A. de SesKias, En aquei mes. (Armalhac = Armanhac). P. Cardenal, Tendas e Iraps. B. de Cor- net, Amors corals ; Lo mieus sabers. (B. d'A.). B. Vidal, Abrils issia.
Armaya (?). — G. Faidit, Si anc nulhs hom (Texte de Baynouard, III, 292. Blaya, ms. G. et O. Maya, texte de V, Archiv, 30, 486).
Arnauda. — Lombanda. AiiiNAuT. — Lomibarda.
4
Arnaut. — B. de Born, Bel m'es (jongleoir). R. de Va- queiras. Tuit me pregon.Vc de S., Cire, En vostr'ais nie farai vtzer. Anon., L'aufrier fui à C. P. de Marseille, IMutrier. (N'A. cel d'AxAuoA (?)), G. de Berguedan, Un sirventes voill.
108 OXOMASTIOCE DES THOUBAtyOURS
Ahnait (X'). — Tenson avec B. d-e la Dasta. Tenson entre Fak, Arnaut et Guilhem.
Arnaut (d'Alos). — G. de Ber^ueidan, Un sirventes voill.
Arnaut (marques de Bellanda). — B. de Born, D'un sir- vcnle'fi nom cal, (Arnaut de Beaulando ; fils de Garin de Montglane.)
Ahnalt (de Castelxou). — U. Vidal, Abnis issia, v. 795.
Arnaut Daniel. — M. de Montaudon, Pois Peire. A. Da- •niel, Chanson doil mot ; En est sonet ; L'aura amara ; Lo fepm voler,
Arnaut Daunis. — R. de Cornet, Pey TrencaveL
Arnaut Guillem de Marsan. — U. Vidal, Abrih is$ia,
880.
Arnaut de Maroill. — M. de Montaudon, Pois Peire. R. Vidal, Malm. Ged. II, 20. (A. de Mareuil est cité quatre fois : v. 45, 607, 1019, 1224.)
Arnaut Plauues. — Uc de S. Cire, Messonget un sir- ventes,
Arnaut Romueu. — Uc de Lescura.
Arnaut (Seigner). — Teiisoii entre Foie, Arnaut, Guilhem.
Arnaut del Vilar. — G. de Berguedan^ Eu non cuidava.
Aroms. — P. de Corbian, 18, 22.
Arpi (i\'), — P. de Busisinliaç, (Juan lo dous temps,
Arrens (Rens ?). — G. de Dunfort, Car soi petit.
ARè-ELOT. — G. de Cabreîra: Cabra pglar.
ONOMASTIQUE DES TROrDAOOtR.^ 109
Arse.n. — G. de Poitiers, Companho farai. P. CûFdenal, Larcivesque. {Los fUhs N'Arsen),
Artal (d'Arago). — A. do Soscas, En aquel mes, Artasenes. — g. de CaJâinsom, Fadei, 103 D. Artalt. — G. de Bergueidan, Juglar not desconorls: Artaxerce-s. — G. de ralanson, Fadet, 103.
Artes (Comte d). — P. de Marseille, L'autr'ier. Paul Lanfrane de Pistoja.
Artesa (Terra). — B. de Born, Pois als baros.
Artimalec. — Marcabru^ Senher N'Alric. P. Cardenal, Cel que fe,
Artoxa. — Dauphin d'Auvergne, Vergonha.
ARTts. — Anon., Ane ai temps. A .de iVCarsan,; Oui eonie: A. de Pegulihan, Can que feses ; Totas lionors. B. de Born, A iotz die ; Gent part. B. de Paris, Gitordo. G. Faidit, Foriz chausa, G. de Ga-breira, Cabra pglar. G. de Calanson, Bels senher Dieus, G. Riquier, Tensôn avec le comte Henri et ie S. d'Alest, Mancabru. Al prim comens, Mathieu de Quercy, Tan sui marritz. Montan Sartre, Coms de Tolzan, P. Cardenal, Af notn del senhor, P. Vidal, Ges pel temps ; Postornaiz. H. de Pons, Senher Jùufre. R. de Cornet, Amors càrals, l\. de Cornet père, Un sirvènles, R. de Vaquelras, Aram réguler, Sordîel et Aimerîc, tenson. Peut-être G. de Cabrera ; cf. Birch-Hirschfeld, p. 54.
