LA NATURE REVUE DES SCIENCES ET DE LEURS APPLICATIONS AUX ARTS ET A L'INDUSTRIE LA NATURE REVUE DES SCIENCES ET. DE LEURS APPLICATIONS AUX ARTS ET A L'INDUSTRIE JOURNAL HEBDOMADAIRE ILLUSTRÉ AISONKEMENTS Pari?. T.'n ;ni ... - . 20 » i Du'AEnT.irENTs. Un au T.ï >, — Sîv iiioi« '■ 10 » ! — Siv mois . \i ;iO Llrangcr : lo port en sus, Lns ahorimtrii'iLis [l'AIsrici'.-l.ofrLime. iOnL reçu*, m pris de ^.'i lr prix du numéro : 50 centime a IvrPRIMFmR sIMfiV IlAr.ON El CO VIP-ir.VTK. rifl! Il'lJRFLHTH 1- k° fey ZT "t*"-™ til;iiiiil|K|ii P 11 E FA G E L'accueil depuis longtemps réservé aux livres sérieux, qui tiennent le public au cou- rant du progrès, témoigne de l'intérêt réel que l'on porte actuellement à l'œuvre de la science. La plupart des journaux politiques donnent chaque semaine le compte rendu des séances de l'Académie, et s'attachent un rédacteur scientifique. La science est, partout ; elle apparaît à tous les instants, on la voit môme pénétrer dans le roman, tant elle se généralise. Malgré l'avidité de connaître, qui est le caractère de notre époque, malgré le nombre sans cesse croissant des publications spéciales, il nous a semblé qu'il manquait parmi nous un recueil analogue à quelques-uns de ceux qui prospèrent depuis longtemps en Angle- terre, en Allemagne, aux Elats-Lnis. On peut compter en France des journaux scienti- fiques, nombreux et remarquables, qui ne le cèdent on rien aux publications étrangères du même genre, mais ils ne s'adressent, pour la plupart, qu'à une certaine classe de lec- teurs. Un chimiste lira le Bulletin de lu Société chimique, un naturaliste les Annales des sciences naturelles, un ingénieur, les Annales des mines, etc. Les Comptes rendus de l'Académie des sciences ne sont destinés qu'au monde savant. A côté de ces graves recueils et des autres excellentes publications qui existent actuellement, nous avons pensé qu'il y avait une place importante à prendre pour* une revue d'actualité scientifique, où des écrivains spéciaux traiteraient les différents sujets, avec le concours de dessinateurs. Il est difficile, en effet, de se passer de l'illustration dans une œuvre de ce genre ; la desCrip* lion d'un insecte, d'un coquillage, d'une plante, est toujours pâle et sans vie< si le crayon qui parle aux yeux n'accompagne le texte qui parle à l'esprit. Gomment expliquer le mé* vi PREFACE. canisme d'un appareil de physique et l'aire comprendre les rouages d'une machine à vapeur sans la gravure qui reproduit cet appareil et celle machine'? Le professeur de science n'a- t-il pas toujours sous la main le tableau noir, où il complète son enseignement par des traces à la craie? La gravure sur bois, le diagramme, sont à l'écrivain ce que le tableau noir est au professeur. Si l'on voulait se borner à faciliter l'intelligence du texte, il suffirait de simples figures, analogues à celles que publient les livres techniques. Nous avons pensé que le public ne se plaindrait pas d'avoir plus encore, qu'il ne reprocherait pas aux gravures d'une revue, toute scientifique qu'elle soit, d'être exécutées avec un grand soin. Un beau paysage géologique, un tableau représentant la reconstitution d'espèces fossiles, la coupe d'un lleuve où nagent les poissons qu'on étudie, ne charment-ils pas l'œil bien plus que des tracés froids et sévères ? Quel inconvénient y aurait-il à embellir une ligure de science? pourquoi ne serait-elle pas une œuvre d'art si elle ne cesse d'être exacte et sérieuse? pourquoi craindrait-on même parfois d'animer les scènes, de représ.uiter une machine en action, sans s'arrêter de parti pris devant les limites du pittoresque'? pourquoi le journal scientifique serait-il condamné à être aride, sec et souvent ennuyeux? ne gagnerait-il pas, au contraire, à prendre l'aspect d'un livre attrayant, agréable, afin d'attirer les lecteurs et d'augmenter le nombre de ceux qui aiment l'étude ? C'est dans cet esprit que nous avons conçu le plan de la Nalure , et que nous nous som- mes adressés à des savants depuis longtemps connus et aimés du publie, pour nous aider à le mettre à exécution. Nous sommes heureux d'avoir pu grouper autour de nous quelques écrivains éminents, qui ont bien voulu devenir nos collaborateurs, mais que pour la plupart nous n'avons cessé de considérer comme nos maîtres. Une œuvre comme celle que nous avions en vue ne pouvait se réaliser qu'avec un tel concours; nous avons voulu, en effet, fuir l'écueil de l'erreur et de l'inexactitude, où se brise inévitablement celui qui traite seul les questions multiples qui se rattachent, aux différentes branches delà science. Il n'est pas de savant universel, aujourd'hui surtout où le domaine de la science est si étendu. Un astronome ne peut pas bien parler chimie, pas plus qu'un chimiste ne saurait traiter sûrement les questions astronomiques. Cela est peut-être encore plus vrai, quand il s'agit d'écrire pour touL le monde, et quand il faut exposer d'une façon claire des questions complexes et difficiles. Nous avons cherché dans ce recueil à mettre le lecteur en mesure de suivre les travaux de la France et de l'éiranger en 1873. Nous vivons malheureusement souvent dans l'igno- rance complète de ce qui se passe au delà de nos frontières; aussi avons-nous pensé qu'il y PREFACE. aurait un grand intérêt, à les franchir pour jeter les yeux sur les principaux événements scientifiques dont les nations civilisées sont le théâtre. Une de nos préoccupations constantes a été de bannir de notre œuvre, les questions de rivalités et de polémiques, évitant de froisser toute susceptibilité, mais avec la ferme vo- lonté de ne rien sacrifier à la vérité. Le domaine delà science n'est pas un champ de combat, il devrait se présenter, au contraire, comme le plus sûr terrain de la conciliation. 11 ne manquerait pas de l'être toujours, si tous ceux qui s'y réunissent abandonnaient à l'avance les rancunes et les préjugés des partis, pour ne songer qu'au travail et aux progrès qui en dérivent. Un grand nombre de savants français professent une regrettable indifférence pour les ouvrages de science vulgarisée; ils les traitent volontiers d'inutiles ou de futiles, Nous croyons qu'un tel jugement n'est pas justifié. Nous ferons remarquer que les savants les plus illustres des nations voisines ne croient pas s'abaisser en se faisant comprendre de tous, en descendant au niveau commun, pour faire goûter aux esprits les moins pré- parés les bienfaits de la vérité scientifique. Faraday a écrit V Histoire d'une chandelle, où il semble prendre plaisir à se faire entendre de ceux qui possèdent à peine les plus élémentaires notions de la chimie et de la physique. Le professeur Tyndall sait rendre la science amusante-, il ne néglige rien pour transformer une conférence en un spectacle, et faire d'un traité de physique ou do géologie un livre offrant les séductions d'un roman. Il y a là un but philosophique très-élevé, que cherchent à atteindre nos voi- sins d'Angleterre ; ils comprennent que la grandeur d'une nation dépend du nombre d'esprits cultivés qu'elle peut compter; ils n'ignorent pas que répandre les lumières cl dissiper les ténèbres, c'est non-seulement travailler pour la science, mais c'est contribuer directement au bien du pays. Aussi ne négligent-ils rien pour accroître le nombre des travailleurs et pour attirer sans cesse de nouveaux adeptes dans le grand temple de la Vérité. Puissions-nous, en France, suivre ce mouvement salutaire, et nous efforcer de faire comprendre à tous que le sol de l'investigation scientifique, loin d'être aride et froid, est au contraire fertile, hospitalier, — véritable terre promise, toujours accessible à l'esprit laborieux ! Plutarque nous rapporte quelque part, dans ses écrits, que l'astronome grec Eudoxus, lassé de chercher en vain dans le ciel les mystères de la constitution des astres, se pro- sterne devant les dieux de l'Olympe et les supplie de lui laisser voir de près le soleil, quand bien même il devrait payer de sa vie la contemplation de la vérité. Le grand historien semble déguiser ainsi, sous une forme allégorique, la passion dominante de l'humanité, vin PRKFACE. celle qui l'anime sans cesse dans l'élude, du l'univers, et que l'on pourrait appeler la grande curiosité des effets et des causes. La science est née do cette curiosité sublime qui a déjà produit les plus merveilleux résultats; elle est la conséquence directe du culte de la nature. C'est pour rendre hommage à ce besoin de l'esprit que nous avons choisi le titre de ce recueil. Quoi qu'on nous ait objecté, il embrasse la science toui, entière, avec ses nombreuses applications. L'industrie y est comprise comme la science pure, car l'œuvre humaine fait partie de celle de In nature. L'homme est une force qui prend part h l'éternelle évolution de la matière. Quand il creuse les montagnes, quand il aplanit le sol, qu'il arrache les arbres des forêts, qu'il couvre la terre de moissons, qu'il combat partout pour vivre, il accom- plit le rôle qui lui a éLé dévolu sur la terre et qu'il est appelé à jouer sur le théâtre du monde! Gaston Tissanwïïr. ANNÉE. iV 1 7 JL'IN 18 7,1. LA NATURE REVUE DES SCIENCES ET DE LEURS APPLICATIONS AUX ARTS ET A L'INDUSTRIE L'ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR EM I-T.A5CE. Les révélations qui ont été faites à Ja Sorbonne, il y ii environ un mois, eu présence des délégués des Sociétés savantes, sont bien dû nature à exciter l'attention de tous ceux que préoccupent les in- térêts du pays. Il résulte avec une cruelle évidence, de l'éloquent exposé de M. Jules Simon, alors mi- nistre de l'instruction publique, que la France, assez riche, disait-on jadis, pour payer sa gloire, assez opulente aujourd'hui pour payer ses défaites, est trop pauvre pour assurer à l'instruction publique un budget vraiment digne d'une nation civilisée. 11 ressort nettement du discours énergique de l'hono- rable orateur, que l'Étal ne dépense pas plus de 80,000 francs par an, pour l'entretien de la Faculté des lettres, du la Faculté des sciences, des Écoles de médecine et de droit. 86,000 francs, pour former des écrivains, des savants, des médecins, des légis- lateurs, pour préparer la génération sur laquelle le pays fonde son avenir ! On ne saurait trop méditer ce chiffre navrant, pour eu rougir. Il est manifeste que les sciences sont actuelle- ment dépourvues des ressources les plus nécessaires à leur développement; el cela, au moment où tout le monde comprend, qu'une renaissance n'est possi- ble que par les bienfaits de l'instruction et de la science. « La résurrection commencera seulement le jour où l'on pourra complètement et facilement tra- vailler, c'est-à-dire êLre un savant tout à son aise'. » Malgré l'évidence d'une telle affirmation, il nous a paru curieux do chercher dans le passé; des ensei- gnements propres à la mettre encore en relief. Nous avons été conduit ainsi à étudier la voie du salut, qui a été tracée et suivie en Prusse après ses désas- tres de 1800. 11 y a aujourd'hui soixante-cinq ans, la Vrussc 1 M. Jules Simon, Journal officiel, 23 avril 1813. venait de signer la paix de Tilsilt. Après léna, la patrie du grand Frédéric cède au vainqueur la moitié de ses provinces, elle se sépare d'une population de cinq millions d'âmes ; son ancienne prépondérance s'évanouit ; l'heure de l'anéantissement semble im- minente. A ce moment, un grand patriote, Guil- laume de Uuinboldt, le frère de l'illustre auteur du Cosmos, prend la plume, et dans un écrit mémo- rable 1 , il s'efforce do ranimer chez ses concitoyens l'espoir dans l'avenir. Il récapitule d'abord en un magnifique langage la marche des événements qui se sont succédé, depuis la rupture du traité de \ieime jusqu'à l'heure des défaites. Quoique ce ta- bleau, tracé eu traits lumineux, abonde en pages du plus haut intérêt, nous devons le passer sous silence et arriver à ce que l'auteur appelle lui-même la voie du salut. (( Prussiens, s'écrie Humboldt, après léna, ne désespérez pas de la patrie !... Faites-vous les vertus de votre condition... Ce qui vous convient désormais, c'est la patience, le travail, l'économie. Aimez-vous, la bienveillance console! Que le malheur ait rappro- ché tous les cœurs et confondu toutes les classes!... Les révolutions parcourent la face du globe, chaque peuple a ses époques de grandeur et d'abaissement; peut-être si nous savons préparer la fortune de nos enfants, les destinées de la Prusse se relèveront quelque jour. » Ainsi parle Guillaume de Iluniboblt en 1808. A côté du lui, à la même époque, un esprit remarquable, Fichte, philosophe distingué en même temps que tribun populaire, fait à Berlin une véritable croisade en faveur de l'enseignement. Avec l'éloquence que sait inspirer la conviction, il expose dans quatorze conférences consécutives le moyen de relever la na- tion ; il développe avec énergie les vertus de ce grand remède qu'il préconise : l'instruction. « L'in- struction seule, s'écrie Fichte, dans un de ses Dis- 1 Matériaux pour servir à l'histoire des années 1S0G, 1S07 et 180S. Brochure ammyiin. 1 . duc à Gniltiiimo. Je lin 'iiLultU : elle obtint, à son apparition, nu sucajs extraordinaire. LA NATL'KIi. cours sur la régénération de l'Allemagne, peut nous \ sauver de tons les maux qui nous écrasent ! » Guillaume de Uumholtlt et Fielite sont entendus. Selon leurs conseils, la régénération s'opère par l'in- struction. On a vu les prodiges accomplis de l'autre côté du Rhin par soixante ans de culture scientifique et de travail : la Prusse, abattue de 1808, a cédé !a place à la nation écrasante et, victorieuse de 1 S 7 1 . Le lecteur a compris le rapprochement que nous avons voulu établir : la. plus simple logique ne fait-elle pas ressortir l'absolue nécessité de relever en Fiance l'enseignement seienlilique et de favoriser, iut prix des plus grands piloris le développement de l'instruction publique? La situation est difficile, le temps presse, il est indispensable que les réfor- mes signalées à l'Assemblée des sociétés savantes s'accomplissent dans un avenir très-prochain. Déjà l'impulsion est donnée : il faut que le mouvement se continue. Trois nouvelles chaires de mécanique ont été créées récemment à .Marseille, à Lille et à Poitiers; des laboratoires de clinique, pour les élu- des d'bistologie et d'analyse pathologique, ont été fondés à Montpellier et à Paris, où s'organise encore à l'École de médecine, nu nouveau laboratoire de chimie biologique qui sera dirigé par ?J. A\ urU. Le Muséum d'histoire naturelle va être complète- ment transformé. Déjà de magnifiques laboratoires ont été. ouverts à M. Frémy, à M. Decaisne, à M. lirongiiiart; déjà l'erpétologie est installée dans un nouveau monument où les reptiles ne seront plus emprisonnés dans des cages étroites ci malsai- nes ; les collections du Muséum, qui constituent certainement une de nos gloires scientifiques, ne larderont, pas, enfin, à trouver place dans des gale- ries spacieuses où pourront s'étaler leurs innombra- bles richesses. La Faculté de sciences de Paris sera transportée, dans les terrains annexes du Luxembourg, où l'on construira nu édifice digne de sa destination. L'anti- que Soi'bouue n'abritera plus que la Faculté des let- tres et la Faculté de théologie. Pour mettre à exécution ces projets, l'argent est indispensable, s'il est le, nerf de la guerre, il est aussi celui de la science; de semblables progrès ne. se réaliseront pas, on le conçoit, aven les 8(1,000 francs dont, nous avons parlé, tout à l'heure. Mais M. Jules Simon a fait entendre aux délégués des sociétés savantes que, cette année même, le budget de l'instruction s'élèverait probablement à In somme de huit millions de francs, dont la moitié serait four- nie [iar le Conseil municipal de, Paris et l'autre moitié par l'iitat. Les événements politiques actuels trou- bleront-ils d'aussi belles espérances? Puissent tous ceux qui ont le pouvoir de hâter celte décision comprendre que l'avenir du pays est eu jeu! Puis- sent-ils se rappeler que la prospérité d'une nation nu dépend pas seulement des trésors qu'on y amasse, des palais qu'on y construit et des remparts dont on la défend. Son véritable bien, sa réelle force, c'est qu'on y compte des citoyens instruits, cultivés, et qu'on y voie surgir des intelligences d'élite, qui en font la grandeur. IJu'ils n'hésitent pas à puiser dans les caisses du trésor les quelques millions qui doi- vent relever l'enseignement supérieur en France, <_; plus tard on dira d'eux, comme les Allemands peu vent le dire de Guillaume de Humboldt et de Ficlite ■ Ils ont ouvert au pays la voie du salut. GàSÏOX T ISSANDlEr, LE CIEL AU MOIS DE JUIN 1873 Le mois de juin est, en nos climats de la zone tempérée boréale, peu favorable aux observations as- tronomiques nocturnes, en ce sens que les nuits v sont.de bien courte durée ; les longs crépuscules du matin et du soir les raccourcissent encore, et c'est à peine, à l'époque du solstice, si l'on peut compter sur deux heures et demie à trois heures de nuit com- plète, j'entends d obscurité, .lin outre, du premier au dernier quartier de la lune, c'est-à-dire du 5 au 1" juin, la lumière lunaire viendra encore par son éclat gêner les observations. En revanche, la douceur de la température (itéra ce qu'il y a de pénible dans les observations faites la nuit en plein air. C'est la saison qui convient le mieux aux amateurs d'astronomie qui, n'étant point astreints au service régulier des observatoires, veulent, néan- moins soit étudier les phénomènes connus, soit se livrer à des recherches nouvelles. Pour leur faciliter cette étude, nous donnerons, chaque mois, un court bulletin des phénomènes; permanents ou périodiques dont la science peut prévoir avec certitude le retour. Ce (pie nous appelons ici les phénomènes perma- nents, ce sont ceux qui ont leur siège dans la voûte céleste sidérale, et pour objets les étoiles proprement dites, les amas stellaircs, les nébuleuses, la Voie lac- tée. Les phénomènes périodiques sonf, les mouve- ments des planètes, de la lune et du soleil, ceux des comètes, les flux d'étoiles filantes, puis les éclipses, les occultations. lin juin, outre la zone circumpolaire boréale dont nous ne dirons rien, parce qu'elle reste toute l'an- née, en permanence, visible pendant la nuit, la por- tion du ciel principalement eu vue du côté de l'hori- zon méridional est riche en matériaux d'observations : c'est d'abord la Yoie lactée qui étale ses plus spleu- dides branches du Cygne au .Scorpion eu passant pur l'Aigle et le Sagittaire, entre Alpha du Cygne, Wéga de la Lyre, Alaïr de l'Aigle et. Antarcs ; Hercule, la Couronne boréale, le Bouvier avec la brillante Arctu- rus se voient à l'occident de la grande nébulosité dont les branches traversent le ciel en diagonale. Ci- Ions seulement deux nébuleuses intéressantes, l'an- nulaire de la Lyre et l'amas si brillant de la constel- lation d'Hercule. Puisque la Couronne boréale est eu vue, nous engageons les personnes qui possèdent des LA NAÏlJiU'], lunettes assez puissantes pour bien distinguer les étoiles île neuvième grandeur et au-dessous, à les braquer de temps à autre sur l'étoile qui a subite- ment attiré l'attention sur elle en mai ISoOpar sou accroissement d'é- elat. Il serait, inté- ressant de savoir si elle offre des varia- tions périodiques, ou si e'est une va- riable irrégulière ou temporaire. Arrivons aux as- tres du système- so- laire. Parmi les pla- nètes , quatre seu- lement, parmi les sept principales , seront observables. Mercure, voisine de sa conjonction su- périeure qui a lieu le S juin, se lève trop peu avant le Soleil dans la semaine précédente pour être visible. Vénus sera visible le matin avant le lever du Soleil, dont elle s'éloigne du plus en plus : son éclat ou la blancheur pla> ni; m a b s . Aspect fit lâches : Ï J le: 11 juin, ; % i minui m:it ( > c nwîdij — :::■•;. ■■■ .■ ■■. ■ : - ■■■■ : .-. ■■■■■■■ ■:..■ ■ ■■■■■■, -.-.■ . :.■- : -■. . '■ :»'S5 ,V'-Sf "■■■■ :■.■:■. ■: . : r" ';^j :'.-'.v'v-;. i',-:.; t^v;^:' :.-■'■■"■ : :„^j : ï.'; mm- ?.0^ÏU^:ï:^:M^: : ^^£^ï?: VllNCS ET JUMTSIL LV Jï:iN 1873. ilOLivfime.nt* de tes plimi-lfis il:ins 1ns CLinsttjlkilions : l ih du U l- 1 i i^ r tt <■» EXAMEN MICROSCOPIQUE DU LIMON pfil'OSÉ PEKDAHT LES CHUES DE LA SEINE. Les eaux d'un fleuve qui éprouve une forte crue, entraînent avec elles une quantité de matières de toute nature; ce sont principalement des particules extrêmement ténues, détachées par érosion des rives LA NATUKË. 11 et des terres submergées. En soumettant au micro- scope des échantillons de limon récolté aussitôt après Je retrait des eaux, dans les endroits éloignés du cou- rant où le dépôt s'est fait lentement, on constate au premier abord une infinité de matières amorphes, qui ne sont autres que des atomes terreux tenus en sus- pension dans le liquide. Ce résidu lavé et bouilli dans de l'eau acidulée finit par être débarrassé de vase, et laisse au fond de la capsule quelques cristaux infi- niment petits de quart/!, assez légers pour avoir été apportés par les eaux. Si ou procède autrement, en effleurant la pellicule superficielle du dépôt avee la lamelle de verre ou porte-objet, on recueille une foule de sporules vrrdà- tres, mélangés de diatomées et de ooidérves. Tous les corpuscules que l'on rencontre dans un atome de vase sont autant de germes reproducteurs, qui, laissés dans le limon du aux crues d'hiver, donne- ront naissance pendant l'été aux fungoïdes ou végé- taux eryptogamiques de toute espèce, sur les croûte? desséchées des lias-fonds. Enlevons un fragment de cette croûte pour le pla- cer au fond d'un vase rempli d'eau; il eu sortira au bout de quelque temps une forêt submergée en mi- niature, pendant que. lu surface se couvrira, d'une pellicule. Examinées au microscope, les matières or- ganiques qui la composent sont identiques à celles que nous trouvons sur la croûte. On découvre aussi dans le dépôt limoneux beau- coup de substances communes, telles que des frag- ments do végétaux, des particules de détritus, mais jamais d'iul'usoircs ; l'eau calme est nécessaire à leur existence ; ils recherchent les fossés d'eau stagnante, abrités du veut et garnis d'herbes, oîi ils puissent se réfugier. LES EXPÉDITIONS ALLEMANDES F.ï LA COXQL'ÊTF, DU POLE KOHI). Eu 1 S(>5, la Société géographique de Londres vou- lut prouver qu'elle ne renonçait pas à ses glorieuses traditions. On y agita sérieusement la question de. reprendre les travaux fatalement interrompus par la mort du capitaine Franklin, et de suivre les traces de son expédition dans l'Archipel polaire, situé au nord-ouest de la mer de Bafiin. Le géographe Pèler- in an, éditeur des MitheiLungen, se prononça contre le choix de cette voie. Son opinion, à laquelle les géographes anglais attribuaient malheureusement nu grand poids, suffit pour paralyser les efforts des hommes intelligents qui voulaient tenter un grand eli'orl, et d'intrépides marins qui s'offraient pour s'exposer volontairement à des dangers de tout genre. Les scrupules que le Strabon de Gotha est parvenu â faire naître n'ont point encore disparu, et tous les efforts des sociétés savantes d'Angleterre ne peuvent arracher au gouvernement du M.Gladstone la pro- messe d'un subside en urgent et en navires. Malheu- reusement pour la science universelle, la Grande- Bretagne est administrée par des hommes économes de ses trésors et qui ne sont prodigues que de sa gloire! Mais les Américains llayes et Kanc avaient fait de trop belles découvertes au nord-ouest du Groenland pour que les sophismes germaniques aient pu faire perdre de vue cette direction si féconde, en triomphes. Aussi, dès le mois de juin 1 871 , le généreux Griuuel remettait au capitaine Hall le drapeau qui a servi à llaves, et le liornlk partait de New-York pour la glorieuse croisière dont l'issue préoccupe aujourd'hui tous les amis de ta conquête du pôle. Après avoir réussi à paralyser l'effort des entreprises britanniques, le docteur Petcrman se. préoccupa du soin (S'organiser au profit de sa nation et de sa gloire personnelle une expédition dont il prendrait la di- rection exclusive. Enflammé par le succès facile qu'il obtint en s'appropriaut une idée conçue et pratiquée par l'intrépide baleinier anglais Sooresby, le directeur I des Mitlœihmrjcn ouvrit une souscription nationale , pour atteindre la fameuse Mer libre du pôle, en pas- sant par la mer qui sépare le Spitzberg du Groenland, et en suivant les côtes orientales de ce continent glacé. Il y a quelques années, nous étions presque seul à mettre en doute l'existence d'un océan Arctique que personne n'a vu, mais dont les calculs du baron Plana annonçaient l'existence d'une façon considérée comme infaillible. Depuis Sors, les doutes sont ve- rnis, et l'existence de la Mer libre du pôle n'a plus autant d'adhérents, même en Allemagne, où la re- nommée du docteur Petcrman entretient le zèle scientifique en sa faveur 1 . Vous nous trompons fort si le résultat des expéditions, actuellement bloquées par les glaces, n'aboutit point à un Sedan scientifi- que, dont la victime serait un savant allemand. C'est peut-être la première fois qu'un géographe a conçu l'idée de guider du fond de sou cabinet des ex- plorateurschargés d'une tâche si ardue, si périlleuse, d'est aussi la première fois que des navigateurs ont consenti à suivre servilement les ordres donnés par \\a savant podagre qui ne quittait point le coin de son feu. Le résultat de ces efforts burlesques n'a point été de nature à justifier cette manière de procéder, si contraire à tontes les règles de la logique. Les Allemands ont éprouvé deux échecs successifs, qu'ils ne parviendront point à transformer en victoi- res, quelle que soit la complaisance de leurs panégy- ristes de profession, dont malheureusement un cer- * L'étude de la planète Mars semble fuuniir un argument qui serait sans Téplique centre tes calculs rie M. Plana, En ellel, l'existence de la Jter litre s'appuie sur itcs- considérations lliLTtimjues, basées suc rulieijuité de notre axe de Totnlion. La piUnète Mars olire une disposition analogue sans (juc 1» Catulle de ^liicfi qui recmrvre le voisinage du pèle se trouve inlc.iom- pue d'une manière visible. Ce serait probablement le contraire si le climat s'adoucissait dans le voisinage «lu pute de nuLre terre, cenime le prétend le géomètre italien. 