JU Qi ne “ qu À fe . ii diaei k Ra on D Va SMITHSONIAN.DEPOSIT © © - FA : [1 1 PAU, FU FT Ai Per MÉMOIRES DU MUSEUM D'HISTOIRE NATURELLE. de (a Que 1e dy MÉMOIRES DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE, PAR LES PROFESSEURS DE CET ÉTABLISSEMENT. OUVRAGE ORNÉ DE GRAVURES. DÉDIÉ AU ROÏI. TOME SEPTIÈME. À PARIS, CHEZ A. BELIN, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, RUE DES MATHURINS S.-J., HÔTEL DE CLUNY. 1821. NOMS DES PROFESSEURS. (PAR ORDRE D'ANCIENNETÉ. }) ITessieurs , A. THouin. . . < . (Culture et naturalisation des végétaux. PorTALz. . . + . . Anatomie de l’homme. De Jussieu . . . . Botanique à la campagne, VANSPAENDONCK. . . Iconographie, ou l’art de dessiner et de peindre les productions de la nature. LacépèDe . . . . . Reptiles et poissons. Zoologie, DEesroNTAINES. . . . Botanique au Muséum. DE Lamarcx. «+ . + Insectes, coquilles, madrépores, etc. GEorrroy-Sr.-HiraiREe. Zoologie. Mammifères et oiseaux. HAUTS 0 NE ee Minéralosie. Cuviert, «+ «+ + + + Anatomie des animaux. VAUQUELIN. . + + + Chimie des Arts. LaucrEer. . + . + + Chimie générale. CoRDIER. + «+ + + + Géologie, ou Histoire naturelle du globe. Deceuze. . « « + + Secrétaire de la Société des Annales du Muséum. MÉMOIRES DU MUSÉUM D'HISTOIRE NATURELLE. DE QUELQUES APPENDICES PARTICULIERS DU THORAX DE DIVERS INSECTES. PAR M. LATREILLE, De l’Académie royale des Sciences, etc. Présenté à l’Académie des Sciences le 26 juin 1820, et lu à la séance du 3 juillet suivant (1). | D: animaux de cette classe découverts dans ces derniers temps, non moins extraordinaires par leurs formes que par leur manière de vivre, ceux dont un céleébre entomologiste anglais, M. Kirby, compose l’ordre des strésiptères, offrent à l'extrémité antérieure du thorax deux appendices singu- : liers, sur la nature desquels il y a partage de sentimens. D’autres insectes, les diptères, ont à l’autre bout de cette partie du corps deux organes insolites, qu'on a nommés balanciers (halteres), et dont les fonctions sont pareillement (1) Le résultat de ces observations a reçu une autre publicité par la communi- o 2 : 2 PE 3 di $. cation que j'en ai faite aux personnes qui ont suivi les leçons sur les insectes que j'ai données cette année au Jardin des Plantes, en remplacement de M. de La- marck. Mém. du Muséurn. \. 7. T 2 DE QUELQUES AÂPPENDICES inconnues. Telles sont, Messieurs, les difficultés dont je vais tâcher de donner ou de préparer la solution. Leur examen nous intéresse d'autant plus qu’elles se rattachent aux prin- cipes élementaires de la science des insectes, principes que je m'eflorce chaque jour d’éclaircir et de simplifier par de nouvelles recherches, et dont l’exposition fera partie de l’ou- vrage général que je prépare sur les animaux articulés. Rossi, F'auna etrusca, avoit établi le genre Xenos sur un insecte inédit, qui subit toutes ses métamorphoses dans l’ab- domen de la guëèpe françoise, vespa gallica de Linnæus. 1] le rangea avec les hyménoptères. Parmi les caractères bizarres que cet insecte présente, l’un des plus remarquables consiste dans la présence de deux petits corps très-mobiles, en forme d’élytres ou de balanciers, situés près du cou M. Kirby observa peu de temps après, sur une espèce de melitte ou d’ardrène, un animal très-analogue au précédent, et avec lequel il institua aussi une coupe générique, celle de stylops Lorsque j'ai publié mon Genera Crustaceorum et Insec- torum , je ne connoissois que très-imparfaitement ces deux insectes parasites, mais j’avois dit que leurs caractères néces- sitoient la formation d’un nouvel ordre, et je terminois cette réflexion par les paroles suivantes: 7'empus ducamus et dies alteri lucem afferent. Ces jours de lumière ont en effet paru, mais non sans quelques nuages, ainsi que nous allons le voir. M. Kirby répondit le premier à mon appel par son excellente monographie des strésiptères (ailes torses ), nouvel ordre, composé de deux insectes précédens et d'une seconde espèce de xenos, celle de Peck, nom d’un savant professeur de pu THORAX DE DIVERS INSECTES. 3 botanique des Etats-Unis qui avoit trouvé cet insecte sur une autre espèce de guêpe du pays, et dont il avoit envoyé à M. Kirby des dessins très-détaillés. Plus récemment, en 1816, un savant dont les amis de la nature regretteront long-temps la perte, Jurine complétoit les recherches de ces naturalistes, en décrivant avec son exactitude ordinaire le xenos vespa- rum de Rossi, que M.Kirby n’avoit point observé. M. Savigny n’a communiqué quelques faits relatifs à l’organisation de la bouche du stylops, et dont j'ai donné connoiïssance: dans la seconde édition du nouveau Dictionnaire d'Histoire naturelle. C’est ainsi que trois insectes des plus petits, des plus extra ordinaires, ont été illustrés par les observations de naturalistes du premier ordre, et; qui semblent tous avoir pris à tâche de seconder mes vœux et leur amitié pour moi. La conformation extérieure de ces insectes a été bien dévoilée, et a pour ga rantie l’accord unanime des observations; mais, ainsi'que cela arrive souvent en pareille circonstance, il! y a ‘eu divergence dans les applications des faits et dâns quelques désignations de parties. M: Kirby a pris pour des élytres les deux corps mobiles et antérieurs du thorax des strésiptères ; et comme ces insectes sont pourvus de mandibules ou de parties quiles représen- tent, que leurs ailes sont plissées en éventail, il a placé cet ordre entre: celui des dérmaptères, qu'il compose du genre perce-oreille ou forficule, et l’ordre d’orthoptères. M. Des- marets ( Bullet. de la Soc. Phil. ) et M. de Lamarck ( Hist. des Anim, sans vertèbr. ) n’ont point voulu reconnoiître, dans ces appendices des strésiptères, de véritables élytres. M. de La- marck a même supprimé cet ordre d'insectes ; en le conver- * ï A DE QUELQUES APPENDICES üssant en une simple famille, celle des rhipidoptères, qu'il associe à l’ordre des diptères. J’ai pareillement repoussé l’idée fondamentale du savant entomologiste anglais, mais j'ai con. servé le nouvel ordre d'insectes qu’il avoit établi, en substi- tuant néanmoins à sa dénomination celle de rhipiptères (arles en épentail ), dont l’étymologie repose sur un fait incontes- table. Cet ordre, dans ma méthode, vient immédiatement après les lépidoptères, et précède les diptères. Dans son Mémoire sur le xenos des guèêpes, lu à la Société des Sciences physiques de Genève, séance du 28 janvier 1816, Jurine, qui ne connoissoit pas encore le travail précité de M. Kirby, semble prévoir l’erreur où l’on pourroit tomber au sujet des mêmes appendices, combat d’avance l’opinion de ceux qui pourroient les considérer comme des élytres, les compare à des balanciers, et pense qu’ils constituent un or- gane nouveau, exclusivement propre à cet animal. D’après l'examen comparatif de ses parties et de ses métamorphoses, ilestime qu’il fait la transition des hyménoptères aux diptères. Ayant observé cet insecte sur le vivant, il expose quelques- unes de ses habitudes, ignorées jusqu'à ce jour. Un de mes amis, qui, pour avoir occasion .d’étudier les productions na- turelles de l'Espagne, s’est attaché volontairement, en qualité de médecin, au corps d'armée. commandé par le maréchal Suchet, M. Léon Dufour, m'a donné plusieurs individus de ce même xenos, qu'il avoit aussi observé sur le vivant, dans cette contrée. Son opinion au sujet des pièces mobiles et particulières de cet insecte est encore opposée à celle de M. Kirby. Considérant néanmoins que les ailes des strésiptères sont très-amples, qu’elles sont plissées longitudinalement et pu TuorAx DE DIVERS INSECTES. 5 par rayons, à l'instar des ailes inférieures des orthoptères et de quelques teignes, j'ai cru un instant (des rapports géné- raux de l'organtis. extér. des anim. articulés , 1820, Mém. du Mus.& Hist. nat.) qué ces ailes des strésiptères représen- toient celles-ci, et j'ai soupconné que les balanciers dés mêmes animaux pouvoient être les rudimens des ailes supérieures des hyménoptères (1). Cet ordre m’a paru devoir trouver place entre les derniers et les lépidoptères. M. de Blainville‘enfin, dans sa distribution générale des insectes publiée tout nou- vellement ( Bulf de la Société Philom.), incline en faveur du sentiment de M. HE Tant de vacillations vous prou- vent, Messieurs, queÿ ai eu raison d'avancer que, nonobstant de savantes investigations, ce sujet d’entomologie n’étoit pas encore suffisamment éclairé. Essayons de rapprocher les es- prits, et de mettre fin à toutes les incertitudes. J'avois toujours été d'avis qu'une ‘étude délicate et très- circonstanciée du thorax des insectes nous donneroit la (x) De nouvelles recherches m’ont convaincu que ces balanciers ou épaulettes ne sont que la diyision antérieure de ces pièces qui servent d’omoplates et d’apo- physe coracoïde aux ailes supérieures, et. que Knoch a nommées épaules, sca- pulæ. Is sont encore la petite écaille (Zegula) que l’on voit à l’origine des mêmes ailes dans la plupart des hyménoptères (voyez ci-après). Les secondes ailes ont aussi pour appui des. pièces analogues, les parapleures, parapleuræ , du même auteur, et qui, dans les cigales mâles, forment les opercules recouvrant les or- ganes du chant. J’ajouterai que de nouvelles observations faites sur les pieds en nageoires des gyrins confirment ce que j’ayois avancé à l'égard de la nature des ailes des insectes. Ces pieds offrent; quant à la ‘distribution des principales tra= chées de leur intérieur ; quant à la disposition en; éventail des articles du tarse; une grande ressemblance avec ces aïles. Ici ces articles sont représentés par les rayons compris entre les nervures terminales , et le pli ou le coude’ HORRE la séparalion de la jambe et du premier article tarse? 6 DE QUELQUES APPENDICES solution de plusieurs difficultés et le moyen de simplifier les élémens de cette science. C’est dans ce but que j'avois ex- horté un naturaliste très-estimable, mort à la fleur de son àge, M. le docteur Lachat à suivre ce genre de recherches. C’est aussi dans cette intention que j'ai constamment applaudi au zèle de MM. Chabrier et Audouin, et que. j'ai secondé leurs efforts. On vient de voir que j'avois dernièrement placé l'ordre des rhipiptères entre les hyménoptères etles diptères. Cette idée, vraie ou fausse, devoit naturellement, me con- duire à l'examen comparatif du thorax de ces insectes. Les lépidoptères étoient les seuls animaux de cette classe dont je n’avois pas approfondi l’organisation thoracique. Un fait que M. de Blainville a-eu la complaisance de me communiquer, et précisément à l’occasion des rhipiptères, m'a déterminé. à ne pas différer plus long-temps les recherches que je m’étois proposé de faire. Ce savant ayant remarqué, sur le thorax du bombyx grand-paon, deux appendices particuliers, m’a deman- dé si j'avois quelque observation analogue. Aucun fait de cette nature ne s’est d’abord présenté à ma mémoire ; mais ayant consulté ; peu de temps après, les Mémoires de de Géer, j'ai vu que cette observation étoit bien loin d'être nouvelle, puisqu ’ilen avoit fait. une semblable et plus générale en 1752. Il s'exprime ainsi, t'#, Late du recueil de ses Mémoires, et au sujet du DÉyE 7 gag : «Le corselet de bien He phalènes, et peut-être de toutes, est garni, de chaque côté; d'une grande pièce séparée, en forme d’aileron, ou, Si l'on veut. , qui représente une espèce d'oreille. Je ne sais pas que M. d. Réaumur ait parlé de ces deux parties. Elles ne tiennent au corselet que vers leur ori- pu THORAX DE DIVERS INSECTES. 7 rigine. où proché de la tête, le reste de leur étendue est couché à plat sur le ésreelér. En les soulevant, on voit que la partie du corselet qu’elles couvrent est tout-à-fait rase, et ordinairement d’un brun jaunâtre. Sur nos papillons , ces deux espèces d'oreilles ont beaucoup de relief; elles sont très-velues en dessus, et elles sont bordées de noir. Sur d’autres espèces de phalènes, elles sont moins grandes et moins marquées ; ellés y sont confondues avec les poils du corselet, de sorte qu’on ne les aperçoit qu’en les cherchant. » L'auteur les a représentées 4#44., pl. 6, fig. 8. Dans les trois sujets qué je mets sous vos yeux, savoir, le sphinx demi-paon, la sésie apiforme, etle bombyx »il- lica, ces pièces étant relevées, y forment, de chaque côté du thorax, une saillie très-apparente. Il ne me paroit pas, en général, que, depuis de Géer, les naturalistes en aient fait. mention. Si, en effet, on ne dépile point le thorax, elles échappent ordinairement à la vue comme Corps particuliers , et le désir que l'on a de posséder ces insectes dans toute leur fraicheur oppose un obstacle à l'observation de ces parties. MM. Chabrier et Audouin m'ont dit en avoir parlé dans les : Mémoires qu'ils ont eu dernièrement l'honneur de vous pré= senter. J'ai mis à profit uné considération qu on avoit néoli- gée, et voici le résumé des faits essentiels que j'ai recueillis. 10, Ces pièces thoraciques, assimilées par de Géer à des sortes d'oreilles ou d’aïlerons , sont cominunes à tous les lé- pidoptères, et. augmentent ainsi le nombre des caractères distincufs de cet ordre d'insectes. Leurs variétés de formes et de grandeurs relatives pourront peut-être servir aux signale- mens des coupes. 8 _ DE QUELQUES APPENDICES 20. Elles représentent, mais avec des dimensions beaucoup plus grandes, et sous une forme plus ou moins triangulaire, les deux petites écailles cornées ( £egula) ayant la figure d’une valvule de coquille, qui recouvrent, une de chaque côté, l’origine des ailes supérieures de la plupart des hyménoptères, et plus remarquables dans les parnopès et les nomies (1). Elles naissent des extrémités antérieures et dorsales du mésotho- rax (2), ou près de son articulation avec le segment précé- dent, et immédiatement en arrière de ses deux stigmates. 30. Je présume que les lépidoptères en état de chrysalide font usage des épaulettes lorsqu'ils se développent, et que la pression exercée par ces parties sur la pellicule renfermant (1) Ces pièces m’avoient d’abord paru formées par les portions latérales du pro- thorax , prolongées et devenues mobiles ; mais ayant fait depuis de nouvelles ob- servations sur la situation des deux stigmates antérieurs du thorax des lépidopteres et des hyménopitères, j'ai été contraint de changer de sentiment , et d’adopter celui-ci, qui s’étoit encore présenté à mon esprit, mais que j'avois repoussé , croyant que ces deux stigmates étoient recouverts, dans les lépidoptères , par les épaulettés. [ls sont tres-visibles dans le sphinx atropos, et c’est ce que M. Chabrier avoit reconnu ayant moi. Réamur en avoit aussi parlé, d’après les observations de Bazin. (2) M. le docteur Klüg, dans 5a savante Monographie du genre Proscopia , dé- signe ce second segment sous le nom de thorax ; le précédent est le collier , cof/are, et le troisieme conserve la dénomination de métathorax. Il s’ensuit que cette partie intermédiaire du corpsque nous appelons #horax , et qui se compose de ces trois segmens réunis, n’est, dans la terminologie de M. Klüg , que le tronc, #runcus. Il a pu dès lors restreindre le sens de la dénomination précédente. Cette nomencla- ture , ainsi que celles proposées récemment par des naturalistes françois, n’est point coordonnée à un système général, ou fondée sur l'examen comparatif du thorax des crustacés , des arachnides et des insectes. J’exposerai plus bas la mienne, pu TuorAx DE Divers ÎNSECTES. 9 le corps contribue à opérer la fente du dos ou les scissures latérales livrant passage à l'animal. Les balanciers ou les faux élytres des rhipiptères ne sont, à mon avis, que les épaulettes des lépidoptères, mais sous une forme particulière et avec des proportions allongées que nécessitoient les habitudes de cés animaux. S'il est vrai, ainsi que je l'ai dit, que ces pièces servent aux lépidoptères à rompre les liens de leur captivité, les rhipiptères ont un besoin de ces parties bien plus pressant encore , puisque leur corps, en état de nympbhe, se trouve étroitement engagé entre les écailles ou segmens de l'abdomen de la guêpe. Aussi Jurine, qui a assisté à la naissance du xenos des guèpes, nous apprend qu’il agite vivement ses balanciers dès le pre- mier instant de leur apparition. Leur tige est, selon lui, com- posée de deux parties bien distinctes, l’une.antérieure, ronde, solide et cornée, l’autre postérieure et formée d’une légère membrane blanche. Ces organes sont dès lors creux ou tubu- laires: l'insecte les meut avecune grande rapidité lorsqu'il vole, etsouvent même lorsque sesailessont en repos.On ne peut donc guère douter qu'ils ne l’aident à voler. Sans leur secours, les ailes n’auroient pu, à raison de leur ampleur extraordiuaire, de leur grande ténuité, de l'obstacle que leurs plicatures op- posent continuellement à leur extension , vaincre là résistance de l'air. Ellés sont annexées au mésothorax ou au second segment du tronc, et correspondent ainsi aux ailes supérieures des autres insectes. Le thorax des rhipiptères, et dont on peut voir des figures détaillées dans le Mémoire de M. Küuby et dans celui de Jurine, est remarquable par son allongement, ses divisions dorsales, son écusson, qui, en,sens inverse; des Mém. du Muséum. 1. 7. 2 10 DE QUELQUES ÂAPPENDICES autres, commence en pointe et s’élargit ensuite graduellement; enfin par le prolongement et la grandeur de l’arrière-écusson, ainsi que par les dilatations des extrémités latérales et posté- rieures (1). Onretrouve cette forme de l’éeusson dans les lépi- doptères et plusieurs hyménoptères; mais les chalcidites et les chrysides, tribus de ce dernier ordre, sont les seuls in- sectes dont le thorax, par l’ensemble de ses rapports, puisse être comparé à celui des rhipiptères. C’est encore vers les hyménoptères pupivores que nous ramènent d’autres carac= ières de ces derniers insectes (2), leur manière de vivre, et l'habitude de,sautiller. Comme ils passent de l’état de More à celui de-nymphe sans changer de peau, et que cette peau devient pour elle une coque, on avoit cru que ces caractères les rapprochoïent de plusieurs diptères, dont les métamor- phoses sont identiques; mais outre que les larves des rhmpi- pières ont une véritable tête, munie de deux yeux, qu’elles ressemblent. davantage aux larves apodes de la plupart des byménopiéress elles.conservent leur . forme: primitive, ou n'éprouvent, point le changement que Réaumur nomme forme. de boule allongée. Ne savons-nous pas ensuite, d’a- près-lui, que-les. mâles de plusieurs gallinsectes n’acquièrent des ailes.qu’à la suite de transformations pareilles ; et dans l'hypothèse que les rhipiptères précéderoient immédiatement les diptères, la série. de ces rapports naturels de métamor- phoses ne seroit-elle pas interrompue, puisque celles des premiers insectes de ce dernier ordre, tels que les cousins, les (1) Femoralia, Kirby; divisions latérales du segment que je nomme médiaire. (2) Les leucospis ont les ailes supérieures doublées longitudinalement. DU THORAX DE DIVERS ÎNsEcres. 11 tipules, etc., diffèrent, à cet égard, des métamorphoses que subissent les rhipiptères. Ici, les organes dela manducation, quoique plus imparfaits, ont plus d’aflinité avec ceux des in- sectes broyeurs qu'avec ceux des insectes suceurs; leurs formes et leur.écart l’indiquent. Or les eucharis, genre de la famille des hyménoptères pupivores, que les rhipiptères nous paroiïssent avoisiner par le plus grand rombre de leurs carac- tères, ont aussi une bouche très-incomplète, car elle n'offre distinctement que deux mandibules. De ‘tous les hyméno- ptères, les chalcidites paroïssent être ceux dont l’organisation est la plus simple, et c’est aussi d’eux que nous rapprochons les rhipiptères, quoique ceux-ci tiennent, par quelques con- sidérations, des lépidoptères (1). La question que je viens de traiter me conduit à l'examen d’une autre, celle des-balanciers des diptères, anhoncée dans le préambule de mon Mémoire. Ce sont aussi des organes (x) Notre famille des plicipennes pourroit bien.faire le passage des névroptèrés aux lépidoptères. Je publierai un nouveau genre ( séricostome ) de cette famille ; tres-remarquable par la fornre et la direction des palpes ildbiaux , .et plus voisin, sous ce rapport, de ces derniers insectes que des friganes. La larve ést ter- restre, et logée dans un tuyau en spirale. La bouche des lépidoptères diffère totalement de celle des hémiptères, qui, dans la méthode de M. de Lamarck, viennent immédiatement après eux. L'ordre des hyménoptères me paroît se dis- viser en deux lignes parallèles. Les pupivores, les plus simples, ét terminant l’une d’elles, nous conduisent graduellement aux tenthrédines; les formicaires nous amènent, par une autre branche, aux apiaires, placés à son extrémité supérieure, et se rapprochant, à certains égards, des lépidoptères. Viendront en- suite, mais au-dessous des insectes précédens , les rhipiptères. Cette série rameuse paroît aussi avoir lieu dans les coléoptères. Je mets en tête les gyrins, qui touchent d’une part aux palpicornes, et de l’autre aux hydrocanthares. Ce rameau sera terminé par les brachélytres , voisins des orthopteres. 12 DE QUELQUES ÂAPPENDICES locomoteurs supplémentaires, placés sur la même partie, mais dans un sens opposé. Je ne vous entretiendrai point des di- verses opinions qu'on a émises sur leur nature et leur usage. On pense généralement qu'ils contribuent au vol de ces in- sectes, et qu'ils remplacent, mais foiblement, les ailes infé- rieures. Îlest cértain qu’ils disparoïissent, comme dans quelques hippobosques de Linnæus, avec les ailes; que leur grandeur varie en sens inverse de celle des ailerons ; que les diptères où ces dernières parties ont le plus d’étendue, ont un vol plus rapide et plus fréquent; que les balanciers enfin sont dans une agitation continuelle lorsque ces insectes font usage de leurs ailes. Ainsi donc, quoiqu'il soit difficile de déterminer le degré d'influence que les balanciers exercent dans l’action du vol, on ne peut, ce me semble, pour les motifs que je viens d’alléguer, leur en refuser une. Je pense cependant qu’à raison de leur insertion, de la forme du métathorax des diptères comparé à celui des hyménoptères, ces organes n’ont point de rapports avec les secondes ailes (1) des insectes qui en sont pourvus. Les balanciers sont des appendices externes, vésiculeux, mobiles, paroissant dépendre des deux trachées postérieures du thorax, et que l’on peut assimiler en quelque sorte aux appendices accompagnant les organes respiratoires des aphrodites, ou bien à des parties analogues des machiles, des forbicines et de quelques larves aquatiques (2). PS (1) Les pièces du thorax qui par leur situation me sembleroient repré- senter le mieux les ailes inférieures, sont les valvules inférieures des ailerons, ou la plus grande des deux dont chacun d’eux se compose. J’observe néanmoins que leur insertion est encore supérieure à celle des mêmes ailes. (a) Celles des éphémères, des gyrins, etc. On a observé que dans plusieurs des DU THorAXx DE DIVERS INsecTEs. 13 Les ailes inférieures naissent toujours des sommités laté- rales et antérietres du troisième segment thoracique, à une très-courte distance des ailes supérieures, et toujours en avant des déux stigmates postérieurs du thorax; mais, dans tous les diptères, c'est de l’extrémité interne de ces ouver- tures aériennes ou de son voisinage que partent les balan- ciers. L'observation est facile à vérifier sur les tipulaires , les rhagions, les midas, les asiles, etc., où ces organes sont pro- portionnellement plus longs et plus découverts à leur origine. Susceptibles de se gonfler par l'introduction de Pair, commu- niquant peut-être avec les trachées près desquelles ils prennent naissance, il seroit possible que ces organes réagissent sur ces bronches. L’anatomie nous apprendra sans doute un jour s'ils ont des relations avec elles. J'ai remarqué quelques variétés dans la grandeur de ces deux stigmates, dans la structure et la saillie des deux lè- vres (1) ou sortes de paupières qui servent à les fermer, et j'ai cru apercevoir que ces modifications avoient lieu selon la même loi indiquée plus haut, relativement aux proportions des balanciers et des ailerons. Toujours est-il certain que ce changement est très-sensible dans l’hippobosque du cheval ; annelides précitées , il s’opere, à la jonction du thorax et de l’abdomen , un chan- gement remarquable à l’égard des organes respiratoires. Or les balanciers des diptères sont situés près des limites de ces deux parties du corps. (x) Ces levres sont plus courtes, plus minces, et en forme de simples rebords, lorsque les balanciers sont proportionnellement plus allongés : elles présentent plus de largeur, sont plus saillantes, comme formées de petits grains réunis, de petites fibres , etc., dans les diptères, où ces balanciers sont plus petits et les ai- lerons plus grands. J’ai observé, ce qu’avoit fait aussi Réaumur, que ces lèvres différoient en couleurs dans plusieurs espèces. C2 14 DE QUELQUES APPENDICES ces stigmates y forment une protubérance assez grosse, et sous l'apparence d’un corps vésiculaire qui semble même im- perforé. Les balanciers y sont cachés par l’écusson. Le métathorax des diptères, comparé à celui de beaucoup d’hyménoptères, des ichneumonides spécialement, est pro- portionnellement bien plus petit. Le plus souvent il ne se montre presque pas en dessus, étant recouvert par la saillie scutellaire. Son extrémité inférieure et postérieure se-recourbe ou se replie brusquement, en manière de bord annulaire, pour emboîter la base du premier segment de l’abdomen, et paroît même, au premier aperçu, en faire partie intégrante. (Voyez les hyménoptères à abdomen parfaitement sessile.) Les côtés postérieurs de ce segment thoracique sont surbaïssés et pres- que transversaux. Voilà pourquoi les deux derniers stigmates du thorax sont plus inférieurs que les stigmates correspon- dans des hyménoptères, etc., quoiqu'ils conservent d’ailleurs la même situation relative, étant placés, comme de coutume, au-dessus et tant soit peu en arrière de l’origine des deux pieds postérieurs. Dans les ichneumonides , hyménoptères où le tronc est généralement allongé, le métathorax, consi- déré en dessus, est divisé transversalement en deux portions, l'antérieure , figurée en demi-arceau, souvent excavée angulairement sur les côtés, ainsi que dans plusieurs autres hyménoptères, porte latéralement les ailes inférieures , et forme ce que M. Kirby et moi avons nommé l’arrière- écusson, post-scutellum(x). L'autre portion, ou la terminale, présente deux sutures ou des impressions linéaires qui (1) Eneyclop. méthod., Hist. naëur. , pl. 396, fig. ro et suiv. pu THorAx DE ptvers ÎNsEcrEs. 15 partagent sa surface en trois aires, dont deux latérales et l’autre intermédiaire, ayant souvent la figure d’un triangle renversé, et près de l’extrémité inférieure de laquelle labdo- men est inséré (1). Les deux latérales se terminent souvent par une saillie angulaire ou une dent: c’est une épine dans beaucoup de fourmis. Or il m'a paru, relativement aux dip- tères et ayant égard aux modifications du métathorax, que la position des balanciers répondoit à peu près à celle des mêmes saillies du métathorax de ces hyÿménoptères. Guidé par les mêmes analogies, j'ai reconnu dans les pièces de l’organe du chant des cigales mâles, que Réaumur nomme timbales, une combinaison de ces extrémités latérales et postérieures du métathorax avec la membrane des deux trachées con- tigués. L’arrière-écusson des lépidoptères forme en apparence l’ex- trémité postérieure de leur tronc; l’autre partie du métatho- rax compose le premier segment de Fabdomen. Vue sur le dos, elle y présente aussi, maïs dans un sens presque hori- zontal , les trois divisions dont je viens de parler; les deux latérales sont petites, et, dans plusieurs, presque sous la ‘forme d’un article où d’un tubercule annexé aux côtés de l'intermédiaire. Leurs poils ou leurs soies sont réunis en fais- ceaux mobiles à leur base; c’est ce qu’il est aisé de voir dans plusieurs bombyx, notamment le grand paon. De Géer a observé ( Mer. Insect., 1. I, p. 81 et suiv.) que l’abdomen des lépidoptères est composé de neuf an- (1) Voyez Jurine, Nouvelle méthode de classer les Hyménoptères, pl. 10, genres 19 et 20, et pl. 11, genre 29. 16 DE QUELQUES APPENDICES neaux, ayant tous, à l'exception du dernier, deux stigmates, un de chaque côté (1); que ceux du premier sont plus grands que les autres, moins allongés, et dans une situation oblique à la longueur du corps. Le corselet, selon lui, n’en offre que deux, et qui sont placés près du cou. Concluons de ces faits que les deux derniers du thorax sont ici représentés par les deux du premier segment abdominal, et que ce segment correspond ainsi à la section postérieure du métathorax des insectes mentionnés précédemment. Voyez encore, sur le même sujet, Réaumur, Mem. Insect., 1. IV, p. 250. La con- sidération de ces ouvertures aériennes me paroit très-impor- tante, parce qu’elle peut seule nous donner le moyen d'éviter l'arbitraire où l’on peut tomber lorsqu’on cherche à fixer les limites du thorax et de l'abdomen, particulièrement dans les espèces où ces deux parties s’unissent intimement dans toute leur largeur (2). L'emplacement de ces divisions latérales du premier seg- ment abdominal des lépidoptères me semble encore être en rapport avec la situation corelative de l’espace du thorax des diptères où leurs balanciers prennent naissance. Les truxales, $ (1) On porte généralement le nombre des stigmates du corps des insectes à dix- huit. Cependant M. Marcel de Serres en admet jusqu’à vingt, et c’est ce qui ef- fectivement m'a paru avoir lieu dans les criquets. Les flancs de leur thorax offrent de chaque côté, près de l'articulation du second segment avec le troisième, un petit tubercule percé d’un trou, et ayant ainsi la forme d’un stigmate, si réelle- ment il n’en est pas un. (2) J’admets, en principe général, que la division postérieure du métathorax ferme cette partie toutes les fois que l’abdomen est pédiculé, et qu’elle emboîte celle-ci ou forme son premier segment dans tous les cas où il est sessile. Je pars des insectes les plus simples , et je finis par les coléoptères. pu THorAx DE DIVERS INSECTES. 17 les criquets, etc., nous produisent un nouvel exemple de ces modifications opérées par la nature dans les parties du méta- thorax adjacentes aux deux stigmates postérieurs. De Géer a décrit le premier ( Mem. Insect., t. 3, p. 471), à l’occa- sion du criquet du passage, un organe propre au segment qui unit le thorax avec l'abdomen, et qu'on peut assimiler à une sorte de tambour. C’est une cavité offrant à l’intérieur une membrane, et fermée extérieurement par une lame ou soupape circulaire ou ovale percée d’un petit trou, et sus- ceptible de s'élever ou de s’abaisser alternativement. Il y en à deux, et situées, une de chaque côté, près de la base de l'abdomen, et à peu de distance de l’origine des deux pattes postérieures (1). Le segment qui les porte correspond à la dernière partie du métathorax (2) ; l'extré- mité antérieure de ces organes présente en effet ses deux stigmates, et qui paroissent avoir échappé à cet habile obser- vateur. Etant communs à tous les individs de ma famille des acrydiens, et sans distinction de sexe, se retrouvant mème dans des individus aptères, ces organes tiennent à un principe général, et dès lors la supposition qu'ils concourent comme on l’a dit à la production de ce son appelé chant, et que les mâles seuls de ces insectes font entendre, ne dissiperoïit point mes doutes sur les propriétés de ces parties. Les sauterelles , les taupe-grillons, les grillons, etc. , autres orthoptères chan- teurs, ne présentent point cette singularité ; mais ils en mon- (1) Voyez ce que j'ai dit plus haut, à l’égard de l’hippobosque du cheval. (2) Le premier demi-anneau supérieur de l’abdomen des coléoptères répond aussi à cette partie du métathorax. Mém. du Muséum. À. 7. 3 18 / DE QUELQUES APPENDICES trent une autre dans la grandeur extraordinaire des ouver- tures des deux stigmates antérieurs du thorax. L’instrument musical étant ici plus antérieur que dans les orthoptères pré- cédens, on peut soupçonner que ces trachées favorisent la stridulation; mais on demandera toujours pourquoi les fe- melles ressemblent-elles, sous ce rapport, aux mâles. Aussi, sans nier que ces organes respiratoires contribuent partielle- ment à la production du son, ai-je présumé néanmoins qu'ils étoient destinés à le transmettre, ou qu’ils étoient l'organe de l'ouie (1). Des expériences faites sur le vivant pourront lever cette difficulté, et M. Marcel de Serres, qui a fait une étude très-approfondie de l'anatomie des orthoptères, qui annonce mème avoir recueilli quelques données sur le siége de ce sens dans les insectes, mais sans en dire davantage, peut plus que tout autre éclaircir ce point intéressant de physiologie. Sans me livrer spécialement à l'examen de l’organisation extérieure.du thorax des insectes, ainsi que l'ont fait MM. Cha- brier, Audouin et Brongniart fils, je n’avois cependant pas négligé cette étude. Les observations que j'ai consignées dans mes divers ouvrages, et particulièrement dans les Mémoires que j'ai publiés cette année, en fournissent la preuve. Déjà aussi Knoch, Kirby, Klüg et Illiger avoient présenté de très-bonnes vues sur le même sujet (2). » = (1) Puisqu'il est situé, dans les crustacés décapodes, près de la base des an- tennes latérales, il y a lieu de soupçonner qu'il conserve dans les insectes une po- sition analogue; ce sentiment, déjà émis par quelques naturalistes allemands, me paroit, en dernienlieu , plus probable. (2) La connoissance de l'organisation du thorax des insectes repose sur un en- semble de considérations générales qu’on n’avoit point encore embrassées. Si nous Du THORAX DE PIVERS INSECTES. 19 prenons pour type de comparaison un crustacé décapode ou quelque autre des premiers ordres suivans, nous verrons que le corps se compose de quinze segmens, et qui se rattachent à trois divisions principales: 1°. la £éle, portant quatre an- tennes, les organes de la manducation, et dont les deux inférieurs forment deux pieds-mâchoires; 2°. le rozc, parlagé en sept segmens , dont les deux premiers formant une sorte de cou, servant chacun d’attache-à deux pieds-mächoires, et dont les sept autres, munis chacun d’une paire de pieds proprement dits ; 3°. ’ab- domen, composé aussi de sept anneaux , et dont les cinq antérieurs ayant chacun une paire d’appendices bifides en forme de pieds ou de nageoires. On observera que les trois derniers segmens du tronc renferment les organes de la circulation et de la génération, et composent une section particulière, l’épigastre (la poitrine proprement dite), et dont la séparation avec l’antérieure est même indiquée sur le test au moyen d’une impression subcentrale, répondant à la place du cœur. Cette distinclion a communément lieu entre la seconde et la troisième paires de pieds; mais elle peut anticiper ou être reculée d’un segment; de même que, dans les in- sectes, celui-que j'appelle médiaire avance ourejette en arrière la base de l’abdo- men, et augmente ou diminue ainsi d’une unité le nombre de ses anneaux. Il est àremarquer que, dans les crustacés les plus parfaits, lé branchies , au nombre de quatorze, n’occupent que le tronc, tandis que, dans les espèces infé- rieures, mais analogues d’ailleurs aux précédentes, ces organes, réduits à dix, sont uniquement abdominaux. Les myriapodes, abstraction faite des segmens postérieurs surnuméraires , ou ceux dont l’abdomen s’est accru , ainsi que de la division binaire tant de ceux-ci que de la plupart des autres, se rapportent au même type , mais avec cetle diffé- rence que les organes respiratoires, composés maintenant de trachées, ne com- mencent qu'au segment venant immédiatement après celui qui porte les deux derniers pieds-mâchoires , et qu’ils débouchent par vingt stigmates, et en partage égal, dans la longueur du tronc ( moins ce que j'ai appelé cou) et de l'abdomen. C’est la combinaison des deux modes précédens. Elle se retrouve aussi dans les insectes, à deux stigmates près, le segment qu’on nomme métathorax, et que je considère comme l’analogue du quatrième du tronc, en étant dépourvu. Ses tra- chées ont été employées à la confection des ailes. Nous ayons parlé, dans une note précédente, des pièces en forme d’omoplates sur lesquelles ces organes loco-moteurs sont appuyés. Le-corps des insectes est pareillement composé de quinze anneaux, mais avec quelques disparités dans leur coordination, et des appendices de moins. 1°. Le segment porlant les seconds pieds-mächoires est incomplet , et soudé avec le des- sous de la tête; ses sutures sont tres-distinctes dans plusieurs coléoptères; il forme 2 + J 20 DE QUELQUES APPENDICES cette partie qu’on a nommée gula, le gosier, et ses appendices composent la levre inférieure. Ces parties , dans les cigales, sont même détachées de la têle , insérées sur une membrane qui l’unit au prothorax, et deviennent la gaîne du suçoir. 2°. Les mâchoires, dont j’avois depuis long-temps ( ist. nat. des Crust.et des Insect., t. 2, p.124) fait connoître da structure ; sont une combinaison des mâchoires proprement dites et des pieds-mâchoires supérieurs. 3°. L’épigastre est maintenant confondu avec l’abdomen , et dépourvu ainsi que lui de pieds. Ils forment, réunis, un corps partagé en dix anneaux, et dont les deux derniers, privés de stig- mates, de ganglions nerveux, et souvent multifides, constituent l’appareil géné- rateur. Dans beaucoup de femelles cependant le huitième segment en fait partie. J'ai cru devoir désigner d'une maniere spéciale, médiaire , le premier de l’épi- gastre. De même que le prothorax , il semble faire l'office d’un article basculaire, en se joignant tantôt à l’un , tantôt à l’autre des deux segmens contigus ; mais y # raison de ses trachées plus développées et de son point d’attache dans les insectes les plus imparfaits, il est plutôt thoracique qu’abdominal. Il est généralement incomplet, et divisé, du moins superficiellement , en trois portions. Il répond, dans les grandes scolopendres, aux sixieme et septième anneaux du tronc, et aux huitième et neïvième dans les polydèmes. , La nature me paroît avoir formé la bouche des insectes sur deux plans diflérens. Là, comme dans les broyeurs, elle a prolongé les appendices articulés du thorax jusqu'aux mandibules , toujours insérées sur les côtés ou les écailles pariétales de la tête, et toujours extérieures, ainsi que les appendices précédens. Ici , ou dans les suceurs, immédiatement après les seconds pieds-mâchoires , elle a employé des appendices simples , setiformes , en tout ou en partie tubulaires, mais en les fai- sant naître près du pharynx, en les recouvrant à leur base, par la membrane gutturale, et les disposant d’une manière symétrique, selon le’ mode général qu’elle a adopté. Ê’observation du suçoir des hippobosques, des asiles, de la puce, des cigales, des hémiptères aquatiques et des corises surtout , par lesquels je termine la série des insectes suceurs , nous montre qu’elle a procédé de la sorte. éf Les branchiopodes pæcilopes et les arachnides forment un type particulier, mais subordonné néanmoins aux précédens. Ce sont des sortes d’insectes aptères et suceurs, ayant : 1°. la tête confondue avec la portion antérieure du tronc, et offrant à son bord antérieur deux pelits pieds où lames forantes,, concourant à la manducation, et représentant les antennes mitoyennes ; 2°. six pieds-mäâchoires, dont les deux ou quatre derniers ne différant pas des pieds véritables , et comme pectoraux par leur position; 3°. quatre pieds proprement dits, simplement ambu- latoires ; 4°. les organes respiratoires exclusivement situés entre l'extrémité pos- “DU THORAX DE DIVERS INsSEcTEes. 21 térieure du tronc et celle de l’abdomen, ordinairement peu nombreux, tantôt extérieurs et portés sur des pieds pinnés ou foliacés, le plus souvent réunis par paires; tantôt internes, et s’annonçant communément au dehors par des ouver- tures stigmatiformes. “HE F Sous le rapport de la situation des derniers organes, ces animaux sont aux autres branchiopodes ce que les stomapodes, les amphipodes , etc., sont aux dé- capodes. De la comparaison que j’ai établie entre les limules et les scorpions, il résulte que les peignes de ceux-ci répondent, par leur position, à la première paire de pieds branchiaux de ceux-là, et que, dans les uns comme dans les autres , ces parties sont immédiatement précédées des organes sexuels ou de l’un d’eux. Enfin les arachnides sont, en quelque mauiere , des crustacés branchio- podes pœcilopes terrestres , dépouryus d’antennes latérales, et à système respira- toire intérieur. nt AFFINITÉS-DES TRILOBITES. PAR M. LATREILLE, .de l’Académie Royale des Sciences , etc. Lu à l’Académie des Sciences le 14 août 1820. C: nom de #rilobites rappelle à votre souvenir un beau travail de notre confrère M. Brongniart sur des animaux fos- siles dont la détermination et les rapports naturels sont encore un sujet de controverse, et qui doivent d’autant mieux fixer notre attention, qu'ils appartiennent pour la plupart aux couches fossiles les plus anciennes, celles qui, dans l’état actuel de la géologie, recèlent les premiers corps organisés. Notre confrère a distingué avec une grande sagacité diverses espèces de trilobites réunies jusqu'alors en une, sous la dénomination vague d'ertomolithe paradoxal, donnée a l’une d'elles par Linnæus. Il à rapproché ces animaux des crustacés branchiopodes, et cette opinion, à quelques restrictions près, a été aussi la mienne ( Cuvier, Règne animal, t. I, p. 151). Des recherches approfondies sur les crustacés m'ayant obligé de reprendre cette question, que je n’avois alors qu’efileurée, je l'ai envisagée sous toutes ses faces, et les idées nouvelles, fruit de cette étude, seront l'objet de ce Mémoire. Il est incontestable que le corps des trilobites présente des AFFINITÉS DES TRILOBITES. 23 “articulations réelles ou simulées. fl est encore certain que, de tous les animaux sans vertèbres analogues aux précédens, divers crustacés inférieurs , tels que les z2on0oculus et les onrscus de Linnæus, nos glomertis, comme encore les citons de cet äu- teur ou les oscabrions, en sont, par des formes extérieures, les plus voisins. Aussi le même naturaliste avoitl dit, à Pé-- gard de l’entomolithe paradoxal ( paradoxite de, Linneé , Brong.), que la figure de son corselet, sa queue articulée comme celle des écrevisses, des o7zscus ou cloportes, des monoculus , prouvoient que cet insecte étoit aptère, d’un genre mitoyen entre les trois précédens, et qu'ilse rappro- chéroit beaucoup du cloporte de mer, si son corselet n’étoit pas aussi grand, et si le nombre des segmens de son corps n’étoit pas au-dessus de quatorze. Telle est précisément la considération qui m’avoit déterminé à placer les trilobites à la tête des myriapodes, et à lier ainsi ces derniers animaux avec les crustacés les plus imparfaits. Fabricius avoit pressenti ces rapports; car, à l’occasion du cym07hoa paradoxa, dont dont M.Leach fait le genre serolrs,il s'exprime ainsi: {7 ,pro- totypon entomolithi paradoxi? Mais un seul fait, employé par M. Brongniart comme un des caractères distinctifs du groupe des trilobites, détruit tous ces rapprochemens; ces animaux sont dépourvus de pieds. Si ce fait est hors de doute, on ne peut les associer. aux crustacés ni aux auütres animaux de la classe des insectes de Linnæus. Si l’on soup- conne que les organes de la loco-motion existent, mais qu'ils se dérobent à la vue à raison de leur extrême petitesse, ou bien si l'on présume qu'ils ont été détruits, le caractère doit être exprimé en termes douteux. Ces présomptions sur l’exis- 2/ DES TRILOBITES. tence des pieds sont-elles fondées ? Je ne le pense pas. Si nos fouilles ne nous avoient procuré que des moules imparfaits de trilobites, nous pourrions être, à cet égard, dans l’incerti- tude; maïs on a trouvé, soit en France, soit en Angleterre et en Suède , une grande quantité de ces fossiles. Leurs em- preintes sont souvent très-nettes, et se montrent sous tous les aspects, ainsi qu’on le voit par les figures du tome qua- rante-sixième des Transactions philosophiques de la Société Royale de Londres, représentant le cal/ymène de Blumen- bach de M. Brongniart. « Malgré tant de moyens d'observations et de recherches, on n’a pas encore découvert de vestiges de pieds, ni aucun de ces autres organes articulés et inférieurs dont les crustacés nous offrent un si grand nombre. Le dessous du corps, soit entier, soit détaché du corselet, paroît nu; etsupposé que ces animaux aient de l’affinité avec les limules, genre de crus- tacés branchiopodes, on distingueroit sur quelques unes de ces empreintes.les traces de quelques pieds, qui, dans ces limules, sont d’une nature aussi solide au moins que le test et nombreux. Le dessus du corps des trilobites semble être composé d'environ quinze à vingt anneaux, et dont aucun n'est appen- dicé. Ces animaux pouvoient, en courbant en dessous et rap- prochant les deux extrémités du corps, se mettre en boule. Ils vivoient, à ce qu’il paroït, en société nombreuse sur les rochers marins; et si on les rencontre en abondance dans les mêmes localités, c’est que probablement ils avoient peu d'aptitude à se mouvoir,et moins de moyens, dès lors, pour se soustraire aux dangers qui les menaçoient. Or cet ensemble DES TRILOBITES. 25 de caractères et d’habitudes ne convient à aucun crustacé branchiopode connu. Le corps des apus, des branchipes et de quelques autres crustacés de la même division est bien, il est vrai, partagé en un grand nombre de segmens; mais ces animaux ressemblent d’ailleurs, pour le reste, aux autres branchiopodes, et passeroient-ils à l’état-fossile, ils ne seroient nullement comparables aux trilobites. Je n’ignore pas que la série des êtres organisés présente des vides ou des lacunes; mais nous n’avons pas encore de données suffisantes pour les remplir. Ainsi donc, quoique les trilobites paroissent avoir plusieurs traits de la physionomie de certains crustacés, ils en ‘sont néanmoins très-éloignés par un caractère négatif, absence de pattes, ainsi que par plusieurs autres disparités. Cherchons parmi les autres animaux sans vertèbres, mais inarticulés, d’autres termes de comparaison. Or, ici, les oscabrions, comme nous l'avons dit plus haut, sont les seuls de cette branche qui puissent entrer en parallèle avec les trilobites ; car ils présentent exclusivement des apparences d’articula- tions, et semblent être, au premier coup d'œil, des sortes de cloportes sans pieds ni antennes. Réunis avec les patelles, ils forment, dans la méthode de M. Cuvier, l’ordre des cy- clobranches, classe des gastéropodes. Dans la distribution de M. de Lamarck, ils appartiennent à la famille des phyllidiens, ordre des gastéropodes, classe des mollusques. La coquille des patelles est d’une seule pièce et turbinée, tandis que celle des oscabrions est formée d’une rangée d’écailles ou d’écussons recouvrant plus ou moins le dos. Nonobstant cette anomalie, la coupe n’en est pas moins na- turelle, et c'est ce qu'avoit déjà remarqué, contre l'opinion Mém. du Muséurn. L 7. 4 1 26 AFFINITÉS de plusieurs conchyologistes, Adanson, puisqu'il range avec les lépas ou patelles une.espèce d’oscabrion du Sénégal. La composition de la coquille pouvant varier dans cette section de mollusques, l’analogie nous autorise à regarder comme possible l'existence d’animaux semblables quant à lorganisa- tion générale, mais soit avec un test formé d’un plus grand nombre de pièces, et disposées dès lors sur plus d’un rang, soit nus où sans test, et présentant des divisions ordonnées de la même manière. Or je crois que ce groupe n’est point ficuf, et que nous le retrouvons dans celui des trilobites. Toutes les particularités qui les distinguent des oscabrions ne sont que des modifications secondaires, et auxquelles nous amènent les changemens qu’éprouve le test ou la cuirasse de ces derniers mollusques. ( Voyez les planches de l’Ency- clopédie méthodique.) Par la forme générale du corps, les divisions ou pièces transverses du dos, la figure semi-lunaire de l’antérieure, la faculté de pouvoir se contracter en manière de sphéroïde ( Voyez les observations de M. Bosc, article Oscabrion, Nouv. Dictionn. d'Hist. natur.), les lieux où ils passoient leur vie, les trilobites me semblent avaisiner les oscabrions(t), et former simplement, dans la même famille, une race parti- culière. En quoi consistent, en effet, ces différences ? Le corps des trilobites est proportionnellement plus large vers sa par- tie antérieure, plus allongé et plus rétréci vers l’autre bout, ou terminé en manière de queue. Le premier segment supérieur, (1) On vient de me dire que M. Blumenbach avoit fermé le même soupçon, J'ignore dans quel ouvrage, et s’il l’a motivé. DES TRILOBITES. 27 ou le corselet, est beaucoup plus spacieux que le même seg- ment des oscabrions, et rabattu ou incliné en devant. f’autre portion du corps vue du côté du dos est partagée dans sa lar-_. geur en segmens étroits, dont on ne peut déterminer rigou- reusement le nombre, mais qui paroit varier de quinze à vingt. [ls sont eux-mêmes divisés en trois parties, au moyen de deux sillons latéraux qui parcourent toute la longueur du corps, et semblent même commencer, mais foiblement, sur le corselet. Le dos offre ainsi trois aires longitudinales, ou trois rangées de petites côtes transverses, et de là l’origine du mot de trilobites. M. Brongniart remarque, au sujet des clymènes et des paradoxites, que les lames membraneuses des articulations devoient être soutenues par des parties solides. La figure de l'entomolithe paradoxal ( paradoxite de Linné, Prong.) que l’on voit dans les Mémoires de l’Académie des Sciences de Stockholm paroit effectivement l'indiquer. Les écailles des oscabrions sont positivement dans ce cas, puisque entre chacune d'elles est interposé latéralement un feuillet membraneux et recouvert lorsqu'elles sont couchées. Je ne sache pas que d’autres animaux sans vertèbres et inarticulés présentent le même caractère; et voilà déjà en faveur de mon opinion un puissant motif de vraisemblance. Des observations faites sur quelques trilobites ( ogygres ) ont donné lieu de présumer que les bords latéraux de leur corps devoient être membraneux. Si ces animaux sont des mollusques, voisins des oscabrions , le soupçon est bien fondé, puisque ces bords sont ceux du manteau, et qu'ils devoient s'étendre, lorsque les trilobites se fixoient, à la manière des no 38 AFFINITÉS oscabrions, sur divers corps. La grandeur extraordinaire du corselet, le nombre des divisions supérieures du corps, leur arrangement sur trois lignes, ne sont pas moins faciles à ex- pliquer. Dans l’une des figures du calymène de Blumenbach, de l'ouvrage précité, représentant l’animal de profil et contracté, on voit que les côtés du corps se replient en dessous, en forme de battans ou de volets; que son extrémité postérieure est logée entre eux, et que la tête est fortement inclinée. I résulte de cette disposition extérieure que le corps avoit ses mouvemens plus libres, que ses parties inférieures étoient à couvert, et que son corselet, imitant une sorte de bouclier, le garantissoit par devant. On conçoit donc que la nature à voulu fortifier les moyens protecteurs départis aux osca- brions; et cette ressource, elle emploie aussi, et pour un but semblable, dans plusieurs autres familles. Les typhis, par exemple, comparés aux autres crustacés de la même section, celle des amphipodes, nous montrent des contrastes ana- logues , soit dans l'étendue et la courbure de la tête, qui remplace l’écaille antérieure ou le corselet des trilobites, soit dans les pièces mobiles ou valvules des bords latéraux du thorax, er servant au même usage. Leurs habitudes à cet égard sont les mêmes que celles des trilobites. Je pourrois eiter d’autres exemples pris de la même classe. Deux tubercules plus éminens, parmi ceux et disposés avec symétrie, que l’on observe sur le corselet de plusieurs trilo- bites, ont été pris pour des yeux. Martyns même va jusqu’à vous dire qu'une espèce rangée avec les calymènes par MF. Brongniart, a la cornée rougeûtre et réticulée. Lorsqu'on DES TRILOBITES. 29 sait que des animaux vertébrés, tels que des tortues, plus susceptibles de résister à la destruction et enfouis vers la même époque, n’ont laissé, devenus fossiles, que de foibles restes de leur corps, ou une simple empreinte; lorsqu'il est reconnu que les yeux des crustacés analogues aux trilobites, ne font point ou presque pas de saillie, et que leurs cornées ne consistent qu'en une membrane très-mince, se détruisant ou s’altérant même avec facilité dans nos collections, est-il possible d'être le jouet d'illusions semblables ? Cette sorte de tête ou de chaperon que l’on aperçoit dans quelques uns de ces fossiles n’est probablement qu'un bourrelet formé par le bord antérieur du manteau; et si ce relief est quelquefois double, c'est qu'il est renforcé par le rebord antérieur du corselet. Il faut cependant convenir que l’entomolithe paradoxal de Linné( Paradoxite de Linné, Brong.) est représenté ( Men. de l’Acad. des Sciences de Stockholm) avec une tête por- tant deux antennes courtes et presque sétacés. C’est, je crois, le seul exemple contraire que l’on puisse citer. Il à paru si extraordinaire à M. Brongniart, qu'il soupçonne qu'il y a eu erreur à l'égard de ces organes. Supposé que les trilobites, ou du moins cette espèce, se rapprochassent des gloméris, ainsi que je l’avois d’abord pensé, la figure seroit exacte; et dans le cas que l’on trouvât des empreintes semblables, je reviendrois à ma première opinion, du moins quant aux paradoxites (r). CR (1) Quelques mollusques , comme les doris, ont cependant des tentacules imi- tant des antennes. 30 AFFINITÉS Le nombre des écailles des oscabrions est communément de huit. Si, abstraction faite de la première, ou de celle qui répond au corselet des trilobites, on suppose que les sept autres sont divisées chacune en deux ou trois parties, le nombre de ces écailles sera proportionnel à celui des divisions supérieures et transverses des trilobites, puisqu'elle est, ap- proximativement, de quinze à vingt. Plusieurs cloportes ou oniscus de Linnæus nous offrent des rapports analogues dans leurs segmens thoraciques. Là ces anneaux sont entiers; ici, comme dans les cymothoa, chacun de leurs côtés forme, au moyen d'une inaision ou fissure, une articulation particulière, et qui porte un pied. Cette di- vision ternaire est surtout très-sensible dans le cymothoa à deux rares. de M. Rüisso. Ici mème les angles postérieurs du premier segment se prolongent chacun en une forte épine, et c'est ce qu on remarque dans le trilobite nommé ogygte de Guettard. Mais ces divisions latérales ne sont propres qu'au thorax, tandis que, dans les trilobites, elles s'étendent dans toute la longueur du corps, et sont d’ailleurs bien plus larges. N'ayant pas vu un Mémoire très-détaillé qu'un naturaliste suédois a publié depuis peu sur ces animaux, et qui sera, dit-on, inséré très-prochainement dans le Journal de Phy- sique, je nei puis émettre d'opinion positive à l'égard de l'espèce singulière que cet auteur appelle ozzscoides , en forme de cloporte; mais à en juger d'après ce qu'en a dit M. Desmarets dans la seconde édition du Vowpeau Diction- naire d'Hist. nat., axuele 7rlobites, cette espèce semble- roit plus rapprochée des oscabrions que les précédentes, son DES TRILOBITES, Si corps ayant la forme d’un bouclier lisse, avec une sorte d’é- cusson au milieu. Je ne la cite que pour appuyer €e que j'ai avancé sur les modifications du test de ces mollusques, et pour . montrer que ces combinaisons pouvant avoir lieu dans des animaux de classes différentes, ne prouvent pas que les tri- lobites soient des crustacés. Quoique les oscabrions soient très-répandus dans toutes nos mers, il ne paroït pas qu'on en ait trouvé avec les tri- lobites. Ceux qu'on a observés en état fossile appartiennent à des couches supérieures telles que celles de Grignon et autres : encore n'en avons-nous ordinairement que les débris les plus solides, c’est-à-dire les écailles. Je n’en ai pas vu de figurés dans quelques ouvrages sur les animaux fossiles que j'ai consultés pour la rédaction de ce Mémoire. C’est une remarque transitoire, et à laquelle je n'ai donné aucune suite. La question obscure que je viens de traiter se réduit essentiellement aux propositions suivantes : Les trilobites, animaux fossiles dont les analogues sont inconnus, nous offrent à l'extérieur des articulations réelles ou fausses, et produites par des élévations ou divisions trans- verses du dos. Gertains crustacés et les oscabrions, sont de tous les animaux ceux qui s’en rapprochent davantage. Toutes les observations recueillies jusqu’à ce jour paroiïssent exclure, dans les trilobites, l'existence de pieds; et de simples analogies de formes extérieures, pouvant se repro- duire chez des animaux très-différens, ne suffisent pas pour faire présumer l'existence de ces organes. Il ‘fensuivroit, et ce que l'identité des lieux d'habitation et de la manière de 32 AFFINITÉS DES TRILOBITES. vivre annoncent, qu'ils viennent près des oscabrions, dont ils ne diffèrent d’ailleurs que par des caractères secondaires. Dans le cas que de nouvelles recherches constatent la réa- lité de ces organes loco-moteurs (1),les mêmes animaux, à raison du nombre de leurs segmens et de quelques autres rapports, devront, selon moi, être placés entre cette petite famille de crustacés branchiopodes, que j'ai nommée PAy/- lopes, et les gloméris, premier genre de myriapodes. Dans toute hypothèse, on les distinguera de ces divers animaux par la forme trilobaire des sections supérieures du corps. Je ne vois pas qu'il soit possible d’envisager raisonnablement ce sujet sous d’autres faces. Lorsque dans une difficulté dont la solution n’est point au-dessus de notre intelligence on n’a plus à choisir qu’entre deux ou trois opinions, l’on est souvent bien près du but que l’on désire atteindre, celui de la vérité. (x) L’une-des raisons qui m’avoient déterminé à considérer les trilobites comme tres-voisins des gloméris, c’est que les pieds de ces derniers animaux sont très petits, fort simples, et point ou peu reconnoissables dans l’état fossile. Le seg- ment antérieur des mêmes animaux est plus grand que les autres, en forme de corselet. Ces segmens ne sont qu’au nombre de onze ( douze en tout, la tête com- ptée) ; mais Gronovius (Zoophyt., n° 1006) en décrit une espece , de Ceylan, dent le corps a vingt anneaux. Ce seroit pres de cette dernière et de quelques autres ana- logues qu’il faudroit rapprocher les paradoxites, dans la supposition qr ils aient des antennes, comme l'indique la figure de l’entomolithe paradoxal de Linné, et qu’ils aient surtout des pieds. On voit que la solution de cette difficulté dépend de la cer- titude de l'existence de ces derniers organes. L’analogie des trilobites avec les gloméris et les crustacés branchiopodes est-elle si spéciale qu’elle ne puisse s’ap- pliquer aussi aux oscabrions , qu’elle se rattache exclusivement à ces crustacés, de sorte que les trilobites, nonobstant les observations contraires, soient censés pourvus de pieds ; c’est ce que, vu l’état actuel de nos connoissances, on auroit de la peine à me persuader. 33 MÉMOIRE SUR LES CYPRIS, DE LA CLASSE DES CRUSTACÉS. PAR HERCULE EUG. STRAUS. J A1 choisi pour sujet du premier Mémoire que j'ai publié sur les branchiopodes (1), un genre auquel les caractères assignés à cet ordre conviennent sous tous les rapports, et qui peut servir de type à cette division des crustacés Dans le second Mémoire que je présente ici, je me propose de faire connoître l’organisation d’un autre genre, celui des Cypris, qui, jusqu’à présent, a été réuni aux branchiopodes, quoique son organisation l'en éloigne beaucoup, ainsi que plusieurs autres genres encore, tels que les limulus et les branchiopodes suceurs. Les deux valves qui recouvrent le corps des cypris avoient fait illusion aux naturalistes, qui trouvant des parties sem- blables chez les daphnia, les lynceus,.etc., ont réuni ces divers genres dans une même famille, quoique la différence de (1) Sur les Daphnia. Mémoires du Museum d'Histoire naturelle, t. V, p. 380, pl. 20. Mém. du Muséum. 1. 7. 5 34 SUR LES CypPris, leur organisation soit très-considérable; je crois cette différence assez grande, non-seulement pour considérer les cypris comme appartenant à une famille distincte de celle que j'ai établie sous le nom de Dapanives, mais même pour devoir former un ordre nouveau dans lequel je place encore les cyéhere. Pour mieux appuyer mon opinion sur la place que les cypris doivent occuper dans la classe des crustacés, j'ai tâché de pousser la dissection de ces animaux aussi loin que la grandeur des organes me l’a permis, afin de pouvoir indiquer leurs véritables connexions avec les autres familles des crus- tacés. La transparence du corps des daphnia facilitoit beaucoup l'étude de leur organisation, et suppléoit même, dans quel- ques cas, à la dissection. Chez les cypris le même avantage n'a point lieu, tout leur corps étant entièrement opaque; et avec cela leur grandeur est beaucoup au-dessous de celle des daphnia, et ce n’est que le scalpel seul qui m’a fait connoître les divers organes que je décris dans ce mémoire. Cependant j'ose assurer die les dessins que j’en donne sont parfaitement exacts, jusqu'aux moindres détails. Gutre l'espèce qui m'a servi pour les dissections, je joins encore à ce Mémoire la figure et la description de deux autres espèces du même genre que j'ai pu me procurer, et je renvoie pour les autres à l'ouvrage de Müller (ÆZzto- mostraca seu insecta, page 49) , Qui les a toutes assez bien figurées, quant à la forme de leurs valves. CLASSE DES GRUSTACÉS. 