Artus (Joglanet). — Dauphin d'Auvergne, JogUretz.
Artuzet. — B. de Born, Quan vei.
Ari MALEC. — G. de Cabrera, Cabra. " '
IIQ ONOMASTIQUE DES TROUBADOmS
Arver. — T«ejiisoin d'Arver et d'Enric.
AsAHEL. — G. de Calanson, Fadet, 119-120.
AscALONA. — G. Figiieira, Un nou sircentes,
A se A VIS. — P. d«o Corbian, 3*^. G. d-o Tnlanson, Fadcl, 112.
AspA. — p. Vidal, Drogoman aenher,
VspiNEL. — B. fie Paris.
AsisARArr.«{. — G. de Calainson, Fadei, 76.
A&sEssis. Cf. Ansesisina. — Bemart de BondeUhs, Tôt aissim pren,
Assilian (Azille, départ, de l'Aude). — G. Riquier, Qui a son,
AssuR. — Un Templier, Ira e dolor,
AsT (A«ti). — B. de CasleJiane, Guerra e irebal. F, de Lunel, Al bon rci, P. ,Vklal, Pos uherl aL Cf. encore Cartextrast^no.
AsTARAc. — A. de Seisca^, En aquel mes (Ma-scarosa d*). Id., El temps de Nadalor. Bernard de Tôt lo Moai, Los plnzers, G. Anclier, Clercs e Frances, Id., El nom de Dieu. Id., Ara jai. G, Riquier, û'^ s (arac venia, Id., .4 Sant Pos, Id., Coms d'A^starac, Id., Lo mon$ par enchanlatz. M., Tenson avec le comte Henri et le sei- gneur d'Alest. H. Vidal, AbrLh, v. 878.
AsTAVAXA. — A. de Marsan, Oui conte,
AsTRLT (Mon). — Zorzi, S'ieu trobes,
Atalanta. — A. Daniel, En breu.
OXOMASTIOUE DES TROUBADOIRS 111
Ateon. — B. de Paris.
Ates (d'Apt?). — Pujoi, En dque^l sanet,
Atz. — ( = A7.zo ?). L. Cigala, Estier mon grnt. Cf. Cres- ciffii, Manualetto, Ind-ex.
Albiox. — G. die Cabrera, Cabra,
ArcAOEî. (Senhor d'). — Marcabrn, Ln vers comcnm.
AuDA. — G. do Sâlignac, Aissi com cel. P. <\e Ca'ixlueiJ, Per foi damor, R. d«e Va<[iieit*ûs, Triian.
AuDiART, — A. de Beienoi, Aissi com om près, Bernajvi te«t Bla<^:tz, Ca preiz valen, Cabrit et Ricau, Cabrit el meu vejaire, Ricas Novôs, Ries près ferms, P. Bi^^ mon ou P. Raimon, Pois lo bels temps. P. Vidal, Ben aja, P. de Capdueil, Aissi des près. Id., Ja non es hom, Id., S'ieu fis ni dis. R. de Mira- \iajl, Aissi com es gensers. Id., Bel m* es qdieu cani, Id., Ben ajal messagiers, Id., Cel que no vol. Id., Chansoncta [arai.^ Id., Er ab la forsa, (Audiart DE Malamort), B. de Boni, Dona pois de mi. Pour* d'aiitresi alllusions possibles, of. Bergert, p. 64.
AuDiBERT. — G^vauda, Aras quan plou. Ai'DiERNA. — A. Danieil, En est soneL AuDitz. — R. de Vaqueiras, Truan.
Aldoartz. — A. de Pegulhan, Totas honors. P. de La- dils, Mossen Ramon (Roi des Anglais). Paulet de Mar- seille, L'cAutrier.
Al FELLs. — G. do Cabrera, Cabra.
Altg ( = Aueh). — P. Ciarden^nl, Tendas e iraps.
112 ONOMASTIQUE DES TnOUR\DOURS
AiGiEU (Le paladin). — G. do Bornetl, S'ara no poja, R. de Miraval, Ben a'iol messagier. B. de Boni, Vo'lon- iiem feira. G. de Berguérta-n , 'Mal 6 fe. Auzer^. (?). G. Figueira, Ane tcùn bel cop, Auziers. Sordel, Sitôt m'as- sali. G de Cabrera, Cabf'a
AuGiSTEs (Sans). — Cornet père, Un sirventes,
AiT.rsTi. — Anon., Palaif^ de Savicza.