15 LA MI Uni;, tain nombre occupent uni 1 place dans le journalisme scientifique français. Deux expéditions, commandées par le capitaine Knlderney, qui ont quitté successivement le port, de Brème, en 1808 et en 1809, ont donné l'une et l'autre la mesure de l'incapacité des marins alle- mands. Pour dissimuler l'insuccès de la première tentative, on a prétendu qu'elle n'était qu'une simple recon- naissance destinée à préparer les voies à la vraie expé- dition. Cette dernière était richement pourvue de provisions de toute espèce et d'instruments de toute sorte. Son personnel scientifique comprenait M. Payer, de l'état-mnjnr autrichien, lieutenant, chargé de la géologie, M. Borgen, professeur de physique, M. ("opekmd, astronome, \\. le docteur Paulsch, etc., embarqués à bord de ta Germania. La llanna, qui partit un peu plus tard, portait un renfort do vivres, de charbon et de savants. 11 y avait, à bord de ce navire un zoologiste et un botaniste. Mais l'équipage manquait de cette agilité, de celte promp- titude , l'ullr; du Hiviloiéi'u. A. radicelles maludes avec' lujiktsjtcs. Au fur et à mesure qu'on se rapproche do centre d'invasion du vignoble, c'est-à-dire des pieds les plus anciennement atteints et complètement dé- Iruits depuis un temps plus ou moins long, Jes ra- cines se montrent dans un état d'alléra'ion de plus en plus avancé, et présentant tous les degrés jusqu'à la pourriture complète. Ces mêmes racines sont, en outre, de moins en moins riches en phylloxéras, car ces parasites ne restent jamais sur les parties qui menacent de se décomposer; ils quittent les points épuisés pour se transporter sur des racines saines, seules capables de leur fournir eu abondance l'ali- ment dont ils sont avides : de sorte que la marche de la maladie est la marche même du phylloxéra. III La part du phylloxéra dans la nouvelle maladie de la vigne, a été l'objet des mêmes discussions que celle îles scolytes, dans la destruction des arbres fruitiers et des arbres forestiers. La présence- du phylloxéra est-elle en effet la en use première de la destruction de nos vignobles, ou u'est- elle pas plutôt nu simple phénomène consécutif, une cause d'aggravation d'un état pathologique an- térieur, provoqué par les intempéries ou le mauvais état du sol? Plusieurs auteurs se' refusent à admettre que le phylloxéra puisse s'attaquer à des vignes qui ne soient pas déjà affaiblies. L'épuisement du sol est considéré par eux comme une des circonstances qui prédisposent le plus les ceps à l'attaque du para- site. Les conditions d'existence des végétaux cultivés sont, disrnt-ils, très-éloignées de l'état normal, et la terre se fatigue à la longue d'alimenter constam- ment la même plante. Jamais, dans la nature, une espèce n'occupe indéfiniment, et à elle seule, des es- paces considérables; les types les plus divers vivent pêle-mêle sur le même sol. Il y aurait doue avantagea user île pbmtalions intercalaires, ainsi qu'on lofait, d'ailleurs, depuis longtemps dans les potagers, et à entremêler aux vignes des plantes herbacées. Le four- rage indemniserait de la diminution que la vendange subirait par suite de la réduction de l'espace- occupé par les ceps; de plus, ce lapis d'herbes annuelles ou bisannuelles, pourrait être enfoui en vert, pour res- tituer au sol sous forme de principes plus directe- ment assimilables, les matériaux do diverse nature (ju'elles' lui auraient empruntés. Les vignes, ainsi ravitaillées, referaient peu à peu leur constitution et deviendraient aptes à mieux réagir contre les di- verses causes de destruction et, en particulier, con- tre les attaques des parasites. Mais ou peut objecter que la multiplication si ef- froyablement rapide des phylloxéras défie les meil- leures constitutions, et qu'on a vu maintes fois les vignes les plus robustes vaincues par les hordes de pucerons qui s'étaient abattues sur elles, attirées qu'elles étaient par l'abondance de la sève. En ouLre, ces redoutables parasites tuent aussi bien Jes ceps plantés dans les terres vierges, que ceux qui occupent, des sols depuis longtemps viticoles. Enlin, les deux pays classiques, sous le rapport de la culture de la vigne, l'Espagne, et l'Italie, où les plantations sont nourries par le même sol depuis un temps presque immémorial, ont la bonne for- tune d'ignorer le phylloxéra. La culture intensive, forcée, obligeant la vigne adonner chaque aimée le maximum de récbltit, selon d'autres auteurs, altérer la vitalité des ceps et les conduire à un état anémique, qui les désarme contre toute circonstance défavorable : pour peu que les parasites abordent ces vignes surmenées, l'affai- blissement atteint bientôt ses dernières limites, et le phylloxéra achève l'œuvre commencée par la trop grande exigence du viticulteur. Les mutilations fréquentes auxquelles la vigne est soumise, l'excès du développement de son arbo- rescence, l'abus des bouturages, les marcottages indéfinis, l'usage constant de la taille courte et de rébourgeuimemeiUsont pour les mêmes observateurs autant de circonstances capables de provoquer l'état de dégénérescence favorable à l'installation de la nouvelle maladie. Mais l'observation a démontré que '20 LA INATUHJ les vignes mal cultivées ou abandonnées à clles- Jièmos, ne sont pas plus que les autres exemptes des cavales du phylloxéra. Pour M. de Guspaiiu, la maladie régnanle n'est qu'un effet accidentel dû h la grande gelûe de 18G7, qui, en provoquant des erubniras dans le. cours de lu sève, a préparé les plants à l'attaque du puceron ; mais les vignes sur lesquelles cette gelée n'a pas agi d'une manière sensible, n'ont pas été plus préser- vées. Pour ce rpii est de l'influence, de. la sécheresse anomale qui a persisté pendant plusieurs années, il sulfit de rappeler que le mal ne s'est pus déclaré partout, où elle a régné, et en outre que les vignes les moins malades ne reprennent pas par le refour de l'humidité si le phylloxéra v est déjà installé. 1, 'influence do lu nature du sol et du climat, invo- quée ù l'époque, où le lléau no désolait encore que les localités voisines du has ïlhinie, a perdu beaucoup do sa certitude depuis qu'il a étendu ses ravages ù des grandes distances de sou point de départ sur les terrains 1rs plus divers et à la ibis sous le climat mé- diterranéen de lu Provence et sous le climat océanique de lu Gironde. lin présence des objections qu'il est possible d'op- poser ù leur efficacité, les circonstances que, nous venons d'énumérer paraissent devoir être consi- dérées plulùt comme causes d'aggravation que comme causes déterminantes ou prédisposantes. Lorsqu'elles accompagnent le phylloxéra, le dé- périssement des vignes marche d'un pas pins ra- pide, mais le phvlloxéra peut se passer de, ces auxiliaires et commencer seul l'œuvre de destruction, qu'il poursuivra sans rclàehc jusqu'au dernier terme. Les J'ails suivants fournissent des arguments plus directs aux viticulteurs, qui soulienuei.il que le phyl- loxéra suffit pour expliquer la nouvelle maladie. M. de Serres à Orange, M. Signoret à ronluine- bleun ont transporté l'insecte sur des vignes parfai- tement sûmes et en plein état de prospérité : ces vignes ont péri. On a déplanté des ceps dont les racines étaient couvertes de plivlloxéras, on les a lavés et brossés avec le plus grand soin, et lorsque tous les parasites fuient ainsi enlevés jusqu'au dernier, on replanta ces ceps dans une terre intacte : depuis cette opéra- tioii^*ifs sont revenus à leur état normal et n'ont pas cessé un instant d'offrir une végétation vigoureuse. Ce nettovago des racines a été pratiqué pour la pre- mière fois dans les serres d'Irlande, en 1 807 ; par- tout où il a été appliqué depuis, il a continué à donner les mêmes résultats. M. Faucon, de Gravesou, par son ingénieux pro- cédé de l'immersion, a réussi également ù débarras- ser ses plantations des innombrables phylloxéras qui les avaient envahies : tous les ceps ont repris, et son domaine forme aujourd'hui comme une sorte d'oasis au milieu d'une région complètement dévas- tée. Ainsi, détruire le phylloxéra, c'est sauver les vignes. Le même viticulteur a constaté de visu le passage du phylloxéra d'une souche malade à une souche voisine jusque-là pleine de vitalité, mais bientôt compromise par le seul l'ait de la présence du parasite. Tout s'accorde donc à prouver que le phylloxéra est. bien le véritable auteur du désastre de nos vigno- bles, et que c'est avant tout sur lui que nous devons diriger notre ntfiHitinn et concentrer nos efforts. Il est. évident d'ailleurs que. si ie mauvais état de sauté suffisait pour exposer les vignes aux atta- ques du phvlloxéra, les eeps déjà souffrants de- vraient être les premiers à subir les atteintes du fléau, et les vignes vigoureuses ne pourraient être saisies par lui qu'après une période de dépérisse- ment préparatoire. Or, loisqu'on suit la marche irradiante dont nous avons parlé plus haut, on constate aisément que le fléau détruit, successive- ment tous les plants sans distinction et sans se préoc- cuper en aucune façon de leur état de santé ou de maladie : les souches soutirantes sont achevées, les souches vigoureuses sont tuées de mort violente. Les ceps voisins du centre d "attaque, ont la pi us belle, apparence : ruai, si ce n'est ce. voisinage funeste, n'avertit qu'ils vont bieuti'it périr. l.'afluiblisseiuciiL [iré.iiiiinaire ne peut donc ici être invoqué. Le temps nécessaire manquerait., d'ailleurs, car la mortalité suit la ma relie même, du parasite, toujours à la recher- che d'une nouvelle proie et obligé autant par sou avidité que par sa multiplication extrêmement active, ù élargir rapidement le cercle de ses dévaslutious. Le phvlloxéra devance donc toujours cette prétendue maladie préparatoire qui, selon certains viliculteurs, lui livrerait l'entrée du terrain sur lequel il doit. exercer ses ravages. IV Le phvlloxéra doit être considéré, non comme un véritable puceron, mais plutôt connue un type in- termédiaire, entre les pucerons proprement dits et les cochenilles. Il se relie à ces dernières, principa- lement par lu cochenille des serres; ses rapports avec les pucerons s'établissent surfout par l'adelge ou pou du sapin, ù qui il finit, attribuer les galles alvéolées si curieuses, qui tuniélient les jeunes ra- meaux de ce conifère. Tous les phylloxéras observés sont des femelles, car les mâles se sont jusqu'ici dérobés aux recher- ches des entomologistes. Gos femelles se présentent sous deux formes : la forme aptère, de beaucoup la plus fréquente, et. la forme ailée. Sous le rapport de l'habitat, on distingue le phylloxéra des racines et le phvlloxéra gallicolc, logeant dans les verrues bursiformes présentées par les feuilles de certaines vignes. (Tes deux phylloxéras sont d'ailleurs identiques comme structure. Le der- nier est le seul qui ait été observé aux Etats-Unis, et sa présence en Europe n'a guère été signalée que dans les localités où des cépages américains ont été importés. Dates de la découverte du phylloxéra- — Asa LA NATURE. 21 Fitch, entomologiste de l'Etat de New- York, décrit pour la première fois en f8,")i sous le nom de pe.m- pkiijtis vitifol-ia', la l'orme de phylloxéra qui produit des galles sur les feuilles du frost-grape, du Dela- ware, et de plusieurs autres vignes américaines. 'Weslwood, professeur à l'université d'Oxford, con- state en 18(>5 la présence d'un iiémiptère intermé- diaire, entre les apliidiens (pucerons) et les coccùlés (cochenilles, kermès), dans les verrues creuses qui couvraient les feuilles de vignes cultivées à llaui- mersmith,aux environs de. Londres. Le même auteur recunnaît, eu 1807, que cet insecte (qu'il décrit sous le nom de. periiijmhia vilisann) attaque les racines aussi Lien que les touilles. 11 admet, eu 18(59, l'iden- tité du péritymbia avec le phylloxéra français. hn- Fi£. 2. — "1. Femelle adulte. — L 2. Jeune femelle (:t|ttères, presses). 7>. Fragment tic racÀie avec gi'(Hi|tes de nhvljoxéras de grandeur nuLuiclle. Le 15juillet 1868, dans la Provence, le phvlloxéra est signalé, pour la première fois, comme l'auteur de la nouvelle maladie de la vigne, par MM. l'iau- choii, Bazjlle et Saluit, délégués de la Société d'a- griculture de l'Hérault. Le parasite Càt décrit par M. l'iaachon, professeur à la Faculté des sciences de Montpellier, sous le nom de rhizaphis vaslalrix, qui fut changé plus tard par le même auteur en celui de phylloxéra vaslatrix, en raison de l'étroite affinité qui relie le nouvel ennemi de la vigne à un parasite du chêne déjà désigné par Boycr de Fonseo- lombe sous le nom de Phylloxéra quercûs (de jw.- lov, feuille, et de *r,f>al-it->, je dessèche). Exactement, un nu plus lard, vers la mi-juil- let 1809, le phylloxéra qui n'avait encore été vu en "France que sur les racines, est découvert par M. Man- chon, à Sorgues, près d'Avignon, logé dans des galles formant saillie à la l'ace inférieure des feuilles. Très- peu de jours après, le 25 juillet 18G9, M. Lalimau, viticulteur dans le Bordelais, découvrit aussi de sou côté le phylloxéra des galles. Histoire naturelle du phylloxéra. — Le phylloxéra n'est jamais vivipare comme les pucerons, qui ne pondent qu'une fois dans l'année, en automne, après, l'apparition des mâles. En toute saison et sous la forme ailée comme sous la forme aptère, le nouveau parasite de la vigne ne pond jamais que des œufs. L expérience directe a montré que ces œufs sont fé- conds sans copnLition préalable ; des larves, éelo- ses dans des bocaux complètement fermés, ont pondu, sans aucun secours, lorsqu'elles fuient arrivées à un certain état de croissance. Leurs neufs ont donné naissance à de nouvelles larves, qui, au bout d'un certain temps, se sont mises à pondre à leur tour : c'est donc un nouveau cas de parthénogenèse à pla- cer à côté de ceux, qui nous seul offerts par les pu- cerons à. l'époque de leur vivifiante, par les abeilles, les daphnies, etc. . — Phyllnxéra vnîtatm. :u!ie femelle ;][>ti'rfi, vues en dessoua et tivs-!nw-:!i;i. La ponte commence au printemps pour s'inter- rompre dès les premiers froids. Chaque femelle four- nit de trente à quarante œufs, quelle groupe autour d'elle en tas irréguliers, n'adhérant que faiblement aux racines à l'aide d'une légère viscosité. Ces œufs, remarquables comme, au reste, ceux de. beaucoup d'autres parasites, par leur grande force de résis- tance aux causes de destruction, consistent en de petits ellipsoïdes allongés, à surface lisse; le grand axe. est d'environ 52 centièmes de millimètres, et le petit axe de 17 centièmes. Leur couleur jaune- clair permet de les apercevoir aisément à Ja surface des racines, qui forme un fond de couleur foncée sur lequel ils se détachent avec la plus grande net- teté. L'éclosion s'opère au bout de douze, de Irait ou même de cinq jours, suivant la température. Les jeunes phylloxéras' ("g- 2, 2 et 5, 2), de même couleur que les œufs dont ils sont issus, se montrent sveltes, agiles et dans un état de turbulence* conti- nuelle Ils errent çà et là, à la recherche d'une nour- riture plus fraîche et plus succulente que la racine; épuisée oii a vécu la génération précédente. Us pal- 99 LA NATURE. pent avec, leurs antennes ]a surfncn qu'ils jnreou- rent, bl sur laquelle ils s'avancent à la manière d'un aveugle, qui so triiûtcvail. avec deux hâtons. Cette démarche singulière s'explique par l'état rudhnert- taire de leurs veux, réduifs à du simples taches pig- Wentaires, de couleur rouge. Les antennes (fig. 1, 2j sont formées de quafre articles, doid. le dernier plus Ions; et plus grès est taillé en hee de plume. La troncature oblique porte une sorte de chaton, que plusieurs ailleurs considè- rent comme un organe de sens, sans pouvoir toute- fois affirmer s'il est au service du tact, de l'odorat ou de l'ouïe. i,e phylloxéra se ii\e toujours en un point nù la sève est abondante el d'un accès facile, soit sur les jeunes radicelles dont les tendres tissus peuvent, être aisément perforés, soit sur des parties souterraines moins récentes, mais alors dans les fissures de l'écoree d'où sn trompe peut plonger dans les cel- lules, gorgées de sucs, de la zone, génératrice. Le suçoir du phylloxéra (fi g, 1, 1 otfig.") rappelle comme celui des autres hémiptères (punaises, rédu- ves, livdromètres, uèpes, ranatres, notniioetos, ciga- les, fulgores, pucerons, cochenilles, Lermès), la dis- position du Irocart des chirurgiens. Il consisle en un tube formé de t rois articles, placés bout à bout et lo- geant dans son intérieur, à la manière d'un étui, trois aiguilles pretraetiles. Les deux aiguille? latérales ne sent ]ias autre, chose que des mandibules transfor- mées, et l'aiguille médiane, manifestement plus large, représente, les deux mâchoires également trau-d'oruiées toujours distinctes chez les autres hé- miitères, mais soudées eu une seule tige effilée chez le suceur de la vigile. Les pattes ftig. 1, o) sont années d'un ongle, qui permet au phvllo\éra de se cramponner aux fines aspérités de l'écoree, et les poils qui garnissent ces pattes se font remarquer par leur extrémité, renflée, caractère qui avait conduit le D r Shimer, de i'hila- delphio, à domier à notre insecte le nom de dacty- Après les premières mues, six: rangées de tuber- cules mousses apparaissent sur la région dorsale et sur le rebord ventral des anneaux. Le corps se gonfle peu à peu et prend une forme de plus en plus ovoïde, (fig. '2, -1). Tout annonce que la ponte est. proche. Bientôt, en effet, l'abdomen s'allonge, le corps prend une forme comparable à celle d'une tou- pie, les derniers anneaux se déboîtent, comme les tuyaux d'une lorgnette : enfin le premier œuf appa- raît et sort d'une manière graduelle. La pondeuse a environ trois quarts de millimètres de longueur sur un peu plus d'un demi-millimètre de largeur. Elle se tient étroitement, appliquée à la racine par sa face ventrale, et, fixée, toujours à la même place, le suçoir implanté dans les tissus su- perficiels, absorbant, et pondant à la l'ois, sans repos ni ti êve. MM. Planchon et Lichtenstem ont calculé que \r. nombre d'individus, qui ont pour point d'origine une seule femelle pondant au mois de mars, peut s'élever à vingt-cinq milliards dans l'espace d'une seule année, de mars à octobre, La progression géométrique, si rapidement crois- sante, formée pur les nombres d'insectes destructeurs issus des générations successives, explique comment des ravages à peine perceptibles au commencement de la belle saison peuvent se développer au point de devenir tout à fuit désastreux à l'automne. Lorsque, par suite de l'accumulation des indi- vidus, le phylloxéra ne trouve plus à se nourrir sur les racines d'une souche épuisée par ses succions réitérées, il se met aussitôt à la recherche d'une iiou\elle proie. 11 suit, alors les rugosités et les tis- sures de l'écoree, jusqu'à ce qu'il ail. îenconlré, soit une crevasse du terrain, soit une partir suffisamment meuble, capable de. le conduire sur une souche voi- sine non encore attaquée ou simplement moins fré- quentée. Mais à cause de son extrême faiblesse, il ne peut se frayer un passage à travers une I cri n quelque peu agglomérée. Lorsqu'un obstacle provenant, soit du trop grand tassement du terrain, soit de tout autre circonstance, s'oppose à ce que l'insecte eu quête de nourriture, continue ses pérégrinations souterraines, celui-ci se décide, à monter à la surface du sol et à opérer ses migrations à ciel ouvert. flotte marche en plein air et en pleine lumière, quelle qu'en soit, d'ailleurs, la cause déterminante, a été parfaitement observée par MM. faucon, viiicul- teur à (iravosou (Bouelies-dii-Uhùne) et lïazille, pré- sident de la Société d'agriculture, de l'Hérault. 11 est ■ certainqu'aux heures chaudes delà journée, les phvl- | luxeras courent sur le, sol d'un eepà l'autre, comme autant de pelites fourmis. Lorsqu'ils ont atteint une souche dont l'état leur plaît, ils s'engagent dans I les nombreuses dépressions de la surface de l'écoree et guidées par elles, parviennent aisément, jusqu'aux extrémités succulentes des racines. Les phylloxéras de la dernière génération (fin oc- tobre), ne sont destinés à pondre qu'an retour de la belle saison, et sont condamnes à passer l'hiver eu léthargie. D'ailleurs, dans l'état de suspension où se trouve alors la végétation de la vigne, la voracité du parasite trouverait peu à se satisfaire. Les phyl- loxéras commencent à perdre leur activité dès l'ap- parition des premiers froids, ils se blottissent dans les cavités de l'écoree des parties souterraines, et. si on les observe vers le milieu ou la fin de novembre, on les trouve dans un état complet d'immobilité' qui est dû, non pas à un état maladif, mais bien à un véritable sommeil hibernal. Leur couleur jaune a disparu pour faire place à une couleur brune qui les rend très-difficiles à distinguer des parties sous- jacentes ou environnantes, liien alors ne les diffé- rencie des individus morts, si ce, n'est qu'ils ne se desséchent pas el ne se creusent pas en cuiller comme ceux-ci, lorsqu'on les expose au contact de l'air. Au commencement de mars, l'engourdissement LA NATURK. «J dure encore, mais, à cette époque, probablement par l'effet du l 'abstinence prolongée, Ja taille de l'in- secte apparaît très-reduite : de deux tiers à trois quarts de, millimètre qu'elle présente clic/ les indi- vidus adultes et actifs, elle peut descendre à 27 cen- tièmes du millimètre. Au moment de rentrer dans la vie active, le phyl- loxéra, ainsi que l'a observé tout, récemment M. Max, Cornu, se dépouille de son enveloppe brune, épaisse et coriace, pour se montrer revêtu d'une nouvelle peau tendre et délicate, de brillante couleur jaune ci. reproduisant dans leurs moindres détails les replis de la première. L'insecte, à son réveil, apparaît, pour ainsi dire, débarrassé de son par-dessus d'biver et en véritable tenue, de printemps, La mue effectuée, le phylloxéra ne tarde pas à recouvrer son agilité, et de même 'que le jeune sorti de l'œuf, il se met à la recherche d'un gile bien approvisionné. !1 se nourrit avec avidité, gran- dit en très-peu de temps et devient bientôt apte à effectuer sa première ponte. -Sa multiplication, qui ne doit se suspendre, qu'an mois d'octobre, acquiert rapidement les proportions effrayantes de l'année précédente, et la vigne qui, aux premiers jours de prinlemps, alors que le parasite était dans son état de torpeur, avait commencé à donner des pousses assez vigoureuses pour faire renaître l'espoir du vi- ticulteur, ne jouit pas longtemps de ce répil. Elle s'étiole de nouveau sons les attaques d'un ennemi, dont l'arrivée de la belle saison a réveillé l'ardeur destructive. A l'époque des chaleurs, on aperçoit rù et là au milieu des amas d'icufs et île phylloxéras de tout âge quelques rares individus présentant sur leur corselet, mieux dessiné que chez les voisins, deux petites languettes triangulaires destinées à devenir des ailes. Ce sont, de véritables nymphes qui ne lar- dent pas à se dégager de leur enveloppe qu'on trouve, en effet, souvent gisante à côté d'elles sous forme d'une gaine transparente, et à devenir des in- sectes parfaits possédant des ailes et des yeux bien caractérisés. Ces femelles ailées (fig. 5, 1) représentent d'élé- gants moueberons dont les quatre ailes, incolores et diaphanes, sont horizontal ornent croisées dans le repos, contrairement à ce qui s'observe chez les pucerons ordinaires où elles sont plus on moins inclinées en toit. La longueur des ailes supérieures est presque, double de celle du corps ; les ailes de la seconde paire sont plus petites et plus étroites et à une seule nervure. Les antennes sont un peu moins trapues et un peu plus longues que chez les phylloxéras ordinaires. Les pattes, les tarses, le suçoir ne présentent pas de différences essentielles avec les mêmes organes des femelles aptères. Les yeux noirs et relativement très-gros, sont relevés en mamelon conique sur leur milieu, et présentent, à leur surface, non des facettes, mais des granulations assez accusées. Si l'on comprime légèrement l'insecte ailé sur la lame du verre du microscope, on aperçoit par trans- parence deux ou trois œufs de couleur jaune occu- pant la cavité, abdominale. Ces œufs, tout semblables à ceux que nous avons décrits, donnent naissance aux mômes phylloxéras aptères. Le nombre de ces femelles appelées à jouir d'une existence aérienne, n'est nullement eu rapport avec les myriades de femelles aptères vouées à la vie sou- terraine. Peut-être ces pondeuses ailées sont-elles destinées à la dissémination de l'espèce nuisible à de grandes distances et à la fondation de nouveaux centres d'invasion. Mais le vent doit être le principal agent de cette dispersion, car le peu de rigidité des ailes exclut l'intervention d'un vol puissant et sou- tenu. Fjt. 4. — 1, Ftmil!