35 Histoire critique. Jusqu'à Müller , aucun auteur ne s’est occupé de la recherche des diverses espèces de Cypris ; tous les ont considérés comme ne for- mant qu’une seule espèce du genre Monoculus de Linnæus. Ces ani- maux étant extrêmemenf petits, ils ne les ont décrits que très-super- ficiellement, de manière qu'il est fort difficile aujourd’hui de re- connoîlre les espèces dont ils ont parlé; et nous sommes par là obligés de regarder leur travail comme nul. Ceux qui en ont donné des figures les ont représentées d’une manière si grossière, qu’on se trouve encore là dans la plus complète incertitude sur les espèces qu'ils ont voulu représenter. Aussi sommes-nous forcés de nous borner à indi- quer simplement les divers auteurs qui ont décrit de ces animaux, sans chercher à ramener à leurs véritables espèces celles qu’ils avoient observées. Parmi les auteurs les plus modernes il en est fort peu qui soient plus exacts; la plupart ont copié Müller, et n’ont ainsi rien présenté de nouveau. Quoique l'espèce dont je donne ici l'anatomie soit extrêmement commune, et surtout aux environs de Paris ainsi que dans d’autres parties de la France où je l’ai également trouvée, il n’a été impossible de la reconnoitre, méine dans l’ouvrage de Müller, qui est cependant l’auteur qui a le mieux décrit et figuré ces animaux. Elle se rapporte trés-bien pour la forme à son Cypris can- dida, mais elle s’en éloigne beaucoup par la couleur. Plusieurs auteurs paroissent l'avoir regardée comme étant le Cypris pubera , mais elle en diffère évidemment sous plusieurs rapports ; et quoiqu'il soit très-probable qu’elle ait déjà été décrite, je suis obligé, par cette incertitude, de la regarder comme nouvelle , et de lui assigner un nom nouveau. Je la nomme Cypris fusca, à cause de sa couleur, qui est d’un brun jaunâire. BaKER est cité par plusieurs auteurs comme ayant décrit et figuré un cypris dans son ouvrage intitulé : The Microscope made easy, pl. 15, fig. 8; et dans les Transactions philosophiques , t. LXI, ES 36 SUR LES Cypris, [°°. partie, p. 250 , Bennet dit même que e’est le premier auteur qui en ait parlé; mais comme on n’indique nulle part l'édition qu’on cite, je n’ai pas pu vérifier si ces citations sont exactes: car, ni dans la seconde édition de 1745 de cet ouvrage, ni dans la quatrième de 1744, qui sont les seules que j'aie pu me procurer, il n’est nulle part question de ces animaux, et la quinzième planche n’y existe même point. Linnæus, dans sa Fauna suecica, Lug. Bat. 1746, p. 344, n°. 1165, décrit un cypris sous le nom de Wonoculus antennis capillaceis mul- tiplicibus, testa bivalwi. Cette phrase, donnée comme nom d’une seule espèce, convient en même temps à tout le genre cypris, et a été répé- tée plus tard par plusieurs autres naturalistes, tels que Geofftoi, Fa- bricius , Species insec. ; Müller, Fauna ins. frid. ; et par Linnæus lui- même, dans son Ent. fau. suec.Ce cypris, décrit dans la Fau. suec. , est de couleur grise, et paroît ne point avoir de poils, du moins l’au- teur n’en parle pas. Dans le Systena naturæ. VIT ed. Lipsiæ 1748, copiée sur la VI. éd., p. 68, Linnæus donne à l’espèce qu’il rapporte , le nom de M. concha pedata, mais sans description; et ce n’est que dans la. dixième éd. de Langius , Halæ Magdeburgicæ, 1760, p. 635, n°.7, qu’il donne pour la première fois au cypris le nom de A. conchaceus, en lui assignant la même phrase caractéristique que dans la fau. sue. Depuis, ce nom a été conservé par tous les naturalistes au Cyp. pubera de Müller , et d’après l'indication de Müller lui-même ; quoi- que le M. conchaceus ne soit pas suffisamment caractérisé pour qu’on puisse le reconnoître. L'éditeur indique dans le même ouvrage le M.lenticularis, qui paroît être le Daphnia gigas de Hermann, etle M. telemus de Brander. JogioT, Observations d’hist. nat. faites avec le microscope, Paris, 1754, t. 1, part. 2, p. 104, pl. 15, fig.O. L'auteur donne à l'espèce qu'il décrit le nom de Poisson nommé détouche. Elle est, dit-il, d’un jaune pâle luisant, et couverte de poils épars, ce qui la rapproche CLASSE DES CRUSTACÉS. 37 du C. fusca ; et sa figure, quoique fort grossière , semble s’y rapporter également. Cependant Müller, Ent. seu ins., cite Joblot à l'égard de son C. pubera, et par suite tous les auteurs l'ont cité de même, quoique le C. pubera soit évidemment une espèce différente. GEOFFROI, Histoire abr. des ins. Paris, 1762, t. IL. Il indique deux espèces de cypris sous le nom de #onoculus, avec la phrase spécifique de Linnæus, en distinguant le premier, p.657, n°. 4, par le mot oblonga qu'il ajoute ( JM. à coquille longue ), et le second, p.658, n°. 5, par le mot g/obosa ( M. à coquille courte). Le premier a les valves égales aux deux bouts, et sa couleur est cendrée, Cette espèce a ensuite été citée très-gratuitement par les auteurs, comme étant le C.pubera de Müller, et le second comme se rapportant au C. lœvis du même auteur. MULLER, Fauna insectorum Fridrichsdalina. Hafñniæ et Lipsiæ , 1764, p. 95, n°. 85r. Müller ne décrit dans ce premier ouvrage qu’une seule espèce, en adoptant le nom de #. conchaceus de Linnæus, ainsi que sa phrase caractéristique. LEDERMULLER, Æmusemens microscopiques, etc., Nuremberg, 1764, p. 58, pl. 73, donne plusieurs figures très-grossières d’un cy- pris sous le nom de Puceron en forme de rognon, qui paroît être le C. fusca ; mais il représente les pieds comme branchus, ce qui est évidemment une erreur , quoiqu'il assure que ses figures soient très- exactes. Dans le texte il dit qu’on trouve très-souvent ces animaux accouplés, ce qui n’a cependant été observé par aucun autre natu- . raliste. Transactions philosophiques, 1772, t. LXI, première partie, p'230, f:\7, fig. 1-7. BENNET y fait un rapport sur l'ouvrage de Müller, Ento. seu ins., ouvrage qui n’a été imprimé qu’en 1785. Dans ce rapport l’auteur donne les figures de deux espèces copiées de Müller. La première, fig. 1-3 , qu'il appelle Smooth white insecte, 38 À SUR LES CypPris, est le C. delecta; et la seconde, fig. 4-7, the Sordid, est le C. pubera. MULLER, Zoologia danica prodromus. Hafniæ , 1776. C’est dans ce second ouvrage que l’auteur établit le genre Cypris, ainsi que tous ceux qu’il a démembrés du genre Monoculus. 1] y fait déjà connoître les onze espèces qu'il a décrites ensuite avec plus de détails dans son Ent. seu ins. L'espèce qu'il avoit déjà appelée A7. concha- ceus , il la nomme ici C. pubera, et cite à son égard, et sans raison, le M. conchaceus de Linnæus, et ce rapprochement a été répété depuis par tous les auteurs. DE GeEr, Mémoire pour servir à l’hist. des ins. Stockholm 1778, t. VIL, p. 476, pl. 29, fig. 5-7. Il y décrit une espèce de cypris sous le nom de #1. à coquille ovale ; en y distinguant différentes variétés d’a- près la couleur, mais qui paroïssent être des espèces distinctes. Celui de la fig. 5 est vert clair, comme le C. pubera, et sa forme s'accorde également avec la sienne, mais il le représente sans poils. Celui des fig. Get est mieux caractérisé, etse rapporte encore à cette même espèce. De Geer regarde les antennes comme des bras; et les organes de la bouche lui ont paru être des pieds plus petits que les pieds or- dinaires. Fapricivs, Species insectorum, Hamburgi et Kilonïüi,1781,t.1, p. 374, n°. 0. Fabricius décrit dans cet ouvrage un cypris sous le nom de M. antennis capillaceis multiplicibus, testa bivalvi( tiré de Linnæus), et Gmelin le cite comme ayant parlé du C. conchaceus , qu'il regarde comme le pubera de Müller, quoique les caractères indiqués ne dé- cident rien par rapport à l'espèce. MULLER, Entomostraca seu insecta testacea, Lipsiæ et Hafniæ , 1785, l'ouvrage original le plus complet que nous ayons sur cette branche des crustacés. L'auteur y décrit et figure avec beaucoup de soin, de la page 49 à la page 62, les onze espèces de cypris qu'il CLASSE DES CRUSTACÉS. 49 avoit déjà fait connoître dans sa Zoo. dan. prod. À l'égard du C.pubera, il cite à tort Baker, Joblot, Geoffroi, et Linnæus, faun. suec. , puisque ces auteurs n'ont pas suffisamment déterminé les espèces qu'ils ont décrites pour qu’on puisse les reconnoîitre; et tous les auteurs subséquens, ayant toujours copié Müller, ont tous commis la même faute. Les figures que donne Müller sont toutes très-soignées; mais il ne représente aucune des parties intérieures, qu’il n’a probablement pas pu apercevoir, à cause de la petitesse de l’animal. Le C. candida se rapproche parfaitement, pour la forme, de celui qui m’a servi de sujet pour les détails anatomiques de ce Mémoire; mais il s’en éloigne beaucoup pour la couleur, qui est d’un blanc éclatant ( can- didissima ) dans le C. candida. Dans le texte, Müller fait observer qu’à un examen rigoureux on ne trouve que quatre paites à ces animaux ; mais il ajoute cependant que c’est un cas inconnu dans l'empire des insectes ; et en effei je leur ai trouvé une troisième paire de pieds. Linvæus, Syst. nat., éd. treize de GMELNN, 1788, t. I, p. 5001, n°. 36-45. Gmelin dre dans cette compilation toutes les espèces de cypris qui avoient été décrites] jusqu ’alors par les auteurs, avec toutes leurs citations sans examen, mais toujours sous le nom générique de Monoculus, et fondus avec les autres genres, tels que les CytAere, les Daphnia, etc., qui en avoient déjà été séparés. Outre les espèces de Müller, il donne encore le telemus, et y joint toujours le Zenticularis. À l'égard du M. conchaceus, il cite, outre le pubera de Müller, l’es- pèce donnée par Fabricius, Sp. ins. , quoique cet auteur ne l'ait pas suffisamment déterminée; et, à l'exemple de Müller, il cite Baker, Joblot, Geof.( M. a cog. longue); Linnæus, Fou. sue. ; Müller, Fuu- frid.; et Mant., Ins. I. , p.240, n°. 9, ouvrage que je ne connois pas. Pour le C. detecta , il cite, d’après Müller, celui figuré par Leder- müller, qui paroît plutôt être le C. fusca. Pour le C. pilose, il cite 4o , SUR LES Cvpris, le Sordid des Trans. phil., qui est le pubera. Enfin il regarde comme le Lœvis, le M. à cog. courte de Geoffroi, qui est incertain. Linwæus ne donne, dans son Æntomologia Faunæ Suecicæ, Lug- duni, 1789, t. IV, p.174, n° 6, qu’une seule espèce, sous le nom de M. conchaceus , toujours avec la phrase spécifique de la Fau. sue. , et cite aussi, comme étant la même, le M. & cog. longue de Geoff., ainsi que l’espèce dont parle Fab. Sp. ins. FABRICIUS, dans son Entomologia systematica, etc., Hafniæ, 1 703, t. II, p. 495, considère les divers genres que Müller a formés dans cette famille de crustacés comme autant de sections du genre Hono- culus, et donne à celle des cypris, pour caractère: testa bivalwi, oculo unico , antennis apice floccosis, et décrit, du n°. 25 au n°. 55, les onze espèces de Müller ; mais il a suivi les citations vicieuses de Gmelin. MANUEL, Tableau encycl. et méthod. Hist. nat., 17095, t. VII seconde partie, art. Monocle, pl. 266, fig. 15-41. L’auteur réunit tout ce qu’on avoit dit jusqu'alors sur les Entomostraca ; et quoique son travail soit postérieur à celui de Müller, il conserve cependant encore le genre Monoculus de Linnæus, en le subdivisant simplement en sections correspondantes aux genres de Müller. Ce qu'il dit du genre en général se rapporte presque tout aux Daphnia. Les espèces > il les décrit selon Müller, et y joint, d’après Langius, le M. telermus et le lenticularis. Dans la planche, il donnne les figures des C. detecta , ornata , pilosa, vidua, conchacea, strigata , monacha et crassa , toutes copiées de Müller. Cuvier, Tableau élémentaire d’hist, nat., Paris, 1798, p. 455. Dans cet ouvrage , M. Cuvier considère les cypris, les cylhere, . les daphnia et les lynceus comme formant une subdivision des apus, qu’il prend eux-mêmes pour un sous-genre des Monoculus. CLASSE Drs CRUSTACÉS. 4x { Bosc, ist. nat. des Crustacés , faisant suite à l'édition de Buffon publiée par Déterville. Paris, 1802, t. II, p. 245. M. Bosc y décrit ces animaux avec beaucoup de détails, et y joint plusieurs obsérvations intéressantes qu’il a faites sur eux ; mais il paroît qu’il n’a pu distinguer dans la bouche que les deux mandibules qu’il appelle des mâchoires. Il suppose que ces animaux font deux pontes par an, l’une au prin- temps et l’autre en automne; mais je les ai vu pondre pendant tout l'été. Cependant, aux deux saisons que l’auteur indique, les pontes sont réellement beaucoup plus abondantes. D’après M. Bosc, le cypris le plus commun aux environs de Paris est le pubera, qui cependant n’est pas l'espèce que je donne ici sous le nom de C. fusca, et que j'ai trouvée en quantité prodigieuse dans plusieurs endroits. LATREILLE, Aist. nat. génér. et partic. des Crust. et des Ins., faisant suite à l’éd. de Buffon par Sonnini, Paris, 1802, t. IV, p.232. M. Latreilie y considère les cypris comme un genre , et les décrit avec tous les détails possibles , en ne faisant mention que des espèces données par Müller, = Dans son Genera Crustaceorum et Ins.,t.1, Parisüs et Argentorati, 1806 , p. 18, il considère les cypris toujours comme un genre, avec la phrase caractéristique oculus unicus, caput conditum, antennæ ducæ, superæ capillacecæ , pedes quatuor ; mais il n'indique que le C. con- chacea, en citant à son égard son Æist. nat. génér. et part., et les autres auteurs principaux qui en ont parlé. DAUDEBART DE FÉRussAC. fils, Mém. sur un cypris, dans les Ann. du Mus. d’Hist. nat., 1806, t. VIT, p..215, pl. 12,fig. 4. L'auteur donne la description d’un cypris d’un vert luisant, un peu velu à ses extrémités, qui approche, dit-il, également des C. detecta et pubera ; mais il s’en éloïgne sous divers rapports. À en juger par les fig. a et b, qui sont d’ailleurs peu soignées, cette espèce diffère en effet de toutes _ celles décrites par Müller. Daüs les fig. c, d; e, fet g, qui représen- tent les pattes, la queue et les antennes, je crois que M. Daudebart Mém. du Muséum. t. Je 6 42 sur LES Cypris, s’est trompé, car ces diverses parties n’offrent que des variations très- foibles d’une espèce à l’autre; et les figures que l’auteur en donne ne s'accordent nullement avec ce que j'ai vu chez les espèces que j'ai examinées. CUVIER, Règne animal, Paris, 1817, t. IT par M. Latreille, p. 69. Il considère dans cet ouvrage les Cypris comme formant un genre de la famille des Branchiopodes lophyropes , et réunit dans la même division les genres Cythere, Lynceus, Daphnia, Cyclops, Polyphemus et Zoe. LAMARCK, Hist. nat. des Anim. sans vertèbres, Paris, 1818, t V, p. 125. M. de Lamarck y décrit très-bien ces animaux, qu’il consi-_ dère comme formant un genre; mais il n’indique que trois espèces, le C. pubera, l'ornata et le lævis, en citant pour chacune les princi- paux auteurs qui en ont parlé. Anatomie. Le cypris fusca qui n'a servi de sujet pour les détails anatomiques du genre, n’atteint que + de millim. de lon- gueur , fig. 1. Tout son corps est entièrement renfermé entre deux valves latérales a, à, fig. 2, 3, à l'instar des mollusques acéphales, etils’éloigne déjà par là de la famille des daphnides. Ces valves sont oblongues, sans nates, plus étroites en avant, un peu échancrées à leur bord inférieur, et parfaitement mo- biles l’une sur l’autre au bord dorsal, où elles sont réunies dans le tiers moyen de leur longueur, par une articulation ligamenteuse. Leurs bords sont légèrement renflés, et se joignent hermétiquement dans toute leur étendue, quand l'animal tient: ses valves” rapprochées, sans laisser voir au dehors la moindre partie du corps de l'animal. Leur substance CLASSE DES CRUSTACÉS. 43 est cornée, très-compacte et cassante; leur surface polie et nue, à l'exception de leurs deux extrémités, où l’on aper- çoit quelques poils épars qui les recouvrent. Ces valves sont enduites d’un vernis qui paroit leur donaer le luisant et qui les garantit de l'humidité, au point, qu’aussitôt que le cypris arrive à la surface de l’eau, ses valves sont entièrement sèches, l'air s'y attache, et l’animal surnage malgré les efforts qu’il fait pour plouger, et il finit par périr. Le corps proprement dit du cypris, fig. 4, © ? k k, n’oc- cupe que les deux tiers moyens de l’intérieur des valves &a a. Supérieurement il est contigu au ligament de ces dernières et en dessous il approche également de très-près de leur bord, surtout vers la partie antérieure où se trouve la bou- che z mn n de l'animal. L’extrémité antérieure du corps est: tronquée verticalement, et en arrière, ce dernier se continue par un abdomen conique fort court 2 2, dirigé en dessous et terminé par deux stylets cornés s, et fig. 14, o o, que l'animal fait souvent sortir de ses valves. Le corps ne présente aucune trace de segmens, pas même: à l'abdomen; au moins pas d’une manière sensible, et ce dernier, dont l’extrémité seule est libre, est recouvert d’une peau molle, qui lui permet un mouvement facile dans tous les sens. Les. deux stylets qui le terminent, portent à leur extrémité trois onglets en forme d’épine, fig. 14, 6 8, dirigés en arrière, et servant à l'animal à se débarrasser des corps étrangers qui peuvent s'introduire dans les valves. Ces deux stylets forment par leur réunion un tube légèrement conique qui sert probablement à déposer les œufs. Dans sa situation naturelle, l’extrémité libre de l'abdomen se trouve recourbée 6* 44 “SUR LES Cypris, . sous le ventre de l’animal, comme chez tous les décapodes brachiures. De la partie antérieure et latérale du dos de lanimal, il part de chaque côté un gros faisceau de muscles, quise déve- loppe aussitôt en une large membrane fibreuse, fig. 4, 6, qui se réfléchit sur toute la face interne des valves, et forme le ligament de réunion de ces dernières, en se continuant lune par l'autre , le long du dos de l’animal. Les insertions de ces deux membranes, étant les seules parties qui unissent les valves au corps, il s’en suit que le rapprochement des premières ne peut avoir lieu que par la contraction de la partie musculeuse de cette même membrane, et que leur écartement qui n’est, jamais très-considérable, est produit par le ressort du corps qui leur est interposé. A la partie supérieure de la face antérieure du corps, on aperçoit un gros œil unique, fig. 2,3, b, et fig. 4, c, sous la forme d’un tubercule noir sessile, brillant d’une lueur phos- phorique d’un jaune rougeûtre. Cet œil est entièrement immo- bile, et je n’ai pas pu y distinguer la moindre trace de cris- tallin, probablement à cause de leur extrême petitesse; mais je présume qu’ils sont extérieurs, et réunis en calotte, comme chez la plupart des crustacés. L'intérieur de cet œil est rempli d’une substance filamenteuse d’un noir rougeâtre, dans laquelle je n’ai rien pu apercevoir d’intéressant. Les antennes, fig. 2, 3, c c, fig. 4, d d, et fig. 5, au nombre de deux seulement, sont insérées immédiatement au-dessous ‘de l'œil. Elles sont assez longues, sétacées, composées de sept articles, et se portent en avant, pour s’arquer ensuite en dessus en sortant des valves de deux tiers de leur longueur. CLASSE DES CRUSTACÉS. 45 Le premier article est très-renflé, les suivans cylindriques, et diminuant graduellement de grandeur; les quatre derniers portent ensemble au côté interne de leur extrémité quinze longues soïes développées en éventail et distribuées cinq sur chacun des deux articles terminaux, trois sur le suivant et deux sur le quatrième. Ces antennes, dont la surface est ainsi élargie par ces soies, servent de rames à l'animal, en frappant l’eau par-dessus la tête. Les pieds, au nombre de six, et non de quatre, comme on l’a pensé jusqu'à présent, approchent infiniment, pour la forme, de ceux des crustacés décapodes, étant composés de plusieurs articles consécutifs, conformés à peu près comme chez eux. Les preds de la première paire, fig. 3, d,fig. 4,e,et fig. vr, beaucoup plus forts que les autres, sont insérés immédia- tement au-dessous des deux antennes. Leurs deux premiers articles, la Lanche et la préhenchiale (1), fig. 11, ae 0, sont courts, comme cela est ordinaire chez les crustacés, et dirigés verticalement en dessous. La cuisse c, beaucoup plus longue, se porte au contraire horizontalement en avant jus- qu’au bord des valves, et la jambe et le éarse d'ete, en dessous, en sortant au dehors. Le tarse n’est composé que d’une seule phalange terminée par quatre crochets f, très- (1) Je donne ce nom au petit article qui se trouve placé entre la hanche et la cuisse de tous les animaux articulés marcheurs. Chez les crustacés , il est souvent moins mobile du côté de la hanche , dont il semble faire partie. Chez d’autres, il en est au contraire tres-distinct, et chez tous les insectes il est constamment inti- mement uni à la cuisse. 16 SUR LES CypPRIs, longs, mais peu courbés; c’est par leur moyen que l'animal se soutient et saisit les corps dont il veut se nourrir. Exté- rieurement au tarse, la jambe porte en outre trois longues soies très-fortes g, qui augmentent la surface du membre pour faciliter la nage ; cette paire de pieds étant la seule des trois qui serve de rame à l'animal, concurremment avec les. antennes, mais en frappant l’eau en dessous. La seconde paire de pieds, fig. 3, e, fig. 4, f, et fig. 12, beaucoup plus foible que la première, est fixée au milieu de la face inférieure du corps, immédiatement en arrière des organes de la bouche, fig. 4, 2 7 7. La hanche et la préhen- chiale, fig. 12, a et b, sont, comme dans les pieds anté- rieurs, fort courtes et portées directement en dessous; mais la cuisse c prend une direction horizontale d'avant en arrière, et la jambe et le tarse d et e sont dirigés en dessous en sortant des valves. Le tarse composé d’une seule phalange, comme dans les pieds antérieurs, se termine par un crochet unique très-long f, peu arqué et dirigé en avant, et la jambe manque des soies qui accompagnent celles des pieds antérieurs; aussi cette seconde paire de pieds ne sert-elle aucunement à la nage, mais exclusivement à la marche, concurremment avec les pieds de devant. Enfin la #roisième paire, fig. 4, g, et fig. 13, qui jusqu’à présent n’a point encore été aperçue par les naturalistes, est placée immédiatement en arrière de la seconde paire, mais elle ne paroït jamais au dehors, étant constamment recourbée en arrière et en dessus, en embrassant la partie postérieure du corps, dans une situation qu’affectent souvent les pieds de derrière de plusieurs crustacés, tels que ceux des gamarus. CLASSE DES GRUSTAGÉS. 47 La zanche, la préhenchiale et la cuusse, fig. 13,a bo, quoiqu’à peu près conformées et situées comme celles de la paire précédente, ont subi une torsion sur elles-mêmes, de manière que la 7emnbe et le £arse d, e, se ‘trouvent dirigés de bas en haut, et ces articles sont en ème temps beaucoup plus allongés que dans les autres pattes. Enfin le tarse se termine par deux crochets très-petits f, au lieu d’un seul, comme dans les pattes moyennes. Cette troisième paire de pieds ne sert d’aucune manière à la loco-motion, et semble exclusivement destinée à soutenir les ovaires, placés extérieu- rement sur la partie postérieure du corps. Quoique les branchies soient ordinairement fixées plus ou moins directement aux membres des crustacés, je n’en ai trouvé aucune trace à ceux des cypris, où ces organes ne sont attachés qu'aux parties de la bouche, comme nous le verrons plus bas. ® La bouche, fig. 4,2 mn, située vers la partie antérieure de la face inférieure du corps, est composée d’un /abre, d’une espèce de séerrum faisant les fonctions de Æyvre infe- rieure, d'une paire de r7andibules palpifères et de deux paires de #nächotres. Le labre, fig. 4, 1, et fig. 6, æ bce, est une grande pièce écailleuse en forme de capuchon qui revêt l’angle antéro- inférieur du corps, en ÿ formant une grosse saillie qui s’a- vance entre les deux pattes de devant. Il est fixé par quatre longues apophyses, fig. 6, d et c, deux de chaque côté, qui s'étendent sur les faces latérales du corps, avec lequel les deux antérieures à s’artieulent , tandis que les postérieures ©, donnant attache aux muscles qui meuvent le labre, sont sus- 43 sur LES Cyperis, ceptbles de s’abaisser et de se relever avec ce dernier. Le bord postérieur 4 e de ce labre, formant le bord antérieur de la bouche e d f, s'articule par deux angles latéraux d, avec deux angles correspondans du bord antérieur de la lèvre qui ferme la”bouche en arrière. De cette dispo- sition il résulte que, cette dernière présente une ouverture transversale ménagée entre deux lèvres articulées l’une sur l’autre. La lèvre inférieure d f g, qu’on pourroïit aussi appeler un s{ernumn, est une pièce triangulaire, fort allongée, pliée . en carène et s'étendant sur le milieu de la face inférieure du corps; elle est mobile comme le labre, et garnie de muscles sur ses bords latéraux. Les #2andibules, fig. 4, k, fig. 7, sont très-grandes, pla- cées extérieurement sur l'animal, en s'étendant depuis le milieu du côté du corps, obliquement en bas et en avant vers la bouche, dans laquelle elles pénètrent par leurs extré- mités incisives. Ces mandibules sont formées de deux pièces, fig. 7, ef et fa, dont la plus grande e f, ou proprement la mandibule, est terminée en pointe à son extrémité supérieure, où elle est fixée au corps par le moyen de la seconde pièce très-grêle & f, qui forme un angle avec la première, et va s’articuler avec le corps par son autre extrémité, et permet à la mandibule de suivre les mouvemens de la bouche. A leurs extrémités inférieures, ces mandibules se courbent subitement en dedans, pour aller à la rencontre l’une de l’autre. Leur extrémité incisive e e, est armée de cinq dents coniques, placées sur un seul rang, et diminuant de grandeur, à commencer par la première terminale. Sur le milieu de CLASSE DES CRUSTAGÉS. 40 leur longueur, chacune de ces mandibules porte un grand palpe filiforme c, formé de trois articles arrondis, terminés par des toufles de poils; et près de sa base, le premier de ces articles porte en outre une première lame branchiale très- petite d, terminée par cinq digitations. La moitié supérieure de la face interne de la mandibule présente une large fosse dans laquelle viennent se fixer les muscles moteurs à #, qui naissent de la face latérale du corps. Les deux z24chotres de la première paire, fig. 4,72, fig. 8, ont chacune pour base une large lame carrée, fig. 8,a bc, articulée par son angle interne postérieur-6, sur le bord latéral de la lèvre, tandis que le bord postérieur & à de cette lame donne attache aux muscles qui la meuvent. A son extrémité antérieure, cette première pièce de la mâchoire est garnie de quatre appendices en forme de longs mamelons mobiles 4 d, renflés à leurs extrémités, et se terminant cha- cun par une touffe de poils roides. Le premier externe de ces appendices porte seul un second article terminal très- court. Enfin le bord extérieur de la lame porte une grande branchie e,en forme de lame allongée et garnie à son bord supérieur d'une rangée de dix-neuf aiguilles simples, disposées en dents de peigne. Dans leur attitude naturelle, les deux lames carrées des mâchoires, ainsi que leurs appen- dices, sont appliqués sur la lèvre inférieure, de manière que les extrémités de ces appendices bordent l'ouverture de la bouche, tandis que les branchies se relèvent librement sur les flancs de l’animal. Les rnächotres de la seconde paire, fig. 4, », fig. 9, beau- coup plus petites que les précédentes, sont articulées sur Mém. du Muséum. À. 7. 7. 50 sur LES Cypris, l'angle postérieur de la lèvre, sur deux petites apophyses qui terminent cette dernière. Ces mâchoires sont formées chacune de deux articles consécutifs aplatis, fig. 9, & bete, dont le dernier est garni de poils roides à son extrémité, et porte à son bord externe un long mamelon arrondi d, que je regarde comme un palpe ; et non comme une branchie, qui seroit analogue de celle des mâchoires antérieures, et cela, à cause de sa grosseur et de la touffe de poils qui le termine ; carac- tère qui se rencontre fort souvent dans les palpes, et jamais dans les branchies. Cette seconde paire de mâchoire est fixée par l'angle interne postérieur & de son premier article, et s'applique également sur la lèvre inférieure. a Le canal intestinal, fig. 10, est divisé en trois portions très- distinctes : l’'æsophage, l'estomac et l'intestin. l'estomac bc occupe toute la région dorsale du corps. C’est une poche oblongue, très-volumineuse, dans laquelle je n’ai pu aper- cevoir aucune trace d’un appareil de mastication qui se ren- contre assez généralement chez les crustacés. L'œsophage a b est un canal étroit et fort allongé, se portant directement de la bouche vers l'extrémité antérieure de l'estomac, dans lequel il s'ouvre en dessous. . F'zntestin est une seconde poche simple c d, presque aussi grande que lestomac lui-même, et se rétrécissant vers son extrémité postérieure, où elle s'ouvre par l'anus, entre les deux stylets qui terminent l'abdomen. A son extrémité py- lorique, cet intestin communique avec l'estomac par une espèce de pédicule que forme ce dernier. Quoique Ledermüller prétend avoir observé laccouple- ment des cypris, j'avoue que je n'ai jamais pu trouver de ces CLASSE DES CRUSTACÉS. Br animaux unis par la copulation, et tous les individus que j ai examinés étoient chargés d'œufs. Sont-ils hermaphrodites, et obligés, comme les mollusques gastéropodes, à une fécon- dation réciproque ? ou bien les mâles ne se trouvent-ils qu’à une certaine époque de l’année seulement ? Ce'sont deux questions que je n'ai pas pu résoudre, n'ayant jamais vu ces animaux SpbnnIe Dans la premièresupposition, ils offriroient uñn Cas jusqu à présent inconnu chez les crustacés, et: qu: ‘où! ne peut guère admettre à priori. Cependant les apus, chez lesquels:on n’a également encore trouvé que dés femelles, semblent se trouver dans le même cas; et si les males n'exis- tent qu'à une époque déterminée. de Po comme cela a lieu chez beaucoup; d'insectes, je ne, sais comment ils ont pu m'échapper, ayant observé ces animaux à toutes les sai- sons de l’année. her tt . Les ovaires des cypris, fig. 4, p q, fig. 15,:@ 6 ce d, sont très-considérablés. : Ce:sont: deux gros vaisseaux simples, coniques, terminés en cul-de-sac à leur extrémité. et placés extérieurement: sur les côtés de la partie postérieure du corps; en s’ouvrant l’un à côté de l’autre, dans la partie antérieure de l’extrémité de l'abdomen, où ils communiquent avec le canal-formé par la: queue. De là, les ovaires se portent.en haut sur les:côtéside l'abdomen! Arrivés au bord dorsal des valves, au point à, fig. 15, ils se replient en dessous, se déta- chent du corps, et redescendent, en se portant un peu en arrière, jusqu'auprès du bord inférieur des valves, et se ecourbent ensuite de nouveau en dessus, en formant une orande boucle À c d,:qui se termine sur les côtés de l’abdo- mèn., Cette partie libre des ovaires est reçue dans une gaîne 7" La 52 SUR LES-CYPRIS, que lui présente la membrane qui double les valves, et dans laquelle elle est logée sans aucune adhérence. Les œufs sont parfaitement sphériques, recouverts d’une coque cornée assez solide, et renferment une pulpe homogéné onctueuse d’un beau rouge. Au-dessus de larticulation des mandibules, il sort de ae côté du corps un gros vaisseau conique, fig. 4,7 (où l’on n’a représenté que son insertion), et fig. 15,e, aveugle comme les ovaires, mais beaucoup plus court, et reçu comme eux sans adhérénce dans une gaine de la membrane des valves, dans laquelle il se porte obliquement en dessous et en arrière jusqu'au bord inférieur de-ces dernières. Ces vais- seaux sort remplis d’une substance gélatineuse , dans laquelle se trouvent suspendues de petites parcelles d’une substance verte ou noirâtre. J’ai tàché de suivre ces vaisseaux, afin de pouvoir déterminer leur usage; ils m'ont paru se rendre par un canal étroit dans l’œsophage, mais je n’en suis point cer- tain. Dans le cas où ils s’y rendissent, ce seroïent sans con- tredit des glandes salivaires, ou des cœcums; mais comme je nai point trouvé de véritables mâles chez ces animaux, et que ces mêmes vaisseaux paroissent avoir quelques rapports avec les ovaires ; par leur forme et leur singulière disposition, j'ai pensé qu'ils pourroïent bien être les testicules ; dans-le cas où l’on trouveroit qu’en effet les cypris sont herma- phrodites. Je n’ai point vu le cœur, que sa petitesse rend impossible à découvrir; mais comme cet organe varie assez peu d’une famille à l'autre, on pourroit à la rigueur indiquer: à priori sa forme et sa situation; mais comme ce n'est d’aucuünetim- CLASSE DES CRUSTACÉS. 53 portance pour la classification, je m'abstiens de faire à cet égard des conjectures qui pourroient être fausses. Il en est de même du système nerveux dont je n’ai pu apercevoir aucune partie. Habitudes. Les cypris habitent les eaux tranquilles, et quelquefois les ruisseaux dont le courant n'est pas rapide. L'espèce du cy- pris fusca se trouve même fort souvent en quantité prodi- gieuse dans les eaux stagnantes, et les baquets d’arrosement des jardins. Ils nagent comme nous l’avons déjà indiqué au commen- cement de ce mémoire, par l'action réunie des antennes et des pattes antérieures qui frappent l’eau avec une très-grande vitesse, tandis que les deux paires de pieds postérieurs ne concourent en rien à cette action. Le mouvement qui est ainsi imprimé au corps, est très-uniforme et assez rapide. Dans la marche et la course, ils n’emploient que les deux premières paires de pieds qui leur servent en même temps à saisir les corps dont ils veulent se nourrir ; et en général ces animaux sont très-agiles dans tous leurs mouvemens. Leur nourriture consiste généralement en substance ani- male.morte et en conferves, jamais je ne les ai vu attaquer des animaux vivans et sains; mais aussitôt qu’un insecte ou un ver,etc., mort ou blessé, tombe dans l’eau où se trouvent des eypris, ils se portent sur lui en quantité souvent consi- dérable pour le.ronger, en n’attaquant cependant que les parties entamées, chez ceux qui sont blessés, mais ils refusent de se nourrir de chair en putréfaction. 54 SUR LES CypPris, Les cypris au lieu de porter leurs œufs sur le dos ou sous le ventre après la ponte, comme le font ordinairement les branchiopodes, avec lesquels on les à rangés, et les déca- podes dont ils approchent beaucoup; ils les déposent au contraire de suite sur quelque corps solide, en les réunissant en amas souvent de plusieurs centaines, provenant de diffé- rens individus, et les y fixent par le moyen d’une substance filamenteuse verte, semblable à de la mousse, et les aban- donnent. Ces œufs restent dans cet état pendant environ quatre jours et demi avant d’éclore. Les jeunes qui en sortent naissent avec l’organisation qu'ils doivent toujours conserver; et ne sont par conséquent point sujets à des métamorphoses, comme cela a lieu pour les apus et les les cyclops, par exemple. Cependant dans le tout jeune âge, les valves sont un peu autrement conformées que chez les adultes; et comme les caractères spécifiques apréciables à l'extérieur ne peuvent être pris que dans la forme et la couleur des valves, on pourroit facilement prendre les jeunes pour des espèces dis- tinctes des adultes. ; Au sortir de l'œuf, les valves des jeunes cypris fusca, fig. 16, sont d’un beau rouge de sang, et au lieu d’être plus étroites en avant, comme chez les adultes, elles sont au contraire beaucoup plus larges à leur partie antérieure et rétrécies postérieurement. Les soïes des antennes ne parois- sent être qu’au nombre de cinq au lieu de quinze, et sont en même temps beaucoup plus courtes que chez les grands; et celles quiterminent les jambes des pattes antérieures sont également plus raccourcies. Du reste, je n’ai trouvé aucune différence entre les individus de divers âges. CLASSE DES CRUSTACÉS. 55 Comme les mares, dans lesquelles se trouvent les cypris, sont susceptibles de se dessécher pendant l'été, la nature à donné à ces animaux la faculté de pouvoir s’enfoncer dans la vase humide et d’y rester vivans jusqu’au retour des pluies. M. Bosc, dans son ouvragesur les crustacés, parle déjà de cette faculté qu'ont ces animaux. Pour m’en assurer, j'ai placé des cypris dans des bocaux où il y avoit de la vase. Les uns, je les ai laissés entièrement dessécher, tandis que j’ai entretenu la vase imprégnée d’eau à d’autres : les premiers périrent sans retour, mais les seconds reprirent leur mouvement dans l’in- stant même où je les ai replacés dans l’eau. Quoique ceux-là restèrent morts, leurs œufs ont conservé la faculté de pouvoir se développer, et ils éclorent quatre à cinq jours après avoir été remis dans l’eau. C’est, sans aucun doute, de cette ma- nière que les cypris se perpétuent dans les mares qui se des- sèchent entièrement à certaines époques de l’année. Disposition métlrodique. La grande différence qui existe entre les cypris et les autres genres de branchiopodes auxquels on les avoit réunis jusqu'à présent, m'engage à les en séparer pour en former un ordre particulier; ear chez tous les branchiopodes, c’est-à-dire chez tous les genres qui doivent rester dans cet ordre, tels que ceux de la famille des daphnides, les apus, etc., les pieds sont réellement convertis en branchies, ou servent du moins, principalement à l'acte de la respiration; tandis que chez les cypris, les pieds sont exclusivement loco-moteurs et les bran- chies ne tiennent qu'aux parties de la bouche. 56 SUR LES CyPris, La forme générale du corps des cypris est trop anomale pour qu’on puisse la comparer facilement à celle des crustacés des autres ordres. Cependant au premier aperçu, ces animaux paroissent approcher plus des daphnides que de toute autre famille; mais cette ressemblance ne souffre, comme nous le verrons plus bas, qu'une foible comparaison en détail. [ls s’éloignent plus encore des Zsopodes et des S/omapodes, avec lesquels ils n’ont aucun rapport, et diffèrent également beaucoup des Ærnphipodes par l'absence d’une tête et de segmens distincts, par la forme et la disposition des branchies, et enfin par la présence de la coque bivalve. Cependant la forme recourbée de leur abdomen, les organes de la bouche, les antennes et les pieds, les en rapprochent d’un autre côté. Ces mêmes rapports font également ressembler les cypris aux Décapodes, avec lesquels ils ont d’autant plus d’affinité que les uns et les autres n’ont point de tête distincte, et l'abdomen seul mobile; de plus la première paire de pattes est, comme chez les décapodes, beauconp plus considérable que les autres, et enfin le rapprochement qu’on peut faire entre le bouclier des décapodes et les valves des cypris, offre encore un trait essentiel de ressemblance. En effet, nous trouvons chez les as/acus mrarinus un large bouclier qui recouvre toute la partie antérieure du corps. Ce bouclier se divise par une suture transversale en deux parties, l’une antérieure qui correspond à la tête, et l’autre postérieure formant le bouclier propre au tronc ; celui-ci se partage lui- même en deux portions latérales par une suture qui règne à sa ligne médiane. Ce bouclier n’adhère au corps qu’à la région dorsale et s'étend librement sur les côtés de l'animal, CLASSE DES CRUSTAGÉS. 5; où il recouvre les branchies. Si son adhérence se réduisoit à un seul point pour chaque moitié, et si ses sutures deve- noient mobiles, nous aurions chez les as{acus marinus un bouclier divisé en deux valves, semblables à celles que nous observons chez les cypris. Les connexions que les cypris ont avec les vrais branchio- podes sont beaucoup moins grandes. Le corps de ces derniers est toujours divisé en un nombre plus ou moins considérable de segmens mobiles, portant chacun, à l'exception des der- niers, une paire de pieds branchifères ; tandis que les cypris présentent une disposition tout-à-fait différente pour le corps, et surtout pour les pieds, qui sont chez eux exclusivement loco-moteurs, et non branchifères. Enfin les parties de la bouche diffèrent totalement dans les deux groupes. Chez les cypris, on trouve deux mandibules garnies de palpes et de branchies, tandis que, chez les branchiopodes, ces or- ganes ne portent jamais aucun appendice. D’après les comparaisons que je viens d'établir entre les cypris et les autres ordres de crustacés, ils’ensuit: 1°. qu'ils avoisinent principalement les Décapodes et les Amphipodes d’une part, et les Branchiopodes d’une autre, en se rappro- chant cependant beaucoup plus du premier de ces ordres ; 20, qu'ils diffèrent des deux premiers par la présence de leurs valves mobiles, par la forme et l'insertion de leurs branchies, et par leurs ovaires placés à l’extérieur; ils s’éloignent de plus des Amphipodes par leur tronc non articulé et leur tête confondue avec le reste du corps; 30. ils diffèrent essentiel- lement des Branchiopodes par la forme et l’usage de leurs Mém. du Muséurn. Cure 8 58 sur LES CyPris, pieds, par l'insertion de leurs branchies et par les parties de la bouche. Ce sont ces divers caractères qui excluent les cypris de tous les ordres de crustacés, qui m’engagent à en former un ordre particulier, que je place comme une petite ramification à la suite des Décapodes; maïs non pas dans la série actuellement établie parmi les crustacés, mais en.placant à la tête de la classe les Zsopodes ; puis les Æmnphipodes qui donneront ensuite naissance aux Décapodes d'une part, et aux Sfoma- podes d’une autre. Des Décapodes on passera par une bifur- cation , d’une part à l’ordre formé par les cypris, et auquel je donne le nom d’Osrrapones (1), et de l'autre aux Cyclops et aux Branchiopodes par les Nebalia. Plusieurs branchiopodes suceurs, tels que les Dichelestion et les Cecrops, formeront une petite branche qui se liera aux Cyamus. Dans mon dernier Mémoire sur les crustacés, je donnerai à cette division les développemens nécessaires. L'ordre des Ostrapodes n'étant encore composé que des deux genres Cypris et Cythere, je le caractériserai de la manière suivante : ORDRE DES OSTRAPODES. Straus. Corps renfermé entre deux valves latérales. Point de tête distincte. Pieds ambulatoires. Mandibules palpifères. Branchies tenant aux organes de la bouche. I. Genre CyTHERre. Müller. Quatre paires de pieds. ————— (1) D’éclpaxoy (coquille) et de z8s, modos ( pied }, comme ayant le corps couvert d’une coque, et des pieds ambulatoires. CLASSE DES CRUSTACÉS. 59 MULLER, Entomostraca seu Insecta , etc. p. 63, pl. 7. Il. Genre Cypris. Müller. Trois paires de pieds. Deux antennes sétifères. Un seul œil. 1. C. fusca. Straus. V'alves longues de quatre tiers de millim., brunes, réniformes, plus étroites et comprimées en avant , couvertes de poils épars & peine sensibles. Antennes à quinze soies. Les valves étant translucides, on aperçoit au travers, la couleur du corps et des ovaires, ce qui fait souvent varier considérablement leur couleur apparente. JoBrOoT, Observations d’Hist. nat., etc., t.1, part. 2, p. 104, pl. 15, fig. o. LEDERMULLER, Æmusemens microscop. etc. , p. 58, pl. 73. 2. C. péncta. Straus. Long de six dixièmes de mill. Valves plus bombées en arrière, non- échancrées en dessous, couvertes de poils épars assez longs; le dos nu. Couleur verte , avec trois bandes grises se terminant en pointe en dessous. Cette espèce approche un peu du C. strigata ; mais elle en diffère par la forme et la couleur. 5. C. marginata. Straus. Long d’un millim. Walves vertes à marge blanchätre, beaucoup plus larges en avant qu’en arrière , également bombées aux deux extrémités , légèrement échancrées en dessous, et hérissées de poils roides très-apparens. Soies des pattes antérieures très-longues. Cette espèce diffère du C. pubera par la marge blanche de ses valves. Elle est rare aux environs de Paris. S* SUR LES CYPRIS, EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fic, 1. Le Cypris fusca de grandeur naturelle. >. Le même vu en dessus et grossi: &a, les deux valves; b, l'œil; cc, les œ PR 12, antennes. Le même vu de côté : a a, les valves; b , l'œil vu au travers des valves; ce, les antennes; d, les pieds de la première paire; e, ceux de la seconde paire; f, la queue. . Le même plus grossi encore, et dépouillé des valves, dont on n’a tracé que le contour a a a; b, portion et origine de la membrane qui double les valves ; c, l'œil; dd, les antennes dont on a enlevé les soies ; e, pieds de la premiere paire ; J', ceux de la seconde paire; g, ceux de la troisieme ; k 2, l'abdomen avec sa queue ou stylet; 2, le labre; &, la mandibule; 7, son Dep: m, la mâchoire de la première paire; 2, celle de la seconde paire; 0, la branchie fixée à la première paire de mâchoires ; pq, portion postérieure de l'ovaire gauche ( dont on a coupé la moitié terminale pour mettre à découvert les parties du corps qui sont placées dessous. Poyez fig. 15.); r, insertion du vaisseaue, fig. 15, que je regarde comme le testicule. . L’antenne gauche. s Les deux lèvres vues de côté: &, le labre; be, les quatre apophyses qui le fixent ; dfg, la lèvre; def, l'ouverture de la bouche ; d, articulation gauche du labre avec la lèvre; g, apophyses portant les mâchoires de la seconde paire. . La maudibule gauche vue de devant: &, la pièce qui la fixe au corps; D, les muscles moteurs ; c, la palpe; d, la branchie; ee, partie incisive. . La mâchoire gauche de la première paire : ab c, sa lame principale; dd, ses cinq appendices ; e, la branchie ( placée ici dans le même plan que la mâchoire ). $ La mâchoire gauche de la seconde paire: ab, son premier article; ce, le second article; d, son palpe. . Le canal intestinal : a b, l’œsophage ; be, l'estomac; c d , l'intestin. Le pied gauche de la première paire : a, la hanche ; #,la Dale, c, la cuisse; d, la jambe;e, le tarse; f, ses quatre croate les trois soies de la jambe. Le pied gauche de la seconde paire ; a, la hanche; D, la préhenchiale; c, la cuisse, d, la jambe; e, le tarse ; f', son crochet. PP: ANATOMIE DU CYPRIS FUSCA. 4 = J'éaus del + À Peloy scufp CLASSE DES CRUSTACÉS. ° Gr 13. Le pied gauche de la troisième paire : & , la hanche; b, la préhenchiale; ce, la cuisse; d, la jambe; e, le tarse; f, ses crochets. 14. L’extrémité de l'abdomen : «a , ses deux stylets ; db , leurs onglets. 15. La même que fig. 4, mais dont on a laissé les ovaires et les testicules en place, en supprimant les pattes : a be d,les ovaires; a b,leur partie fixe; c d, leur partie libre; e, le vaisseau , que je regarde comme une glande salivaire ou comme un testicule. 16. Le Cypris fusca dans le premier âge. 17. Le Cypris pincta de grandeur naturelle. 18. Le même, grossi. 19. Le contour du même, vu en dessus. 20. Le Cypris marginata de grandeur naturelle. 21. Le même, grossi. 22. Le contour du même, vu en dessus. 0° MÉMOIRE Sur Existence et la Disposition des Voies lacry- males dans les Serpens. PAR M.JULES CLOQUET, Docteur en Médecine, etc. Présenté à l’ Académie royale des Sciences le lundi 1°". mai 1820. Àz premier aspect les yeux des serpens paroïssent immobiles et dépourvus de paupières; cependant, si on les examine avec attention, à travers l'enveloppe cornée et transparente qui les recouvre et les protège à l’extérieur, on voit qu'indépen- damment des mouvemens propres à l'iris, ils se meuvent dans une grande étendue avec beaucoup de vivacité, et se di- rigent vers les objets qu’on présente à l'animal. Curieux de connoître |? disposition des organes de la vue, et surtout celle de leurs ,…ties accessoires dans les ophidiens, et n’ayant rien trouvé de satisfaisant à cet égard dans les auteurs que j'ai consultés (1), j'ai fait, sur plusieurs espèces appartenant (1) Kzein ( Jacq. Théod.) Tentamen herpetologiæ ; Leidæ et Gottingæ 1755, in-4°. Cet auteur dit simplement, en parlant des serpens, p. 4: « Non nulli cæcutire « dicuntur, utpote, oculis quidem instructi, ast densà tunicà tectis, cum alii DES VOIES LACRYMALES DANS LES SERPENS. 63 x à cette classe des reptiles, des recherches anatomiques et physiologiques que je vais avoir lhonneur de soumettre à l’examen de l'Académie. » penitus visu privati sint, ne vestigia quidem oculorum præstantes. » Et plus loin il ajoute, en parlant de la cécilie : « Et cæcilia non dicitur cæca, quod oculis » careat, sed quod illos valde habeat parvos. » LauRENTt (Jos. Nic. ). Synopsis reptilium emendata , cum experimentis circa venena et antidota reptilium Austriacorum. Viennæ, 1768, in-8°. Ce zoologiste ne donne aucun détail anatomique sur les yeux des serpens. Gray ( Edward). Observations on the class of animal called by Linnœus , am- phibia, particularly on the means of distinguishins those serpents which are venenous , from those which are no so. ( Philosoph. Trans. vol. 79 , p. 21-36.) On ne trouve rien sur l’anatomie des yeux des ophidiens dans cette intéressante dis-- sertation. DE LacéPène. istoire naturelle générale et particulière des Quadru- pèdes ovipares et des Serpens. M. de Lacépede dit seulement, en parlant des serpens : « Leurs yeux, garnis dans la plupart des especes d’une membrane » clignotante qui les préserve de plusieurs accidens et des effets d’une lumiere » presque toujours trop vive dans les climats qu’ils habitent, sont ordinairement » brillans et animés, tres-mobiles, très-saillans, placés de manière à recevoir » l’image d’un espace étendu. » Cuvier ( George). Leçons d’ Anatomie comparée, t. Il, p. 4—32. Ce célébre professeur dit, en parlaut des paupieres dans les reptiles : « Les serpens n’en ont » point du tout.» Et dans un autre endroit, à l’article des Glandes lacrymales, chez les reptiles , il ajoute: « Les serpens paroissent n’avoir aucune glande au- » tour de l’œil, non plus que les poissons. » Même vol. p- 441. BRoNGNIART ( Alex.). Essai d'une Classification naturelle des Reptiles. Paris, 1805 , in-4°. M. Brongniart n’a point occasion, dans cet ouvrage , de parler de la structure des yeux dans les serpens. = LATREILLE (Pierre-André). Æistoire naturelle des Reptiles ( faisant suite à l’é- dition de Buffon de Déterville). M. Latreille dit, à l’occasion des serpens : « Leurs » yeux sont brillans, animés et tres-vifs; leur prunelle peut aisément se dilater ou se » contracter pour admettre ou arrêter un plus grand nombre de rayons lumi- 64 DES VOIES LACRYMALES Les serpens sont généralement regardés par les zoologistes comme privés de paupières et de voies lacrymales. Ces ani- » neux; plusieurs espèces même ont les yeux pourvus d’une membrane cligno- » tante qui les garantit de l'impression trop forte de la lumiere. » Du reste, - aucun autre détail anatomique. Daupix (F.M.). Histoire naturelle générale et particulière des Reptiles. 8 vol. Daudin décrit la tête écorchée de la vipere élégante, mais il ne parle ni de la glande ni des voies lacrymales , et n’a point représenté ces parties dans sa fig. 30 de la pl. 36. Sera. T'hesaur. Il ne fait aucune mention des voies lacrymales dans les serpens. Brasrüs. Analome animalium. Cet auteur, qui donne plusieurs figures sur uelques points de l’anatomie des serpens, ne parle point des yeux ni des voies Jacrymales de ces animaux. Il en est de même de F. H. FariciUs D'AQUAPENDENTE et d'ANGELUS ABBATUS. Vosmarr. Description d’un Serpent à queue aplatie et à dos brun. Cet auteur dit seulement, p. 4, que «les yeux orbiculaires paroïssent être bleuâtres , ayant » un petit point blanc au milieu. Il n’y a ni paupières ni ouies. » Le même zo0- logiste , dans sa Description d'un Serpent à sonnettes de l'Amérique , avance que « les yeux, après la mort de l’animal et dans la liqueur, sont d’une couleur de » perle; mais pendant qu’il vivoit ils étoient étincelans, d’un brun foncé, » avec une raie perpendiculaire_qui s’élargissoit ou se rétrécissoit à raison de la » lumière. » Lier (J. van). Traité des Serpens et des Vipères qu'on trolve dans le pays de Drenthe, etc. 1781. J. Van-Lier dit, p.41, en parlant du coluber natrix : « Les » yeux sont grands et d’un brun clair ; la prunelle entourée d’un cercle jaune. » A la page 287 du même ouvrage , il ajoute : « Les serpens rampant à terre, ct » souvent au milieu de ronces et d’épines, ou dans des endroits sablonneux, ou » dans des cavernes, ont besoin de paupieres afin de préserver leurs yeux, » crainte que ces organes ne fussent endommagés par les parties piquantes des » plantes, par la chute des grains de sable, par la poussière ou par d’autres pa- » reilles choses nuisibles ; la bonne providence, qui voit tout, a, même en ceci, , » soin de ces animaux. » Russez (Patrik). /n account of Indian Serpents collected on the coast of Co- romandel, together with experiments and remarks on their several poisons. 17 06. DANS LES SERPENS. 65 maux s’écarteroient-ils autant de la disposition commune aux autres ordres de la même famille pour former une de ces ex- ceptions d'organisation si fréquentes parmi les reptiles? Je ne Russel donne, d’apres les dissections d’Everarn Home, la description de la tête et de l'appareil venimeux de plusieurs espèces de serpens. Il ne fait aucune men- tion des voies lacrymales de ces animaux , et ne les a pas figurées dans ses magni- fiques planches. Tisox (Edward ). Vipera caudisona americana or the Anatomy of à ratile- snake. ( Philos. Trans. vol. 13, n°. 144, p. 25.) Cet auteur dit à la p. 3, en par- lant du serpent à sonnettes: « The eyes was round, about a quarter of an inch » diameter; in colour the make of the pupil, and other respects, like a viper’s, » as indeed, except in the rattle, was the whole external shape of this animal. » There was a large scale jetting over the eye, which seemed to serve as a palpe- » bra for defending it from any thing falling on it; but I could not perceive » t was capable of closing, tho’ invards it seemed to haye a membrana nictitans, » which remove any dust that might adhere to the eye. » Du reste, Tison ne fait aucune mention de la glande ni des voies lacrymales. Craras (Moyse). Nouvelles Expériences sur la Vipère. 1694. Cetauteur annonce, p: 20 , que « les yeux de la vipère ont leur crystallin, leur uvée, leur cornée, » leurs paupières. » Il se trompe évidemment lorsqu'il dit, p: 13, que la peau de ce serpent présente des ouvertures au deyant des yeux; et quand plus loin il ajoute : « Quoique les yeux aient des paupières pour les couvrir au besoin, la » vipere les tient ordinairement fort ouverts lorsqu'elle voit quelqu'un, et son « regard paroît intrépide. » Kormprer ( Engelbert ). Tripudia Serpentum in Indi@ orientale, à la p. 565 de ses Amænitates exoticæ. I] ne fournit aucun détail sur l’organisation des serpens. BarrTramM(John ). 4 Letter concerning a cluster of small teeth observed in the root of each fang in the head of a rattle-snake ( Philos. Trans. vol. 13, n°. 144, p.25.) Dans cette lettre , Bartram ne traite que des dents du serpent à sonnettes. PLarr (Thomas). Letter from Florence, concerning some Experiments there made upon vipers. (Philos. Trans. vol. 7, n°. 87, p. 5060.) Il ne fait mention que d'expériences sur la morsure de la vipère. Hazc. An account of some Experiments on the effects of the poison of the Mém. du Muséum. À. 7. 9 66 DES VOIES LACRYMALES le pense pas, et je vais tâcher d’étayer mon opinion sur ce point encore obscur d’anätomie comparée, par les faits que mes dissections m'ont mis à même d'observer. Mes re- cherches ont été dirigées pour la plupart sur le serpent qu’on rencontre le plus fréquemment dans nos contrées, la cou- leuvre à collier ( coluber natrix ). C’est aussi de ce reptile que je parlerai spécialement, ayant soin toutefois de noter les remarques que j'ai pu faire sur les autres espèces que j'ai examinées. Le but que je me propose ici est d'abord de faire connoitre la disposition des enveloppesles plus extérieures de rattle-snake ( Philos. Trans. vol. 35, n°. 390, p. 309.) Cet auteur parle seulement de la morsure du serpent à sonnettes, et n’entre dans aucun détail anatomique. RawBy (John). Te Anatomy ofthe poisonous apparatus of a rattle-snake, with an account of the effects of its poison. (Philos. Trans. n°. 4or, p. 377.) Ramby ne décrit que l’appareil venimeux du crotale. Rept (Francesco). Osservazioni intorno all: Vipere. Firenze 1685, id. Letlera sopra alcune opposizioni fatte alle sue esservazioni intorno alle Vipere. Cet auteur ne fait aucune mention des voies lacrymales de la vipère. SPRENGELL ( Conrad J.). Some Observations upon Vipers. (Phil. Trans. vol. 32, n°. 376, p. 296.) Il ne dit rien de la structure de l’œ1l dans la vipere. Fowrawa (Felice ). Æicerche fisiche sopra il veleno della Vipera. 1767. Ce célèbre auteur ne dit rien sur la structure des yeux de la vipere. Livwæus ( Carol. ). Dissertatio : amphibia Gyllenborgiana. Resp. Barth. Rud. Hast. Upsaliæ 1745. Il n’est pas question, dans cette dissertation, des voies lacry- males des ophidiens. Mortau DE Jonnès. Monographie du Trigonocéphale des Antilles, ou grande Vipère fer de lance de la Martinique. « Lorsque ce serpent se dépouille de sa » peau, dit M. Moreau de Jonnès, la cornée qui est adhérente est remplacée » par celle appartenant à la peau nouvelle. » A la p.37, il dit, en parlant de la même vipère: « Le sens de la vue m'a paru le plus puissant de tous; les yeux » sont gros , saillans , mobiles, lumineux et scintillans. DANS LES SERPENS. 67 l'œil, et de constater l'existence des voies lacrymales chez les ophidiens, après quoi je présenterai quelques réflexions sur l'exercice des fonctions de ces mêmes parties. ANATOMIE. 10. De la Cavité orbitaire. L'orbite de la couleuvre à collier est une cavité assez profonde et arrondie, qui renferme l’œil et ses parties accés- _soires. Son contour est osseux dans les trois quarts de son étendue, et ligamenteux à sa partie postérieure. Il est formé emhaut par le coronal et par le pariétal; en bas par la branche externe de l'os sus-maxillaire; en arrière, par un ligament élastique, arrondi, qui se porte du pariétal à l'os précédent, et qu'on pourroit apppeler le ligament post-orbitaire QE en avant, il est constitué par un os particulier, sur lequel la machoire supérieure joue et se renverse, comme sur une espèce de pivot, pendant l'ouverture de la bouche, et que M. le. professeur Cuvier a regardé comme le 7ugal(2). Je _ pense que cette pièce osseuse, qui concourt essentiellement à la formation des voieslacrymales, doit être plutôt considérée comme étant analogue à l'os unguis ou lacrymal de la plupart (1) Dans une couleuvre d'Amérique, la couresse ( coluber cursor Lacépède ): -que M. Duméril a bien voulu me permettre de disséquer , j’ai observé que le li- gament post-orbitaire étoit tres-court, et en grande partie remplacé par une apophyse longue et grele qui naïssoit du pariétal. ARS (2) M. le professeur Cuvier dit, en parlant des os maxillaires supérieurs des serpens de son second ordre: « Ils sont articulés par deux points, d’abord vers leur » partie moyenne, comme un levier du premier genre, sur un petit os analogue » au jugal qui forme le bord antérieur de l’orbite. » Anat. comp. , t. III, p. 83. * So) 68 DES VOIES LAGRYMALES des animaux mammifères, et c’est sous ces noms que je la désignerai par la suite. L'os lacrymal de la couleuvre est aplati, allongé, quadri- latère, assez épais, surtout en dehors. Son bord externe est large, libre et recouvert par la peau, qui lui adhère peu; sa face postérieure est concave, et constitue la paroi antérieure de l'orbite. Elle offre à sa partie inférieure une ouverture ar- rondie, infundibuliforme, dont la partie évasée correspond à l'orbite, dont le sommet se dirige vers la bouche, et qui livre passage à la portion membraneuse du canal lacrymal, dont elle forme réellement la portion osseuse. L’os unguis, par sa face antérieure, correspond aux fosses nasales; il s'articule en haut et en dedans, par un bord assez étendu, avec le frontal; cette articulation est serrée, et peu mobile; en bas, il est uni par un ligament très-court, à la branche externe ou marginale de l’os sus-maxillaire, laquelle jouit d’une grande laxité, et se meut sur lui avec facilité; en dedans, il est attaché par un autre ligament à un petit os, qui le sépare de la branche palatine de la mâchoire supérieure, et qui entre lui- même dans la composition de l'orbite. Dans une père brasilienne ( vipera brasilana de MM. de Lacépède et Cuvier ), que M. le professeur Duméril a bien voulu me permettre d'examiner, l’os unguis est pro- fondément situé à la partie antérieure et interne de la cavité orbitaire. Il est quadrilatère, aplati transversalement, et plus large en haut qu’en bas. Sa face externe est concave; elle présente, à sa partie inférieure et postérieure, l’orifice ex- terne et évasé de la portion osseuse du canal lacrymal, lequel parcourt très-obliquement l'épaisseur. de l'os, pour aller se DANS LES SERPENS. 