Aixis. — Cercamon, Lo plnlnfj comenz.
m
ArRAMAi.A (Mai^iues CoJnat d'). — P. Raimon, Si cnm celui. (N\ Maria n A.), Alberlet, Ah /o'/ comensi ; En Peire dm pro, G. Ademar» Tant ai d'amor.
AuB^L (Bertran i>'). — Tenftan. d'A, de Pegulhan avec G. Raimon. \ .
AtRRLH. — G, de CalanispB, Fadet, 175 D..
AiREîi.LA (?). — Blacatz, Ben fui niai, Ai-RELii s. — G. de Calanson, Fadet- 17(S.
AuRENGA ( = Orange). — A. de Porcairagues, Ar em al freg temps. B. de Born, Ouan vei lo temps. R. d'Orange, Companho. kl., Si de trohat agues, R. de Vaqueiras, Aram réguler. Uc de S. Cire, Qui vol terra. Anon. ? Er guan semblât. (Nantoui n'A.), P. Vidal, En una terra estranha. (Lo mieg prince [d Aurenga].> Ricas Novas, VU slrvenîes.
AuRiFLAMA (K). — Anon.^ P. \feyer, Dern. Troub,,
AuRioLs (N'). — B. de Born, Ane nos poe [ar. AuRrzoN. — G. de Cabrera, Cabra. ,
ONOMASTIOLE DES TROUBADOURS 113
Avs. — B. d'Alnmonon, Pueis chanson.
AusTOR (Senher N), — Anan., Afon pue&c mud^r,
AusTORC DEL Boi (Seiiih' En). — G. Riquicr, p. 255. (Cf. J. Anglad«, G. Riquier, p. 177.)
AusTORiCA. — Zorzî, SU mons. Même nom ? (duc d'^s- TRic), Anon., Ja no cug^i,
AuTAFORT. — B. de Bôrn, Ges de fors, Id., Ges eu nom derc.
AiiTAVE«. — P. Vidal, Drogoman aenhtr,
AuTiER (N'Azalaiô d'). — Uc de S. Cire, Ane non vi, (Elle e$t l'auleiir dlun Satut^ publié par V. Crescini, Zeits, rcm^ PhU., XIV, 130^133. Ci. Bergert, p. 48^49. Elle fui pn relatio«î3 avec Oiara d'Anduze*)
AuT Ram. — F. de Marseille, Vermillon.
AuTREJATz (Mes). — G. d'Espâgne, Pos ses par ; S'ieu en Pascor,
AUZERS, AUZIERS. Cf. AUGERS, lERS.
ArzoxA.^ — G. de Bergued^n, Sirvenies, AvANREs (reî's). — G. de S. Desdier, Los grieus désirs, AvERz (de Coissan). — G. de la Tor, Pos N'Aimerics. AvEx (var. Amon). — G. de Berguedan, Joglar nol desc.
AviA. — s. de Girone, Près d'un iardi.
Avignon. — . B. d'Alamanon, Ja de chaniar, Id., Pois chanson, Coimplainte du roi Robert. G. Pigueira, D'un sirventes. Gui de Cavaillon, Sei^^n^r'ms e cavals, Na Gornaonda. P. Cardenal, J^ volgrà, Marcabrn, Aulalz
114 ONOMASTIQUE DES TROIBADOIRS
de chan. P. de Cas-lolnou, Hoimai nom. Tomiers, De chaniar, (Comtesse d'), Si col flacs. Uc de S. Cire, Nulla ren, Id., Un sirventes. Comte d'Avixno = de Toulouse, P. Vidal, Ajofitar et laf^mr.