^ l'e vj-iie rouvert!', rk £;il!eSj sfrv.int tle, nitîs aux PbvUnxur.i*, vufi par su ïacc inliîrieuro. — *2. Giillft cou^o YL^rlicalenip.nt. Les ailes à large surface du phylloxéra favorisent l'action disséminai rice du vent, au même titre que les aigrettes des graines des composées ou des valérianes. Les femelles aptères elles-mêmes sont soulevées et déplacées par le moindre souffle, et il n'est pas inad- missible qu'elles soient aptes aussi à subir le même mode de dispersion. Ce transport des phylloxéras par le vent, paraît du reste d'autant plus vraisemblable, qu'il trouve ses analogues dans des faits bien établis, tels que l'encombrement des rues de Gand, en 1854, par de véritables nuées de pucerons verts du pêcher, ou la chute observée, à .Montpellier, d'une sorte, de neige produite par les flocons cotonneux détachés du corps des pucerons issus des galles des feuilles du peuplier. Selon Mil. Phmchoii et Lichteinsteiu, la direction générale de, la marche du iléau, dans la val- lée du Rhône, se prête assez à l'idée que le mistral n'est pas absolument étranger à son extension. 24 LA NATURE. Le phylloxéra dus racines (Hait le seul qu'on eût encore observé en France, lorsque, vers le milieu du mois de juillet 18(19, le phylloxéra des galles, eonnii dans son pays de prédilection, c'est-ù dire aux Etals- Unis, depuis 1854, eL en Angleterre depuis 18(io, fut découvert à Sorgues dans le Yaucluse, par M. l'iaii- chon, et à quatorze jours d'intervalle, dans le Bor- delais, seule, localité de France où il soit eu abon- dance, par M. Laliman. Tous les auteurs admettent aujourd'hui l'identité des deux types radicicolc et gallicule, de même que celle du phylloxéra européen et du phylloxéra amé- ricain. Cette unité spécifique, d'abord établie par la simple comparaison des formes, a été démontrée ex- périmentalement dans le courant de l'année 1870. M. Signoret ayant mis sur une vigne saine, cultivée en pot, des galles pbvlloxérieimes provenant des plantations bordelaises de AI. Laliman, a vu les indi- vidus, issus de ces galles, se répandre sur les feuilles et y produire des galles nouvelles, et les jeunes, auxquelles ces dernières donnèrent naissance, se diriger vers les racines, s'y installer et y prendre enfin les caractères du type radiricole. Iles expériences analogues faites par 11. (lervais et par AI. Platnhoii, ont confirmé l'identité spécifique des deux formes du parasite. Les galles produites par le phylloxéra, peuvent quelquefois être réunies au nombre de cent quarante à cent, cinquante sur une même feuille. Elles se pré- sentent sous l'apparence de verrues creuses, formant saillie à la face inférieure des feuilles, et toujours ouvertes du coté supérieur (fig. f>, qu'on a construit des galeries d'évacuation qui vont porter les eaux en aval de Londres, assez loin pour que le fleuve cesse d'être empoisonné, mais si la question de salubrité est résolue, la question agricole reste entière, et la solution est. même moins avancée qu'à Paris, qui a trouvé dans la plaine de Génevilhers un sol perméable qui est en voie de de- venir, sous l'influence des eaux d'égout un des jar- dins maraîchers les plus riches du pays. Liebig est resté constamment sur la brèche; par ses lettres, par ses leçons, par ses livres, il revenait tou- jours sur la nécessité d'utiliser toutes ces richesses per- dues, de restituer aux champs, d'où ils proviennent, toutes ces matières minérales, phosphate et potasse, qui, se trouvant dans les matières alimentaires, con- sommées dans les villes, passent dans les matiè- res des vidanges, et devraient retourner aux terres qui les ont fournies. 11 prêchait l'exemple de la Chine qui nourrit une population extrêmement dense et serrée sans importer d'engrais, mais qui utilise, tou- tes les immondices des villes sans en rien perdre; il citait l'agriculture des Flandres, de l'Alsace, qui utilisent Y engrais flamand, et qui jouissent d'une si admirable prospérité; il les comparaît au gaspillage de l'agriculture anglaise qui, pour se soutenir, est obligée d'envoyer ses vaisseaux, chercher sur tous las les points du globe le, guano, qui commence à s'é- puiser. Four Liebig, c'étaient toujours au reste les matières minérales qui restaient les engrais par excellence, il avait poussé, bien à tort, ses idées à l'extrême hors de la vérité, et n'attachait aux engrais azotés qu'une mé- diocre importance : de là do longues discussions avec ÏA NATURE. 27 ]es chimistes anglais et français, dans lesquelles il j n'eut pas le dessus. Les Anglais cependant admi- raient son talent ; ils lui étaient reconnaissants du ses efforts pour faire de l'agriculture un art. basé sur de solides principes scientifiques, et en 1856 on ou- vrit, en Angleterre, une souscription publique, et sous l'impulsion de sir David Brewster, on réalisa I une somme de vingt-cinq mille francs qui fut en ' partie remise à Liebig, et en partie consacrée à l'a- chat de cinq pièces d'argenterie destinées à rappeler à chacun de ses enfants l'estime dans laquelle l'An- gleterre tenait leur glorieux père. ' Les honneurs lui étaient venus. En 1840, la so- ciété royale de Londres lui avait décerné la médaille de Copley, et l'avait appelé dans son sein, Lu 1*4-5, le grand duc de liesse Darmstadt l'avait fait baron ; eiilin en 1801, notre académie des Sciences l'avait nomme - un de ses huit associés étrangers. Le caractère dominant de l'œuvre de Liebig est le désir d'être utile, et de l'être immédiatement ; de là ses travaux appliqués à l'agriculture, de là ses ou- vrages plutôt destinés au pub'ie qu'aux savants : son Traité de Chimie appliquée à la Phgxiotogie végétale et animale; sis Lettres sur la Chimie, ses Lettres sur l'Agriculture qui eurent un si grand retentisse- ment: enfin sondernier ouvrage : les Lois naturelles de l'Agriculture, dans lequel on rencontre tant de Mies ingénieuses, tant de renseignements précieux, un peu confondus sans doute, sans grand ordre ni méthode, à l'allemande, mais quiresteronlcepeudant comme une marque de sa bienfaisante, activité ; il ne se lassait pas, il savait que les plaines herbacées de l'Amérique méridionale, nourrissent un nom T breux bétail qu'on es p!oi te seulement pour le suif et le cuir, et qu'il est là des matières alimentaires perd lies; il imagine de faire, avec cette viande abandonnée , des extraits qui sont aujourd'hui justement estimes dans les ménages pauvres ; il avait indiqué aussi les heu roux résultats qu'on obtient pour soutenir les forces des personnes atteintes de maladies graves, des extiaits de viande faits à froid; il avait composé, un lait artificiel, il s'efforçait d'être utile, et sa re- nommée était grande. Et, il faut bien le reconnaître, elle était exagé- rée ; tandis que tout le monde connaît le nom de Liebig, les savants seuls répètent ceux de Wohler , de Bunsen, de Kirsclioff, de Mayer, d'ifelmotz, Alle- mands comme Liebig, et qui ont fait plus que lui. Son œuvre de science pure reste movenne; il n'a créé aucune grande théorie, il n'a imaginé aucune méthode d'analyse d'une fécondité comparable à l'analvse spectrale. Quand il a voulu baser la chi- mie organique sur l'inpothèse des radicaux compo- sés, il a échoué, et a dû abandonner l'entreprise commencée. (( La chimie de M. Liebig, n disait avec raison Laurent, est l'étude des corps qui n'existent pas ; il n'a rien laissé do complet, d'achevé, et, mal- gré cette, insuffisance., son influence a été considéra- ble. Il écrivait beaucoup, il n'avait pas cette dignité un peu hautaine du véritable savant, à qui lé témoi- gnage de ses pairs suffit et qui craint les acclama- tions bruyantes du grand public; il aimait au con- traire le mouvement, la polémique, son style était véhément, familier, fait pour frapper les indifférents et forcer l'attention. Peut-être l'éclat qui s'attache au nom de Liebig ne sera-t-il pas de longue durée ; les œuvres d'uti- lité immédiate qu'il a eu surtout en vue sont de celles qui profitent à l'humanité, mais dont elle ne garde pas le souvenir aussi profondément gravé que celui qui s'attache aux grands travaux théoriques qui servent pendant plus d'une génération de guide, de fanal aux. efforts des chercheurs. Je, viens de relire pour écrire ces pages quelques- unes des œuvres de Liebig. La Chimie appliquée à la physiologie est dédiée au baron Tiiénard, à l'illustre chef de cette double génération de savants qui porte si dignement, son nom 1 ; les secondes lettres sur la chimie sont dédiées à M. Dumas; elles ont été tra- duites par Gerhardt. Combien nous sommes loin do cet heureux échange de patronages scientifiques! Quand reviendra-t-il? Jamais à coup sûr tant qu'une partie de la France restera injustement entre les mains de l'Allemagne 5 . LES PONTS AUX ÉTATS-UNIS Depuis uikï trentaine d'années, on connaît eu Ku- rope, sons le nom de ponts américains nu urml.s tubu- 1 II n'est peut-être pas sans intérêt, à trûnEe ans do distance, de voir où nous en étions avec l'Allemagne au mourut où Lie- big se présenta en 1 ranee, dix-sept uns après léna. et Luit ans après Waterloo; lu confiance était revenue, L'entente y e ru niait complète ', on en jugerii par la dédicace h m va rite que nous ju- geons utile de mettre sous les yeux du lecteur. « À M. le baron Thênard- a Monsieur, a En 1823, lorsque voue présidiez 1* Académie des sciences, un jeune étudiant étranger vînt à vous et sollicita vos conseils à l'occasion d'un travail sur les fulminates dont il s'occupait alors. « Attiré à Paris par l'immense réputation des maîtres ce- libres, dont les glorieux travaux posaient, les fondements des sciences et en éhivaient l'admirable édmre, il n'av.iit d'nutie recommandation près de voua que son amour pour l'étude et su ferme volonté de profiler de vos leçons. a Vous lui files l'accueil le plus encourageant et le plus Hat» leur; vous le diri^eiites dans ses premières retherches et, par vous, il eut le bonheur de les communiquer à l'Académie. ..' n -, -5 ^sÈ^ - * ■4 .w ■■,': - -,—- ï ■---■f m0 les grands fleuves, ainsi que sur les petites rivières, et quelquefois avec une hardiesse surprenante. On en va juger par quelques exemples. Le poril de Louisville, sur l'Oliio, a 1G20 mètres de long, entre les deux culées. La figure ci-jointe n'eu repré- sente qu'une partie. Il comprend deux travées marinières, l'une de 1 16 mètres et l'autre de 107, deux travées de pont tournant ayant ensemble 81 mètres, et 25 autres travées dont lî ont 75 mètres d'ouverture. Ce pont supporte une voie de chemin de. fer et deux trottoirs laté- raux pour les piétons. 11 a coûté, dit- on, 8 millions de francs. Le pont de Saint-Louis, sur le Mlssis- sipi, a une travée centrale de 15'.) mè- tres d'ouverture entre deux travées latérales de loi mètres. Sur un lleuvc comme le Mississipi, qui roule, pen- dant les crues, des arbres entiers et même des îluts arraches à ses rives, il est de première importance de dimi- nuer le nombre des piles; c'est pour- quoi les travées ont été faites si larges. C'est aussi d'ailleurs l'intérêt de la na- vigation. Ce pont, de 15 mètres do large, a deux étages superposés; les trains de chemin de fer passent sur la semelle inférieure et les voitures ordi- naires sur la semelle supérieure. A Omaha, sur le Missouri, il s'agis- sait de réunir le chemin do fer du Paci- fique, dont celte ville est le point de départ, avec les chemins de fer venant de Saint-Louis et de Chicago. Le Mis- souri a dos crues de S à 9 mètres, et, afin que le pont ne fût pas une gêne pour les bateaux, le gouvernement exi- geait que le tablier fût placé à 15 mè- tres au moins au-dessus des plus hautes eaux 11 y a 1 1 travées de 7fj mètres chacune. Les ingénieurs américains ont con- struit, depuis dix ans, une vingtaine de ces grands ponts, et ils en construisent d'autres chaque année. Les travées de 150 mètres d'ouverture ne les effravent pas; mais, quand certaines conditions locales exigent que les piles soient encore plus espacées, ils ont recours aux ponts suspendus qu'ils ont perfec- tionnés au point d'en faire une inven- tion presque nouvelle. Ou sait quel est le grand vice des ponts suspendus; ils manquent de sta- bilité. Dès qu'un lourd fardeau se meut sur leur fablier, ils oscillent d'une façon inquiétante, parfois dangereuse, comme . « S -4 k!>r r.o LA NATURE. l'accident d'Angers l'a fait voir, il y a vingt et quel- ques années. Comment les Américains y ont-ils remé- dié? D'abord, ils ont donné au tablier une forme tabulaire de même que dans les ponts métalliques précédemment décrits, ce qui lui donne de la rigi- dité; puis, au lieu de laisser descendre les cables de suspension dans des plans verticaux parallèles, ils les ont écartés an sommet, rapprochés an milieu, ce qui empêche le. balancement latéral; cnJin, comme ressource accessoire, ils ont attaché le tablier aux piles par des haubans qui ont en outre l'avantage de soulager les cables. Et tout cela leur a si bien réussi qu'ils en sont venus à faire passer des locomotives sur des ponts suspendus. Les diagrammes de la page 28 montrent ces diver- ses dispositions; on y voit figurer les haubans. Sur les coupes transversales qui les accompagnent, on distingue la l'orme tabulaire des tabliers et l'incli- naison des câbles par rapport au plan vertical. Ajou- tons quelques détails propres aux (1; ix ponts repré- sentés sur ces ligures. Le premier, le pout d'aval du Niagara, fut con- struit en 1855 (fig. 2). La hauteur (tes rives au-des- sus du fleuve (75 mètres) ne permettait pas do. songer à un pont d'un autre genre. La Iravéc unique a 250 mètres d'ouverture. Le tablier, supporté par A câbles, a 7'", 50 de larrre et donne passage, dans l'intérieur, aux voitures ordinaires ain-i qu'aux pié- tons, au-dessus, aux trains de chemin de 1er. Le pont de Cincinnati a été ouvert à la circulation le i"" janvier 18li7 (fi g. 5). La travée ccntiale a 522 mètres entre les points de suspension. Sur une largeurtolale de 1 1 mètres, il y a deux voies de fer à ornières pour voitures ordinaires et deux trottoirs extérieurs, avec garde-fous pour les piétons. Le len- demain de l'ouverture de ce pont, 75,000 personnes y passèrent darrs un espace île huit heures, soit pour leurs besoins, soit pour jouir du panorama que pré- sentent les rives pittoresques de l'Olno. Enfin, l'œuvre la plus remarquable en ce genre est assurément le pont de la rivière île l'Est, à New- York, que l'on construisait lors du voyage de. M. Ma- lézieux et qui n'est pas encore livré à la circulation. Entre la ville de New- York, qui compte 025,000 ha- bitants, et son faubourg de Brooklyn, qui en compte 307,000, s'étend un bras de mer, que l'on nomme la rivière de l'Est. C'est l'une des entrées du port do New-York; aussi les ingénieurs du congrès ne veulent-ils y permettre aucune construction qui gê- nerait les mouvements des navires. Jusqu'alors on se rend de la ville au faubourg par lies bacs à vapeur [ferry boats), qui transportent annuellement plus de 40 millions de personnes, sans compter les voitures. Le prix du passage est de deux cents par tète, ce qui équivaut à dix centimes. Lorsqu'une compagnie offrit do construire un pont, on lui posa pour conditions de ménager une hauteur de 41 mètres entre le niveau des hautes mers et le dessous du tablier, et délaisserai! milieu de la rivière un passage libre de 493 mètres de large. Cela étant, un pont suspendu devenait seul possible. Il fut décidé qu'en outre de. la travée centrale de 405 mètres, il y en aurait deux autres de 287, et enfin deux viaducs d'accès, l'un de 440 mètres, l'autre de 287 mètres, afin d'arriver à la hauteur prescrite sans trop grande pente. Le pont aura 26 mètres de largeur totale, com- prenant deux voies de chemin de fer, quatre voies à rails plats pour tes voitures ordinaires, et une passerelle pour 1 les piétons. On n'y admettra pas les locomotives; !es wagons seront traînés par des câbles et des machines lixes. Comme dernier détail, ajoutons que les deux piles bâties air milieu de la rivière doivent avoir 81 mètres de hauteur au-des- sus des hautes eaux, et. qu'il a fallu en descendre les fondations à 25 mètres au-dessous des plus basses mers. Le lecteur aura saisi tout ce qu'il v a d'original dans ces constructions américaines. Les ingénieurs des Etats-Unis se sont trouvés eu présence d'obstacles qru semblaient insurmontables. L'expérience acquise par leurs confrères dTluropone leur pouvait êtred'uu grand secours, car ii n'y a guère île fleuves si larges dans les contrées civilisées de l'ancien monde. Us ont su résoudre ces difficultés par des procédés nou- veaux, et en même temps il se sont gardés d'entre- prendre des construclions trop coûteuses ou trop aventureuses. En chaque cas particulier, la solution adoptée par eux est satisfaisante et économique. C'est une conséquence de leur esprit positif et calcula- teur. 11. 1)li:i\zv, LE FOND D'UN LAGON DASS LA MLlt DE CORAIL. Les polypiers prennent un développement consi- dérable darrs certaines par-lies de la mer de Corail; on sait que ces « faiseurs de mondes, » ces ébauches animales font des œuvres de Titans ; l'esprit est. saisi par le contraste qui existe entre l'exiguïté des moyens et i'éuormité du résultat. Les plus actifs travailleurs de la mer sont les caryophyllées, les astrées, lesden- drophyllées, les méaudrines, etc., polypes désignés généralement sous le nom générique de madré- pores. L'agrégation de toutes ces espèces consti- tue parfois de véritables républiques; car les bran- ches ne sont, pas indépendantes les unes des au- tres; de distance en distance elles se mêlent à des polvpes semblables à des fleurs, dont les couleurs parcourent toute la gamine des tons des fleurs aériennes et toutes les nuances de la palette la plus luxuriante. C'est un spectacle féerique que du naviguer au-dessus de ces parterres sous-marins, dans les lagons si nombreux des récifs de la Nou- velle-Calédonie : on \ oit l'embarcation glisser don- cernent sur des bouquets de madrépores aux cou LA NATURE. 31 iours les plus fantaisistes; on plane au-dessus de pavsages sous-manns, dent les aspects variés se re- flètent dans l'eaa limpide comme dn cristal. Au mi- lieu de ces forêts submergées en miniature, nagent une foule de poissons inconnus dans les mers d'Ku- rope qui tantôt par bandes nombreuses, tantôt soli- taires, se faufilent dans tous les replis des coraux. Le développement prodigieux des polypiers ne joue pas seulement un rôle important dans la modification dir fond des mers Fjnd d'un lu^ou Uc la Biei- de cynûl tropicales; ilexerce aussi une influence île salubrité sur les climats. On a re- marqué que dans les îles où les co- raux sont vivants, telles que la Nou- velle - Calédonie, Tahiti , les Sey- clielles et la ma- jeure partie de la Polynésie, les fié- vies sont absentes ou ont un caractère bénin ; tandis que dans les parages entourés de coraux morts , tels que la Vera Cruz, les An- tilles, les Nouvelles Hébrides, ces ma- ladies présentent, au contraire , un caractère grave. N'y aurait-il pas lieu de. supposer que leur élaburatiou détruit les miasmes pestilen- tiels? J. GlllAUD. CIlIlOiXIQl'E Académie des sciences naturelles à Phila- delphie. — Cette académie prssède maintenant plus de 001)0 minéraux; 700 espèces île pierres; OîiÛU fossiles ; 70,001) espèces de plantes; 1000 espèces de sioophylrs ; 2000 espèces de crustacés ; Ô00 espèces de cocons et d'a- raignées ; 25,000 espèces d'insectes ; 20, 000 espèces de coquillages; 2,000 espèces de poissons; 800 espèces de reptiles; 21,000 oiseaux, dont 201) avec les nids et 1,500 avec leurs œufs; 1,000 mammals et plus do 1)00 sque- lettes et pièces d'ostéologie. Plusieurs de ces espèces sont représentées par quatre ou cirai spécimens, de suite que, \ compris les cabinets d'archéologie et d'ellmologie, l'éta- blissement nécessite l'espace requis pour la disposition de 400,000 objets, plus pour une bibliothèque de 22,500 volumes. On érige une nouvelle construction dont le coût sera d'un demi-million de dullars. Les fournils rouges. — Le 11. P. Homer, mission- naire de la côte orientale d'Afrique, regarde les fourmis rouges et noires comme un des plus grands fléaux dû ce pays, l'es insectes traversent les chemins, en bandes telle- ment serrées, que. souvent les hêtes du sommes refusent de passer dessus. Si ou ne les voit pas à temps pour les é\iter, le linge et les vêlements en sont remplis. 11 arrive aussi que grimpant sur les arbres, elles tombent sur le vuyageur qui passe. Les indigènes les appellent inadinodn, c'est-à-dire eau bouillante, désignation en rapport avecla sensation cuisante que produit leur piqûre. Ces fourmis sont énormes et s'enfoncent si profondément dans la chair, qu'on a de la peine à les eu arracher. (J.i dit que dans certai- nes forets, elles sont W*ï assez grosses et assez WêR puissanlesparlenom- f|p lire pour détruire les ; «|§ rais et les lezanis. I.a spurterie ehe* les Arabes d'Algérie. — La i plupart des ustensiles i de ménage, dont l'A- * J rabe se sert sous la ■/\p\ tente sont tressés en rjk-S alpha ou en diss. fj^ Tous cesobjits doi- vent être poi't.itifs et quand ils viennent à manquer, il fautpuu- voir les remplacer à l'instant. L'alpha est coupé vert ; on l'ex- pose à la chaleur et on l'ouvre eu faisant courir une lame, de couteau sur toute la longueur de la tige, ha diss ou feuille de palmier est expo- sec au sdeil, plongée dans l'eau il exposée de nouveau au soleil ; avant qu'elle soit sèche, ou la roule entre les deux mains. Les objets de vannerie les [dus communs sent: les tasses à traire les chèvres, h s plats dans lesquels ou met le roiiscoussou, les nattes pour se coucher, elles sindoukh, sorte d'amphore romaine. Les plus renommés viennent de Bou-Taleb, dans la province de Constaiitine. Bateau de sauvetage en fer. — Ou a fail de ré- centes expériences à Garslon, près hiverpool, sur la val ur comparative des !ifc-bvats en bois et eu fer. I.c bateau en fer, destiné aux navires qui transportent des passagers, avait 7 mètres de long sur 2'", 50 de bauet l™,lodecreus ; à l'avant et il l'arrière, il comporte des chambres à air, qui ont une capacifé égale à la partie laissée libre pour la manieuvre. Un a placé quarante-sept hommes à bord qui se sont portés tantôt d'un côté, tantôt de l'autre, sans com- promettre la stabilité, malgré l'eau qui embarquait. Le § même bateau rempli d'eauaflotlé sans aucun danger, avec vingt et un hommes à bord ; il ; avait encore une hauteur do 40 centimètres au-dessus de la ligne de flottaison. Un acronaute français en Russie. — • M. lîmiellc, aéroiiaute du siège de Paris, a exécuté à Saint-Pétersbourg une très-belle ascension, le 13 mai dernier, avec le ballon le Juins Favre. 11 est parti à i heures de l'Ecole des Ca- dets, où Roberlsoa avait fail sa grande ascension eu 1802. Le vent qui était violent à terre l'a poussé sur le golfe de LA lYVTURE, Finlande, et les phénomènes observés ont été identiques ii ceux qui; M. Tissandier a constatés dans son ascension du lu' août 18GS exécutée à Calais. A une, hauteur de 800 mè- tres environ régnait ira courant différent qui a ramené le Jules Ftivre dans la direclion de Suiiit-Pétorslinnrg. le bal- ton étant redescendu agis la terre s'est dirigé au-dessus du lac Ladoga. En s'éleiant de nouveau, à 2,0(30 mètres, M. llunelle a retrouvé un courant qui l'a conduit de nouveau vers Saint-Pétersbourg. Il a exécuté une heureuse descente dans le voisinage, d'une statuai du chemin de i'er île Fin- lande, dont il s'est trouvé séparé par une ibi'ètiiiqiénéti'alile à travers laquelle les liabitaiils du pays ont frayé une coule improvisée, la hache à la main. Celle inversion des cou- rants suc les liords do la mec ne serait-elle point un phé- nomène assez général pour être utilisé dans les nianuaivres aéroslatiqucs '.' (/est une question quel', lissandirr a posée lors de son ascension de Calais cl à laquelle il semble de- voir être affirmativement répond». W. Dr. F. la S(ic!ilé africaine d'illcmngiir. — Le lit avril, les différentes sociétés géographiques d'Allemagne se sont réunies à Berlin et ont constitué une société spé- cialement consacrée à l'explnralion de l'Afrique, Jious ne pouvons nous empêcher d'approuver cet acte, et d'émettre l'espérance que la France qui est une puis- sance africaine en même temps qu'une puissance euro- péenne y verra un nouveau motif pour redoubler d'efforts dans la civilisation et la conquête de cet immense continent. Le président de la République, qui a passé en A trique une partie, de, sa glorieuse, carrière et qui a bossé en Al- gérie tant de traces de sou gouvernement, ne saurait man- quer d'encourager toutes les tentatives rationnelles faites dans ce sens. I.a Société do Géographie de Paris vient, du resfe. d'être saisie d'un projet d'exploration, pour visiter la région des lacs équaloriaiix où le nom français n'a pas en- core pénétré. Ce projet va être mis en exécution par un jeune vovageur qui ne demande aucune allocution et qui se propose, de partir incessamment. I.a rliitleur e serait-il pas destiné à mesurer le degré, de la crédulité humaine, d'après le nombre des nuits qui y ont ajouté fui? IiC détroit de jtlngtllan. — J,e détroit de ce nom est une suite de chenaux cl de passes irrégulières r}ui séparent le continent américain de la Terre-de-Fcu, très-dangereux pour la navigation à voiles, il est plus facile pour les bateaux à vapeur qui évitent ainsi d'al- longer leur trajet en doublant le cap Ilocu, et de rencon- trer la grosse mer qui règne constamment dans ces para- ges. Jusqu'ici les navigateurs redoutaient de s'y engager, à cause de l'incertitude des documents hydrographiques, La marine hrilaimi que comprenant tout l'avantage qu'il v aurait pour les compagnies de navigation à vapeur, a organisé une expédition qui a relevé ce, dédale inextri- cable des passes niagellaniques, très-peu fréquentées de- puis lu 19, époque de la découverte. Le détroit de Ma- gellan a d'une mer à l'autre une longueur de ?