69 terminer sur sa face interne. Celle-ci est inégale, rugueuse, concave et convexe en sens opposé; elle porte en bas et en avant l'ouverture interne du canal précédent. Le bord supé- rieur de l’os est plus épais que les autres; il s'articule en ar- rière avec le coronal, et en avant avec l'os qui supporte le crochet. L’orbite de la vipère brasilienne est, ainsi que celui des autres vipères, différent, pour la forme, de la même ca- vité chez les couleuvres. Il est fortement échancré en avant, et semble se continuer avec une grande excavation pratiquée sur l’os que soutient la dent venimeuse (r). L’os unguis du boa devin ( boa constrictor) est très- épais, irrégulièrement quadrilatère. L'ouverture qu'il présente pour le passage du canal lacrÿymal est grande et oblongue. Dans une autre espèce, que M. Bosc regarde comme le boa groin, l'os unguis offre à peu près la même forme que dans le précédent; seulement il est simplement échancré, au lieu d’être percé, pour laisser passer le canal lacrymal. 20, De la Paupière. L’œil de la couleuvre est recouvert par une paupière unique fort grande, immobile, qui paroit comme enchâssée (1) Cet os offre une grande excavation arrondie, sorte de cavité borgne, la- quelle communique au dehors au moyen de l’ouverture située derrière la narine, et se trouve tapissée par une expansion tres-fine de la peau qui se prolonge dans son intérieur. Un nerf fort considérable se répand dans les parois de cette cavité, qui est peut-être le siége d’un sens particulier. On trouve une semblable dis- position dans la grande vipere fer de lance des Antilles. m0 DES VOIES LACRYMALES dans un cadre saillant que forme autour de Perbite un nombre variable d’écailles ; ordinairément de sept à huit. . Il règne entre ces deux parties un cul-de-sic circulaire peu profond (r). La paupière est formée de trois feuillets membraneux super- posés, qui sont, 1°. une lame épidermique, élastique, arron- die, concavo-convexe, assez épaisse au centre, et dont la cir- conférence, beaucoup plus mince et changée en une pellicule fort tenue, se continue manifestement avec l'épiderme qui revêt les plaques voisines de l'orbite. Cette lame cornée, par sa solidité, protège eflicacement l’œil ; sa face interne adhère intimement à la seconde tunique de la paupière. C’est elle seule, et non pas la cornée, quise détache et tombe, avec l’en- veloppe épidermique du corps, à l’époque de la mue, lors- qu'une nouvelle lame se trouve formée au-dessous d'elle, comme je m'en suis assuré sur plusieurs serpens qui se dé- pouilloient de leur épiderme. 20, Au-dessous de cette lame épidermiqne, on trouve la se- conde membrane ou tunique moyenne de la paupière. Elle est très-fine , molle, et cependant asssez résistante quand on cherche à la rompre. Parfaitement transparente au centre (2), elle renferme vers sa circonférence quelquesfibresblanchâtres, opaques, très-déliées, circulaires, qu’on ne peut bien voir que (1) Dans le trigonocéphale fer de lance, l’écaille qui se trouve au-dessus de l’œil est très-large, ovalaire, saillante, et forme une sorte de demi-opercule ou de sourcil qui retombe au devant de la véritable paupière et la garantit par sa saillie. Dans ce serpent , ainsi que dans la vipère brasilienne et la vipère commune, la vraie paupière offre la même organisation que dans la couleuvre. (2) Dans un blanchet (espèce d’amphisbèene) que j'ai maintenant sous les yeux , DANS LES SERPENS. 71 surune couleuvre nouvellement tuée, et que je soupçonne ètre de nature musculaire. Dans cet endroit aussi elle adhère par un tissu cellulaire très-dense au contour de la cavité orbitaire, et se continue manifestement avec la peau. Elle se plisse et s'affaisse dès qu’on l’a séparée de son enveloppe cornée ex- térieure ; enfin elle est tapissée à sa face interne par la troi- sième tunique de la paupière, laquelle est muqueuse et dé- pend de la conjonctive. Il est presque impossible d'isoler ces deux dernières membranes par la dissection , à cause de leur adhérence intime. On rencontre tout autour de la paupière, chez la couleuvre, une substance granulée, blanchâtre, demi-transparente, qui me paroit glanduleuse, et se trouve criblée d’un quantité considérable de pores (1). la peau présente, pour former la paupière, une petite plaque arrondie , assez épaisse, et dont l’opacité presque complete doit s'opposer au passage de la lumière et à la netteté de la vision chez cet animal, qu’on regarde généralement comme ayeugle. (1) Un anatomiste célebre a pensé que la membrane que j’ai décrite, comme la paupière chez les serpens, pourroit bien n’être que la membrane clignotante, tandis que les rudimens de la vraie paupière se trouveroïent dans les plaques arti- culaires qui circonscrivent l'orbite. Je ne saurois admettre cette opinion, que ne partagent pas non plus MM. les rapporteurs de l’Académie chargés de l’examen de mon opusecule. Depuis l’homme, en effet, où elle ne consiste qu’en un simple repli muqueux, jusqu'aux oiseaux, où elle forme un large voile, pourvu d’une glande spé- ciale, et mu par un appareil musculaire particulier, la membrane clignotante est toujours formée de deux feuillets muqueux adossés, et se trouve placée en dedans des points lacrymaux. Chez les serpens ,la membrane quicouvre et défend l'œil à l’ex- térieur, placée en dehors du .point lacrymal, présente au contraire tous les carac- ières d'organisation appartenant aux yraies paupières; si l’on ne rencontre pas dans son épaisseur de cartilages tarses, c’est qu’ils étoient tout-à-fait inutiles dans une 2 DES VOIES HACRYMALES 30. Des Votes lacrymales proprement dites. Les voies lacrymales se composent en général, dans les serpens, d'une glande lacrymale, organe sécréteur des larmes; d’un poche muqueuse formée par la conjonctive, dans laquelle le liquide est versé à mesure qu’il est sécrété; d’un conduit excréteur, ou canal lacrymal; et de plus, dans les couleuvres en particulier, d’une grande cavité anfractueuse qui reçoit les larmes et les transmet ensuite dans la bouche. 4°. De la Glande lacrymale. La glande lacrymale de la couleuvre est fort volumineuse relativement aux autres parties accessoires de l'œil, et se trouve placée derrière cet organe et le ligament post-orbi- taire. Sa forme est triangulaire ; sa face externe est récouverte par la peau, qui lui adhère peu. En haut et en arrière, elle est en rapport avec l’un des muscles protracteurs de la mächoire inférieure; en bas, elle est avoisinée par la branche externe de l'os sus-maxillaire et par la glande salivaire supérieure, dont elle est séparée par une branche considérable d’un nerf qui me paroît correspondre au facial. Par la face antérieure, qui est concave, elle adhère à la partie postérieure de la con- jonctive, au moyen de filamens nombreux, très-déliés, trans- parens, que je considère comme ses conduits excréteurs. Elle envoie un prolongement aplati entre la paroi inférieure de LA paupière entierement immobile dont ils n’auroient fait qu’altérer la transparence. C’est surtout dans les cécilies qu’il est facile d’étudier l’organisation des paupières chez les serpens , vu qu’elles sont fort épaisses , et presque entièrement opaques. DANS LES SERPENS. 73 l'orbite et le globe de l'œil; dans cet endroit elle offre égale- ment deux profondes gouttières qui recoivent chacune un des muscles de l’œil. La glande lacrymale est enveloppée par une membrane celluleuse très-fine. Elle est formée par des granulations ar- rondies, blanchâtres, assez volumineuses, réunies entre elles au moyen de vaisseaux et de nerfs qui la pénètrent par sa face interne. Plusieurs vaisseaux. sanguins et filets nerveux en sortent pour aller se perdre dans la peau qui la re- couvre. Dans la vipère brasilienne la glande lacrymale est aplatie, lo- bulée, jaunâtre, moins volumineuse que dans les couleuvres, et placée entièrement au-dessous du globe de l’œil, de sorte qu'elle n’a point, comme dans ces dernières, de rapports avec la peau, et qu’elle est assez difficile à trouver. Elle présente à peu près la même disposition dans la vipère commune (coluber berus) et dans la grande vipère fer de lance des Antilles (#71- gonocephalus lanceolatus de MM. Cuvier et Duméril). J'ai fait mes recherches relatives à ce dernier serpent sur un jeune individu que je dois à l'extrême obligeance de M. Moreau de Jonnès. | 5o, De la Conjonctive et du Canal lacrymal. La conjonctive dans les couleuvres représente un grand sae sans ouverture extérieure, qui d'une part tapisse la face in- terne de la paupière et la plus grande partie de la cavité orbitaire, et de l’autre revêt les deux tiers antérieurs du globe de l'œil, auquel elle adhère intimement, surtout au niveau Mém. du Muséum. .7. 10 74 DES VOIES LACRYMALES de Îa cornée transparente (r). Elle forme, entre cet organe et l'orbite, un cul-de-sac profond; en arrière, elle recouvre la glande lacrymale, à laquelle elle est unie par les conduits excréteurs que j'ai indiqués, et dont il est impossible de dis- ünguer les orifices, tant grande est leur ténuité. En avant et en bas de la poche qu’elle représente, se trouve un trou où pore arrondi qu’on n’aperçoit qu'avec beaucoup de difficulté sur certains individus, qui au contraire est très-visible chez d’autres, et peut admettre avec facilité une soie de sanglier. C’est le pornt lacrymal ; il est unique ainsi que la pau- pière, derrière et au-dessous de laquelle il se trouve, et se continue avec un conduit Kæezoraneux très-mince, demi-transparent, qui forme le canal lacrÿmal. Celui-ci se porte en bas et en avant, s’engage dans l’ouverture infundi- buliforme que lui présente l’osunguis, adhère peu à cet os, et se trouve en delà , placé dans la paroi externe des fosses nasales. Il ne communique pas avec ces cavit{s, mais, après un trajet de deux à trois lignes, il va s'ouvrir à la partie antérieure d’une grande poche anfractueuse qui reçoit les larmes, les transmet ensuite dans la bouche, et que je nommerai le sus ou sac tnter-maxtllatre. Dans la vipère brasilienne, la corforctive représente, der- rière la paupière comme dans la couleuvre, un sac oculo- palpébral. L'ouverture du canal lacrymal est fort large; ce canal lui-même est très-developpé, plus profondément situé et plus diflicile à préparer que dans les couleuvres; ses parois > (1) La conjonctive recouvre aussi en partie les muscles de l'œil ; ceux-ci sont au nombre de six. Îls entourent l’œil.en arrière, et se fixent, trois à la partie an- iérieure de l'orbite, et trois à sa partie postérieure. DANS LES SERPENS. 7ù sont minces, demi-transperentes; il se dirige horizontalement en avant, et vient s’ouvrirtrès-obliquement sur la paroi ex- terne des fosses nasales, au-dessous d'un renflement muqueux qui paroit tenir lieu de cornet inférieur. Dans une petite vipère grise de Cayenne, que mon frère regarde comme une espèce nouvelle, et que M. le professeur Richard a bien voulu me confier, le point lacrymal est des plus prononcés, et s'aperçoit dès qu'on ouvre le sac oculo- palpébral de la conjonctive. Sous le rapport de la conformation des voies lacrymales, on voit, d'après ce que je viens d'avancer, que les serpens offrent beaucoup d’analogie avec les animaux mammifères attaqués d’ankyloblépharon complet où d’adhésion congéni- tale du bord libre des paupières. Chez les uns et les autres, en effet, l’œil est recouvert par une seule membrane non fen- due qui se continue avec la peau, retient les larmes au devant de l'œil, et ne leur permet pas de s'écouler au dehors, du côté de la face. Go. Du Sinus ou Sac inter-maxillaire. Le sinus inter-maxillaire est une cavité fort spacieuse, dont la disposition est compliquée. Îl est double, et se trouve placé de chaque côté, entre les branches marginale et pala- tine de la mâchoire supérieure. Il est fermé en bas par la membrane palatine, et borné en haut par le bord inférieur de l'os unguis, la partie inférieure du globe de l'œil, le sac de la conjonctive et la glande lacrymale ; en avant il commu- nique avec celui du côté opposé, au moyen d’une branche 10 * Pa 76 DES VOIES LACRYMALES transversale qui passe au devant de la portion palatine de l'os sus-maxillaire , et envoie dans cet endroit un petit cul-de-sac qui se porte en arrière, entre la voüte osseuse et la mem- brane muqueuse du palais ; en arrière, le sinus inter- maxillaire se termine par un cul-de-sac placé en dedans de la commissure de la bouche, et envoie plus en dehors un grand appendice, lequel se prolonge derrière [a tête, entre la peau et les muscles, et finit lui-même en cul-de-sac. Le sinus inter-maxillaire fournit aussi un prolongement entre la peau et la face externe de la mâchoire inférieure. | Il est revêtu d’une membrane diaphane, nn sé- reuse, qui laisse apercevoir les organes sur lesquels elle se déploie, et tellement mince, qu’on seroit d’abord tenté de ner son existence dans plusieurs endroits, si un examen atten- üf ne la faisoit bientôt découvrir. Le sinus est également tra- versé par plusieurs branches vasculaires et nerveuses. Ii s'ouvre de chaque côté dans Ja bouche par une ouverture étroite située au devant de la branche palatine de la mâchoire supérieure (1). J’ai trouvé quelquefois plusieurs petites ou- vertures accessoires à la partie la plus antérieure de la mem- brane palatine. Elles établissoient une libre communication entre la cavité de la bouche et celle du sinus inter-maxillaire. Dans la vipère brasilienne, le sac inter-maxillaire existe, mais il ne reçoit point la terminaison du canal lacrymal comme (x) Lorsqu’on pousse un crin dans le canal lacrymal'par le point du même nom chez les couleuvres, assez souvent il vient ressortir par la bouche à travers cet orifice, ce qui m'avoit fait croire que leur canal lacrymal s’ouvroit directement ans la bouche , avant que j’eusse examiné avec plus d’attention la disposition des parties. F DANS LES SERPENS. pui dans les couleuvres. Il communique simplement avec la bouche par une ouverture placée derrière le crochet, ce dont on peut s'assurer en l'insufilant. On voit alors l'air ressortir par cet orifice. Il existe donc une grande différence entre la terminaison des voies lacrymales dans les couleuvres et dans les serpens à crochets, puisque, dans les premières, les larmes tombent dans la bouche après avoir passé dans le sinus inter-maxillaire, tandis que, dans les derniers, elles s’écoulent directement dans les fosses nasales. Son beroi On peut tirer les conclusions suivantes des faits anatomi- ques que je viens de rapporter, et que j'ai vérifiés, la piupart avec une scrupuleuse exactitude, sur plusieurs individus. 10. Les ophidiens sont pourvus d’une paupière unique, non fendue, et formée de plusieurs membranes superposées. 20. [ls présentent des voies lacrymales complètes, com- posées d’une glande lacrymale, organe sécréteur, d’une suite de conduits exciéteurs non interrompue depuis cette glande jusqu’à la bouche ou jusqu'aux fosses nasales, et qui sont les canaux déliés qui sortent immédiatement de la glande , la grande cavité que forme la conjonctive oculo -palpébrale , le canal lacrymal proprement dit, et de plus le sinus ou sac inter-maxillaire pour les serpens non venimeux (r). (1) J'ai cherché, dans plusieurs espèces de poissons, s’il ne seroit pas possible de retrouver, dans/les enveloppes extérieures de l’œil, quelque disposition qui offrit de l’analogie avec celle qu’on observe dans les serpens; je n’ai rencontré rien de semblable à une glande lacrymale dans ceux que j’ai disséqués. Voici ce que j’ai aoté pour l’œil de l’anguille (muræna anguilla Lacépede) : « La peau au niveau de l’œil devient transparente sans perdre de son épaisseur , et forme une sorte de 18 DES VOIrS LACRYMALES PHYSIOLOGIE. Les organes de la sécrétion et de l’excrétion des larmes étant connus chez les serpens, voyons maintenant comment ils doivent remplir leurs fonctions. ‘ Les larmes sécrétées par la glande lerymale passent par disque cifeulaire, véritable paupière, au-dessous de laquelle Poil jouit de mou- yemens étendus. Ce disque adhère assez intimement au pourcour de la cavité orbitaire, et se trouve-entouré d’un tissu adipeux, demi-transparent, fort abon- dant. Sa face interne est unie par du tissu cellulaire lâche, extensible , aréo- laire, diaphane, humecté d’une humeur: gluante, à la face antérieure de la cornée transparente ; qui est molle! et tres-mince ; d'ou il résulte que dans l’anguille:il n existe pas ».CONTme dans les serpens, de cavité muqueuse entre la paupière € et la cornée , mais bien que ces deux parties sont Simplement umies par des liens cellu- leüx. L° il doit sa grande mobilité à deux membranes séreuses fort minces , véri- tables sacs sans ouvertures, qui tapissent d’une part le fond de l'orbite, et re- vêtent de l’autre la partie postérieure du globe de l'œil. Voici quelle est leur dis- position : De ces membranes, l’une est supérieure; après avoir tapissé la pariie cor- respondante de l'orbite, elle seréfléchit sur la partie supérieure de l'œil, et forme, ‘en'se déublaïit deux gaînes qui entourent chacune un desmuscles de cet organe; en Das elles’addsse de chaque côté.de Pœil, avec la membrane’séreuse inférieure ; pour former ayec-elle une sorte de médiastin, de cloison horizontale qui sépare le fond de l'orbite en deux cavilés , el se trouve ainsi composée de deux feuillets, entre les- quels où rencontre le nerf optique et l’un des musclesde l’œil. L’autre membrane séreuse est inférieure ;-elle;se-comporte comme la précédente , revêt la partie cor- respondante de l'orbite, la partie postérieure et inférieure du globe de l’œil, concourt à la formation de la cloison moyenne, et présente aussi deux gaïînes pour des muscles de l'œil. Dans lesiserpens, comme dans la plupart.des animaux, l'œil, pour s’accommo- ‘der à la position dessobjets, se meut de telle sorte, queisa partie antérieure exé- ioute des mouvemeèns beaucoup -plus-étendus quela postérieure, quiestpour ainsi dire le centre de :ces inouvemenis. Chez eux , la partie antérieure de l'œil est accommodée à:la grande mobilité dont elle jouit; elle-est revêtue de membranes DANS LES SERPENS. 79 ses conduits excréteurs dans l’espèce de sac que forme la conjoncüve entre l’œil et la paupière; elles lubréfient'ces parties, permettent à l'œil de rouler avec facilité dans Porbite, de glisser sur la paupière, et de se porter dans telle ‘ou telle direction. Pour m'assurer du passage des larmes dans la cavité de la conjonctive, j'ai enlevé un petit lambeau à la partie inférieure de la paupière sur une grosse couleuvre très-vivace. Bientôt cette plaie avec perte de substance laissa échapper les larmes sous forme de gouttelettes séreuses, transparentes, peu abondantes, mais dont la quantité angmentoit lorsqu'on irri- toit l'œil par des agens chimiques ou mécaniques. La plaie resta béante neuf ou dix jours (1), et la couleuvre porta pendant ce temps une véritable fistule lacrymale’, accom- pagnée d’un larmoiement accidentel, ou plutôt les larmes s’écoulérent alors chez elles, tout à la fois à l'extérieur et à lâches, extensibles, plissées, centiguës seulement à celle des paupières ; tandis que la partie postérieure étant moins mobile, a des connexions plusétroites. Dans plusieurs poissons, et dans l’anguille en particulier, on :trouve une disposition tout-à-fait inverse; en ayant, des connexions celluleuses assez intimes entre la paupière et le globe de l’œil; en arrière , des membranes séreuses tres-lâches entre cet organe et la cavité orbitaire. Aussi, dans ees derniers animaux, Pl ecamene pendant la vie paroît-il peu mobile, parce que sa partie antérieure, qu’on aperçoit seule à l'extérieur , ne;permet que des mouvemens peu étendus en com- paraison de ceux qui ont lieu à sa partie postérieure, et dont elle forme en quelque sorte le centre: (1) Au bout de ce temps il s’étoit développé une inflammation avec: exsudation d’une lymphe opaque, plastique, laquelle ferma :l’ouverture fistuleuse en éta- blissant des adhérences entre l’œil.et la paupiere.. Cette dernière membrane à perdu une partie de sa transparence , et l’œil n’est plus aussi mobile qu'ayant la blessure , à cause des adhérences qu’il a contractées. 80 DES VOIES LAGBYMALES l'intérieur, comme cela s’observe chez les animaux dontes paupières sont fendues. 1 ÿi Après avoir séjourné plus ou moins Jong-temps dans la cavité de la conjonctive, les larmes sont absorbées par Île point lacrymal, et portées chez les couleuvres, par le:canal du même nom, dans le sinus inter-maxillaire, sans avoir subi le contact de l'air, sans avoir été évaporées en:pañtie, comme on le remarque dans le plus grand nombre des animaux. Elles peuvent se répandre dans toutes les anfractuosités du sinus, les humecter, les lubréfier, avant de passer dans la bouche par l’ouverture placée au devant de la branche palatine de la mâchoire supérieure. Mais les larmes répandues dans la cavité principale du sinus inter-maxillaire et dans les prolongemens qu’il envoie entre les diverses pièces osseuses dont se composent les mächoires, ne doivent-elles pas avoir pour usage de lubréfier ces pièces, de faciliter le jeu compliqué de leurs mouvemens ? Fout porte à le penser. Ici le fluide lacrÿymal auroit donc le double usage de facilitér en même temps les mouvemens de l'œil dans l'orbite et ceux des machoires. Les larmes ne peuvent-elles pas aussi s’accumuler dans le sinus inter-maxillaire, pour pénétrer ensuite dans la bouche comme par une sorte d'expression, et se mêler aux sucs mu- queux de cette cavité, lorsque les os de la mâchoire supérieure s’'écartent, et que l'animal a saisi une proie volumineuse, qu’il doit invisquer d’une salive épaisse et gluante ? Sous ce rapport, elles serviroient eflicacement à la déglutition. Pour m'assurer de la possibilé de l’accumulation des larmes dans la cavité du sinus inter-maxillaire, j'ai pris une grosse DÂNS LES SERPENS. 81 couleuvre très-vive. Après avoir essuyé avec soin l'humeur visqueuse qui couvre la voûte palatine, je serraï avee force, pendant environ cinq minutes, entre l'indicateur et lé pouce, la partie antérieure de la mâchoire supérieure ; ‘dé manière à m’opposer à l'écoulement des larmes par l'ouverture buc= cale du sac inter-maxillaire; j'irritai les yeux à l'extérieur, afin d'augmenter la sécrétion. Lorsque je cessai de compri- mer la voûte palatine, les larmes, retenues, accumulées dans les voies lacrymales, s’écoulèrent en assez grande quantité par l’orifice buccal du sinus, sous l'apparence d’une humeur séreuse, transparente, non visqueuse, insipide. L’écoulement devint encore plus copieux lorsque je comprimai darrière en avant, avec un stylet mousse, le sac inter-maxillaire , entre les branches palatine et marginale de la mâchoire supérieure. Les larmes, dans les couleuvres, se mélent aux sucs mu- queux de la bouche sans passer par les fosses nasales, comme on le remarque pour les serpens à-crochets et pour la plupart des animaux pourvus de voies lacrymales. Dans les sérpens venimeux, les larmes tombent dans la bouché par louver- ture postérieure des fosses nasales. Le point lacrymal, dans les ophidiens, jouit-il de la force active d'absorption que l’on admet dans la même partie chez les autres animaux ? Cela est possible. Cependant cette force d'absorption n’est point ici rigoureusement nécessaire, et l’on conçoit que l'accumulation seule du liquide dans une cavité qui ne présente pas d'autre issue que le point lacrymal, peut suffire pour son passage dans les autres parties de l'appareil excréteur, Îl est à présumer que les mouvemens de l'œil, et peut-être ceux du cercle comme musculeux que présente la Mém. du Muséum. t. 7. 11 [a] 82 DES VOIES LACRYMALES circonférence de la paupière, facilitent le passage des larmes dans le sac lacrymal. : Dans les serpens, les paupières.étant transparentes, ne sau- roient dérober l'œil au contact de la umière qu'elles laissent passér-; aussi, chez eux, la membrane iris ‘est-elle très- mobile et peut-elle fermer presque entièrement la pupille, comme.on le remarque dans les animaux nocturnes. La paupière diaphane des ophidiens forme le. premier * milieu réfringeant de la lumière , et doit être prise:en consi- dération dans l’explication de la vision chez ces animaux, ainsi que la couche très-mince des larmes qui se trouvent entre l'œil et cette membrane. Les fibres musculaires que je erois avoir reconnues autour de la paupière ne peuvent-elles pas aussi, en se contractant ou.en se relàchant, augmenter ou diminuer la convexité de la paupière, rendre par conséquent sa force de réfraction plus ou moins énergique, et jouer un rôle actif dans les phéno- mènes de la vision ? À L'épaisseur et la dureté de la larme épidermique de la paupière soustraient eflicacement l'œil à l’action des corps extérieurs que le serpent rencontre dans sa marche > que souverit il ne peut éviter ni éloigner, et qui auroient pu en- dommager l'organe délicat de la vue. Sa surface , parfaite- ment lisse et polie, ne permet pas non plus à la poussière de lui adhérer et de troubler sa transparence. Tom : 4 - ORGANISATION DES VOIES LACRYMALES CHAZ LES SERPENT. DANS LES SERPENS. 83 x h EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fic 1... Os lacrymal de. la jcouleuvre commure (coluber natrix) yu par sa face postérieure ouorbitaire. f f a. Bord supérieur. D. Bord inférieur. c. Bord externe. d. Bord interne. t ont e. Ouverture par, laquelle passe la portion tee de. canal lacry mal. Fic. 2. Le même os vu par son bord externe. ararotios elisE Frc. 3. Le même os vu par sa face antérieure. ‘fo a. Bord supérieur. &. Bord inférieur. c. Bord externe. d. Bord interne. ask ti 109 …e. Ouverture qui.livre passage à la portion membraneuse du canal acrymal. Fic, 4. Os lacrymal dela yipère brasilienne vu par sa face externe ou orbitaire. a. Bord supérieur. f . i à b. Bord inférieur. c. Bord postérieur. d. Bord antérieur. e. Orifice externe. du conduit, qui traverse obliquement l'épaisseur ‘à los, … et reçoit la portion membraneuse du canal lacrymal. Fic. 5. Le même os vu) par sa face interne ou nasale. a. Bord supérieur. d. Bord'inférieur. c. Bord postérieur. d. Bord antérieur. ï : e. Orifice interne du conduit qui. traverse obliquement l'os, et recoit la portion membraneuse du canal lacrymal: Fic. 6. Tête de la couleuyre commune , grandeur näturelle. a. Os lacrymal. b. Branche externe de la mâchoire supérieure. c: Os frontai. ! d. Ligament post-orbitaire formant la partie postérieure du pourlour de l'orbite. : Fic. 7. Os lacrymal du boa groin. ai 84 pes Voies LAGRYMALES DANS LES SERPENS. Kic. 8. Tête de la couleuvre commune, dépouillée seulement de sa peau. a. Os lacrymal. NE à B. Glande lacrymale, passant sous le ligament post-orbitaire, et appliquée derrière l'œil. : 6. OEïl enveloppé du sac oculo-palpébral que lui forme la paupière et'la conjonctive. On voit le conduit membraneux que ce sac envoie à travers l'os unguis, et qui constitue le canal lacrymal. d. Fosses nasales. e. Glande salivaire supérieure. J: Glande salivaire inférieure. Fié. 9. Coupe verticale de l'œil de la vipère commune, pour faire yoir la disposi- tion de la conjonctive. a. Le globe de l’œil. b. Le nerf optique. ec. La paupiere. dd. Les écaïlles qui environnent la paupiere , et dans lesquelles elle paroît comme enchâssée. ée. Replis ét culide-sac que forme la conjonctive oculo-palpébrale en se réfléchissant de la cavité orbitaïre sur le globe de l'œil. fe Cavité du sac oculo-palpébral de la conjonctive. Fc. 10. Vue de l’intérieur de la bouche de la couleuvre commune ( culuber natrix). a. Mâchoire supérieure. db, Mächoire inférieure fortement abaissée ; entre ses branches on voit la langue sortant de son fourreau et l’ouverture du larynx. e. Ouverture postérieure des fosses nasales. d. Sinus inter-maxillaire, dont on a enlevé la paroi inférieure, afin de mettre sa cavité en évidence. e. Ouverture du sinus inter-maxillaire dans la bouche, au-devant de la branche palatine de la mâchoire supérieure. : f. Paroi inférieure du sinus inter-maxillaire. Fic. 11. Voies lacrymales de la vipere brasilienne. a. La dent venimeuse, enchâssée dans l’os qui la supporte: &. Os lacrymal où unguis. e. Glande lacrymale. 4. L’œil enveloppé dans le sac oculo-palpébral de la conjonctive, lequel envoie un tuyau membraneux dans le canal oblique que présente ’os lacrymal. MÉMOIRE SUR PLUSIEURS DÉFORMATIONS DU CRÂNE DE L'HOMME: SUIVI D'UN ESSAI DE CLASSIFICATION DES MONSTRES ACÉPHALES. Lu à Académie des Sciences, en octobre 1820, PAR M GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. J E me suis proposé de revoir tous les différens systèmes de pièces osseuses dont se compose le crâne des animaux ver- tébrés; mais en poursuivant cette entreprise de la manière dont je l’ai commencée, et dont on a pu prendre une idée d’après mes derniers écrits sur l'oreille externe et sur le sphénoïde (1), j'aurois à regretter de laisser sans les traiter plusieurs des principales considérations de ce sujet; car ce n'est pas tout sans doute que de connoître les divers élémens primiufs qui entrent dans la composition de chaque système (1) Voyez les deux Extraits placés à la suite de ce Mémoire. 3 P 4 86 sur DES DÉFORMATIONS osseux, de dire quels sont l'intérêt, la prédominance et les fonctions de chacun, et d’en montrer le mode d’association variable de famille à famille: ce seroit se borner à ne les considérer que dans des conditions individuelles et de pre- mier âge. Si, sous ce point de vue, ce ne sont encore que des matériaux, il nous reste à les embrasser sous celui de leur tendance finale, de leur groupement, et de leur emploi simultané dans l’organisation. Appuyés les uns sur les autres, puis soudés entré eux, ils forment plusietus grands systèmes, dont l’ensemble acquiert des relations nouvelles plus éten- dues et susceptibles de plus de complications. $ LE ConsIDÉRATIONS PHYSIOLOGIQUES. Du degré d'influence dans l'organisation accordé jusqu'ici | au Système nerveux. On a voulu tout récemment classer les systèmes organiques selon leur ordre de plus grande utilité, et l’on auroit donné dans cette combinaison le premier rang au système nerveux : où plutôt on l’a jugé à une distance inappréciable des autres ; on l’a placé hors de ligne; on en fait l’ètre par excellence. C’est, dans cette haute généralisation, c’est tout l'animal ; les autres systèmes ne sont là que pour le servir et pour l’entreterir. Peut-être faudra-t-il revenir sur les faits qui ont motivé cette conclusion. Il se pourroit qu’elle ait été donnée d’une manière trop générale, ou du moins qu'elle füt anticipée. Qui sait si l'influence des nerfs ne se borne pas à un rôle sim- pu Crane pe L'Homme. 87 plement passif? s’il n'y à pas pour seul être d’une activité réelle, pour seul agent en cweulation , un fluide (1) #2por- déré, soit le! calorique (2),'soit un tout autre fluide de même caractère, et dont la nature resteroit à déterminer ? si tout le mystère de l’essence des nerfs ne tiendroit pas à leur pro- priété conductrice, rendue profitable pour l'animation des corps organisés, efficace enfin, par les qualités contraires des tissus cellulaires, aponévrotiques ou fibreux dans lesquels les nerfs se répandent (3) ? : Le système artériel puise ses matériaux parmi les produits (1) Je répugne à prononcer le mot de fluide impondérable, parce que je répugne à déclarer qu’une incapacité est absolue , quand je l’ignore. ; (2) J’avois annoncé, dans un grand travail dont je m’étois occupé en t$or, étant alors dans Alexandrie d'Egypte, qu’assiégeoïient les Anglois, que toute contrac- tion musculaire s’opéroit par un changement de composition chimique, par l’afflux d’abord , et puis par la retraite du calorique. J’ai écrit, communiqué, mais non publié ces vues par la voie de l’impression: je suis flatté d'apprendre qu’elles ont été accueillies, ou ont été également concues de propre inspiration, par des sayvans placés au premier rang des physiologistes de l’époque ac- tuelle. (3) On s'occupe de nouveau des tissus primitifs , et l’on paroït présentement dis- posé à n’en admettre qu’un seul , générateur de tous les autres. Cependant , n’en existeroit-il pas deux essentiellement distincts, deux daus ce sèns que l’un et l’autre s’assimilent des matériaux différens , empruntés ou à des corps combustibles, ou aux corps comburans ? De cette circonstance on concluroit la raison de leur Due priété conductrice ou non conductrice. La maniere d’être de la lumiere en tra- versant les corps transparens répond à celle du calorique s’échappant des sub- s'ances métalliques, en ce point qu’il y a de même transmission, circulation. Cela posé, Porganisation seroit-elle, dans l'essentiel de sa structure, constituée en tissus sur cette donnée, et formée de doubles routes particulières pour la circu- lation de chacun de ces deux fluides ? 85 SUR DES DÉFORMATIONS de la nutrition; le système veineux les siens, pour une sur- augmentation de carbone, dans le sang artériel; le système respiratoire ( proposition toute à démontrer, je le sais, mais dont je crois pouvoir un jour donner une démonstration satisfaisante }, le système respiratoire convertit le carbone en calorique, et celui-ci, devenu libre, se répand dans la substance des nerfs. Le calorique en suit nécessairement les ramifications, étant contraint à le faire par les barrières qui en empêchent l’extravasion latérale, c’est-à-dire par un tissu non conducteur. Tous ces systèmes versent les uns dans les autres, et tous ainsi me paroissent jouir d’une égale eflicacité dans le rôle qui leur est propre. Le nerveux n’est pas plus animalisé que les autres; il ne constitue pas plus l'essentiel de l’être que les appareils conducteurs d’une machine élec- trique n’en forment les parties prépondérantes. Toutefois, s’il me falloit opter, et nécessairement accorder quelque supériorité à l’un de ces systèmes, je pencherois pour les enveloppes non conductrices des nerfs, pour le tissu cellulaire ou aponévrotique. C’est là proprement la chaîne de toute étoffe organique. Et en effet, il me semble que ce qui impose des barrières à la circulation du calorique, que ce qui en maitrise l’allure, et ce qui en empêche une répartition capricieuse, exerce un empire plus réel et.plus décidé sur les puissances de l’organisation. Le tissu aponévrotique, consi- déré comme servant de tunique aux nerfs, règle l'emploi et la dissémination du calorique, tient l’être sous des conditions par conséquent tout-à-fait déterminées, et de cette manière renfermeroit plus particulièrement en lui l'essence de l’ani- mal ainsi qu’on l'entend. pu CRANE DE L'HOMME. 89 Du Système osseux sous le rapport de son importance. Comme imposant de semblables barrières, un autre sys- ième vient disputer le premier rang au tissu aponévrotique ; c'est le système osseux. Qui isole mieux chaque appareil nerveux ? qui en sépare plus eflicacement les principaux jeux ? Le tissu osseux existe où commencent les nerfs, il en coifte les matrices, il en protège toutes les souches à leur départ; le crâne et chaque vertèbre en sont autant d'exemples. Ainsi tout nerf, dans ses ramifications terminales, est en- gainé dans du tissu cellulaire; il l’est, à son origine, dans du üssu osseux. Ces deux tissus se rencontrent donc sur la même ligne, remplissant de la même manière les plus hautes fonc- tions de l’organisation. Mais si cette rencontre n’étoit pas fortuite, si cette similitude d’usages avoit sa source dans une grande parité d'organes, s'il n’y avoit entre les uns et les autres qu'une différence de plus à moins, si l’un présentoit un mnaxünum de développement, et l’autre un 7z71mum de composition, nous aurions enfin l'explication d’un fait qui m'avoit toujours paru fort extraordinaire, dont j'ai long- temps voulu douter, et que j'avois décidément rapporté sans le comprendre; c'est l'importance et la prédominance du système osseux sur tous les autres. Afin d’être mieux entendu relativement à la manière dont je concois que les fluides impondérés se jouent, chez tous les êtres organisés, selon le mode et le degré d’organisation de chacun d’eux, et par conséquent dans un ordre constant et toujours harmonique pour chacun, je me représente le volet d’une fenêtre où l'on aüroit pratiqué un certain nombre de Mém. du Muséum. 1. 7. 12 90 SUR DES DÉFORMATIONS pétites ouvertures. Ce volet fermé, l'appartement, qu'il prive de toute sa lumière possible, reçoit ses nouvelles conditions de visibilité de ces issues ménagées. Tous les rayons lumineux qui ÿ pénètrent sont projetés sur la muraille opposée. Là sont donc des ondes lumineuses coordonnées entre elles comme le sont les ouvertures elles-mêmes du volet. Que le soleil conti- nue à parcourir son orbite, l’image déposée se déplace pareille- ment, et est ainsi successivement visible sur divers autres points du fond de l'appartement. Supposons présentement qu’un observateur, occupé à suivre ces transports d'images, ne soit pas plus au courant de ce qui en est la cause que nous ne le sommes de la circulation des fluides impondérés dans les corps organisés. Que pensera- til de cette configuration, surtout s’il y apercoit.des lignes lu- mineuses en séries parallèles qui lui paroîtront nécessairement avoir quelque chose de combiné? Mais bien plus, si cet ordre de phénomènes, où il ne pourra méconnoître une action, où il remarquera des déplacemens réguliers, et où il pourra prévoir d’un jour à l’autre le retour périodique des mêmes images arrivant sur les mêmes points; si, dis-je, cet ordre de phéno- mènes lui donne l’idée d’une organisation très-compliquée, où seront pour lui les parties productrices de cette mystérieuse apparence, les élémens de cette sorte de machine ? Où cher- cherat-l enfin les conditions spéciales de ces configurations particulières? Sera ce dans l'essence du fluide lumineux ? Mais celui-ci existe généralement, et avec une déftination fixe, celle de se répandre uniformément partout. Il faudra bien que ce soit dans les obstacles imposés à ce fluide, dans la disposition même de ces obstacles, qui laisse des mailles libres pu CRANE DE L'Honuue. O1 pour la transmission de quelques jets du fluide lumineux. Vous aviez, je suppose, une image circulaire, et vous en voudriez une autre à parties distribuées, par exemple, comme les cases d’un échiquier; c’est-à-dire que vous voudriez passer de la possession d’une espèce à celle d'une autre: mais qui, à cet effet, opérera les changemens nécessaires ? Qui vous don- nera les différences spécifiques ? Ce ne sera sans doute pas le fluide lumineux. Vous n’y pourrez réussir qu’en changeant les volets de votre appartement, comme on change les tableaux d’une lanterne magique. Ainsi la spécialité de nos images tient moins à l'essence du fluide lumineux, qui cependant les rend visibles, qu’à l’ordre des empêchemens qui, dans ce cas, règlent invariablement toute dissémination de lumière (1). (1) Il est une autre maniere de concevoir la même explication. Parmi des pieces de cabinet dont on faisoit , il y a quelques années, un tres- grand cas, étoient des arbres dits de Diane, faits de métal coulé dans les bronches de divers systèmes pulmonaires. Je me rappelle en avoir vu sur une même tablette, qu’on avoit coulés dans des poumons de plusieurs espèces , de bœuf, de brebis, de cheval, etc. ; ils se ressembloient dans l'essentiel des formes, et différoient d’ailleurs spécifiquement. Toutes ces ramifications d’un travail admirable, toutes leurs diversités, irons- nous les attribuer aux propriétés du métal mis en œuvre, quand nous les savons dues aux configurations des cloisons aériennes ? Les bronches recoivent, le plomb liquéfié est reçu ; le contenant impose sa forme au contenu. Ainsi la circulation du plomb liquide est réglée; rien de perdu, point de dissémination capricieuse, les parois des bronches formant autant de barrières qui préviennent ces écarts. Présentement, que nous songions à comparer nos rameaux nerveux à ces ra- meaux métalliques, nous le pourrons,non-seulement quant aux formes, mais de plus aussi quant aux fonctions. Et en effet, les deux systèmes sont d’excellens conducteurs , et le sont de la même manière, des qu’ils s’en tiennent également tous deux à un rôle passif. Nous voyons enfin s'établir chez tous deux une même distribution par rameaux To 02 SUR DES DÉFORMATIONS Des considérations zoologiques comme ayant fourru de premières indications en fareur de la prédominance du système OSSeUX. C’est en étudiant les rapports naturels des êtres dans là seule vue des considérations zoologiques que je fus, pour la première fois, frappé de l'importance et de la prédominance du système osseux sur tous les autres. Dernièrement encore, traitant de l’existence d’un squelette chez les insectes (1), j'eus occasion de revenir sur eette remarque. Je ne pus me défendre de surprise, en voyant que les rapports généraux des insectes m'étoient donnés par les combinaisons et par les relations de leurs parties osseuses, tout aussi invariablement que je l’avois observé dans les animaux vertébrés. Il y avoit en effet long-temps que je croyois avoir apercu que chaque partie de squelette possède en propre un apanage de parties molles, muscles, nerfs et vaisseaux (2); mais je me défiois de cette observation, contre laquelle me paroiïssoit prévaloir une puissante argumentation. Toutefois j'ai fini par admettre cette proposition comme une donnée d'observations, comme et ramuscules, quand les nerfs, à partir de la moelle épinière , se répandent dans les cellules, les alvéoles et en général dans les dernières mailles, par lesquelles tous les autres systemes sont terminés. (1) Voyez mes trois Mémoires sur l’organisation des fnsectes. On leur a fait honneur de les réimprimer à Bruxelles et à Téna. L'édition originale fait partie du Journal complémentaire du Dictionnaire des Sciences médicales, année 1620, numéros de février, mars et avril. Les deux réimpressions ont eu lieu à Bruxelles, dans les Annales générales des Sciences physiques , mêrnes année et mois; et à Iéna , dans l’Zsis , 1820, n*.5 et 6. ; j (2) Philosophie anatomique , page 8, in-8°. 1818, avec figures réunies en un atlasin-4°. À Paris, chez Méquignon-Marvis, libraire, rue de l'École de Médecine. 95 un fait ; et dès ce moment, j'ai été vraiment pourvu d’une pu CRANE DE L'Homme. clef, qui me donna la connoissance de beaucoup de rapports non encore pressentis. à Des circonstances amènent-elles vers les extrémités ner- veuses une déviation de l’ordre naturel, dont le caractère soit un accroissement extraordinaire de leurs enveloppes termi- nales, aussitôt le système osseux reparoit. Il est reproduit sans le concours comme sans la moindre altération des autres parties du squelette intérieur. Ce sont évidemment les dernières gaines des nerfs qui, abandonnant (1) la forme d’un tubercule, d’un filet, d’une lame ou même d’une bourse, s’épaississant et grandissant outre mesure, finissent par acquérir la consistance et tout- à- fait l’état osseux. Les tatous, les crocodiles, les lépisostées et les polyptères(2), sont des exemples de ces curieuses ano- mälies. Les tatous les montrent dans leurs carapaces, qui sont le produit d’une agglutination de nodosités osseuses ayant chacune une origine distincte; les crocodiles, dans ce qu'on appelle chez eux les écailles du dos et du cou; enfin les lépi- sostées et les polyptères, dans toutes les couches solides sub- jacentes à l’épiderme. (r) Ce n’est point ici le lieu d’exposer sous quelle influence le tissu aponévro- tique, qui forme gaine autour des extrémités nerveuses, dépasse, en certaines places la limite de son étendue ordinaire. Je n’en fais point un attribut spécial des nerfs; et je pense au contraire que tout s’accroît à la fois, nerfs, veines, arteres, tissu fibreux, etc. : le développement de l’un de ces systèmes suppose toujours le développement de l’autre, ou mieux, l’y provoque et l’y soumet - nécessairement. (2) Poisson du Nil, dont j'ai donné la description dans le grand ouvrage sur l'Égypte, et dans le premier N°. des 4nnales du Muséum d'Histoire naturelle. 94 SUR DES ÉÉFORMATIONS De l'importance des cas pathologiques pour la physiologre et l'anatomie plulosophique. Les vues que nous venons d'exposer nous sont fournies par des considérations anatomiques’ sur les animaux; mais de simples recherches sur l’homme les peuvent aussi faire naître : voilà ce que j'ai voulu établir dans ce Mémoire Les études de l'anatomie générale ne sont pas encore très- répandues, et cette circonstance fut qu'elles ont pour juge de leur utilité ou de leurs progrès un public prévenu en faveur des formes et des usages de l'anatomie humaine. Montrons cependant les ressources de cette autre anatomie, qu'il ne seroit peut-être pas trop ambitieux de qualifier du nom d'anatomie transcendante, et montrons-les en usant aujourd'hui de ses procédés, sans quitter le cerele des études de l'anatomie humaine. ; Sous le haut point de vue que je veux dire, l’organisation devient un être abstrait, un être générique, qui aperçoit sés espèces où ses moyens de comparaison dans les nom- breuses modifications dont elle est susceptible. Les diverses constitutions d'animaux deviennent en effet les ressources de l'anatomie générale , le fond où cette science puise ses élé- mens de comparaison, De même l’état normal de l'homme peut être considéré comme l'être abstrait, l'être générique, et ses différentes déviations pathologiques comme les espèces de cet être idéal. Il n'arrive jamais à l'homme de quitter la ligne qui lui assigne des formes déterminées, que ce ne soit pour en prendre qui rentrent plus ou moins dans les formes de quelques animaux, parce qu'après le trouble qui a Du CRANE DE L'Homme. 9) fait rompre en lui la marche naturelle des développemens et des formations, si ce premier trouble n’en occasionne pas un second, puis d’autres successivement de plus en plus ag- gravans, tout rentre dans l’ordre HR tout se réassied, sous l'influence des agens extérieùrs, d'une nature fixe et persévérante, agens qui cependant exigent un concours favo- rable de l’organisation, l'accord de plusieurs circonstances déterminées, plutôt les unes que les autres, celles-ci à défaut de celles-là. Ceci meueroit à comprendre, si ce n’étoit déjà une opinion établie, l'opinion des maitres de la science, que l’anatomie pathologique doit être pour la physiologie la source des plus brillantes découvertes. Déjà M. Lallemand, l’un des profes- seurs de la faculté de Montpellier, disciple en cela de l’un de ses plus savans confrères (M. le docteur Lordat}, a donné, dans sa thèse inaugurale, une htureuse idée des vices de conformation, en les présentant comme des expériences faites à l'avance, qui n’exigeoient plus de nous que d’en déméler les circonstances pour en faire d’utiles applications et en tirer de rigoureuses conséquences. C’est dans l'esprit de ces recherches que je vais comparer les différentes conformations qu’affectent les pièces du crâne humain, tant dans l’état habituel que dans l’état extra- ordinaire ou pathologique. En les voyant sous ce dernier as- pect, nous les tieñndrons très-certainement pour irrégulières; car nous ne pouvons méconnoitre que nous ne soyons là tombés sous l'empire des plus étranges anomalies, et l'on en devient d’autant plus certain, qu'on est plus familiarisé avec les caractères de l’état normal, et qu'on voit poindre de 90 SUR DES DÉFORMATIONS partout une tendance à reproduire un état meilleur des choses, à ramener les formes dominantes; et de plus, si, comparant aussi l'ensemble de la boite cérébrale avec les viscères qu'elle renferme et ses autres enveloppes organiques toutes également susceptibles de déformations,nous pourrons, sinon connoître avec précision, du moins pressentir avec beaucoup de vraisemblance les causes d'aussi singulières modifications. Des relations et des actions réciproques du cerveau et de la botte osseuse. Une question a été vivement débattue depuis la direction donnée aux recherches physiologiques par les importans travaux de M. le docteur Gall (r). Les masses encéphaliques exercent-elles où non une action absolue sur leurs enve- loppes osseuses ? On à soutenu, attaqué et défendu cette proposition par beaucoup de raisonnemens et par des obser- vations isolées qui, faites après coup pour la plupart, ne ve- noient figurer là que comme des étais dans un édifice péri- clitant. Il eût fallu peut-être entrer plus à fond dans ce sujet, (1) Auteur de l'œuvre physiologique la plus remarquable de cette époque , temps ien fertile cependant en découvertes de physiologie. Et c’est cet auteur si digne 40 ( de nos égards qu’on a cherché à iminoler à la risée publique! Des hommes de 5 l beaucoup d'esprit ont eu le malheur d’accepter cette odiense commission. C’étoient aussi des hommes de beaucoup d'esprit, à en juger par leur crédit, qui accuserent Socrate d’irrévérence envers les dieux. Mais pendant qu’ils rem- plissoient leur coupe d’une ciguë mortelle, ce qu’il y avoit parmi leurs concitoyens d’âmes fortes et pénétrantes faisoit déjà pressentir, par leur empressement autour de l’auguste victime, quel seroit, sur ces iniquités , le tardif maisindestruc- tible jugement de la postérité. pu CrANE DE L'Homme. 07 et peut-être aussi l’envisager sous un point de vne moins dé- terminé. Ÿ ayant donné attention, il m'a paru que, quoi- qu'advienne aux masses encéphaliques, le crâne restoit inva- riablement constitué par l'assemblage de tous ses matériaux ; mais que, selon que les masses encéphaliques se tiennent plus près ou s’éloignent davantage des conditions de leur état normal, les os qui les recouvrent s’en ressentent dans une raison directe et proportionnelle, Voilà les faits que je désire établir par une démonstration rigoureuse, c'est-à-dire par un examen très-attentif des moindres parties dont se compose le crâne de l’homme dans ses diverses déformations. Je me suis attaché à trois exemples, que j'ai fait figurer, et dont j'ai fait choix, parce qu’assez bien échelonnés dans l’ordre de leurs différences, ces trois considérations renfer- ment à peu près l'essentiel de tous les cas publiés jusqu’à ce jour. Il n’entre pas dans mon sujet de rappeler les travaux dont se sont occupés un grand nombre de savans, Fincélius, Waolfius, Schenkius, Ruisch, Kerkring, Littre, Fauvel, Wepfer , Morgagni , Hubert, Suë, Busch, Tiédemann, Gall, etc.; ce seroit superflu après le travail de M. Béclard. Je dois la communication du premier de ces exemples aux soins dont m’honore mon célèbre ami M. le docteur Serres. Ce crâne, pl. LE, fig. 1 et 2, se distingue par un caractère ob- servé déjà sur un autre sujet, par une épaisseur et une du- reté si grandes, que, pour l’entamer et le diviser, il fallut recourir à une scie. On a douté de cette observation rapportée par Vanhorne, et cependant il n’est rien de plus exact, Le second de ces crânes, pl. IF, fig. 3 et 4, fait partie de la Mern. du Muséum. L 7. 13 95 SUR DES DÉFORMATIONS riche collection de l'Ecole de Médecine. Par la manière dont il est déprimé, écrasé et prolongé sur les flancs, il rappelle le crâne d’une loutre. Mais la troisième monstruosité, pl. E, fig. 1,2 et 3, est l'exemple sur lequel j'insisterai plus particulièrement dans ce Mémoire. M. le docteur Lallemand l’a décrite et figurée dans sa thèse inaugurale que nous avons citée plus haut. J’ai vu cette monstruosité dans le cabinet de l’École de Méde- cine, où elle étoit rapprochée de quatre pareilles anencé- phalies. Libre, grâces à la bienveillance des savans profes- seurs de cette École, et aux généreux encouragemens qu’ils ont accordés à mes recherches, de faire un choix parmi ces préparations, je me suis fixé sur celle de M. Lallemand, dont le crâne me paroît avoir les plus grands rapports avec celui de la dissertation de Sandifort, intitulée Æratome infantis cerebro destitutr,et avec un autre crâne à l'état pathologique figuré dans le bel atlas de l’ouvrage de M. Gall; j'ai, dis-je, préféré cette préparation, non-seulement pour profiter des observations publiées par ces anatomistes, mais pour m’auto- riser, au besoin, de leur travail de détermination. Une cir- constance ajoute à l'intérêt de la préparation du jeune et habile professeur de Montpellier, c’est que le crâne de ce squelette (1) repose sur une colonne épinière tranchée nettement à son milieu par un spzra-bifida, lequel atteint (1) Nombre des vertebres de ce squelette , dans lesquelles je distingue comme dorsales les vertèbres pourvues de côtes. cervicales, 7 dorsales, 11 Vertèbres { lombaires, 5 \30o. sacrées, 3 coccygiennes, 4 Du CRANE 0x L'HOMME. 09 toutes les vertèbres du cou et les sept premières de la région dorsale. | La tête de ce dernier sujet ne contenoit ni cerveau, ni cervelet, ni moelle épinière. Les deux autres crânes avoient leur cerveau, mais logé au dehors. Dans le premier exemple, il étoit situé en dessus, et couvroit le haut de la boîte céré- brale ; et dans le second, il se voyoit en arrière, étant sorti tout à travers les os occipitaux. Malgré la diversité de ces trois combinaisons, chaque tête osseuse se trouve néanmoins composée par autant de pièces qu’on en trouve dans un crâne à l’état normal. Mais d’ailleurs on remarque cette opposition; les os de la face paroissent s'être fort peu ressentis de l'influence pathologique, quand celle-ci atteint outre mesure les os de la boîte cérébrale. C’étoit sans doute le moindre résultat à prévoir : le contenant, dans l’état normal, s'applique si exactement sur le contenu, qu’on diroit l’un moulé sur l’autre. L'absence totale ou par- üelle des masses encéphaliques ne pouvoit donc manquer d'introduire et elle introduit et cause.en effet la confusion la plus grande parmi tous les os qui sont étendus sur ces masses, et qui sont ou devroient être employés à les coiffer. Cependant cette confusion a des limites : un certain ordre règne encore dans ce désordre. Les irrégularités n’atteignent guère que la forme; et, quoique extrêmes , elles ne vont jamais jusqu’à changer les relations des parties. Mais la boîte s’entr'ouvre à l’une de ses sutures; ses deux portions se dés- assemblent. Abandonnées aux puissances du dehors, savoir, les contractions des muscles et du derme qui leur corres- poudent, elles s’écartent à droite et à gauche, d'autant plus Toit 100 SUR DES DÉFORMATIONS qu'il est moins de substance cérébrale en dedans pour contre- balancer l’action des tirages extérieurs. Ainsi, en définitif, il n’y a d’événemens produits que des disjonctions opérées sur la ligne médiane, et qu'un change- ment de forme pour toutes les parties qui eussent ensemble composé la boite cérébrale. Mais si les formes et lécartement des os cérébraux varient d'un crâne à lPautre, c’est, je ne dois pas craindre dei re- produire cette pensée, c’est toujours sans caprices, sans aucun arbitraire. Le développement de ces os est constam- ment proportionnel au volume des masses encéphaliques , jusque-là cependant que tout se passe sans que la disposition de ces masses entraine l’anéantissement total des os qui leur correspondent. N'oublions pas que toute pièce osseuse a comme deux destinations, puisqu'il n’est aucune de ces pièces qui ne soit utile par ses deux faces. Un os venant à perdre lun de ses deux emplois, n’en est que plus dévoué à l’autre. Ainsi s'explique comment l'influence pathologique, bien qu’elle s'exerce dans toute sa force, ne s'étend que partielle- ment sur les os qui en supportent l'effet, et comment ceux- ci, tout en perdant de leur volume et de leur importance, ne souffrent jamais de ces atteintes au point derétrograder jusqu'à zéro d'existence. Hp CS Aü D els sont les faits généraux, les principales conséquences de ce Mémoire. On $y intéressera d'autant plus sans doute, qu'on ne manquera pas de remarquer que toutes ces vues physiologiques se rattachent à de très-belles ‘et de principales questions de philosophie; elles pourront éclairer pu Crane De L'Homme. LOE quelques points de la célèbre doctrine de M. Gall, si, comme je le pense, .elles portent rationnellement sur ce qu'un:empi- risme aussi ingénieux qu ‘admirable : a fait découvrir à à ce grand Je physiologiste. Fob' > ensh sq itotias I Mais pour que ces vues nouvellesiaient ce dent d'utilité, il faut qu'elles naissent de: faits spéciaux sâcquis sans éqüi- voque; qu'elles soient effectivement: ne: déduction rigou- reuse de ceux-é1: ce sont ces ‘faits doôrit; 15 exPOSIHIÈN a Suivre Je les ai fait précéder des conséquences où ils, an "ont conduit; pour qu'averti de leur intérèt, on ne fit [pas trop. effrayé de l’aridité de quelques détails et qu’on.y donnât au. contraire l'attention que tout esprit réfléchi accorde à l'examen de, ma tériaux servant à l'établissement og tpm érité fondamentale, S I. EXAMEN DÉS PIÈCES DONT SE COMBOSE LÉ CRANE 1608) 1 D'UN ANENCÉPHALE. |! Des Observations sur Ce sujet déjà publiées. : ce M. le professeur Lallemand, avons-nous cit plus, haut, déjà donné une ln l'espèce d' des je vais plus spécialément m'occuper dans ce paragraphe: Il en æfait représenter le crâne de deux manières, de profil! et.par derrière; darïs un dessin lithographié, Au moyen de lettres, dont il donne la valeur dans! l'explication, de son dessin il distingue po pièces de ce crâne, 11. les cite et nomme ou moins directe, de cet accident. » Je ne dissimulerai pas OL que je suis arrivé à une conclusion tout-à-fait différente: $ IV. Essar D'UNE CLASSIFICATION DES MONSTRES ACÉPHALES. J'ai dit comment des recherches physiologiques me firent apercevoir la nécessité d’une exposition plus méthodique des diverses acéphalies et comment j'ai été conduit à leur appliquer les formes didactiques de la zoologie: mais tout aussitôt les difficultés matérielles du sujet m’arrétèrent. J’eus beau me procurer par la littérature médicale la plus ‘grande partie des travaux publiés sur cet objet, je les trouvai tous insuflisans, parce qu'aucune des observations qui y sont rapportées ne s'explique sur le point qu'il m'importe de con- noiître. J'ai donc pris le parti de me borner à la publication de quelques idées. J'ai voulu montrer plutôt ce que je crois qu’on pourra faire que le pratiquer aujourd’hui. Si mes vues sont goûtées des savans qui possèdent des acéphales, et s'ils daignent honorer et encourager mes efforts par la généreuse communication de ces précieux objets, je répondrai de mon mieux à ces marques de leur confiance, et j’acheverai cette entreprise. Et dans le vrai le nombre des acéphales est si considérable, qu'il n’y a moyen de se reconnoitre au milieu de tant de Du CRANE DE L'HOMME. 147 déviations du système commun, qu’en les distribuant en familles , ordres, genres et espèces. - Ainsi, en embrassant toutes ces organisations diverses sous un nom de famille, celui d’enomocéphalés, c’est-à-dire d'êtres à têtes contre la règle, je les subdivise suivant leur modele privation ou d'exaltation,n’admettantd’abord,comme l'illustre Tréviranus, que deux principaux embranchemens ; lun comprenant les monstres où les organes pèchent par défaut, et l’autre où ces organes pèchent par excès. Ces deux ordres, qui se caractérisent par les modifications des rameaux artériels restreints en decàh ou accrus au delà de leur état normal, sont premièrement, les acéphales, expression que j'emploie, non dans son acception étymolo- gique, mais dans le sens absolu que l'usage a consacré; et deuxièmement, les #1acrocéphales comprenant les 2ydrocé- phales, etc. (x). Chacun de ces ordres est à son tour subdivisible en plusieurs genres. Pour ne pas m'écarter de la question traitée dans ce mémoire, je n’en présenterai d'application qu’à l'égard des fœtus nés avec une tête restreinte dans ses développemens: tels sont nos acéphales. M. le professeur Chaussier à proposé de ne nommer ainsi que des fœtus absolument privés de tête; mais, pour plus (x) Les polycéphales, ou les monstres à tête composée d’élémens provenant de deux ou de plusieurs têtes, forment un troisième ordre d’Anomocéphalés, pré- sentant les mêmes résultats que les acéphales, dans ce sens, que toutes leurs irrégularités n’ont rien de vague et d’indéfini , mais qu’elles sont également ren- fermées dans de certaines limites. * 19 748 SUR DES DÉFORMATIONS de sévérité, il eût déjà fallu ajouter, que lesseuls fœtus dont le: tronc au-delà des épaules est sans tubérosité bien prononcée; ear, autant que j’en ai pu juger sur quelques exemplaires, il Y auroit bien moins d’acéphalies complètes qu’on ne l’a pensé. En:effet, ayant voulu savoir comment dans un sujet qui avoit toujours passé pour un véritable acéphale, la colonne épi- nière se trouvoit supérieurement terminée, j'ai été bien. surpris de la voir composée d’une quantité de très-petits os. J'y ai vu. sept vertèbres cervicales et la même chose numé- riquement , tout ce nombre de pièces dont on sait le crâne. formé à l’état normal : mais-tous ces os existent en minia- ture, c’est-à-dire dans une contraction si grande, que le tout ensemble ne forme guère qu'un noyau, terminant la tige vertébrale, dans la manière à peu près que les cannes sont surmontées par leur pommeau. Ce point d'observation éclairci à l'égard des véritables. acéphales pourvus de membres antérieurs, je me suis re- porté sur une organisation bien plus restreinte dans ses dé- veloppemens, sur des acéphales sans bras, espérant que je pourrois enfin y voir ce mode-de terminaison de la colonne épinière, cet inconnu qui avoit déjà excité mon intérêt. Je regrette de n'avoir pas eu à ma disposition un sujet entier et de ne pouvoir rapporter ici. des observations ac- quises que sur un squelette que je n’ai point moi-même préparé et qui n’a pu l’être dans l'esprit de ces recherches. Je dirai pourtant ce qu’il m'a montré, plutôt pour avertir de ce qui reste à faire, que pour donner quelque chose de tout-à-fait satisfaisant. Car je n'en saurois douter : quelques points osseux auront échappé et n'auront pas été conservés Du CRANE DE L'Homwe. 