AzALAïs, Alazaïs, Alaïs. — (Servante) Carbonel et son roein. (Dona A.), Gui d'Ussel, Ges de chaniar, (N') G. de la Tor et Sordal. JJs amicx e un amia. (\') P. de Capdiueil, De totz chaitius. Azalais (d'Aissilhan), G. Riquier, Qiél a sen. (D'Autier), Uc de S. Cire, Ane non vi temps, (De BoiasAzo), R. de Miraval, Entre dos vol ers, (I^n même ?), kl., Cet que loi tuinh, Id., Er ab la for sa, Id., Former s per. Id., Lonc temps ai agutz (A. de BiRLATz ou de Bezier-s), cf. Bergert, p. 20-21, ei BuRLATz. (A. do Castel e de Massa), Albertet, En amor, (A. de Magon, sœur de Béalrix), G. de la Tor, Pos N'Aimerics, (A. de Mercueîi), P. de Capë-ueil, Gr, 7. (A. Porceletta, peut-être la femme de Barrai (Chabaneau), Guionet, Pomairol dos baros, (A. de Sa- luzze), p. Vidal, éd. Anglade, xxxiv, xxxvn. (Alaïs de Vidallana), Uc de S. Cire, Si ma domnd, (La mê- me ?), Nicolet de Turm, A^uc de S. Cire sabers, (A. de ViLLAFRANCA ?), cf. Bergert, p. 80.
AzAUT (Mon). — P. de la Garda, D'un sirventes a far.
AzEMAR (Nj. — B. de Born, Un sirventes oui, Id., Ges de far. Id., Senher en coms, P. CardenaJ, Un sirventes fas,
AzEMAR (N') DE Peitieus. — R. de Vaqueiras. Leu sonei,
AzîLLERS (D'). — Rostang, Bels senher Dieus,
AzîMAN. — B. de Ventadour, Ges de chantar ; Pos mi ]>reiatz ; Lanquan vei, B. de Born, Dona pois de me, F. de Marseille, Ai quan gen vens. Id., Amors merce, Jd., Ben an mort, Id., Cantor mi torna. Id., En chan- tar m'aven, Id,, Greu fera nuls, Id., Ja no cuig hom.
ONOMASTIQUE DES TROUBADOURS 115
Id., Mout i fetz gvan pecat. Id., Oimais noi conosc, M., Per deu amor, Id., S'ui cor plagues, Id., Sitôt me soi ; Tostemps. G. Faidit, S*om pogues partir, Per- digon, Los mais â'^amor.
B
Babel. — Zorzi, Alressi com lo gamel.
Babilonia. — P. de Corbian, 17, 21, R. d-e Vaqueiras, Conseil don, (Ms. Bibolonie),
Babo {€aslel). — R. de Vaqueiras, Senher marques,
Bafomet. — A. d'Orlhao, Ay Dieus. Calega Panza, Ar es Sdzos, Daspol, Forts tristors. Gavauda, Senhors. Vu Templier, Ira e dolor.
Baga. — S. de Girone, Près d'un iardi.
r
Bayart . — B. de Born, Un sirv entes cui (nom d'un che- val).
Bayona, Baioxa. — P. Cardenal, L'arcives()ues de Nûr- bona ; Falsedatz e desmezura. R. de Miraval, A Dieu me comcJin ; Baiona, per un sirventes.
Bais. — Ricas Novas, Pois noslre tems. (Senhor de), P. de Bergerac.
Baisseil. — G. de B-erguedan, Bernartz ditz de B^,
Baivier. — P. Cardeïkal, Ane no vi.
Baiveira. — Anon., Ja de razon,
Ralaguier. — Albertet, Ah son gai. P. Vidal, Drogoman Senher. Bertraji Am-aut de Moncuc, Er quan li rozier.
Balairis (Na). — i^nrLc, Amie Arver,
116 OXMMJi^nol C DES TBOCKUjiOlUS
B%i AXf.inrfi (Maeslresj = Bémisier de Tours ? G. de
Balba (la lesj. — B. de Cacleiâaiie^ Skiol no m'es. Bababo^. — R- d'Orange. Ainors cum cr. B\R%iiii. — G. de ra'ân^^'a- Ffidei. !:c: R. 1:59. Buiv--cLO- — Bertran eî \Ia'»m^. S^i'jner B^rlran.
B%RBARi. — B. de Bom. Brm pMz (nî«-.nriaie). R. de Va- <)iieiras, Domna tant vos ai,
Barbaria. — R. de Tors, P^r Tarinen Paœor.
Barbastre. — R. Vidal. Ca^îagHo*.
Barbazax (Tibaut de). — P. de Ladîls, Mossrn Ramon.
Bareira (Guilbem). — Bonafé. S^îçn^ En Blacaiz,
Barjols. — Blacas. B^n fui mal conseUinIz.
Barixta. — G- Figueira, Un nou strr^n/ir^,
Bar?^%bo. — R. de Tors, Amies Gauselm.