>(10 milles. La largeur est extrêmement variable; elle a 15 milles entre le cap des Vierges (it le cap Espiritu Saute, tandis que dans certains endroits, au milieu des îlots, et les promon- toires du milieu, elle est juste, suffisante, pour le pas>age d'un navire. L'eau est généralement profonde, mais il faut tenir compte, des marées qui s'élèvent jusqu'à 23 tnc- Ires. Le côtes sont trés-accidenléos, bordées de préci- pices, leur aspect est tout ce qu'on peut concevoir de plus sauva: e. La hauteur des sommets principaux atteint jus- qu'à 5,000 mètres au-dessus du niveau do la mer. Les forêts de sapins couvrent la plupart des pentes. Il y a tout lieu de supposer que la navigation fréquentera cctlc roule, car un service de remorqueurs est sur le point de s'éta- blir à Puntas Arenas, pour aider les navires à voiles à fran- chir le détroit. Le Propriétaire-Gérant ; G. Tissasdikii. rAiiia. — nir. simo* iuçon et cûmi-., hce d'efl'iitii, 1. !S° ô. — 21 JU1X 18 73. LA NATURE. L'OBSERVATOIRE DE PARIS M. Leverrier, nonrau: directeur de l'Observatoire national par un décret daté du \7) février 1873, a ré- cemment pris possession de ses importantes fonc- tions. Au moment où un astronome aussi célèbre vient do se mettre à la tète de la première des bran- dies de la science française, il nous a paru indispen- sable de parler des réformes qui vont faire entrer dans une voie nouvelle un établissement illustré par les Cassini, les LaJande, les la Place et les Arago. Non-seulement l'Observatoire recevra une puissante impulsion de la main de son directeur, mais il pos- sède un conseil composé des savants les plus nillori- sés. Parmi cette pléiade d'bomrnes qui tous rendent des services à la science astronomique, nous men- tionnerons Mil . lîelgraiid, Fizo.au, le vice-amiral Ju- lien de la davière, Jaussen, Tresca, Daubiée, Yvon- Villarceau, Wolfet Ravet. Plusieurs de ces hotiora- bles savants sont en même, temps les chefs des diffé- rents services île l'Observatoire, qui aujourd'hui, eomplétemenL indépendants les uns des autres, sont reliés cuire eux par la direction. Nous ne croyons pas utile d'entrer dans des détails minutieux sur ces services, nous dirons seulement qu'ils sont au nombre de six. Le premier d'entre eux est celui de l'astronomie mathématique, confié spé- cialement à M. Leverrier, qui n'a point renoncé à son cours d'astronomie à la Sorbonne. Pendant qu'il applique à la théorie de Jupiter et des petites planètes des méthodes qui l'ont immortalisé par la découverte île Neptune, il se préoccupe en même temps du soin de former les astronomes de l'avenir. Le second service est confié à M. Lœvy, de l'Institut : c'est celui des observations méridiennes, qui servent de base à tous les calculs des mouvements. célestes. Attaché depuis plus de vingt ans à cette branche fondamentale de l'astronomie, M. Lœvy y apporte une rigueur, une précision presque idéale. Le troisième service, est celui des observations physiques, à la tête duquel se trouve M. NVolf, illus- tré [iar d'ingénieuses méthodes pour l'observation du prochain passage, de Vénus, et que l'Académie comptera prochainement dans ses rangs. Parmi les instruments dont, ce savant dispose, nous citerons le fameux sidérostat de Léon Foucault. Il a déjà servi à prendre des photographies célestes, et avant que sa valeur réelle ait été déterminée par des observations indiscutables, il a excité l'émulation de nos voisins d'outre-Manche. Notre savant confrère, M. Lockver, directeur du journal anglais Nature, ayant eu occa- sion de le visiter, a pris la résolution d'en construire lui-même un analogue aux frais du gouvernement britannique. Le quatrième service, dirigé par M. Yvon-YiUar.- ceau, membre de l'Institut, est. celui de la géodésie. D'après la proposition de M. Leverrier, les opérations géodésiques auxquelles l'Observatoire prendra part seront exécutées de concert avec le Bureau des lon- gitudes. La longue rivalité de ces deux établissements est enfin terminée de la manière la plus heureuse : ces deux corps distincts de notre grande armée scien- tifique travaiUeronL fraternellement à augmenter la gloire nationale. La section de météorologie de l'Observatoire va prendre une importante extension ; on ne saurait trop féliciter la direction de l'impulsion qu'elle veut don- ner à cette branche si grosse d'avenir de la science moderne. Elle sera dirigée par des astronomes de ta- lent, Mil. Rayet et Front. L'Obscrvnloire de Mont- souris, exclusivement destiné, d'après le dernier' décret, aux observations météorologiques du départe- ment de la Seine, va faire cause commune avec l'Ob- servatoire de Paris, et devenir son allié au heu d'être sou rival, au grand détriment de l'intéivt, scientifique. Les observations météorologiques du monde entier vont être concentrées à l'Observatoire de Paris, que l'on pourra comparer en quelque sorte à uti cerveau où aboutissent les impressions communiquées parles libres d'un immense système nerveux. Les (ils télé- graphiques terrestres et océaniques qui sillonnent actuellement la surface des continents ou le fond des mers doivent être considérés comme les plus utiles auxiliaires de la météorologie moderne ; avec leur concours les dislances cessent d'exister, et le savant, en un seul Jieu du la terre, peut le soir consulter les observations diverses, exécutées le matin sur d'in- nombrables points de la surface du globe. Déjà les directeurs d'un câble transatlantique américain se sont mis à la disposition de il. Leverrier pour lui communiquer gratuitement les télégrammes des astronomes des Etats-Unis, et lui donner Je moyen de correspondre avec ses collègues tnmsocéaniques. i Souhaitons que ce bel exemple soit imité par les au- [ 1res compagnies télégraphiques. Si elles hésitaient à ouvrir leurs lignes à nos observatoires, elles feraient acte d'ingratitude; car ces puissantes constructions de l'industrie sont nées de la science pure; c'est par la science qu'elles ont été créées, c'est grâce à la science que les millions affluent dans leurs caisses. Ne sont-ec pas en effet les Œrstedt, les Ampère et les Arago qui, par leurs travaux théoriques, ont ouvert à l'industrie cette voie si féconde de la télégraphie? Comme exemple de l'admirable usage du télé- graphe électrique, il nous suffira de dire que tout récemment M. Je professeur Henry, secrétaire du Smithsonian Institution à Washington, a averti M. Leverrier par dépêche de la découverte d'une pe- tite planète. Le jour où cet avis avait été expédié, Je ciel était couvert à Paris. M. Leverrier a immédiate- ment donné l'ordre à l'observatoire de Marseille de souder le firmament dans la direction du nouveau corps planétaire, dont, on a pu prendre immédiate- ment une position. Le sixième service, dirigé par M. Caillot, est celui du bureau des calculateurs chargés d'exécuter les in- nombrables réductions nécessaires à l'interprétation des observations et à la mise en œuvre des formules. Parmi les modifications introduites dans l'orgoni- 54 LA SATURE. sation de l'Observatoire, nous ajouterons que le Bul- letin météorologique qui paraît tous les jouis servira désormais d'organe à l'astronomie, La publication îles Annales de l'Observatoire se continue ; déjà six feuilles de cet ouvrage, qui doit en comprendre qua- rante, sont sous presse depuis quelques semaines. L'ère de la paix et du travail vient de s'inaugurer à l'Observatoire de Paris, au Bureau des longitudes, à l'Observatoire, de Monlsouris. Qu'elle nous ouvre Un règne fécond on découvertes ! 11 ne manque plus à l'organisation actuelle qu'un seul et indispensable auxiliaire, c'est l'argent. Mais les fonds nécessaires à la vitalité de l'Observatoire vont être prochainement demandés à l'Assemblée nationale. Nous croirions porter atteinte à sa dignité en supposant qu'elle Jes refuse. GiiSTOV TiSSAKllIKE. LES OSCILLATIONS DES CÔTES ET LA l'Ï.ACE DE l'.AYEl'X (SOMMh). La surface du globe n'est pas seulement soumise à des palpitations violentes, elle ressent aussi des mouvements très-lents, tellement insensibles, que leur constatation ne ,«M'*' ■>'■* ...:..::. ■...-. . ... . ...7. /./.■..:.- '■'■'■ . ■ ■■■■■< rLigE! a> Cayeux. peut avoir lieu que par des générations successives d'obser- vateurs. L'Océan mo- dilie aussi lui-même ses rivages d'une fa- çon incessante ; l'éro- sion des Ilots, le con- tact des eauxaveedes terres friables, déter- minent des change- ments appréciai.] I e.s. Les moyens d'en- registrement font de- là ut au milieu des continents; c'est seulement sur les eûtes, près île la mer, qui est le grand plan de nivellement du globe, qu'on retrouve des marques de retrait ou de pro- gression de la mer: si elle a envahi les terres, il existe un affaissement ; si l'on voit à des signes certains que son niveau actuel est plus bas, il s'est produit un exhaussement. Les principaux repères sont, dans cette dernière circonstance, les coquillages marins, tels quoles pholades et les babines, qui affec- tionnent la limite des hautes marées ; el, comme ils ont la propriété de perforer les roches les plus dures, ils deviennent un témoignage écrit de la présence des eaux marines. Ailleurs, les cordons littoraux des pla- ges inclinées, reléguées loin de la laisse de haute mer actuelle, confirment sa. présence antérieure dans des lieux qu'elle ne vient plus baigner. Ce dernier exemple se rencontre d'une façon sen- sible sur la plage qui s'étend entre Cayeux, près de l'embouchure de la Somme, et le bourgd'Ault. L'ap- pareil littoral ancien est une preuve du retrait des eauv et des différentes périodes d'activité de la mer. On -voit, sur une. éteudue'de huit à dix kilomètres, des cordons ou bourrelets de galets disposés, avec une régularité progressive, en zones de rouleaux, dont les contours correspondent aux époques do formation et attestent le retrait de la laisse de haute mer. Sur plusieurs points, ces ondulations de galets sont au nombre de vingt à trente, en les comptant depuis le pied du cordon littoral actuel jusqu'aux terres culti- vées, c'est-à-dire sur une distance de 100 à 150 mè- tres. Tantôt leur courbure concentrique est tournée du coté de la mer; tantôt elle dévie fortement,, en se rejetant sur l'un ou l'autre côté. Leur hauteur est variable suivant les endroits; dans quelques-uns elle dépasse a peine quelques centimètres, au lieu que, dans d'autres, elle est. suffisante pour former de pe- tits vallonnements de 7t ou 4 mètres de profondeur. Toutes ces traces sont un modèle en relief des modi- fications de la plage, suivant les caprices de la mer. Il est également à remarquer que, sur une éten- due de quatre à cinq kilomètres, en se rapprochant du bourg d'Ault, le cordon littoral actuel est d'une régularité et d'une hauteur qui contrastent notable- ment avec les sinuosités des dépôts anciens. Il se _^ __ prolonge en formede. digue à section pris- matique et aux pentes ..• ■ ■ "",/, %-, '■ "■■'-• -, r.iides, entre la laisse gjÉjj j ji ' de liante mer et les • ■ // & . relais ou terres aban- ■;':.' données par la nier pendant les périodes | ''}■"; ■'' ..-.■; ■(/. précédentes. .i-.ty ''■'■■ : . ^';,. Le sul sur lequel : •■' '■•% les anciens cordons "V--=ii littoraux ont été sue- ■ : V ■■■i cessivemenl édifiés est plus élevé que le niveau des hautes mers d'équinoxe; cette assertion est justifiée par la sécheresse de ces terres abandonnées parles eaux de la mer, qui, même dans les élévations exceptionnelles de la marée et malgré la perméabilité de la digue naturelle de ga- lets formant barrière, ne sont pas inondées. Il paraît évident qu'il s'est produit un exhausse- ment lent du sol de cette plage. Est-il attribuable à une dépression do récurée terrestre ou à une cause locale accidentelle? Sans aller chercher une explica- tion dans les phénomènes placés au delà de la por- tée de notre faculté visuelle, nous en trouvons une dans la constitution géologique du sol même. Les hautes falaises de craie qui composent toute la côte de la Manche, depuis l'embouchure de la Seine jus- qu'à la Flandre, s'infléchissent, à la baie de la Somme, sous les sables apportés par les courants de marée, autant sur les grèves que sur la vaste expansion mise LA NATTRK. 55 en culture aux environs de Cayeux. Il y aurait lieu de supposa 1 que la craie, constamment humidifiée par les infiltrations des eaux à travers les sables, au- rait été soumise, à un foisonnement, principal motif d'un exhaussement de la surface. Cet effet a déjà été mentionné pour le bri ou terre spongieuse des environs de Napoléon-Vendée, qui occuperait tout un ancien golfe. L'augmentation de volume d'un certain soi, par suite de l'imbibition constante, est une ex- plication plausible et plus simple que l'intervention ries grandes perturbations intérieures;, sur lesquelles on manque d'éléments fondamentaux. Cl VIE ANIMALE DANS LES G1USDF.S rTlOFOM>IÏ[JfiS DE LA Mt'ill. Les sondages qui ont été entrepris dans ces der- nières années par les marines d'Angleterre et d'Amé- rique, nous ont ré- vélé tout un monde nouveau , peuplé d'une multitude d'organismes. Jus- qu'au moment de la pose du cible transatlantique, on croyait que, dans Jes grandes profon- deurs de la mer, la vie animale était impossible, autant à cause de la pri- vation d'air et de lumière , que de l'énorme pression qu'elle supporte. Il est effectivement difficile de comprendre qu'un être quelconque, si infime qu'il soit, puisse vivre sans owgèue et sous une colonne d'eau qui atteint, dans les grands fonds un poids de 200 kilogrammes par centimètre carré; à ce point, les thermomètres se brisent, les instru- ments délicats où se trouve la moindre bulle d'air remontent cassés comme par un choc. Lo fond de la grande vallée interocéanique qui s'étend entre les deux mondes, est couvert d'une vase molle, de teinte neutre, qui, quand elle est examinée au microscope, laisse voir une multitude de petites sphères agglomérées les unes sur les au- tres. Le professeur Carpcnter leur a donné le nom de globigéiïnées ; elles sont en si grande abondance sur certains fou Is, qu'elles composent les trois quarts du dépôt, quoique leur dimension excède à peine quelques fractions de millimètre. Ces organismes rudimentaircs ne sont pus les seuls foraimnitères que l'on rencontre dans le fond de la nier; il semble qu'avec l'accroissement de la pro- fondeur, l'organisation animale se simplifie progrès- m Fis. i. ■ £YmtifKi;ix tvpcri Atlantique. - sivement. Ainsi ceux qui sont ramenés par la drague sur les bas-fonds siliceux (fig. 1 ) se rapprochent davantage du coquillage; leur test est beaucoup plus compliqué (j ne ceux qui jonchent le sol sous- marin dans les grandes profondeurs. Ces sujets microscopiques, rapprochés les uns des autres en séries, permettent l'établissement de pha- ses d'existence propre, quoique modifiées selon les familles. Les espèces que l'on trouve dans l'océan Atlantique ne sont pas les mêmes que celles de l'océan Pacifique; s'il y a quelques tvpes mélangés individuellement, l'ensemble conserve le signe carac- téristique d'une localité. Les déplacements paraissent avoir eu pour cause principale l'action des courants qui ont contribué à la migration embryonnaire. Ainsi, dans la figure 2, nous retrouvons exceptionnellement quelques sujets communs à la faune de l'Atlantique. Depuis que la drague a permis de rechercher an fond des eaux et à grande, distance de terre les for- mes organiques qui habitent le sol sous-marin, celles de grande taille aussibien querelles qui sont microsco- piques , on pout être certain que tout dépôt marin contient des preu- ves de son origine; elles sont un utile point de repère pour la détermina- tion de l'âge géolo- gique d'un terrain et la comparaison entre l'époque ac- tuelle et les épo- ques passées; les corps organisés fos- siles sont, pour le géologue , ce que sont les médailles pour l'anti- quaire : ils montrent nettement la formation gra- duelle et régulière de l'écoree terrestre. La comparaison des malériaux extraits des régions sous-marines actuelles avec ceux que l'on trouve en- fouis dans les terrains formes par les sédiments an- ciens, ouvre une ère nouvelle aux hypothèses géolo- giques. Les travaux des savants autorisés tendent à démontrer que, sous bien des rapports, les dépôts modernes dans une multitude de localités ont une analogie frappante avec ceux des mers de la période crétacée. Ou retrouve, en effet, une grande partie des forannijifèreset coquillages ramenés du fond de la mer dans les grandes assises de craie du nord de l'Europe. Ces organismes sont maintenant ensevelis dans le lit de 1 Océan, où leurs espèces se propagent encore à. la surface de cette boue visqueuse, qui ne serait autre que de la craie eu formation, attendant un soulève- ment quelconque pour émerger du fond des eaux. Nous serions donc encore en pleine époque créta- cée ! S'il eu était ainsi, les données de la géologie de i'ornrmiiifrVn.s rameurs par l:i drague dans l'océnu ■ Groiijissetiient uiovcn elû l>0 diamètres, 50 LA NATURE. seraient bouleversées complètement. Cette suppo- sition n été récemment confirmée en paille dans l'expédition du Hasslcr, où le profeseur Agassiz a rencontré, à 100 kilomètres du cap Frio, par une profondeur de 100 mètres, un représentant des tri- lohites, indiquant connue dans l'acception précé- Yi-j. -. - So[[lI;i-o oaYiilr li l'ilù lU: Cn'îiiKHa, eiï^ Dornt'o. il.ui.s li! Par:i!ii|ut> , à 41] ml'lres dû profondeur- — G i "-u ^ - i ^ ^ h * t : 1 1 ■- = a t nlmi'ri : ;il! dinmi'trcis. dente, que les couches les plus anciennes, qui re- montent a une période incalculable, sont encore en formation an fond des mers actuelles. Doit-on dire pour cela que le dépôt s'effectue de la même manière pour toute une région, ou seulement que tel endroit est partiellement assimilable à telle période V J. Girard. LA GAMME Quelle que soit la simplicité d'une œuvre musi- cale, ou quelle que soit sa complication, le nombre des notes qui peut la constituer est très-rosl.roiut : un orgue qui embrasse tonte l'étendue des sons em- ployés eu musique ne produit pas deux cents notes dillérentcs de hauteur. 11 faut remarquer, d'autre part, que d'octave en octave, on retrouve des snns qui ont entre eux la plus grandi; ressemblance, si bien qu'il suffit, pour connaître tous les sous musi- caux, d'étudier ceux compris dans ce que l'on appelle l'intervalle d'une octave : l'ensemble de ces sons con- stitue la gamme. La musique européenne (pour ne pas entrer dans des discussions surles musiques arabe ou persane) emploie une gamme composée de sept sons, auxquels on a donné les noms suivants : ni, ré, mi, fa, sol, la, si; après avoir exécuté ces sept sous, on recommence la même gamme à l'octave supérieure. La hauteur d'un son, cette propriété, cetlequalité qui l'ait que nous le qualifions d'aigu ou de grave, dépend du nombre de vibrations effectuées en une seconde par le corps sonore : c'est là un fait trop connu pour qu'il soit nécessaire d'insister. Il est na- turel de rechercher à quels nombres de vibrations correspondent les notes de la gamme ; mais, avant i d'aborder la question, il importe de faire quelques remarques importantes. La note qui sert de point de départ à la gamme n'a rien de lixe, et l'on peut chanter une gamme en partant d'un sou quelconque : ces différentes gam- mes nous feront éprouver des sensations très-sem- ' blablcs, bien qu'une oreille exercée arrive à les dis- tinguer les unes des autres. On peut, à l'aide de différents procédés, évaluer le nombre de vibrations qui correspond à une note quelconque ; si l'on applique l'un d'eux à l'étude de ces gamines, on arrive aux résultats *uivants : Ce qui caractérise les relations musicales entre les sons (les intervalles, pour employer le mot propre), e'rst le, rapport entre leurs nombres de vibrations : ainsi l'octave d'un son correspond toujours à un nom- bre de vibrations double du nombre des vibrations [lu premier son, quel que soit d'ailleurs ce nombre. De même encore, les nombres de vibrations de deux :Oiis qui dorment la quinte juste sont dans le rap- port de ô à 2. On conçoit l'intérêt qui s'attache à la connaissance de ces rapports pour les diverses notes de la gamme, puisque l'on a par là un moyen de les reproduire avec une justesse mathématique. Mais sur quoi faut- il s'appuyer pour effectuer cette détermination? Les musiciens savent bien que les divers degrés de la gamme no sont pas égaux; que si l'on désigne l'in- tervalle iXul à ré par le mot ton, l'intervalle de. mi à fa et celui de si à ut sont plus petits; aussi les désigne-t-on sous le nom de demi-tons, bien que, cri réalité, la succession de. deux demi-tous ne reproduise pas exactement un ton. liais il faut aller plus loin : il faut rechercher si les tons sont tous égaux ; si l'in- tervalle de ré à mi, par exemple, est le même que celui dut à ré. Sur un certain nombre d'instru- ments, il n'y a pas lieu de douter un instant; par exemple sur le piano, sur l'orgue; mais on sait que ces instruments sont accordés à la gamme tempérée et non à la gamme juste.; l'explication de ce fart nous entraînerait trop loin, i! nous suffit de le signaler. 11 est donc entendu que, dans tout ce qui suit, nous ne parlons pas des instruments à sons fixes, mais que nous avons spécialement en vuelavoix humaine, le violon, le violoncelle, dont les sons peuvent varier par degrés insensibles. Deux théories se trouvent en présence depuis fort longtemps : l'une est attribuée à Pythagore, l'autre se trouve daus les ouvrages de Ptolémée. Indiquons en quoi consistent ces théories et signalons les points sur lesquels elles différent essentiellement. Dans la théorie pythagoricienne on admet que les notes qui constituent la gamme ont été obtenues par une succession d'intervalles de quintes 1 , telles que les suivantes : fa ut x sol^ ré t la 2 mi. st.. 1 La quinte est, après l'octave, l'intervalle le plus facile à LA NATURE. 37 En ramenant ces notes à être toutes comprises dans la même octave, ou trouve que les rapports entre les nombres de vibrations des diverses notes et de Yut sont les suivantes : ut x re\ mi 1 fa t sol t la t si, vl % 8 (Si 3 2 16 128 L " Si l'on recherche la valeur des intervalles entre deux notes consécutives, ou trouve que les divers '.) tons sont tous c^aux entre eux et représentes par-,, et que les demi - tons correspondent au rapport l,a génération des notes par quintes est rationnelle et facile : c'est par quintes que l'on accorde encore de nos jours les violons et autres instruments de la mémo famille. On peut d'ailleurs continuer la série de quintes soit au-dessous de fa , soit au-dessus de si-, et l'on obtient alors les dièses et les bé- mols, sur lesquels nous ne nous arrêterons pas. Nous dirons seulement qu'en prenant cette série complète, on arrive à deux notes qui, ramenées à la même oc- tave, diffèrent assez peu pour qu'il soit possible de les confondre, et par su Ile d'arrêter la recherche de nouveaux sons musicaux. Mais, il faut le reconnaître, on ne voit pas pourquoi ou s'arrête à sept sons pour constituer la famine, et rien non plus no fait com- prendre pourquoi ces sons appartiennent au ton d'ut (dans la tonalité actuelle) plutôt qu'au ton de fa ou à tout autre. Dans le système de Ptolémée, les rapports des nombres de vibrations sont pris arbitrairement et Fin. 1. . — Expérience de MM. Cornu e.l ^manier. sans qu'on connaisse les raisons de ce choix, au moins pour les notes mi, (a et. si. Ces rapports sont les sui- vants : m(, re\ mi i fa l sot l /« t si\ itl 2 1 a 5 8 A 15 Ce sont ceux qui, depuis Zarlin, de Venise (1003), ont été adoptés et sont devenus classiques. Vu étu- diant les intervalles qui séparent chaque son du pré- cédent, on trouve trois rapports différents : 9 Le ton majeur -,, qui se trouve entre ut et ré, entre fa et sol, et entre la et si, 10 , . , . , Le ton mineur - -, qu on observe de re a nu, et de soi à la; Le demi-ton -.