149 _ lors de la confection de ce squelette; remarque que je puis étendre aux bras eux-mêmes, déclarés manquer entièrement, et que quelques indices m'ont fait soupconner avoir existé en vestiges, comme un peu plus:de largeur, par exemple, aux parties costales qui correspondent à la région scapulaire. On est redevable de ce squelette au professeur d’accou- chement des écoles médicales de la ville d'Angers, M. Gar- nier, qui le donna, ainsi qu'un dessin de l'extérieur du corps, à M. le professeur Béclard. Ce dessin et celui du squelette font partie, sous les nos 2 et 3, des figures dont M. Béclard a enrichi son traité des acéphales. Voyez Bulle- tins de la Société et de la Faculté de Médecine; savoir, pour les observations, le tome 4, p. 497, et pour les figures, le tome 5, n°. 10. Le sujet de la troïsième de ces figures appartient présente- ment au cabinet de la Faculté de médecine : grâces à l’obli- geance des conservateurs, MM. Thillaye père et fils, j’ai pu l’examiner attentivement. Le dessin ne me disoit pas bien. positivement ce qu'étoit la longue pièce qui terminoit supé- rieurement la colonne épinière ; mais la préparation m'apprit qu’elle n’étoit ni symétrique ni placée sur la ligne médiane. En en considérant la forme, on ne sait sil faut y voir une disposition coccygienne, ou en attribuer la composition à ce quiest manifeste chez les acéphales à bras, à une plus forte contraction encore des os du crâne: et finalement on s'arrête à l'idée que ces deux systèmes se peuvent “ee et que tous deux sont admissibles. En dedans, et couchés de gauche à droite, sont trois ou quatre tronçons osseux, dans lesquels on aperçoit très- 150 SUR DES DÉFORMATIONS manifestement des vestiges de vertèbres cervicales, ou mieux, des points non entièrement développés de vertèbres du cou. Celles ci forment une petite colonne tronquée à droite ; mais c’est, je pense, que la préparation n’est pas là restée dans son intégrité. L’inclinaison de cette colonne tient à un évé- nement fort ordinaire chez les acéphales, à la courbure ha- bituelle de leur épine dorsale, et au renversement de leur tête en arrière. Voilà ce que montre le sujet dont je cherche à démèêler les singularités: car je ne puis que rapporter à des vestiges d'os crâniens plusieurs pièces qui se voient en de- hors, et qui terminent de ce côté la colonne épinière. Enfin on désireroit savoir si la longue pièce qui forme la sommité de toute cette charpente étoit accompagnée sur ses flancs d’un autre osselet semblable: je l’ignore absolument. Quoi qu'il en soit, l'extrémité du squelette conservée là est encore très-digne d'attention, et j'en ai fait prendre un trait. ( Voyez pl. 3, où la fig. 15 représente la face antérieure, et le n° 14 l’externe, ou celle de derrière. ) Et dans tous les cas, qu'il faille ou non attribuer la sommité de cette charpente osseuse à des os crâniens étant dans un état extrême de con- traction, il ne peut y avoir de doute sur la configuration de ces pièces et sur l’analogie qu'elles ont, sous ce rapport, avec celles dont se compose l’arrière-partie de la colonne épinière de certains oiseaux. gl Je me suis étendu sur ces deux cas d’acéphalies, à raison des conséquences physiologiques qui me paroissent en dé- couler. Est-il effectivement un sujet de plus grand intérêt que celui de ces acéphales $’écartant, dans la composition de leurs organes , des règles ordinaires, pour avoir parcouru toute Ja pu CRANE DE L'Homme. 151 période de la vie fœtale, sans avoir été à chaque époque suffisamment nourris, et sans avoir, par conséquent, pu passer par ce haut degré de développement, nécessaire pour constituer la vie plus énergique de l’état normal? car c’est là évidemment ce qui résulte des observations qui précèdent. N'oublions pas sous quelles conditions les fœtus sont ap- pelés à parcourir tous les degrés de leur existence intra- utérine. Bien que destinés à devenir aussi des êtres vivant et respirant dans un autre milieu, l'air ou l’eau, la distance comme régime qui les sépare de ceux-ei est immense, puis- qu'elle égale pour le moins la différence des deux mondes, où ils doivent tour à tour remplir leur rôle (1) de machine organisée et s'organisant de plus en plus. Dans leur premier milieu, leur substance est accrue et quelquefois simplement entretenue aux dépens de la tige où ils ont pris naissance ; elle l’est, comme on sait, au moyen d’une nourriture éla- borée à l'avance. Hors de l’utérus, au contraire, parvenus dans un monde dont la sphère est d’une si grande étendue , et jouissant de relations plus multipliées, ils acquièreut de nou- velles facultés, celle entre autres de pouvoir puiser dans ce nouveau lieu d'habitation des matériaux le plus souvent étrangers à leur nature, qu'ils transforment aussitôt, s’assi- milent et s’incorporent. Aïünsi, tous les fœtus sont nourris par l’afflux d’un sang qui (1) Rôle qui s’applique à la fixation des fluides impondérés, et dont le résultat définitif est l’accroissement de notre masse planétaire aux dépens de l’Astre, source de toute lunuere et de toute chaleur. 152 SUR DES DÉFORMATIONS arrive sur eux du dehors, et qui leur est distribué par les vaisseaux ombilicaux : il n’y a point pour eux effectivement d'élaboration organique que celle-ci ne prolonge ses effets de la circonférence au centre. Voilà ce qu'établissent aussi les faits d’acéphalies que je viens de rapporter. Or remarquez ce qui se passe dans un fœtus se dévelop- pant selon la règle, et dans un fœtus au contraire resté monstrueux par défaut. Tout développement organique exige une intensité progressive d'action, et se compose d’une succession non-interrompue d’événemens et de résultats. Si l'intensité d’action (1) n’est pas également progressive, si le principal vaisseau nourricier a son calibre plus étroit, vous avez de premiers résultats que d’autres ne suivent pas. Nos acéphales sont dans ce cas. Chez tous, on aperçoit, d’une manière à la vérité plus ou moins manifeste, la totalité des pièces du système osseux; mais c’est à peu près cela seul, dans les parties où ils sont irréguliers, qui est produit par leur vie de nutrition. Il n’est rien apporté entre les lames de ce système; de facon que les organes des sens et les masses encéphaliques, qui devroient y arriver, ÿ seroient inutilement attendus. Mais s’il n’y a plus intensité progressive, il y a tou- jours durée dans l’action, et ce résultat à l'égard du tissu os- seux, le seul pour lors subsistant, est que ce tissu paroiïssant d’abord dans l’état aponévrotique et fibreux, se consolide ets’achève, toutefois dans un très-grand degré d'’imperfection. EC (1) J’omets aujourd’hui l’examen de la cause du défaut d’intensité dans les éla- borationsorganiquesincomplètes , etj’eusseaussisans doute mieux fait de remettre également toute cette discussion à un autre temps. Du CRANE DE L'Homme. 153 On voit qu'il n’est pas nécessaire de recourir à linter- vention tardive d’une maladie qui vient déranger le cours d’une élaboration organique. Tout acéphale entre dans sa vie de nutrition sous des conditions déterminées, qui cessent seulement avec lui-même au terme de son existence intra- utérine; et, sous ce rapport, c’est un être complet, en tant qu'il a satisfait aux conditions qui ont décidé de sa formation. Il a vécu un plus grand nombre de mois que bien des animaux réguliers, un nombre moindre que cer- tains autres, moindre sans doute que si, ayant joui d’une organisation plus compliquée, il eût pu suffire à une deuxième existence, à la vie dite de relation. Des jours, des années d'existence, qu'est-ce cela pour la nature? Nos plus grandes longévités, que sont-elles dans le vrai, eu égard à son essence d’éternité ? Je n’avois point le dessein de donner ces réflexions: je les crois, au contraire, prématurées. Elles doivent naitre , elles ne peuvent naître en effet que d’une étude très-attentive des diverses acéphalies; mais, avant tout, il faut que celles-ci soient établies, et c’est pour cela qu’un travail de classifica- tion pour toutes, et de détermination pour chacune, doit précéder toute autre recherche. Je ne puis me flatter d’avoir réussi dans cette premiere “tentative ; il me suflira d’avoir fait entrevoir que ce travail est possible. Voici, au surplus, cet essai, c’est-à-dire des noms et des caractères pour quelques genres que j'ai examinés. r. Coccycérmare. ( Téfe sous la forme d’un coccyx.) Tronc sans tête et sans extrémités antérieures : les os du Mém. du Muséum. À. 7. 20 { 15% SUR DES DÉFORMATIONS erâne et du cou dans une contraction et d’une petitesse ex- trèmes: les postérieurs appuyés sur les vertèbres dorsales, ceux de la sommité sous la forme d’un bec ou d’un coccyx. Caractérisé d’après le squelette représenté n°. 3 des plan- ches de M. Béclard. Le n°. + donne l'extérieur du corps. Je renvoie aussi aux détails que j'ai fait graver pl. 3, fig. 14 et 15. Voyez en outre le n°. x des planches de M. Béclard, repré- sentant un autre.coccycéphale dont on est redevable à M. le docteur Chevreul, père du célèbre chimiste de ce nom. 2. CryrrocérrALe. ( T'éfe invisible extérieurement.) Tronc avec extrémités antérieures : tête réduite à un as- semblage de parties osseuses, portée sur une colonne cervicale droite, très-petite, et non-apparente en dehors. Décrit d’après le sujet mentionné dans l’Arstotre natu- relle générale et particulière, Burr., t. 3,pl 5, fig. r. Il faut rapporter à ce genre le sujet de la quatrième planche publiée. par M. le professeur Béclard. 3. ANENCÉPHALE. (Tête sans cerveau.) Point de cerveau ni de moëlle épinière ; la face et tous les organes des sens dans l’état normal; la boîte cérébrale ou- verte vers la ligne médiane et composée de deux moitiés ren- versées et écartées de chaque côté en ailes de pigeon. Ces notions sont prises sur l’anencéphale (1) décrit $ I de (1)-Je restreins avec M. Chaussier celte dénomination aux cas d’acéphalies où le cerveau manque entièrement. On sent qu’elle n’étoit point applicable aux Anomocéphalés, en, qui lon: trouve quelques portions de l’encéphale. pu Crane Dr L'Homme. - OS ce Mémoire. D’autres espèces qui s’y rapportent ont été plus anciennement indiquées ou figurées par van Horne, Kerkring, Morgagni, etc. , et tout récemment par M. le pro- fesseur RO 4 CysrencéPare. ( Tête avec cerveau vésiculeux.) Cerveau restreint dans ses- développemens : hémisphères sous forme d’une vessie mamelonnée supérieurement ; les or- ganes des sens et léurs chambres ; comme dans le genre pré- cédent ; le crâne également ouvert, mais les aïles occipitales moins étendues et plus rapprochées; les vertèbres cervicales étant, à l’ordinaire, tubuleuses. J'ai décrit ce genre d’après nature. C’est à des espèces au moins très-voisines de cet exemple que je crois pouvoir rap- porter le sujet des recherches originales de Wepfer et celui de la savante dissertation de Sandifort intitulée : Ænatome znfantis cerebro destitutr. 5. Dénexcéruare. ( Téle avec cerveau dans le col.) Cerveau très-petit, posé tant sur les occipitaux que sur les vertèbres cervicales ; celles-ci ouvertes postérieurement, élargies en oùtre par un spina-bifida, et formant le bassin ou la coquille ; les organes des sens et les parties du crâne comme dans les cystencéphales. Décrit d’après nature sur un sujet conservé dans laliqueur, appartenant à M. le docteur Serres. 6: Ponexcépnare. (7'é/e avec cerveau sur tige.) Cerveau de volume ordinaire, mais hors crâne, porté 201 “ 56 SUR LES DÉFORMATIONS sur. un pédicule qui s'élève et traverse le sommet de la boîte cérébrale ; les organes des sens et leurs enveloppes osseuses dans l’état normal ; la boîte cérébrale composée de pièces affaissées les unes sur les autres, épaisses, compactes, et comme éburnées. Le révérend Keahe en a donné une figure assez spignée, dans les Transactions Philosophiques pour l’année 1684. M. Gall en a fait représenter le crâne, dans son mémorable ouvrage (pl. 14, fig. 3). M. Serres, qui en possédoit aussi un erâne, m'a permis de disposer de celui-ci. (Voyez pl. 2.) La fig. r représente ce crâne vu par le haut, et la fig. >, vu de profil. J’ai placé ces deux exemplaires, en tout parfaitement semblables, sous les yeux de l'Académie. 7. NorencéruaLe. ( 7'ée avec cerveau dans le dos. ) Cerveau de volume ordinaire, mais hors crâne pour une partie, faisant hernie au travers des occipitaux supérieurs, et quant à sa plus grande portion, prenant appui sur les ver- tèbres dorsales ouvertes postérieurement ; crâne à pariétaux larges et surbaissés, d’une configuration à rappeler le crâne des loutres , crâne enfin composé de pièces minces et - friables. M. le docteur Gall a également publié, pk 29, fig. 2, ie crâne d’une espèce de ce genre; j'en donne aussi une Aie (pl. 2, savoir : no. 3, vu par derrière, et n°. 4, vu de pro- Al) prise d’un autre cxcrapleite que la Faculté de Médecine a bien voulu me confier. Il y a pareille conformité dans les pièces ayant servi de modèle pour les figures des deux ou- Du CRANE DE L'Homme. 157 vrages, et je les ai, à raison de cette ressemblance , également présentées à l’Académie. | Plusieurs notencéphalés sont, à ma,connoissance, conservés dans nos cabinets, entiers et dans de la liqueur. 8. HÉmIENCÉPHALES. (T ête avec moitié de ses matériaux.) Tous les organes des sens anéantis et leurs rudimens appa- rens à la face par des traces sans profondeur : cependant la boite cérébrale et son cerveau à peu près dans létat normal. Ces caractères distinguent le sujet de la thèse inaugurale soutenue à Leyde en 1762, par Charles Werner Curtius, thèse qui nous a été conservée dans le Thesaurus disserta- &onum de Sandifort. C’est le seul genre, pour l'établissement duquel j'ai cité des faits que je n’ai pas vérifiés par moi-même ; mais il faut convenir que cette thèse renferme tant et de si solides ob- servations que je n'ai pas craint de lui accorder toute ma confiance. J’aurois pu étendre cette classification d’après la littérature médicale : je me serois trop souvent exposé à me tromper. J'explique ainsi les motifs de ma réserve. 9- RunencépaaLe. ( J'éfe à trompe ou & narines extra- ordinaires.) Véritable cyclope, ayant encore deux yeux eu égard à Pexis- tence de deux cristallins, un seul quant à leur service par un seul nerf optique : une seule chambre oculaire causée par un défaut de cloisons intermédiaires, parle détachementsur laligne médiane des os propres de l'organe olfactif, Ceux-ci, qui ont SÛR DES DÉFORMATIONS [Ce 15 par conséquent délaissé lès maxillaires, existent au-dessus de l'appareil ophtalmique, groupés et saillans sur le milieu du front. De cette racine où ils sont implantés, les tégumens nasaux sont prolongés en trompe : le système nerveux olfactif manque entièrement. On a publié ce genre d’acéphalie sous les noms de cy- clopes, de fœtus monopses, ou de fœtus à trompe. J'en con- nois deux sujets appartenant au même genre, mais qui diffèrent spécifiquement; l'un au Jardin du Roi, et l’autre à l'École vétérinaire d’Alfort. Les animaux présentent fréquemment le même système de monstruosité, Nous possédons au Muséum des fœtus de chien, de veau, de mouton, de cheval et de cochon, tous également cyclopes et à trompe. Les mêmes acéphalies doivent en effet reparoïtre exactement semblables chez les animaux, si la eause qui les produit tient réellement à un défaut de distension, de prolongation ou de ramifica- uon de lun ou de plusieurs des principaux vaisseaux nour- riciers. Ceci pourra faire naître la pensée qu'un traité qui embrasseroit la comparaison des mèmes genres d’acépha- lies est à entreprendre; mais j'observe qu'on. ne pourra véritablement s’en occuper que lorsque de principales es- pèces auront d’abord été déterminées et incontestablement établies. | * J'ai sous les yeux une préparation d’un rhinencéphale de l'espèce cochon, où le cerveau ne remplit qu'un tiers de la capacité du cräne; le reste de la cavité ne renfermoit rien autre, ni eau, ni sérosités , absolument rien. On sent ce que j'ai dû apporter d'attention dans cette observation, puisque pu CRANE DE L Houme. 199 e’est le seul exemple que je connoisse d’une boite cérébrale dans sa distension ordinaire, qni n'est point moulée sur son cerveau. él Le sujei du rhinencéphale hamair , appartenant à l’École vétérinaire d’'Alfort, et que l'administration de cette Ecole a bien voulu me permettre d'ouvrir et d'examiner, m'a fourni une observation à quelques égards analogue: car si j'aitrouvé que son cerveau étoit d'un volume à remplir toute la boîte osseuse , l'hémisphère cérébral (et je parle ici en nombre singulier, parce qu'il n’y en avoit qu’un seul occupant tout le dessous de la vouüte du crâne) l'hémisphère cérébral cepen- dant, de même que l'hémisphère cérébral unique du rhinen- céphale cochon, était du moins vide en dedans. Ce fait tient de trop près à la fameuse question du déplissement du cer- veau, pour que je me borne à le publier, comme dans cette circonstance, à titre de premier avis. J’y reviendrai dans un Mémoire particulier, où je comparerai entre eux les rhinen- céphales homme, cochon, veau, cheval, chien, etc. Nos acéphales à trompe rappellent plusieurs cas perme- nens de même ordre, l'éléphant, le tapir, le phoque à trompe, quelques chauve-souris, ete. ; exemples remar- quables sans doute, et où il a bien fallu que le même mode d'organisation ait été rendu possible et persévérant au-delà de la vie fœtale par l’addition d’un système nerveux olfacuf qui manque aux rhinencéphales. Ce mode d'organisation dans ses actes réguliers touche de près une question dont je me suis occupé au commence- ment de l’année 1820 : car il porte à faire concevoir les anomalies du cräne des crustacés, et subséquemment de celui 160 SUR DES DÉFORMATIONS des insectes, et plus particulièrement à comprendre la com- position des antennes, et l’analogie de ces parties avec les organes de l’odorat des hauts animaux vertébrés. Et en effet, détachez l’un de l’autre les deux tuyaux de la trompe, soit de l'éléphant et du tapir, soit des rhinencéphales, vous aurez exactement la disposition que présentent les antennes des familles entomologiques. Cette dernière réflexion répond à un bruit qu'on a répandu il y a quelques mois : je n’ai, dans le vrai, été engagé par aucun des motifs allégués, à abandonner mes vues sur l’organisation des insectes. 10. Diononcérmarr. ( T'éte avec une double rangée d'os dentaires.) Un 10€. genre, dont je n'ai pu entièrement déméler les complications, parce que plusieurs des os du cräne étoient brisés, et dont je suis redevable à l’oflicieuse communication de M. le doctèur Patrix (1), m’a montré de doubles mâchoires 41) M. Patrix a fait connoître cet acéphale sous d’autres rapports : il le décrit dans une note de son excellent 7raité sur le cancer et sur les maladies des voies utérines ( Voyez ses Considérations générales, page xvüj). Le diodoncéphale manquoit de cerveau, et étoit en outre privé d’une paire de nerfs, la paire el- factive, dit la note. On le confia à M. Jules Cloquet pour le disséquer et le mo- deler. A en juger d’après l’état de la préparation que M. Patrix m’a communiquée, je suppose que ce travail n’a donné lieu à aucun résultat. . En revanche, M. Jules Cloquet nous a transmis d’autres renseignemens dans une note qu'il a placée dans nos Mémoires d’histoire naturelle, vol. 7, p. 71. Ils’est, je crois. un peu trop hâté de rapporter et de combattre un mot que j'ai dit, puisqu'il est évident qu’il n’a pas compris l’objet de mon observation. J’at- tendrai, pour m'expliquer moi-même, que je puisse faire paraître un travaii sur la chambre de l'œil. pu CRANE DE L'Homme. 161 supérieures. Les intermaxillaires occupent le premier rang et les maxillaires proprement dits articulés l’un avec l’autre, forment la rangée inférieure; c’est tout à fait la disposition connue chez la plupart des poissons. : Ainsi une anomalie pour une espèce retombe dans ce ‘qui est la règle pour une autre. Voilà ce que j'ai dit souvent : et c'est ce qu'on saura être inévitable, quand, au lieu de consi- dérer les monstruosités avec un étonnement stérile pour la phi- losophie, on sera tout-à-fait fixé sur la nature de mon principe des connexions, et qu’on aura également donné toute son at- tention aux conséquences explicatives de cet autre principe, le balancement des organes, sorte de loi pour tous les cas, où des maxima survenant imposent nécessairement aux objets de leurentourage desconditions dezzrnima. Au surplus, ces vé- rités commencent àse repandre : plusieurs écrits, remplis pour moi de la plus affectueuse bienveillance, me l'ont appris(1). Dernière considération. Je ne poursuivrai pas davantage cet essai de classifications des organisations vicieuses de la tête humaine : je ne peux * aujourd'hui qu'indiquer la route à tenir. Ce n’est pas au début de pareilles recherches que je pouvois espérer de la parcourir convenablement. 4 (1) Oken , en terminant ses remarques sur mes Mémoires entomologiques; Isis , 1820 , n°. 6. Le même témoignage est à peu pres reproduit dans la phrase suivante: « Le systeme de balancement dans le développement des organes des êtres » viyans, établi par M. Geoffroy Saint-Hilaire , est une idée-mère, qui... etc. etc. » (Voyez Essai d’une [conographie élémentaire et philosophique des végétaux, par P.J.F. Turpin. É Méim. du Muséum. 1. ) 21 162 sur DES DÉFORMATIONS Du CRANE DE L'Homme. . L'histoire naturelle des arzomocéphalés , ou le traité, des- tiné peut-être à faire revivre et très-certamement du moins à replacer dans un meilleur ordre de fort bons travaux qui ont été publiés sur cette matière, n’auroïit pas dû non plus, je le sais, paroïître en appendix à la suite d’une toute autre discussion : c’est une question spéciale. Jai annoncé le désir de la traiter, et c’est pour cela que j’en place ici une sorte de programme, ayant l'espoir que cette annonce, donnant à connoître les lacunes de la science, me vaudra la commu- mcation de quelques faits et de quelques préparations, sans lesquels on doit sentir que je ne puis rien. Quand je commencai ces recherches, j’étois parti de plus haut : car j’avoismoins pour objet d'introduire un peu d'ordre dans la riche mine des acéphalies, que d'établir que toutes ces monstruosités, comme on les appelle, ne sont point va- gues et indéfinies, aiusi qu’on le pense généralement ; qu'il n’y a point de caprices dans ces prétendues désordres ; que ces irrégularités sont vraiment renfermées dans de certaines limites, et qu’enfin toutes ces conformations organiques, toutes bizarres qu’ellés paroissent, ont des motifs assignables, puisqu'elles dépendent de causes qui ne demandent qu’un peu d'attention pour être appréciées. 4 163 De POs carré des Oiseaux sous le rapport de sa composilion ; des quatre élémens qui le consti- tuent , et de l'existence de tous dans tous les Animaux vertébrés, nommément dans l Homme. EXTRAIT. PAR M. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE. sp fidèle à sa méthode de considérer d’abord les organes là où ils sont au maximum du développement, com- mença ses recherches par le crocodile : il en examina, dans un fœtus, l'os carré qu'il trouva composé.de deux principales pièces en lames superposées et de deux plus petites, formant les angles de la longue apophyse ou du pédicule de los pour l'articulation des mâchoires. Passant de là aux oiseaux, il y chercha les deux mêmes lames que lui montrèrent en effet l’os carré d’un aigle bate- leur prenant sa robe d’adulte et celui d’une autruche dans l'état de fœtus; cette indication lui fut donnée par une suture à l’une des surfaces et par une série de trous à l’autre, les deux : lignes se joignant sur les bords. Les deux osselets du pédi- cule articulaire avoient été vus dans une corneille plus ancien- nement, par l’auteur; il en avoit fait mention dans une note de sa Philosophie anatomique, p. 48. 21 > 164 DE L'Os CARRÉ DES OISEAUX. - Depuis, ces deux osselets ont été revus : ils sont cartila- gineux et isolés de toute partie osseuse, dans le premier âge; ils prennent plus tard la consistance des os, et ce n'est qu'a- près que le squelette est partout ailleurs entièrement conso- lidé, qu’ils se soudent au pédicule articulaire de l'os carré. Après avoir traité des connexions, des relations et des usages de ces pièces, l’auteur établit qu’elles correspondent aux parties osseuses dont se compose l'os styloïde : il avoit déjà fait connoître l’une de ces pièces, l'os stylhyal; il décrit la seconde dans l'homme, les chats, les ruminans, les che- vaux, le lapin et généralement dans la plupart des genres de mammifères. Partout cette seconde pièce se montre avec un caractère d’individualité; fusiforme à son extrémité cranienne, elle est capsulaire à l’autre bout: os distinct dans le principe, on la retire sans effort de sa cavité. M. Geoffroy lui donne le nom de »agtral, de son ancienne dénomination apophyse vaginale. M. Geoffroy s'occupe ensuite de retrouver chez les mam- mifères les deux principales pièces de l’os carré, ou‘de ce que M. Cuvier avoit proposé d'appeler du nom de caïsse. La caisse des mammifères la plus volumineuse est celle des chats, des lions, et des panthères : on sait qu’elle couvre tout le rocher et que sans être soudée aux parties environnantes, elle est enfermée et assez solidement fixée entre loccipital inférieur , le temporal et le mastoïdien. Dans le chat nouveau-né, elle paroît ne consister que dans le cercle du tympan, ou os tympanal; mais après dix jours de naissance, une membrane répandue en dehors de l'artère earotide interne devient osseuse. Le cadre du tympan croit DE L'Os CARRÉ DES OISEAUX. 165 par son bord intérieur, et l'os servant de coiffe à l'artère, se développant dans un sens inverse, c’est-à-dire, du rocher en s'étendant sur le cadre du tympan, il en résulte une double caisse. Le bord immuable du tympanal, celui où reste atta- ché la membrane du tympan, devient le diaphragme osseux qui sépare les deux cavités. Il est donc là deux pièces : on les sépare très-facilement vers dix à quinze jours de naissance. Mais de plus on constate, à une plus nouvelle époque, une autre subdivision, et la caisse des chats est ainsi formée de trois 05. Ces trois pièces se montrent bien plas évidemment dans lés marsupiaux et principalement dans le hérisson, que ses rapports naturels placent auprès des phalangers. Le hérisson arrive presque au terme de sa taille que ces trois pièces ne sont pas soudées les unes avec les autres. Qu'on vienne à examiner dans un âge plus avancé, l’os en coquille, qui est adossé au tympanal, et qui enveloppe celui-ci par dehors, ne s’y réunit point, comme dans les chats, mais bien à celui des os qui l’avoisine du côté opposé : or, cet os, c’est le sphé- noïde postérieur. Ce dernier est ainsi accru de deux ailes en arrière, qui rendent, jusqu’à un certain point, sa forme mé- connoissable. Voilà donc un os distinct : l’état sw generis de cet os, sa condition d’être à part, sa spécialité, en un mot, sont présen- tement un fait de toute évidence. Il se montre dans tous les animaux , Comme avec un vouloir propre, allant se placer sur une pièce dans un animal, et sur une autre dans un second. M. Geoffroy lui donne, de sa forme, le nom de cofyléal. Ces lumières, fournies par l'anatomie comparée, ce n’étoit 166 bE L'Os CARRÉ DES OISEAUX. plus une affaire que d’aller à cet os en anatomie humaine. Le supposer existant chez l’homme, étoit une conséquence forcée de ce qui précède, et l'y trouver sans hésiter résultoit pa- reillement de la connoiïssance acquise de ses connexions. Le cotyléal, chez l’homme, est une pièce qui, extérieure- ment, recouvre une portion du rocher. H se voit distincte- ment, et on le détache dans les enfans nouveau-nés; par sa portion capsulaire, il embrasse et saisit à son milieu le dos du tympanal. Comme la tête de Fhomme a beaucoup plus de largeur que celle d'aucun autre mammifère, les apophyses du cotyléal se prolongent davantage sur le rocher, et c’est, sans le moindre doute à mon avis, pour rester chez l'homme tout près du sphénoïde, c’est-à-dire, dans les mêmes rapports de connexion que chez tous les quadrupèdes. Mais d’ailleurs les apophyses de cette sorte de caisse, bien que soudées au rocher dans l’homme peu après [a naissance, n’en corres- pondent pas moins pour le nombre et les connexions à celles de la caisse des chats, lesquelles, comme on l’a vu plus haut, ne servent qu'à encastrer celle-ci au milieu de ce qui l'entoure. Le cotyléal, dans l'homme comme dans les animaux mam- mifères, sert de chaperon à l’artère qui. est de passage sur le rocher : son long pédicule forme une sorte d’arche de pont en ce lieu pour le trajet du sang carotidien. Mais dans l’homme aussi(1), de même que dans le chat, il y a une troisième pièce. Elle se soude, à un autre âge de Ja vie fœtale, à un os qui lui sert de support, etavantque le (x) Observation que je dois à la communication qui m’a été faite du manuscrit intitulé : Loës de l’ostéogénie. DE L'OSs CARRÉ DES O1sSEAUXx. 167 cotyléal ne se soude avec elle-même. Cette autre pièce est donnée par la subdivision du cadre du tympan: une portion constitue le cercle tympanique proprement dit ; elle reste employée sous le nom de tympanal. l’autre , d’après une découverte récente de M. Serres, forme la tête de ce même cadre du tympan, s'articule avec le temporal et se distingue du cercle tympanique par plus d’épaisseur et d’aspérité. Cet os diffère en outre du tympanal par une marche propre d’es- sification, et parce qu’il a aussi en outre des fonctions à part. M. Geoffroy, qui l’a vu chez tous les animaux et comme une pièce propre à tous, l’emploie sous le nom du savant qui le premier l’a remarquée et distinguée; sous le nom de serrial. On trouve cet os plus visiblement et plus long-temps séparé dans le chien ; sa formeen fourchue dans le veau est tout-à-fait remarquable. Ainsi, voilà l'oreille externe composée de cinq pièces : le tympanal, le cotyléal, le serrial, le vaginal et le stylhyal, ces pièces d’abord détachées du rocher, y sont fixées à des époques bien différentes suivant les espèces, ou mieux, sui- vant les familles. Elles sont élevées au rang de matériaux principes, par l'observation que toutes existent dans tous les animaux vertébrés. Ainsi l’auteur arrive également par elles, c'est-à-dire , par des considérations si minutieuses qu’elles avoient jusqu'alors été négligées à la démonstration du prin- cipe qui le dirige dans ses travaux, l’unité de composition organique. Compléter ce qui reste à savoir sur les fonctions de ces os et sur leurs développemens, montrer toutes ces pièces dans les repules et les poissons, désigner celle des cinq qui n’entre 168 DE L'OS5 CARRÉ DES OISEAUX. point dans la composition de l'os carré des oiseaux , enfin, expliquer la formation de la partie du tuyau auditif qui, dans l'homme, s’étend par delà le tympanal ; ce sont autant de questions dont l’auteur doit s’occuper dans une seconde partie. - Nora. Faute à corriger , page 100, douzième ligne, lisez disparition au lieu de disposition. Tom 7: # ANENCEPHALE.PL.I. À mavillare f:B vtermazl®C maxilatre vip. D palrhn. Æ Lerwseal. Cvomer. Hnasal.LT. cornetr A frontal. L lxcryrnal Mjugal.N péreal.P rocher. Q bymparnal.R temporal. S'iterparitl.T parietel. U sur-ocepial.V ex -occp “4 X sous-0ccprlal. Ypposphenal. ,Z entosphenal 4 enclne. OT] gras sta . @ alerparielel ? n ni g \ LL DE l U/ 1 7 Un) Pig. 1et2 PODENCÉPHALE. ig.5.4.6.6.7.8 etg NOTENCÉPHALE. PL IT. + Ê Fe SHSCEG TES ( LI net 4 4 . \ f OS DE L OCCIPUT ET DU SPHENOIDE À LETAT WORMAZ. PZ.H1. ke # 169 _ MÉMOIRE SUR LA FAMILLE DES CRUCIFERES. PAR M. DE CANDOLLE L, famille des Crucifères est peut-être une de celles que Von connoït le mieux dans le règne végétal entier. Non- seulement la plupart des espèces dont elle se compose sont indigènes de l’Europe ou de pays très-voisins de l'Europe, mais encore cette famille a été reconnue pour naturelle dès les premiers temps de la botanique, et a été, à ce titre, étudiée avec soin par plusieurs naturalistes distingués. Tournefort et Linné paroiïssent avoir donné à l’établisse- ment des genres des Crucifères une attention particulière. Crantz a fait connoître quelques observations utiles dans un ouvrage spécial sur cette famille. Scopoli et Adanson ont l’un et l’autre ajouté quelque perfectionnement à la manière de décrire les fleurs de ces plantes. Médikus s’en est occupé d’une manière plus spéciale, et s’il n’a pas eu l'influence nécessaire pour faire adopter sa classification, ses efforts, réunis à ceux des botanistes que jeviens de citer, ont au moins contribué à faire sentir la nécessité d’une réforme dans les genres admis. Je ne parlerai point de Smelowski, qui, seul parmi tous les classificateurs, a osé, dans sa Monographie, Mém. du Muséum. À. 7. 22 170 SUR LA FAMILLE ne pas conserver intacte cette famille si naturelle, et n’y a proposé que des modifications plus apparentes que réelles ; mais je mentionnerai essentiellement Gærtner, quoiqu'il ne paroisse pas s'être occupé des Crucifères d’une manière spé- ciale : il a en effet répandu dans leur étude un jour tout nouveau par l'observation des formes diverses de leur embryon. Tout en reconnoissant la sagacité habituelle de ses observations, on doit convenir qu’elles n’ont pas eu immédiatement des conséquences bien importantes ; d’un eôté, il les avoit exprimées en termes peut-être trop concis; de l’autre, il n’avoit tiré lui-même aucun parti de la forme de lembryon dans les distinctions génériques, de sorte qu’à la simple lecture de son ouvrage on ne pouvoit guère discerner le degré d’importanee de ce caractère. Schkuhr, qui la aussi indiqué avee quelque soin dans les espèees qu’il a figurées, n’a pas cherché non plus à en ürer des conséquences ultérieures. - M. Robert Brown, dont les botanistes sont accoutumés à admirer l'exactitude et la sagacité, a le premier senti toute l'importance des caractères observés par Gærtner dans les embryons des Crucifères; il les a introduits dans les carac- tères génériques, et les à ainsi présentés à l’observation des botanistes sous une forme qui indiquoit leur importance réelle. C’est dans la seconde édition du Jardin de Kew qu’il a proposé cette importante innovation ; mais, gèné sans doute par la forme et le cadre de cet ouvrage, il n’a pu donner à ses caractères génériques le développement qui peut-être eût été nécessaire pour les faire promptement apprécier. En effet, depuis la publication du Jardin de Kew , nous avons vu M. Desvaux publier une monographie des siliculeuses, où DES CRUGIFÈRES. 171 se trouve d’ailleurs un grand nombre de bonnes observa- tions, mais où les caractères déduits de l'embryon ne sont pas même mentionnés, et où les genres fondés sur ce prin- cipe sont ou népligés ou mal compris. Nous avons vu M. de Jussieu lui-même condamner tous ces genres sans en dire‘les motifs et, j'ose le croire, sans avoir étudié par lui-même des caractères dontil pouvoit plus que personne apprécier l'im- porïtance. Tel étoit l’état de la science quand l’ordre -qué j'ai adopté pour la publication du système universel du règne végétal m'a appelé à m'occuper des 'Crucifères. Dépouillé de toute opinion préalable, et sentant que je devois me décider entre des opinions soutenues d’un côté par Linné et Jussieu, de l’autre par Gærtner et Brown, j'ai cherché à mettre dans ce travail toute la rigueur dont j'étois capable. Les résultats détaillés de mes recherches:vont paroître dans le second vo- lume du Syséema;mais comme la forme didactique de cet ouvrage ne permet pas d'y développer tous les motifs sur lesquels mes opinions se fondent, j'ai eru que les matura- listes ne liroient pas sans quelque intérêt une analyse rai- sonnée des caractères et de la classification des Crucifères telles que je suis arrivé à les concevoir. De pareilles analyses fournissent aux maitres de la science les élémens du jugement qu'ils doivent porter, et sont peut-être ‘utiles à ceux qui commencent l'étude méthodique des familles, en leur mon- trant par quelle marche logique on peut atteindre à la con- noissance plus ou moins complète d’un ordre naturel. Deux obstacles ont particulièrement contribué à retarder l'étude méthodique de cette famille, et ce que je dis ici seroit 22 172 \SÜR LA FAMILLE applicablé à plusieurs autres; 10. les caractères fondamentaux déduits de la structure interne de la graine ont été indiqués trop brièvement et dans un trop petit nombre d’espèces, de sorte, qu'il étoit difficile et de sentir toute la valeur des termes employés et la plupart inexpliqués, et de comprendre leur importance. La brièveté est bonne sans doute, mais quand elle ne nuit pas à la clarté, et qu’elle porte sur les objets peu essentiels. On peut avec quelque raison reprocher à plusieurs botanistes qu'ils donnent de longs détails sur les espèces, et à peine quelques mots sur les genres et les classes; de sorte qu’ils sont d'autant plus brefs, que l’objet a plus d'importance. : Un second obstacle à l’étude raisonnée des familles, ob- stacle plus indépendant de notre volonté, est le petit nombre d'espèces qu’on en connoïît, et même le petit nombre de celles qu'on étudie pour fonder les genres. La plupaït de ceux qui.se sont voués à l'étude des caractères génériques se sont contentés de les observer dans quelques espèces, et ont ensuite rapporté les aütres d’après leur port ou l’ensemble de leur apparence. Cette méthode, peut-être inévitable avant que les progrès de-la botanique eussent fait connoître un grand nombre d’espèces, est évidemment vicieuse; tantôt elle entraine à donner à tout un genre, un caractère qui n’est propre qu'à une fraction de ce genre, tantôt à consi- dérer comme simple caractère spécifique une organisation commune au genre entier. | J'ai été heureusement placé pour éviter cette cause d’er- reurs, ou du moins pour en diminuer l'effet. Quoiqu'il soit impossible de dire que lon connoit la totalité des espèces DES CRUCIFÈRES. 173 + d'une famille, je puis croire, d’après la distribution générale des Crucifères sur le globe, et la masse de celles que j'ai vues, avoir travaillé sur un nombre assez grand pour qu'il y ait peu de probabilité qu’il puisse encore beaucoup: s’ac- croître. En effet, le recensement général le plus moderne, celui de Persoon, n’admet que cinq cent quatre espèces de crucifères plus ou moins bien connues. J’en eompte en ce moment neuf cent soixante-dix. Sur ce nombre, neuf cents envirôn peuvent étreconsidérées comme assez bien connues; et parmi ces neuf cents j’en ai vu huit cent quatre-vingts de mes propres yeux, et j'ai disséqué les fruits ou les graines de plus de sept cents. Je cite cette circonstance comme importante, car, dans un travail du genre de celui-ei, on ne peut tirer de généralités exactes que d’un grand nombre de faits de’détail. Cet accroissement immense dans le nombre des crucifères, je le.dois à la complaisance avec laquelle presque tous les bota- nistes ont bien voulu ou m'adresser des échantillons de leurs découvertes, ou me faire part de leurs observations, ou me permettre d'étudier leurs collections, et d’examiner par moi . même les échantillons qui ont servi de types aux descriptions originales. Je voudrois pouvoir, sans trop: allonger ce Mé- moire, faire connoître ici tous les secours que’ j'ai reçus, et témoigner ma reconnoissance à tous les amis qui m'ont se- condé par leurs communications; mais leurs noms seront eités à toutes les pages du Sys/emna, et je craindrois, en les répétant ici, de fatiguer le lecteur qui doit s'intéresser aux résultats plus qu'aux moyens d'exécution. | Pour mettre quelque ordre dans cette exposition générale de la famille des Crucifères, je commencerai par décrire suc- 174 SUR LA FAMILLE cinctement les caractères déduits des organes de la végéta- : tion, puis je m'étendrai avec plus de détail sur ceux de la fleur et du fruit. Après avoir fait connoître la structure de ces organes je discuterai les principes de la classification de la famille , et j'exposerai celle que j’ai admise, d’abord en général , puis en disant quelques mots sur les tribus et les genres en particulier. S I. Des organes de la végétation. Les crucifères sont presque toutes de consistance herba- cée; il en est cependant quelques ‘unes qui s’endurcissent au point de former de petits sous-arbrisseaux : telles sont quelques espèces des genres cherranthus, heliophile , alyssurm, vella, genres qui d’ailleurs n’ont aucune affinité particulière. Le vella pseudocytisus, qui est le plus grand des arbrisseaux de la famille des crucifères, ne passe guère deux à trois pieds de hauteur. Les espèces herbacées par- viennent souvent à une hauteur plus considérable, comme on le voit dans plusieurs espèces de sisymbriurn, brassica, lunaria, etc. Parmi ces plantes herbacées, la plupart sont vivaces, et repoussent par conséquent chaque année de nou- velles branches qui naissent de leur souche ou de la partie permanente de leurs tiges; 1l en est, au contraire, qui sem- blent dépourvues de cette faculté, qui ne fleurissent à l’or- dinaire qu’une seule fois ou à la fin de la première année de leur vie (annuelles), ou à la fin de la seconde ( bisannuelles ). Cette différence, qui semble si grave, n’est liée avec aucune autre;et il n’est presque aucun genre un peu nombreux où l’on DES CRUCIFÈRES. 179 ne trouve des espèces annuelles, bisannuelles et vivaces. Il semble qu’isolée de toute autre elle peut àpeine servir de carac- tère spécifique ; ainsi la giroflée dite Quarantain, qui estannuelle dans les'jardins, diffère bien peu, et même selon M. Brown ne - diffère pas de la giroflée vivace. Ainsi le brassica suffruticosa quoique ligneux ne semble pas différer du Barpensis qui est an- nuel. Ainsi le z://a myagrodes est selon M. Delille annuel dans les lieux où sa végétation n'est point troublée et devient vivace lorsque sa tige broutée ou pincée ne peut ni se développer ni fleurir. On se rendra peut-être quelque raison de cette singularité en examinant le développement des tiges des cru- cifères. Dans toutes, sans aucune exception à moi connue, la grappe florale nait opposée à une feuille, et entre la grappe et la feuille il existe un jeune rameau. Lorsque ce rameau prend beaucoup d’accroissement, comme cela a lien par exemple dans les diverses espèces de serzebiera (fig. r), on dit alors sans aucun doute que les grappes sont opposées aux feuilles : lors au contraire que le rameau axillaire reste petit et peu apparent, alors la grappe prenant plus de force se dresse davantage et on a coutume de dire qu’elle est ter- minale (fig. 2). Les apparences motivent ces deux expres- sions, mais en réalité la loi anatomique est toujours la même; ceux qui regardent les plantes comme formant un tout unique et les branches comme en étant de simples divisions, doivent dire que les grappes sont toujours opposées aux feuilles ; ceux qui considèrent les plantes comme des aggrégats d’au- tant d'individus qu'il s’y'est développé de bourgeons, doivent dire que les grappes sont terminales et qu'un nouveau bour- geon se développe ou peut se développer à Vaisselle de toutes 176 SUR LA FAMILLE les feuilles ; une vraie plante annuelle seroit celle dans la- quelle il ne se développeroit point de nouveaux bourgeons à Vaisselle des feuilles ; je n’oserois pas aujourd’hui affirmer qu'il n’en existe point de pareilles dans le règne végétal, mais ce que je puis dire, c’est que toutes les crucifères et le plus grand nombre des plaites dites annuelles poussent des bourgeons de leurs aisselles; ces bourgeons ne se déve- loppent pas, ou à cause de l’hivér qui les tue, ou à cause de l'épuisement produit par la fleuraison et surtout par la maturation des graines, ou par quelques accidens divers et non encore suffisamment appréciés. On conçoit dans cette théorie, sur laquelle je me propose de revenir un jour en détail, comment il peut y avoir certaines plantes annuelles susceptibles de devenir vivaces et comment les espèces an- nuelles et vivaces d’une même famille peuvent avoir entre elles la plus grande analogie. Les crucifères herbacées ou demi-ligneuses prennent sou- vent après la fleuraison une consistance remarquablement plus dure qu'auparavant, c'est ce qui déterminede dévelop pement des épines de quelques-unes d’entre elles.; ainsi le lepidium spinescens , Valyssum spinosum et le zilla mya- grodes n’ont d’autres épines que leurs branches ou grappes endurcies et devenues ligneuses. Le même phénomène a lieu dans l'anastatica, plante annuelle, herbacée, verte et molle pendant sa végétation et dont la racine et les rameaux prennent à Ja fin de sa vie une consistance ligneuse. Les ra- meaux ainsi endurcis et desséchés se recourbent les uns sur les autres de manière à former une boule irrégulière; dans cet état la plante est roulée par les vents dans les déserts DES CRUCGIFÈRES. 157 sablonneux de l'Orient, dont elle est originaire, jusqu’à ce qu'elle soit portée par hasard vers un lieu humide: alors ses rameaux imbibés d’eau s’étalent, ses capsules fermées par la sécheresse entr'ouvrent leurs valves et ses graines sont semées là où elles trouvent l'élément nécessaire à leur végétation ; ainsi par une loi hygrométrique diamétralement opposée à ce qui a lieu dans le plus grand nombre des plantes, l’enas- tatica, dite siimproprement Rose de Jéricho, trouve un moyen sûr de reproduction dans ces déserts qui semblent absolument stériles. Ce phénomène auroit été plus digne d’attirer sur cette plante l'attention publique que les contes ridicules qu’on a faits sur elle lorsqu'on a voulu en déduire des inductions sur l’accouchement des femmes ou autres sottises analogues. Au reste ce fait n’est pas borné à l'anastatica. Quelques autres erucifères des déserts de l'Orient sont de même contractées en boule à leur maturité et roulées par le vent, et les capsules de plusieurs me paroissent avoir plus de disposition à s’ouvrir par l'humidité que par la sécheresse. Cette propriété hygros- copique, dès long-temps connue dansla prétendue Rose de Jé- richo, a été observée dernièrement surles capsules d’æœrothera par M. de France qui a rappelé notre attention sur le phéno- mène général, important pour la physiologie, puisqu'il démontre l’existence dans le règne végétal de deux sortes d'hygroscopicité en sens inverse l'une de l’autre. Les racines des crucifères sont généralement pivotantes, grêles et allongées, quelques unes fibreuses , quelques autres renflées au-dessous du collet en un corps oblong comme dans les raiforts, arrondi comme dans le navet ou même déprimé comme dans la rave; ces racines, quelque Méin. du Muséum. 7. 23 Ci 178 SUR LA FAMILLE grosses qu’elles deviennent, ne peuvent être, sans un grand abus d’expression, assimilées aux vrais tubercules. La plupart des crucifères à grosse racine présentent un phénomène digne de remarque, c’est qu’en général les espèces ou variétés dont la racine est très-grosse ne portent qu'un petit nombre de graines, comparativement aux espèces ou variétés voisines munies d’une racine plus grêle ; ainsi, parmi les cochlearia, le Cranson de Bretagne qui a une très-grosse racine n'a qu'un petit nombre de fruits qui parviennent à maturité; ainsi parmi les variétés du raphanus sativus les unes qui ont la racine grosse sont cultivées pour l'usage même de cette ra- cine comme aliment, tandis que l’une d’entre elles (le À. sa- tipus oleifer), qui a la racine menue, porte un assez grand nombre de graines pour qu'il vaille la peine de la cultiver pour obtenir de l'huile ; ainsi parmi les variétés du 6rassica asperifolia les unes , comme la rave et le navet, ont les racines grosses, épaisses et charnues, tandis que la navette qui a la racine mince donne assez de graines pour qu'on la cultive comme plante oléifère. Les racines de plusieurs crucifères portent long-temps après leur développement les traces de la graine ou coléorhize qui les entouroit à leur naissance et qu’elles ont percée ou rompue pour s’accroitre. Ces traces sont très-visibles dans le raifort commun. M. de Cassini en a donné une description exacte et détaillée. Cette observation jointe à plusieurs autres analogues tend à prouver que l'existence de la coléorhize , non plus que le mode de développement des racines ne peut servir à distinguer nettement les exogènes des endogènes : mais l'observation de cet organe n’en mérite pamoins l'at- DES CRUCIFÈRES. 179 tention des naturalistes. La partie inférieure des tiges cou- chées de plusieurs crucifères, et surtout de celles qui naissent dans les lieux aquatiques, donne souvent naissance à des fibrilles radicales toujours grêles, blanches et cylindriques. Les prétendues racines dentées qui ont fait donner à un genre le nom de Dentaires ne paroïssent être que des sou- ches souterraines qui portent des rudimens ou bases de feuilles avortées. Quelques crucifères portent des sortes de bulbilles à l’ais- selle des feuilles inférieures, comme on le voit dans plusieurs Cardaminé. Les feuilles des plantes de cette famille présentent en gé- néral une grande diversité soit dans les espèces comparées ensemble, soit dans les mêmes espèces examinées à divers âges, soit dans les diverses portions d’un même individu. Les seules circonstances qui n’offrent aucune exception c'est 10, qu’elles ne sont jamais composées; les feuilles divisées jusques à la côte des dentaires ou des héliophiles sont en effet continues dans toute leur étendue et nullement arti- culées ; 20. qu'elles sont toujours penninerves, c’est-à-dire munies d’une côte moyenne longitudinale qui en émet de ‘latérales sur les deux côtés; la dentaria digitata qui seule peut-être fait exception à cette règle y rentre cependant jus- qu'à un certain point si on considère ses lobes comme nais- sant très-près du sommet du pétiole. Au reste les feuilles presque digitées et presque composées de quelques den- taires rapprochent un peu ce genre des Cléomé qui appar- tiennent aux capparidées. Les cotylédons des crucifères se changent tous en feuilles 29. 180 SUR LA FAMILLE séminales vertes et opposées, linéaires et entières dans les héliophilées, oblongues ou ovales dans la pluplart, échancrées au sommet dans les brassicées, divisées en trois lobes dans quelques lepidiums; ces formes sont en rapport avec la stru- ture primitive des cotylédons dans la graine. Aux feuilles séminales succèdent des feuilles primordiales souvent opposées , mais qui peu à peu deviennent alternes à mesure qu’elles s’éloignent des cotylédons ; quelques es- pèces de lunaire conservent cependant des feuilles inférieures opposées et toutes les espèces du genre eunornia présentent ce caractère ; toutes les autres crucifères ont les feuilles al- ternes. | Les feuilles radicales sont le plus souvent disposées en rosette, pétiolées et plus allongées que celles de la tige. Dans -les espèces bisannuelles ces feuilles se développent beaucoup la première année et forment d'ordinaire, avant l'allongement de la tige florale qui n’a lieu que la deuxième année, une large rosette étalée dans les espèces sauvages. ou resserrée dans les têtes de certains choux cultivés. Les feuilles de la tige sont graduellement plus petites, plus sessiles et moins découpées. Les degrés et les formes diverses des découpures des feuilles sont très-variables; au milieu de cette diversité on peut remarquer cependant que cette famille est une de celles où l'on trouve le plus de feuilles lyrées, c’est-à-dire munies dans le bas de la côte moyenne de lobes séparés jusques à la nervure, et dans le haut, de lobes plus grands et plus ou moins réunis par leur base ; le lobe terminal est le plus souvent beaucoup plus grand que les autres. [e] DES CRUCIFÈRES. ! 187 Les feuilles de la tige sont souvent sessiles, échancrées en cœur à leur base et munies d’oreillettes aiguës ou arron- dies ; dans ce cas, elles sont toujours entières et l’on seroit tenté de regarder ce genre de feuilles comme une espèce de développement du pétiole. Dans le Zepidium perfolia- tum , les feuilles inférieures sont pétiolées et déchique- tées en lobes fins et nombreux; les supérieures sont en- üères, embrassantes et en forme de cœur; lesintermédiaires offrent le plus souvent des traces évidentes du développe- ment du pétiole et de la diminution graduelle des lobes ; c’est ici parmi des feuilles simples un phénomène analogue à ce que présentent les acacies héterophylles parmi les feuilles composées. Les poils qui recouvrent les parties herbacées des cruci- fères sont de formes diverses, tantôt simples, tantôt plus ou moins rameux ou étoilés : cette dernière disposition se trouve principalement parmi les alyssinées et les arabidées. S IL Organes de la reproduction. Les fleurs des crucifères sont disposées en grappes simples: qui, comme nous l'avons déjà exposé, naissent opposées aux feuilles supérieures. Ces grappes dégénèrent rarement en épi par la brièveté des pédicelles, c’est ce qui a lieu dans leuclidium. . Elles prennent quelquefois la forme de corvmbes parce que l’axe s’allonge très-peu et que tous les pédicelles partent à peu près du sommet, comme on le voit dans les ibérides. Dans quelques espèces de ce genre les pédicelles sont en 102 SUR LA FAMILLE corymbe à l'époque de la fleuraison et par l'allongement de l'axe forment une grappe pendant la maturation; dans quelques-unes les pédicelles restent disposés en corymbe jusqu'à la maturité des fruits, mais dans toutes les autres crucifères l'axe de la grappe s’allonge plus ou moins après la fleuraison!, et comme celle-ci commence ‘toujours de bas en haut, on trouve le plus souvent les pédicelles inférieurs de chaque grappe écartés et portant des fruits, tandis que les supérieurs sont rapprochés et encore en fleur. Cette cir- constance permet même ; dans les systèmes uniquement destinés à la facilité, de tirer simultanément de la fleur et du fruit les caractères génériques des crucifères. Les pédi- celles eux-mêmes présentent quelques changemens notables dans leur développement ; ils commencent le plus souvent par être dressés, puis vont plus ou moins en s’étalant jusqu’à la maturité du fruit. Hs commencent par être courts et fili- formes, ensuite les uns s’allongent sans changer de forme , les autres grossissent vers leur sommet de manière à prendre la forme de massue ou de cône renversé. Ce double genre de développement des pédicelles offre de bons caractères spé- cifiques. Mais ce que les grappes des crucifères présentent de plus remarquable, c’est que dans presque toutes on n’aperçoit pas le moindre vestige (fig. 1 et 2) des bractées ou feuilles florales qui d’après les lois de l’analogie et de la plus sévère théorie devraient exister au-dessous de chaque pédicelle. Ces bractées n'existent que dans quelques espèces des genres sisymbrium (fig. 3) et farsetia et ne paroissent liées avec aucune autre circonstance d'organisation. Dans toutes les DES CRUCIFÈRES. 163 autres crucifères on peut les regarder comme ayant disparu avant le développement visible de la plante par suite d'un avortement prédisposé, mais cette hypothèse pèche cependant ici sous un point de vue, c’est que lorsque les bractées existent elles sont grandes et foliacées (fig. 3); lorsqu'elles manquent, elles manquent complétement et sans qu'il soit possible d’en trouver le moindre rudiment ; au reste plus ce caractère s'éloigne des lois générales, mieux il sert à distin- guer les crucifères, et plus on a lieu d’être surpris qu’il ne se trouve nettement indiqué dans aucun des nombreux écrits publiés sur cette famille. Les fleurs des crucifères sont en sénéral de grandeur mé- diocre, les plus petites sont celles des déleptium , les plus grandes celles des giroflées des jardins, c’est-à-dire qu’elles varient de 1 à 10 lignes de diamètre. Ces fleurs sont le plus souvent blanches, quelquefois rouges ou jaunes; on ne trouve de crucifères à fleurs véritablement bleues que parmi les héliophiles du cap de Bonne-Espérance ; le #raya et l'a- rabis cœruléa de nos Alpes sont les seules crucifères euro- péennes à fleur bleuâtre. Les crucifères à fleur blanche ou rougeätre sont souvent réunies dans les mêmes genres, et même ces couleurs passent facilement l’une dans l’autre; comme on le voit par l’exemple du 2athiola incana. Vies fleurs jaunes sont dans cette famille, comme dans toutes les autres, les plus constantes en général, mais les crucifères offrent à l'égard de la couleur des fleurs deux observations qui ne sont pas indignes d'attention. nb 10. Il existe dans quelques genres, savoir les Aesperis, les nathiola, eic., des fleurs d’une couleur sale et inter- 184 ë SUR LA FAMILLE médiaire entre le jaune, le rougeâtre et le blanc; toutes ces fleurs s'épanouissent le soir et répandent une odeur suave très-analogue dans toutes les espèces; ce phénomène n’est pas particulier aux crucifères et on le retrouve dans toutes les plantes qui ont la même couleur; ainsi le pe/argorium triste, le gladiolus tristis, ont la couleur, l’odeur et le mode d’inflorescence des mathiola à fleur sale ou des hes- peris de la mème couleur. 20. Quelques espèces de cheranthus toutes ligneuses et originaires des îles de Madère ou des Canaries portent des fleurs dont la couleur varie pendant leur développement ; elles naissent blanches dans le cherranthus longifolus, d’un jaune pâle dans le cherranthus mutabilis et prennent peu de temps après une teinte lilas. Mais l'exemple le plus remarquable de ces variations de couleur est le cerran- thus scoparius qui dans ses divers âges et dans ses diverses variétés présente une foule de teintes différentes, savoir le blanc, le jaune pâle, le lilas, le pourpre, le jaune couleur de rouille plus ou moins vif. Hors de la famille des crucifères ce phénomène se retrouve dans quelques plantes éparses çà et là dans divers grouppes, telles que le cobæa scandens , l’hibiscus mutabilis et le gladiolus versicolor. La cause en est tout-à-fait inconnue ; il est probable qu’elle doit se trou- ver dans quelque modification des sucs des pétales déter- minée par l'acte même de la fécondation ; il seroit très-cu- rieux de travailler à faire doubler quelqu’une des espèces à fleur changeante dont je viens de parler ; si mon hypothèse est vraie, les couleurs ne changeroiïent plus puisque la fécon- dation n’auroit plus lieu; si elle est fausse on obtiendroit DES CRUCIFÈRES. Fe 195 un genre de fleurs d'ornement très-remarquable par sa nou- veauté. La structure de la fleur des crucifères est tellement régu- lière qu'elle à frappé sous €e rapport tous les observateurs et qu’elle ne comporte pas de longs développemens ( voyez fig. 6). Le calice de toutes les plantes de cette famille est com- posé de quatre sépales opposés deux à deux. Les deux latéraux peuvent être désignés par les noms de 'sépales mo- nostemones, parce qu'ils n’ont à leur base chacun qu’une étamine, ou sépales valvaires, parce qu'ils sont situés devant les valves du fruit ; les deux autres, dont l’un est inférieur et l'autre supérieur, devront être, en suivant les mêmes analo- gies, nommés sépales disternones, parce que chacun d'eux a deux étamines devant lui, ou sépales placentaires, parce qu'ils sont situés devant les placentas du fruit. Les sépales valvaires (fig. 6, à b )sont d'ordinaire les plus larges et bosselés à leur base; les placentaires (fig. 6, d' db") plus étroits et constamment planes. Les sépales valvaires forment dans l’estivation un rang intérieur, les placentaires un rang extérieur; mais cette disposition change souvent en entier pendant le développement de la fleur. Tous ces sé- pales sont attachés au torus ou receptacle commun de la fleur, articulés et libres jusqu’à la base, aussi sont-ils pres- que toujours caducs après la fleuraison; il n’y a qu’un petit nombre d'espèces, telles que le vesicaria vestita, Valyssum calycinum , le brassica vesicaria, etc., qui conservent leur calice après la fleuraison; quelquefois la base des sépales paroît former un petit évasement sur lequel le torus vient Mém. du Muséum. +. 7. 24 180 SUR LA FAMILLE se coller, et dans ce cas, qu’on observe quoiqu'imparfaite- ment dans le /eesdalia, on pourroit dire à toute rigueur que ces fleurs sont périgynes ou calyciflores ; de semblables ano- malies s’observent dans quelques capparidées et quelques papaveracées et tendent à sapper la grande division déduite de l'insertion des parties de la fleur. Au reste les sépales des crucifères sont tantôt dressés, tantôt plus ou moins étalés, tantôt foliacés, tantôt plus où moins pétaloides; mais ces différences paroissent de très-peu d'importance. Le caractère déduit des bosselures situées à la base des sépales valvaires mérite plus d'attention; ces bosselures sont déterminées par la protubérance des glandes du torus ou du moins ces deux caractères sont concomitans (fig. 9, 14). Lorsque les glandes du torus sont très-saillantes, les sépales latéraux se prolon- gent en éperons, comme on le voit dans les lunaires (fig. 13, 14), et mieux encore dans les jondraba ou biscutelles à épe- rons; lorsque ces glandes sont obtuses, les sépales latéraux sont simplement bosselés comme dans les genres Lesperis , moricandia,mathiola (fig. 11,12). Enfin lorsque ces glandes sont peu protubérantes, elles ne font que repousser légère- ment les sépales latéraux qui, quoiqu'intérieurs à leur ori- gine, finissent souvent par paroître extérieurs. Cette dispo- sition diverse des sépales étant liée avec le reste de l'organi- sation est de nature à être admise dans les caractères génériques. Les pétales des crucifères sont au nombre de quatre, al- ternes avec les sépales, n’adhérant jamais avec eux et insérés sur le torus. Dans lestivation ces pétales sont le plus sou- vent roulés en spirale (fig. 5,6, 7,8, ) c’est-à-dire se recou- DES CRUCIFÈRES. 