Barral. — Aooo., Bem merarfU, Durand de Paemas, En Ment. F. de Marseille, Chanlar mi (orna ; Si com cel qu'es tan. P. de Marseille. Ges pels crois : Riizos non r« ; Siiol non /a*. P. de Chastekioii. Haimais nom cal. P. Vidai. Baros de mon dan : Mos cors s^alcgra ; Tari mi reiran. R. de Vaqueiras, Garlambci. Ricas \ova<. En la mar major. Sordel. S<*/ que m'afi.
B%RRAr- — Cercamon. Lo plaing comens.
B%B'^%lo\\. — A. de Seseas. En oquei mes. G. del Baus. O. d^ Benïuedan.Eu non cuidara: Sirr e nies. Warcabru, Al prim comens : Emperoire per mi, P. RaimoD, Po«
OXOMASTIOITE DES TROUBADOURS 117
lo prims verlans. P. dWlvergne, Bel m'es qui a son. l\. Vidal, Abrils issia, 868. R. d'Orange, Car dous e fi. R. de Vaqueiras, Tuit me pregon. (Chabaneau ajoute : Ges sitôt, mais sans autre indication.)
Barsalones. — B. -d'Auriac, Nostre reis. B. de Barn, Pois lo gens. G. de Bergueidan, Amie Marques, R. de Miraval, Baiona per slrventes.
Barsueis. — A. dau Luc, En chantojeL
Barut (Lo dom de). — G. Figueira, Ja de far ; Un nou sirvenles.
Bas. — S. de Girone, Près d'un jardi.
Bascles. — S. de Mauléon, Domna be sai.
BvsADEL (?). — Blacassel, Oimais.
Bascol de Cotanda. — R. VidaJ, Castiagilos,
B.\8iN. — G. de Calansoj), Fadet^ 196. Cf. Bazil.
Bastarda. — R. de Vaqueiras, Truan mata guerra,
Bauçan (ou N'Ugo). — Bauôsan, Baussan, respondetz mi.
Baudouis (Coms). — G. Faidil, Era (ara) nos sia guitz.
Bauduis. — • B. de Boni, Volontiers feira.
Baus (Lo). — B. d'Aiamanon, Un sirvenles ; Qui que ^*esm(ti. R. de Vaqueiras, Leu sonet. Cf. «encore Au-
DEIART.
Baus (Senh'er, don del) (= G. d'Orange). — G. de Ca- vailk>n, Seigneiras e cavals. P. de Marseille, Ar quel iom. R. de Vaqueiras, Garlambey,
Baus (Bertran del). — P. de Chastelnou, H oimais nom cal.
118 onomastique; des troubadours
Bals (Guilhem de\). — R. Vidal, Abrils issia, v. 783. Tomiers, Si col flacs.
Baus (U-c del). — Aimeric, Peire dd Puei. R. d'Orange, Ans que r<iura bruna. Sord<el, No puesc mudar.
Baus (Hugueta del). — Pujol, Dieus et Amors, Cf. Ber- gert, p. 56, 57.
Bau'SENc. — Compl. du roi Robert.
Baut de Fora (?). — R. de Miraval, Chansoneta farai.
Baza, Bazan. — Marcabru, Ans quel tenninis ; Doas cui' das.
Bazatz. — 13. de Borai, D'un Sirventes nom cal, P. de Ladils, Verais Dieus.
BÀziL. — G. de Calianison, Fadet, 196 D. Cf. Basin.
Bearn. — Anon., Palais de Savieza. B. de Bom, Pois Ventadorns ; Quan vei. 01. del Temple, Estai aurai. (Midonz de Béarn = Garsenda de Béam), B. d'Ala- manon, Moût m'es greu.
Beatrix. — Anon.j La gaia semblansa. A. de Belenoi, Nuls om en re. A. do Pégidhan, Ades vol ; De tôt en lot ; En amor trop ; Qui la ve en ditz. E. de Bar- joite. Amors, bem platz ; Ben deu hom ; Morir po- (jr'ieu. Blacasset, Bem plai (Gr. 233,) 1); Lonjamen m'a trebalhat (Gr. 10, 33) ; Danse anonyme, La gaia sem- blansa. G. Faidit, Cascus hom deu. G. Ademar, Tant es d'amor. G. de la Tour, En vos ai mesa ; Pos N'Ai- merics (B. d'Auramala). P. de Capdeiiil, Ben soi que ;