-.. > correspondant aux intervalles la mi-fa et si-ut. riTuiirmîtrc et à produire avec .justesse. — Dans ce qui suit les indices qui se trouvent à côté de chaque note indiquent les octaves successives dans lesquelles ces notes se trouvent com- prises. ' Jusqu'à ces dernières années, on ne pouvait expli- quer d'une manière plausible le choix fait de ces divers rapports : la distinction entre les tons ma- , jeurs et les ions mineurs ne semble pas être faite [ par les musiciens. ! Ku s'appuyant sur les harmoniques des sons 1 et ! sur la^ui'enfedodenx sons, c'est-à-dire sur le caiac- tèee de. deux sons d'avoir un ou plusieurs harmoni- ques communs, M. Ilehiiholtz est parvenu à faire comprendre comment on pourrait expliquer la con- stitution de la gamme de l'toléniée et de Zarlin. Cette gamme est d'ailleurs la seule qui puisse expliquer la sensation particulière que l'on éprouve lois de l'au- dilioud'uu accord censonnaiit : aussi M. IlebnholU désigne la gamme de Zarlin sous le nom de gamme naturelle. C'est entre ces deux ^animes qu'il s'agit de déci- der : les raisons invoquées par M. IlelmbolU ne sau- raient prévaloir contre des expériences directes : or, à plusieurs reprises, divers physiciens s'étaient pro- noncés en faveur de la gamme pythagoricienne, tan- 1 ces divers sans qui oui des nuniijres de vibrations mul- tiples du nombre de vibratiuus d'un son donné sont dits les harftiaittques de ce son. 58 LA NATURE. dis que les expériences de M. Holrriholtz donnent des résultais conformes à sa théorie; en particulier, les suites d'accords exécutés sur un orgue susceptible île produire à volonté les noies de l'une ou l'autre, gamme, sont plus agréables avec les notes naturelles qu'avec celles de l'ylhagore : « Les accords pythago- riciens, dit M. Ilehuholtz, paraissent durs, troubles, tremblotants, irrcguliers, » Peut-être serait-il possible d'admettre qui' chacune des deux gammes a sa raison d'être; que la gamme pythagoricienne est celle qu'on emploie exclusive- ment lorsque l'on exécute un chant, une mélodie, tandis que la gamme naturelle sert aux accompagne- ments, aux accords, dette solution sciait satisfaisante, puisqu'elle permettrait d'accepter des séries d'expé- riences qui, au premier abord, semblent devoir s'rv- (dure absolument. Mais certains faits rapportés par M. IlelmholU semblent en opposition avec cette pos- \ sihilité d'admettre deux gammes, M.IIelmhol!./ rapporte, en effet, dans son ouvrage: Théorie physiologique de la musique, le résultat d'observations faites sur la Société chorale, de Lon- dres, « the Tonic sol-fa Association, » et diverses ex- périences exécutées avec l'aide d'un chanteur et d'un violoniste, et dans lesquelles il comparait le sou émis par le musicien avec les sons d'un orgue donnant la gamme naturelle ; il a toujours trouvé que le son du soliste était celui de celle gamme : il s'agissait cependant, dans ces conditions, d'intervalles mélodi- ques et non pas d'accords. D'autre part, des expériences récentes, qui sont dues à MM. Cornu et Mercadior, semblent permell.re de conclure que la gamme pythagoricienne seule doit être admise au point de vue mélodique. Ce sont les résultats dus à ces observateurs habiles et conscien- cieux que nous voulons exposer avec quelques dé- tails : nous indiquerons l'étal actuel des expériences, nous réservant d'y revenir lorsque de nouveaux fails se dégageront avec netteté de ces recherches qui se continuent actuellement. Dansées expériences, MM. Cornu etMercadicr ont cherché à éviter toute intervention de l'expérimenta- teur; ils ont voulu que le son produit par le musi- cien put s'inscrire directement, sans que l'on eût à le comparer par l'oreille avec un autre son donné domine type. Sans nous arrêter aux premières re- cherches, dans les lesquelles ils employaient le pho- nautographe, nous décrirons la manière dont ils opèrent maintenant et par laquelle ils ont obtenu les résultats intéressants que nous rapportons ci-après. Remarquons d'abord que, les deux gammes qu'il s'agit de comparer ont un certain nombre de sons identiques, sur lesquels, par suite, il n'y a pas de de doute et qui pourront servir de points de re- père, qui donneront des vérifications ; ce sont le ré, le [a et le sol; le mi, le. la et le. si sont les notes pour lesquelles il existe une différence. Cette dii- lérenee n'est pas d'ailleurs bien considérable ; pour le mi, par exemple, la valeur pythagoricienne et la valeur généralement adoptée sont dans le rapport de 81 . 5' . 81 , , , ,. r ,. , pm soit ,,, T : e est-a-dire que taudis que 1 ul lait (il a 4 8D 1,000 vibrations,, le mi pythagoricien en fait 1,2GG et que le mi de Zarlin et de M. Ilelmholtz n'en fait que 1,2ù0. La différence est donc seulement de 16 vibrations sur plus de 1,200; celte valeur est ce que l'on appelle un comma. « Or, la valeur du nomma est. très-petite, bien qu'elle soit très-sensible à l'oreille, dit M. Mercadior 1 , auquel nous empruntons la des- cription de l'appareil; il faut donc, pour la mettreeii évidence, avoir recours à des musiciens exercés et esn- plover des appareils suffisamment précis. k Ku second lieu, quand on veut mesurer des in- tervalles formés par des sons successifs, il convient déconsidérer ces intervalles dans le cours même d'une mélodie et non isolément, Par suite, si l'on emploie comme moveu de mesure le procédé qui consiste à faire inscrire par le corps sonore ses propres vibra- tions (et dans l'état actuel de la science, il n'y en a I as de meilleur), il est nécessaire de pouvoir inscrire d'une mtuiière continue les vibrations des sons con- stituant des fragments de mélodie à mesure qu'on lis exécute sur un instrument. a Enfui, il est évidemment indispensable que l'en- registrement des vibrations soit automatique, indé- pendant de la volonté des observateurs ; il faut que l'exécutant n'ait pas à s'en préoccuper, qu'il ne le voie pas même fonctionner, afin que son attention soit concentrée tout entière sur la musique qu'il joue. « Après bien désossais, nous avons réussi à rem- plir ces conditions ; l'appareil dont nous nous servons est fort simple a L'expérience prouve qu'un fil métallique d'acier, de cuivre, de laiton, etc., sans tension, soutenu seu- lement de façon que ses vibrations [missent s'effec- tuer librement, transmet à une de ses extrémités, par vibrations transversales, les sons émis par un corps sonore fixé à l'autre extrémité. « Ou prend un pareil fil de 3, fj, 8, 10, etc. mè- tres de longueur, suspendu au moyen de rondelles étroites de caoutchouc (fig. 1); on soude à une ex- trémité une petite lame de laiton mince L,que l'on place cuire la table d'harmonie d'un instrument à cordes et les pieds dit chevalet; l'autre extrémité est lentement pincée dans un lourd support S. Près du point fixé on soude une petite lame de clinquante, à laquelle OU attache une barbe de plume b avec un peu de cire molle (cette disposition donne aux vibra- tions une amplitude plus grande que si la barbe était fixée directement au fil). In instrumentiste se place ' Journal de physique, t. I, 1872, p, 114. LA NATURE. <îe façon que le (il ne gêne pas les mouvements de son archet, et il joue îles fragments il:: mélodies simples dans un mouveinent lent (chaque sou doit durer au moins une seconde). Les vibrations des eordes se transmettent nu chevalet, à la lame métal- lique, au fil et à la barbe de plume qui vibre synchro- niquement. 11 ne reste plus qu'à inscrire ces vibra- tions. « L'instrument enregistreur se compose d'un cy- lindre métallique M, dont Taxe est muni d'une vis mo- bile dans un double écrou solidement fixé soit à une table, soit à un mur. Le cvluidre est recouvert d'une feuille de papier qu'on enfume eu la faisant tourner au-dessus de la flamme fuligineuse d'une lampe à huile. Un diapason 11, de 500 à 500 vibrations dou- bles par seconde, muni d'un style en clinquant, est solidement encastré dans un élan ou rlans le mur, et disposé de manière que son style vibre suivant les gé- nératrices du cylindre : ces vibrations servent à mar- quer le temps, et le diapason sert de chronograplie, sans qu'il soit nécessaire que le mouvement qu'on donnera tout à l'heure au cylindre soit régulier et uniforme. D'ailleurs, on avance la barbe deplume.de façon que sa pointe, eftlcure le papier noirci et qu'elle vibre tout près du style el, comme lui, suivant les génératrices du cylindre. ii Ces dispositions prises, on met le diapason en vibrations soit avec un archet, soit par le clioc d'un tampon garni de peau, et l'instrumentiste joue pen- dant qu'on fait tourner le cylindre soit à la main, soit à l'aide d'un moteur quelconque, avec u ne vi- tesse convenable. « On obtient ainsi un graphique semblable à celui dont la ligure 2 ci-contre reproduit un fragment, où chaque son de la mélodie est représenté par une forme do vibrations différente. On compte pour cha- que, son le nombre de vibrations correspondant à -100 vibrations du diapason, par exemple, et lesrapporls des nombres obtenus donnent les valeurs des inter- valles « Pour pouvoir conserverie graphique, après l'avoir détaché du cylindre, on le fend longitudirialemeut, on le trempe dans une dissolution de k pour 100 de gomme laque dans l'alcool; il se trouve ainsi recou- vert d'une couche très-mince d'un vernis inaltérable. « Si, au lieu do mesurer des intervalles mélodi- ques, on veut mesurer des intervalles harmoniques de deux sons, on accorde simullanémentde.nx eordes de l'instrument (comme à l'ordinaire) soit à la tierce, soit à la quinte, soit à la sixte, etc., jusqu'à ce qu'il n'y ait pas de battement et que l'oreille soit pleine- ment satisfaite; puis on inscrit séparément les sons des deux cordes ainsi accordées. » Les expériences ont été faites avcel'aide de plusieurs personnes musiciens amateurs, ainsi qu'avec le con- cours d'artistes distingués, tels que JIM. Léonard et Ferrand, violonistes, et Seligoiann, violoncelliste: elles ont porté spécialement jusqu'à présent sur les inter- valles de mélodies sans modulations, Voici quelques- uns des résultats les plus intéressants. Nous supposerons que nous considérions 1,000 vi- brations do la tonique ut : d'après la théorie, les no- tes ré, fa et sol doivent faire pendant le même temps, | respectivement, 1,125, 1,553 et 1,500 vibrations; j l'expérience- a donné 1,128, 1,550 et 1,500 vibra- tions pour les moyennes d'un grand nombre d'obser- vations. Ces résultats suffiraient pour prouver l'exac- titude de la méthode, alors même que des expériences directes, dontnous n'avons pas parlé pour ne pas com- pliquer la question, ne l'auraient pas mise eu évi- dence. Dans la gamme majeure, la tierce et la sixte doi- vent correspondre aux nombres suivants : Camino pythagoricienne, Gamme naturelle, mi la 1.200 1,( ; 87. 1,250 1,007. Diverses séries d'expériences fort concordantes ont donné les nombres suivants : 1,205 1,0S0. Ces valeurs sont, on le voit, entièrement d'accord avec les valeurs de la gamme pythagoricienne. Pour le si, on n'a pas trouvé un accord aussi satis- faisant entre la théorie et l'expérience : on a trouvé 1,917 au lieu de 1,898 (gamine de Pyfhagorc), ou de 1,87 5 (gamme naturelle) qu'indiquait la théorie; du reste, c'est encore de la valeur pythagoricienne que le nombre trouvé se rapproche le plus. 11 est in- téressant de remarquer que, dans les expériences fai- tes, le si servait de note sensible et se résolvait sur l'ut tonique ; dans ces conditions, les musiciens sa- vent que le si est plus élevé que dans le mouvement inverse : la valeur 1,917 indique bien un son plus rapproché de, l'octave de la tonique 2,000, que ne le ' donne la valeur pythagoricienne. Il serait intéressant d'avoir le complément de ces expériences et de dé- terminer la valeur du si dans une gamme descen- dante. Dans la gamme mineure. la, si\ ul s i"e a mï t fa, sol 2 tt fo s des résultats analogues ont été obtenus : les notes si lt mii et ' a ï' 4 U > ollt ^ a n ™ rao valeur dans les deux svstèmes, savoir, 1,125, 1,500 et 2,000, la tonique la étant représentée par 1,000, ont été trouvées res- pectivement caractérisées par les nombres 1,124, 1,501 et 2,001 en moyenne; voici les résultats cor- respondant aux autres notes : ut ré fa sol* Gamme pythagoricienne, 1,1 35 1,555 1,580 1,898 Gamine naturelle, 1,200 1,550 1,600 1,875 Moyenne des expériences, 1,1 86 1,534 1,582 1,901 Il ne saurait y avoir de doute : dans les mélodies majeures ou mineures, les notes exécutées soit par des amateurs exercés, soit par des artistes, sont bien les notes de la gamme pythagoricienne. 11 v a lieu de laire une remarque intéressante sur la gamine mineure : c'est que les écarts entre les diverses séries d'expériences, sans atteindre jamais de bien grandes valeurs, sont moins faibles cependant m LA NAITRE. que les écarts observés dans les recherches sur la gamme majeure : il y a heu de rapprocher cette in- décision des noies du mode mineur ilu caractère im peu vague et ilottant des mélodies de ce même mode et de l'opposer à la netteté, la franchise des mélodies majeures et de la facile diilei loinalioii des nombres de vibrations des noies de celte gamine. L'autre paît, quelques expériences, moins nom- breuses, il est vrai, exécutées sur des tierces faisant partie d'un accord, ont donné des valeurs qui con- cordent parfaitement avec les valeurs de la gamme naturelle de M. Ilrhntioltz. Ile, telle sorte que les nnn-équeiioes à dédunedes leclierebes de JIM. Cornu tit .Merondier sont bien celles qu'ils ont énoncées dans leurs premiers mémoires : la gamme pythagoricienne est ecllcemplovée jiar les musiciens dans l'exécution de leurs mélodies; In gamme de Ziirliu (gamme na- turelle de Jl. Ilehnholt/) est usilée dans la forma- tion des accords. -Sons ne croyons pas que des expériences aient été, jusqu'à présent, opposées à Celles dont nous venons de rendre compte : nous ne pensons pas que les ex- périences de M . Ilohnhollzpuissent être opposées à ces mesures directes ; elles nesotit pas assez nombreuses, et surtout elles exigent l'intervention de l'oreille de l'observateur; elles ne nous semblent pas d'ail- leurs porter exclusivement sur la gamme mélodique. Du reste, ce savant ne serait peut-être pas éloigné d'admettre les conséquences des travaux de JIM. Cornu et Mercadier. Nous avons dit sommairement que la raison d'être de la gamme, naturelle, comme gamme harmonique, avaitétédonnée, et que Jl. HelmhoUz a prouvé qu'elle est nécessaire, (lu ne voit pas de semblables raisons pour la gamme pythagoricienne, employée comme gamme mv.loilhjiw, ; on ne comprend pas pourquoi la gamme naturelle ne sert pas à Ja formation des mé- lodies; la génération par quintes, explication plau- sible d'ailleurs, n'explique que bien dilfieileineiil que faisant avec ut une tierce majeure dans un chant, un attaque la note pythagoricienne, alors qu'il faut une succession de qualie quintes pour passer d'une note à l'autre; quoi qu'il en soit, le fait semble prouvé : il faut l'accepter en attendant que l'on en trouve une explication, et il faudrait encore l'accep- ter, lors même que F explication ne serait pas don- née, si de nouvelles expériences ne viennent s'oppo- ser à celles que nous avons décrites. D r C. M. Gaiiiei.. *s>» DURÉE DE L'EXISjXNCE DES ARBRES Tout ce qui touche aux arbres, doit nous intéres- ser. Ne sont-ce pas eux qui nous procurent le doux ombrage et les fruits les plus délicieux? n'est-ce pas encore par eux que nous traversons les mers, que nous construisons nos maisons '! Il nous donnent l'huile, le vin et d'innombrables substances utiles. Aussi, l'Iiomme, a-t-il toujours su leur rendre hom- mage; les anciens eu faisaient les temples des dieux, ils les consacraient à des divinités particulières : le chêne à Jupiter, l'olivier à Minerve, le peuplier à Hercule. Les Romains avaient un véritable respect pour les grands arbres séculaires; Pline le natura- liste nous rapporte que le consul Passieuus Crispus, illustre par son mariage avec Agrippine, était, vérita- blement amoureux d'un hêtre qu'il possédait dans sou bois de Corné, près de T usculuin. Il avait cou- tume, dit le savant ancien, a de l'embrasser, de s étendre sur sou tronc, et de l'arroser de vin 1 . » Si l'on a toujours apprécié les arbres, tout ce qui concerne leur mode, d'accroissement et la durée de leur existence, n'en est pas moins resté, pendant des siècles, à 1 état de. mystère impénétrable. Duhamel affirmait au siècle dernier que c'est l'écorcc qui pro- duit l'ai lire ; on le erovait, et personne ne pensait à demander an célèbre académicien d'où pouvait alors provenir l'écorcc. Nous ne ferons pas à nos lecteurs l'injure de leur expliquer que le corps ligneux et l'enveloppe se for- ment à leur jonction, l'un au dehors et l'autre à l'intérieur, par couches concentriques et successives d'années en années. Nous leur dirons, toutefois, que ee fait si simple qui a soulevé tant de discussions parmi les savants du siècle dernier, était connu du vulgaire, à une époque antérieure. Jlic.bel Montaigne, dans son Yoyatjc en Italie, publié en 1581 , nous rapporte qu'un ouvrier tourneur, qu'il eut occasion de voir, savait très-bien apprécier l'âge des arbres sur leur coupe. (( Il m'enseigna, dit l'auteur des Kssaix, que. tous les arbres portent autant de cercles qu'ils ont duré d'années, et me le fit voir dans tout ceux qu'il avait dans sa boutique. Et la partie qui re- garde le septentrion est plus étroite et a les cercles plus serrés et plus denses que l'autre. Par cela il se vante, quelque morceau qu'on lui porte, de juger combien d'ans avait l'arbre et dans quelle situa- tion il poussait. » L'accroissement des végétaux n'est plus aujour- d'hui une énigme; depuis que le mécanisme de l'ascension de la sève a été dévoilé, chaque jour on découvre de nouveaux faits dans l'histoire de l'or- ganisation végétale. Mais il n'en est pas de même en ce qui concerne la longévité des arbres, car tous les botanistes ne sont pas encore d'accord à ce sujet. Toutefois, la plupart d'entre eux considèrent au- jourd'hui les arbres comme des êtres dont la vie n'a pour ainsi dire, point de bornes ; certains grands cèdres de l'Amérique qui vivent, de nos jours pleins de force et de vigueur, seraient nés, d'après ces sa- vants, ides époques extrêmement reculées, sur les débris même des derniers cataclysmes géologiques. Dans la Californie il existe des cèdres, de l'espèce Willinytonia yigantea qui ont plus de 150 mètres de hauteur, et environ 4(1 mètres de circonférence. 4 Œuvres de l'Hue, lib. XVI, eiiy. 44. 42 LA NAITRE. (( Le tronc de l'un de ces géants des forêts améri- saincs, dit le .«avant M. A. Pouehet, a été on partie transporté au palais de Siilenham à Londres. C'est une monstrueuse colonne d'une quarantaine de mè- tres de hauteur, et qui, au niveau du sol, après de dix mètres de diamètre. Jeine suis trouvé à l'intérieur de cet arbre en compagnie [l'une quinzaine de personnes. À San Francisco, on a même installé un piano et donné un bal à plus de vingt personnes dans le tronc d'un Wellingtonia qui y avait été apporte. L'âge du colosse correspond à ses dimensions; d'après ses an- neaux d'accroissement, on peut croire que, ce' vé- gétal est presque un vieux contemporain de la créa- tion. Il aurait trois ou quatre mille ans. » Bans nos climats, la longévité végétale n'est pas aussi extraordinaire; ("les études minutieuses nous permettent, jusqu'à un certain point, d'établir la chronologie de quelques espèces. 11 est hors do doute (jue les pins et les marronniers peuvent vivre pen- dant quatre ou cinq siècles. Les pins de l'île de Té- nérii'fe ont été plantés au quinzième siècle par les conquistadores; ils sont encore aujourd'hui pleins de vitalité ; leur sève circule avec abondance dans leurs troncs vénérables. Les sapins de la Thuringeen Allemagne n'ont pas moins de sept cents zones an- nuelles, que Ton compte nettement dans la coupe de leurs troncs. L'olivier vit plus longtemps encore : au dire de IMinc, on voyait de son temps l'arbre fameux qu'Hercule, avait planté: dans le champ d'Ohmpie; on admirait aussi celui que .Minerve avait l'ait subitement croître d'un coup dû lance, lors de la fondation de Cécrops. La longévité des chênes est étonnante; il en existe en Franco, qui, plusieurs fois séculaires, couvrent encore, le sol de leurs rameaux verdoyants. Lu An- gleterre, on mentionne des chênes historiques qui étaient déjà connus, il. y a cinq ou six siècles. Nous citerons, parmi ceux-ci, le célèbre chêne de Gow- thorpe, dans le Wothcrby ; il mesure \1 mètres de cieonférenee ; son tronc creux donne facilement abri à plusieurs personnes à la fois. Les branches appesanties par l'âge sont aujour- d'hui consolidées par des étais, comme le représente notre gravure. A certaines époques de l'année, on vient dos environs se réunir sous leur ombrage, les jeunes gens dansent alentour, et il est probable que les arrière-petits-fils de ceux-ci se réuniront encore auprès de cet arbre mémorable, qui a peut-être vu le jour avant Guillaume le Conquérant: Pline, et Tacite affirment que les chênes sont im- mortels ; ils ne semblent pas en douter quand ils décrivent les imposants tableaux de la forêt Hercy- nienne de la Germaine, s Ces grands arbres n'ont jamais été frappés par la cognée, ils sont aussi vieux que le inonde, et jouissent, par une ineffable mer- veille, d'une sorte d'immortalité 1 . » « Si l'on a égard, dit ailleurs le naturaliste an- cien, à ce qu'on nous raconte des productions de 1 (Euïrea do Pline, lib. XVf, cap. 2. certaines contrées les plus reculées, et à ces forêts immenses, dans lesquelles les Romains n'ont jamais pénétré, on pourra croire qu'il y a des arbres dont la durée est infinie. » Quelque merveilleux que puissent paraître de tels faits, entrevus par l'antiquité, la science moderne les confirme aujourd'hui, avec l'autorité d'obser- vations indiscutables. Il y a déjà un siècle environ, que l'illustre Adansun, favorisé par le hasard, ren- contra aux îles du Cap-Vert un gigantesque baobab, qui devait fournir à la botaniquc.de précieuses indi- cations. Ce naturaliste trouva à l'intérieur du tronc de cet arbre une inscription encore intacte, que les Anglais y avaient tracée trois siècles auparavant. Gel 1c- ci, en effet, était enfouie sou s une épaisseur de ligneux, où l'on comptait trois cents couches successives, très-nettement superposées. En s'appuyant sur une telle base, Adanson mesura les diamètres beaucoup plus grands de plusieurs de. ces végétaux géants, et il arriva à en conclure qu'un grand nombre d'en- tre eux, devaient compter environ cinq mille années d'existence. Il est arrivé fréquemment que des in- I soriplious analogues à celle dont nous venons de faire mention, ont révélé l'âge des arbres, dans l'intérieur desquels elles étaient Incrustées. Ou peut voir au Muséum d'histoire naturelle une coupe d'un tronc de hêtre, qui, abattu en 180j, porte dans son épaisseur la date de 4750 . Quarante-cinq couches ligneuses re- couvrent ces chiffres nettement tracées. Quelques ar- bres ont présenté des particularités plus saisissantes encore; dans les domaines du duc de Croy eu Hol- lande, une bûche de hêtre qui allait être débitée se fendit, et l'on aperçut sur les laces éclatées, le des- sin d'une croix, au-dessous de laquelle était deux os croix'*. Il est à présumer que quelque anachorète de la forêt, aura autrefois creusé l'arbre pour y conser- ver les objets de sa dévotion. Le solitaire a disparu; avec les années, l'arbre a grandi et bientôt une épaisse écoree a recouvert l'excavation et ses reli- ques. Parmi les arbres les plus antiques connus à la surface du continent, il faut citer les fameux cvprès qui bordent la route, de la Yera-Cruz à Mexico. Les Mexicains affirment que l'un d eux a abrité une partie des troupes de Fernand Cortex, Son tronc a environ 36 mètres de circonférence , et comme l'accroisse- ment de cette espèce est très-lent, M. do Candolle donne, à ce végétal célèbre un âge de cinq à six mille années. Ce naturaliste distingué croit, comme Pline l'Ancien, que la vie des végétaux n'a pas de li- mites ; elle ne finit que lorsque le sol nourricier man- que à ses racines, ou quand un accident vient la briser fortuitement. D'après lui, les géants de nos forêts terrestres doivent être considérés, non plus comme un être isolé, mais comme un agrégat d'in- dividus se succédant annuellement sur une même tige. Un arbre est une agglomération d'êtres, de bourgeons, qui forment ses branches, comme le po- lvpe du corail façonne ses rameaux. La tige est, en quelque sorte, un sol vivant, où croissent, vivent LA NATURE. 43 et meurent successivement 1ns bourgeons, individus isolés, dont l'ensemble forme l'arbre, véritable po- lypier végétal. L. LlIKHITIBn. LE PHYLLOXÉRA ET LA NOUVELLE MALADIE DE LA. VIGSE. (Suite. — Voy. p. i Kl 18.) Les moyens proposés pour le traitement de la ma- ladie du phylloxéra sont excessivement nombreux ; nous n'examinerons ici que ceux sur lesquels se fonde un espoir sérieux. 1. Moyens préservateur. 1 ; ou préventifs. — Il est inutile d'insister sur la nécessité de l'arrachage et du brûlis des ceps malades pour [(revenir l'augmenta- tion en étendue d'un nouveau centre d'attaque. Cette brutale suppression des individus atteints, ana- logue à celle qu'il est malheureusement encore au- jourd'hui impossible d'éviter pour la rage ou la peste bovine, ne peut être évidemment appliquée avec compensation qu'au début de la maladie; elle n'en- rave sûrement la contagion qu'autant qu'on prend le soin d'extirper jusqu'aux dernières ramilieations des racines, et qu'on éloigne les chances de trans- port et de dissémination de germes de destruction en brûlant les souches sur le lieu même où elles ont été arrachées. La cueillette des galles phylluxérien- n:s doit aussi être immédiatement suivie de l'inci- nération sur place. La création de tranchées, destinées à jouer le rôle de cordons sanitaires autour des points infestés, se présente naturellement à l'esprit dès qu'il est prouvé que le phylloxéra aptère, de beaucoup le plus abon- dant, étend peu à peu ses ravages autour d'un centre, par un envahissement de proche, en proche, M. de Lavergno, membre de la Société d'agricul- ture de la (iiromle, a le premier émis l'idée, que fa maladie nouvelle céderait à l'inoculation d'un li- quide capable- de modifier la sève des vignes, de fa- çon à la rendre impropre à la nourriture du phyl- loxéra, sans toutefois nuire en rien à la végétation. L'essence de térébenthine, l'acide picrique, la fuch- sine, la carminé, le sulfate de cuivre étendus sont cités par divers auteurs comme les substances les plus aptes à opérer cette sorte de vaccination. M. Laliman, se basant sur les données de la physiologie végétale, conseille de profiter du courant descendant qui ra- mène ta sève aux racines par les canaux les plus extérieurs pour faire arriver à celles-ci le précieux remède : une simple ligature de laine, insérée dans We légère incision de l'écorce, et imbibée de temps à autre, pourrait, selon cet habile viticulteur, favo- riser l'introduction delà substance préservatrice. Le badigeonnage du pied des ceps, l'emploi d'an- neaux agglutinants, le déversement, sur le sol, de poussières nuisibles, sont autant de moyens préven- tifs rationnels dont nous parlerons plus loin lorsque nous signalerons. les moyens de défense fondés sur l'observation des mœurs du phylloxéra. II. Moyens dérivatifs. — 11. Licbtensteiii a pro- posé de placer, entre les ran^s de ceps, des sarments formant boutures, dont les jeunes racines, renouve- lables pour ainsi dire à volonté, attireraient les para- sites par l'abondance de leurs sucs, et pourraient ainsi leur servir de piège. Ces appâts seraient enlevés et incinérés toutes les fois que les pucerons s'y se- raient rendus des racines sous jacentes. Plusieurs propriétaires ont pu ainsi détourner les phylloxéras et obtenir une récolte en dépit de leur présence. 