187 vrant à moitié l'un l’autre dans la même direetion. Souvent j'ai vu l’un des inférieurs enveloppant les trois autres con- tournés en spirale. Ces pétales sont presque toujours rétré- cis «en onglet à limbe oblong (fig. 15), ovale (fig. 16) ou arrondi, tantôt entier, tantôt échancré (fig. 17) ou bifide au sommet (fig. 18). Ils dépassent ordinairement là longueur des sépales et tombent avec eux après la fécondation. Lors- que les crucifères viennent à doubler, chaque pétale se change en un faisceau de pétales. Dans quelques crucifères, comme les iberis, les deux pétales extérieurs prennent une dimension plns grande que les deux intérieurs (fig. 19): cette disproportion est surtout prononcée lorsque les fleurs sont en corymbe, et rappelle ce qui a lieu si fréquemment dansles scabieuses, les ombellifères et les composées dont les fleurs marginales s’étalent du côté extérieur. | Les étamines présentent le caractère le plus remarquable et le plus connu de la famille; au lieu d’être au nombre de quatre, comme l'indiqueroit le nombre des pétales et des sépales, on en compte constamment six (fig. 6, 10, 22,3), car je puis à peine noter comme exception le très-petit nombre des espèces dans lesquelles on ne compte par avor- tement que quatre ou deux étamines. Ce qui est encore remarquable dans la disposition de ces étamines, c’est que, quoique différente de tout ce que présentent les autres fa- milles, elle est réellement symétrique. On trouve en effet (fig. 6) une étamine devant chacun des sépales valvaires et deux très-rapprochés devant les sépales placentaires. Les étamines latérales ou solitaires sont toujours plus courtes que les autres, soit qu'elles le soient réellement, soit que leur 24° 188 SUR LA FAMILLE base soit déjetée en bas par la protubérance des glandes du torus. Les étamines geminées sont parfaitement droites, et par leur position représentent une seule étamine. Il semble (que la même tendance que les pétales montrent à se changer en faisceau par la culture, les étamines situées devant les sépales placentaires la montrent naturellement de manière à ce que chacune d’elles se dédouble pour en former deux très-rapprochées. Quelquefois même ces deux étamines sont plus ou moins soudées ensemble de manière à présenter un filet à deux nervures terminé par deux anthères: c’est ce qu'on observe dans les genres archonium (fig. 26), vella, æœthionema , sterigma (fig. 25); quelquefois, au lieu d’être “soudés, les deux filets sont simplement munis d’une dent latérale du côté intérieur, comme on le voit dans quelques œthionema (fig. 23, 24) et dans les genres alyssum, crabe, ete.; enfin le plus souvent ils sont simples (fig. 20 ). Les étamines latérales sont quelquefois aussi munies d’une dent ou appendice au côté le plus voisin du pistil (fig. 21). Au reste an trouve accidentellement dans la famille des crucifères deux phénomènes dignes d’être notés ici, parce qu'ils se lient à la théorie générale de l’organisation des plantes. r0. Il existe cultivée dans le jardin de Chelsea une variété de cherranthus cherrt, dont les étamiues sont habi- tuellement changées en carpelles et présentent autant d’ovaires distincts qu'il devroit y avoir d’anthères. 20. M. Steven m'a affirmé que M. J'acquin a découvert près de Vienne des indi- vidus de capsella bursa pastoris dont les étamines sont au nombre de 10, savoir les 6 ordinaires, plus les 4 pétales changés en étamines. Ce fait sur lequel je n’insiste pas, parce DES CRUCGIFÈRES. 199 que je ne l'ai pas vu moi-même, est une belle confirmation de l'opinion que j’ai avancée sur la nature des pétales (Théor. élém. ed. 1, p. 100, ed. 2, p. 96) : que les pétales sont des étamines modifiées par l'avortement de l’anthère. Les caractères génériques déduits de ces particularités des étamines paroissent concordans avec le port des plantes et par conséquent naturels, quoiqu'on ne puisse encore saisir leur rapport intime avec le reste de l’organisation. Les an- thères sont toujours à deux loges, s’ouvrant du côté intérieur par deux fentes longitudinales et insérées par leur dos ou leur base au sommet des filets. Le pollen est jaune, composé, selon Adanson , de molécules ovoides très-petites. Le torus ou receptacle des parties de la fleur présente uné espèce de disque d’un vert foncé, d’une consistance un peu charnue : ce disque est marqué de petites cavités aux places où les pétales et les étamines sont insérés, il se relève çà et là en bosses obtuses plus ou moins saïllantes et qui ont attiré l'attention de plusieurs observateurs ; ces bosses sont plus saillantes et plus nombreuses sur les côtés latéraux du pistil et ce sont elles qui par leur accroissement déterminent l’écar- tement et peut-être la brièveté des étamines latérales, aussi- bien que la bosselure ou la distension des sépales latéraux. Quoique leur structure mérite quelque intérêt, j'avoue que je n’ai su y voir ni des différences assez tranchées ni des ca- ractères assez importans en eux-mêmes pour motiver leur ad- mission constante dans les caractères génériques. Dans tous les organes dont nous venons de tracer 1 rapide- ment la structure et les variations, celles-ci sont si légères et luniformité générale des crucifères est si complète qu'on a 190 SUR LA FAMILLE : peine à comprendre comment il seroit possible d'y trouver des caractères de quelque importance pour leur classification générale; c’est dans la structure du pisüil et du fruit qui nous restent maintenant à étudier que nous devons trouver la solution du problème, si elle est possible. Pour se faire une idée de l’organisation du fruit des crucifères, appelé généralement szlique quand il est allongé, et szcule quand il est court, il faut se le représenter (fig. 44, 45) comme “arpelles collés ensemble ; ces carpelles composé de deux sont situés sur le centre du torus devant chacun des sépales latéraux ;'ils sont appliqués l’un contre l’autre par leur face interne, portent les ovules sur leurs deux côtés et sont sé- parés par une cloison membraneuse qui par conséquent est constamment située dans le sens vertical de la fleur, c’est- à-dire allant du milieu du sépale supérieur au milieu du sé- pale inférieur ; les deux loges sont d’un et d'autre côté et parallèles aux sépales latéraux. Chaque carpelle porte deux placentas situés très-près du point où ils tendent à se réunir; ces deux placentas opposés se soudent ensemble et il résulte de cette soudure constante deux nervures placentaires por- tant chacune deux rangées de graines. En ceci ce fruit ne diffère ni de celui des fumariées, ni de celui des capparidées, mais par une disposition propre à la famille des crucifères, les deux carpelles sont séparés par une cloison membraneuse dont l’origine anatomique est diflicile à déterminer. Il paroït que le bord de chaque carpelle se prolongeroit intérieure- ment, de manière à former une lame mince qui rentreroit dans l'intérieur du fruit et fermeroit chaque carpelle du côté intérieur (fig. 45) ; la lame interne partant du bord supé- DES CRUCIFÈRES. igi « rieur de chacun des deux carpelles se souderoit intimement et dans toute sa surface avec celle du carpelle opposé et les deux réunies ne formeroient de chaque côté qu'une seule membrane qui atteindroit la moitié de l’espace compris entre les deux nervures placentaires : là elle rencontreroit la lame également double, mais en apparence simple, qui viendroit de la nervure opposée, et elle se souderoit avec elle. Aïnsi la cloison en apparence unique, simple et membraneuse dont j'ai parlé plus haut comme séparant en deux loges le fruit des crucifères, sembleroit être en réalité composée de quatre prolongemens provenant des deux bords des deux carpelles, Les traces de cette organisation sont quelquefois visibles à l'œil ; ainsi dans l’eudema , dans le cochlearia fenestrata (fig. 46, 47) , dans le farsetia ægyptiaca, etc., on voit fré- quemment la cloison plus ou moins fendue dans le milieu de sa longueur; c’est que peut-être les deux demi-cloisons n y Sont pas intimement soudées ; ainsi dans un grand nombre de crucifères on observe au milieu de la cloison une petite suture longitudinale qui est peut-être l'indice de la réunion des deux demi-lames : quant à la réunion des deux lames provenant des deux bords opposés des carpelles, j'avoue que je n'en connois aucune preuve expérimentale un peu décisive, si ce n'est peut-être la cloison double qu’on observe dans quelques ibérides. La comparaison des bignoniacées avec les familles qui les entourent résout assez bien par la voie de l’analogie les objections qu'on pourroit élever sur cette manière de considérer le fruit des crucifères. Quoi qu’il en soit de son origine intime, on appelle c/orson (septum ) la lame verticale qui sépare le fruit des crucifères 102 SUR LA FAMILLE - en deux bases parallèles et qui est circonscrite par une ner- , vure épaisse portant des graines des deux côtés de la lame. Les deux nervures merginales se réunissent en une seule à la base et au sommet; lorsque la partie formée des deux nervures soudées est allongée au-dessous de leur évasement, alors elle constitue un pédicelle ou thécaphore qui soutient toute la silique, c'est ce qui a lieu dans les genres lunaria, (fig. 59), stanleya, macropodium, cremolobus , et dans le sous-genre carpopodiumn , genres qui appartiennent à cinq sections différentes de la famille ; cette circonstance prouve que ce caractère n'a pas une grande importance : il existe d’une manière très-prononcée dans presque toute la famille des capparidées et établit un rapport de plus entre ces deux familles. : Les nervures placentaires se terminent chacune par un stigmate, d’où résultent dans chaque fleur de crucifères deux stigmates, l’u : supérieur, l’autre inférieur, séparés par une fente transversale; ces stigmates sont tantôt étalés comme dans l’erysimum , le cheiranthus (Hg. 30, 56), tantôt droits et rapprochés comme dans l’hesperis (fig. 31), tantôt obtus, quelquefois aigus. Le stigmate du 72a/comia (fig. 29) paroït simple et acéré parce qu'il est formé de deux stigmates minces et aigus soudés ensemble; celui duzrathiola(fig. 32,34) paroît à trois pointes, parce que les deux vrais stigmates sont collés ou rapprochés de manière à former la pointe centrale, et que chacun d'eux porte sur son dos une corne ou une bosse proéminente ; celui du zotoceras (fig. 35, 36) paroit aussi avoir trois pointes, mais par un mécanisme un peu dif- férent , la pointe centrale est de même formée par les deux É DES CRUCIFÈRES. 193 stigmates rapprochés et les deux autres sont des protubé- rances des valves ; ces pointes valvaires sont latérales, tandis que les pointes du 7athiola naissant du placenta sont l’une supérieure et l’autre inférieure. Lorsque les deux nervures placentaires ne dépassent pas le point auquel elles viennent se réunir au sommet de la cloison, alors les stigmates sont sessiles (fig. 28); si elles se prolongent au contraire réunies ensemble en un corps de longueur appréciable, ce corps est un véritable style, quelle que soit sa forme et son apparence. Ge style mérite une attention toute parüuculière relativement à sa longueur, à sa forme et à sa structure interne. La longueur du style de toutes les plantes et des crucifères en particulier, paroït en rapport avec l’acte même de la fé- condation, c’est-à-dire que le style est en général de la lon- gueur la plus convenable pour que le stigmate soit à portée de recevoir le pollen des anthères. Dans les crucifères qui ont toutes la fleur droite et les anthères à la hauteur à peu près de la gorge de la corolle, le. stigmate doit aussi être placé à cette hauteur : par conséquent si l'ovaire est long, le style sera court ou.nul; si l'ovaire est court, le style sera long. Cette règle déjà établie par Linné est vraie en général, mais il est difficile d'en déduire une division classique des crucifères ; 1°, parce que des caractères déduits de la lon- sueur admettent tous les cas intermédiaires possibles ; 20, parce que la longueur du style est modifiée à la fois par plusieurs circonstances telles que la longueur de l'ovaire, l'existence ou la non-existence du thécaphore et la longueur des étamines. Aussi quoiqu'il soit vrai de dire en général que la longueur du style est en raison inverse de celle de Mém. du Muséum. t. 7. 25 594 SUR LA FAMILLE l'ovaire, cette règle souffre une foule d’exceptions; les co- chlearia, les draba , les isatis , les megacarpæa, quoique siliculeuses, ont souvent le style nul ou très-court, les czspr- daria, les malcomia , quoique siliqueuses , l’ont assez long. . Le style des crucifères est généralement filiforme ou un peu conique, mais dans quelques genres de la section des orthoplocées il offre une forme en glaive ou lance; c’est ce qu'on observe très-bien dans plusieurs espèces des genres drassica, sinapis, vella (fig. 39); mais la structure intime du style des orthoplocées mérite une attention plus spéciale, À la base du style de plusieurs d’entre elles on trouve une- cavité (fig. 40, 4r ).close de toutes parts et qui renferme une graine tantôt fertile, tantôt stérile, toujours pendante et soli- taire, probablement lPétat primitif seroit d’avoir deux où: quatre graines (une ou deux pour chacun des placentas),. mais il ne s’en trouve ordinairement qu’une seule, très-ra-- rement deux, même à l’état d’ovule. Ce style creux et semi- nifère à sa base est un phénomène borné parmi les cruci- fères à la section des orthoplocées et je ne connois hors de la famille des crucifères que le #rzanthema qui offre quelque chose d’analogue. Cette loge du style ne s'ouvre point et la graine qui y est nichée doit se semer comme dans les fruits pseudospermes par la destruction du tissu de l'enveloppe. Ce phénomène déjà extraordinaire en lui-même , l’est encore plus par les apparences singulières qu'il donne à certains fruits. J’y reviendrai lorsque j'aurai achevé de faire connoître l’organisation générale des siliques. Il'entre, avons-nous dit plus haut, dans l'essence des siliques d’avoir une cloison centrale, mais cette cloison manque dans DES CRUCGIFÈRES. 19) quelques genres, soit que réellement le bord des carpelles ne s’y replie point en lames à l’intérieur, soit, ce qui est plus probable, qu’elle se détruise par l'acte même de son déve- loppement , où depuis l’époque à laquelle elle est visible pour nous, comme dans le 7icoéia qui a une cloison dans la jeu- nesse du fruit et qui n’en a plus à la maturité, ou avant l’é- poque à laquelle le développement nous est connu, comme cela a probablement lieu dans les genres clypeola, peltariaæ , zsatis , et dans l'æthionema monospermurr. W est à remar- quer que cette disparution de la cloison n’a lieu que dans les fruits où il avorte aussi plusieurs graines, de sorte que la loge unique qui résulte de la réunion des deux carpelles ne ren- ferme le plus souvent qu'une seule graine. Ce caractère ne paroissant déterminé que par un mode particulier de déve- loppement, et non par là nature intime des organes, ne peut en aucune manière servir à classer les crucifères; ceux en effet qui auront réfléchi à l’hétérogéneité des crucifères uni- loculaires comparées entre elles sentiront je crois la vérité de cette assertion. L'#satis et le sobolewskia n’ont rien de com- mun (hors ce caractère accidentel} avec le c/ypeola et le peltaria, ni ceux-ci avec le m#yagrum ou le pugiortum. On peut trouver des siliques uniloculaires dans tous les groupes de crucifères, parce que ce caractère est une simple dégé- nérescence: du type primitif L’æhionemaæ monospermume sufiroit à lui seul pour prouver cette assertion ; il est telle- ment semblable aux autres œæ#hzonema: qu'on peut, à peine l'en distinguer, et cependantla silicule rappelletout-à-fait celle du samerarta. Les deux carpelles. qui: composent le fruit d’une crucifère 25 * 199 SUR LA FAMILLE sont soudés ensemble par leurs placentas d’une manière tel- lement intime qu'ils ne peuvent se séparer à aucune épo- que de leur vie. Les graines renfermées dans chaque loge semblent donc destinées irrémissiblement à n’en sortir que par la destruction du tissu péricarpique: c’est en effet ce qui a lieu dans quelques fruits à tissu charnu comme leraphanus, à tissu orné ou desséché comme le bvwrias où l’ochthodium. Mais dans le plus grand nombre des cas les parois de chaque carpelle se rompent naturellement à la maturité en suivant une ligne longitudinale très-voisine du placenta; ces portions susceptibles de se séparer ont reçu le nom de »alpes et de là est venu l’usage de donner aux nervures placentaires le nom de placentas zrtervalpulaires. La faculté qu'ont ou n’ont pas certaines siliques de s'ouvrir en valves, établit donc entre elles deux classes, les siliques déhiscentes et les indéhiscentes. Généralement ici comme dans tous les fruits, plus Île nombre des graines est considérable, plus aussi la déhiscence est facile et complète; ainsi elle est très-évidente dans les genres sisymmbrium , Chetranthus , arabis ; cardamine , thilaspt, cochlearie, etc. , dans lesquels les graines sont très- nombreuses ; elle est au contraire nulle ou indistincte dans les genres où il y a peu de graines, tels que bunras , mya- grum , isatis, etc. Îl y à cependant à cet égard un grand nombre d'exceptions : certains fruits polyspermes, tels que ceux des raphanus, sont indéhiscens, et plusieurs à loges mo- *., nospermes, comme ceux du Zepridium, sont déhiscens. Les fruits des crucifères présentent des manières particu- lières de se rompre, de facon que leurs graines soient isolées les unes des autres; ainsi par exemple les loges monospermes DES CRUCIFÈRES. 197 des biscutelles où dessencbiera ne s'ouvrent point, mais elles se séparent toutes entières de l’axe quiles porte ou les réunit, et chacune d’elles est LÉUUONE de son côté avec la graine qu’elle contient jusqu’au lieu où celle-ci doit se semer. Dans quelques genres à fruit polysperme les graines sont placées séparément les unes des autres dans des loges séparées par des étranglemens transversaux ; ces loges se séparent par de vraies articulations et semblent former autant de petits fruits monospermes et indéhiscens. Cette organisation analogue à ce qui se passe dans les légumineuses lomentacées a lieu dans les tribus des cakilinées, des anchoniées, des raphanées et des érucariées. On ne la retrouve dans aucune autre tribu, car les prétendues articulations des héliophiles sont de ‘sim ples rétrécissemens et n’ont aucuné solution ‘dé continuité. Les carpelles peuvent donc, comme je viens de l'indiquer, être divisés en loges formées par des prolongemens internes et transversaux de leur endocarpe ; il en résulte dans chacun d'eux de petites loges placées les unes au-dessus des autres et séparées ou par des étranglemens ou par des prolongemens Loire c’est ce qu'on voit non-seulement dans les tribus que j'ai citées plus haut, mais encore, quoique di une manière moins PORIÈtES dans les anastaticées. Il se présente ici une difficulté d’an genre particulier, c’est lembarras où l’on se trouve dans quelques cas de dis- tinguer les loges stylaires, c’est-à-dire creusées dans la base du style des loges secondaires formées dans lés carpelles par les prolongemens transversaux , je m'explique : si j’examine le fruit des roquettes, jy trouve unesilique à deux loges polyspermes el à deux valves déhiscentes, surmontée d’un 198 SUR. LA FAMILLE ‘style seminifère ; la même organisation paroït exister dans les raphanus, mais les loges sont indéhiscentes , dans le z7%a, mais les loges y sont très-courtes, dans le ve/la , mais les loges y.sont courtes et renferment peu de graines. Qu'est-ce maintenant quele fruit du crabe, sinon une silique analogue, mais avortée, réduite à un simple moignon qui lui sert comme de pédoncule et surmontée d’un style seminifère et à peu près globuleux (fig. 42, 43)? Qu'est-ce que le Zælia, sinon un fruit analogue dont la partie inférieure: a tout-à-fait dis- paru ? Dans le drdesinius on rétrouve les deux parties Pune et l’autre monospermés, ainsi les anomalies apparentes de la section des orthoplocées paroïssent rentrer dans une loi com- muñe, une symétrie. analogue. modifiée; par des développe- mens plus ou moins complets, : Examinonsmaintenant la silique des crucifères sous un point de vue plus rapproché de Pusage ordinaire, c’est-à-dire dans la disposition des valves , relativement x cette cloison verti- cale, qui, sépare les loges; bien que probablement composée. de plusieurs pièces soudées, cette cloison se présente à l'œil comme un organe unique et permanent auquel: on peut rap- porter les autres parties du fruit. On a long-temps distingué les valves parallèles et contraires à la cloison ; mais M. Desfon- taine a très-bien démontré qu’on avoit pris des apparences pour des réalités; la position des valves. est toujours la même, c’est-à-dire d’un et, d'autre côté d'une cloison verti- cale, mais.ce qui. est variable c’est la. dimension de la cloison et la forme des valves. Celles-ci peuvent être ou,parfaitement planes, et alors on n'hésite ‘point à dire qu’elles sont parallèles à la cloison, DES CRUCIFÈRES. T09 eommie dans les genres /wñnarta, arabis, etc. ; ou bien elles sont plus où moins courbées et convéxes, comme dans Îles genres draba; cochlearia ; chetranthus, ete. Dans le prémiér éas le fruit est comprimé ou aplati latéralément dé orte que sa grande largeur ést dans le sens vertical ou le sèns de Îa cloison. Dans le second le fruit peut passér par toütes les formes intermédiaires (fig. 48, 51 ), depuis la forme plate que je viens d'indiquer, jusqu'à une forme cylindrique où mêmé jusqu’à être déprimé , c’est-à-dire ayant la cloison dans le plus petit diamètre. Il n’y a presque point de forme rigoureuse entre ces diverses formes : que les valves soient un peu plus planés ou un peu plus convexes on ne peut en tirer aucun caractère de tribu, mais on s’en sert utilement dans un grand nombre de cas comme caractère générique. Si au contraire les valves au lieu d’être courbéés sont pliées sur elles-mêmes, il en résulte une différence marquée dans la structure du fra Les valves peuvent être pliées en long de manière à présenter à l’intériéur un angle obtus où: droit (fig. 52, 55), alors le fruit qui résulté dé la réunion de ces deux valves est nécessairement tétragone ; dans le pre- mier cas sa coupe est un trapèze dont la cloison forme la plus grande diagonale, dans la séconde sa coupe ést un'carré régulier dont la cloison est toujours le plan de la diagonale dans le sens vertical: c’est ce qui a lieu par exemple dans le genre éFYSUrIUm. Les valves peuvent être pliées en long de manière X offrir à l’intérieur un angle aigu, et alors elles sont dites carénées ou pliées en carène. Dans ce cas le fruit peut bien être té- tragone ; mais la cloison quoique toujours verticalé est dans 200 SUR LA FAMILLE la plus petite diagonale; ces fruits peuvent présenter toutes les formes possibles à coupe trapezoïdale allongée dans le sens transversal jusqu'au point de former des fruits parfaite- ment déprimés, c'est-à-dire aplatis dans le sens, vertical (fig. 65); ainsi les fruits de la Zrarre (fig. 59) ou du pel- taria et ceux du sarneraria ou ceux du #Alaspr (fig. 60), quoiqu’en apparence assez semblables pour que quelques auteurs les aient! confondus, sont en réalité les deux structures de fruit. les plus différentes qu'on puisse trouver dans la fa- mille entière des crucifères. Le premier est comprimé autant que possible, le second est déprimé au plus haut degré. Le premier.a la eloison aussi large qu “elle peut être; le second l’a si étroite qu'elle ne présente. qu'une simple ligne presque sans largeur. Le tableau ci-joint fera comprendre d’un coup d'œil tous les cas intermédiaires qui se rencontrent entre ces deux ex- irêmes ; il tendra aussi à prouver que malgré l'importance, réelle des caractères qu'il indique on ne peut leur donner uné importance absolue dans la division générale des cruci-. fères. : i Les valves pliées en carènes ont fréquemment le dos de la carène prolongé en ailes plus où moins étendués, soit dans toute leur longueur, soit dans une partie quelconque; c’est ce que l’on voit très-clairement dans les genres æ{kionema, cberts , psychine , etc. Cetie expansion en aile membra- neuse n'existe pas dans les genres à valves planes ou con- vexes. . Le seul où il se trouve quelque chose d’analogue ést le genre r2en0onpillea, genre analogue aux biscutelles, mais dans lequel l’évasement de chaque loge à lieu en travers de Es VBr zUz Valves s en long, m l'intérieur de transversales! ———— LOMENT) Se coupan! Î vers. Mém. TABLEAU DES CRUCIFÈRES, Distribuées d'après les CoTrzéDonNs et les PÉRICARPr. a “a COTYLÉDONS cs EE Æ ACCOMBANS. INCOMBANS. >), (or), (ounu), CA PLEURORHIZÉES.| NOTHORIZÉES. | ORTHOPLOCÉES. | SPIROLOBÉES. | DIPLECOLOBÉES ————_—_—_—_— | — ARABIDÉES. SISYMBRÉES. BRASSICÉES. HELIOPHILÉES. Mathiola. Malcomia. Brassica. Chamira. SILIQUEUX. Cheiranthus- Hesperis. DA Heliophila. ; Nasturtium. Sisymbrium. Sinapis. ...,..,..|.. —C Valves s'ouvrant | ; sessssuoveressense arponema. longitudinalement ; FREE — Ormiscus. BROSSE ? | Notoceras. Erysimum. Moricandia. cloison lineaire allon- ET > Barbarea. Alliaria. gée, plus large que Sal les graines. B HERVE — Selenocarpum. Turritis. A --e---0N Dyplotaxi Dole, Er é0ocadot Leptaleum. TE eee Stanley ler 0 .…../......,..,.,..... | — Carpopodium. Pteroneurum. . — Lanceolaria. — Pachystylum. a ALYSSINÉES. CAMELINÉES. VELLÉES. SUBULARIÉES. Lunaria. Sayignya. LATISEPTÉS | Ricotia. SILICULEUX. Farsetia. Valves s'ouvrant Berteroa. enlong, cloison ovale | Aubrietia. Vella. ou oblongue, valves | Vesicaria. Boleum. planes ou convexes. Schiwereckia. Stenopetalum. Carrichtera. Alyssum. Camelina. ‘Succowia. Meniocus. Clypeola. Peltaria. Petrocallis. \ Draba. Eudema.........l.... doioovdo sn. enessoeses.eos... | Subularia, Erophila. Cochlearia. Neslia. ——_—_—_—_—_— a — BRACHYCARPÉES. ANGUSTISEPTÉS QdH0pP0G0SUNPQONE DOC OOOEC sers Brachycarpæa: SILICULEUX. Thlaspi. ......... Schouwia. Capsella..…. Psychine. Valves s'ouvrant enlong, pliées en ca- Hutchinsia. Bivonæa’ rene; cloison tres Teesdalia. Eunomia. étroites Iberis. ZÆthionema. Biscutella. Megacarpæa. Cremolobus. Menonvillea. NUCAMENTACÉS. | EUCLIDIÉES. ISATIDEÆ. ZILLÉES. BUNIADÉES. Valves indistinc- Euclidium. Tauscheria. Zilla. Bunias. tes ou indéhiscentes. Ochthodium. Jsatis. Muricaria. Pugionium. Myagrum. Calepina. Sobolewskia. ANASTATICÉES. Anastatica. Morettia: SEPTULÉS. Walves s'ouyrant en long, munies à l'intérieur decloisons transversales. = LOMENTACÉS. CAKILINÉES. ANCHONIÉES. RAPHANÉES: ERUGARIÉES: Se coupant en tra Cakile.........,,/......:...... je Crambe. vers. Rapistrum....... Goldbachia,.".| Didesmus: e Cordylocarpus. . Anchonium......|. Fnarthrocafus: Erucaria: Chorispora.......| Sterigma...-.-.". Raphanus: Mém. du Muséum. t. 7, page 200. : etai dus NieRt . DES CRUCIFÈRES. 201 manière à former deux disques parallèles étendus par les bords en ailes membraneuses. L'aspect de la surface extérieure des valves fournit quel- ques caractères d'importance très-secondaire dans la classi- fication , tels sont les poils, pointes ou épines dont elles peu- vent être hérissées. Ce sont de bons caractères spécifiques, mais qu'on ne peut élever à un rang supérieur sans rompre bien des analogies. Le tissu même des valves mérite peut-être un peu plus d'attention ; il est en général assez d'accord avec la division générique , mais difficile à réduire à des termes tranchés; - ainsi la silicule des crambe est en général charnue, celle des senebrera coriace, celle des veszcaria membraneuse, etc. Il est des valves qui tendent à se rouler en dehors à l'époque de la maturité, telles sont celles de plusieurs cardaminés. M. Brown a très-bien observé que ce caractère n'est pas commun à tous, et qu'il est facilité par une autre circons- tance de l’organisation de ce genre, celle d’avoir les valves dépourvues de nervures longitudinales. Ce dernier caractère qui est anatomique distingue bien ce genre de presque tous ses voisins et notamment des arabis où les valves ont une nervure longitudinale. Enfin la longueur du péricarpe comparée avec sa propre largeur a été considérée comme un caractère impor- tant et sert depuis Ray de base fondamentale à la division des crucifères; elle a aussi été adoptée par Linné et il ne faut rien moins que l'autorité respectable d’un si grand nom pour que je doive m'occuper ici de cette division. Elle a en gros quelque chose de vrai, mais qui soutient peu l'examen. On appelle silique le fruit qui est selon les uns trois, selon les Mém. du Muséum. 7: 26 202 SUR LA FAMILLE autres quatre fois plus long que large, et silicule celui qui n’est pas trois fois plus long que large. Maïs qu'est-ce qu’un caractère de ce genre et où sont ses limites naturelles ? Tous les intermédiaires possibles ne se rencontrent-ils pas dans les fruits des crucifères? 11 y a plus. Qu'est-ce que cette lar- geur à laquelle on compare la longueur? Tantôt on applique ce nom à l'épaisseur du fruit qui est la largeur de la cloison, tantôt à la largeur du fruit qui est la profondeur des deux valves. Qu'est-ce que la longueur du fruit? Est-elle comptée dès la base du thécaphore, ou dès celle des valves jusqu’au sommet des valves, ou jusques au-dessus de la valve sémini- fère qui est à la base de certains styles ? Tout est donc indé- terminé dans cette prétendue division des siliqueuses et des siliculeuses, et il y'a en effet une foule de cas dans lesquels il est impossible de s’y reconnoître ; ainsi les siliques des genres zasturtium, notoceras , braya, cakile , stevenia , sont si courtes qu'on ne sauroit dire pourquoi elles ne sont pas classées comme silicules. Lessilicules des genres /zraria, ricotia, farsetia, aubrietia, sont si longues qu’on pourroit les placer à tout aussi juste titre parmi les siliques. Ainsi plusieurs genres très-naturels, tels que les genres draba, eruca , heliophila, erysimum , nasturtium ont des espèces qui pourroient être rangées parmi les siliqueuses et d’autres parmi les siliculeuses ; ainsi plusieurs genres réellement très- voisins par leur structure doivent être écartés l’un de l’autre par cette division arbitraire, tels sont le 27//a si voisia du brassica , Verucago de l'erucaria, etc. Gette division est donc tout-à-fait contraire et à la clarté que doivent présenter les divisions artificielles et à la gravité que doivent avoir les DES CRUCGIFÈRES. 203 _ divisions naturelles. Elle acquiert un peu plus de prix lors- qu’on la combine avec la longueur des styles ; mais celle-ci présente, comme je l’ai dit plus haut, bien des causes néces- saires d'incertitude. La longueur proportionnelle des valves et de la cloison a encore dans plusieurs cas servi de caractère générique. Dans tous les genres à valves planes, celles-ci sont de la longueur de la cloison. Dans les genres à valves convexes ou carénées , il arrive tantôt qu’elles ne dépassent poiut la cloison, tantôt qu'elles la dépassent et forment d’un et d’autre côté un pro- longement, ou une corne, ou un appendice ailé qui donne au fruit l'apparence d’être échancré au sommet. Ce caractère a été employé pour distinguer quelques genres, mais ne pa- roit pas en lui-même avoir une grande importance anatomique. La largeur de la cloison comparativement à sa propre longueur mérite plus d'importance ; elle est en rapport assez prononcé avec la forme générale du fruit et surtout avec celle des valves, elle n’a pas les inconvéniens reprochés plus haut à l’ancienne division des siliqueuses et des siliculeuses, parce qu’au moins en comparant un organe à lui-même on évite les incertitudes que j'ai mentionnées ; ainsi dans les vraies siliqueuses la cloison est allongée, au moins quatre fois aussi longue que large, elle a ses deux bords parallèles etsa largeur est égale à celle des valves. Parmi les siliculeuses on peut distinguer deux formes de cloisons ; tantôt celle-ci est large , ovale ou oblongue, et alors les valves sont planes ou convexes ; je donne à ces fruits le nom de lagrseptés ; tantôt elle est linéaire et extrêmement étroite, et alors les valves sont nécessairement courbées en carène; je donne à ces fruits 26* 204 SUR LA FAMILLE le nom de angustiseptés. Ces trois formes de cloisons dis- ünguent très-bien trois classes de fruits parmi les crucifères. On peut, d’après ce que nous avons dit plus haut sur le mode de déhiscence, en compter encore trois autres. 10, Les siliques ou silicules qui ne s'ouvrent point d’elles- mêmes, que quelques botauistes ont déjà désignées sous le nom de #ucamentacées. Kiys 20, Les siliques ou silicules qui ont des prolongemens transversaux partant entre les graines de l’intérieur des valves, mais dont les valves sont encore douées de la faculté de s’ou- vrir longitudinalement: cette structure fort rare ne se trouve que dans deux genres. Ne pouvant cependant la rapporter à aucune des formes connues, je désigne ces siliques sous le nom deseptulées, septulatæ. 39. Enfin les siliques ou silicules qui à la maturité ne s'ouvrent pas en long, mais se coupent transver- salement en fragmens ordinairement monospermes, et que par analogie avec les légumineuses je nomme /omentaceés. Il résulte donc de l’examen détaillé du péricarpe des cru- cifères six formes assez tranchées de cet organe, savoir : les siliqueuses (fig. 56 et 57), les latiseptées (fig. 58 et 59), les angustiseptées (fig. 6o et 61), les nucamentacées( fig. 63 et 64), les septalées et les lomentacées (fig. 65 et 66). Après avoir ainsi épuisé toutes les considérations que la structure dupéricarpe m'a présentées, il ne nous reste plus à examiner que les graines elles-mêmes, considérées d'abord quant à leur position et leur nombre, puis quant à leur struc- tureinterne. fi < Ur : Les graines sont toujours attachées aux placentas situés sur les deux bords des deux loges (fig. 44, 56, 57) et leur di- DES CRUCIFÈRES. js 205 , rection est d’être pendantes dans l’intérieur de la loge( fig. 56, 60 ) ; leur nombre sur chaque placenta varie de un jusqu'à six à huit et même au-delà. Le minimum du nombre possible paroït devoir être de quatre, c’est-à-dire une sur chaque pla- centa (fig. 44); mais on n’en trouve quelquefois qu’une seule dans chaque loge, et alors elle est attachée au sommet de la loge vers le point où les deux placentas se réunissent pour former le style (fig. 60). En examinant l'extrême ana- logie qui se trouve entre ces fruits à loges monospermes et ceux à loges dispermes, on ne peut guère se refuser à croire qu'il y avoit primitivement deux ovules dans chaque loge, mais que lorsque ces deux ovules se sont trouvés très-rap- prochés, l’un d’eux a avorté, peut-être étouffé par l’accrois- sement de son voisin; cette idée semble justifiée en parti- culier par l’organisation du genre euromua, dont les graines sont au nombre de deux dans chaque loge et ont les cor- dons ombilicaux soudés ensemble ; le rapprochement de ces deux graines fait qu’on en voit fréquemment une avortée ; bien plus on ne trouve quelquefois qu’une seule graine, ce qui a lieu quand la cloison manque et que la silique est ré- duite à une seule loge ; dans ce cas il y a presque toujours trace visible de l'avortement de la cloison et d’une ou plu- sieurs graines. Le maximum du nombre des graines est indé- terminé dans la famille ; il paroît que sauf les cas très-fré- quens d’avortement, ce doit être un nombre multiple de quatre, je ne parle dans tout cet article que des graines _ situées dans les vraies loges; lorsqu'il s’agit de genres de la section des orthoplocées qui ont une loge dans la base du style, cette loge est ordinairement monosperme et le fruit 206 SUR LA FAMILLE a par conséquent un nombre de graines qui est quatre ou multiple de quatre dans les vraies loges, plus une dans la loge stylaire, Les graines tiennent aux placentas par des cordons ou fu- nicules droits et assez courts; ces funicules sont ordinaire- ment libres de toute adhérence. Dans deux genres seulement (petrocallis et lunaria), ils sont adhérens à la cloison. Ces funicules sont presque toujours filiformes; deux genres cependant , le dentaria et le pteroneurum, se distinguent parce que leurs cordons ombilicaux sont comme ailés ou bordés d’appendices membraneux. Dans les fruits à loges polyspermes on a coutume de dis- üinguer ceux dont les graines forment une ou deux séries ; ce terme a besoin d’une légère explication ; il y a toujours deux séries de graines dans la loge d’une silique ; mais tan- tôt ces graines sont assez grosses, situées alternativement sur l’un et l’autre placenta et portées par des cordons qui attei- gnent jusqu'à la moitié de la largeur de la cloison (fig. 56); alors on ne compte qu’une rangée de graines au milieu de la loge, c’est ce qui a lieu dans les genres arabis et sisyrn- brium ; tantôt les graines sont fort petites , situées à peu près parallèlement sur les deux placentas et portées sur des _cordons très-courts ; alors on compte deux rangées de graines sur les deux bords des loges, c’est ce qui a lieu dans les genres éurritis et diplotaxis et ce qu'on retrouve danspresque toutes les silicules polyspermes. Les graines des crucifères sont dépourvues d’arille, mais plusieurs d’entre elles sont munies extérieurement d’une pellicule qui se développe dans plusieurs au point de former une aile membraneuse sur son DES CRUCGIFÈRES. 207 bord lorsque la graine est aplatie. Cette pellicule est-elle partie intégrante du spermoderme ou une membrane acces- soire placée en dehors du test, c’est ce que je n’ai su déter- miner. L'existence ou l’absence de l’aile membraneuse forme un assez bon caractère pour quelques genres parmi les ara- bidées et alyssinées, mais ce caractère est susceptible de quelque incertitude. L’aile est quelquefois si courte qu’on a peine à la distinguer : on pourroit croire que la pellicule existe toujours tantôt évasée en aile saillante, tantôt collée sur toute la surface. Me seroit-il permis d'indiquer ici un simple soupçon que je livre à la sagacité des observateurs et pour lequel je demande d'avance l’indulgence des juges qui récusent tout ce qui n'est pas démontré, comme si toutes les vérités n’avoient pas commencé par être des soupçons. Lorsqu'on jette des graines de crucifères dans l’eau on voit plusieurs d’entre elles se garnir extérieurement d’une espèce d’enveloppe mucilagineuse plus ou moins prononcée. Ce mucilage analogue à celui qu’on observe dans les mêmes circonstances sur la graine de lin, ce mucilage, dis-je, ne provient point de l’intérieur, car son origine est presque ins- tantanée, et je l’ai observé naissant sur des peaux de graines dont javois enlevé l’amande. Il présente, comme les chi- mistes l'ont déjà reconnu , l’apparence d’un réseau_à mailles très-lches etimbibé d’une certaine quantité d’eau. Après avoir vu ce phénomène se répéter sous mes yeux à des degrés plus ou moins prononcéssur plusieurs centaines de crucifères d’es- pèces différentes, je me suis hasardé à penser qu'il étoit lié avec l'existence de cette pellicule dont j'ai parlé tout à l'heure ; je suppose qu’elle existe dans toutes les graines de 208 SUR LA FAMILLE crucifères tantôt très-grande,membraneuse, et alors elle forme des graines ailées, tantôt collée sur leur surface et inaperçue, tantôt peu hygroscopique, quelquefois plus fortement douée de la faculté de s’imbiber de l’eau ambiante, et dans ce dernier cas lors même qu’elle étoit primitivement collée sur la graine elle devient visible en se gonflant et forme le réseau mucilagineux que j'ai mentionné. Cette pellicule ou ce test hygroscopique doit servir à la graine pour absorber le plus promptement possible l’eau nécessaire à sa germination: aussi les crucifères comparées soit entre elles , Soit avec d’autres familles m'ont paru germer d’autant plus prompte- ment qu'elles offrent à un plus haut degré la faculté de s’im- biber de l’eau ambiante; ainsi le Z/epidium sativum , auquel comme on sait il suflit quelquefois d’une journée pour ger- mer, est une des, espèces à graines le plus hygroscopiques. Il seroit curieux de suivre sous ce rapport la structure et l'histoire des graines de diverses familles dans lesquelles on reconnoît la même propriété ; déjà celle de lin, où elle est très- prononcée, annonce, du moins dans plusieurs espèces, l'existence d’une pellicule visible. Le mucilage de la graine de coing pourroit bien être dû à un autre phénomène d'o- rigine différente quoique analogue dans les résultats, c’est-à- dire qu'il paroît n'être autre chose que la pulpe de la graine desséchée après la maturité et imbibée d’eau de nouveau par son immersion, Ainsi dans mon opinion les graines peuvent être mucilagineuses à l'extérieur de deux manières: 10, lorsque comme celle du coing elles sont recouvertes ou enduites d’une matière mucilagineuse desséchée, qui par l'immersion dans l’eau reprend son premier état ; 20. lorsque comme les DES CRUGIFÈRES. 209 crucifères et le lin, elles sont enveloppées d’une pellicule ou réseau membraneux doué d’une forte faculté hygroscopique. Je reviens aux graines des crucifères. * Les graines des siliques sont presque toujours pendantes dans les loges soit péricarpiques soit stylaires. Je ne connois à cet égard qu’un très-petit nombre d’exceptions ; la première se présente dans le genre cakile : sa silique est à deux loges monospermes , l'inférieure a la graine pendante , la supé- rieure a la graine dressée. J’ai quelquefois trouvé deux graines dans chaque loge et alors la seconde est toujours dirigée en sens contraire de la première, c’est-à-dire dressée dans la loge inférieure, pendante dans la supérieure. La seconde exception à la loi générale est le genre crambe (fig. 43); sa silicule est à deux loges; l'inférieure avorte; la supérieure qui semble être la base du style est monosperme ; sa graine est pendante mais portée sur un cordon ombilical qui part de la base de la loge, suitle long d’un des côtés, et vient se recour- ber au sommet. Dans tous les autres genres les graines sont véritablement pendantes dans leur loge. Ces graines se présentent dans deux positions : ou bien, (f3. 56 )etc’est ce qui arrive le plussouvent danslesloges poly spermes et les fruits à valves planes, les semences sont atta- chées latéralement aux placentas et par conséquent parallèles à la cloison; ou bien (fig. 6o), et c’est ce qui a lieu dans les loges monospermes et à valves carénées ou très-convexes , les graines sont attachées au sommet du fruit vers le point où les deux placentas se réunissent, et alors elles sont comme perpendiculaires sur la cloison. Ce caractère devient plus clair en le rapportant non à la graine, mais à la position de Mém. du Muséum. 1. 7. 27 2T0: sur LA FAMILLE Fembryon, de la structure duquel nous avons maintenant à: nous occuper en détail. Si lon enlève. le:spermoderme d’une: graine de: crucilères. on y trouve-ntérieurement ur embryon dépourvu d’albumen: et toujours replié sur lui-même (fig. 71....84). La radicule- est droite ou un peu courbée, cylindrique, et conique à son: extrémité ; celle-ci est toujours dirigée du côté de l’ombilic,. par conséquent vers le point supérieur de la graine (consi- dérée dans le fruit) lorsque celle-ci est pendante, vers le point inférieur dans la graine de l’article supérieur des ca- kile. Les cotylédons qui sont au nombre de deux et opposés comme dans tous les dicotylédons se présentent dans deux positions contraires ; 1l$ sont repliés sur la radicule de ma- nière à être dressés dans le fruit toutes les fois que la graine est: pendante, pendans quand elle est dressée. Un genre cependant fait exception à cette loi générale, savoir le biscutella (fig. 62 );: dans ce genre les graines sont solitaires perpendiculaires sur la cloison, leur radicule a sa pointe dirigée en bas quoique: la graine elle-même soit pendante. On désigne cette organi-- sation en disant que les cotylédons sont zrperses. La struc ture de l'embryon des 26erts a beaucoup de rapport avec: ceux-ci. Si l’on considère la position respective des cotylédons et de laradicule dans leur rapport avec le placenta, on trouve: en général que la radicule occupe la portion de la graine la plus éloignée du placenta, et alors on dit qu’elle est exté- rieure ou bien on la nomme intérieure quand elle est du côté: de l'embryon le plus voisin du placenta, comme cela a lieu . dans le sezebiera. Cette expression ne laisse aucun doute lorsqu'il s’agit de loges monospermes, de graines perpendi-- DES CRUCIFÈRES. Ye: culaires sur la cloison ou de graines parallèles à la cloison et disposées sur un seul rang; mais il faut faire attention que dans les graines sur deux rangs les radicules dites extérieures quant à l'embryon sont intérieures quant à leur position dans le fruit. Les cotylédons sont bien toujours repliés sur la radicule ; mais d’après deux systèmes entièrement différens, ces carac- ières déjà observés par Gærtner ont pris une nouvelle im- portance par les observations de M. KR. Brown, qui les a le premier introduits dans les caractères génériques. Tantôt les cotylédons se replient de manière que la rodicule est couchée sur leur bord ou plutôt sur la fente qui résulte de l'appli- cation des deux cotylédons, c’est ce que Gærtner a désigné sous le nom de cofyledones accumbentes (fig. 75,56, 77); tantôt ils se replient de façon que la radicule est couchée sur le dos de l’un d’eux, c’est ce qu'on appelle cotyledones in- cumbentes (fig. 78, 79); ces deux termes difficiles à expri- mer en françois peuvent se rendre ou par les mots latins francisés d’accombans et d’ircombans, ou par la périphrase peut-être plus claire à admettre de radicule couchée sur le bord ou sur le dos des cotylédons, ou enfin par les expres- sions de radicule latérale ou dorsale, qui me paroit exprimer l'idée avec le plus de clarté possible, mais qui a l’inconvé- nient de rapporter à la radicule ce qu’il est plus convenable de rapporter aux cotylédons. Ces deux systèmes se rencon- trent dans la famille des crucifères répartis si également, que sur quatre-vingt-quinze genres dont elle se compose al y en a quarante huit à cotylédons accombans, et quarante- sept à cotylédons incombans. 212 sun LA FAMILLE Cette structure de l'embryon étant donnée, il en résulte évidemment que les cotylédons. sont parallèles à la cloison dans deux eas.. 10, Lorsqu'étant accombans la graine est elle-même paral- Ièle à la cloison. 20. Lorsqu'étant incombans la graine est contraire à Îà cloison. Qu'ils sont de même contraires ou perpendiculaires relative- ment à la cloison dans deux cas inverses, savoir : ro. Lorsqu'étant accombans la graine est contraire à la cloison. 20. Lorsqu’étant incombans la graine est parallèle à la cloison. Les cotylédons accombans (fig. 62, 75, 76, 77) sont tou- jours planes et appliqués l’un contre l’autre par leur face interne : il semble que cette circonstance soit comme néces- saire_ et forcée dans cette organisation donnée. Je désigne les erucifères à cotylédons accombans sous le nom de pleuro- rhisées, qui signifie radicule latérale. Les cotylédons incombans présentent quatre systèmes divers: | 10. Ils peuvent être: planes ou appliqués par leurs faces internes comme on le voit dans les lépidinées et les sisym- brées ; je donne aux crucifères douées de cette organisation le nom de zoforhizées qui signifie radicule dorsale (fig. 798, 79). 20, Îls peuvent être condupliqués, c'est-à-dire pliés ou fortement courbés longitudinalement sur leur côte moyenne de manière à embrasser la radicule dans l'angle ou la cavité. DEs CrucrFÈ RES. 213 qu'ils forment entre eux ; c’est ce qui a lieu dans la tribu des brassicées; presque tous les eotylédons de cette sorte sont échanerés au sommet (fig. 80, 81). 30. Les cotylédons peuvent être roulés en crosse, c’est-à-dire en spirale, en se repliant ensemble et parallèlement sur toute leur longueur ; c’est ce qui a lieu dans les genres erwcago et erucariæ seulement ; je donne à ces crucifères le nom de spirolobées, qui signifie à lobes ou cotylédonsspiraux (fig. 8», 83). 4°. Les cotylédons peuvent être enfin pliés transversale- ment de manière à former une double plicature plus ou moins régulière ; c’est ce qui a lieu dans la tribu des hélo- philées. Les cotylédons de cette sorte sont toujours étroits, entiers, linéaires et extrêmement longs. Ces cotylédons à double plicature sont ceux dits bicrures par les auteurs ; je donne aux crucifères qui les portent le nom de dplecolobées qui signifie à lobes ou cotylédons à double plicature (fig. 84). Je me sers pour désigner à l'œil ces quatre struc- tures de cotylédons des signes suivans qui font allusion à la coupe transversale de la graine, et ont l'avantage de pouvoir s'expliquer par de simples caractères ordinaires d'imprimerie en se servant d’un o pour la radicule et de deux tirets paral- lèles pour les cotylédons. Cotylédons accombans (o=—). Cotylédons incombans planes (0 11). Cotylédons incombans condupliqués (o >>). Cotylédons incombans spiraux (o 1x 11). Cotylédons incombans à double plicature {o 1x 11 11). Ces formes des cotylédons sont très-faciles à voir lorsque 214 SUR LA FAMILLE les graines sont un peu grosses ou qu’on a l'habitude de ce genre d'analyse (1); elles sont au contraire difficiles pour les commencçans surtout lorsque les graines sont fort petites. On peut cependant avec un peu d'attention deviner assez bien la structure des cotylédons d’après l'apparence extérieure de la graine. Ainsi lorsqué les cotylédons sont accombans la graine (fig. 67, 68) est presque toujours aplatie ou déprimée et lisse sur les deux faces qui représentent le dos des coty- lédons ; cette graine offre souvent une aile membraneuse sur le bord. Les embryons de cette sorte sont parallèles à la cloison quand les valves sont en carène. 20, Lorsque les cotylédons sont incombans la graine est ovoide (fig. 69) un peu triangulaire, et lorsqu'on l’examine attentivement on distingue fréquemment sur le bord de ses deux faces latérales une strie qui est la trace du point de juxta-position des deux cotylédons; ces graines ne sont jamais bordées d'ailes membraneuses. 30. Lorsque les cotylédons sont condupliqués ou spiraux, les graines sont la plupart presque exactement globuleuses (fig. 70); dans le premier cas elles sont lisses sur leur sur- face entière ; dans le second elles présentent des stries sprales (fig. 77,72 ke 4e. Enfin lorsque les cotylédons sont à double plicature (1) On voit très-bien la forme des embryons dans les graines que l’on ouvre un peu avant leur maturité absolue. Lorsqu'on veut disséquer des graines par- faitement müres ou desséchées, on doit les faire tremper quelques heures dans de l’eau tiéde, et les ouvrir ensuile en coupant le spermoderme avec la pointe d'un canif ou d’unscalnel tres-fin. La loupe seule suflit pour toutes ces observalions. (ri DES CRUCIFÈRES. 21 les graines sont en général (fig. 73, 74) ovales ou oblongues eomprimées (1), et on aperçoit sur leurs deux faces des stries plus ou moins régulières qui indiquent les rayes formées par la juxta-position des cotylédons. Le Les feuilles séminales des deux premières classes sont ovales ou oblongues; celles de la troisième sont échancrées en cœur au sommet ; celles de la quatrième sont linéaires et très-al- longées. Ces cinq formes de cotylédons me paroïissent donc déter- miner cinq grandes divisions dans la famille des crucifères ; ces divisions présentent quelques avantages prononcés. 19. Leurs caractères sont tellement fixes qu'ils ne paroïssent admettre aucun passage de l’un à l’autre. Il n’y a pas de mi- lieu entre une radicule sur le bord ou sur le dos des coty- lédons, entre des cotylédons planes pliés en long ou pliés en travers. On voit dans quelques cas seulement des coty- lédons incombans qui au lieu d’être planes sont légèrement courbés et qui par là semblent se rapprocher un peu des ju lédens condupliqués. En second lieu, ce caractère a le mérite de fonder la clas- sification des crucifères sur l'embryon, c’est-à-dire sur l'organe que tous les botanistes ont considéré comme le plus essen- tiel; je crains cependant que cet exemple ne tende à dimi- nuer un peu son importance aux yeux des classificaieurs. (1) J’appelle dans cette famille graine déprimée celle dont l’aplatissement est dans le sens des cotylédons, et comprimée celle dont l’aplatissement est en sens contraire des cotylédons. Les cruciferes à cotylédons planes, soit incombans soi’ surtout accombans , peuvent seules avoir des graines déprimées, 216 sur LA FAMILLE Voilà en effet la famille la plus naturelle du Règne végétal dans laquelle l'embryon se présente sous cinq formes très- prononcées, Est-il donc possible de tirer de grandes consé- quences pour la division des plantes en familles des carac- ières déduits des apparences des cotylédons ? Sans vouloir les exclure, je pense que cet exemple doit rendre circonspect sur leur ensemble. $ HT. Exposition de la classification. Les détails dans lesquels je viens d'entrer prouvent ce me semble assez bien, 10. que les caractères déduits de la fleur sont trop peu importans et trop peu variés pour pou- voir suflire à la division des crucifères; 29. que les classifi- cations fondées sur les apparences extérieures du fruit ne donnent guère des résultats plus satisfaisans. C’est donc évi- demment dans l'anatomie du fruit et de la graine qu’on pent trouver la solution du problème; encore faut-il que les di- visions qu’on en pourroit déduire soient d'accord avec le reste de l’organisation. J’ai exposé deux méthodes de classification, l'une déduite des principales formes des péricarpes, l’autre des principales formes des embryons; mais ces deux méthodes ne donnent point les mèmes résultats. Si je choisis le péricarpe pour point de départ , je trouve dans les divisions fondées sur cet organe, je trouve, dis-je, toutes ou presque toutes les formes d’embryon ; si je prends l'embryon pour point de départ, je trouve pour chaque forme d’embryon toutes ou presque toutes les formes de péricarpe. Cette espèce de DES CRUCIFÈRES. 217 réciprocité est même tellement régulière et symétrique qu'il semble que toutes les formes connues des crucifères se ré- duisent à la combinaison des modifications de ces deux or- ganes. En suivant cette marche, j’ai établi vingt-une tribus dans la famille entière : ces tribus sont toutes fondées sur la combinaison des formes de l'embryon et du péricarpe, c’est- à-dire sur les caractères les plus importans; et elles sont telle- ment naturelles, que j’étois arrivé aux mêmes coupes, à de légères nuances près, par une simple méthode de tâtonne- ment et en suivant seulement îes rapports intimes que l'étude successive des genres me faisoit sentir. Le tableau de ces tri- bus, qui peut sembler fait par des vues théoriques, a été réellement construit par tàtonnement et par pratique, et en- suite légèrement rectifié, et, si j’osois le dire , simplement symétrisé par la théorie. S'il étoit permis de comparer la marche que j'ai suivie avec celle de sciences susceptibles d’une exactitude bien su- périeure à celle de l’histoire naturelle, je dirois que de même que dans les sciences physiques on commence par faire des expériences plus ou moins exactes, et lorsqu'on a ainsi tracé la route on la rectifie au moyen de formules géométriques qui corrigent les erreurs de la pratique; de même aussi après avoir rapproché toutes les crucifères, à moi connues, en groupes déterminés par l’ensemble de leurs rapports, j'ai soumis ces groupes aux règles de la théorie : l’accord de ces deux méthodes me fait croire que je ne puis être très-loin de la vérité. Mais pour faire comprendre ce qui me paroït la vérité j'ai eu besoin de m'écarter un peu de la méthode qu’on emploie Méin. du Muséum. À. me _- 28 218: SUR LA FAMILLE le plus ordinairement en botanique. J’ai disposé les genres et les tribus de crucifères en un. tableau à double entrée comme. la table de: Pythagore > les divisions verticales présentent les genres rangés d'après la forme de l'embryon ; les divisions horizontales d’après celle du péricarpe : au moyen de cette disposition très-simple on peint à la vue cette combinaison réciproque des formes. Le caractère de chaque tribu se voit pour ainsi dire d’un coup-d’œil et s'exprime par deux mots, le nom de la série spermique et celui de la série péricarpique; ainsi les arabidées sont les pleurorhizées siliqueuses , les ra- phanées sont les orthoplocées lomentacées, etc. Ce tableau est l'expression pure et simple des rapports des; crucifères tels queije les conçois.. Ceux qui attachent. plus d'importance au péricarpe doivent suivre. les cases dans le sens horizontal; ceux qui en attachént davantage à l’em- bryon suivront l’ordre vertical. Il n’est pas possible cependant de se contenter de cette espèce d’indécision ; d’un côté l'esprit: de Fhomme semble la craindre, de l’autre on a quelque droit d’exiger de celui. qui vient de consacrer plusieurs années à l'étude d’un sujet borné, qu'il expose sa pensée toute entière; enfin la forme même des livres exige absolument de donner la préférence à l'une ou à l’autre des deux marches: car il faut bien dans la série des tribus.et des genres suivre un ordre linéaire, bien que dans mon esprit l’ordre géographique soit le seul naturel. Forcé ainsi à me décider je n'ai guères hésité et je considère, les rapports déduits de l'embryon comme d’une importance supérieure à ceux déduits des formes du péricarpe. Mes mo- ufs sont: DES CRUCIFÈRES. "219 10. Qu’en général l'embryon est un organe d’une impor- tance beaucoup plus grande dans toute la classification natu- relle. 20. Que dans ce cas particulier les formes déduites de l'embryon sont parfaitement déterminées, tandis que celles da péricarpe passent de l’une à l’autre par des nuances sou- vent vagues et indécises ; ainsi à l'exception de deux ou trois genres de notorhizées (/7yagrum, goldbachia) qui ont les cotvlédons légèrement courbés et semblent se rapprocher un peu des orthoplocées , ou de quelques spirolobées (eru- cartæ), qui, si leurs cotylédons étoient plus longs, semble- roieut tendre à se plier deux fois en travers, à l'exception, dis-je, de ce petit nombre de cas que je ne cite que par scru- pule, j'ai trouvé toutes les formes d’emibryons si parfaitement tranchées qu’il est impossible d’hésiter sur leur distinction. Il n'en est pas ainsi pour les formes déduites du péri- carpe. Entre la cloison linéaire des siliqueuses et la cloison ovale des latiseptées on trouve des intermédiaires assez nom- breux, et en particulier les tribus des arabidées et des alyssi- nées ne sont pas très-bien distinguées; les siliques indéhis- centes ou nucamentacées ne diffèrent peut-être des autres que par un caractère artificiel ; celle des septulées et des lo- mentacées présenteroient aussi les mêmes objections. Le groupe des angustiseptées, quoique plus précis et plus naturel ‘que tous les autres, est encore dérangé par les genres sene- biera et brachycarpæa dont les valves sont convexes comme dans les latiseptées et non pliées en carène comme dans les autres genres d’angustiseptées ; on obtiendroit donc en sui- vant la méthode déduite des péricarpes une classification 28 * 220 SUR LA FAMILLE moins précise et moins naturelle. Le raisonnement et le fait s'accordent pour donner la priorité aux caractères déduits de Yembryon, et c’est aussi la marche que j'ai adoptée. Tout botaniste en jetant les yeux sur le tableau à double entrée sera frappé de cette espèce de symétrie entre les formes des genres placés dans les cinq divisions ; ainsi, non- seulement on trouve de vraies siliqueuses sous quatre formes d’embryons, mais encore les mêmes caractères génériques se retrouvent dans plusieurs divisions : jai eu soin de faire sentir ces rapports symétriques en plaçant les genres qui les présentent sur la même ligne horizontale; ainsi les genres notoceras, erysunum et 7nOr7ICandia, Quoique appartenant à trois divisions spermiques, se distinguent chacun dans leur ibu par leur silique tétragone; les genres #wrritrs et dyplo- taxis par leurs graines sur deux rangs; #acropodium , stan- leya et carpopodium par leurs siliques pédicellées, etc., etc. En bornant la comparaison aux deux divisions fondamen- tales, les crucifères à radicule dorsale et latérale, on arrive jusqu’à trouver tous les représentans de l’une des formes dans l’autre. Cette loi symétrique cache peut-être quelque autre loi. d'organisation qui nous est encore inconnue; elle mérite l’attention des botanistes philosophes; non que je veuille engager à fonder sur ce principe aucune théorie avant que les faits soient connus, mais les faits eux-mêmes méri- teroient d’être recherchés, car on pourroit citer d’autres exemples de cette symétrie parallèle des formes dens les classes ou les familles voisines. Ceux qui connoissent à fond les mémoires carpologiques de M. Correa de Serra, ou qui ont médité sur lesrapports des familles sentirontcequeije veux dire, DES CRUCIFÈRES. 22-T Mais il ne suffit pas d'établir que la méthode fondée sur les formes de l'embryon estsupérieure à celle des péricarpes, il faut prouver encore qu’elle conduit à des résultats con- formes à l’ordre naturel. Pour le faire sentir je choisirai à dessein celle des cinq divisions qui rompt peut-être le plus toutes les habitudes déduites des anciennes méthodes, savoir celle des orthoplocées ou crucifères à cotylédons condu- pliqués. Cette division répond assez bien aux érucacées de Vente- nat, mais je ne puis admettre ce nom parce que les genres. erucaria et erucago n’en font pas partie. Outre la plicature longitudinale des cotylédons, les orthoplocées se distinguent par leurs cotylédons échancrés au sommet, et parce que la. base de leur style tend à s’évaser de manière à présenter le. plus souvent une loge qui renferme une graine pendante. Presque toutes les orthoplocées présentent l'odeur du: chou, et plusieurs lui ressemblent par la consistance et las pect de leur feuillage; la plupart ont des pétales assez grands, tantôt jaunes, tantôt blancs ou un peu rougeàtres, souvent. remarquables parce que leurs veines anastomoseés sont d’une- couleur foncée et forment une espèce de roseau coloré. Ce: caractère qui.se retrouve dans les fleurs du psychire m'avoit: fait croire qu'il faisoit partie de la division des orthoplocées bien avant que l'examen de sa graine m’eût appris qu'ilavoit. en effet les cotylédons condupliqués. La plupart des bota- nistes avoient de mème réunt le z4/la et le moricandia avec: les brassica, quoique leurs caractères fussent bien. différens: et analogues à ceux où dans d’autres: cas. ils n’avoient pas: hésité à établir des genres ; tous les anciens botanistes con-- 299 SUR LA FAMILLE fondoient sous le nom de brassica les crambes et plusieurs espèces d’orthoplocées, entraînés par ce sentiment intime des rapports qui précède toute méthode. Dès qu'on reconnoit l’analogie des genres qui composent la tribu des orthoplocées on est obligé de convenir que les caractères déduits de Ja forme du fruit sont dans les crucifères d’une moindre impor- tance qu'on ne l’avoit pensé jusqu’à présent. On y trouve réunis et rapprochés d’une manière intime des siliqueuses (sinapis , brassica , raphanus) et des siliculeuses ( zz/la, crainbe, vella\; des fruits à valves convexes (brassica, ra- phanus , crambe) ou carinées (psychine); des fruits dé- hiscens (brassica, vella)ou indéhiscéns(raphanus, crambe) ; des loges polyspermes (4rassica, sinapis), dispermes (»ella) où monospermes (crambe, didesmus); en un mot toutes les formes sur lesquelles on a voulu établir des classifications parmi les crucifères. Il en est de mème de la fleur: on y trouve des étamines dentées dans le crambe, soudées ensemble dansle vella, libres dans la plupart des autres; j'insiste sur ces observations , parce qu'étant relatives à un groupe évidem- ment naturel, elles tendent à atténuer les anomalies qu’on observe dans les autres groupes. Au, reste les orthoplocées . touchent aux notorhizées par un grand nombre d’analogies; le érassica s'approche de l’Aesperis, le sinapis du sisym- Brium , le moricendia de’ l'erysunum , le didesmus du goldbachia, Yenarthrocarpus de l'anchonium, le raphanus du sterigma, elles touchent aussi aux spirolobées avec les- quelles Ventenat les avoit réunies sous le nom d’erucacées ; le bunias et l'erucaria diffèrent peu des crambes et des ra- phanus. DES CRUCIFÈRES. . 223 Des raisonnemens semblables aux précédens et des exem- ples tout-à-fait analogues sont applicables aux quatre antres divisions et conduisent aux mêmes résultats. Je les supprime pour éviter les répétitions et parce que chacun peut les faire de lui-même à la seule inspection du tableau des genres, pourvu qu'il se soit préalablement dépouillé des idées artifi- cielles adoptées par suitede l'habitude. Plusieurs genres anciens: se trouvent, je l'avoue, divisés par cette méthode; mais la plupart de ces divisions étoient déjà pressenties par les bota- nistes, quoiqu'ils manquassent de caractère précis pour les établir. Les nombreuses transpositions d'espèces d’uu genre- à l’autre, dont on peut prendre une idée à la vue seule de: la synonymie, suflisent pour démontrer l'incertitude des an- ciens genres ; il est peu de familles où l’on puisse trouver un aussi grand nombre d’espèces qui aient été, si j'ose parler: ainsi, promenées d'un genre à l’autre par les classificateurs. Ainsi la cameline cultivée, plante certainement bien con- nue, est un 72yagrum pour Linné, un a/ysswm pour Scopoli,. une 7z2œænclua pour Roth, un cochlearia pour Cavanilles ,. et un genre spécial adopté par Crantz sous le nom de came Una. Lenyagrum paniculatum de Linné a été un crarnbe pour: Allioni, un bwnias pour Lhéritier, un alyssum pour Wil- denow; et a été considéré comme genre disuinet par Mé- dikus sous le nom de »ogeliæ, par Crantz sous celui de nasturtium , par quelques auteurs sous le. nom ancien de rapistrum , et par Desvaux sous celui. de res/ia. : Le Zepidium didymun a été classé par Walter parmi les: biscutella, par Michaux entre les cochlearia, par Ruiz 22/4 SUR LA FAMILLE entre les £klaspt, et a été considéré comme genre distinct par Mœnch sous le nom de nasturtiolum , par Smith sous celui de coronopus, et par moi sous celui de sezebrera. Le coronopus qui appartient au même genre a été considéré comme un cochlearia par Linné, un lepidium par Forskah], un duruas par Lapeyrouse. Le cresson alenois des jardins, cette plante si commune et si distincte, est, selon:les auteurs, /epidiuum, lepia, thlaspi où 72as{urlÜiUn. Je pourrois en dire autant de la moitié des espèces un peu anciennement -connues ; comme elles n’avoient exacte- ment le caractère d’aucun des genres admis, chaque elassi- ficateur, avec des motifs tout aussi bons que le précédent, les transportoit dans un autre genre; il est résulté de là une confusion effrayante de nomenclature et la preuve manifeste qu'il étoit nécessaire d'augmenter considérablement le nombre des genres dans cette famille, afin de pouvoir placer chaque espèce d’une manière fixe avec ses analogues ; c’est en effet à ce résultat inévitable qu'ont été entraînés tous ceux qui ont étudié cette famille avec quelqne attention, tels que Crantz et Scopoli, et surtout parmi les plus modernes MM. KR. Brown et Desvaux. J'ai adopté la plupart des genres qu'ils ont proposés et j'en ai même ajouté quelques autres, soit d'après des plantes entièrement nouvelles, telles que azchonim , menonvillea, soit d’après des espèces encore peu connues, telles que z- vonæa , morettliæ , sapigny@, Soit en considérant comme . geures les sections proposées par les auteurs dans les genres anciens, tels que berteroa , schouria, etc. J'ai été entrainé DES CRUGIFÈRES. 295 à ce résultat, 10. parce que la plupart de ces genres nouveaux sont fondés sur des caractères tels qu'ils appartiennent à des tribus ou dessections différentes des genres anciens avec les- quels on les confondoit. Ainsi le bonæa et l'æthionema con- fondus avec le éklaspr s’en distinguent par leurs cotylédons incombans et entrent dans les lépidinées; le zasturtium se distingue des szsymbrium , et le barbarea des erysimum , par leurs cotylédons accombans, et font partie des arabidées, etc., etc. 20. Lors même que certains genres nouveaux restent dans la même tribu que le genre dont ils sont détachés, ils en diffèrent par des caractères tels qu'on pourroit très-rai- sonnablement les considérer comme des caractères de divi- sions supérieurës : ainsi si quelqu'un venoit à séparer les crucifères à embryon inverse, il seroit obligé de placer les genres megacarpæa et cremnolobus dans une division diffé- rente des biscutelles. 30. Surtout j'ai été conduit à ce ré- sultat par le port des espèces, et j'ose croire que tous ceux qui étudieront ma classification seront forcés de convenir que si mes tribus séparent des genres qu'on étoit accoutumé à regarder comme analogues, au moins chaque genre nerenferme que des espèces qui dans toutes les méthodes et les hypo- thèses possibles doivent rester réunies ; je parle ici seulement des plantes que j’ai vues moi-même et qui, comme je l'ai dit plus haut, sont heureusement très-nombreuses; quant à celles que je n’ai pu ni me procurer , ni rencontrer dans aucune des collections que j'ai visitées, j’ai dû es classer d’une manière approximative d’après le témoignage des auteurs , et je ne puis répondre de leur place vu l’imperfection de la plupart des descriptions, surtout lorsqu’elles sont anciennes. Mém. du Muséum. 7. 29 226: SUR LA FAMILEE L’intimité des rapports des erucifères entre elles fait qu’il est très-difficile de déterminer l’ordre-dans lequel les genres doivent être placés-relativenrent aux familles-voisines;, et on arrive à ce-même résultat dans toutes les familles: éminem- ment naturelles et suflisamment connues. Paroîtrois-je trop paradoxal si je disois que la plupart des prétendus passages que nous observons d’un groupe à un autre sont fondés plutôt sur notre ignorance que sur des transitions réelles ; c’est ce dont on ne doute guères dans les êtres dont l’ana- tomie est bien connue, et l’on admet d’autant plus facilement des transitions qu’il s’agit d'êtres plus obscurs. Il existe des groupes d'êtres distincts : ces groupes sont les uns très-dif- férens, les autres assez semblables ; mais clraque groupe à une symétrie ou une loi d'organisation qui lui est propre et qui, lorsqu'une fois nous la connoissons, ne permet guère d'équivoques.Naldoute par exemple que les crucifères n’aient des rapports intimes avec les papaveracées, les fumariacées et les capparidées. Mais quel motif réel peut-on avoir pour commencer ou finir la série par tel ou tel genre? C’est ce qu'il me paroît impossible d'établir avec précision. Dirai-je avec M. Desvaux que lecrambe s'approche plus des fume- terres qu'aucune autre crucifère parce qu'il a un fruit uni- loculaire, monosperme et indéhiscent; mais cette affinité est infirmée par la structure des cotylédons, par la nature même du fruit qui est réellement à deux loges, dont l’inférieure avorte, par la possibilité que cette loge en apparence unique soit la base du style. Diraï-je avec M. de Jussieu que la série des crucifères doit commencer par les siliqueuses qui ont du rapport avec les corydalis ; mais que devient dans cet ordre. DES CRUCIFÉRES. 527 la place du genre fnarie et l’affinité de ces mèmes siki- queuses avec les cléomés? Quant aux rapports avec les ee et surtout avec les cléomés qui sont évidemment les capparidées les plus voi- sines des crucifères , je ne vois guère de moyens plus certains de les établir. Chercherai-je parmi les crucifères les fruits uni- loculaires pourles faireservir detransition; mais il yabienloin des siliques uniloculaires des crucifères, où elles ne sont telles que par l'avortement plus ou moins précoce de la cloison , aux fruits essentiellement uniloculaires et constamment dé- pourvus de cloison des cléomés; d’ailleurs les crucifères uni- loculaires telles que l’zsatrs , le ricotia , le lœælia , etc. , n'ont entre elles aucune analogie intime, et on ne pourroit les raç- procher des eléomés sans rompre à la fois une foule de rap- ports. Placerai-je à la fin des crucifères celles qui, comme les cléomés, ont le fruit plus ou moins pédicellé. Ce rap- prochement est un peu plus réel que le précédent; cependant les genres #2acropodiurmn (1), lunarta, stanleya (2), et la section des héliophila que j'ai appelée carpopodium ont tous la silique pédicellée comme les cléomés et n’ont cependant entre eux que de foibles analogies. Seroït-on tenté de croire que les raphanées ont quelque analogie avec les cléomés, parce que Wildenow a décritun vrai cléomé (CZ. raphanotdes, D. C.) sous le nom de raphanus pulosus ? Maïs on voit que la diversité même de ceserreurs prouvequ’on n’en peut tirer (1) Vahl, dans son Herbier; désignoit cette plante sous le:nom:de Cleome nivalis. (2) Les stanleya étoient confondus avec les cléomés par Pursh. 29 * 228 sur LA FAMILLE: aucun indice exact. Les Aypecoum paroissent avoir des coty- lédons qui tendent à devenir accombans, les cléomés sem- blent tendre à être: incombans;.si dans les uns. et dans: les: autres l'embryon étoit aussi fortement replié sur lurmème que dans les crucifères, peut-être ce motif seroït-il suffisant pour commencer par les crucifères à cotylédons accombans et finir par celles où ils sont incombans. Mais outre que ces caractères sont un peu équivoques dans les familles voi- sines, ils laissent une trop grande latitude pour qu’on ÿ mette beaucoup de prix. J’ai suivi cet ordre parce qu'il en falloit un , mais je m’em- presse de déclarer quejen’ÿattache aucune importance réelle. C’est ici un nouvel exemple:de l'embarras des séries linéaires, embarras qu’on aperçoità chaque instant dans l’étude des rap- ports naturels. Pour faire sentir ces rapports intimes des cruci- fères et la difficulté de trouver dans une famille si naturelle un point de départ et un point d'arrivée, j’avois dans un de mes premiers essais de classification distribué les. plantes cruci- fères dans un ordre circulaire, c’est-à-dire que je les avois rangées autour dela circonférence d’un.cerele, de telle sorte que chaque genre se trouvoit placé entre deux autres avec les- quels il avoit des rapportsintimes. On pourroit ainsi commen- cer la série à un point quelconque, la continuer sans interrup- tion, etrevenirsurses pas sans avoir rencontré de saut brusque d’une forme à l’autre. Cette disposition n’est possible que dans les familles éminemment naturelles ; elle m’a guidé pour atteindre le point où je suis parvenu ; mais comme elle est en réalité moins claire et moins instructive que la table à double entrée, je crois devoir supprimer ce tableau circu- DES CRUCIFÈRES. 220} hire, et terminer ce mémoire par l'exposition des tribus et des genres de crucifères , faite sous la forme et dans la langue adoptée par les botanistes:. ORDINIS CRUCIFERARUM CONSPECTUS. Subordo primus. — PLEURORHIZEÆ ( 0 — ). CAR. Cotyledones planæ , accumbentes. Radicula lateralis. Semina compressa: Tribus I. ARABIDEÆ, seu Pleurorhizeæ siliquosæ. CAR. Siliqua longitudinaliter dehiscens, septo lineari: seminibus pauld latiore. Semina sæpè marginata. Cotyledones accum- bentes, septo parallelæ. GEN. 1. MATHIOLA (Br). Siliqua Does Siemata conni- . ventia dorso incrassata aut cornigera. Calix basi bisaccatus. Sect. 1. PACHYNOTUM. Stigmatis dorsa.incrassata non cor- nigera. Petala obovata, lætè colorata. ChAeiranthus incanus L. etc. 2. LuperrA. Stigmatis dorsa incrassata non cornigera. Petala oblonga undulata sordida. Cheir. tristis Lin. etc. 5, PinarrA. Sfigmatis dorsa cornigera. Petala oblonga undulata sordida. C4. lividus Delil. etc. 4. AcINOTUM. Stigmatis dorsa cornigera. Petala obo- vata, lætè colorata. CA. tricuspidatus Lin. etc. 2. CHEIRANTHUS (Br.).Siliqua teres aut compressa. Stigma bilobum capitatumve. Calyx basi bisaccatus. CA. cheiri 5 Ch. mutabilis, etc. * te; 230 SUR LA FAMILLE 3. NASTURTIUM (Br.). Siliqua teretiuscula, abbréviata aut declinata. Stigma subbilobum. Calyx basi æqualis patens. 1. CARDAMINUM. Flores albi. Siliqua teretiuscula. Glandulæ ad basin staminum,. Sisymbrium nas- turlium Lin. 2. BracuyLoBos. Flores flavi. Glandulæ subnullæ. Sisymbrium amphibium etc. 3. CLANDESTINARIA. Petala nulla aut calyce breviora. Sisymbrium indicum Lin. ete. 4. LEPTOCARPÆA. Siliqua teretiuscula gracillima. Stigma sessile, bilobum. Calyx patens, nt Sisymbriun læ- selii Lin. 5. NOTOCERAS ( Br.). Siliqua tetragono-anceps, valvis apice incornu aut mucronérn exsertis. 1. DicERATIUM. Cornua 2 tenuia. Erysimum bicorne Ait. etc. 2. TETRACERATIUM. Cornua 4. Erysimum quadri- corne Wild. . MACcROCERATIUM. Cornua 2 crassa. Fructus subin- dehiscens. Lepidium cornutun Sm. en 6. BARBAREA (Scop.). Siliqua tetragono-anceps, valvis apice non cornigeris. Calyx basi æqualis. Semina in quoque lo- culo 1-serialia. Ærysimum barbarea Län. etc. 7. STEVENIA ( Ad. et Fisch. ). Siliqua oblonga , inter semina sinuato-angustata , oligosperma ; Valvis planis subtorulosis. Calyx basi bisaccatus. Sr. alyssoides Ad. et Fisch. etc. 7. BRAYA (Sternb. et Hop). Siliqua oblonga ;, subcylindracea, valvis planiusculis, oligosperma, stigmate sessili : Fo basi æquälis. B. alpina St. et Hop. 9. TÜRRITIS (Dill. ). Siliqua linearis , ‘valvis planis. Semina in quoque loculo biserialia. T. ré tête 10. FI. 12. 13. 14. 15. DES CRUCIFÈRES. SAT ARABIS (Lin.) Siliqua linearis, valvis planis medio uni- nerviis. Semina in quoque loculo r-serialia. à 1. ALOMATIUM. Semina immarginata. 4. alpina L, etc. 2. LOMASPORA. Semina marginata. À. turrita , belli- difolia, etc. MACROPODIUM (Br.). Siliqua pedicellata , linearis, val- vis planis medio uninerviis. Semina in quoque loculo 1-se- rialia. Cardamine nivalis Pall. CARDAMINE (Lin.). Siliqua linearis, valvis planis ener- vis sæpè elasticè dissilientibus. Funiculi-umbilicales tenues. C. pratensis etc. PTERONEURUM. Siliqua lanceolata; valvis planis enerviis sæpè elasticè dissilientibus , placentis alato-nervosis. Funiculi umbilicales alato-dilatati. Cardamine carnosa Kit. etc. DENTARIA ( Lin.). Silicula lanceolata , valvis planis ener- vis sæpè elasticè dissilientibus, placentis non alatis. Funi- culi umbilicales alato-dilatati. Dentaria digitata Lam. etc. Tribus IL ALYSSINEÆ, seu Pleurorhizeæ latiseptæ. CAR. Silicula longitudinaliter dehiscens, septo lato mem- branaceo, valvis concavis aut planis. Semina sæpè margi- uata. Cotyledones accumbentes , septo parallelæ. LUNARIA Us ). Silicula pedicellata, elliptica ant lanceo- lata, valvis planis, funiculis longis septo adnatis. Calyx basi bisaccatus. Petala integra. Stamina edentula Z, rediviva L, ete. SAVIGNY A. Silicula sessilis, elliptica, valvis planis, funi- culis brevibus liberis. Calyx basi æqualis. Petala integra. … Sfamina edentula. Lunaria parviflora Delill. 17. RICOTIA ( Lin. ). Silicula sessilis, oblonga , adulta septo 232. 16. 40. “20. 22, 23. SUR LA FAMILLE evanido 1-locularis, valvis planis. Calyx basi bigibbus. Pe- tala emarginata. Stamina edentula. R. ægyptiaca Lin. etc. FARSETIA (Br.). Silicula sessilis ovalis aut orbiculata, valvis planis. Semina alata. Calyx basi bisaccatus. Petala infegra. - 1. FARSETIA. Silicula ovalis. Petala oblongo-linearia, sordidè fusca. Cheir. Farsetia Lin. 2. CycrocarPÆA. Silicula orbicularis. Petala oblonga purpurascentia. Lunaria suffruticosa Vent. etc. ‘3. FiBrcra. Silicula elliptica. Petala obovata, flava. Alyÿssum cly peatum Lin. etc. BERTEROA. Silicula sessilis, elliptica aut obovata, valvis planiusculis. Semina subalata. Calyx basi æqualis. Petala limbo bipartito. Stamiua minora dentata. Æ/yssum inca- num Lan. etc. AUBRIETIA ( Adans.). Silicula oblonga , valvis convexis. Semina immarginata. Calyx basi bisaccatus. Petala integra, Stamina minora dentata. Æ/yssum deltoideum Lin. etc. VESICARIA (Lam.). Silicula globosa, inflata, valvis hemi- sphæricis. Semina plurima. Petala integra. 4/yssum utricu- latum Lin. etc. . SCHIWERECRKIA (Bess. et Andr.). Silicula ovata, valvis ««onvexis, medio longitudinaliter subdepressis. Semina plu- rima. Calyx basi æqualis. Petala @ntegra. Stamina imajora dentata, Æ/yssum podolicum Bess. ALYSSUM (Lin.). Silicula oxbicularis aut elliptica, valvis planis aut centro convexis. Semina in quoque loculo 2-4. Calyx basi æqualis. Petala integra. Stamina nonnulla den- tata. 1. ADYSETON. Flores flavi ; semina 3-4. Æ/yssum -caimpestre etc. DES CRUCIFÈRES. 238 2. LoBuraR1A. Flores albi, Semina 1-2, — 4/yssum maritimum Wild. etc. 24: MENTOCUS (Desv. ). Silicula sessilis, elliptica, valvis pla- nis. Semina in quoque loculo 6-8. Calyx æqualis. Petala in- tegra. Stamina majora dentata.— 4/ysswm linifolium. Wild. 25. CLYPEOLA (Lin. ). Silicula-orbicularis, 1-locularis, 1-sper- ma, valvis planis. Calÿyx æqualis. Petala integra. Stamina majora dentata. — C{ypeola Rue Lin. Bergeretia et orium Des. 5 26: PELTARIA (Lin. ). Silicula orbicularis, sépto evanido uni- locularis, 1-4-sperma. Calyx æqualis. Petala iutegra. Sta- mina edentula. ne. alliacea Lin. etc. 27. PETROCALLIS (Br.). Silicula sessilis, ovalis, valvis pla- niusculis. Semina in quoque loculo 2,, funiculis septo adnatis. — Draba pyrenaica Lin: 26. DRABA ( Lin. ). Silicula ovalis Aatess aut HR valvis planis convexisve. Semina plurima, immarginata. Calyx ue Petala integra. Stamina omnia edentula, + Auzopsis: Flores flavi. Stylus filiformis. Plantæ perennes, foliüis rigidis. — Draba aizoides. Lin. etc. 2.. CHRYSODRABA. Flores flavi. Stylus subnullus. Plan- tæ perennes, foliis molliusculis. —Draba alpina. Lin. etc. 3. LEucoDRABA, Flores albi. Stylus: varius. Plantæ perennes, - foliis now rigidis. —Draba stellata :1 Jacqrete. 4. HozarGcEs. Stylus brevis. Plane annuæ. Siliquæ elongatæ.— Drabu contorta hr. , etc. 5, VeroNICEL LA: Siÿlus: nullus: Siliquæ oblongæ. Plante aanuæ, Elores:minimis—Dreba nemoralis Ebr. , etc. Hu Mém. du Museum. à, 7. 30 SUR LA FAMILLE 29: EROPHILA: Silicula: sessilis, ovalis aut oblonga,. valvis. planis. Semina plurima immarginata.. Calÿx æqualis. Petala. limbo bipartito: Staminaedentula.—Draba verna Lin: , etc. 30: COCHLEARIA, (Lin.) Siliculà sessilis, ovato-globosa aut * oblonga, valvis ventricosis crassiusculis. Semina plurima, immarginata. Calyx æqualis patens. Petala integra. Stamina edentula. 1. KERNERA. Silicula ch valvis rigidiusculis. — Myagrum saxatile Lin., etc. 2. ARMORACIA. Silicula ellipsoidea aut oblonga ; sty- lo filiformi, stigmate capitato.— Cochlearia armo- racia Lan. , etc. 3. CocxLeARïA. Silicula subrotunda aut. oblonga,. apice non emarginafa, stigmate parvo sessili aut breviter styloso. — Cochlearia officinalis Lin., etc. 4. lonopsis. Silicula rotundo-subcompressa apice emarginafa. Flores lilacini.—CocAlearia acaulis Desf.. Tribuslll. THLASPIDEÆ, seu Pleurorhizeæ angustiseptæ. CAR. Silicula longitudinaliter dehiscens, septo angustissimo, valvis carinatis navicularibusye. Semina ovalia interdum marginata. Cotyledones accumbentes, septo contrariæ. 51. THLASPI. (Med.) Silicula apice emarginata, valvis navi- - cularibus dorso alatis, loculis 2- « -spermis. 1. PACHYPHRAGMA. Silicula latissima breviter emar- ginata , stigmate sessili, septo crasso. Semina 2. — Thlaspi latifolium M. Bieb. 2. CARPOCERAS. Siliculæ valvæ in alam cornuformem exsertæ. Semina 2 striata.— nr ceralocarpurn. Murr.. Go. 33. 34. 36. 37. DES CRUCIFÈRES. 235 . NomismA. Siliculæ orbiculatæ per fotum dorsum alatæ. Semina ce striata.—T'hlaspiarvenseLin.etc. 4. NeurorTroris. Siliculæ orbiculatæ per totum dor- O1 sum alatæ, ala nervo marginata.— T'hlaspi orbicu- latum Stev. ï 5. PreroTropis. Siliculæ obovatæ, dorso alatæ, ala non nervo ciucta. Semina non siriata. — Thilaspi .Inontanum , etc. F ie CAPSELLA (Desv.). Slip a basi cuneala , valvis navicularibus apteris, loculis « : spermis. —T'/aspi bursa pastoris Lin. HUTCHINSIA ( Br.). Silicula elliptica, SL. navicula- ribus apteris, loculis 2-spermis, rarius. -spermis. — Jberis rotundifolia ; Lepidium alpinum ; etc. - TEESDALIA (Br.). Silicula ovalis She ne navi= cularibus, loculis 2-spermis. Stamina intus basi squammul . aucta. — Lepidium et Iberis nudicaulis Lin. 25: IBERIS (Lin.). Silicula truncato-emarginata, loculis I-sper- mis, seplo quasi duplici. Petala 2-exteriora majora. — Zberis sempervirens, etc. BISCUTELLA ( Lin. ). Silicula biseutata , loculis 1-spermis lateraliter axi adnatis, stylo disfincto PEEPRICES 2 ubiye inversus. I. TONDRABA. Calyx Di Het e — Biscutelle auriculata Tan. , etc. . 2. THLASPIDIUM. Calyx basi Rs —Biscutella apula Lin. , etc. MEGACARPÆA. Silicula tte nes -spern mis late- raliter axi adnatis ; stylo nullo. — Biscutella megalocarpa Fisch, . CREMOLOBUS, Silicula onéitan loculis pp mar- 30 * 236. 39. SUR LA FAMILLE ‘ ginatis , ab axeos apice pendulis , stylo subpyramidato. — Biscutella peruviana: Lam., etc. .MENONVILLEA. Siliculà substipitata, loculis 1-spermis margine- in alam expansis discos parallelos conficientibus. Species nova ex herb. Dombey. + Tribus IV. EUCLIDIEÆ, seu Pleurorhizeæ nucamentacesæ. 40. 41. CAR. Silicula indehiscens, valvis indistinctis aut vix tardè ‘secedentibus, septoelliptico mterdum evanido. Semina ova- lia, in loculis 1-2. Cotyledones accumbentes. EUCLIDIUM (Br.). Silicula drupacea ovata, suturis ma- nifestis, stylo subulato, loculis 1- Dr — Anastatica sy- riacæ Lim. etc. OCHTHODIUM. Silicula coriacea | snbglobosa, stigmate ‘sessili, septo crasso, loculis 1-spermis.— Bunias ægyptiaca Lin. z, PUGIONIUM (Gærtn.). Silicula coriacea, transverse ova- lis, utrinque echinata et in pugionem producta , abortu -1-locularis, 1-sperma. — Bunias cornuta Lin. Tribus V. ANASTATICEZÆ, seu lou ou ina 45. 44. CAR. Silicula longitudinaliter dehiscens , valvis intus in septula tranversalia productis. Semina immarginata , inter septula solitaria. Cotyledones accumbentes. ANASTATICA ( Lin. de Silicula ventricosa ; Valvis extus apice appendiculatis. — Æ. hierochuntina Lin. MORETTIA. Silicula ovato - oblonsa , valvis extus non appendiculatis. — Sinapis philæana Delille. Tribus VI. CAKILINEÆ, seu Piedterhicælouicniees. CAR. Siliqua aut silicula transversè secedens in articulos 1- #4 45. 46. 47: 48. 49. 50. DES CRUCIFÈRES. - 237 2-loculares 1-2-spermos. Semina immarginata, Cotyledones accumbentes. CAKILE( Scop.). Silicula biarticulata compressa, articulo superiore ensiformi. Semina in loculis solitaria , superioris erectum , inferioris pendulum.— Bunias cakile Lin., etc. RAPISTRUM (Med.). Silicula biarticulata , articulo supe- riore ovaio rugoso. Semina in loculis solitaria , superioris erectum , inferioris pendulum. — Myagrum rugosum Lin. , etc. CORDYLOCARPUS (Desf.). Siliqua torosa, teretiuscula , articulis 1-spermis , terminali crasso globoso echinato. Se- mina omnia pendula. — C. muricatus Desf. CHORISPORA ( Chorispermum Br.). Siliqua teretiuscula in articulos subæquales 1-spermos secedens. Semina omnia pendula. — Raphanus tenellus. Pall. etc. Subordo II. NOTORHIZEÆ (on ). CAR. Cotyledones planæ, incumbentes, Radicula dorsalis. Semina ovata, nunquam marginata. as Trib. VIT. SISYMBREÆ, seu Notorhizeæ siliquosæ. CAR. Siliqua longitudinaliter dehiscens, septo lineari, val- vis concavis carinafisve. Semina ovata aut oblonga, immar- ginata. Cotyledones incumbentes, planæ. MALCOMIA. ( Br.) Siliqua teretiuscula. Stigma simplex acuminatissimum.—Cheiranthus maritimus , litioreus, etc. HESPERIS. (Lin.) Siliqua teréliuscula aut subtetragona. Stigmata duo, erecta, conniventia. Calyx basi bisaccatus. 1. Hesperis. Petala linearia. Siliqua subanceps. — - FH. tristis, etc. 7 KR (sa) 2: SUR LA FAMILLE DgicosmA. Petala obovata. Siliqua teretiuscula.— IT. matronalis Lin., etc. 5r. SISYMBRIUM. (AIl.) Siliqua teretiuscula , super torum sessilis. Stigmata duo subdistincta aut in capitulum connata. Calyx basi æqualis. I. V£LaruM. Siliqua subuliformis axi adpressa, pe- - dicello floris brevissimo insidens, in stylum brevis- simum desinens.— Ærysimum officinale Lan. etc. . NorTA. Siliqua subteres. Calyx patens. Tubercula 4-6 in disco. Flores flavi. Folia integra.—Sis. stric- Lissimum Lan. . PsiLosTYLuM. Siliqua suübteres in stylum conico- subulatum desinens. Calyx clausus. Flores flavi. Folia integra.—Sis. exacoïdes Sp. nov. . Irro. Siliqua teretiuscula. Racemi ebracteati. Flo- res flavi. Folia plus minus pinnatifida. — Sis. irio, Sis. sophia, etc. . KIBERA. Siliqua teretiuscula. Bracteæ foliaceæ sub racemi pedicellis. — Sis. supinum , etc. . ARABIDorsIs. Siliquæ sublineares. Stigma sessile truncatum. Flores albi aut sabpurpurascentes, bre. vissimè pedicellati. — Sis. bursifolium Lin., etc. . HesPERiborsis. Siliquæ sublineares , stylo tenui brevi, stigmate subcapitato. Flores albi aut sub- ‘purpurascentes. Pedicelli calyce longiores. — Sis. integrifolium Lan. , etc. 62. ALLTARIA. (Bieb.) Siliqua teretiuscula, lineis prominulis subtetragona. Calyx laxus, — Ærysimum alliaria Lin. 53. ERYSIMUM. ( Lin. ) Siliqua tetragona. Calyx clausus. I. STYLONEMA. Siliqua brevis stylo longo tenui snpe- rafa. Calyx subpersistens.Elores flavi ferè sessiles. — Cheiranthus quadrangulus Lher., etc. 54e 99. DES CRUCIFÈRES. 239: 2. Cusrrparra. Siliqua valvis carinatis compresso- tetragona, stylo superata. Calyx deciduus. Flores flavi brevissimé pedicellati — Cheiranthus cuspi- datus BieP:, etc. 3. ErRYsIMASTRUM. Siliqua purè tetragona. Stylus nullus aut brevis vix siliqua tenuior. Flores flavi. — Erys. repandum Lin., etc. 4: CouRiNGrA. Siliqua tetragona. Galyx clausus. Flo- res albidi. Folia integerrima amplexicaulia. — Brassica orientalis Lin. , etc. LEPTATEUM. Siliqua teretiuscula sessilis. Stigmata 2 con- niventia. Calyx. basi æqualis. Stamina 4. — Sis. filifolium Wild., etc. STANLEYA. (Nutt.) Siliqua teretiuscula, super torum dis- tinctè pedicellata. — Cleome pinnata Pursh. Trib. VII. CAMELINEÆ, seu Notorhizeæ latiseptæ. 96. 97. CAR. Silicula valvulis concaVis, septo elliptico in majore diametro. Semina ovata, immarginata. Cotyledones incum- bentes, planæ. STENOPETALUM. (Br.) Silicula ellipsoidea, valvulis concavo-planis, loculis polyspermis. Stylus o. Petala linearia. — St: lineare Br. ined. CAMELINA. (Crantz.) Silicula obovata aut subglobosa, valvulis ventricosis, loeulis polyspermis. Stylus filiformis. 1. CHaMæLINUM. Siliculæ obovatæ, marginatæ. Sty- lus conicus. Stigma simplex. Plantæ annuæ. — ne sativumi Lin., etc. . PsEUDOLINUM. Siliculæ: globosæ , immarpinatæ. ne filiformis. Stiga capitatum. Plantæ peren- nes; — Myagrum austriacum Jacq., etc. 2) 45 SUR LA FAMILLE 58. EUDEMA. (Humb. et Bonpl.) Silicula ovata, valvis con- cavis, loculis polyspermis, septo apice fenestrato. Stylus filiformis. — Æ. nubigena , etc. i 59. NESLIA. ( Desv. ) Silicula subglobosa, valvis concavis, septo evanido unilocularis, indehiscens, 1-sperma. — Hya- :60. grum paniculatum Lin., etc. Trib. IX. LEPIDINEÆ, seu Notorhizeæ angustisep{æ. CAR. Silicula septo angustissimo, valvis carinatis aut valdè convexis. Semina pauca auf solitaria, ovata , immarginata. Cotyledones incumbentes., planæ. SENEBIERA. Silicula didyma, valvis ventricosis aut sub- carinatis subindehiscentibus, loculis monospermis. Ie -pidium didymum Lin. , etc. . CARARA. Silicula apice non emarginata. — Co- NASTURTIOLUM. Silicula apice emarginata. — Le- chlearia coronopus Lin. , etc. . CoTyziscus, Silicula compressa cymbæformis. — Cochlearia nilotica Delil. . LEPIDIUM. (Lin.) Silicula ovata aut subcordata, valvis carinatis aut rarius ventricosis dehiscentibus, loculis mono- spermis. I. 4. CarDarïA. Silicula ovato-cordata subdidyma sub. acuta, valvis concavis dorso apteris, stylo filifor- mi. — Cochlearia draba Lin. EcripsARiA. Silicula elliptica, valvis carinato- concavis dorso apteris, stylo filiformi. — ZLepid. chalepense, etc. . BRADYPIPTUM. Silicula elliptica, valvis carinatis, stylo brevi. Calyx subpersistens.—Lep. coronopi- folium Wild. , ete. CARDAMON. Silicula elliptica. apice emarginata, DES CRUCIFÈRES. 24t valvis dorso alatis. Cotyledones partitæ. — Lep. sativum Lin., etc. ; 5. Lepra. Silicula elliptica -apice emarginata, valvis dorso ad apicem alatis. Cotyledones integræ. — Thlaspi campestre Lin., etc. 6. Diceprium. Silicula elliptica aut subovyata, sæpius emarginafa, valvis apteris aut dorso subalatis. Flores minimi sæpe diandri aut apetali. — Lep. virginicum Lin., efc. 7. LEPIDIASTRUM. Silicula apice non emarginafa, valvis carinatis dorso apteris, stylo brevissimo aut nullo. — Lep. latifolium Lan. , etc. 62. BIVONÆA. Silicula ovalis emarginata, valvis carinatis, loculis 4-6-spermis. — Thlaspi luteum Biv. 63. EUNOMIA, Silicula ovalis, valvis carinatis. Semina in quo- que loculo 2, funiculis coadunatis. — Lepidium opposili- Jolium Labill. , ete. 64. ÆTHIONEMA. (Br. ) Silicula ovalis sæpius emarginäta, valvis navicularibus, 1-2-locularis, loculis 1-2-spermis. Sta- mina geminaa aut coalita aut dentata. — Tlaspi saxatile Lin. , etc. Trib. X. ISATIDEÆ, seu Nothorizeæ nucamentaceæ. CAR. Silicula valvis indistinctis aut indehiscentibus carinafis, septo evanido 1-locularis, 1-sperma. Semina ovato-oblonga, immarginata. Cotyledones incumbentes, planæ. 65. TAUSCHERIA. (Fisch.) Silicula ovalis, fere cymbæformis, 1-locularis, 1-sperma, valvis navicularibus indehiscentibus. __ —T. lasiocarpa Fisch. , etc. 66. ISATIS. (Lin. ) Silicula ellipfica plana r-locularis 1-sperma, valvis carinatis nävicularibusve vix dehiscentibus. 1. SAMERARIA. Siliculæ valvæ dorso latè alatæ. — Mém. du Muséum. 1 7. 31 SUR LA FAMILLE Peltaria garcini Burm.— fsatisarmena Lin., etc. 2.. GLASTUM. Valvæ:dorso apteræ: — Zsatistinctoria- Lin: etc. : MYAGRUM: (Tourn.) Silicula: compressa;,.basi feré: cu-- neata , apice lacunas duas vacuas, inferne loculum.r mono-. spermum gerens. — Â]. perfoliatum Lin. .. SOBOLEWSKIA. (Bieb. ) Silicala oblonga, compressa , evalvis, membranacea, 1-locularis, 1-sperma. — Crambe macrocarpa F1. taur. Trib. XI. ANCHONIEZÆ, seu Notorhizeæ lomentaceæ. 69. CAR. Silicula aut siliqua transversè in articulos monosper- mos secedens. Cotyledones incumbentes, planæ. GOLDBACHIA. Stamina libera. Siliqua biarticulata, stylo subnullo. — Raphanus lœvigatus Bieb. , etc. . ANCHONIUM. Stamina majora ad apicem connata. Siliqua biarticulata ,stylo compresso rostriformi. Ænch. Billardierii SP: nov: . STERIGMA. ( Sterigmatostemon Bieb. ) Stamina majora ad medium connata. Siliqua teretiuscula in articulos pluri- _mos demumsecedens.—Cheiranthus tomentosus Wild. etc. Subordo IL. ORTHOPLOCEZ. (0 >>) CAR. Cotyledones incumbentes, conduplicatæ , seu medio longitudinaliter plicatæ et radiculam in plicaturä foventes. Stylus sæpè ampliatus et basi staminifer. Semina sæpius globosa. Trib. XII. BRASSICEÆ, seu Orthoploceæ siliquosæ. CAR. Siliqua valvis longitudinaliter dehiscentibus, septo Hineari. Cotyledones conduplicatæ. Semina subglobosa. 72. 76. DES CRUGIFÈRES. 243 BRASSICA. (Lin.) Siliqua teretiuseula, stylo parvo brevi obtuso-terminata. Seinina umiseriata. Calyx clausus. — Z. oleracea Lin., etc. 5. SINAPIS. (Lin.) Siliqua teretiuseula , valvis nervigeris, stylo parvo brevi.acuto apiculata. Semina uniseriaia. Calyx patens. — Sin. nigra Lin., eic. . MORICANDIA. Siliqua subietragona. Semina., biseriata. Calyx basi bisaccatus. — Brassica arvensis Lin., etc. . DYPLOTAXIS. Siliqua compressa linearis. Senuna bise- riata. Fi basi æqualis. . CaTocarPæA. Siylus nullus. Siliquee pendulæ. — Sisymbrium hispidum Vabl., etc. 2. ANOCARPÆA. Stylus filiformis. Siliquæ erectæ. — Sinapis erucoides Lin., etc. ERUCA (Cav.). Siliqua teretiuscula , stylo amplo sæpè seminifero conico aut ensiformi superata. Semina uniseriata. Calyx basi æqualis. . HsBesiarpis. Rostrum conieum aspermum:Fruc- tus pubescens. Calyx pee —Sinapis pubescens Lin. , etc, . 2. Leucosinapis. Rostrum ensiforme sub 1-spermum; valvulæ torulosæ. Calyx laxus, — Sinapis alba Lin. etc. . ErucA. Rostrum ensiforme aspermüm ; valyulæ concavæ læves vix rostrolongiores. Calyx erectus. où — Brassica eruca Tain.,.etc.. 4. Napus. Rostrum subconicum ;, valvulæ neryosæ aut forulosæ. Fructus elongatus glaber. Calyx sub- patens. — Brassica napus Lin., etc. Tribus XIII. VELLEÆ, seu Orthoploceæ latisepiæ. CAR. Silicula valvulis concavis, septo elliptico. Cotyle- dones conduplicatæ, Semina globosa. Sr 80. SUR LA FAMILLE . VELLA( Lin.) Stamina majora connata.. Siylus: ovatus: planus, ad apicem siliculæ:,, linguæformis.. — #ella pseudo-- cytisus: Lin. . BOLEUM (Desv. ): Stamina majora connata. Stylus tenuis: subconieus, ad apicem. siliculæ: rostriformis. — Wella as- pera Pers. . CARRICHTERA ( Adans.). Stamina libera. Stylus ovatus planus-foliaceus. — Fella annua Lin. SUCCOWIA (Med.). Stamina libera. Stylus fenuis conicus ad apicem siliculæ echinatæ. — Bunias balearica Lan. Tribus XIV. PSYCHINEÆ, seu Orthoploceæ angustiseptæ. 81. 82. CAR. Silicula valvis earinatis navicularibusve, septo an- gustissimo. Semina compressa. Cotyledones conduplicatæ. SCHOUWIA. Silicula ovalis, valvis ad dorsum per totam longitudinem angustè alatis.— Subularia purpurea Forsk. PSYCHINE (Desf.). Silicula triangularis, valvis ad dorsum apice tantum alatis. — Ps..stylosa Desf. Tribus XV. ZILLEÆ, seu orthoploceæ nucamentaceæ. 83: 84. 85. CAR. Silicula indehiscens, valvis indistinctis, loculis 1-2 monospermis. Semina subglobosa. Cotyledones condupli- calæ. ZALLA ( Forsk, ). Silicula Dilocularis, loculis 1-spermis. — Bunias spinosa Lin. — MURICARIA (Desv.). Silicula 1-locularis, 1-sperma. Semen ‘Jateraliter adfixum. Petala æqualia. — Buypias prostratæ Desfontaimes. CALEPINA(Adans.). Silicula i-locularis, 1-sperma. Semen ex apice pendulum. Petala subinæqualia. — Bunias co= chlearioides Murr., DES CRUCIFÈRES. 245: Tnibus XVI. RAPHANEÆ, seu Orthoploceæ lomentaceæ. CAR... Siliqua avt silicula transversè in articulos mono- spermos secedens, aut in loculos 1-spermos divisa. Semina __ globosa. Cotyledones conduplicatæ. 86. CRAMBE ( Lin.). Silicula biarticulata, articulo inferiore abortivo, superiore stylari globoso.— €. rnaritima , Lin., etc. An ad tribum præcedentem ? 87. DIDESMUS (Desv.). Silicula biarticulata, articulo utroque 1-2-Spermo, inferiore apice truncato, superiore stylifero. — Myagrum æœgyptiun Lin., etc. 88. ENARTHROCARPUS(Labill.). Siliqua biarticulata , arti- culo inferiore obconico brevi 1-5-spermo, superiore longo 9-10-spermo intus loculato. — Raphanus lyratus Forsk. 89. RAPHANUS (Lin.). Siliqua transversè multilocularis aut in articulos plurimos secedens. RE 1. RaPHANUS. Siliqua fungosa bilocularis , isthmis rarissimè coarctata. — À. sativus Lin. , etc. 2. RAPHANISTRUM. Siliqua coriacea, per maturitatem sæpius 1-locularis. — À, raphanistrum Lin. etc. Subordo IV. SPIROLOBEX. CAR. Cotyledones incumbentes , lineares, spiraliter seu potius circinnatim convolutæ. Semina otata aut globosa , immarginafa. Tribus XVII. BUNIADEÆ , seu Spirolobeæ nucamentaceæ. CAR. Silicula nucamentacea indehiscens 2-4-locularis. Co- < tylédones verè circinnato spirales. : 00. BUNIAS (Lin. excel. pl. sp. ) Car. idem ac tribus. 240 SUR'LA FAMILLE, r. ErucAco. Siliculæ 4-loculares tetragonæ , angulis alato-cristatis. — B. erucago Lin. , etc. 2. LAELrA. Siliculæ 2-loculares ovatæ. — Z. orien- talis, Lan. Tribus XVII. ERUC ARIEÆ , seu Spirolobeæ lomentaceæ. CAR. Siliqua lomentacea biarticulata , articulo inferiore biloculari, superiore ensiformi. Cotyledones replicatæ, apice subeircinnales. gt. ERUCARIA ( Gærtn.). Car. idem ac tribus. — Ær. alep- pica Gærtn. Subordo V. DIPLECOLOREÆ. CAR. Cotyledones incumbentes, lineares, bicrures seu bi- plicatæ , nempè bis transversè plicatæ. Semina depressa , sæpè marginala. “Tribus XIX. HELIOPHILEÆ, seu Diplecolobeæ siliquosæ. CAR. Siliqua oblonga aut elongata, septo lineari aut rarius ovali, valvis planis aut rariüs subconcavis. Cotyledones biplicatæ. 92. CHAMIRA (Thunb.). Calyx basi bicalcaratus. — Helio- phila cireæoides Lin. 93. HELIOPHILA (Lin.). Calyx basi æqualis. 2. CARPONEMA. Siliquæ teretes , sessiles , indehiscen- Mes, utrinque acuminatæ ©. — A. filiformis Lin. 2. LEeprorMus. Siliquæ sessiles, sübcompressæ, sub- mouiliformes, monilibus ovato-oblongis ©.— 71. dissecta Th. , etc. R 3. Ormiscus. Siliquæ sessiles, compressæ, monili- formes, monilibus orbiculatis ©. —"%. pendula Wild. , etc. DES CRUCIFÈRES. 247" 4. SeceNocarPæA. Siliquæ- sessiles , compressæ , ovales aut orbiculatæ. @.— Lunariædiffusa Th. Pellaria capensis Lin. | ù 5. Ortaosezis. Siliquæ sessiles, lineareés, margini- bus rectis. Species © et 5. — 71. pilosa Lam. Cheiranthus strictus Poir. etc. 6. PacuysryLum. Siliquæ sessiles, subcompressæ, lineares, velutinæ, stylo crasso conico brevi. 5. — JT. incana Aït. 7. LANCEOLARIA. Siliquæ sessiles, compressæ , lan- ceolares, in stylum brevem desinentes. 3.— 77. macrosperma Burch. sp: nov. 8. Carporoprum. Siliquæ pedicellatæ, lineares, 3. — Cleome capensis Lin. f. Tribus XX. SUBULARIEÆ, seu Diplecolobeæ latisepiæ. CAR. Silicula ovalis, septo elliptico, valvis convexis, lo- culis polyspermis, stigmate sessili. Cotyledones biplicatæ. g4. SUBULARIA (Lin.).Car. idem actribûs.—Subularia aqua- tica Lin. Tribus XXI. BRACHYCARPEÆ,, seu Diplecolobeæ angustiseptæ. CAR. Silicula didyma , sepio angustissimo, valvis valdè ventricosis, loculis 1-spermis, stylo brevi. 05. BRACHYCARPÆA. Car. idem ac tribûs.—Æeliophila fla- va Lin. f. 248 sur LA FAMILLE EXPLICATION DE LA PLANCHE. Fi. 1. Un ramean de Sencbiera pinnatifida, pour montrer les grappes dites op- posées aux feuilles. Fi. 2. Un rameau de Mathiola incana, pour montrer les grappes dites terminales. Dans celles-ci comme dans les précédentes la grappe à naît opposée à la feuille b, mais le rameau axillaire c s’allonge dans la fig. 1 et-ne s’allonge pas dans la fig. 2. FM16. 3. Une grappe de Sisymbrium runcinatum, pour montrer les bractées foliacées qui sont à la base des pédicelles de quelques cruciferes , tandis que la plupart ont les pédicelles nus, comme on le voit dans les fig. 1 et 2. ‘Fic. 4. Une fleur de Mathiola incana dans sa position naturelle. Fic. 5. La même en bouton. Fic. 6. Une coupe transversale de la fleur du Mathiola incana , pour montrer la position relative des parties de la fleur des crucifères. aa. Les deux carpelles réunis ; composant l'ovaire ayec la cloison verticale qui le sépare en deux loges. bb. Les quatre grandes étamines situées devant les placentas et rapprochées deux à deux. Étamines géminées ou placentaires. d'b', Les deux petites étamines situées devant les valves. Étamines latérales ou valyarres. cecc. Les quatre pétales. dddd. Les quatre sépales du calice; savoir, deux latéraux ou valyaires d'4 plus larges, deux autres dits placentaires ou distemones dd plus étroits. Fic. 7. Coupe du bouton jeune pour montrer l’estivation des pétales. Fic. 8. Coupe plus âgée pour montrer les variations de l’estivation dans la même fleur. Fre. 9. Calice d’Arabis hirsuta, pour donner un exemple des calices égaux à leur base. î Fic. 10. Fleur de la même plante pour montrer la petitesse des glandes aa dans les calices égaux à leur base. Fic. 11. Calice de Mathiola incana , pour montrer les calices dont les sépales latéraux se prolongent en deux bottes (Calyx basi bigibbus bisaccatusve). DO 7e | PO) . CARACTERZS DAS CRUCIFERES.PL.LI. = Se Tom 7: 7, . \ ) CARACTERES DZS CRUCIFERAS. PL.11. 7 DES CRUCIFÈRES. 24% 16. 12. Fleur de la même, pour montrer la grosseur proportionnelle: des glandes aa. Fic. 13. Fleur de Lunaria biennis, pour montrer la grandeur des glandes situées à la base des étamines latérales. Fic. 14.: Sépale latéral du calice de la même, pour montrer la concavité qui est à sa base. Fic. 15. Pétale linéaire oblong du Menonvillea linearis. Fic: 16. Pétale obové du! Wathiola incana. Fre. 17. Pétale obcordé où échancré du Mäthiola tricuspidäta: Fie. 18. Pétale bifide de V'Erophila verna ( grossi). Fic. 19. Fleur de Teesdalia iberis, pour, montrer l'inégalité des pétales exté- rieurs et intérieurs de certains corimbes. Fire. 20. Étamine du Mathiola incana, comme exemple d étamines. Hi et sans dents. F Fic. 21. Étamine du Berteroa, incana , comme exemple d’étamine. dentée-à sa base. Fic. 22. Fleur de T'eesdalia iberis (grossie) dépouillée de ses tégumens, pour montrer. les appendices qui, naissent.de_la base interne des grandes éta- mines. Fic. 23. Fleur de l’ÆÆthionema,saxatilis (grossie). dépouillée.de ses: Hume pour montrer la position relative des étamines. Fic. 24. Etamine: de la: même ; comme exemple d'étärminésdentées x:'leur! sommet. sislile on Fic. 25. Les deux grandes étamines du Sterigma-tomentosum' soudées jusqu'à la moitié de la longueur des filets. fe ire De “6 Les deux grandes ee dE Ve Anchoniun More RE jusques vers le sommet des filets. Fic. 27. Pistl du Nesliapaniculata, pour montrer le syieñl fliforme et les stigmates réunis en tête. Fig. 28. Pistil de PARA dérra ; comme exemple, de stigmate, sessile. .! Rrers ‘29.4 So d’une silique de Mon es littoned., pour montrer le stigmate en alene ou en pointe acérée. . Tic: 30. Le pistil du Cherranthus.éheirt, pour montreriles deax stigmates étalés, Mém. du Muséum. 1 5. 32 250 SUR LA FAMILLE l’un supérienr a, l’autre inférieur a. La glande D est celle qui est située devant les sépales latéraux. Fic. 31. Pistil d’Hesperis tristis dans la même position , pour montrer les stigmates droits ou rapprochés. Fe. 32. Pistil jeune du Mathiola incana, pour montrer les stigmates à dos épaissi. Fic. 33. Le même plus âgé. Fic. 34. Pistil du Mathiola tricuspidata, pour montrer les siigmates portant des cornes sur leur dos. La pointe a est composée des deux stigmates collés; les pointes bb sont les cornes qui naissent du dos des stigmates ou du sommet des placentas, l’une en dessus l’autre en dessous du vrai stigmate. Fic. 35. Pistil du Notoceras canariensis de grandeur naturelle. F1G. 36. Le même grossi, pour montrer a le stigmate, db les deux cornes qui naissent des valves et sont par conséquent latérales à droite et à gauche du stigmate dans la position naturelle de la fleur. ' Fic. 37. Silicule d’Anastatiéa hierochuntina , pour montrer lestile à et les deux appendices valyaires bh disposés comme dans le Notoceras. Fic. 38. Pistil de Carrichtera annua grossi et âgé , pour montrer a le renflement du pédicelle , d l'ovaire, c le stile large, d le stigmate qui tombe après la fleuraison. Fic. 39. Silicule de F'ellà psendoitiss, pour montrer la forme du stile c qui la termine. Fic. 40. ‘Sommité du stile de l'Ærvica cheiranthos, pour:montrer:la tumeur c qui renferme une graine stilaire. Fic 41: La même coupée en-long';:yjour montrer I loge stilatre: Fic. 42. Pistil du Crambe hispanica, montrant en a le pédicelle de la us bla loge inférieure avortée, c là loge su: .périeure (probablement stilaire) fertile. Fi. 43. Le même coupé en long, pour montrer le cordon ombilical d partant de la base et se recourbant au soumet de manière que la graine est pendante. Fic. 44. Coupe transversale d’une silique , prour montrer la position naturelle des parties; savoirs la cloison a, les deux placentés bb "les deux valyes cc, les graines dddd. Fi. 45. Coupe idéale indiquant la manière diont on peut décomposer le fruit DES CRUCIFÈRES. 25 1 en le supposant formé de deux carpelles EE’ soudés et ici séparés par la pensée. Fic. 46 et 47. Cloison du Cochlearia fenestrata, pour montrer la solution de continuité qu’on remarque au milieu de quelques cloisons de crucifères. . Fic. 48—55. Série de coupes de siliques, pour montrer comment la différence de forme des valves comparée avec la largeur de la cloison détermine toutes les formes des siliques. Dans toutes, aa’ représente la:cloison , 40 les valves. Fic. 48. Valves planes comme dans la lunaire. Fie. 49. Valves un peu bombées comme dans le draba. Fi. 5o. Valyes convexes comme dans plusieurs alyssum. Fic. 51. Valves très-conyexes comme dans certains cochléaria. F1G. 52. Valyes un peu carénées comme dans plusieurs cheiranthus. Fic. 53: Valves carénées comme dans les erysimums. Fic. 54. Valves tres-carénées comme dans les lepidiums. Fig. 55. Valves plus carénées encore comme dans les isatis. Fic. 56. Silique de Cheïranthus cheiri, pour montrer les deux valves bb, la cloison a etles graines cc disposées sur un seul rang, quoique partant alternativement des deux placentas. Exemple de fruits siliqueux. Fic. 57. Silique du Dyplotaxis muralis, pour montrer les graines disposées sur deux rangs. Exemple de fruits siliqueux. Fic. 58. Silicule grossie d’Erophila verna, pour montrer la même chose. Exemple de fruits latiseptés. . Fic. 59. Silicule de Lunaria biennis , pour montrer le thécafore a qui s'élève au- dessus du torus D, et les cordons ombilicaux c soudés avec la cloison. Exemple de fruits latiseptés. Fic. 60. Silicule de T'hlaspt arvense; pour montrer les valves en carène avec le ‘dos prolongé en aile. Exemple de silicules angustiseptées. Fic. 61. Silicule du Brscutella auriculata; pour montrer les loges en écusson. Exemple de silicules angustiseptées. Fi6. 62. Embryon de la même, pour donner un exemple d’embryon inverse, ou à radicule descendante. Fic. 63. Silicule du Myagrun perfoliatum. Exemple de silicules nucamen- tacées. Cat l'1G. Fc. Fic. Fic. Fire. Frc. . 75. Embryonde Chetranthuschetri. .76. Embryon de Lunarta biennis. .77. Embryon de Thlaspi arvense . 78. Embryon d’Jsatis tinctorta. . 79: Embryon d’Æthionema saxa- . 81. Embryon d'Eruca sinapis-alba 3 SUR LA FAMILLE DES CRUuCcIFÈRES. A à 64. Liamême coupée en long, pour montrer la loge séminifere a et les deux lacunes b du dos des valves. 65. Silicule du Hforettia philæana, pour montrer les cloisons transversales de l’intérieur des valves , comme exemple de siliques septulées. 66. Silique du Raphanus raphanistrum, comme exemple -de siliques lo- mentacées. . 67. Graine de Lunaria biennis comprimée et bordée. . 66. Graine de T'hlaspi arvense comprimée , :striéeet non bordée. : Go. Graine d_Æthionema saxatilis ovoide non bordée. . 70. Graine d’Æruca:sinapis-alba. .7iet 72. Graines d’Erucartia aleppica. . 73. Graine d’Heliophila pendula. . 74. La même vue à la loupe, pour montrer les stries qui indiquent extérieu- rement la place des cotylédons. Exemples de cotylédons accombans, ou de radicules latérales. LE Cruciferes pleurorhizées. coupe en travers. Exemples de cotylédons incombans, ou de radicule dorsale. | iilis coupé en travers. Cruciferes notorhizées. qués. coupé en ‘travers. Cruciferes orthoplocées. ; 82. Embryon de Bunias orientalis coupé en long. Exemples de cotylédons spiraux. 83. Embryon d’Érucaria aleppica [ Cruciferes spirolobées. . 80. Embryon de Brassica oleracea. Exemples de cotylédons condupli- coupé en long. vu en long et dégagé de ses replis cature.. 84. Embryon d’Aeliophila penduta Exemple de cotylédons à double pli- (grossi). J Cruciferes diplécolobées. 253 EE EXPÉRIENCES SUR L'ACIDE PURPURIQUE. PAR M. VAUQUELIN. Brreuax et Scheele sont les premiers qui aient décrit l'action de l'acide nitrique sur le calcul urinaire, et qui aient remarqué la couleur rouge d’œillet, quand on fait évaporer à siccité la solution de cette matière dans l'acide nitrique : voyez Mémoires de Scheele, vol. I, p. 199, et Opuscules de physique et de chimie de Bergman, vol. IV, p. 387. M. Brugnatelly de Pavie annonça, il y a une vingtaine d'années, qu'en mettant de l'acide urique en poudre dans de la vapeur d’acide muriatique oxigéné, il se formoit au bout de 24 heures, sur les paroïs du vase où le mélange étoit renfermé , des cristaux d’acide oxalique. Cette nouvelle parut assez intéressante à MM. Fourcroy et Vauquelin, qui commençoient alors à s'occuper de la - nature des calculs urinaires, pour qu'ils s’'empressassent de répéter l'expérience de M. Brugnatelly; ils obtinrent, en effet, des cristaux d’oxalate et de muriate acidules d’ammo- niaque. Ïls observèrent de plus qu’en se dissolvant dans le chlore liquide, le calcul produisoit une grande quantité d'acide carbonique dont le dégagement se prolongeoiït long- Mém. du Muséum. 1. 7. 33 254 AGIDE PURPURIQUE. temps après la dissolution complète du calcul. Ils observérent aussi qu'une matière floconnense jaunâtre se précipitoit, et que la dissolution se teignoit également en jaune. L’explication que ces chimistes donnèrent alors de la ma- nière d'agir du chlore sur l'acide urique n’est plus admissible aujourd’hui, puisqu'il est démontré que l’acide muriatique oxigéné, ainsi appelé alors, est un corps simple. Ils n’aper- çurent point l'acide particulier que MM. Brugnatelly et Prout ont obtenu par Paction de acide mitrique, du chlore, de l’iode et de l’acide oxalique sur le calcul urique. Le procédé de M. Brugnatelly, tel qu'il a été rapporté dans les Annales de physique et de chimie, consiste à faire un mélange d’acide nitrique et d'acide urique qu’on laisse en repos, jusqu'à ce que les flocons jaunes suspendus dans la liqueur se soient rassemblés au fond du vase, à décanter le liquide, à recueillir la partie solide sur du papier à filtrer, et la dessécher autant que possible. Après avoir dissous ces flocons dans l’eau et livré la solution à l’évaporation spon- tanéé, on obtient un nouvel âcide en très-beaux cristaux. Voilà, comme on voit, une description de procédé qui n’est pas claire ; elle renferme certainement quelque erreur ou omission. Par action de l'acide nitrique sur une matière dont les élémens sont aussi nombreux, il doit nécessairement se produire d’autres corps que l'acide purpurique , et dans le procédé rapporté plus haut, on ne trouve rien sur la manière de séparer ces corps de lacide purpurique, ni de Pacide ni- trique lui-même, à moins de supposer que tout ce qui résulte de cette action ne devienne gazeux et se dissipe dans ACIDE PURPURIQUE. 255 l'atmosphère, ce qui n’est pas raisonnable. Mais le procédé de M. Brugnatelly est encore plus difficile à comprendre, lorsque ce chimiste dit qu’on peut également obtenir l'acide purpurique, no;: Seulement par le chlore, l’iode, mais encore par l’acide oxalique. Voici, au surplus, les caractères que M. Gaspard Brugna- telly a reconnus à cet acide. Ses cristaux sont blancs, leur forme est le rhomboïde, leur saveur piquante d’abord, et douceitre ensuite; ils deviennent rouges au soleil, décrépitent à la chaleur, s’efleurissent à l'air, se dissolvent facilement dans l’eau et dans l'alcool, sans leur communiquer de couleur; l’eau de chaux découvre dans ces dissolutions la plus petite quantité de l’acide en question. La solution de cet acide cristallise de nouveau, sans s’al- térer, par une évaporation spontanée ; mais si l’on emploie la chaleur, elle se convertit en une matière d’un très-beau rouge qui s’avive encore lorsqu'on la dissout dans l’eau, dont elle colore une grande quantité. Cet acide teint la peau et les autres corps en rouge, et précipite abondamment l’eau de chaux, et le précipité est dissous de nouveau par l'acide carbonique. La combinaison de cet acide avec la potasse a une saveur douce, précipite en blanc les dissolutions de plomb et d'argent, et bleuit les dissolutions de fer, sans y former de précipité. Cette combinaison s’altère promptement à l'air, et de neutre et même un peu alcaline qu’elle est, elle devient acide : cette altération est encore plus prompte à la lumière, où 393" 256 ACIDE PURPURIQUE. elle jaunit d’abord, et se dessèche ensuite en une masse rouge, soluble dans l’eau à qui elle communique sa couleur. Telles sont les PropAte que M. Brugnatelly a reconnues à cet acide. À la suite de la note de M. Brugnatelly, Annales de phy- sique et de chimie, se trouvent quelques détails sur les propriétés du même acide, par le docteur Prout; mais on ÿ cherche en vain aussi quelque chose sur la manière de la préparer. Cet acide, dit-il, qu’on peut également former en traitant l'acide urique par le chlore ou l’iode, possède la propriété de former des composés d’un beau pourpre avec les alcalis et les terres alcalines, de là le nom d’acide purpurique qu’il propose de lui donner. L’acide purpurique , ajoute-t-il, peut être retiré de sa combinaison avec l’ammoniaque par les acides sulfurique et muriatique. Il se présente alors sous forme de poudre jaune ou couleur de crême. Il est extrêmement insoluble dans l’eau, il n’a point, par conséquent, de saveur ; il n’affecte point la teinture de tournesol , quoiqu'il décompose promp- tement les carbonates alcalins, à l’aide de la chaleur. Il est soluble dans les acides minéraux concentrés et dans les alcalis, mais non dans les acides délayés et dans l’alcool. Exposé à l'air, il prend une couleur pourpre, en attirant probablement l’ammoniaque. Soumis à la chaleur, il se dé- compose, et donne du carbonate d’ammoniaque, de l'acide prussique, et un liquide d'apparence huileuse. Brülé avec de loxide de cuivre, il a fourni hydrogène 4,54, carbone 27,27, oxigène 36,30, azote 31,81. ÂCIDE PURPURIQUE. 257 Les purpurates alcalins peuvent cristalliser, et leurs cristaux présentent quelques propriétés remarquables. Celui d’am- moniaque, par exemple, cristallise en prismes quadrangu- laires qui, quand on les voit par la lumière transmise, paroïssent d’un rouge intense de grenat ; mais par la lumière réfléchie, deux des faces opposées paroissent d’un beau vert, tandis que les deux autres faces paroissent avec leur couleur ordinaire. - Les purpurates ordinaires sont remarquables par leur solubilité et la beauté de leurs couleurs. Le purpurate de zinc est d’un beau jaune ; celui d’étain est d’un blanc de perles, et les autres purpurates sont plus ou moins rouges. La couleur d’œillet du sédiment de l’urine pendant la fièvre paroït être due, suivant M. Prout, à du purpurate d’ammo- niaque, et ce chimiste termine en disant que l’acide purpurique forme la base de plusieurs couleurs végétales et animales. L'on voit par ce que je viens de rapporter, que les chi- mistes qui parlent de l'acide purpurique n’indiquent point les procédés qu’ils ont suivis pour les préparer ni les séparer des autres corps qui s’y trouvent mêlés par une suite néces- saire d'actions multipliées qui ont lieu dans ce cas : ce qu’en a dit M. Brugnatelly me semble peu intelligible, et en opposition sur un grand nombre de points avec les énoncés de M. Prout. Je vais maintenant décrire les opérations que j'ai faites moi-même pour parvenir à produire cet acide : j’exposerai ensuite la manière d’agir du chlore et de l'acide nitrique sur la pierre de la vessie; enfin j’étudierai les propriétés de l'acide purpurique. | 258 ACIDE PURPURIQUE. Action du chlore sur l’acide urique. Il faut d’abord purifier l'acide urique, en le faisant dis- soudre dans une lessive de potasse caustique, en filtrant la solution, en précipitant ensuite par l'acide hydrochlorique, et en laissant rassembler la matière, pour décanter la partie fluide qui doit être remplacée par de nouvelle eau, jusqu’à ce qu'elle ne précipite plus sensiblement le nitrate d'argent. Laisser égoutter l'acide urique sur du papier brouillard, le délayer ensuite dans vingt parties d'eau, et faire passer à travers de la vapeur du chlore, jusqu’à ce que la matière soit dissoute. Il faut avoir l’attention de mettre l'acide urique dans un vase rond, tel qu'un ballon, par exemple, afin qu’à mesure que cet acide se dissout, de nouvelles parties se présentent à l’ouverture du tuyau qui apporte les vapeurs du chlore, et qui descend jusqu’au fond du ballon. Cela abrège beau- coup l'opération. Dès qu'il y a une certaine quantité de chlore accumulé dans le vase où est l’acide urique, une légère effervescence se manifeste dans toutes les parties de la liqueur, des flocons de matière blanche jaunâtre se détachent. Ces effets qui annoncent la dissolution de l'acide urique continuent jusqu’à la disparution de la matière, et même se prolongent encore long-temps sans le secours de chaleur étrangère. Lorsque ces phénomènes ont cessé, le liquide est devenu très-acide ; il précipite abondamment les sels calcaires, la dissolution d'argent, et exhale de l'ammoniaque par l'addition de la potasse ou de tout autre alcali fixe. ÂCIDE PURPURIQUE. 259 On filtre la liqueur pour en séparer les floccons dont nous avons parlé plus haut, lesquels sont formés d’une matière animale combinée au chlore, et devenue par là insolable dans l'acide hydrochlorique. Si l’on fait ensuite évaporer cette dissolution filtrée, le chlore , s'il y en a un excès, s’évapore, le liquide prend une teinte jaune, et l’on obtient des cristaux qui, quand ils sont lavés avec un peu d’eau froide, et égouttés sur du papier brouillard, présentent les propriétés suivantes : 10. Ils ont une saveur acide et piquante ; 20. leur disso- lutioñ précipite le sulfate de chaux à la manière de l’oxalate d’ammoniaque , et le nitrate d’argent comme ‘le font les muriates , et dégage , par son mélange avec la potasse, une vapeur . d'ammoniaque très-vive ; 3°. soumis à la chaleur dans une cornue , ils ont fourni du carbonate d’ammo- niaque, une petite quantité d'huile, et du muriate d’am- moniaque sublimé ; il reste dans la cornue une matière charbonneuse peu abondante. D’après les faits que nous venons d’énoncer, il paroït évident que le sel dont il s’agit est composé principalement d’oxalate et de muriate d’ammoniaque acidules. L’on peut, en effet, opérer la séparation de ces deux sels, en traitant leur mé- lange avec de l'alcool à trente degrés. Le muriate d’ammo- niaque se dissout seul, et lPoxalate reste sous forme de poudre blanche. Je les ai obtenus l’un et l’autre assez purs, par ce moyen. L’acide urique se convertit donc déjà par l’action du chlore, en acide carbonique, en ammoniaque et en acide 260 ACIDE PURPURIQUE. oxalique, en même temps que le chlore passe à l'état d’acide hydrochlorique. Il n’est pas douteux que l’eau ne soit décomposée dans cette opération ; car l'acide urique ne contient pas assez d'hydrogène , pour former toute l’ammoniaque, l'acide hydrochlorique et l'acide oxalique qui se développent; ni assez d’oxigène , pour donner naissance à tout l’acide carbo- nique et l’acide oxalique que l’on obtient. L’eau mère d’où le sel dont nous venons de parler a été extrait, contient encore différentes substances qu'il est né- cessaire d'indiquer. ? Si l’on n’a pas fait entrer une assez grande quantité de chlore avec l'acide urique, où qu’on ne lui ait pas donné le temps d’épuiser son action, avant d'évaporer le mélange, l'on trouve dans cette eau mère une certaine quantité de ma- late d’ammoniaque quelquefois mêlé d’oxalate de chaux (1). Cette eau mère, débarrassée autant. que possible des muriate et oxalate d'ammoniaque, prend tout-à-coup, par l'addition de l’ammoniaque, une belle couleur rouge pourpre, et une portion du muriate d’ammoniaque qui se forme dans ce cas, se précipite avec une portion de matière rouge. Si, dans cette même liqueur, l’on fait bouillir assez long- temps de l’oxide d'argent, il se forme du chlorure d'argent, et il se dégage de l’'ammoniaque. Le chlorure d’argent qui (1) C’est une chose remarquable que l’acide urique qui a été dissous dans la sotasse, contienne quelquefois une quantité de chaux assez considérable. On ne peut cependant pas croire que cette substance y soit unie à l’acide phosphorique , car le phosphate de chaux n’est pas soluble à ce point dans les alcalis. Ne pourroit- il pas se faire que la chaux fût combinée à l'acide urique lui-même. ACIDE PURPURIQUE. 