51, Laliman est. le premier qui ait insisté sur le parti avantageux que nous pourrions tirer de l'im- portation des cépages américains, exempts des atta- ques du phylloxéra, ou même de ceux qui sont sim- plement attaqués par les feuilles : le parasite des galles produisant des effets incomparablement moins désastreux, et se montrant en outre beaucoup moins difficile à combattre que le parasite des racines. Dans sa propriété de la Tourcttc, située aux environs de Bordeaux, et où ces cépages privilégiés sont cultivés en grand, les variétés américaines cordii'olia, rotun- dilbliii, mustang du Texas, bland-madeira, ynrk, ainsi que le summer-grap ont bravé l'épidémie de- puis cinq ou six ans, et ont conservé jusqu'ici bellft apparence au milieu de vignes souffrantes ou com- plètement détruites. Devant des résultats aussi encourageants, M. Ra- zille, président de la Société d'agriculture do l'Hé- rault, n'a pas hésité à donner le conseil do greffer nos variétés européennes sur des sujets des Etats- Unis. L'opération, tentée par ce savant agronome, en collaboration avec M. Laliman, a pleinement réussi : les pieds obtenus ont échappé jusqu'ici aux atteintes du suceur des racines, bien qu'entourés de vignes phylloxérées, agonisantes ou tuées dès l'an- née précédente. Des expériences analogues sont ac- tuellement en voie d'exécution sur plusieurs des points les plus maltraités des départements de Vau- cluse et de l'Hérault. Il y a d'ailleurs d'autant plus intérêt à importer et à propager ces vignes américaines que les mêmes variétés qui résistent au phylloxéra jouissent en même temps d'une immunité des plus complètes à l'égard de l'oïdium. III. Moyens curatifs directs. — 1° Propagation des ennemis naturels du phylloxéra. — Le phyl- loxéra est heureusement, comme tous les insectes nuisibles, exposé aux attaques d'un certain nombre de ces insectes carnassiers qui sont les meilleurs auxiliaires de l'agriculteur, et qui, par leur chasse acharnée, réussissent à restreindre la multiplication de l'espèce dévastatrice, et souvent même à délivrer à tout jamais la contrée envahie. Les destructeurs du pbv lloxéra appartiennent aux groupes les plus variés. MM. Signoret et Laliman ont découvert d;ms les gal- les des feuilles de la vigne la larve d'une sorte de H LA NATURE. puuai-jc, connue sous le nom d'anlhocoris insidieuse, I et qu'ils considèrent comme se nourrissant aux .dé- pens des habitants de ces galles. L'authoeoris partage sa proie avec, une petite coccinelle noire qui, d'après ■ MM. Planchou et Liehtenstem, aurait dévoré le con- tenu de neuf galles sur dix. Quelques hyménoptères de taille exiguë portent également atteinte à la multiplication du phylloxéra : ces insectes, aussi remarquables par leurs mœurs (pie par l'élégance, de, leurs formes et leur extrême agilité, appartiennent au vaste groupe [les iehneumo- j nides, si riche en espèces protectrices des récoltes : ils partagent avec tous leurs congénères le curieux : instinct du pondre à l'aide de. leur tarière, dans le ! corps même de leur victime, condamnée ainsi à servir | de proie vivante, à leurs larves. Certaines larves d'hé- ' merobes et de syphes, avides de toutes espèces de pucerons, paraissent seconder ces précieux hymé- noptères dans leur rouvre bienfaisante. l'iusieurs espèces d'insectes carnassiers, citées par 11. Riley, entomologiste de l'État du Missouri, cuiuiue vivant de phylloxéras américains, beaucoup moins dangereux d'ailleurs que les phylloxéras des lignes françaises, devraient, selon le conseil de M. Licliteii- slein, être au [dus tôt introduites et acclimatées en Franco. Ce dernier auteur propose en outre de jeter au pied des ceps malades les galles vésicuhiircs qu'on rencontre habituellement sur les feuilles du peuplier : ces galles, produites par le puceron à bourse, ont souvent en effet leur cavité occupée par des anlhocoris et d'autres insectes carnassiers que l'on suppose capables de nuire également au destruc- teur de nos vignes. M. Maximilieu Cornu, un des délégués les plus actifs de la commission du phylloxéra, a découvert récemment que les pucerons de la vesce cultivée ainsi que ceux du sureau périssaient, parfois sons l'action de certains champignons du genre Fmpusa, de la même façon que le ver à soie sous celle de, la . muscard'me : cet habile observateur propose d'es- sayer d'acclimater ces parasites végétaux sur le pu- ceron de la vigne, dans l'espoir que, leur multiplica- tion, très-rapide comme chez tous les cryptogames inférieurs, ferait bientôt équilibre à celle du phyl- loxéra. 2» Insecticides. — Le fort tempérament du nou- vel ennemi de la vigne, et sa difficile accessibilité sont deux faits qu'il ne faut pas perdre de vue dans l'applicatioudcs remèdes destinés à agir directement sur lui. M. le D r Forel, de Lausanne, ayant placé dans un petit tube hermétiquement fermé une racine de vigne couverte de phylloxéras, a vu ceux-ci se reproduire et vivre plus de cinq semaines dans l'air confiné de cet étroit espace. Une longue expo- sition à un fort soleil ne semble pas davantage alté- rer leur vitalité. Mais c'est surtout lorsqu'ils sont ■ dans leur état de torpeur hibernale que ces dange- reux parasites se montrent capables de réagir contre les causes de destruction; un séjour de. deux se- maines sous l'eau est alors insuffisant pour détermi- ner leur asphyxie; mais ce qui n'est pas moins digue d'attention, c'est l'indifférence que manifestent les phylloxéras engourdis à l'égard de certaines sub- stances toxiques parmi lesquelles se font surtout re- marquer lus décoctions d'alors, de corlaria, de quas- sia, de staphysaigre, de tabac et même de. noix vomique. Lue innocuité aussi inattendue doit, préve- nir contre la .surprise que pourrait causer l'inelïica- cité de certains traitements appliqués en temps inopportun. Ce n'est certes pas par le manque d'insecticides qu'on a pu échouer dans certains cas, mais bien plu- lot par la difficulté. d'atteindre l'insecte dans les pro- fondeurs du sol ; le point d'application de la Sub- stance înédicatrice étant d'ordinaire à une trop grande distance des parties où le phylloxéra se tient de préférence et où il pullule le plus. Des groupes nombreux de phylloxéras s'obsei'vant en effet quel- quefois jusqu'à une profondeur de 1 ,u ,7j, il est indispensable que le réactif mis en usage puisse pé- nétrer assez facilement le sol pour atteindre les der- nières ramifications des racines. Aussi, pour assurer l'effet de. l'agent destructeur, faut-il prendre toutes les dispositions capables de le faire parvenir jus- qu'aux points les plus reculés de l'habitat souterrain, car vu l'extrême, fécondité des phylloxéras, on ne pourra prévenir le retour de la maladie qu'à la con- dition d'exterminer tous ces pucerons jusqu'au der- nier. Cette pénétrai ion si essentielle pont être favori sée soit par le déehaussage, soit par des trous de sonde, soit encore par l'action dissolvante et infil- trante de l'eau. Les substances qui, ainsi appliquées, ont donné les résultats les plus encourageants sont l'eau phéni- quée, la suie, les eaux ammoniacales du gaz, et les mélanges de fumier ou d'autres engrais soit avec du soufre, soit avec du plâtre ou du sulfate de fer. Le sulfure de carbone, l'huile de pétrole, le coaltar et la naphtaline ne paraissent pas agir avec une, énergie suffisante. Quant à la chaux vive, elle doit être reje- tée comme nuisible aux racines. 11 ne suffit, pas que les substances médicatrices, susceptibles d'une ap- plication générale et économique, exercent une action sûrement destructrice sur le parasite, il faut encore qu'elles soient choisies de telle sorte qu'elles ne puissent faire le moindre tort aux organes délicats sur lesquels il abonde : les meilleures sont évidem- ment celles qui, à l'exemple des engrais ou des mé- langes que nous venons de eiter, sont en état de jouer le double rôle de fertilisant et d'insecticide. E. Yigkes. — La lin i»roc!i[ûnir>; les Français ne débutèrent qu'un an après, à Saint-Christophe et, surtout, à la Guade- loupe fin 1048. ("est au commencement de ce siècle ipie la découverte d'un sucre cristalbsable dans la betterave fut habilement exploitée par des chimis- tes français; depuis ce moment, d'innombrables su- creries se sont construites dans le nord de la France et dans tous les pays de l'Furopc. Pour donner une piste idée du développement prodigieux de l'indus- trie sucrière, il nous suffira de dire que la consom- mation du sucre qui, à la fui du dix-septième siècle, atteignait à peine, en France, KO millions de kilo- grammes, s'élève aujourd'hui dans notre pavs à plus de 300 millions de kilogrammes. L'Angleterre n'en produit pas moins de i.'iU millions do kilogrammes. 4£ ^Éf <ÏÂï ' • •■ ' - ■ ' ■' Nouvium moulin j broyer les csnne.s :\ sucre. Si la fabrication du sucre de betterave a pris en Europe une extension si étonnante, celle du sucre de canne n'est pas restée sfatiomiaire dans les colo- nies, elle constitue, dans l'industrie moderne, une blanche assez importante pour y appeler l'attention. Nous voulons seulement aujourd'hui signaler quel- ques perfectionnements nouveaux, apportés à l'ou- tillage des sucreries coloniales. La première opération, à laquelle il faut soumet- tre les cannes à sucre pour en extraire le jus sucré, corniste à les comprimer fortement, à les écraser; mais les tiges de ces plantes sont hérissées de nœuds très-durs, qui résistent parfois à la pression, avec une force extraordinaire, et déterminent souvent la rupture des appareils destinés à les broyer. Les an- ciens moulin? à cannes étaient formés de cvliudres grossiers en pierre, qui portaient des engrenages do même matière, au moyen desquels le mouvement se, trouvait transmis d'un cylindre à mi autre. Ou n'a pas tardé à renoncer à ces procédés primitifs et à employer aux colonies des presses énergiques qui portèrent le rendement en jus, provenant de 100 ki- logrammes de cannes, de. 50 à 70 kilogrammes. MM. Cail et Compagnie ont construit de ces puis- santes machines, dont les cvlindivs atteignaient un mètre de diamètre; mises en action par uue force matrice de 00 chevaux, elles produisaient par jour un rendement de jus sucré, qui atteignait l'énorme volume de 400,000 litres. Dans ces derniers temps, un savant industriel, ilî LA NATUilî. M. Th. l'ousselot, a singulièrement perfectionné le moulin à cannes, il a construit des appareils funiu- dables, dont la solidité* et la puissance les incitent à l'abri des ruptures si fréquenles dans un grand nombre de machines défectueuses usitées dans les sucrières coloniales. Notre gravure représente un des nouveaux mou- lins à cannes de M. lïoussi-lol; la. dimension de cet appareil est formidable; il atteint environ trois mè- tres de hauteur. Cette machine est. fttrtuéi: de trois cylindres, véritables laminoirs, où s'engagent cf se broient les cannes à sucre. Le jus sucré extrait par la pression s'écoule sur le plan incliné repré- senté eu avant de notre figure. Contrairement aux appareils emplovés auparavant, les cvlindres de ce moulin gigantesque uns en action par la vapeur ont mi écarteiuent constant; enliu, sa muslrnclluii per- met do le démouler très facilement, aiin de vérifier le fonctionnement de ses différents organes. Nous avons représenté ei-ronlre le nouveau mou- lin, avec une roue d'engrenage, séparée du corps de l'appareil ; ou voit que, pour la remellre en place, il suffit do rajuster une pièce en fer cl de la consolider facilement par quelques "hindous. Toutes les autres parties de la machine se séparent aussi aisément. Le svstème Rousselot est employé à l'usine de Saint-Pierre, à la Martinique, où il donne les résul- tats les plus satisfaisants ; il est certainement appelé à exercer la plus heureuse influence dans nos autres sucreries coluuiales. L. LuÉllIIIER. .CHRONIQUE Première ascension fin Cotopaxi, volcan de l'Amérique du Snil. — Le Cotopaxi est le volcan le plus élevé et le plus terrible de ceux qui ouvrent leur cra- tère à la surface du globe terrestre. l'ai INÛ'2, lluinboldt et Bnnplind, en 1831 M. Poussitigaull, en 1870)1. Wagner, n'avaient exécuté dans celle montagne que des explora- tions incomplètes. h'Evt'itiiHj-Puat, de .\ew-iork, nous apprend que le Cotopaxi a été gravi jusqu'à son sommet, pour la première Sois, par un intrépide voyageur, le doc- teur Reiss. Sous les ordres de ce savant géologue, le 27 novembre de l'an dernier, une caravane formée de onze personnes, partit de llulolo, pour gravir le versant sud- ouest du cratère. Des spectacles admirables, et bizarres, allaient successivement se présenter aux jeux des voya- geurs, au milieu d'une roule liérissée d'ubstaclos. Ils fran- chissent d'abord îa rivière do Cutucba, dont l'onde glisse à travers des campagnes dénudées, entièrement couvertes de cendres volcaniques; ils atteignent bientôt la pampa de Veiitunillas, dont le sol poreux ressemble à de la pierre pouce; ils se mettent enfin en mesure de franchir les pre- miers échelons du gradin volcanique. Arrivés à l'altitude de 16,000 pieds anglais, ils embrassent d'un seul coup d'icil le versant ouest du Cotopaxi; c'est ûu immense dé- sert aride, dénudé, formé d'une cendre sèche, friable, et d'un sable noirâtre, dont la profondeur augmente de pas eu pas. Plus loin, une fissure profonde s'ouvre devant eux, et des torrents de lave encore fumante s'y précipitent avec fracas. Après un repos d'une nuit, le docteur Iteiss et ses compagnons se remettent eu marche; ils arrivi nt enfin au but tant désiré, conquis au prix de si grands ef- forts. 11 fallut pour atteindre le cratère, traverser des mers de glace hérissées d'aiguilles et d'aspérités, lon- ger le bord d'abîmes où la lave incandescente dégageait eu abondance du gaz sulfureux, vaincre en un mot les obs- tacles les plus difficiles. Le cratère s'offrit aux veux des vovageurs sous l'aspect d'un vaste entonnoir, dont ils ont évalué la profondeur approximative à 600 mètres, et d'où s'échappaient des torrents de produits gazeux, à une tem- pérature très élevée, l.e baromètre indiquait, au sommet du Cotopaxi, une altitude de 19,0(10 pieds anglais, qui dépasse le chiffre adopté jusqu'ici, pour la hauteur de ce pic escarpé. \tiiYelles du (tliallcnger. — Le Challenger, na- vire chargé d'exécuter des sondages dans toutes les mers du monde et qui a quitté l'Angleterre à la tin de 1872, vient d'arriver à Ncw-Ï'ork, où il a excité la plus vive cu- riosité. te Monûnq Herald et les principaux journaux de cette ville ont envoyé à bord des reporters qui ont visité les in- stallations et décrit les premiers êtres retirés des abîmes océaniques. Le voyage durera quatre à cinq ans. Le capi- taine scientifique de l'expédition est M. Wyvillc Thompson, qui s'est distingué dans les voyages de la Proserpi ne dont il a été si souvent parlé. Les sondages ont lieu avec des appareils perfectionnés, et des machines à vapeur sont employées pour relever les sondes. Nous rendrons compte des opérations qui ont eu lieu depuis l'Angleterre jusqu'à Sainl-Thuinus en passant par les IJennudes, et depuis Saint-Thomas jusqu'à New -York. l'ne grande croisade scientifique. — M. Richard Proctor, secrétaire de la Société astronomique de Londres, auteur d'un grand nombre d'ouvrages très-populaires de l'autre côté du détroit, et lui-même astronome très-distin- gué, a reçu d'Amérique une invitation pour faire une campagne de conférences à l'instar de celles du célèbre Tvndall.On nous apprend que M. Ttichard Proctor a accepté. Nous sommes certain qu'il ne trouvera point un succès moins enthousiaste que l'illustre successeur de Faraday. Eu quelques mois, Tuidall a recueilli près de cinquante mille francs de bénéfice, qu'il consacrera à une institution des- tinée à rappeler le souvenir de son voyage triomphal. Un comité s'est formé pour recueillir des souscriptions desti- nées à augmenter ce fonds. lin nouvel argument contre Dnruïn. — M.Max Muller, le célèbre physiologiste allemand qui a montré tant d'animosilé contre la France pendant la guerre, et qui fait un si mauvais usage de son talent, en essayant de populariser la nouvelle Académie allemande de Strasbourg, a senti le besoin d'attaquer vigoureusement la théorie de Darwin. L'argument de M. Vax Millier est développé dans une série de lectures que publie en ce moment une des principales revues mensuelles do Londres. Il est assez; cu- rieux pour que nous le résumions rapidement. M. Darwin, admettant que l'homme n'est qu'un singe transformé, a été conduit à soutenir que le langage hu- main n'est qu'un langage bestial également transformé; mais l'analvse des éléments fondamentaux de toutes les langues connues permet de remonter à des éléments en quelque sorte irréductibles, qui semblent identiques dans LA NATlilU 47 les langues les plus diverses. Ces radicaux, qu'on arrive à distinguer au milieu de tant de transformations succes- sives, ont un sens généra] et une valeur abstraite qu'on ne retrouve jamais dans les expressions phonétiques sponta- nées dont se compose le langage des animaux, et qui n'est pour ainsi dire formé que d'interjections, il y a dans tout langage humain un élément abstrait qui ne se retrouve point dans les cris des animaux : « S', mon âne, pareil à celui de Balaam, se mettait à nie parler pour me. dire : « Je « suis un âne » , disait plaisamment un physiologiste anglais, j'aurais le droit de lui répondre qu'il a menti, car il serait un homme dès qu'il parlerait une langue véritablement articulée. » Les voles ferrées de l'Asie centrale* — Le en- lurii'l von Stubendorff, de l'année rus-e, vient de lire il la Société de géographie autrichienne une intéressante com- munication sur le projet de construction d'un chemin de fer dans l'Asie, centrale. Le colonel a présenté à cette occa- sion a la Société la dernière carte du gouvernement russe sur ses possessions asiatiques, l.'n chemin de 1er est dé,a construit, dans la Trauscaneasîe, de Poti jusqu'à Tiflis ; il gagnera prochainement Baku sur les bords de la mer Caspienne : on voit que le gouvernement russe fait de grands efforts pour traverser d'une voie ferrée ses im- menses domaines de l'Asie centrale. l.e plus grand pont du monde. — The Toi/ Bridge. — Ou le construit en ce moment en Kcosse. On sait que les entes de ce pays sont découpées par des baies profondes, des embouchures de rivières que l'on appelle Firlhs. Dundee, ville, manufacturière, de 120,000 habi- tants et port de mer important, est située sur La rive nord du Firlh of Ta y fus charbons du rondo de Fifo ne peu- vent y arriver que par un transbordement ou en chemin de fer, par un long détour vers l'ouest. Les communica- tions avec Edimbourg et l'Angleterre sont allongées de 50 '« 40 kilomètres par ce bras de mer, au bord duquel les Wagons doivent s'arrêter. On y remédie en ce moment pae il construction d'un pont de 5,000 mètres rie long, qui réunira les deux rives du. Firfh of Tav à quelques centai- nes de mètres en amont de Dundee. (le pont consistera en SB travées dont quatorze do. 01) mètres d'ouverture. Les piles surit des caissons cylindri- ques en tôle, remplis en maçonnerie de briques. A part les courants et les gros temps qui interrompent souvent le travail, les ingénieurs n'ont pas rencontré de difficultés excessives dans les fondations, car le roc se trouve à une faible prolondeur au-dessous du ht de la rivière, et le fond n'est, à l'endroit le plus creux, qu'à 1"bÙ au-dessous (1rs basses mers. Le tablier est formé d'une poutre tubu- laire, suivant le modèle bien connu qui a été appliqué tant de fois en France et ailleurs. Il est en ponte de 2 mil- limètres et demi par mètre d'un côté et de 12 millimètres par mètre de l'autre côté, en sorte que le point le pins élevé est à 20 mètres au-dessus des plus hantes eaux. A l'une des extrémités, sur 600 inèires de long, le .p«tu décrit une courbe de près de 90 degrés, afin de sa rac- corder au chemin de fer tracé sur le littoral. 11 entrera dans la construction 6,201) tonnes de for, a.jôO mètres cubes de maçonnerie de briques, S.O00 mè- tres cubes de charpente. Les entrepreneurs ont pris le,^ i travaux à forfait pour la somme de 5, Nous ne nous bornerons point, dans notre Bulletin météorologique, si résumer Ira indications recueillies dans les différents observatoires, mais nous essaye- rons de rechercher les causes prochaines des grandes inégalités que nous serons incontestablement, appelés à discerner dans les allures des saisons. Très-rarement la lin d'avril et le commencement déniai se passent sans que l'on ail. à subir un re- froidissement très-sensible qu'on explique par la pré- sence d'un essaim d'étoiles filantes alors en conjonc- tion inférieure avec le soleil. Venant s'intercaler entre nous et l'astre qui nous éclaire, ces légions de mondes microscopiques se chauffent chaque armés à nos dépens. Ce groupe gênant, qui est cause de la mauvaise ré- putation de la lune rousse, parait avoir été cette aimée plus abondant que d'ordinaire, car rarement la chaleur du soleil a été, si notablement diminuée. Quoique la direction générale des veufs fût au sud, pondant la première décade, la température moyenne est tombée au-dessous de ce qu'elle est communément à pareille époque de l'année. On peut en conclure que les étoiles filantes de no- vembre, produites par la conjonction supérieure d'une antre part ic du groupe, seront peu abouibiul.es et que l'été de la Saint-jfartijï, produit par leur pas- sage, sera peu développé- Begres Fareidieit Tem p er ai ut es du m dis de Mai Anr 1 - Centésimaux l 10 15 20 25 51 Quoi qu'il en soit, l'essaim étant passé, bi tempe rature a pris une Lendauoe marquée à l'élévation, mise en évidence par les courbes que nous avons tracées, tant do la température du jour que de celle de la nuit, mais les vents se mettant au sud ont déprimé la colonne tberuioinétrique, tant de jour que de nuit, et l'ont fait descendre vers zéro, comme l'on peut s'en assurer. Cette crise tardive ne pouvait être véritablement dangereuse pour la végétation, surtout cette année, où elle est remarquablement développée; maiselleest digne d'attirer notre attention au plus haut degré. La cause de ce mouvement de recul n'est point con- nue avec précision. 11 ne serait point extraordinaire qu'il fut dû à l'abondance de:! glaces polaires, mani- festée par la facilité avec laquelle 2!) personnes de l'équipage du Boralis ont décrit un arc de 29" de latitude, à la surface des océans parsemés de ban- quises gigantesques. S'il en était ainsi, ce refroidisse- ment local serait mi symptôme d'un été torride ve- nant donner aux plantes une vigoureuse impulsion. Nous verrons bientôt si cette conséquence d'une vue théorique se trouve ou non vérifiée. La fui du mois de mai a coïncidé avec une période de luttes entre le courant polaire et. le courant équa- torial qui semble devoir triompher prochainement. Des tempêtes assez violentes ont éclaté sans que la paix, ait été rétablie. Au commencement de juin, nous avons vu se former quelques orages de fondre assez violents cl qu'on ne pouvait attribuer à des circon- stances locales, car la chaleur de l'air n'était point assez grande pour que l'on sentît le bien-être accom- pagnant ordinairement l'arrivée des orages à la fin du printemps et surtout dans le cours de l'été. YV. de Fo;vuiiLr.K. l,c Propriétaire-Garant : Gast.w TISSAKDIER. r-AI',15. — 1M1\ 5IÏ10M la^N ET (.OUI'., M'jJ u'EtiFUltTH, 1, V i. — 28 JUIN 18 73. LA NATURE. •19 LE N.OIRE DKCUIHASSÉ On le construit en Angleterre sur les plans du Chief Naval Archilect Je l'Amiraulé, M. iXalhaniel Baruaby. 