261 a lieu dans ce cas est mêlé à un autre corps, car il est très- coloré, et quand on le fait chauffer, il exhale de l’'ammo- niaque,, et une portion d'argent est réduit. En filtrant la liqueur bouillante, quand l’ammoniaque est entièrement dissipée, lavant ensuite le résidu jusqu'à ce qu’il ne contienne plus d’argent, et faisant enfin rapprocher suffisamment cette liqueur, elle fournit des cristaux blancs sous forme d’aiguilles ou de ramifications dont la surface devient rouge à la lumière ; ils ont une saveur analogue à celle du nitrate d’argent. Il paroït qu’à la longue, et surtout par le contact de la lumière, ce sel se décompose, car chaque fois qu'on le dissout après avoir été desséché, il laisse une petite quantité de matière brune qui contient de l'argent. Ge sel est évi- demment formé par un acide développé par l’action du chlore sur l’acide urique. Si, lorsqu'après avoir retiré, comme on l’a dit plus haut, par des cristallisations répétées, l’oxalate d’ammoniaque et une partie du muriate, l’on sature par l’'ammoniaque lacide contenu dans l’eau mère, que l’on fasse concentrer et l'on traite enfin par l’alcool, le muriate d’ammoniaque se dissout, et il reste une matière rouge brune sous forme de mucilage épais : cependant une portion de cette matière rouge se dissout aussi, car l'alcool se colore légèrement. Cette substance m'a présenté les propriétés suivantes : 10. Dissoute dans l’eau, elle la colore en rouge pourpre, mais la dissolution en s’évaporant prend une nuance brune. 20, L’ammoniaque ajoutée à cette dissolution n’en rétablit point la couleur primitive. Mém. du Muséum. 1. 7. 34 262: ÂCIDE PURPURIQUE. 30. La potasse en dégage l'ammoniaque sans faire revenir là couleur. î 4°. L'acide sulfurique étendu d’eau jaunit la liqueur sans y produire de précipité. 5o, L'acétate de plomb y forme un précipité jaunâtre qui est légèrement soluble dans l’eau chaude et qui cristallise en. prismes carrés d’un jaune d’or pendant le refroidissement de la liqueur; elle précipite aussi la dissolution d’argent en rouge brun. Go. Cette matière, mise sur un corps chaud, se boursouffle et répand une vapeur blanche qui a l’odeur de l’'ammoniaque. 7°. Abandonnée à une évaporation lente, cette substance _se réduit en une masse visqueuse de couleur brune, au milieu de laquelle il se forme, au bout d’un certain temps, des cris- taux aiguillés ; elle a en cet état une saveur piquante comme les sels ammoniacaux en général. Il n’est pas douteux, d’après ce qui vient d’être exposé, que la substance dont il s’agit ne soit une combinaison de l'acide que MM. Brugnatelly et Prout ont signalé sous le nom d'acide purpurique, avec l’ammoniaque. Il me paroït éga- lement évident que l’acide qui forme ce sel ammoniacal, n’est pas parfaitement semblable à celui qui donne, avec l'ar- gent, une combinaison soluble et incolore. Action de l'acide mitrique sur l'acide urique. L'action du chlore sur lacide urique étant très-profonde et ne produisant à cause de cela même qu'une petite quantité de l’acide que nous désirions connoitre, et cet acide étant d’ail- ACIDE PURPURIQUE. 263 leurs très-dificile à séparer des autres corps qui se forment en même temps que lui, nous avons essayé l’emploi de l’acide nitrique, espérant un succès plus facile. Si dans cent parties d’acide nitrique à 340 étendu de cent parties d’eau, l’on fait dissoudre successivement, à l'aide d’une chaleur douce, cinquante parties d'acide urique pulvérisé, l’on obtient une liqueur d’une belle couleur rouge écarlate. Pendant que cette dissolution s'opère, une grande quan- tité de gaz se développe : deux cent cinquante parties de matière employées dans une opération n’ont laissé après la- dissolution que cent quatre-vingt-dix parties ; d’où il suit que soixante parties, ou à peu près le quart, se sont évaporées. La dissolution marquoit 220 à l’aréomètre. Si l’on emploie une plus grande quantité d'acide nitrique que celle indiquée pour dissoudre le calcul, la couleur qui en provient est jaunâtre au lieu d’être rouge. ‘ Quand l'acide est très-divisé, il se dissout dans l'acide ni- trique sans le secours de chaleur étrangère; le mélange s'é- chauffe de lui-même, l’effervescence se manifeste et la disso- lugion qui en résulte est jaune. Si l’on sature par l’ammoniaque cette dissolution filtrée, sa couleur jaune augmente d'intensité, mais bientôt après elle prend une teinte rosée qui augmente par l'agitation ou par la filtration qui la met promptement au courant de l'air. Une partie de la dissolution rouge du calcul par l'acide nitrique soumise à la distillation, fournit un liquide blanc qui n’a ni odeur ni saveur, ni action sur les couleurs végé- tales. Ainsi il ne se volatilise ni acide, ni matière colorante ; 34* LD 264: la liqueur qui reste dans la cornue a perdu ur peu'de-fà ÂCGIDE PURPURIQUE. beauté de sa couleur, elle est alors d’un rouge lévèrement: fauve. Elle dépose par le refroidissement une matière saline qui a la mème couleur que la liqueur:et qui est peu soluble dansl'eau, soluble dans la lessive de potasse, avee dégagement d’ammoniaque. Ce sel est formé de purpurate de chaux et d'ammoniaque colorés par une matière rouge. La dissolution de ce sel dans l’eau bouillante den par le refroidissement des flocons rouges et la liqueur conserve une teinte fauve. Cette matière rouge, lavée à l’eau froide, desséchée au soleil. et décomposée: par la chaleur dans un: tube de verre, fournit du carbonate et de-l’hydrocyanate- d'ammoniaque et: de Fhuile. Gette même matière délayée dans l’eau rougit fortement le papier de tournesol, ce qui: annonce qu’elle a des propriétés piles dissoute dans la po- tasse, elle exhale de l’ammoniaque : c’est donc un sekammo-. niacal avec excès d’acide. La chaux qui se trouve dans ce sel existoit dans l'acide urique, parce qu'il n’avoit pas été purifié, et l’ammoniaque que l’on y rencontre aussi provient évidemment de l’action de l'acide nitrique sur le calcul. ; ue Si après que le purpurate de chaux s’est spontanément dé- posé, l’on met de l'ammoniaque dans la liqueur, il se forme un précipité rose qui ressemble à une lacque; la même chose arrive quand on mèle de l’ammoniaque dans une dissolution. -d'acide urique par l'acide nitrique où l’on a mis de la chaux en quantité insuflisante pour donner naissance à un précipité il se forme un dépôt floconneux qui devient bientôt cristallin et qui a la mème couleur que la liqueur qui l’a produit ; il ACIDE PURPURIQUE. 265- est rose ou jaune selon que la liqueur est de l’une ou de- l'autre couleur ; c’est du purpuraté de chaux. Ce qu'il ÿ a de remarquable, c’est que cette matière ne commence à paroître que quand:l y a un excès d’ammoniaque ou de chaux dans le, mélange. Si l’on observe exactement les proportions d'acide nitrique et d'acide urique que nous avons indiquées plus haut, et st: l’on ne fait pas bouillir le mélange, il ne se forme que de l'acide purpurique ; mais une plus grande quantité d’acide nitrique. aidée de la chaleur, donne naissance à de l'acide oxalique aux dépens de l'acide purpurique; en sorte qu'il pourroit arriver que l’on n’obtint pas du tout de ce dernier. Ainsi la formation de l’acide oxalique dépend de l’action plus ou moins prolongée de l'acide nitrique sur le calcul urique. Cependant un excès d'acide nitrique peut être employé pour dissoudre l’acide urique sans que pour cela il se forme de l'acide oxalique; il suffit de détendre cet acide d’une quan- tité égale d’eau et de ne point faire chauffer ou que très-légè- rement ; mais alors la dissolution n’est pas rouge, elle est jaune. à Une pareille dissolution m'a présenté quelques phénomènes que je crois devoir exposer ici. Ævaporée convenablement , elle a déposé en refroidissant une matière jaune sous la forme de mammelons, d’une saveur acide, et peu solubles dans l'eau froide. Cette matière, mise sur une pelle rouge; n’a pas brülé comme le nitrate d’ammoniaque, mais s’est volatilisée en lais- sant une légère trace noire; broyée avec quelques gouttes de potasse, elle exhale une forte odeur d’ammoniaque et forme 206 ÂCIDE PURPURIQUE. un mélange pâteux qu'un excès d’alcali dissout et dont l’a- ide muriatique ne précipite rien ensuite. : Distillée à plusieurs reprises avec l'acide sulfurique étendu de partie égale d’eau, elle a donné un liquide acide qui, sa= turé avec de la potasse, et évaporé à une chaleur douce, a laissé des cristaux de nitrate de potasse pur: le résidu de la distillation avoit une couleur rouge brune. | Pour savoir si ce résidu contenoit quelque autre chose que de lacide sulfurique, j'ai précipité celui-ci par la baryte, et j'ai trouvé dansla liqueur surnageante, après son évaporation, une petite quantité de nitrate de baryte , mais il n’y avoit pas sensiblement d’acide purpurique. Cependant le nitrate d’ammoniaque, dont nous venons de parler, n’étoit pas pur; sa couleur jaune, sa saveur acide, son peu de solubilité dans l’eau froide, annoncent qu'il contenoit quelque corps quimo- difioit ses propriétés. La liqueur d’où, par lerefroïdissement, s’étoit séparée la ma- tière jaune mammelonnée, a produit, par une nouvelle évapo- ration, des cristaux colorés en- jaune dont la saveur étoit acide et piquante, qui se boursouffloient et brüloient sur un corps chaud à la manière du nitrate d’ammoniaque, et lais- soient un résidu charbonneux ; ils contenoient donc du ni- trate d’ammoniaque et une autre substance provenant de l’a- cide urique modifié. Ces cristaux dissous dans l'alcool et leur dissolution aan donnée à l'air, a déposé sur les parois du vase, à mesure que Yalcool s’est évaporé, une matière rouge sous forme de mam- melons. Cette matière, quoique paroissant rouge, prend une couleur ACIDE PURPURIQUÉ. 267 chamois foncé par la pulvérisation : elle est peu soluble dans l’eau froide, elle l’est davantage dans l’eau bouillante ; sa dissolution est acide, sa poussière se dissout rapidement dans. l'eau de potasse sans exhaler d’ammoniaque, et la dissolution qui en résulte précipite l’acétate de plomb en jaune. Mise sur une pelle chaude, cette matière répand une vapeur am- moniacale empyreumatique et ne laisse que peu de charbon. Il est évident que cette matière mammelonnée est un acide qui ne contient pas de nitrate d’ammoniaque comme la première dont nous avons parlé plus haut, mais je crois que toutes les deux renferment le même acide. Si, quand la dissolution dans l’acide nitrique en excès est opérée, l’on sature l'acide par du lait de chaux, au lieu de l’é- vaporer comme nous l'avons fait précédemment, la liqueur prend une couleur rouge extrêmement intense et agréable. Lorsque le point de saturation est arrivé, il se forme un précipité blanc, cristallin et brillant qui ne se redissout point par lagitation, quoique la liqueur soit encore légèrément acide. J’avois d’abord soupçonné que ce précipité étoit de l’oxa- late de chaux; mais j'ai été bientôt détrompé, car après avoir décanté la liqueur et lavé le dépôt avec de l’eau froide, il s’est dissout presque en totalité dans l’eau bouillante-aiguisée d'un peu d'acide acétique. La dissolution de cette matière, qui avoit une teinte rosacée, a fourni par le refroidissement de très-beaux cristaux blancs transparens en forme de prismes rhomboïdaux dont les facettes étoient très“éelatantes. Comme, pendant la saturation de la dissolution nitrique du calcul par la chaux , il se développe de la chaleur, une. 268 ACIDE PURPURIQUE. partie du sel qui se forme reste en ‘dissolution dans la liqueur , mais elle se précipite ensuite pendant le refroidis- sement du liquide filtré. Voici quelles sont les propriétés de cette matière saline : Elle est blanche, grenue, demi-transparente et brillante; sa saveur est sucrée et légèrement alcaline ; soluble en petite quantité dans l’eau froide, beaucoup plus sqluble dans l’eau chaude; c’est un sous-sel, ainsi qu’on le verra plus bas. : Ilse comporte d’une manière singulière avec l'eau; d’abord sa solubilité va croissant avec l'élévation de température jusqu'au moment de l’ébullition ; mais alors la liqueur se trouble ,:et quand l’eau est en pleine ébullition, des floccons blancs se forment et se précipitent. Cependant une portion de la matière reste dissoute, car la liqueur cristallise par le refroidissement, et demeure alcaline. Quoique ce sel soit alcalin, il ne contient point de chaux libre, puisqu’exposé à l'air pendant long-temps, il ne devient point effervescent avec les acides. Si l’on ajoute à ce sel une quantité suflisante d'acide acétique pour saturer son alcalinité, il se dissout plus abondamment dans l’eau , et_cristallise en grande partie par le refroidis- sement. Les cristaux ainsi obtenus ne sont plus alcalins, et se dissolvent alors dans l’eau bouillante, sans se décomposer : c’est un sel neutre. Lors mème que ces cristaux se séparent d’une dissolution contenant une petite quantité d'acide acé- tique libre, ils sont encore neutres. C’est donc l’excès de chaux qui s’oppose à la dissolution de ce sel, et qui est la cause de sa décomposition par l’eau bouillante. Quand on emploie l'acide nitrique étendu d’eau, et qu'on ACIDE PURPURIQUE. 269 en met plus qu'il ne faut pour neutraliser l'excès de chaux du sel dont il s’agit, et pour le rendre plus soluble, il se sépare à l’état acidule, L’acide qui entre dans sa composition est donc susceptible de former un sous-sel, un sel neutre et un sel acide avec la chaux ; ces sels, et principalement le sous- sel, précipitent l’acétate de plomb en blanc, mais le précipité est peu abondant avec le sur-sel. Comme j'avois employé un excès de chaux pour saturer la dissolution nitrique d’acide urique, il ÿ en avoit une cer- taine quantité avec le sel calcaire qui s'étoit précipité avant la filtration de la liqueur. Pour le débarrasser de cette surabondance de chaux, j'ai. traité le mélange avec de l’eau aiguisée d’acide acétique ; mais quoique j'eusse employé un léger excès de cet acide, le sel ne s’est pas entièrement dissous. Après avoir lavé et séché le résidu, je lai soumis de nouveau avec de l’eau assez fortement chargée d’acide nitrique ; alors il s’est dissous sans effervescence, ce qui prouve qu'il ne contenoit plus de chaux, car ayant été exposé à l'air pendant long-temps, il n’auroit pas manqué d’en attirer l'acide carbonique. La dissolution ritrique de cette substance, qui étoit jaunâtre , acidule, a déposé par le refroidissement une matière blanche cristalline, semblable à celle qui s’est déposée de l'acide acétique. L’ammoniaque forme, dans cette même dissolution, un précipité très-abondant, qui est de la même nature que les cristaux. Après que le purpurate de chaux s’est déposé de la disso- lution du calcul urique dans l’acide nitrique , où l’on a mis de la chaux, la liqueur reste d’un très-beau rouge, et si l’on y Mém. du Muséum. 1. 7. 35 270 ÂCIDE PURPURIQUE. met un alcali soit fixe soit volatil, il se forme de nouveau un précipité qui est alors rouge. Ce sel m'a paru ne différer du premier que par la couleur. Voici quelques-unes des pro- priétés qu’il m’a présentées. 10. Sa dissolution, que l’on opère assez abondamment dans l’eau chaude, précipite en rouge pourpre foncé le nitrate d'argent ; la liqueur surnageante perd entièrement sa couleur, et est précipitée en blanc par l’eau de chaux ou l’acétate de plomb, ce qui indique qu’elle contient un acide blanc formant avec l’argent un sel soluble, et que la couleur s’est entièrement préeipitée avec une portion de l’argent. Cette liqueur exposée à la lumière a déposé sur les parois du vase un enduit d’argent métallique. 20. Le deuto-nitrate de mercure, dont l’excès d’acide est saturé par de l’eau de chaux, produit avec le même sel un précipité giroflée qui résiste à l'air ; un excès d’acide ne change point cette couleur, ce qui prouve qu’elle est solide. L'ammoniaque n’enlève point la couleur au purpurate de chaux rouge , seulement elle prend une teinte rose légère ; mais il est probable que cette teinte est due à la dissolution pure et simple d’une petite quantité de purpurate. La potasse ne décolore pas non plus ce sel à froid ; mais à l’aide de la chaleur, la couleur disparoît, et la lessive alca- line prend une teinte jaune. Si l’on met dans une dissolution de purpurate de chaux, de l’oxalate d’ammoniaque, il se forme un précipité qui est de l’oxalate calcaire, et la liqueur conserve une teinte violette plus intense; c’estalors du purpurate d'ammoniaque qui la colore. De l'hydrogène sulfuré fait perdre au bout d’un certain ÂCIDE PURPURIQUE. 271 temps la couleur au purpurate de chaux, ainsi qu’au pur- purate d’ammoniaque. Le mélange devient laiteux , à- cause du soufre qui se sépare. La liqueur éclaircie, décantée de dessus le soufre, et évaporée doucement, ne reprend pas sa couleur, elle laisse un sel blanc jaunâtre. Extraction et purification de l'acide purpurique. Dans 100 grammes de purpurate de chaux très-blanc, . dissous par environ 2400 grammes d’eau, on a mis 30 grammes d'acide oxalique cristallisé ; il s’est formé un dépôt qu'on.a reconnu pour de l’oxalate de chaux. Alors, quoique l'acide oxalique ne formât plus de précipité dans la liqueur, elle contenoit cependant encore de la chaux, car l’'ammoniaque y produisoit un léger précipité ; ce qui prouve ou que l'acide purpurique a la propriété de dissoudre une petite quantité d’oxalate de chaux, ou que l'acide oxalique ne décompose pas complétement le purpurate de chaux; propriétés qui s'opposent à la purification de l'acide purpurique. On peut cependant arriver à ce but, en évaporant à siccité la dissolution de cet acide, et en redissolvant le résidu par l'alcool; alors l’oxalate de chaux et le purpurate de chaux, s'il en reste, sont séparés de l'acide. La quantité d’oxalate de chaux obtenue dans cette opé- ration étoit de 52 grammes, et celle de l'acide purpurique, desséché autant que possible, étoit de 70 grammes ; il y avoit donc dans le purpurate de chaux 17,2 grammes d’eau, puisque la quantité d'acide et de chaux obtenue ne s'élève qu'à 82,8 grammes. 35* 272 ACIDE PURPURIQUE. Propriétés de l'acide purpurique obtenu par le procédé ci-dessus. Cet acide est blanc, d’une saveur très-prononcée, qui a quelque analogie avec celle de l'acide oxalique , très-soluble dans l’eau, cristallisant difficilement sous forme régulière, saturant parfaitement les alcalis et formant des sels incolores, précipitant en blanc l’acétate de plomb et l’hydrochlorate d’étain. Il se fond à une chaleur douce, en prenant l'aspect d’une gomme, restant sec, cassant et transparent après le refroidissement. Une dissolution de cet acide mis avec du deuto-nitrate de mercure, dont l'excès d’acide est neutralisé par de l’eau de chaux, y forme un précipité blanc floconneux. Propriétés et proportions des purpurates de chaux blancs. Le purpuürate de chaux neutre a, comme nous l'avons déjà dit, une saveur légèrement sucrée, il demande pour sa dissolution au moins 4o parties d’eau froide ; mais il est plus soluble dans l’eau bouillante, puisqu'il cristallise assez abon- damment par le refroidissement : il précipite l’acétate de plomb en blanc, et ne précipite point la dissolution d’argent, quand elle est suflisamment étendue d’eau. Distillé dans une cornue , il fournit d’abord un peu d’eau, ensuite paroït une vapeur blanche qui se condense en belles aiguilles de carbo- nate d’ammoniaque, et la partie liquide qui ne cristallise point contient de l'hydrocyanate d’ammoniaque, et un peu ÂCIDE PURPURIQUE. | 273 de carbouate : il laisse dans la cornue une matière noire, boursoufflée , et qui est formée de carbonate de chaux et de charbon. Quand on décompose ce sel dans un creuset avec le contact de l’air, il s’en élève une vapeur rouge brune qui ne se manifeste point lorsque l'opération est faite dans une cornue. Cent parties de ce sel desséchées autant qu'il a été possible, sans en opérer la décomposition, ont perdu 25 à 26 de leur poids. Décomposées ensuite dans un creuset de platine, le résidu charbonneux dissout dans l'acide nitrique, et le sel qui en est résulté calciné à une forte chaleur, a fourni 12 de chaux vive. Dans une seconde expérience que nous avons faite d’une autre manière, nous avons eu 13 et 2 dixièmes de chaux. Ainsi le purpurate de chaux neutre seroit composé de 12 à 13 de chaux, de 60,8 à 63 d'acide purpurique, et 25 d’eau. D’après cela, l’on trouve pour’la composition du sel anhydre, 84 d'acide et 16 de chaux. Ce résultat prouve que la faculté saturante de cet acide est très-légère, et que si, comme pour les autres combinaisons salines, la quantité d’oxigène de cet acide est proportionnelle à celle des bases qu’il sature, il n’en contiendroit que très-peu : c’est ce que Von verra plus loin. Analyse du sous-purpurate de chaux. Gent parties de purpurate de chaux perdent 31 parties par la dessiccation, et il laisse après une forte calcination 27 et demi de chaux vive ; d’où il suit qu'il seroit composé de 3x 274 ACIDE PURPURIQUF. d’eau, de 27 et demi de chaux, et de 4r et demi d'acide purpurique. D’après cela, le sous-purpurate sec seroit formé d’à peu près 4o de chaux et de 60 d’acide. Il est singulier que le sous-purpurate de chaux, qui est moins soluble que le purpurate neutre, contienne cependant plus d’eau de cris- tallisation que lui. Je remarquerai ici que le sous-purpurate de chaux prend, par la dessiccation, une couleur légèrement jaune, et acquiert la propriété de produire une légère effervescence avec les acides, ce qu'il ne faisoit pas avant la dessiccation, Le pur- purate neutre n’éprouve aucun de ces effets. Purpurate d’ammoniaque. Cinquante grammes d'acide urique dissous dans cent grammes d'acide nitrique à 330, ont été saturés par l’ammoniaque, de manière cependant qu'il restàt encore un léger excès d'acide. Par suite de cette saturation, la liqueur a passé du jaune au pourpre. Une partie de cette dissolutiongainsi saturée, mêlée avec une dissolution d'argent, a formé sur-le-champ un précipité rouge pourpre, qui s’est déposé promptement en prenant une forme grenue. La liqueur surnageante, éclaircie par le repos et décantée, a été remplacée par de l’eau distillée ; opération qui a été répétée jusqu'à ce que l’eau de lavage ne contint que peu d'argent. ACIDE PURPURIQUE. 275 Il ne faudroit cependant pas laver le purpurate d'argent jusqu’à ce que la liqueur ne contint plus du tout d’argent, on n’y parviendroit pas, parce que ce sel est un peu soluble. J'ai remarqué qu'après le deuxième lavage, le précipité ne se dépose plus que très-lentement, et que la liqueur ne s’éclaireit qu'imparfaitement. Cette liqueur présente un phénomène visuel assez inté- ressant ; elle paroït d’un blanc grisätre par réflexion, et d’un pourpre léger par réfraction. Au bout d’un certain temps, surtout au soleil, l’argent contenu dans cette liqueur se ré- duit, et forme sur les parois des vases, ainsi qu’à la surface de la liqueur, une pellicule d'argent métallique. Quand on garde long-temps les premiers lavages du purpurate d’argent, on trouve indépendamment de l’argent métallique dont nous avons parlé, des cristaux d’un rouge pourpre très-foncé, qui fulminent à la plus légère chaleur, en laissant l'argent métallique sous forme d’éponge très-volumineuse. Cette fulmination, quoique vive, se fait sans éclat; l’on voit seu- lement une scintillation , de la fumée, et on entend un bruissement. Croyant qu'il restoit quelques traces d’acide nitrique dans cette matière, jen ai traité une partie avec de la potasse, à l'aide de la chaleur; mais elle n’a pas été décomposée. Le sel fulminoit comme auparavant, et la liqueur alcaline n’a point donné de nitrate par l’évaporation. Lorsque le purpurate d’amomniaque est un peu acide, le précipité qu'il forme avec l'argent est pourpre et grenu, au lieu d’être couleur de pensée et floconneux comme cela arrive quand la solution est neutre. 276 ACIDE PURPURIQUE. Dans tous les lavages ci-dessus réunis à la première liqueur, on a fait passer du gaz hydro-sulfurique en excès; on a laissé le vase en repos pour que le sulfure d’argent se déposàt; mais pendant ce temps il s’est formésurles parois du vaisseau des cristaux blancs et brillans qui, détachés et mis sur un papier brouillard pour égoutter, ont pris une couleur rou- geâtre. Cependant, en les regardant à la loupe, l’on voyoit deux sortes de sels très-distincts, l’un blanc et ayant des facettes très-brillantes, l’autre rouge, sous forme de petits mammelons hérissés de pointes (1). Quoique le sulfure formé dans l'opération précédente eût été lavé à plusieurs reprises, il contenoit encore un grand nombre de petits cristaux blancs semblables à ceux qui s’étoient déposés sur le flacon. La liqueur où s’étoit formé le sulfure d’argent et qui avoit déposé le sel dont on vient de parler étant encore légèrement rosée, on l’a saturée par l’ammoniaque, et on y a mêlé de la dissolution de nitrate d’argent; il s'y est formé à l'instant un précipité d’un bleu si intense qu'il paroïssoit noir. J’ai re- connu ensuite que la différence dans la couleur de ce précipité dépendoit de la présence du soufre, resté dissous dans la liqueur, mais je ne sais en quel état, car cette liqueur n’avoit nullement l'odeur de lhydrogène sulfuré. Ce précipité, traité par l'acide hydro-chlorique , n’a pas produit cette belle couleur pourpre qui auroit dü se développer si c’eût été du (:) Il est à remarquer que ces cristaux étoient acides, et cependant ils ne pouvoient être de l’acide purpurique pur , car celui-ci est tres-soluble dans l’eau, Îl est probable que c’est un sur-sel. ACIDE PURPURIQUE. 27 purpurate d'argent : c’étoit du sulfure d'argent mêlé proba- blement de purpurate du même métal. Le précipité rouge pourpre, obtenu comme nous l’avons dit plus haut par le mélange du nitrate d’argenit avec la dis- solution nitrique d'acide urique, a été traïté par l'acide hy- dro-chlorique ajouté en petites quantités à la fois; il s’est produit une belle couleur rouge pourpre, mais qui a disparu entièrement lorsqu'on a mis de nouvelles quantités d'acide; alors la liqueur a pris une teinte jaune, qu'on n’a pu faire revenir à sa nuance première. Cette liqueur évaporée doucement s’est élevée en couleur; elle étoit acide et précipitoit en jaune le nitrate d'argent, et quoique saturée par Pammoniaque elle ne reprenoït point sa - couleur pourpre. Îl paroït donc que cette matière coloränte a été décomposée et convertie en une autre qui est jaune : cette décompoction n’est point l'effet de l'acide muriatique, car elle n’en contenoit pas. < Quant aux lavages du précipité pourpre dont nous venons parler, et qui avoient donné un précipité noir avec le nitrate d'argent, elles ont été évaporées, et lorsqu'elles ont été réduites sous un petit volume, il s’y est formé un sel couleur de perles, qui a pris une teinte rose par le contact de Fee à Quand le purpurate d’ammoniaque cristallise dans une li- queur même légèrement acide, il pr:ad en cristallisant une couleur jaune de chamois, et dans cet état il est peu soluble dans l’eau, mais par le contact de l'air il se colore en pourpre et paroit par là devenir plus soluble. Ainsi quand vous lavez un pareil sel avec de l’eau distillée, celle-ci ne se colore Méim. du Muséum. À. 7. 36 278 ACIDE PURPURIQUE. presque pas, elle n’acquiert qu'une légère teinte jaune; mais qu’on laisse ce sel à l’air pendant quelques heures seulement, l’on verra sa surface et surtout la partie qui touche le vase, prendre une belle couleur rouge. Il semble donc que le con- tact de l'air contribue à la formation de cette couleur remar: quable. Je ne puis croire avec M. Prout que cet effet soit dû à des vapeurs ammoniacales, car il se manifeste également quand le sel est renfermé dans un vase où lesvapeurs alcalines ne peuvent avoir accès. Le sel! dont nous parlons est formé de deux sortes de cristaux ; l’une. est blanche sous forme de prismes, l’autre est rouge et affectant la forme de mamelons. C’est cette dernière.sorte qui paroît plus soluble et qui colore l’eau. Avant que ce sel ne-füt exposé à l'air il ne contenoit point de cristaux rouges, ceux-ci ne se sont manifestés qu’a- près avoir été mouillés et exposés à l'air. Quand au contraire le purpurate d’ammoniaque cristallise: dans une dissolution neutre, ses cristaux paroïssent d’un rouge pourpre par transmission de la lumière, et d’un vert cuivré par réflexion; cette couleur est changeante absolument comme celle des cantharides. La forme de ce sel est souvent celle de lames carrées, quelquefois celle d’un prisme qua- drilataire coupé obliquement d’un côté et quelquefois de deux côtés. Ce sel est peu soluble dans l’eau froide ; il exige au moins trois mille parties d’eau. Le purpurate blanc d’ammoniaque est incomparablement plus soluble, ce qui annonce une dif- férence dans leur constitution chimique. Ces cristaux dissous dans l’eau la colorent en rouge pourpre, et leur dissolution concentrée ne s’altère que très- À CIDE PURPURIQUE. 279 lentement; mais quand elle est très-étendue d’eau elle se dé- truit promptement , surtout au contact de la lumière. Une grande quantité d’eau paroît donc hâter la décoloration de cette substance. Une preuve que la lumière est une des causes principales de la décoloration du purpurate d’ammoniaque, c’est que si l'on conserve la dissolution de ce sel dans une (capsule de porcelaine couverte d’un papier, elle ne change point; si au contraire on la met dans un verre elle perd :promptement sa couleur. Ce qu'il y a de remarquable c’est qu’elle récupère sa couleur par une évaporation lente, ce qui peut avoir lieu un assez grand nombre de fois ; cela prouve que cette couleur n'est pas détruire en votalité, cependantson intensité diminue à chaque opération. Le précipité couleur de pensée et floconneux qui se forme dans la dissolution de purpurate d’ammoniaque par lenitrate d'argent, ne change point de couleur à lair; par conséquent l'argent rend cette couleur moins destructible. Ilen est de même de la chaux, du plomb, du mercure, etc. La dissolution de l'acide urique dans l'acide nitrique satu- rée 'd’ammoniaque et concentrée à un degré ‘convenable, fournit un selrouge brun, qui, lavé à l’eau froide et égoutté sur du papier, nous a présenté'les propriétés suivantes : sa saveur est peu marquée , il ne'se dissout qu’en petite quan- tité dans l’eau en lui communiquant une couleur rose; il.est plus soluble dans Peau bouillante, il la coloreen violet. Dans une portion de la solution de ce sel, le:nitrate d’ar- gent forme un précipité pourpre, mais la liqueur reste colorée, malgréiun excès de nitrate d'argent. Si l’on y met quelques SOIR 280 .. AGYDE PURPURIQUE. gouttes de potasse, alors il se forme un précipité floconneux d’un beau violet, et la liqueur perd entièrement sa couleur. Le vase où ce mélange avoit été fait, abandonné dans un lieu frais jusqu’au lendemain, offrit à la surface du précipité une grande quantité de petits cristaux blancs et brillans dont une partie s’est attachée aux parois du flacon. Ces cristaux sont probablement formés par l'acide purpurique blanc et l'argent. La couleur que conserve la dissolution de l’acide urique par l'acide nitrique, après avoir été précipitée par le nitrate d'argent, est due à l'excès d’acide qui reste dans cette liqueur et qui retient une partie du purpurate d'argent en dissolution. Le purpurate d’ammoniaque voloré exige, comme nous l'avons dit plus haut, environ trois mille parties d’eau pour se dissoudre à la température ordinaire, et cependant sa dis- solution est extrêmement colorée. Un décilitre de la dissolu- tion de ce sel, qui n’en contenoiït qu'un trois millième, mèlé à un litre” d’ eau, l’a encore colorée d’une manière très- intense, quoiqu’elle ne contint plus qu’un trente millième de sel. L’on peut donc dire que c’est la matière la plus riche en couleur que l’on connoisse, et cette couleur toute riche J 9 qu'elle est se détruit avec la plus grande facilité. Quelques gouttes de chlore, mises dans un verre d’une solution saturée de purpurate d’'ammoniaque, suflisent pour détruire tout à coup et sans retour cette belle couleur. Les autres acides produisent le même effet, mais plus lentement. L’acide muriatique , par exemple, la dégrade insensiblement en la faisant passer du pourpre au rose dont la nuance dimi- nue jusqu'à disparution complète. Les essais qu'on a faits A ACIDE PURPURIQUE. 281 pour faire reparoître cette couleur n’ont pas plus réussi que pour celle qui avoit été détruite par le chlore. RS Le proto-sulfate de fer, en très-petite quantité, détruit aussi la couleur du purpurate d’ammoniaque et la fait passer au jaune brunâtre. Le per-sulfate de fer ne produit point de changement dans cette couleur, au moins sur-le-champ. L’acide purpurique blanc, obtenu par le procédé indiqué plus haut, saturé par l’ammoniaque, et sa dissolution éva- porée au soleil, a fourni des cristaux qui étoient acides ; ils contenoient cependant de l’ammoniaque, car la potasse en dégageoit une forte odeur de cet alcali. Cela prouve qu’à la simple chaleur du soleil, une portion de l’ammoniaque se ; P dissipe, et le sel se constitue à l'état acide. I?acide dont il est question ici n'est donc pas le même que celui qui forme un sel coloré avec l’ammoniaque. Purpurate d'argent. Du purpurate d'argent auquel on à mêlé de l’acide hydro- chlorique très-étendu d'eau, en quantité insuffisante pour saturer tout l’oxide d'argent , a donné un liquide rouge, mais dont la couleur a disparu très-promptement. Ce liquide évaporé à une très-douce chaleur a présenté les phénomènes suivans : à mesure qu'il s'évaporoit, il laissoit sur les parois de la capsule une légère trace pourpre; réduit sous un petit volume, il à fourni des cristaux blancs, mêlés de quelques autres cristaux plus petits et colorés en rouge. Ces cristaux étoient acides et avoient une saveur semblable à celle du nitrate d'argent : leur dissolution dans l’eau étoit préci- 282 A GIDE PURPURIQUE. pitée par l'acide hydro-chlôrique." Ce sel est donc un surpur- purate d’argent qui s’est formé à'mesure que l'acide muria- ‘tique s’est uni à une partie de l'argent. ‘Une petite ‘quantité d’eau, mise Sur ces cristaux, en a dissous une païtie; la portion non dissoute avoit une couleur rose, et la dissolution 'étoit légèrement jaune; elle a fourni par l’évaporation spontanée des cristaux blancs et d’autres ‘qui étoient jaunâtres’ et un ‘peu ‘déliquescens.'Ge sel 'aban- donné à l'air, la partie jaune s’est ‘fondue, et les cristaux blancs sont restés; ceux-éi ne contenoient pas d’argent, ils avoient une forme de prismes carrés, une saveur très-acide : la liqueur étoit acide aussi, ét contenoit de l'argent en grande quantité : le 'surpurpurate d'argent est donc très-soluble et mêrne déliquescenit. Le purpurate d'argent dont nous avons parlé plus haut, qui ne s’étoit pas dissous dans l’eau froide, et qui avoit une couleur rose, traité par l’eau ‘bouillante, a laissé un petit résidu de la même couleur que plusieurs lavages successifs w'ont ‘pu dissoudre. Ce ‘résidu frappé ‘avec ‘la flamme du chalumeau fulmine en pétillant, et en répandant-des étin- celles ‘rouges. Chauflé dans un tube de-verre où lon avoit mis un-papier bleu, il'a fulminé et répandu ‘une vapeur blanche très-piquante qui a rougi fortement le papier -ils’est formé sur les parois du tube:de petites concrétions blanches, solubles dans l’eau, et rougissant la teinture de tournesol : il reste dans le tube un'peu d'argent mêlé de charbon. : Au:purpurate d'argent déjà traité: par lacidermuriatique, on'a ajouté une nouvelle quantité du mêmeracide ; les mênres phénomènes! que ci-dessus se sont renouvelés, excepté que la ACLDE. PURPURIQUE. 283 liqueur résultante ne contenoït pas d'argent en, dissolution. Cette liqueur évaporée spontanément a fourni des cristaux blancs sous forme de prismes carrés dont, quelques-uns étoient terminés par un biseau. Les cristaux étoient acides, très-solubles dans l’eau, ne.contenant ni acide muriatique , ni argent; car leur solution saturée par l’ammoniaque. a donné, avec le nitrate d'argent, un. précipité blanc cailleboté, qui s’est complétement redissous dans l'acide nitrique.. Ces cristaux sont donc formés d’acide purpurique qui étoit auparavant combiné à l’argent; mais il faut que cet acide ait éprouvé un changement dans sa constitution : au. moins il ne reprend point sa couleur par,sa combinaison avec l'argent ni avec l’ammoniaque, et les sels qu’il fournit, alors,, soit avec lun soit avec l’autre, sont blancs. et non purpurins. Cet acide purpurique, mis sur une lame métallique chaude, se boursoufile, exhale une forte odeur d’hydrocyanate d’am- moniaque. ru Ce changement de couleur dépend-il d’une altération de l'acide proprement dit, ou de.la matière colorante? ou, en d’autres termes, y a-t-il un acide simple coloré par lui- même, ou est-ce une composition d’un acide blanc et d’une matière colorante facile à décomposer? Ainsi, le purpurate d'argent traité à froid par l'acide mu- riatique, pendant qu'il est encore humide, donne un liquide d’un très-beau rose pourpre qui se décolore bientôt, quoi- qu'il ne contienne pas d'acide muriatique.. Le purpurate d'argent, lavé ensuite avec de l’eau froide, ne la colore pas, mais il colore l’eau chaude en rose. Quoiqu’ou mette sur le purpurate d'argent un excès d’acide 284 | ACIDE PURPURIQUE. muriatique, il ne devient pas blanc comme le chlorure d'argent ordinaire, il reste brun, ce qui annonce d il retient quelques corps en combinaison. Une certaine quantité de purpurate d’argent desséché autant qu'il a été possible, et soumis à l’action du feu dans un tube de verre, produit, en se décomposant, un gaz qui a lodear du cyanogène, qui se dissout dans environ le quart de son volume d’eau ,/qui rougit la teinture de tournesol, et dont la solution devient jaune au bout d’un certain temps. Ce gaz étoit mêlé d’acide carbonique et d’un peu de vapeurs d’eau qui s’est déposée sur les parois du vase. Le résidu contenu dans le tube étoit de l'argent métallique, mêlé d’un peu de charbon: S'il s'est formé de l’ammoniique dans cette opération, la quantité ‘en doit'être infiniment pe- tite; car je n'ai aperçu sur les parois du tube, ni dans l'inté- rieur de la cloche, aucunes traces de sel ammoniacal. L’oxigène de l'argent s’est, sans doute, opposé à la formation de l'acide hydrocianique qui a lieu toutes les fois que l’acide purpurique se décompose, et voilà pourquoi l’on a obtenu du cyanogène. Purpurate de plomb. Cinquante centigrammes de purpurate de chaux blanc, mêlés avec lacétate de plomb, ont donné, par première pré- cipitation, 28 centigrammes de purpurate de plomb, et de plus, par évaporation de la liqueur, 48 centigrammes; en tout 76 centigrammes. Vingt centigrammes . ce purpurate de plomd, calcinés ——— ACIDE PURPURIQUE. 28) à une douce chaleur, ont laissé 15 centigrammes d’oxide : ainsi les 76 centigrammes de ce purpurate contiennent 57 d’oxide,de plomb et 19 d'acide; d’où.il suit que 50 de pur- purate de chaux contiennent aussi 10 d'acide, en supposarib que tout se soit uni au plomb. Te Cinquante centigrammes de purpurate d’ammoniaque ont donné avec l’acétate de plomb, par première précipitation, Go centigrammes de purpurate de plomb rouge; plus, par évaporation de la liqueur; 22. centigrammes ; en tout 82 centigrammes. Vingt centigrammes de ce purpurate de plomb; calcinés ont laissé 12 d’oxide qi se sont réduits à 10 par la calci- nation. j ; ojèlas Si l’on prend le nombre 12 des 82 de pere de plomb contiennent 49 d’oxide de on et 33 d’acide; et si, au contraire, lon prend le nombre 10, 82 contiendront 4x d’oxide et autant d'acide, et 5o de purpurate d’ammoniaque seroient composés ou de 33 d’acide et 17 d’ ammoniaque, ou 4x d'acide et 9 d’alcali. : Il suit de ces expériences que le purpurate de plomb blanc seroit formé, sur 100 parties, de 75 de plomb et de 25 d’a- cide, et que le purpurate de plomb rouge contiendroit 6o de plomb et 40 d'acide, différence qui est considérable. Le purpurate de plomb ‘rouge, concret ,.mais humide, devient promptement jaune par le contactdes rayons solaires : cet effet se borne à la surface, mais si on la remue souvent, le tout devient jaune. Fe Quand on précipite à froid l’acétate de plomb, soit par le purpurate de chaux blanc, soit. par le purpurate d’ammoniaque Mém. du Muséum. 7. Sa 286 AGIDE PURPURIQUE. rouge, l’on n'obtient que peu de précipité; mais si l’on fait chauffer les liqueurs filtrées , elles se troublent et déposent une nouvelle quantité de la même substance. Cependant la chaleur seule ne suflit pas pour opérer la précipitation com plète du purpurate de plomb; il faut évaporer la: liqueur presque à siccité, et laver le dépôt; une fois ses parties aggré- gées, il ne se redissout plus. GO! Sur là matière colorante de l'acide purpurique. J'ai fait quelques tentatives pour obtenir à part la matière colorante de‘ l'acide purpurique, et quoique je n’aie pas complétement réussi, je vais cxposer brièvement la manièré dot j'ai procédé. L'on se rappelle que, lorsqu'on satute la dissolution d’acide ürique dans l’acide nitriqué par du laït de chaux, il se dépose, au moment où le point de saturation approche, une matière blanche sous forme cristalline: c’est la combinaisôn de l'acide nouveau avec la chaux; et que, si l’on ajoute un excès de chaux , il se forme un nouvéau précipité en cristaux plus fins, et qué l’on peut obtenir à part en décantant la liqueur. Ce dernier est'une combinaison du mênre acide avec une: plus grande quantité de chaux. Il est moins soluble que lé premier, il est alcalin, et cependant la chaux y est en véritable com- binaison, car ce sel desséché à Pair se dissout sans efferves- cence dans l'acide nitrique, ce qui n’auroit pas lieu si la chaux n'y étoit que mélangée. Si, après que le dépôt est formé, l’on fait évaporer à siccité la liqueur rouge qui le surnage, et que l’on traite le résidu ACIDE PURPURIQUE. 287 par l'alcool pour dissoudre le nitrate de chaux, il reste une matière rouge si foncée qu’elle paroït noire. Si l'on traite en- suite par l’eau cette matière ainsi lavée à l'alcool , le principe colorant se dissout, et il reste un sel calcaire qui:m'a paru être dela même nature que celui qui se dépose de la disso- lution nitrique, lorsqu'on sature avec la chaux. La matière colorante ci-dessus, desséchée de nouveau et traitée par une solution de sous-carbonate de potasse à l’aide de la chaleur, se dissout, et la liqueur prend une couleur rouge brunâtre, très-intense ; mais il reste une matière fauve qui ne se dissout pas : on l’a trouvée composée d'un peu de carbonate de chaux, et de purpurate de chaux non dé- compose. On a saturé: par l'acide acétique la potasse qui tenoit en dissolution la matière colorante; la liqueur ne s’est point troublée. Réduite à siccité par l’évaporation, son résidu a été traité par l’alcool à 33°, pour dissoudre l’acétate de potasse : lorsque, par des lavages multipliés, on se fut assuré que tout lacétate de potasse avoit été dissout, on a fait sécher Îa portion insoluble qui étoit alors noire et luisante comme du jayet. Cette substance étoit entièrement soluble dans l’eau. à laquelle elle a communiqué une couleur très-intense. La dissolution de cette matière colorante précipite en jaunâtre l’acétate de plomb; les acides sulfurique et .oxa- lique y forment des précipités floconneux de couleur rouge brunûtre. Dans le mélange de l'acide oxalique avec cette dissolution, il s’est formé de petits cristaux qui nous ont paru être de l’oxalate acidule de potasse, ce qui prouve que cette matière & DT 288 ÂCIDE PURPURIQUE. colorante étoit combinée à la potasse, et par là rendue Lolble dans l’eau. L’acide acétique ne lui avoit pas enlevé toute la potasse, et elle étoit probablement à l’état salin. Il est évident que je n’ai point ici obtenu la matière pure colorante, développée dans le calcul par l'acide nitrique, et je ne puis, par conséquent, décider si elle est acide ou non. Si l’on compare maintenant les propriétés des acides ob- tenus par MM. Brugnatelly et Prout du calcul vésical urique, l’on trouvera de grandes différences qui, si les observations sont exactes de part et d'autre, dépendent sans doute aussi d'une différence dans la nature des acides. Mon acide, que je regarde comme pur, est blanc, très- soluble dans l’eau, cristallise aisément, a une saveur très- prononcée, ne précipite ni la chaux, ni l’acétate de plomb , ni le nitrate d'argent. Celui de Prout a une couleur de crême, est très-peu soluble dans l’eau, n’a point de saveur : celui de M. Brugnatelly précipite l’eau de chaux, lacétate de plomb, le nitrate d'argent, et se AÉÉORRRSE au sein même ‘de ses combinaisons: * | Le docteur anglois a eu la complaisance de m'envoyer un échantillon de son acide, ainsi que de purpurate d’ammo- niaque. Cet acide avoit une couleur rose légère, une forme pulvérulente, ‘peu de saveur et de solubilité. J'ai reconnu ‘qu'il contenoit une petite quantité d’ammoniaque, car en se dissolvant dans la potasse, il en exhaloit l'odeur avec assez d'énergie. Sa dissolution avoit une couleur rose peu intense. Je le considère comme un purpurate acide d’am- moniaque. ; Ayant soupçonné que peut-être il s’étoit formé deux acides ACIDE PURPURIQUE. 289 par l’action du chlore et de l'acide nitrique sur de calcul vésical, j’ai cherché à les isoler, en m'y prenant de la ma- nière suivante. Après avoir séparé, comme je l'ai dit plus haut, l’un de ces acides, au moyen du lait de chaux, de la dissolution nitrique du calcul, il restoit une liqueur d’une belle couleur rouge qui contenoit du nitrate de chaux, plus la matière colorante. Cette liqueur fut évaporée à une chaleur douce en censis- tance de miel : pendant cette opération la belle couleur rouge devint brune. 5 Je traitai par l'alcool à 4o° cette matière ainsi épaissie; il resta une matière brune que de nouvelles quantités du mème agent ne purent dissoudre ; cependant l'alcool prit une légère couleur. Cette substance ainsi lavée et séchée avoit une couleur fauve, point de saveur sensible, répandant par la chaleur une forte odeur d’ammoniaque empyreumatique. Sept grammes et demi de ce corps traités par l’eau bouillante furent réduits à deux et demi; l’eau en avoit donc dissous quatre grammes neuf dixièmes. La dissolution avoit une couleur brune, précipitoit en jaune l’acétate de plomb, et le liquide surnageant conservoit une couleur de la même nuance; elle précipitoit en brun le nitrate d'argent, le muriate d’étain en jaune, le nitrate de mercure en blanc grisâtre, et l’oxalate d’ammoniaque en blane comme un sel calcaire. Ayant reconnu par des essais que ces deux substances étoient des sels à base de chaux, je les ai traités séparément par l'acide oxalique, et j'ai obtenu de l’un et de l'autre un 290 ACIDE PURPURIQUE. acide qui m’a paru être le même, ce qui indique que la diffé- rence de solubilité des sels est due à ‘ce que l’un étoit à l'état de sous-sel. L’acide obtenu de sels oies dont nous venons de parler ayant été évaporé à une douce chaleur, s’est réduit ‘sous forme d’un miel épais de couleur rouge brune, au milieu duquel se sont formés, au bout de quinze à vingt jours, beaucoup de petits cristaux en étoiles, moins colorés que la liqueur. Cet acide ainsi concentré a une saveur sd très-forte ; il précipite l’acétate de plomb en jaune, mais le précipité se dissout par la chaleur, et cristallise ensuite, en refroidissant, en belles aiguilles jaunes de forme varrée. Si, après avoir séparé ce sel, on évapore la liqueur, on en obtient encore une nouvelle quantité. 3 Ce sel de plomb, chauffé dans une cuillère de platine, se décompose en répandant une vapeur ammoniacale, et en laissant un oxide de plomb de couleur jaune orangée. Dé- composé dans un tube de verre fermé ; ce sel fournit d’abord un peu d’eau, ensuite des cristaux de carbonate d’ammo- niaque, et le résidu se présente sous la forme d’une poudre noire qui conserve la cristallisation du sel. Lorsqu'on ouvre le tube où l'opération a été faite, il en sort une odeur d’hy- drocÿyanate d’ammoniaque très-forte ; et en exposant à cette vapeur un papier mouillé de sulfate de fer, et en mettant ensuite ce papier dans un acide léger, il devient bleu. L'acide dont il est maintenant question est donc différent de celui dont nous avons parlé plus haut, puisqu'il est déli- quescent, qu'il forme avec le plomb un sel insoluble, ét qu'il ACIDE PURPURIQUE. 201 est coloré, tandis que le premier est blanc, forme un sel soluble avec le même acétate, et n’est pas déliquescent. Mais il est probable qu’il se trouvoit une certaine quantité d’acide blanc avec celui-ci, par la raison que, formant avec la chaux un sel un peu soluble, il a dü en rester une partie en disso- lution dans la liqueur, d’où il aura été précipité en mème temps que Pautre par l'alcool employé pour séparer le nitrate de chaux. Pour m'en assurer, j'ai traité, à l’aide de la chaleur, une partie de cet acide par la litharge en poudre fine, ajoutée par petites portions, jusqu'à ce que le liquide eût perdu son aci- dité. J’ai remarqué qu’à mesure que la litharge disparoissoit, il se formoit un sel insoluble dé couleur jaune d’or, et que la liqueur se décoloroit ; elle n’a conservé à la fin qu’une très- légère couleur jaune de paille. Quoique cette liqueur ne fût presque plus colorée et qu’elle ne fût plus acide, elle avoit cependant une saveur très-sucrée, et contenoit en effet une quantité de plomb trop grande pour faire croire que ce métal fût combiné à l'acide coloré, puisque celui-ci forme avec lui _un sel presque insoluble. Le sel insoluble de plomb, traité à l'aide de la chaleur par l'acide sulfurique étendu , a reproduit l'acide rougeâtre à Pétat de pureté, c’est-à-dire, débarrassé de l’acide blanc qui y étoit mêlé. Le sulfate de plomb obtenu dans cette opération avoit une couleur grise annonçant qu'il avoit retenu quelque corps étranger, quoiqu'il eüt été lavé à l’eau bouillante. En effet , il répandoït sur les charbons ardens une odeur d’ammoniaque empyreumatique. Seroit-ce la partie colorante de l'acide qui auroit produit cet effet ? Ce qu'il y a de certain, 292 ACIDE PURPURIQUE. c'est que l'acide m’a paru avoir perdu une partie de sa cou- leur. Ou bien est-ce une portion du sel lui-même qui n’a pas été décomposée ? Il ne me paroït pas douteux que cet acide, ou au moins sa partie colorante, s'attache aux sels; car ayant employé, pour décomposer le purpurate de plomb, un excès d’acide sulfurique, etm’étant ensuite servi d’une dissolution de barite pour le précipiter, le sulfate qui en est résulté étoit coloré, quoique je l’eusse lavé plusieurs fois à l’eau bouillante , et que celle-ci en sortit parfaitement incolore; et lorsque je chauffai le sulfate de barite dans un tube, il noircit et exhala une vapeur qui bleuit le papier de nue rougi. : Le liquide resté sur le sel insoluble, évaporé lentement, s’est réduit sous forme de syrop qui:n'a donné aucun signe de cristallisation dont la saveur, piquante d'abord, étoit ensuite très-sucrée. Cette matière étendue d’un peu d’eau s’est troublée et a déposé une petite quantité de matière jaune semblable à la première, et la solution, avoit perdu sa couleur. Cette liqueur, décomposée par l'acide sulfurique en quantité convenable, a fourni un acide qui n’avoit qu’une légère couleur; cependant il formoit encore des précipités un peu colorés dans la dissolution de plomb et d'argent, tandis que l'acide blanc n’en produit point, ce qui annonce qu'il contenoit encore de l'acide coloré, ou au moins de la ma- üère colorante. L'acide sulfurique ne m’ayant pas réussi parfaitement pour décomposer le purpurate de plomb, puisqu'une portion de l'acide ou de la partie colorante étoit restée avec le sulfate de ploml, j'ai essayé l'hydrogène sulfuré en excès, et je l'ai ACIDE PURPURIQUE. 203 laissé pendant 24 heures en contact avec le sel. Celui-ci a pris une couleur noire très-intense , mais le liquide qui le surna- geoit n’étoit point rouge comme celui obtenu par l'acide sulfurique ; il n’avoit qu’une légère teinte jaune; cependant il a repris une couleur brune par l’évaporation. Cette couleur a-t-elle été détruite ou simplement masquée par l’hydrogène sulfuré, comme cela arrive à l’indigo , au tournesol, etc. ? Cet acide, concentré par l’évaporation, a pris la forme d’un syrop qui a cristallisé confusément; il avoit une saveur très-forte, précipitoit abondamment l’acétate de plomb et le nitrate d’argent ; les précipités étoient colorés; il préci- pitoit aussi le muriate d’étain en jaune, tandis que l'acide blanc formoit dans ce sel un précipité sans couleur. Le sulfure de plomb obtenu dans l'opération ci-dessus, chauffé dans un tube, a produit du carbonate et de l’hydro- cianate d’ammoniaque; ce qui prouve ou qu'il avoit retenu du purpurate de plomb non décomposé, ou que la matière colorante avoit abandonné l’acide, ce qui est vraisemblable, car ce dernier étoit beaucoup moins coloré qu'avant d’avoir subi cette opération. L'on voit par ce qui a été exposé dans ce Mémoire, que ni l’un ni l’autre des acides dont nous avons décrit une partie des propriétés, ne s’effleurissent à l’air, ne précipitent l’eau de chaux , et ne précipitent en blanc l’acétate de plomb et d’ar- gent comme celui de M. Brugnatelly. Ils ne sont point préci- pités à l’état de pureté de leurs dissolutions salines par l'acide sulfurique ni par aucun autre, ils n’ont point la couleur de la crème, et ne sont point insolubles dans l’eau comme celui de M. Prout. Ces différences proviennent sans doute, comme Mém. du Muséum. 1.7. 33 204 ÂCIDE PURPURIQUE. je l’ai déjà dit, de ce que ces chimistes et moi n’avons point obtenu le même acide, que probablement ils ont eu un mélange des deux acides que j'ai signalés; peut-être encore étoient-ils mêlés de muriate et d’oxalate d’ammoniaque. Je _ne vois en effet que l'acide oxalique qui dans l’expérience de M. Brugnatelly ait pu précipiter la chaux : dans cette sup- position cependant, je ne puis expliquer la conversion de ce précipité en carbonate de chaux par le contact de l'air. Je ne vois non plus qu'un surpurpurate d’ammoniaque qui ait pu être précipité du purpurate d’ammoniaque par l’acide sulfu- rique, dans l'opération de M. Prout.. Il me reste cependant des doutes sur l'existence des deux acides; il se pourroit en effet, et c’est à quoi j'incline, qu’il n’y en eût véritablement qu'un dont les propriétés seroient modifiées par une matière colorante développée en même temps dans le calcul, par l'action des agens dont nous avons parlé ; car cette couleur se détruit sans que l'acidité du corps qui en est revêtu paroisse diminuer. Si cette couleur étoit essentielle à l'existence de l’acide, sa destruction entraineroit nécessairement celle de l'acide lui-même ; à moins cependant que cette couleur ne fût aussi un acide très-destructible, com- biné à l'acide incolore; alors sa décomposition n’anéantiroit point l'acidité, mais seulement en diminueroit la masse. Dans la première supposition, ce seroit cette matière colorante qui donneroit à l'acide la propriété de précipiter les dissolutions de plomb et d'argent. Dans le cas où la couleur ne seroit pas essentiellement liée à l'existence de l’acide, le nom d'acide purpurique ne lui ÂCIDE PURPURIQUE. 29) amis virgatis , vimineis, — Stipulcæ nullæ.— Folia alterna , lineari-lanceolata, integra , salicina, penninervia , facie glabra, dorso tomentosa canescentia , nervo lonsi- tudinali conspicuo , secundartis tomento velatis. — Tnflorescentia cymosa , oppositifolia. — Bractea hypocalycina persistens, tripar- tita , lacinis subulatis , intermedia longiore. — Calyx. petaloideus, persistens , campanulatus, segmentis aveniis, uunc intus glabris, nune utrinque tomentosis. — Petala 5, minima , glanduliformia. — FiJa- menta 5, libera. — Antheræ ovoideo-oblongæ, filamento incum- bentes, apice ex interiorilatere poris duobus dehiscentes. — Oparium unicum, sessile, mucronafum, tomentosum, monogynum , triloculare, loculis biovulatis , ovulis angulo interiori aflixis. — Fructus capsu- laris, calyce persistente et indurato tectus. — Capsula trivalvis, dis- sepimentis ë valvularum margine ; dehiscentia utrinque loculicida, Mén. du Muséum. 1. 7. 57 446 LASstOPÉTALÉES. — Semina ellipsoidea, in singulo loculamento solifaria , strophiolà laciniatà. CHARACTER ESSENTIALIS. Inflorescentia cymosa. — Bractea hypocalycina tripartita, per- - sistens. — Calyx persistens. — Æntheræ poris duobus apice dehis- centes. — Ovarium unicum, monogynum, triloculare. — Capsula trivalvis, seminibus ellipsoideis, strophiolâ laciniatâ.—Stipulæ nullæ. — Folia alterna , indivisa. ENUMERATIO SPECIERUM. 1. LASIOPETALUM FERRUGINEUM Smith. (tab. 3. ) L. segmentis calycinis ufrinque tomentosis N. L. ferrugineum. Smith in Andr. Bot. Repos. tab. 208 (1802 ).— Vent. Malm. I. tab. 59. optim. — Pers. Synops. [. p. 250.— Jaume St.-Hil. Fam. nat. IT. p.556. — Aït. Hort. Kew. edit. 2°. IL. p. 56. Poiret Dict. Suppl. I. p.506. — Sims in Bot. Mag. XLIT. tab. 1766. — Rœm. et Schult. Syst: Veget. IV. p. 571. — Link Enum. PI. hort. Berol. (1821) p. 192. Habitat in Nova Hollandia , unde ab. AGElS anno 1791 in Euro- pam introductum.—Vidi olim cultum apud Celsium. Descriptionem exaravi ad specimina sicca , florentia et fructifera , in Novæ Hollan- diæ ora occidentali, anno 1601 , mensibus hyemalibus Junio et Ju- lo, à Leschenault , Riedlé et Guichenot, peripli Baudiniani sociis, collecta. Alia specimina sicca , alabastris junioribus instructa vidi, ad Peronis isthmum (lat. aust. 26° ; longit. orient. 112°), intra sinum, Baie des chiens marins dictum , anno 1818 , mense Septembri, jueunte vere, à Gaudichaud, navis Freycinetianæ pharmacopolà, inventa, — Floribus simulqüe fructibus toto fere anno ornatum in frigidariis nostris olim conspicichatur. : Frutex 3-5 pedalis , ramis elongatis, subvimineis, crassiusculis, « inferne nudis et purpureis, sub foliorum insertione complanatis, apice L'ASIOPÉTALÉES.. 447 fomenfosis , tomento ferrugineo , floccoso aut grumoso. Sripulcæ nullæ. ÆFolia alterna , sæpe vero ita approximata ut opposita vi- deantur , dependentia , penninervia, pseudo-uninervia, auf linearia obtusa , aut lineari-lanceolata acutiuscula , margine in spontaneis speciminibus integerrima aut obsolete undulata , in cultis dentato- angulata , facie glabra , obscure viridia , dorso tomentosa ; tomento ‘albo, stellulis ferrugineis punctato. Cymæ oppositifoliæ , breviter peduneulatæ , bi-rariüs triradiatæ , 6-12 floræ , radiis brevibus , ra- cemosis, basi bracteatis, bracteis solitariis , subulatis, longiusculis. Alabastra subglobosa , subsessilia. Flores pedicellati , pedicellis basi bracteatis , bracteis subulatis, pedicellos subæquantibus. Bractea hy- pocalycina profunde tripartita , segmentis tomentosis , calyce brevio- ribus. Calyx pyramidatus , subcoriaceus , utrinque tomentosus, facie niveus, dorso ferrugineo-virescens, diameiro quadrilineari , seg- mentis acutis, oblongo-deltoideis , margine reflexo-revolutis. Petala atropurpurea , obovata , nondum inità anthesi filamento duplo tri- plove breyiora, post eandem filäimentum sæpius superantia, inter .sicecandum apice se revolventia. Filamenta libera , subulata. Antheræ ovoideo-oblongæ, atropurpureæ , filamento longinseulo longiores, sulco dorsali exarafæ , supra medium insertæ ,incumbentes, basi emarginatæ, apice ex interiori latere poris duobus dehiscentes." Ovarium antheras superans , dense tomenfosum, album, mucrone tomentoso auctum , è quo stylus exsurgit brevissimus, indivisus, glaber et teres; ovula in singulo loculamento bina.: Capsula sphæ- rica, tricostata ; loculamentis monospermis , intus glabris ; seminibus pubescentibus ; strophiola digitato-trifida , laciniüs filiformibus, carnosis. (D.S.) 2. LASIOPETALUM PARVIFLORUM Rudpge (tab. 4 ). L. segmentis calycinis facie glabris N. L. parviflorum. Rudge in Trans. of the Lond. Einn. Soc. X. {1810.) p. 297 tab. 12. fig. 2. = Poiret Dict. Suppl. V. p. 712. 57 4487. L'ASIOPÉTALÉES. —Rœm. et Schult. Syst. Veget. IV. p. 372. — Link Enum. PI. hort. Berol. I. (1821) p. 193. Habitatin Nova Hollandia , unde ab Auvglis anno 1810 in Euro- pam intfroductum. — Vidi specimina sicca florentia, .à Leschenault, Riedlé et Guichenot collecta. Habitus et pleræque noté præcedentis, à quo differt ramis graci- lioribus, foliis angustioribus , vix duaslineas latis, floribus laxioribus, longius pedicellatis, triplo aut quadruplo minoribus, alabastris , sub anthesi, coriandri fructum mole vix æquantibus , bractearum hypo- calycinarum reflexarum segmentis exterioribus brevissimis, calyce intüs glaberrimo. Fructum non vidi. ( D. S.) GUICHENOTIA. CHAHRACTER NATURALIS. Frutex totus canescens. — Stipulæ nullæ. — Folia ternato-verti- cillata , lineari-lanceolata , integra , penninervia , facie pubescentia, dorso griseo-tomentosa, nervo longitudinali conspicuo, secundariis tomento velatis. — Znflorescentia racemosa , intrafoliacea. — Bractea hypocalycina persistens , tripartita, laciniis ovato-ellipticis.— Calyx petaloideus , persistens , campanulatus, segmentis ufrinque tomen- tosis , dorso demum tricostatis.— Petala 5 , glanduliformia.— Fila- menta 5, libera. — Æntheræ lineari-lanceolatæ , filamento incum- bentes, utrinque rimâ laterali dehiscentes. — Ovarium unicum , sessile, mucronatum , fomentosum , monogynum , quinqueloculare , loculis quinqueovulatis , intus densissime tomentosis. — Fyuctum non vidi. CHARACTER ESSENTIALIS. Inflorescentia racemosa , intrafoliacea. — Braciea hypocalycina tripartita , persistens. — Calyx persistens. — Æntheræ utrmque rimä __ LAstoPéTALÉES. 