11 aura un nom français : le Téméraire. Le jour où, à Shœburyness, le canon de 35 tonnes (Infant of Woohuich) a traversé une armure de Ah millimètres et l'épaisse charpente qu'elle recou- vrait, on fut autorifé à penser qu'une voie nouvelle allait s'oimïr pour l'art des constructions navales. Mais lorsque sir \X. Arnistrong et sir .1. Wliihvorlh se sont engagés devant le fameux « Comité dos plans des navires de guerre » à fabriquer des canons capa- bles de percer des plaques de 50 et même de 00 centimèlres d'épaisseur, i! a fallu prendre une résolution énergique, rompre avec un passé, pour- tant si voisin de nous. C'était hier, la Dévastation, la Lave et la Ton- nante revenaient de Crimée après avoir réduit Kinburn. Pendant quatre heures les trois batteries flottantes avaient cauonné la forteresse, et reçu cha- cune un grand nombre de projectiles. Mais c'était vainement que les longues pièces de 2-i en fonte de fer du l'ennemi avaient criblé les trois navires. Une empreinte d'environ 3 centimètres là où avaient porté les projectiles, c'était tout ce qu'avaient obtenu les artilleurs russes sur la cuirasse de 110 millimètres de nos batteries. Plein d'enthousiasme en présence d'un résultat iiftTino ( isr, aussi brillant, le gouvernement français avait donné des ordres pour que les plans que lui avajt soumis M. Dupuy de Lôtne fussent réalisés. Une frégate cette ibis, la Gloire, était mise en chantier (i mars 1858), pendant que les ingénieurs du génie maritime pré- paraient les devis des navires qui allaient composer la llotta nouvelle. Dans cette voie où nous allions entraîner bon gré malgré toutes les marines de guerre, les premiers, les Anglais nous suivaient, en attendant qu'ils nous dé- passassent, et lançaient à leur tour le Warrior. Nuus leur répondions par la Normandie, l'Invincible, la Couronne, la Magenta, le Solférino 1 ... Mais ici, nous nous arrêtions. Les Anglais eux-mêmes, bien 1 L 'auteur tic. cul article a donné des détails complets sur ci's navires cubasses, dans sou excellent ouvrage intitule les Merveilles de l'art nneal, et publié en lSfifi par la librairie Hachette et O. — Grâce à l'obligeance des éditeurs, nous qu'emportés alors par une fièvre assurément im- prévue au début, lorsque nous leur communiquions nos expériences de tir de Ymceimes, sur des plaques, et qu'ils souriaient de ce que le plus irrespectueux d'entre eux considérait comme un « échantillon de l'étourderie française, » les Anglais, disons-nous, se recueillaient à leur tour, ou plutôt, comme nous, regardaient do l'autre coté de l'Atlantique. Les fédé- raux et les confédérés eu étaient alors aux mains, et cette marine cuirassée, qui n'était encore en Europe qu'une marine théorique, "les Américains la faisaient entrer, eux, dans le domaine de la pratique, en la soumettant à l'épreuve suprême du combat. L'un empruntons à cette publication les deux gravures qui représen- tent le Solfcrina et la Couronne, pensant qu'il y- a un intérêt réel à remettre sous les yeux du public les types de ces na- vires, au moment où l'Angleterre modifie de toutes pièces les bsses de si importantes constructions navales. u. T. 50 LA iS'ATL'nlv dus inventeurs du l'hélice, l'illustre John Kriessou, lançait son Mun'dor pour tenir tète au Merrhnuc, et, le 8 mars 1802, à Uampton-Roads, ces deux navires se canonnaient sans se l'aire plus de mal que l'artil- lerie russe n'en avait causé à nos batteries flottantes. Pour la première l'ois on voyait l'éperon entrer en scène, et s'imposer à son tour aux architectes na- vals. Pendant que des deux côtés du l'Atlantique, ces architectes dotaient les diverses marines de bâtiments invulnérables, les artilleurs, vaincus, cherchaient leur revanche, travaillaient à augmenter la puissance de leur arme. Sans trop d'efforts ils y parvenaient. Quand parut la Glaire, le cation Paixhans, dit à bombe, avait déjà rendu impuissante l'ancienne muraille de bois des navires; la ravine eu donnant à ce canon plus de portée, plus de justesse et de force de pénétralion, acheva de la rendre, illusoire. C'est pour lui résister que la Gloire s'était revêtue d'un blindage de 11 et ]2 centimètres, protection suffisante contre le canon de lu' centimètres, qui se présentait, en même temps qu'elle dans l'arène avec la rayure et le chargement par la culasse. A ce point de départ, cuirasse de 1 I centimètres et canon de 1(1 centimètres s'équilibraient assez bien. Mais nous venons de le dire, le canon rayé ne devait pas en rester là, car la rayure et le chargement par la culasse lui avaient ouvert une voie d'agrandissements continus qu'il allait parcourir rapidement. Bientôt, en effet, il atteignait 19 centimètres, puis 22, puis 21 et 27 centimètres. Aujourd'hui, enfin , après treize ans seulement, le voici arrivé à_32 centimètres, juste le double de ce qu'il était eu I8Ô1). Pour lui tenir tète on augmenta d'abord l'épais- seur des cuirasses. On passa ainsi des épaisseurs de 12 centimètres à 15, 10, 18, '20 et 22 centimètres. Jlais ici on dut s'arrêter; car ce n'était pas uniquement le poids de la muraille qui se trouvait accru sur les navires, il leur avait fallu des machines plus robustes, par suite une provision de charbon plus considérable. Si d'un côté, en multipliant leur puissance, les canons avaient vu diminuer leur nombre, de l'autre leur masse, celle de leurs projectiles avait aug- menté. Le canon de 27 centimètres, par exemple, pèse, avec son affût, plus de "il ,1100 kilogrammes, sa charge de poudre oll kilogrammes, et son projectile 210 kilogrammes. Le dernier sur la liste, V Infant of Woolwich, ne pèse pas moins de !">.">, 52.") kilogrammes. Qu'on ajoute à ces charges 1 million 500 mille kilogrammes pour celle de la cuirasse, on obtient pour le navire qui les supporte un déplacement d'eau d'environ 8 millions de kilogrammes. C'est trop ; car alors les marins n'oftt pas seulement un navire ex. > uordinairement coûteux sous les pieds et d'une conduite difficile ; ils ont aussi une demeure dépourvue de sécurité, forte devant les hommes peut- être, mais très-faible devant ses vieux ennemis, l'Océan et ses tempêtes. Lue répartition vicieuse des poids, une nier un peu houleuse, quelques mètres de toile de plus qu'il ne faut, eu voilà assez pour nienci au fond tout un équipage de braves gens, et 10 ou 12 millions de francs. La (in du Ctiptain ne l'atteste que trop éloquemiiieut l . Menacés par les effets également désastreux du canon, de. l'éperon et du naufrage, les ingénieurs ont cherché divers moyens de satisfaire aux con- traires nécessités de la navigation et du combat. Ainsi ils ont diminué l'épaisseur de la cuirasse sur certaines parties du navire pour la reporter sur d'autres, ou huai ils mit diminué le poids de l'arma- ture de bois, du malelaa disposé pour soutenir les plaques. Le capitaine Coles imaginait des tourelles lournaiil.es, puissamment cuirassées et dans lesquelles il plaçait, l'artillerie, ce qui lui permettait de ne laisser sortir de l'eau qu'une faible partie de ses navires, le pont supérieur, et de n'offrir ainsi à l'ennemi qu'une surface extrêmement réduite. D'autres constructeurs débarrassaient les bâtiments de leur mature, etc., etc. Pendant qu'ils cherchaient de la sorte à concilie] 1 la sécurité maritime du vaisseau avec celle qu'il doit offrir au point de vue militaire, l'éperon, puis les torpilles fixes, mobiles, automobiles, venaient .à leur tour compliquer le problème. Pour résoudre cette nouvelle difficulté, l'intérieur du bâtiment était divisé en cloisons élauches, et recevait, une double carène, ce, qui ne le rendait, pas plus navigable, et lui I enlevait encore de sou habitabilité. ; En dépit d'une dépense de talent qui a porté si haut les noms des Ifupiiv de Lôme, des Reed, des l'arnabv, des Coles, des Ericsson, et de tant d'autres ingénieurs, on voit qu'il est impossible d'affirmer qu'ils aient rendu à la mer des navires tels que l'Auxtoiitz de Sané, ou le JSapole'on de Dupuy de Lomé. Le navire d'escadre , bien maniable , bon marcheur, capable de longues traversées, invulné- rable et puissamment armé est encore à créer. Afin d'obvier à ce vide profond, qui modifie si singulièrement la tactique navale , les amirautés, à leur tour, ont du aviser au moyen de remplacer ce 1 Le Crtpùiïn était un navire, à deu* tourelles de 4,272 lon- iieiiuv, onii-;i sis " p: il' des polisseurs varianl, sur la coijue, de 1" à "20 centimètres cl de 23 à ï.'i centimètres sur les tou- relle-, et armé de 6 canons dont 2 de L 25 tonnes. Dues fa imiL du :iu 7 septembre 1S70, à lu hauteur itu cii]i FinJslèn:. [tin- un gros tamis à grains, grasse mer, le Cojitnin a cnnli; « faisant Sun trou dans l'eau, » comme disent les marins. Commande ]iin' le capitaine J!ou.r;:oyue, le Ctiptain faisait piirtic d'une cseiuli'e. d'évolutions aux ordres du vice-aminil l A. Milite. « A une heure après minuit, lisons-nous dan* 1 le rapport de cet ulïajiia', le vent avait force, on serru ta voiles carrées. A cette heure, le cY/jjfao'i se trouvait à Fui'- rière de mon navire [Lord Wtirdïu) ; le signal d'augmen- ter les distances fut fait et répondu ; il riait environ une heure i et demie, je le veillais constamment ; il avait ses fumiers au luis j ris nu serrés, les basses voiles serrées... son feo rouge se dis- ûneauiil. alors clairement. Qucl[|ues minutes après je chcrcliai de nouveau à le voir, il avait disparu... Au point du jour, dix navires seulement étaient en vue, le, onzième, le V.aplain, n'élail plus parmi eux... » Les cuiij ou six cents hommes ipn le montaient, à l'exception de dix-sept humilies seuleuienl, perdirenL lu v )i; dans ce iiaulraeY, où périt également le con- structeur du malheureux vaisseau, le regrettable capitaine Cules, LA iS'ATUlU qu'on leur a enlevé, ce qu'il est si difficile de leur rendre. Elles ont spécialisé leurs navires, en lis divi- sant en trois catégories, chacune avant un tvpe et un rmploi particuliers. Dans la première, ligure ee qui tient lieu en ce moment de l'aune des Duquesiie, 1er, mais les plaques composant le bordé auraient beaucoup jihis d'épaisseur que les plaques employées dans les constructions ordinaires , afin qu'elles puisent résister aux atteintes de la mitraille ou aux projectiles eu acier du canon Gatlmg. Leur artillerie des Tourville, des Ruyler, des Sulïren et des Nelson, ■ comporterait une ou deux pièces capables de percer nous voulons dire le navire d'escadre, La seconde comprend les navires de croisières, destinés à faire flotter au loin le pavillon national ; leur cuirasse est légère et leur rapidité, excessive; ils ont une artillerie peu nombreuse, mais puissante. Les garde-côtes, béliers ou monilors, connue on voudra les appeler, composent la troisième catégorie. Leur nom indique, leur fonction. N'avant pas à s'éloigner du rivage et, par conséquent, n'étant pas contraints de se charger du com- bustible et des provi- sions nécessaires au M longues traversées, on a pu donner à ces bâ- timents, qui consti- tuent un type entiè- rement nouveau dans les Hottes, une épais- seur considérable de cuirasse et une puis- saule artillerie. Quel- ques-uns, la Dévas- tation anglaise et le (ïlutton, sont, à ces points de vue, formi- dables. Quant au navire d'escadre, nous le ré- pétons, quoiqu'il li- gure dans toutes les mannes, il est encore 1 idéal obstinément mais infructueusement pour- suivi. Eaut-ïl renoncer à l'atteindre'.' Le n'est pas l'avis d'un grand nombre d'ingénieurs, d'artilleurs et d'oltieier.-i de marine , et leur opinion , ou l'a vu iiu début de cette esquisse, a exercé' une hiilueiire assez considérable pour que î'Amiraulé anglaise l'ait subie. Puisqu'il est impossible de rendre invul- nérable le navire d'escadre sans lui enlever les qualités d'évolution, do sécurité et d'habitabilité, un h; décuirassera. « La suppression de la cuirasse et de la part qu'elle prend dans le déplacement du navire, disait sir \Y. Armstrongaux membres du Commit ter. for tke designs of Sirips of War, permettra d'ac- croître dans des proportions énormes la puis- sance offensive et la vitesse, au profit du nombre des navires, de manière que la perte d'un seul baliment ne sera plus comme aujourd'hui un mal- beur public. Nous aurons alors des vaisseaux com- parativement petits, mais rapides et puissamment armés, et quoi qu'il arrive, de pareils navires ne seront jamais démodés. 11 faudrait les construire eu La Cuurunni: (ISUÏ) les cuirasses les plus épaisses ; le reste se composerait de pièces légères, mais de gros calibre, susceptibles de lancer de gros obus avec une vitesse moyenne. Ainsi construit et armé, un navire serait pour un cuirassé un antagoniste formidable, même dans un duel d'ar- tillerie, tandis que comme bélier, ou s'il faisait usage de la torpille, sa vitesse supérieure et sa facilité de manœuvre et d'évolution lui donneraient un grand avantage sur son pe- sant adversaire. « Mon opinion est que des navires en fer, rapides, divisés eu nombreux compar- timents, avec leurs cliaudièrescl lcurma- cbinc au-dessous de la flottaison, cuirassés seulement clans une frès-pelite partie de la coque, constituent la classe des navires de nier, et, qu'en pré- sence des progrès de l'artillerie et des nou- veaux moyens d'at- taque , la prudente recommande haute- ment ces construc- tions... » ■ Le Comité des plans des navires de guerre a trouvé sir \Y . Ariuslruug trop radical; niais comme la véritable souveraine de l'Angleterre, l'opinion publique, lui donnait raison, l'Amirauté, nous l'avons dit, s'est décidée à mettre en chantier un navire , le Témé- raire , qui sera construit sur les indications de l'illustre artilleur, lui conséquence, il se composent d'm.e citadelle très-fortement blindée, destinée à protéger les machines, les canons et l'équipage, réduit porté par un radeau non cuirassé, divisé en cellules ou contenant, quelque subslaiicc légère, telle que du liège, de manière à pouvoir èfre traversé impuné- ment par les projectiles. Ou sait aujourd'hui que l'obus n'estdaiigeieux que lorsque larésislanee qu'il rencontre o-t considérable. Devant cette détermination des chefs de la pre- mière marine du monde, toutes les puissances qui ont à coeur le maintien de leur influence navale con- tinueront elles àee-nstniiredes navires de !) à 10,000 tonneaux de déplacement, des navires do 08 mètres ue long de ces Contliiuera-t-oii à consacrer à eh; .ornuuaJjk s et cependant si fragiles iustru- 52 LA NATliHK. monts de combat 10 à 12 millions, et à livrera l'in- connu de la guerre sous-marine ces coûteux engins que la torpille pourra détruire d'un seul coup'? ou bien, désertant celte voie ruineuse, consiilérera- t-on comme plus sage et plus prudent de renon- cer, dès à présent, à une protection inefficace et partant dangereuse? Celte question, peu de temps avant la résolution de l'Amirauté anglaise, M. Je vice- amiral Touchant la posait dans noire pays avec, une giande netteté. « l.c déruirassrment, disait-il, ap- paraît aujourd'hui connue la conséquence inévi- table île la puissance croissanle du canon et de sa supériorité sur la cuirasse. Peut-être, avant que les navires en cours de construction soient achevés, cette conséquence va-t -elle s'imposer par l'initiatiu: des autres puissances maritimes, ou d'une seule d'en- tre elles? et dès lors n'y aura-l-il pas pour la Fiance honneur cl profit à fournil' ici l'exemple d'une ini- tiative hardie (pie la prudence et l'économie conseil- lent, comme elle a fourni un exemple, moins con- forme à son génie et à ses traditions militaires: l'exemple du cuirassement? » Cette initiative, on vient de le. voir, c'est l'Angle- terre qui l'a eue, non pas que le principe du décui- rassement manque d'adhérents parmi nos ingénieurs et nos officiers, mais les charges laissées par la guerre [lèsent trop lourdement sur notre pays pour qu'il lui soit permis de rentrer aussitôt dans la voie des essais et des expériences. De même que les Anglais nous laissaient faire alors que nous construisions 1« Dévastation, la Lave et la Tonnante, de même nous resterons spectateurs de la tentative représentée par le Téméraire, attendant, pour nous décider, que l'épreuve soit achevé'!.'. Oue nos ennemis ne prennent donc pas une réserve, très-difficilement contenue d'ailleurs, pour de l'épuisement ou de l'impuissance. .Notre marine, comme notre pajs lui-même, se re- cueille et retrempe sou génie au sein des viriles élu- des. Pour elle comme pour lui de belles pages leur restent à écrire ; de nouvelles destinées les attendent, plus grandes, — nous en sommes profondément convaincus, — que celles déjà remplies. LcUM llESJUtl). M. F. MAURY Mathieu-Fontaine Maury descendait, comme sou nom l'indique, d'une famille française, qui avait émigré, en Amérique après la révocation de ledit de Nantes. Quatrième fils de Richard Maury, il était né le. 10 janvier 180(5, dans le comté de Spoit-Sjlvania, en Virginie, la patrie de Washington, Jefferson, Henry et Lee. Il avait quatre ans quand sou père, cultiva- teur, vint établir sa ferme dans le Tennessee, près du village de Franklin, situé à 18 milles environ au sud de ÎVasbville. Après avoir acquis l'instruction élémentaire qui pouvait lui être donnée dans les écoles de cette ré- gion, le jeune Maury, dans sa seizième année, entra à l'Académie d'IIarpcth, alors dirigée par le Hév. ■lames Otcy, qui fut depuis évèque du Tennessee. L'esprit actif, l'intelligence, les habitudes studieuses du nouveau pensionnaire attirèrent bientôt la bien- veillante attention do ses professeurs, lui valurent leur at lâchement, r et faut que vécut le bon évèque, il ne. cessa de témoigner la plus cordiale affection à son ancien élève. Fin 1825, après avoir obtenu nu brevet d'aspi- rant, Maury quitta l'école pour entrer dans la ma- rine militaire des Etats-Unis. A cette époque, le gouvernement n'avait pas encore établi une. Acadé- mie navale, et les aspirants devaient immédiate- ment commencer l'apprentissage de leur profession. Ou comprendra facilement combien dut paraître étrange à un jeune garçon élevé librement au milieu des forêts l'étroit espace où il devait maintenant vivre 'avec ses compagnons, cl combien aussi fut nouvelle pour lui la sévère discipline d'un bâtiment de guerre. Le milieu dans lequel il se trouvait ainsi placé était peu favorable à l'élude. Mais, avec une persévérante volonté, il cherchait cependant toutes les occasions d'acquérir la pratique et la théorie de sa profession, et, par ses consciencieux efforts, de justifier la confiance qu'on lui montrait, déjà dans les circonstances où il y avait à faire preuve de zèle et de savoir. Il était surtout attiré par les éludes pure- ment, scientifiques, et ses camarades, à un âge où l'on recherche ardemment, les plaisirs, le plaisan- taient quelquefois sur les préoccupations qui le poussaient à tracer des ligures géométriques sur le pont pendant ses quarts. Durant la première année de son service, il visita les celles d'Angleterre sur la frégate Brandi/icine. Mais n'ayant d'autres ressources que ses faibles ap- pointements, dont il envoyait la moitié à l'une de ses sœurs, il no put profiter de ce voyage comme il rainait voulu, et dut renoncer aux excursions inté- ressantes dont l'occasion lui était offerte. Après une croisière, dans la Méditerranée, sa fré- gate retourna à New-York en 1820. Il fut alors em- barqué sur la corvette Yincennes, qui faisait une campagne autour du monde. Ce changement lui fut très-favorable. 11 trouva sur son nouveau bâtiment plus de tranquillité, plus de facilités pour l'étude. Fin dehors de sou service et des amusements qu'il pat lageait avec ses camarades, il continuait à s'in- struire avec un zèle constant, et il fit de tels pro- grès dans la science qu'il put construire durant cette campagne une série de tables lunaires. Malheu- reusement il apprit à son retour que ces tables exis- taient déjà. En 18.">1, il fut embarqué comme maître' sur la corvette Fahnoutli, qui allait prendre la station de l'océan Pacilique. Promu au grade d'aspirant de pre- mière classe, et remplissant les fonctions île maître, il avait pour travailler une chambre à lui, et sa nio- 1 Muùlei't oltieÎLT à i)ai [mut être cwiliée la iliriictiun d"un tiiUniifiit. LA NATURE. fil'; ;: * ilt^te bibliothèque s'était accrue dîme collection de lions livres mise à sa disposition par un de ses cama- rades. C'est pendant la traversée du Falnwitlk de .Ni iv-Yoi k à Piin-,laneiro que son esprit n rr t. i P conçut l'idée des cartes de vents et de courants qui depuis ont rendu de si grands services au commerce du inonde entier, l'our la première l'ois il ;i\;iit en par- tie la responsabilité du voyage, et il désirait iialn- lelleioeut une rapide traversée. AmiuI. de quitter }u"\Y-\ork il recueillit toutes les informations relati- ves aux vents et aux courants qu'il devait reucou- ti'i'i 1 , afin de, tracer la meilleure route, à suivre. Il reconnut bientôt le peu de valeur de ces informa- tions, et il résolut dès lors do s'appli- quer aux recberclics ipu devaient combler pins tard une lacune si préjudiciable à la navigation. lin doublant le cap lloru , pendant le même vovage, il fut frappé des irrégula- rités barométriques île cette région. Il in- séra sur ce sujet dans le Journal améri- cain des arts et da sciences (ami. \ Soi) un mémoire qui fut sa première publi- cation seientilîqiie. C'est durant la même campagne qu'il pré- para, aVee les maté- riaux qu'il amassait depuis plusieurs an- nées, un ouvrage sur la navigation. Après avoir passé du Fal- moitlh sur la goélette Dnlj/hiil, où il remplit les fonctions de premier lieu- tenant., il fut embarqué sur In frégate l'olovinc, sur laquelle il retourna aux Etats-Unis en IXÔi, Ce bâti- ment y désarma, et le jeune auteur eut le loisir nécessaire pour publier sa Navigation à Philadel- phie. Paraissant sous le nom d'un officier qui n'avait pas encore dépassé le grade d'aspir.mt, cet ouvrage fut d'abord assez mal accueilli, Mais il obtint en Angleterre un légitime succès et fut plus tard égale- ment adopté par la marine des Etats-Unis. Pendant le séjour qu'il fit alors à terre, Manry re- tourna dans son pays natal, où il se maria avec mademoiselle Ami fleriidon, sa liancée depuis plu- Heurs années. En -18Ô7, il fut promu au grade de lieutenant, l'eu de temps après il eut le- malheur de se casser la jambe droite dans une chute de voiture, et devint Loitciix pour toute sa vie. Pendant longtemps il ne ■F'X ... F. Myiu'y, d'après une pliutû^ruphle put marcher qu'avec des béquilles. Durant cette pé- nible épreuve, au moment où sa carrière semblait brisée, il retrouva la force dans sa foi religieuse, et il composa une. prière qu'il redisait à ses enfants sur sou lit de mort. L'activité phvsique est si néces- saire dans la vie du manu, que ce triste accident le contraignit à renoncer eut ièreiucnf au service de mer et an rapide avancement qu'il aurait sans doute ob- tenu dans ce service. Mais il ne voulut cependant pas cesser de suivre une carrière dans laquelle il espérait être utile à son pars. C'est alors qu'il com- mença à écrire une série d'à lieles sur la réforme des institutions navales des Etats-Unis. Ces articles exposaient avec clarté les abus résultant de l'état de choses alors existant, proposaient des réformes qui ont été depuis en partie adoptées, et qui ont amené d'importants progrès dans la ma- rine nationale, entre autres rétablisse- ment d'une Académie navale. C'est aussi à la suite d'u n projet pré- senté par .Ihiurv que fut créé, d'api'ès ses plans, le chantier de construction de Mem- phis, dans le. Tennes- see. Sous sa direc- tion , le lieutenant Marr fit sur ce. point mie série d'intéres- santes observations relatives au Missis- sipi, origine des re- cherches semblables qui ont depuis fait ronnaitre tout ce qui se rapporte à la vitesse, à la niasse et à la nature des eaux de ce grand tleuve dans les diverses saisons. Manry proposa aussi et fit adopter l'établissement d'échelles indicatrices dans les principales villes qui bordent le Mississipi et ses tributaires, «fin que les capitaines île bateaux à va- peur et autres personnes intéressées passent chaque jour être informées par le télégraphe de la hauteur des eaux. Un registre des chiffres notés sur les di- verses échelles permettait de déterminer l'effet pro- bable d'une crue du tleuve ou de l'un de ses tribu- taires dans la région non encore, atteinte. En même temps qu'il s'occupait de ces utiles observations, Mail l'y demandait comme œuvre nationale, l'élargis- sement du canal de l'Hlinois et du Miclngan, afin qu'un vaisseau de guerre pût au besoin passer du golfe du Mexique dans les grands Lues, et récipro- quement. Ses publications sur ce sujet excitèrent un Si LA NATURIv vif intérêt et lui valurent de nombreuses approba- tions. C'est eu 1842 que le lieutenant Maury fut nommé directeur du dépôt ries cru tes et des instruments de marine à Washington. Grâce à ses soins éclairés, à son intelligente initiative, à sou énergique volonté, re dépôt devint bientôt l'observatoire national et le département, hydrographique des Ltats-1 nis. Un vaste champ s'ouvrit dès lors à son génie pratique, et il put espérer réaliser quelques-nus des projets, qu'il avait conçus pour le bien de son pavs el pour le dé- veloppement du commerce universel. .Nous avons vit comment, onze ans auparavant, il avait constaté le manque de cartes indiquant aux navigateurs les roules et les courants des parages qu'ils avaient à traverser, et. nous avons dit sa résolution de combler un jour, s'il le pouvait, cette lacune, tin consultant les anciens journaux de bord, relégués depuis long- temps au dépôt de la marine, il eu lira, non sans peine, toutes les observations valables qu'ils i enfer- maient. Il recueillit ensuite les meilleures informa- tions sur la traversée des Llats-L'nis à !tio Janeiro, et put construire, avec ces divers documents, les premières cartes de la série qu'il voulait ensuite com- pléter. Mais ces cartes, comme lu plupart des innova- tions, ne furent pas appréciées tout d'abord, et il se passa quelque temps avant qu'on eu fît usage. Le capitaine Jackson, commandant le Wriyllt, de llalti- more, fut le premier qui se détermina à suivre la nouvelle route qu'elles indiquaient. L'expérience réussit à souhait : il lit le voyage, aller et retour, dans le même temps à peu près qu'il fallait, par l'ancienne route, pour la seule traversée jusqu'à Hio. Encouragé par ce premier succès, Maury lit impri- mer des journaux debord contenant des colonnes pour l'enregistrement de tous les faits dont la connais- sance pouvait servir à la construction des cartes. (les journaux étaient remis aux capitaines des navi- res en partance; ces officiers étaient invités à recueil- lir des matériaux durant leur voyage, afin d'obtenir des cartes en échange de leur collaboration. Le plus actif intérêt fut ainsi excité parmi les marins, et sur toutes les mers du globe l'entreprise commencée eut. bientôt ml grand nombre d'intelligents et zélés collaborateurs, dont les observations étaient recueil- lies et groupées à Washington. Maury fui alors autorisé par son gouvernement à solliciter la coopération des États européens pour l'établissement d'un système général d'observations météorologiques à la mer. Des exemplaires de ses cartes et de. ses instructions nautiques furent distri- bués aux marines militaires de ces Etats, et donnés aussi gratuitement aux capitaines des bâtiments de commerce, qui prenaient l'engagement de tenir leur journal de bord dans la forme prescrite, et de l'a- dresser, après chaque voyage soit à Washington, soit au bureau méléorologique dirigé par l'amiral FiU-Roy, à Londres. Lue lUiifiOLLÉ. — Lu suite jirocliaitiem^iit, — OMBRES EXTRAORDINAIRES SI'KCTUES AÉUIKSS ET AURÉOLES U'JllSEUSKS. Tout le monde a entendu parler des illusions bizarres du mirage, des effets singuliers produits par la lumière, au milieu des sables brûlants du désert, ou à la surface glacée des banquises polaires. .Mais le soleil donne souvent naissance à d'autres merveilles moins généralement connues, parce que leurs obser- vations ont été plus rares; nous voulons parler de ces ombres extraordinaires que certains voyageurs oui vu se projeter sur le brouillard îles montagnes, ou sur les nuées atmosphériques, ombres étranges, qui, apparaissent enveveloppée.s d'auréoles colorées et de contours lumineux. Le soleil, il est vrai, n'est pas prodigue de ces jeux de lumière, on dirait même qu'il les révèle à regret, et. seulement à l'explorateur assez audacieux, pour atteindre le. soin m cl, de mon- tagnes peu fréquentées, ou pour s'élancer vers les hautes régions de l'air dans lu nacelle d'un aérostat, Il y a fort longtemps du reste que de semblables phénomènes, quelque exceptionnels qu'ils soient, ont été signalés ; depuis des époques très-reculées, la montagne du Brocken, célèbre dans le liait/, en Hanovre, a été réputée comme le théâtre habituel d'apparitions extraordinaires. Les paysans du pavs, vous parlent encore aujourd'hui du Brocken avec un certain effroi; ce sommet, qu'ils croient ensorcelé, leur inspire des terreurs superstitieuses; ils redoutent d'en faire l'ascension à l'heure du lever du soleil, car c'est à ce moment surtout, que d'après leurs récits, des spectres formidables apparaissent au sein de l'air, que des ombres colossales surgissent, au milieu des massifs de nuages. Quand ils se hasardent à gravir les rampes escarpées de la montagne, ils montrent au voyageur, durant la route , certaines pierres granitiques qu'ils appellent Y autel de la sor- cière ouïe rocher magique, ils s'arrêtent devant la fontaine enchantée, ils vous 'racontent que les ané- mones du LYoekcn sont douées de vertus particulières. D'après l'affirmation des archéologues allemands, ces dénominations remonteraient au temps où les Saxons adoraient encore leurs anciennes idoles, alors que le christianisme commençait à dominer les esprits des populations de la plaine. 