449 laterali dehiscentes. — Ovarium unicum , monogynum , quinquelo- culare, — Stipulæ nullæ.— Folia ternatim verticillata, imtegra. * Oss. 1: Solis Lasiopetalo et T'homasiæ proxime cognatum hoc genus, à priore differt inflorescentià racemosä non cymosà ; antheris rimâ laterali non apiculari por o utrinque dehiscentibus , et ovarii loculis 5-non 2 ovulatis ; à posteriore toto habitu , stipulis nullis et foliis integris lineari-lanceolatis non oyatis et lobatis ; ab utroque foliis ternatim verticillatis non alternis, et ovario 5-non 3 loculari. Oss. 2. Huic novo generi nomen indidi Antonii Guichenot qui, quum Lesche- naulto et Riedleo , peripli Baudiniani sociis, hortulani nomine adjunctus fuisset, amplam plantarum messem tum & regionibus intertropicis tum ex oris hemis- phærii australis reportavitiet herbario Musæi historiæ naturalis Parisiensis locu- pletando magnam operam contulit. + SPECIES. GUICHENOTIA FEDIFOLIA N.(tab.5.) In herbario Mus. Paris. vidi spécimina florentia in Novæ Hollan- diæ ora occidentali, ad sinum Baie des chiens marins dictum, anno 1801 , mense hyemali Julio, à Leschenault, Riedlé et Guichenot collecta. Raimi coram sunt pedales, teretes & crassiusculi, inferne nudi, purpurei , superne griseo-tomentosi , divisi in ramulos breves , erecto- patentes , infrafoliaceos non axillares. Stipulæ nullæ. Folia erecto- patentia , ternatim verticillata, subsessilia , lineari-lanceolata , 1-2 uncias longa, 2-2 : lineas lata, integerrima, penninervia, pseudo- uninervia , apice obtusiuscula , margine (ut in Rosmarino, Lavan- dula Spica, et imprimis Ledo palustri angustifolio) revoluta , facie pubescentia , dorso griseo-tomentosa. Racemi intrafoliacei ( petiolis scilicet juxtappositi, non axillares nec vere oppositifolii ), +-1 un- ciales , folio plerumque breviores , reflexi , 2-8 flori ; rachi tereti, tomentosa , à medio ad apicem florifera ; floribus secundis, pedicel- latis, alabastro sphæroideo-pyramidato ; pedicellis 1-1 +lineam longis, tomentosis , basi et apice bracteatis ; bractea basilari solitaria , ovata 450 L'ASIOPÉTALÉES, autovato-lanceolata , pedicello paulô longiore uninervi, utrinque tomentosa, decidua ; bractea hypocalycina persistente (?), tripartita, calyci pauld longiori adpressa , laciniüis ovatis , acutinsculis , uniner- vis, utrinque tomentosis , intermedia laterales vix superante. Calyx crassus , subcoriaceus , utrinque griseo-tomentosus , diametro verisi- militer (recentem namque non vidimus )bilineari ,segmentis oblonso- deltoideis , acutis , planis, dorso tristriatis , demum tricostatis. Petala 5 ,squamuliformia , obovato-spatulata , atrcpurpurea , filamentum breviusculum vix æquantia, Æilamenta 5 , lineari-subulata , ovario adpressa , omnia fertilia , basi omnino libera #nthercæ lineari-lanceo- latæ , infra medium insertæ, filamento cui incumbunt duplo longiores, ovarium et ipsum stylum superantes, sulco dorsali secundum longi- tudinem exaratæ , atropurpureæ , apice infegræ, basi subemarpi- natæ , utrinque rimâ laterali dehiscentes, loculorum valvis exterio- ribus interiores longitudine superantibus. Ovarium unïicum, sessile, . ovoideo-obpyriforme , dense tomentosum, monogynum , quinque- locule ; stylus dimidiam lineam longus , teres , apice indivisus; loculamenta densissime tomentosa, quinqueovulata, ovulis propter tomentum ægre conspiciendis. Fructum non vidi. (D.S.) Oss. Huc nequaquam spectät sic dictum Lasiopetalum ledifoléum (Vent. Malm. I. fol. 59. in nota ; Poiret Dict. Suppl. IL. p.307; Rœm. et Schult. Syst. veget. IV. p. 371), quod nos tum in herbario ipsius Ventenati vidimus, tum absque nomine in herbario Musæi Parisiensis. Ex observatis, quamvis imma- turis , speciminibus patet enim hanc stirpem ordini Diosmearum adscribendam esse, et quidem ad Boroniæ genus pertinere , quocum ad amussim congruit folüs oppositis, integris, linearibus, margine revolutis, pedicellis axillaribus, solitarus, unifloris, medio bracteatis, calyce quadripartito, petalis 4, jam intra alabas- trunr calycem æquantibus, staminibus 8, et yerisimiliter fructu quem tamen inspicere nobis non contigit. THOMASIA. LasioPETALI species : Labill. Nov. Holl. I. (1604) p. 635. — . Andr. Bot. Repos. fol. 459. — Ait. Hort. Kew. edit. 2°. Il. p. 36. — < LASrOPÉTALÉES. 451 Smith in Rees Cyclop. XXXIX. — Sims in Bot. Mag. fol. 1485. 1486 et 1755. — Poiret Dict. Suppl. IL. p.307. V. p. 717. —Rœm. et Schult. Syst. Veget. IV. p. 572. — Link Enum. PI. hort. Berol. I. (1821) p.103. CHARACTER NATURALIS, Frutices humiles, rigidiusculi, ramis abbreviatis. — Sripulcæ persistentes, foliaceæ, plerumque petiolatæ. — Folia alterna, ovata, varie lobata (in sola Tomasia purpurea oblongo-ellipsoidea in- tegra), utrinque hispida aut tomentosa. — 7nflorescentia racemosa, oppositifolia. — Bractea hypocalycina persistens, tripartita, lacinüis subulatis, intermedia longiore. — Calyx petaloideus, persistens, campanulatus, segmentis venosis, utrinque, dorso præsertim, pubes- centibus.—PetalaS , minima, squamuliformia, aut nulla. Filamnenta plerumque basi connata, nunc quina, omnia fertilia, nunc dena quorum sterilia. — Æntheræ ovoideo-oblongæ, filamento incum- bentes, utrinque rima laterali dehiscentes (x), loculorum valvis exterioribus interiores longitudine superantibus. — Ovarium unicum, sessile, tomentosum (in sola Thomasia purpurea thecaphoro instructum et glabrum), aut mucronatum aut muticum, monogynum, triloculare, loculis 2 — 8 ovulatis, ovulis angulo interiori afixis. — Fructus capsularis, calyce persistente tectus. — Capsula trivalvis, dissepimentis & valvularum margine; dehiscentia utrinque loculicida. Semina ellipsoidea, in singulo loculamento 1—53, strophiolà crenatâ. CHARACTER ESSENTIALIS. Inflorescentia racemosa. — Bractea hypocalycina tripartita, (1) Antherarum dehiscentia nülli dubio obnoxia est in Seringia, spontanea et culta, in Lasiopetalis et T'homastis spontaneis ; in cultis vero Lastopetalis et T'ho- mastis plerumque imperfecta deprehenditur , non nisi ex absentià aut-præsentiä suturæ yalyulas connectentis dignoscenda. 452 LASIOPÉTALÉES. persistens, — Calyx persistens. — Antheræ rimâ laterali utrinque dehiscentes. — Ovarium unicum, monogynum, trilocuclare.—Capsula trivalvis, seminibus ellipsoideis, strophiolà crenatâ. — Sripulæ magnæ, foliaceæ, persistentes. — Folia sinuato-lobata. Oss. 1. Lasiopetala huc traho omnia post genus à Smithio constitutum des- cripta, præter ferrugineum -et parviflorum. Reliqua omnia , ocius seriusye publici juris facta , à proposito generico charactere plurimüm recedunt , nec nisi auctorum incurià, meo quidem sensu, ad idem genus referri potuerunt. À genuinis lasiopetalis quippe diflerunt stipularum præsentiä, foliis omnium spe- cierum , unà exceptà, oyatis, non lineari-lanceolatis, varie lobatis, non integris, utrinque hispidis, non facie nudis , inflorescentiä racemosà , non cymosà, calyce colorato , verius petaloideo , antheris utrinque rimä laterali, non poro apiculari dehiscentibus ; strophiolis denique seminum subintegris , non digitato-tripartitis; notis , ni fallor , generi constituendo aptissimis , quas inter præcipuam mentionem meretur antherarum dehiscentia, cujus ope nuper Cl. Dunal Zycopersicum genus à Solanis genuinis distinxit. Os. 2. Hoc genus consecravi Petro et Abrahamo Thomas , Helyetiis, Halleri coëtaneis (1), nec non fratribus Philippo, Ludovico et Emmanueli Thomas, Abrahami filiis, Petri nepotibus, qui fervido botanices amore capti, alpina itinera suscipere , plantas in botanophilorum usum conquirere, per kos sexa- ginta elapsos annos non desierunt, qui denique industrià suà Floræ Helyeticæ catalogum , ed pervexerunt ut nunc, terrestri superficie pensata ditissimis accenseatur. ENUMERATIO SPECIERUM. SE Species pentandræ , stylo longo , ovulis in singulo loculamento binis. 1. THOMASIA PURPUREA N. (tab. 6.) Th. foliis lineari-ellipticis, integris, stipulis foliaceis, petalis quinis, capsulis stipitatis, glabris, profunde trisulcatis. N. Lasiopetalum purpureum. Aït. hort, Kew. edit. 2°. II. (1811) (1) Confer Hist. Stirp. Helvet. (1768) Præf. p. xvin. * LASIOPÉTALÉES. 453 p. 56.— Suns in Bot. Mag. XLIT. tab. ne — Poiret Dict, Suppl.V. p. 717. —Rœm. et Schult. Syst. Veget. IV. p. 572. — Link Eaum. PI hor. Berol. I. (1821) p. 195. L. purpurascens. Lois. Herb. Amat. V. de 820) tab. 294. L. coccineum. Hortul. Paris. Habitat in Noyæ-Hollandiæ ora australl maxime occidentali. — Colitur in Europa inde ab anno 1803.—Vidi vivam apud Celsium, Majo exeunte florentem. Vidi etiam specimen siccum fructiferum à Leschenault sociisve in portu regis Georgii (lat. austr. 55° 10; longit. orient. 119° 30!) lectum anno 1803, mense Februario, qui mensis in hisce regionibus tertius est tempestatis æstivalis. Frutex nanus, vix pedalis, debilis, indeterminate ramosus, trunco glabriusculo, virente, ramis patentibus, gracilibus, mollibus, pube stricta, ferruginea hispidis. Folia breviter petiolata, lineari-eiliptica, unciam plus minus longa, unciæ quadrantem lata , integra, secundum longitudinem carinata et plicata, penninervia, mollia , basi subcor- data, apice obtusa, facie dorsoque stellulis remotiusculis, flavescen- üibus hispida. Stipulce folii pedunculo longiores, persistentes, breviter petiolatæ, ovatæ, obtusæ, integræ, basi (altero latere magis producto) inæquales et quasi chtuse auriculatæ. ÆRacemi oppositifolii, 12 unciales, folio longiores, erecto patentes, 2-8 flori, apice snbnu- tantes ; rachi tereti, hispido-tomentosa, ferrugimea, apice florifera, basi longe nuda ; floribus secundis, nutantibus, pedicellatis, alabastro . ante tertium mensem conspicuo; pedicellis lineam longis, hispido- tomentosis, basi et apice bracleatis ; bractea basilari solitaria, persistente, herbacea, lanceolata, 15—5 lineas longa, petiolulata, nervo carinali insfructa, utrinque, præsertim dorso, hispida, toto babitu folium parvum æmulante; bractea hypocalycina persistente, calycem subæquante, tripartita, reflexa, laciniüs linearibus, univerviis, facie glabriusculis, intermedia laleralibus paulo longiore. Calyx petaloideus, purpureo-violaceus, campanulatus, facie glabriusculus, dorso hispidiusculus , diametro trilineari, segmentis ovatis, acutius- Mém. du Muséum. tk 7. : 58 454 : LASIOPÉTALÉES. culis, ob carinam longitudinalem facie exstantem subconduplicatis, florendi tempore erectis, mollibus, obscure venosis, anthesi peracta pyramidatim conniventibus, induratis, scarioso-membranaceis, reticulato-venosis. Petala 5, squamuliformia, -atropurpurea , abbre- viate cuneiformia , nunc filamenta æquantia, nunc iüsdem paulo breviora. Filamenta 5, basi paululum connata, omnia fertilia, subulata, enervia. Æntheræ ovoideo-tetragonæ, atropurpureæ, medio insertæ, filamento cui uncumbunt duplo longiores, sulco dorsali secundum longitrdinem exarafæ, apice integræ , basi subemarginaiæ, rimâ lalerali utrinque sero dehiscentes. Ovarium subsessile, antheris multo brevius, sphæroideum , muticum, tuberculatum, 3-4 costa- tum, 3-4 loculare, stylo coronatum cylindrico-subulato , gracili, calycem subæquante, apice indiviso, acutiusculo ; ovula in singulo loculamento 2. Capsula thecaphoro suffulta, sphæroidea , profunde 5-4 sulcala , venosa , tuberculato - punctata , glaberrima , altero loculamento sæpius abortivo ; pericarpium tenue, membranaceum. Semina in singulo loculamento 1-2, ovato-ellipsoidea , punctis ele- vatis inspersa, glaberrima , grisea, strophiola crenata (D. V.) Oss. Anomala hæc species dici meretur. Differt enim ab omnibus sequentibus foliis lineari—ellipticis integerrimis non oyatis lobatisque, capsulis thecaphoro suffultis non sessilibus, glabris non tomentosis, profunde non obiter trisulcatis. Ab omnibus etiam Thomasiis, præter sequentem, differt filamentis 5 non 10, stylis elongatis et ovulis in singulo loculamento binis. Haberi ilaque pro genere proprio posset, nisi paucæ hucusque detectæ Lasiopetaleæ crebrioribus sectionibus repugnare viderentur. Ut ut sit, Büttneriaceas , fructu sessili donatas, cum Her- mannieis, fructu slipitato gaudentibus, jungit hæc planta , earumque summam affinitatem demonstrat. 3 2. THOMASIA FOLIOSA N.(#ab.7.) - Th. foliis ovatis, cordatis, obtuse 5-7 lobis, stipulis minutis , petalis nullis, capsulis sessilibus, tomentosis, obiter trisulcatis. N. Lasiopetalum quercifolium. Herb. Mus. Paris. non Audr. LASIOPÉTALÉES. 455 Habitat in Novæ Hollandiæ ora occidentali maxime australi, ad sinum Paie du Géographe dictum.{u herbario Mus.Par.vidispecimina florentia pulcherrima { fructifera autem nulla), loco predicto, anno 1801, ineunte Junio ( mense autummali), à Leschenault et sociis collecta. ; ; Frutex humilis, ramosissimus, folis et floribus innumeris ornatus. Folia vix unciam longa, cordata, petiolata, facie obscure viridia, dorso pallida, ntrinque stellulis ferrugineis remotisque exasperata, margiue sinnato 5-7 loba, lobis oppositis, obtusis, duobns inferio- ribus minoribus, sæpe obsoletis. Stipulæ lineari-lanceolatæ, hispidæ, minufæ, vix lineam longæ. Racemi oppositifoli , folium subæ- quantes, patentissimi, sæpe reflexi , 2-5 flori ; rachi tereti, hispida, ferruginea, à medio ad apicem florifera; floribus secundis, pedicel- latis; pedicellis : — 2 lineas longis, hispidis, basi et apice braeteatis ; bracteis basilaribus lineari-filiformibus, persistentibus (?), pleraumque solitariüs, nonnunquam stipularum more opposito-geminis; bractea bypocalycina persistente, dimidium calycem æquante, tripartita, reflexa, lacintis ovato-lanceolatis, uninervüs, facie glabriusculis, _intermedia lateralibus paulo longiore et latiore. Calyx campanulatus, facie glabriusculus, dorso hispido-pilosus ; diametro vix bilineari, seomentis Ovatis, acufiuseulis, carina longitudinali instructis, subconduplicatis, anfhesi peracta conniventibus, depresse pyra- midatis, subglobosis, scarioso-membranaceis, exstanter retieulato- venosis. Petala nulla. Filamenta 5, basi paululum. connata , germini non ut in reliquis arcte adpressa, omnia fertilia, subulata , nervo longitudinali instructa. Antheræ ellipsoideæ, medio insertæ, filamentnm cui incumbunt longitudine æquantes, sulco dorsali, lobos distinguente, secundum longitudinem exaratæ, apice basique emarginatæ, rima laterali utrinque mature (incipiente anthesi) dehiscentes, valvulis effætis divaricatis. Oparium sessile, minimum, antheris multo brevius, globosum, muticum, tomentosum, obsole- tissime tricostatum , triloculare , stylo coronatum cylindrico-subulato, So 1 456 LASIOPÉTALÉES. - gracili, 1-2 lineas longo , calycem plerumque longe superante, apice aut indiviso, acutiusculo, aut leviter emarginato; ovula in singulo loculamento 2. Fructum non vidi. (D.S.) Ors. À T'homasia quercifolia et reliquis omnibus distinclissima est hæc species stipulis suis minutis, non foliaceis. S IL. Species decandre , stylo brevi , ovulis in singulo loculamento 5-8. 5. THOMASIA SOLANACEA N. (tab. 6.) Th. petalis quinis N. Lasiopetalum triphyllum. Smith in Rébs Cao XXXIX. ce non Labiil. (ex Bot. Mag. I. c.) L. solanaceum. Sims in Bot. Mag. XXXV. (1812) tab. 1486. = Links Enum. PI. hort. Berol. I. (1821) p. 193. Habitat in Novæ Hollandiæ ora australi maxime occidentali. Vidi vivam in frigidariis Parisiensibus apud Celsiam et Noisette, Majo ineunte florentem. — Vidi etiam siccam in herbario Mus. Paris., in portu regiis Georgüi, anno 1803 , mense Februario , à Riedlé lectam. Frutex (7-8 pedalis, locis humidis crescens : Riedlé in herb. Paris.) , inordinate ramosus, trunco inferne glabro, cinerascente, ramis patentibus, crassiusculis, ferrugineo-hispidis, ramulis novel- lis subtomentosis, virescentibus. Stipulæ foliaceæ, petiolatæ; pe- tiolo brevissimo ; limbo cblique reniformi, 2-5 lineas longo, 3-7 lineas lato, subconvexo, quintuplinervio, margine integro, plano,” utrinque hispido. Folia petiolata ; petiolo ereclo - patente, unciali et breviore, crassiusculo, hispido-tomentoso ; limbo horizontali , sub. reflexo, 1-4 uncias longo , 1-2 uncias lato, ovato-oblongo, sub- convexo , Sinuato-angulato , penninervio , basi quintuplinervio et cordato, juniore purpurascente densissime fomentoso, adulto læte virente, facie hispido, dorso hirsuto, vetulo obscure viridi, facie ‘aberrimo , angulis marginalibus 4-10 , oppositis, obtfusis, supe- L'ASIOPÉTALÉES. 457 rioribus minoribus, sæpe obsoletis. Racemi oppositifoli, erecto- patentes, sesquiunciales, 4-5 flori, folio cui opponuntur breviores;.. rachi fereti, pubescenti-tomentosa ; apice florifera, basi nuda; flori- bus secundis; pedicellis pubescenti-fomentosis, 5-3 + lineas longis, basi et apice bracteatis; bracteis basilaribus solitariis, subulato- setaceis, minutis, deciduis; bractea hypocalycina persistente, tri-rarius quinquepartita, reflexa, vix longitudine dimidii calycis, lacinis lineari-lanceolatis, uninervüs, dorso hispidis, facie glabriusculis, intermedia lateralibus paulo longiore etlatiore. Calyx campanulatus, petaloideus, ex albo et roseo mixtus, utrinque pubescens, diametro quadrilineari , alabastro ante quintum mensem conspicuo, segmentis ovato-lanceolatis, acuminatis, albis, obscurissime venosis, carinâ longitudinali exstante roseâ instructis, subconduplicatis, florendi tempore erectis, mollibus, anthesi peracta pyramidatim conniven- &ibus, induratis, membranaceo-coriaceis , subtomentosis, venis non conspicuis. Petala 5, atropurpurea, squamuliformia, abbreviate cuneiformia, apice auf emarginata aut rarius mucronulata, filamento multo breviora. Filamenta 10 , subulata, æqualia, purpurea , enervia, distinctius quam in reliquis speciebus basi connata; sterilia, præter antheram nuilam, fertilibas similia. Zntheræ atropurpureæ, ovoideo- oblongæ, subtetragonæ, medio iusertæ, incumbentes, filamento brevissimo multo longiores, ovarium junius paulo superantes, apice subintesræ, basi subemarginatæ, utrinque rimâ laterali, in cultis speciminibus sero dehiscentes. Ovarium sessile, ovoideo-sphæricum, mucronatum, fomentosüm, triloculare; stylus brevis, dimidiam lineam longus, teres, apice aut integer aut levissime emarginatus, mucroni deciduo , tomentoso insidens ; ovula in singulo loculamento 4-8. Capsula sessilis , sphæroidea , tricostata | tomentosa ; locula- mentis 1-2 spermis , infus glabris; pericarpio crassiusculo; seminibus éllipsoideis, glabris, lævibus, fuscis; strophiolà crenatâ, (D. V.) Ozs. 1. Foliorum et stipularum margo in cultis speciminibus non raro flayus. 458 LASIOPÉTALÉES, et callosus deprehenditur, qualem Simsius in Bot. Mag. depinxit. In spontaneis vero, quorum plura vidi, ommino concolor invenitur. Oss. 2. Petalorum præsentià , ut reliqua taceam , à Ÿ'h. triphy:lla et querctfolia facile distinguitur hæc species, non male solanacea dicta, quum fola cjus, maxima generis, ad folia nonnullorum Solanorum, imprimis $. carolinensts et S. fuscati, formà accedant. 4: THOMASIA TRIPHYLLA N. Th. foliis sinuato-angulatis, dorso glabriusculis, petalis nullis, capsulà mucronatä. N. Lasiopetalum tphyllum. Labill. Nov. Holl. I. (1804) p. 65. tab. 88. — Poiret Dict. Suppl. II. p. 307.— Rœm. et Schult. Syst. Veget. IV. (1819) p. 571. — Non Smith , ex Rees Cyclop. Habitat in Novæ Hollandiæ Terra Van-Leuwin, sub re tudinis australis gradu 34°. (Labill. } — Visa sicca in herb. Labill. Frutex 3-4 pedalis (Labill.), ramosissimus , ramis divaricatis, teretibus , basi glabris, apice curle tomentosis, tomento stellaio, rufo. Stipulæ petiolatæ , foliaceæ; petiolo brevissimo; limbo subren:formi, sex lineas longo, totidem lato, triplinervio, venoso, dorso glabro, facie remote. hispido, margine opeltto , plerumque obtuse trilobo, noununquam integro et sb landes Folia petiolata; petiolo seman- ciali et breviore, gracili, hispido; limbo unciali et breviore , ovato- oblongo, penninervio, sinuato-angulato, basi obsolete cordato, margine revoluto, facie remote hispido, dorso ad nervum medium venasque tanfum primarias hispidiuseulo, angulis marginalibus 6, oppositis, obtusis, inferioribus superioribusque sæpe chiots Racemi oppositifolii, erecti, unciales aut sesquiunciales , 2-4 flori; rachi tereti, hispido-subtomentosa, basi longe nuda ; floribus unila- teralibus; pedicellis hispidis, 2 — 3 lineas longis, basi apiceque bracteatis ; bracteis basilaribus ovato-lanceolatis, sæpissime geminatis, hispidis, deciduis ; bractea bypocalycina persistente, tripartita, calycem LASIOPÉTALÉES. 459 æquante, segmentis lineari-lanceolatis, apice obtusiusculis, facie glabris, dorso margineque hispidis, demum reflexis. Calyx campa- nulatus, diametro fere semunciali, segmentis ovato-lanceolatis, acutiusculis, nervo carinali instructis, subconduplicatis, venosis, facie glabriusculis, dorso ad basin hispidis; defloratus scarioso-mem- branaceus, segmentis erectis, capsulæ adpressis, rufescentibus. Petala nulla. Filamenta 10, subulata, valdè inæqualia , basi distincte connafa ; sterilia fertilibus ovarium subæquantibus et nervo carinali elevatis duplo triplove breviora. Antheræ glaucæ, ovato-oblongæ, medio insertæ , incumbentes , filamento demum sesquilineari triente breviores, ovarium æquantes aut superantes, apice integriusculæ, basi subemarginatæ, uirinque rima laterali dehiscentes. Ovarium sessile, ovoideo-sphæricum, mucronalum, conspicue tricostatum, tomentosum ; stylus brevis, indivisus, mucroni deciduo insidens; ovula in singulo leculamento sena. Capsula sphæroïdea, pilis stellatis, patentissimis tomentosa ; loculamentis 2-5 spermis , intus glabris ; seminibus parvis, fuscis , subpuberulis, lævibus , strophiola 2-3 corni; mtesumento proprio tenui, crustaceo, fragili. ( D. S.) * 5. THOMASIA QUERCIFOLIA N. Th. foliüs trilobis, dorso RS AX -tomentosis, petalis nullis, capsulà muficàä. N. Lasiopetalum quercifolium. Andr. Bot. Repos. tab..459 ( on). — Ait. hort. Kewv. edit. 22. IT. p. 56. — Sims in Bot. Mag. XXXV. tab. 1485.— Poiret Dict. Suppl. V. p. 717.— Rœm. et Schult. Syst. Veget. EV. p. 572. — Link Euum. pl. hort. Berol. I. ( 1821) p. 195. Habitat in Nova Hollandia. ( Andr.) — Anno 1803 ab Anglis introducta. — Colitur iu frigidario. — Vidi vivam cultam in frigi- dariis Celsianis. — Floret circa diem 15e", Maji. Frutex nanus, in frigidariis Parisiensibus vix semipedalis, ramis ramulisque ferrugineo-hispidis. S/ipulæ foliaceæ , petiolatæ; petiolo 460 LASIOPÉTALÉES. brevissimo , limbo planiusculo , 1:—4 lineas longo, 25 lineas lato. reniformi , {riplinervio, margine obfuse 3-5 lobo, nfrinqne stel- lulis remotis hispidiusculo. Fo/ia petiolata ; petiolo semunciâ nunc longiore nunc breviore, gracili, hispido; limbo unciâ paulo breviore, planiusculo, penninervio, pinnatifido-trilobato , basi triplinervio, obsolete cordato , margine paululum revoluto , facie remote hispido, scabro, dorso hispido-tomentoso , lobis obtusis, aut integris ( fere ut in folio Æceris monspessulani) aut sæpius leviter trilobatis, laterali- bus nonnunquam externe tantum angulo instructis et quasi auri- culatis. Racemi oppositifolü, erecti, 1+—2 unciales, folio nonnun- quam dupld longiores , 3-5 flori ; rachi tereti, hispida , basi longe nuda; floribus secundis, nutantibus, alabastro ante tertium mensem conspicuo ; pedicellis hispidis, 12—2 lineas longis , basi et apice bracteatis; bracteis basilaribus solitariis, aut ovato- aut lineari- lanceolatis, facie nudiusculis, dorso hispidis, altera sæpe reniformi, stipulam æmulante, inferiore sæpe nulla; bractea hypocalycina persistente, tripartita, reflexa, vix dimidium calycem superante, segmentis lanceolatis, uninerviis, dorso hispidis, facie glaberrimis, intermedio lateralibus pauld longiore et latiore. Caly x campanulatus, petaloideus , purpureus facie glabriusculus , dorso stellulis remotis: simis-hispidiusculus , diamelro bilineari, segmentis ovato-ellipsoideis, carina longitudinali nonexstante, obsoleta instructis, præter marginem subreflexum planiusculis , florendi tempore erectis, mollibus, suba- venis,. anthesi peractâ pyramidatim conniventibus, imduralis, scarioso-membranaceis, venosis. Petala nulla. Filamenta 10, subulafa, nervo carinali eleyata, basi connata, inæqualia; sterilia rosea, fertilibus virescentibus, angustioribus, ovarium subæquantibns dimidio fere breviora. Æntheræ ovoideo-oblongæ , infra medium insertæ, incumbentes, filamentum fere semilinearem longitudine æquantes, apice integriusculæ, basi subemarginatæ, utrinque rimä laterali, etiam in cultis speciminibus, conspicue dehiscentes. Ovarirm sessile, ovoideo-sphæricum, muticum, tomentosum, triloculare; LASrOPÉTALÉES. : AG: stylus teres, duos lineæ trientes longus, apice indivisus; ovula in singulo Ioculamento 2-5. Capsula sessilis, sphæroidea, obiter tricos- tata, pilis stellatis erectis tomentosa, loculamentis 1-3 spermis, intus glabris ; pericarpio crassiusculo ; seminibus ellipsoideis, puberulis, fuscis ; strophiolà crenatä. (D. V.) Oss. Ad præcedentem speciem proxime accedit hæc planta. Differt vero 1) caule, saltem in frigidariis nostris , nano et debili, 2) foliorum lobis duobusinferioribus longioribus et folio inde trilobo potius quam sinuato-angulato dicendo , 3) floribus triplo minoribus, 4) filamentis habilâ antherarum ratione multo brevioribus, 5) oyario omnino mulico ; non mucronato, et 6) tomento capsulæ erecto, non radiatim patente. Relativam filamentorum fertilium et sterilium longitudinem, à Simsio laudatam , prætereo ; in utraque enim specie filamenta sterilia fertilibus duplo breyiora deprehendes. KERAUDRENIA. CHARACTER NATURALIS. Stirps fruticosa. — Sripulæ persistentes, minuiæ. — Folia alterna, ovata , sinuato-undulata. — /nflorescentia corymbosa, oppositifolia. Pedicelli supra medium articulati.— Bracteæ obscuræ ad basin pedi- cellorum; hyÿpocalycina nulla — Calyx petaloideus, patens, persistens, utrinque pubescens, florens et defloratus tenuis et mollis. — Petala nulla. — Filamenta 5, omnia fertilia, basi imbricato-conniventia, non connata. Antherce infra medium inseriæ, utrinque rima dorsali longitudinali dehiscentes. — Ovariun unicum, trigynum , stylis partim connatis pseudo-monogynum, triloculare , intus glabrum , loculis pluri ovulatis, ovulis angulo interiori afhixis. — Fructus capsularis, calyce persistente inyolucratus. Capsula echinato- tomentosa , abortu unilocularis (an semper? ), irivalvis, dissepimentis è valvularum margine, dehiscentiâ utrinque loculicidâ. Semina in superstite loculamento bina, curvata, subreniformia, strophiolà integrâ, subrotundä aucta ; embryo invisus à reliquis forte abludit, forte perispermum nullum. Mém. du Muséum. t. 7. 59 462 L'ASIOPÉTALÉES. CHARACTER ESSENTIALIS. Inflorescentia corÿymbosa, pedicellis supra medium articulatis. — Bracteæ obscuræ ad pedicellorum exortum. — Calyx persistens. — ÆAntheræ extrorsæ (ulrinque rima dorsali longifudinali dehiscentes ). Ovarium unicum, trigyuum, triloculare. — Capsula abortu unilo- cularis, seminibus subreniformibus, strophiolà integrâ. — Stipuleæ persisienfes, minutæ. Folia alterna , sinuato-undulata. Ons. 1. À præcedentibus omnibus distinctissimum est hoc genus, inflorescentiä corÿimbosä , pedicellis arliculatis (unde flos fructifer contra morem gentis deci- duus), numero stylorum ternario et semine curyato , subreniformi. À Thomastis, quibuscum arctiore aflinitate jungitur , insuper recedit stipulis non foliaceis, nec petiolatis, bracteæ hyÿpocalycinæ persistentis tripartitæ defectu , et antherarum dehiscentià extrorsà, non laterali. Os. 2. Dixi hoc genus in honorem CI. Keraudren, nayalium exercituum archiatri,rerum naturalium periti scrutatoris, et imprimis itinerum maritimorum, scientiæ nostræ causa, sumptibus publicis suscipiendorum fautoris indefessi. SPECIES, #: KERAUDRENIA HERMANNIÆFOLIA N. (tab. 8.) i Habitat in Novæ Hollandiæ ora occidentali, ad Peronis isthmum (lat. austr. 26° ; longit. oriént. 112° ), infra sinum vâstissimum Sharks Bay ab Anglis dictum, Baie des chiens marins à Gallis nuncupatumn, ibidem à Gaudichaud, peripli Freycinetiani socio, florens deprehensa, anno 1618, medio Septembri, qui mensis, in his regionibus, tropico Capricorni proxhnis, primus est tempestatis vernalis. -Frutex rigidus, babitu Æermanniæ ,ramis brevibus, cortice pur- puréo, pilis stellatis, rufis hispido. Sripulæ persistentes, parvæ, setaceo-subulatæ, facie glabræ , dorso hispidæ , margine denticulatæ, ‘denticulis piliferis. Folia exacte Hermanniæ, alterna, breviter petiolata, petiolo tereti, hispido-tomentoso, vix unciæ quadrantem ; LASIOPÉTALÉES. 463 superante, hmbo unciali aut breviore, ovalo-elliptico , penninervio, facie hispido , sulcato-rugoso , dorse villoso-tomentoso, venis elevatis inscripto, margine subintegro, crispato-sinuato. Corymbi oppositi- folii , subterminales, ramosi ,;pedunculo primario -bifurco, folium vix æquante, lertiariis 6-13, corymbosis, erectis, unifloris , hispido- tomentosis, supra medium articulatis. Bracteæ obscuræ (forte nullæ ) ad pedicellorum exortum. fBractea hypocalycina nulla. Calyx. petaloideus, campanulatus, pexsistens, durante anthesi et eadem peracla tenuis , mollissimus , diametro 4-5 lineari, segmentis erectis, ovatis, convexiusculis , acutiusculis, venosis, utrinque his- pido-pubescentibus. Petalanulla. Filamenta S, omnia fertilia, ovario duplo triplove longiora, æqualia , subulata, nervo longitudinal: inscripta, basi imbricato-conniventia , non vero connata. Semel vidi filamentum sextum, sterile, reliquis pauld brevius. Antheræ infra medium insertæ, lineari-lanceolatæ , filamento tnipld breviores, apice integræ , basi emargiuatæ , utrinque rima dorsali , longitudinali dehis- ’centes. Ovarium unicum, sessile , ovoideum, muricatum, triloculare, obiter tricostatum ; séyli 5, supra basin coaliti in siylum unicum, antheras superantem, calyce pauld breviorem, cylindrico-subulatum, apice indivisum ; ovula in singulo loculamento quina. Capsula sphæ- roidea , mutica , dense echinato-témentosa; loculamentis intus gla- bris , lucidis , aliero 1-2 spermo , reliquis abortivis; seminibus cur- vatis, subreniformibus, glabris; strophiola subrotunda, integra. (D. S.) 464 LASIOPÉTALÉES. … EXPLICATION DES PLANCHES. TABLEÏI. Rameau du SERINGIA PLATYPHYLLA, (Grandeur naturelle. ) TABLE IT. 6 Structure florale du SERINGIA PLATYPHYLLA. * Fic. 1. Fleur de grandeur naturelle. Fic. 2. La même, deux fois plus grande que nature. Fic. 3. La même, dont on a étalé artificiellement le calyce pour faire voir la soudure. des filamens: (Quatre fois plus grand que nature.) Fic. 4. Tube des filamens , ouvert et étalé artificiellement. (Même proportion.) Fic. 5. Fragment du tube des filamens vu extérieurement et présentant deux Jamens, l’un fertile, l’autre stérile. ( Huit fois plus grand que nature.) Fic. 6. Le même, vu du côté intérieur. (Même proportion. ) Fic. 7. Assemblage des ovaires. (Quatre fois plus grand que nature.) Fic. 8. Le même, dans lequel les styles ont été légerement écartés les uns des autres. (Même proportion.) Fic. 9. Fruit accompagné du calyce marcescent. (Grandeur naturelle.) : Fic. 10. Le même, deux fois plus grand que nature. Fie. 11. Un carpelle fermé, avec son style. (Trois fois plus grand que nature.) F1c. 12. Le même, enétat de déhiscence. (Même proportion. ) Fic. 13. Le même, dont une valve a été enlevée pour faire voir l’insertion des ovules. (Même proportion.) F1c. 14. Fragment de la même valve, grossi pour mieux faire voir l'insertion des ovules , et pour appeler l'attention sur une solution accidentelle du raphe dans l’ovule inférieur. (Huit fois plus grand que nature. ) Fie. 15. Autre fragment de la même valve, représentant un oyule plus avancé V2 Zom A SLZRINCGIA PLATYPHILZA. Gay Ta6.1. SZRINGIA PLATYPHILZ A. C2 Tab. IT. LASIOPHTALUM FERRUCINEUM. Srth. Lib. HT. Fic. Fic. Fic. Fic. F1c. Fic. Fic. Fic. Fic. F1c. Fic. Frc. Fic. LASTOPÉTALÉES. 465 et déjà muni de sa strophiole, dont l'insertion, relativement au cordon ombilical , est indiquée avec précision. (Douze fois plus grand que nature.) 16. Strophiole vue du côté intérieur , avec indication de son point d’attache et du hile. ( Vingt fois plus grand que nature. ) 17. Graine müre. (Treize fois plus grand que nature.) 18. Coupe longitudinale de la graine, montrant l'embryon vu de face , le vaisseau qui, à partir du hile, se prolonge jusqu’à la chalaze dans l'épaisseur du tégument propre, et la calotte intérieure d’où résulte extérieurement la chalaze. (Même proportion.) 19. Coupe transyersale de la graine, montrant la position centrale de l’em- bryon dans la masse du périsperme , et une situation différente de l'embryon relativement au raphe. Dans la figure précédente , l'embryon étoit situé dans le plan formé par le raphe et l’axe de la graine; ici l'embryon est per- pendiculaire à ce plan. ( Même proportion.) TABLE III. LAsIOPETALUM FERRUGINEUM. 1. Rameau de grandeur naturelle. ï 2. Fleur vue apres la fécondation. (Deux fois plus grand que nature.) 3. La même, dont on a écarte et tronqué deux segmens calycinaux pour montrer l'insertion des pétales et des étamines. (Deux fois et demi plus grand que nature.) 4. La même, coupée longitudinalement ; pour faire voir les rapports des organes du système masculin avec la base de la capsule et du calyce. Dans celte figure , dont l’ensemble est trois fois plus grand que nature, la loge de droite présente deux ovules avortés, de grandeur naturelle, et la loge de gauche une graine müre , cinq à six fois plus grande que nature. 5. Un pétale vu de face. (Huit fois plus grand que nature.) 6. Une étamine vue en dehors , avec un pétale. (Même proportion.) 7. Une étamine vue en dedans , offrant une anthère en état de déhiscence, (Même proportion. ) 8. Graine vue de profil. (Sept fois plus grand que nature.) G. La même vue du côté du raphe, (Même proportion.\ 466 LASIOPÉTALÉES. + Fic. 10. La strophiole détachée de la graine et vue intérieurement, (Dix fois plus grand que nature. ) k Fig. 11: L'embryon. (Sept à huit fois plus grand que nature.) TABLE IV. L'ASTOPETALUM PARVIFLORUM. Fic. 1. Rameau de grandeur naturelle. Fic. 2. Rameau floral, pour montrer la disposition des fleurs. (Un peu plus grand'que nature.) : Fic. 3. Fleur vue ayant la fécondation. (Cinq fois plus grand que nature,) Fic. 4. La même, pendant la fécondation, dans son état d'expansion naturel. 2 DEC ; P. (Quatre fois plus grand que nature.) Fic. 5. Une étamine vue en dehors avec un pétale. (Quinze fois plus grand que nature.) Fic. 6. La même yue en dedans. (Même proportion.) TABLE VY. GUICHENOTIA LEDIFOLIA. Fic. 1. Rameau de grandeur naturelle. - Fic. 2. Fleur vue avant la fécondation. (Trois fois plus grand que nature.) Fic. 3. La même pendant la fécondation, un peu plus étalée qu’elle ne paroît l'être naturellement. (Même proportion.) Fic. 4. L’ovaire coupé en travers, avec retranchement d’une des valwes, pour faire voir le nombre des loges, les poils dont celles-ci sont tapissées inté- rieurement , ainsi que le nombre et l’insertion des ovules. Ces derniers n’ont pu être mis à découvert que par l’omission des poils qui garnissoient la loge ouverte. (Huit fois plus grand que nature.) Fic. 5. Une étamine vue en dedans avec un pétale. (Douze fois plus grand que nature. ) Fic. 6, La même, vue de côté. (Même proportion.) ZLASIOPETALUM PARVIFLORUM. Rudge. 146.11. Tom. 7. DA o RÉ. ; 2 D 2 Z Z £ S Se DE LE < = a, GAS Lu SES Ze | ÈS D ‘ KÈ À = — = = NS > ù : ù NS = - = à > & = K \ = SS & Ÿ N - See D LS K GUICHENOTIA LEDIVOLIA. Gay. Leb.F. ads S NS ' @ ù { 2p SS. S2Q FA S AU ST S AD a cQ RS , NES à < 7» CS e \ SS CR Eh . HA KR XE Ê > RE : SR } NE > SE ER 6 7 7 Mn "où SN S À N TOMASZIA FOLLIOSA. Cay . Tab. VIZ. T'HOMASIA SOLANACEA. Gay. Tab. VI. Hiy.1-7. THOMASIA PURPUREA. Gay. 146. VI. Fig. 8 -15. LASIOPÉTALÉES. 467 TABLE VI. THOMASIA SOLANACEA et THOMASIA PURPUREA. Fic. 1. Fragment d’un rameau du Phérma se solanacea, , pour faire voir la position des stipules et des grappes relativement aux feuilles. (Grandeur naturelle.) Fic. 2. Une fleur de la même plante dans son état d’ expansion naturel, GHror fois plus g grand que nature. ) Fic. 3. Fragment du tube des filamens vu extérieurement , ayec un pétale adossé au filament fertile. ( Sept fois plus grand que nature.) F1c. 4. Le même , vu du côté intérieur. (Même proportion.) Fic. 5. Une étamine vue de côté. (Onze fois plus grand que nature.) F1G. 6. Un oyaire. (Quatre fois plus grand que nature.) Fic. 7. Capsule en état de déhiscence. (Dix fois plus grand qué nature.) FiG. 8. Fragment d’un rameau du 7'homasta purpurea. (Grandeur naturelle.) Fic. 9. Une fleur de la même plante, vue en dessous, pour montrer la bractée tripartite. ( Deux fois plus grand que nature.) £ Fic. 10. Une fleur étalée artificiellement et vue de face. (Ginq fois plus grand que nature. ) Fic. 11. Ovaire avec son support ou thécaphore. (Six fois plus grand que nature.) Fic. 12. Capsule en état de déhiscence. (Dix fois plus grand.que nature.) F1G. 13. Graine mûre. (Dix fois plus grand que nature.) TABLE VIL THOMASIA FOLIOSA. Frc. 1. Rameau de grandeur naturelle. F1c. 2. Fragment d’un rameau , pour appeler l’attention sur la petitesse des sti- pules. (Grandeur naturelle.) F1e. 3. Une stipule grossie, (Quatre fois plus grand que nature.) Fic. 4. Une fleur étalée artificiellement pour faire voir le nombre et l’insertion des flamens ainsi que l'absence des pétales. ( Sept fois plus grand que nature.) 468 LASIOPÉTALÉES. Le TABLE VIII. p KRERAUDRENIA HERMANNIÆFOLTIA. Fre. 1. Raméau de grandeur naturelle. Fic. 2. Fragment d’un rameau, pour montrer la forme des stipules et la nature du duvet qui tapisse les feuilles en dessous. (Un peu plus grand que nature.) F1. 3. Rameau floral, pour montrer la disposition des fleurs et l’articulation de leurs pédoncules. ( Deux fois plus grand que nature.) F16. 4. Une fleur étalée artificiellement, pour montrer lPabsence des pétales. (Même proportion. ) F1G. 5. La même, vue en dessous, pour appeler l'attention sur l’absence de la bractée. (Même proportion.) Fic. 6. Assemblage des étamines ; leurs filamens sont imbriqués, non soudés les uns aux autres. ( Six fois plus grand que nature.) Fie. 7. Étamine vue de face. (Huit fois plus grand que nature.) F1G. 8. La même, vue en dedans. (Même proportion.) Fic. 9. La même, vue de côté. (Même proportion.) Frc. 10. Ovaire surmonté de trois styles qui sont libres à la base et se soudent entre eux à partir du milieu de leur longueur. (Six fois plus grand que nature. ) Fic. 11. Coupe transversale de l’oyaire, pour faire voir le nombre des loges et l'insertion des ovules. ( Douze fois plus grand que nature.) Fr. 12. Coupe transversale de la capsule, pour montrer l'avortement de deux loges. (Même proportion.) FrG. 13. Un des poils qui revêtent extérieurement la capsule. F16. 14. Graine munie de sa strophiole. (Douze fois plus grand que nature. Eg N N : Tom DA TER d lee, pere ch KBRAUDRAENTA HARHANNIEFOLIA., Cay. Lab. 1711. OBSERVATIONS SUR L'INÉGALITÉ DES COTYLÉDONS DANS LE SOROCEA, Genre nouveau de la fanulle des Urticées, et description de ce genre ; PAR M. AUGUSTE DE SAÏNT-HILAIRE. Rio-Grande do Sul, 24 août 1820. PARU des lobes peut être considérée comme un carac- tère général chez les plantes dicotylédones. A la vérité lors- qu’un des lobes enveloppe l’autre, il arrive quelquefois que celui-ci est moins grand ; mais la différence est communément peu sensible. Elle n’est très-notable que dans un nombre de végétaux extrêmement petit, et parmi eux le 4apa natans mérite principalement d’être cité. Tous les botanistes con- noissent aujourd'hui la structure de sa graine (r}, et l’on se rappelle assez l'erreur de classification à laquelle l'inégalité de ses cotylédons donna lieu autrefois. Lors donc qu’on est assez heureux pour découvrir la véritable organisation d’un végétal en apparence unilobe, mais réellement 2-cotylédone,. (1) V. un beau Mémoire de M. de Jussieu inséré dans les Annales du Muséum. Mém. du Muséum. #. 7. 60 47o ü SorGcÉA. il est utile de la faire connoître, non-seulement comme une exception singulière, mais encore afin de prémunir les bota- nistes contre une méprise semblable à celle que je viens de rappeler. Tel est le motif qui m'engage à écrire cette notice. Dans les bois vierges qui bordent le Jiquitinhonha, dans ceux de Rio-de-Janeiro et de St.-Paul, croît un arbre (1) qui s'élève à la hauteur de trente palmes, qui atteint près d’une palme de diamètre (2), et dont les feuilles alternes et bordées de dents écartées rappellent un peu celles du châtaignier. Dans cette plante les sexes sont séparés, et je présume qu’elle est dioique, car je n’ai jamais vu ses fleurs mâles. Les fleurs femelles sont disposées en grappe, et les pédoncules partiels, d’un rouge vermillon , vont en s’épaississant de la base au- sommet. Le calice est ovoïde, obseurément 5-denté, fendu d’un côté au sommet, épais, succulent, appliqué sur l'ovaire. Il n'existe point de corolle. Le style est épais, glabre, profon- dément 2-fide, et ses branches sont stigmatiques à la face. L'ovairé est ovoïde, glabre, r-loc. 1-sperm. L'ovule est pariétal et suspendu. Le fruit est une-baie ovoide, globuleuse, noire, terminée par le style persistant, à peu près de la gros- _seur d’une noisette, et formée non-seulement par le péricarpe, (rÿ Comme mon herbier se trouve dispersé je ne sauroïs assurer qu’il n’existe aucune différence spécifique entre des plantes qui croissent dans des pays aussi éloignés les uns des autres. Les échantillons sur lesquels j’ai fait l'analyse que je consigne ici, ont été recueillis à Lambari , près la ville d'Itapitininga, cap de St.-Paul. Une premuère analyse faite à Sacuarema, cap de Rio-de-Janeiro, ne différoit point de celle-ci. (2) Rien n’est plus variable que la grandeur et souvent même le port des arbres qui croissent sous les tropiques. Le botaniste doit dire ce qu’il a vu, maison ne sauroit garantir de semblables caractères. : SOROGÉA. 473 mais encore par le calice qui, peu à peu, contracte adhérence avec luiet ne reste libre qüe tout-à-fait au sommet. La semence est ovoïide et aplatie à la face. L’ombilic est placé un peu au-dessous du petit bout de la semence. Il existe deux tégu- mens propres membraneux. Îl n’y a point de périsperme. Quant à l'embryon qui doit nous occuper principalement, il n'offre à l'extérieur qu'une masse ovoide, aplatie à la face (r) et fendue longitudinalement du même côté : forme qui rappelle celle de certaines coquilles. Si, pour s’éclairer sur la structure de cette amande singulière , on la partage en deux dans sa longueur, on voit que toute la partie extérieure de la masse est formée par un cotylédon épais et très-grand, qui, à peu près semblable au scufellum de quelques grami- nées (2) , enveloppe entièrement le reste de l'embryon; et la fente est le léger espace que laissent entre eux les bords rap- prochés de ce cotylédon. Jusqu'ici nous avons encore toutes les apparences d’une monocotylédone. Cependant nous ne tar- derons pas à reconnoître que la radicule qui se trouve em- boitée dans la fente du cotylédon ou pour mieux dire entre ses bords, est parfaitement libre; et en même tenrps nous apercevrons sur le collet le point d'attache de ce mème coty- lédon qui se prolonge au-dessous du collet, comme cela a lieu dans plusieurs plantes. La partie de l'embryon supérieure à la radicule, et cachée comme elle entre la lèvre de la fente du cotylédon, nous avoit semblé d’abord n'être que la plu- mule d’une plante unilobée. Cependant nous y découvrons (1) La face de la semence est le côté qui regarde le placenta ou la portion du péricarpe qui en lient lieu. La face de l'embryon répond à celle de la semence. (2) V. l'excellent Mémoire de M. Richard sur cette famille. *% 6e 472 SOROCÉA. un /obule qui, quoique infiniment plus petit que le cotylé- don extérieur, nait au même point ét lui est opposé. Dès lors tous nos doutes s'évanouissent. Puisque chez les monocoty- lédones, la première feuille est toujours supérieure au coty- lédon, le lobule opposé dont je viens de parler, doit néces- sairement être un second cotylédon; nous n’hésitons donc plus à reconnoître notre plante pour une vraie dicotylédone, et par conséquent nous retrouvons encore ici l'accord ordi- naire des caractères de la semence et de ceux de la végéta- tion. Nous reconnoissons de plus que l'embryon est droit, que la radicule aboutit à l’ombilic et qu'elle est supérieure au fruit. L'on a pu voir par mes analyses du tropæolum et de l’api- cennta, combien de lumières on acquiert sur la structure des embryons anomales, lorsqu'on se donne la peine de suivre leurs développemens successifs. [ci-cet examen curieux ‘m'est pas non plus sans utilité, car il confirme entièrement ce qu'a déjà montré l'anatomie de l'embryon formé. Le grand cotylédon n’a pas toujours recouvert tout le reste de l'em- bryon ; la partie de ce cotylédon qui se prolonge au-dessous du point d'attache et emboîte la radicule, n’a pas toujours existé; elle ne s’est montrée qu’à la dernière époque de l’ac- croissement de l'embryon; et il est facile de sentir qu'avant qu'elle se formät, le grand cotylédon ne pouvoit avoir aucune ressemblance avec un scutellum. On reconnoissoit alors, dès le premier instant, que le grand cotylédon étoit opposé au petit; que par conséquent celui-c1 ne pouvoit être pris pour une plumule, et qu'ainsi l'embryon s’éloignoit peu des formes ordinaires. SorocéA. 473 Je dois regretter de ne point connoître les fleurs mâles de la plante qui nous occupe. Cependant il me semble que sa végétation et la siructure de ses fleurs femelles suffisent pour nous indiquer sà place dans l'ordre naturel. Une tige arbores- cente, des feuilles simples et alternes, des fleurs en grappe , une enveloppe florale libre et unique, un style divisé, un stigmate latéral, un ovaire uniloculaire et monosperme, un ovule suspendu (1), un fruit succulent composé du calice et du péricarpe, l'absence du périsperme (2), l'embryon droit, une radicule qui aboutit à l’ombilic, sont autant de carac- tères qui appartiennent à la famille des urticées, et c’est Ià que je crois devoir placer la plante qui fait l’objet de nos observations. . Comme elle ne se rapporte à aucun des genres qui me sont connus, j'en formerai un genre nouveau que je décris-de la manière suivante. Sorocea diclinis Masc..…. Fœrm.Calix ovatus, obscurè 5-dentätus , hinc apice fissus,carnosus. Cor. o. Stylus profundè 2-fidus divisurisintus stigmaticis. Ovarium liberum 1-loculare r-spermum.Ovulum parietale, suspensum. Bacca stylo persistente coronata ex pericarpio caliceque demum adhærente. Perispermum 0. Embryo pseudo-monocotyledo- neus, rectus, lobis inæqualibus,radiculà superâ umbilicum attingente (x) Chez les urticées la semence n’est pas constamment suspendue , quoiqu’elle ait été indiquée comine l’étant toujours. La différence du mode d’annexion coïncide dans les genres où je l’ai étudiée avec d’autres différences essentielles, et elle pourra probablement fonder deux sections tres-naturelles , qui auront l’ayantage de ne point déranger Îa série proposée par M. de Jussieu et si justement admirée. (2) On a dit que la graine des urticées renfermoit souvent un périsperme. Je n’en ai trouvé aucune trace dans les espèces que j’ai analysées, ce qui s'accorde avec les observations de M. de Jussieu. 474 -_ SorocÉA. Arbor; folia alterna simplicia ; ; fiores Joœm: racemosi. Botecudis soroco vernacule dicitur ; unde nomen. Je dirai, pour compléter l'histoire de cette plante, que son amande est d’un goût agréable, et recherché pour cette raison par les Botécudes des bords du Jiquitinhonha. Les Paulistes donnent au sorocéa le nom de cachim (x); ils cou- pent de petits morceaux de ses jeunes branches, séparent par ce moyen les fibres qui sont très-flexibles, et se forment ainsi des espèces de brosses dont ils se servent pour se net- toyer les dents. (1) Les Paulistes désignent plusieurs plantes sous le nom de cachim. 475 SUR UNE ANALOGIE REMARQUABLE Entre les eaux de quelques parties du golfe de la Californie et celles des lacs de Sodome et d'Ur- mia en Perse ; - PAR M. PROUST, Membre de l’Institut, Académie des Sciences. O: lit dans le journal du docteur Sédillot, la relation d’une maladie exanthematique qui attaque ordinairement les voya- geurs à leur retour de la Nouvelle Espagne par les eaux de ce golfe. Elle est de M. Ozanam de Lyon. Ce savant médecin fut à portée d’en suivre les tristes effets sur léquipage d’un vaisseau que le gouvernement avoit chargé d’aller reconnoître la côte occidentale du golfe. Les souffrances que cause cette affection paroissent affreuses; elle marche avec la plus effrayante rapidité, comme on peut en juger par le détail qu'il en donne : aussi M. Ozanam la qua- lifia-t-1l de formidable. Je regrette seulement qu'il nait point cité l’année d’une expédition où il se trouva, et qui d’ailleurs n’est pas la seule à sa connoissance, où les Espa- gnols ayent eu à déplorer un semblable malheur; il en parle en effet comme d’une chose ordinaire à ceux qui fréquentent cette mer : ce qui annonce que la maladie dont il est question seroit endémique, ou particulière à quelques plages des côtes intérieures de la Californie. 476 Eaux pu Gorre De mon côté je retrouve dans les souvenirs qui me restent d'ouvrages éspagnols, que ces reconnoissances si fanestes aux voyageurs, peuvent se rattacher à d’autres antérieures, qui ayant eu le même objet virent naître aussi des affections de peau fort analogues à celles dont parle M. le docteur Ozanam : essayons d’en retracer ici quelque chose. À peu près vers le milieu du siècle dernier, le père Ugarté, supérieur des missions de Californie, fut chargé, je ne me rappelle plus si ce fut par le gouvernement ou par sa com- pagaie, d'aller reconnoitre les côtes du golfe. Son petit équi- page se mit en mer : déjà depuis quelques jours on cabotoit assez heureusement, quand cinq de ses rameurs, auxquels il arriva de se mouiller, éprouvèrent bientôt après des déman- geaisons cuisantes d’abord, et si douloureuses à la fin, qu'ils furent forcés de s'arrêter pour ne plus s'occuper que de re- médier à l’excoriation qui en fut la suite. Le père Upgarté et ceux de ses compagnons que cette défection obligea de prendre part à la manœuvre n’en furent point exempts. Jusque là je n’avois fait aucune réflexion sur cet événe- ment, parce qu'il me sembla que le père Ugarté avoit bien pu se tromper sur la cause qu'il lui attribuoit, et il étoit naturel de le penser. Mais en voyant dans le même ouvrage (Histoire des missions de la Californie), une autre relation qui dit aussi que le même accident arriva aux gens d’une expédition antérieure, j'en ai conclu qu'il y avoit dans tout ceci une conformité, un ensemble de causes et d'effets frap- pans, d’abord entre les récits du docteur Ozanam et du père Ugarié, et ensuite entre les eaux de quelques points du golfe et celles des lacs Asphaltique et Urmia, dont une épreuve DE LA CALIFORNIE. - 477 toute récente autorise si bien aujourd'hui le rapprochement. Un numéro des annales des voyages rapporte en effet qu'un voyageur qui s’est baigné dans le lac Asphaltique, a payé sa hardiesse d’affections cutanées qui ne päroissent pas différer de celles qui'se présentèrent dans les reconnoissances entre- prises par les missionnaires. | J’aurois bien voulu donner aux dates et aux faits que j'emprunte de la relation du père Ugarté, toute la précision qui leur convenoit, mais cela m'est impossible puisque je n'en parle que de mémoire; mais quelque voyageur voudra bien, j'espère, y suppléer un jour, en cherchant à Madrid un ouvrage quil ne regrettera point d’avoir lu. Je dus la lecture de cet ouvrage à l'amitié du professeur Ortega, qui l’avoit dans sa bibliothèque; je pense bien aussi qu on ne sauroit manquer de le trouver dans les bibliothèques de cette capitale (r). C’est du même auteur que j'ai tiré ce que jai annoncé quelque part, sur l'abondance des récoltes de manne que la Californie pourroit fournir à l'Espagne. Revenons à la maladie en question. M. le docteur Ozanam la considère comme devant être un de ces effets qui sur- viennent si fréquemment à la suite de transpirations sup- primées par les vents glacés des côtes maritimes; ikn’est pas de mon fait, peut-être, de me permettre une opinion dif- férente de la sienne; cependant en partant des principes généraux sur cet objet, il me semble, que si telle étoit réel- lement la cause de ce formidable exantheme, on devroit le voir exercer ses rigueurs partout où règnent de pareilles (tr) Est-ce de Madrid ou de Paris que M. Proust veut parler? Mém. du Muséum.i 7. OI 478 Eaux ou Gorre DE LA CALIFORNIE. intempéries; on devroit le retrouver à Madrid par exemple, autant qu’en aucun lieu du monde. En effet, ces vents glacés qui descendent, au déclin du jour, de la chaîne neigeuse de Giadarrama sur la plaine où est située cette ville, cette redoutable brise qui, comme on dit à Madrid, {we un homme et ne tue pas une chandelle, n’auroit point manqué de s’y acclimater si je puis dire ainsi; tandis que ce n’est que sur les côtes intérieures de la Californie exclusivement que les voyageurs en sont attaqués : c’est là enfin que cet accident est endemique. Quoi qu'il en soit, voilà des choses que je crois dignes de toute l'attention des voyageurs qui auront occasion de par- courir ce golfe; d'abord approfondir l’origine d’une affection extrêmement redoutable, et qui ne peut dériver que de causes exclusivement appartenantes à cette localité; puis en- suite chercher d’où peut dépendre dans ces eaux une qualité éorrosive dont l’analogie est marquée par conséquent avec celles des lacs amers qui doivent leur salure principale à notre ancien muriate de magnésie. Sur l’existence vraisemblable du Mercure dans les eaux de l'Océan ; PAR M. PROUST, Membre de l’Institut, Académie des Sciences. po, Era Rouëlle remarquoit depuis long-temps qu'à chaque fois qu'il purifioit le sel gris des gabelles dans des . bassines d'argent, celles-ci.en sortoient parsemées çà et là de ces taches qui sont particulières au mercure. 20. Le même sel décomposé par l'acide sulfurique ne man- quoit point de lui offrir à la voûte des rétortes de petites quantités d’un sublimé qui étoit décidément mercuriel. 30. Le fait généralement connu de blanchir un sou-marqué en le tenant pendant quelque temps dans du sel gris, ajouté aux résultats qui précèdent, détermina Rouëlle à annoncer qu'il étoit hors de doute qu'il y avoit du mercure dans le sel marin. 4 4°. Parmiles provisions qui me vinrent de Paris en Espagne, pour monter le laboratoire du corps d'artillerie, il ÿ avoit une douzaine de bouteilles d'acide muriatique famant qu’on avoit préparé dans la fabrique de l’apothicaire Charlard : tous ces flacons contenoient du mercure. Je l’aperçus d’abord à une portion d’amalgame d’étain qui restoit toujours à la fin des dissolutions de ce métal par cet acide. Ensuite je m'en assurai plus directement en cherchant dans le résidu de mon acide Gr* 480 Sur L'EXISTENCE pu MERCURE rectifié selon la manière de ce temps-là; il s’y trouvoit avec l’oxide du fer. Hsufhisoit, par exemple, de verser dans ce résidu quelques gouttes de muriate d'étain oxide au minimum, pOur en précipiter le mercure enpoudre. Voilà donc le mercure existant incontestablement dans le sel gris des gabelles de France; voyons ceux d’ Espagne. 5o. En pense le gouvernement faisoit vendre du sel gemme üré des mines de Cardona et de la Minglarulla (voyez Bowles). La première fois que je fis purifier dans une bassine d'argent le sel qu'on débitoit à Madrid, j'y trouvai aussi les taches qui appeloient l'attention de Rouëlle. 60. L’acide muriatique de Paris étant venu à me manquer, j'eus recours à la fabrique d'acides minéraux de Cadahalso, située dans la Manche. Celui qu’on m'envoya avoit été extrait à l’aide de l'argile calcinée : il contenoit du fer, et à ma grande surprise, du mercure aussi. Alors je ne manquois point dans mes cours de faire remarquer l'accord singulier des sels de France et d’Espagne à cet égard. La présence du mercure dans le sel gemme que l'on tire du sein de la terre, n’a rien qui doive étonner; mais quand on le trouve aussi dans le sel fourni par l’évaporation des eaux de la mer, cela est plus diflicile à concevoir parce qu'il faut l'y supposer en dissolution. Il ne faut pas, je pense, un plus grand nombre de faits et mieux prouv és que ceux-là, pour établir conime une chose certaine qu'il y a du mercure dans l’eau des mers d'aujourd'hui, et qu'il en a existé pareil- lement aussi dans celles qui se sont évaporées oucondensées pour donner naissance aux mines de sel gemme. Tous les chimistes de lavant-dernier siècle parlèrent du mercure dans DANS LES EAUX DE L'OGÉAN. 48t le sel marin; des observations analogues à celles que je viens de réunir y avoient sans doute donné lieu, et Rouëlle en fit avant moi la remarque. Nous n'avons encore rien de démontré sur l’origine du sel gemme; cependant s'il venoit à se prouver dans la suite » que celui des principales mines connues contint aussi du mercure, il en résulteroit une nouvelle démonstration savoir que l’eau des mers a concouru à les produire. C’est en effet une conséquence que l’on a déjà dû tirer de la décou- verte de la potasse dans les eaux de l'Océan et dans le sel gemme. À Voici l'expérience que j'ai désiré de faire pendant loms- temps , mais l’occasion ne s'en est point présentée ; ce seroit d’attacher une plaque d’or de deux à trois pouces de surface, à un des points quelconque du vaisseau, et qui plongeît tou- jours sous l’eau. Une demi-once d’or laminé y suffiroit am- plement : il ne s’agiroit plus que de voir si elle ne reviendroit point amalganée au retour d'une longue course; mais le voyageur qui voudra bien réaliser cette expérience, ne devra pas perdre de vue, que si la plaque se perdoit, c’est qu’elle auroit bien pu se détacher d’elle-mème, attendu que rien n’est si fragile que l'or pénétré de mercure; quant à la dépense je la ferai avec plaisir, on pourra s'adresser à M. Lucas, agent de l'institut, qui en comptera sur-le-champ la valeur à à per- sonne qui ot se charger de faire cette expérience. TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES Contenus dans ée septième Volume. n : M. DESFONTAINES. Ossrrra TIONS sur le genre Copaifera; Description de deux nouvelles espèces qui lui appartiennent. 373 —3:8 M. GEOFFROY-SAINT-HILAIRE, Mémotre sur plusieurs déformations du Crâne de l'homme ; suyi d'un Essai de Classification des monstres acé- phales. \ é _ 85—162 De l'os carré des Oiseaux sous le rapport de sa composi- ton, des quatre élémens qui le constituent, et de l'existence de tous dans tous les animaux vertébrés, nommément dans l'homme. Extrait. 163—168 M VAUQUELIN. Expériences sur l’ Acide purpurique. 253—206 TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES, 183 2 Me PU ACT LA MR ETLLIÉES De quelques Appendices particuliers du Thorax de divers Tnsectes. I—21 Affinités des Trilobites. 22—32 M. DE CANDOLLE. Mémoire sur la famille des Crucifères. 169—252 M. J. CHABRIER. Essai sur le Vot des Insectes. Chap. IL et IL. 297—372 M. JULES CLOQUET. | Mémoire sur l'existence et la disposition des Voies la- crymales dans les Serpens. 62—84 M. DUTROCHET. Recherches sur l'accroissement et le reproduction des Végétaux. : 379—430 M. J. GAY. Monographie des cinq genres de Plantes que comprend la tribu des Lasiopétalées dans la farulle des Büttné- riacées. 431—/68 M. PROUST. Sur une analogie remarquable entre les eaux de quelques parties du golfe de la Californie et celles des lacs de . Sodorme et d'Urmia en Perse. 475—478 Sur l'existence vraisemblable du Mercure dans les eaux de ? Océan. | 479—A81 484 TABLE DES MÉMOIRES ET NOTICES. : M. AUGUSTE DE SAINT-HILAIRE. Observations sur l'inégalité des cotylédons dans le Soro- céa, genre nouveau de la famille des Urticées, et description de ce genre. 469—454 M. HERCULE EUG. STRAUS. Mémorre sur les Cypris, de la classe des Crustacés. 33—61 CE CEE PTS INDICATION DES PLANCHES DU Vile. VOLUME. Planche I. Anatomie du Cypris fusca. Pag. 60 IT. Organisation des votes lacrymales chez les Serpens. 83 IIL. Ærencéphale. 168 IV. Podencéphale et Notencéphale. ib. V. Os de l'occiput et du sphénoide à l'état nor- mal. ib. VI. Caractères des Crucifères, pl. 1. 248 VIT. Idem, pl. 2. 249 VIIL, IX, X, XI, XIL Anatomie du tronc _ alifère de la libellule. 372 XIIT. Copaifera Guyanensis. 373 XIV. Copaifera Langsdorfhi. ib. XV. Physiologie végétale. 379 XVI. Seringia platyphylla. 464 XVIL Organes de la fructification du Seringia platyphylla. ib. XVII. Lasiopetalum ferrugineum. 465 XIX. Lasiopetalum parviflorum. 466 XX. Guichenotia ledifolia. ID: XXI. Thomasia solanacea et T. purpurea. 467 XXIT. Thomasia foliosa. ib. XXIIL. Keraudrenia hermanniæfolia.… 468 Nora. L’explication des planches XIII et XIV ayant été oubliée, nous lajjoignonsici. EXPLICATION DE LA PLANCHE XII. (Copaifera Guyanensis.) F1G. 1. Boutons de fleurs. Fic. 2. Une fleur épanouie. Fic. 3: Une étamine. F1G. 4. Un ovaire coupé transversalement. FiG. 5. Une moitié d’ovaire, partagé verticalement , où l’on voit le style, les deux ovules et une étamine insérée sous le pistil. EXPLICATION DE LA PLANCHE XIV. (Copaifera Langsdorffii.) Eic. 1. Deux boutons de fleurs. Fic. 2. Une fleur épanouie: Fic. 3. Une étamine non développée. à Fic. 4. Deux étamines , vues l’une antérieurement, l’autre par sa face postérieure. Fic. 5. Un ovaire peu développé , partagé verticalement. Fic. 6. Un autre ovaire plus avancé, partagé verticalement, où l’on voit le style, les deux ovules et une étamine insérée sous le pistil. Mém. du Muséum. ?. 7. 62 PP d TABLE ALPHABÉTIQUE DES ARTICLES Contenus dans ce sepuème Volume. ; A.