11 est probable que le spectre du Brocken, dont nous allons entretenir nos lecteurs, s'est souvent montré à cette époque, comme de, nos jours, et qu'il avait sa part des tributs d'une idolâtrie superstitieuse. La des premiers observateurs, qui ait donné une description exacte, et rationnelle du "spectre du Brocken, est le voyageur liane, qui l'aperçut eu l'année -171)7. Avec une persévérance infatigable, ce naturaliste se rendit plus de trente fois au sommet du Brocken, sans que l'apparition se révélât à ses veux. Mais sa ténacité eut. enfin sa récompense, Lu certain jour du mois de mai, liane a gravi le Brocken ; il est arrivé au sommet de la montage à A heures du L\ NATCRM. matin. Le temps est calme, le vent chasse devant lui une nuée Je brouillardsopalhi5,de vapeurs indécises qui ne sont pas encore métamorphosées en nuages. Le soleil se lève à 4 hcures-J3minul.es, l'heureux observateur voit son ombre colossale se découper sur le massif des brumes, il porte sa main à son cha- peau, et la grande silhouette- fait le même geste, ('lus tard, en 1862, un peintre franeaisj], Stroobanl, aperçut nettement le spectre de brocken; l'ombre du vovageur se dessina sur les nuages, ainsi que celle d'une tour du voisinage. Ces silhouettes étaient vagues, leurs contours mal définis, mais elles appa- raissaient nettement entourées d'un contour lumi- neux formé des sept couleurs do l'arc-cn-cicl . T.p. ci^rdo d'I'llo^. Au siècle dernier, liougner et Llloa, envoyés à l'équaleur avec la Condamine pour mesurer le degré terrestre, observèrent des phénomènes du même ordre pendant leur séjour sur le Piehincha. llloa, qui a donné son nom à ces effets de lumière, a décrit avec précision l'apparition, devenue classique, qui se manifesta sous ses yeux. « Je me trouvais, dit-il, au point du jour sur le Pambamarca, avec six com- pagnons de voyage ; le sommet de la montagne était entièrement couvert de nuages épais; le soleil, en se levant, dissipa ces nuages ; il ne resta à leur place que des vapeurs légères qu'il était presque impossible de distinguer. Tout a coup, an côté opposé à celui où se levait le soleil, chacun des voyageurs aperçut, à une douzaine de toises de la place qu'il occupait, son image réfléchie dans l'air comme dans un miroir ; l'image était au centre de trois ares-eu-ciel nuancés de diverses couleurs et entourés à une certaine dis- lance par un quatrième arc d'une seule couleur. La couleur la plus extérieure dcchaquearcétaitincarnat ou rouge; la nuance voisine était orangée; la troi- sième était jaune, la quatrième paille, la dernière verte. Tous ces arcs étaient perpendiculaires à l'horizon ; ils se mouvaient et suivaient dans toutes les directions la personne dont ils enveloppaient l'image comme une gloire. Ce qu'il y avait de plus remarquable, c'est que, bien que les sept voyageurs fussent réunis en un seul groupe, chacun d'eux ne voyait le phénomène que relativement à lui, et était disposé à nier qu'il fui répété pour les autres. )) Kaenitz sur la cime de quelques montagnes al- pestres, Scoresln dans les régions polaires, Ramond dans les Pyrénées, de Saussure sur le mont Blanc, M. Boussingault dans les Cordillères, ont confirmé depuis ces récits intéressants par leurs propres obser- vations. Mais ces beaux phénomènes se manifestent bien plus souvent aux yeux des arronautes quand ils sillonnent une atmosphère chargée de nuages. )!!U. Glaisher, Flammarion et de Formelle les ont décrits succinctement depuis quelques années. Nous avons en l'an dernier, et cette année même, la bonne fortune d'observer des ombres aérostatiques ceintes d'auréoles des plus variées : nous croyons intéressant de les décrire. C'est dans le cours de notre dix-huitième ascension aérostatique exécutée le 8 juin 1872, avec M. le contre- amiral baron Rouss'ui, que nous eûmes le bonheur de voir ces beaux phénomènes apparaître à nos yeux dans leur magnificence. A 3 heures 35 minutes du soir, l'aérostat avait dépassé les beaux cumulus blancs qui s'étendaient horizontalement dans l'atmosphère à 1,900 mètres d'altitude. Le soleil était ardent , et la dilatation du gaz déterminait notre ascension vers des ré- gions plus élevées, que je ne pouvais atteindre sans danger, n'ayant pour la descente qu'une faible pro- vision de lest. Je donne quelques coups de soupape, pour revenir à des niveaux inférieurs. A ce moment, nous planons au-dessus d'un vaste nuage ; le soleil y projette l'ombre assez confuse de l'aérostat, qui nous apparaît entourée d'une auréole aux sept couleurs de l'arc-en-ciel. À peine avons-nous le temps de considérer ce premier phénomène, que nous descen- dons de 50 mètres environ. Nous passons alors tout à coté du cumulus qui s'étend près de notre nacelle et forme un écran d'une blancheur éblouissante, dont la hauteur n'a certainement pas moins de 70 à 80 mètres. L'ombre du ballon s'y découpe, cette fois en une grande tache noire, et s'y projette à peu près eu vraie grandeur. Les moindres détails de la nacelle, l'ancre, les cordages, sont dessinés avec la netteté des ombres chinoises. Nos silhouettes rassortent avec régularité sur le fond argenté du nuage; nous levons les bras, et nos Sosies lèvent les bras. L'ombre de l'aérostat est entourée d'une auréole elliptique assez pâle, mais où les sept couleurs du spectre apparaissent visiblement, en zones concentriques. La température était do 1-4 degrés centésimaux environ; l'altitude, de 1,900 mètres. Le ciel était très-pur et le soleil très-vif. Le nuage sur la paroi verticale duquel l'apparition s'est produite, avait un volume considérable et ressemblait à un grand bloc de neige eu pleine lumière. Nous étions nous- mêmes entourés d'une certaine nébulosité, car la LA NATUI'.i:. terre, ne s'entrevoyait plus t[iic sous un brouillard indécis. Des observations analogues oui été faites jtlu^ii.'urïi fois comme nous venons Je. le dire par quelques aé- ronautes ; mais jo tu; crois pas que l'on ait jamais • vu l'ombre d'un ballon se découper sur un nuage, avec une intensité telle, qu'on eût dit nu efft.'t de lumière électrique. Le spectacle qu'il nous a été donné do contempler était vraiment saisissant, et ce genre de spectre aé- rostatique, doit être, certainement consi- : ^V^. déré comme une des plus belles scènes aériennes qui puisse s'oiïrir au voyageur . " J en ballon 1 . $ liais il y a quel- " - ;:.:.- v j ques mois, le. 1G ié- "-- vrier dernier, il nous a été possible d'ob- server ces phénomè- nes dans des condi- tions plus exception- nelles encore. IJi effet pendant trois heures consécutives, , nous n'avons pas cessé un seul in- stant , d'apercevoir sur la nappe de nua- ges au-dessus des- quels nous planions, l'ombre de notre aé- rostat sans cesse en- veloppée d'un cou- tour irisé. Jamais semblable occasion ne s'est offerte à l'ob- servateur aérien, de bien étudier les cir- constances de pro- duction de ces jeux de lumière ; jamais d'ailleurs panorama plus imposant de montagnes de nuages ne s'est peut-être aussi présenté aux regards d'un aéronaute. A midi, nous venons de quitter la terre, cachée sous un épais manteau de brumes ; nous traversons le massif des nuages, et nous sommes éblouis tout à coup par les torrents de lumière que lance un soleil 1 Comptes rendus de PÂcadé/nie des sciences, t. I.XXV, p. 38 (1872). Le intime volume de: cette publication contient, pa<$o HH, une intéressante communication de M. (lav. « Lu description du phénomène observé en ballon par M. Tissaudier, dit. ce sa- vanl, me rappelle un fait identique observé pur moi, il y a quatre ans. Le 3 septembre 1808, vers cinq heures du soir, je me trouvais, avee plusieurs personnes, sur réLruiLe plate- l'hi'iicmène d'optique observé en ballon, le 18 février 1873. des tropiques, ruisselant de feu, au milieu d'un ciel azuré. Ni la mer de glace, ni les champs de neige des Alpes, ne donnent une idée de ce plateau de vapeur qui s'étend sous notre nacelle, comme un cirque lloconueux où des vallées d'argent appa- raissent au milieu des flocons de feu. Ni la mer au soleil couchant, ni les Ilots de l'Océan éclairés par l'astre du jour au zénith n'approchent eu splendeur de cette année de ciiintihis arrondis qui ont aussi leurs vagues et leurs ; montagnes d'écume, niais qui ont eu plus une lumière d'apo- . ; ' '■■:, v" .. ;' .-. théose. '■'' '■■.'■:'' ". ' .' ■■■ ■ Dès que noire bal- lon a dépassé d'une cinquantaine de niè- . ■ , ■ très environ la plaine des nuages, sali om- bre s'v projette avee ^M ■■■:.:; une netteté vemiir- .lîflljp qual>]e,el un magni- fique arc-en-ciel cir- culaire apparaît au- tour de 1 ombre de notre nacelle, La gra- vure ci-contre, dont le croquis a été fait d'après nature par notre frère qui nous accompagnait, donne une idée très-exacte de cette apparition. L'ombre de la na- celle forme le centre de cercles irisés et concentriques , où se distinguent les sept couleurs du spectre : violet, indigo, bleu, vert, jaune, orange et roiiiie. Le violet est intérieur, et le ronge extérieur, ces deux couleurs sont eu m émet en ips celles qui se révèlent avec le plus de netteté. Nous sommes au moment de cette observation à l'altitude de 1,330 mètres au-dessus du niveau de la mer. L'aérostat, dont le gaz se dilate par l'effet de la chaleur solaire, continue à s'élever rapidement dans l'atmosphère, son ombre, diminue à vue d'ceil ; bientôt à 1,700 mètres d'altitude, le cercle irisé tonne qui termine le Grand-Soin ['2,0ôïi mètres (ï'nUitmlel et (tout tes parois se dressent à pic, au-dessus de la Grande- Chartreuse. Des nuages nous enveloppaient a chaque instant; le soleil, près de se coucher, projeta noire ombre et colle de la ei[>i:t plantée sur le. sommet, un peu agrandie et entourée d'un cercle irisé... présentant toutes les couleurs du spectre, le violet à l'intérieur, le roug;e au dehors. 3) LA NATURE, 57 l'enveloppe tout entier, et cesse de se produire autour de la nacelle. Un peu plus tard enfui, à 1 heure 7>J minutes, nous nous rapprochons de !a couche des nuages, et l'ombre est ceinte cette l'ois de trois auréoles aux; sept couleurs elliptiques et concen- triques, comme le représente la gravure au trait qui accompagne notre texte. Rien no saurait donner une idée de la pureté de ces ombres, qui se découpent dans une bruine opa- line, de, la délicatesse, de tons de l'arc-en-ciel qui les entoure. Le silence complet qui règne dans les régions de l'air, où se manifestent ces jeux de lumière, le calme absolu où l'on se trouve, au-dessus de nuages que le soleil transforme eu Ilots de lumière, ajou- tent à la beauté de ces spectacles, et remplissent l'âme d'une indicible admiration. \ul ne saurait rester indifférent à la vue de ces tableaux enchan- teurs que la nature réserve à ceux qui savent la comprendre. Ombre uci'Ujluliiiuc entourée de trois auninles. Ou ne sait pas encore exactement à quelle cause attribuer la production d'un contour lumineux autour de l'ombre projetée sur des vapeurs ou des brouil- lards. Quelques observateurs ont pensé que ces phénomènes étaient dus à la diffraction de la lumière, niais il serait possible qu'ils aient une origine commune avec l'arc-en-ciel. Ce qui tendrait à accréditer cette opinion, c'est la nécessité de la pré- sence de la vapeur d'eau, pour que le phénomène se manifeste : s'il était le résultat de la diffraction, il devrait apparaître aussi bien sur un mur blanc, sur un écran quelconque que sur un nuage. Il ne serait pas impossible du reste d'étmiier ces laits curieux, au moyen d'expériences exécutées à terre ; en dispo- sant convenablement des écrans de soie, ou des écrans de mousseline imbibés d'eau, qui simuleraient un nuage, on pourrait espérer voir le phénomène se manifester ainsi par synthèse. Tout récemment, M. Luterne a encore signalé un excellent moyen de l'étudier, sans qu'il soit nécessaire de s'élever au- dessus des nuées dans la nacelle d'un ballon. « Au printemps, dit cet observateur, le matin, lorsque le soleil, arrivé à 15 ou 20 degrés au-dessus de l'ho- rizon, a déjà nu peu réchaufté l'atmosphère, et qu'il s'est produit une légère condensation de vapeurs sur le tapis de gazon qui horde les routes, le vnvageur peut voir sa silhouette, projetée sur ce tapis de ver- dure humide, entourée d'un contour lumineux dans lequel on reconnaît les couleurs du spectre, mais où le rouge domine'. » Ou voit que cette observation est facile à provoquer ; à défaut de rosée, ne pourrait- on pas mettre à profit les jets d'eau qui forment une pluie de gouttelettes liquides, où, comme on le sait, l'arc-en-ciel apparaît fréquemment. Il n'est pas dou- teux que de semblables études complétées par des expériences ingénieuses sont susceptibles de conduire à quelque résultat intéressant. Comme l'a dit Mon- taigne, d il n'est désir plus naturel que le désir de oognoïssaiice...; quand la raison nous iault, nous y employons l'expérience. » On ne saurait mieux faire que de suivre les conseils de l'immortel auteur des Essai*. Gastos Tissasiiikh, LE PHYLLOXÉRA LT LA KOUVfcLLE MALADIE DE LA VI USE, (S ni tu t;l 11 ii. — Yoij. pat^s f, \&, -13.) VI <*" Submersion. — 11 est évident qu'une submer- sion suffisamment prolongée des vignes doit amener l'asphvxie des parasites qui habitent leurs raeini s. 11. faucon, viticulteur à llraveson (au nord de Ta- rascon), séduit par la rationalité de ce moyeu cura- tif, l'appliqua à un vignoble de al hectares forte- ment attaqué par le phylloxéra, et en obtint des résultats tellement encourageants qu'il n'y a pas témérité à avancer que si toutes les vignes de France aujourd'hui atteintes pouvaient être submergées, le lègue du pbylloxéia toucherait bientôt à sa fin. La récolte qui était de G23 hectolitres en 18117 dans le vignoble, de 11. Faucon, descendit à 10 hectolitres en 1808 et à 5o eu 18(19, mais remonta après la pre- mière submersion à 120 hectolitres en 1870, à -150 après la deuxième en 1871 et à 900 après la troi- sième en 1872. Aujourd'hui, le vignoble de Grave- son, désormais célèbre sous le nom de Mas de Fabre, oflre une végétation splcndido sur laquelle la vue aime à se reposer an milieu de la stérilité environ- nante. Cette résurrection progressive et presque miracu- leuse devra vraisemblablement s'observer dans toutes les localités soumises au même traitement. La seule difficulté, gît dans la rareté apparente des vignobles 4 Comptes rendus de l' Académie des sciences. , l. LXXVI, 1873, p. 780. LA NATURE. on élat do recevoir nn pareil traitement. Mais, d'après les calculs de M. Fan non, on pourrait facilement, à l'aide du canal d'irrigation jn-ojeti'. par M. Domotit dans la vallée du Rhône, inonder par jour 2,8.'i() bec- tares avec nne hauteur moyenne de 10 à 12 centime- très, ou au moins l.otli) hectares en tenant compte, des pertes d'eau par la filtratiou eu par évaporatiou, ainsi que du surcroît de dépense nécessaire pour maintenir une épaisseur suffisante dans les nappes d'eau déjà déversées. Ce canal, déjà tracé tout en Lier sur le terrain depuis l'été dernier, doit dériver à la hauteur de Cundrieu, près de Vienne, un volume, d'eau de "m mètres cubes par seconde à l'extrême étinge du IUiùne et \7i mètres cubes dans l'état ordi- naire; il doit de là étendre, ses eaux sur une étendue de 110,1100 hectares appartenant aux quatre dépar- tements do la Drame, de Yaucluse, du tard et de l'Hérault, qui sont précisément les plus éprouvés. Le prix de revient de ce canal d'irrigation et des tra- vaux d'endiguemcnl nécessaires dans les points à pontes trop rapides, atteindrait à peine, d'après les estimations de M. Faucon, la somme de cent, francs par hectare de vignes. Le remède do la submersion, si heureusement appliqué à (iraveson, pourrait donc s'impliquer à presque tous les points de la région la plus maltraitée par le fléau. La durée du séjour de l'eau varie avec les épo- ques : quinze à vingt jours suffisent en septembre et en octobre, alors que le phylloxéra est encore, dans la période, de la vie active, mais trente à quarante jours d'immersion non interrompue, sont nécessaires lorsque, l'insecte est devenu plus capable de résister à l'asphvxie par suite de la suspension presque com- plète de toutes SCS fonctions. L'inondation est doublement, avantageuse lors- qu'elle est faite avec de l'eau limoneuse, additionnée des substances minérales favorables à la végétation, car alors elle constitue un procédé à la Ibis curatifet cultural. Quelle que soit d'ailleurs la méthode cura- live que l'on applique, il est toujours indispensable de combiner son action avec celle des meilleurs en- grais et des moyens culturaux les plus perfection- nés. L'efficacité de la submersion est du reste affirmée par l'action destructrice que les pluies abondantes exercent sur les phylloxéras. Ainsi, celles qui, du commencement d'octobre. 1872 au mois de février 1875, ont donné plus de 000 millimètres d'eau, en ont fait périr de grandes quantités. Dans toutes les situations où l'eau de pluie a sé- journé assez de temps pour pénétrer le sol et attein- dre, le parasite jusque dans ses re Irai les les plus pro- fondes, et pour équivaloir ainsi à la submersion méthodique pratiquée par M. Faucon, il ne reste plus nu seul parasite sur les racines. Mais ou en trouve partout, où, soit par suite d'une disposition orographi- que spéciale, soit à cause d'un simple défaut de per- méabilité, la submersion naturelle n'a pas eu un effet assez prolongé. Le procédé expérimenté à (iraveson a fourni des preuves trop évidentes de son efficacité pour que. son auteur ne cherche pus à en étendre autant que pos- sible l'application. Les vignobles des coteaux eux- mêmes peuvent, d'après M. Faucon, être appelés à partager les bienfaits de la nouvelle méthode cura- tive, et cela à i'aide de dispositions préparatoires, très-simples. A cet effet, l'ingénieux viticulteur insiste pour que les propriétaires de ces vignobles, jusque-là considérés comme condamnés à une des- truction irrémédiable, fassent établir en travers de la pente, de distance en distance, une série de bourre- lets succe=sifs, de 50 à 40 centimètres de, hau- teur, et plus ou moins rapprochés suivant la dé- clivité du terrain. Les masses d'eau qui tombent pendant la saison pluviale seraient ainsi facilement retenues pour la submersion des racines à l'aide de ces petits remblais étages, disposés en courbes hori- zontales : certains terrains des plus inégalement mou- vementés, et présentant parfois jusqu'à 7 centi- mètres de pente par mètre, ont pu être inondés ainsi d'une manière assez complète pour être pré- servés des atteintes de la maladie. i" Moyens de dp.slrucl.imi fondes sur l'observa- tion des mœurs du phylloxéra , — Les heureux ré- sultats des travaux d'Audouin. sur la pyrale, de Doyère sur l'alucilc des céréales, connue do ceux plus récents de M. lîlancàard sur la noctuelle des moissons, montrent bien tout le parti qu'on peut tirer d'études biologiques conduites avec méthode et persévérance, La connaissance des moindres particu- larités qu'offre l'insecte nuisible dans sa manière de vivre et de se, propager, peut seule fournir l'indica- tion du moment d'attaque le plus opportun ; il est Lien rare, en effet, qu'à une époque déterminée de son existence, s'il ne se livre pas pour ainsi dire lui- même, il ne soit pas au moins plus facile à at- teindre. L'observation faite par M. Faucon de phyllouVas radicicoles, aptères ou ailés, cheminant sur le sol pendant les heures chaudes de, la journée, a suggéré l'idée de répandre au pied des ceps clés poussières nuisibles telles que la chaux vive eu poudre, em- ployée avec tant de succès contre les colapses et les pbytonômes des luzirnières, ou la Heur do soufre déjà mortelle pour un grand nombre d'ennemis de la vigne et. dont l'action nuisible sur lephvlloxéra ne peut guère être mise en doute depuis qu'il est, con- staté, grâce aux expériences do M. Mares, que les femelles aptères périssent en peu de temps lors- qu'elles sont exposées au soleil dans un tube sau- poudré de cette substance. La marche ascensionnelle qu'exécute le, phylloxéra le long des racines lorsqu'il quitte la souche épuisée par ses succions réitérées pour aller à la recherche d'une proie nouvelle, donne pour ainsi dire le con- seil de badigeonner la base du cep, déchaussée au préalable sur une profondeur suffisante, à l'aide d'une substance agglutinante quelconque. Les nouvelles observations de M. Max. Cornu, con- firmées tout récemment par celles de M. Faucon, LA NATURE. jO nous ont appris que les parasites qui ont passé l'hiver en léthargie, se réveillent pleins d'agilité à l'entrée lin printemps, et se montrent alors revêtus [I'luig peau délicate et de fraîche formation. La minceur de leurs téguments, l'abstinence pro- longée de l'hibernation, l'activité renaissante de tontes les fonctions vitales, sont autant de conditions très-favorables à l'absorption des substances causti- ques ; la mobilité dont ils font preuve augmente dans une forte proportion leurs chances de rencontre avec ces substances; eu outre, le réveil de la respiration doit accélérer à ce moment l'effet asphyxiant de la submersion : il v aura donc avantage à attaquer lo phvlloxéra vers la fin de mars ou au commencement d'avril. Cette époque est. d'autant plus opportune que la ponte n'est pas encore effectuée. Les moyens tle destruction mis en œuvre pourraient être sans effet sur les neufs, qui sont d'ailleurs, comme, ceux dotons lesparasit.es, doués d'une force de résistance considérable; mais si leur application est faite assez lût pour qu'ils n'aient à rencontrer que les jeunes phylloxéras à peu de distance de leur rentrée dans la vie active, il y a grande- probabilité, à ce que la maladie de la vigne ne puisse reprendre un nouvel essor au retour de libelle saison. Dans la séance du 28 avril dernier, M. Dumas a insisté à l'Académie des sciences sur renseigne- ment à tirer île ces observations si intéressantes de MM. Cornu et ïaucon, c'est-à-dire sur la possibilité d'augmenter les chances de succès des moyens d'at- taque diriges contre le destructeur de nos vignobles. l.es résultats fournis par les nombreuses études dont la nouvelle maladie de la vigne a été l'objet, ont déjà eu pour résultat de ranimer l'espoir des pro- priétaires de vignobles et de les encourager à redou- bler d'efforts dans leur lutte contre le fléau. Sous cette heureuse impulsion, les succès se multiplient en même temps que l'emploi (les méthodes eurati- ves rationnelles se généralise. Aussi lo moment n'est-il peut-être pas très-éloigné où le talent d'ob- servation de nos naturalistes, associe dans une ardeur commune à la pratique consommée de nos viticul- teurs, réussira, sinon à triompher complètement du terrible phylloxéra, du moins à ralentir sa marche dévastatrice- d'une manière très-rassurante pour l'a- venir. E. VlGiNES. UNE SOUSCRIPTION SCIENTIFIQUE I.'uBSEIlVATOIltK ni'DLIIï A AI.EARÏ Nous croyons utile de présenter à nos lecteurs quelques laits du plus haut intérêt, signalés par l'ex- cellent recueil de la Bibliothèque de Genève sur l'Ob- servatoire d'Albanv, le chef-lieu politique de l'Etat, do New-York. Tandis que, chez nous, il faut tout at- tendre du gouvernement pour la création d'établis- sements scientifiques, de l'autre côté de l'Atlantique, il suffit que des hommes d'intelligence et de bonne volonté se présentent à leurs concitoyens , pour que des souscriptions importantes et nombreuses ré- pondent immédiatement à leur* appel. Kn 1851, quelques savants d'Albany veulent fonder un obser- vatoire astronomique ; ils vont frapper de porte en porto, demandant à tous l'obole de la science. Aus- sitôt l'argent afflue : en peu de temps, les capitaux nécessaires à l'acquisition des terrains, à l'érection des bâtiments , à la construction des instruments sont sousciits; madame veuve Dudley, à elle seule, a donné d'abord 12,000 dollars; puis, elle a versé successivement dans la caisse du nouvel observa- toire, 105,1)00 autres dollars. Les dons de cette hono- rable dame se sont élevés en totalité à 480,00(1 francs de notre monnaie. .Aussi, ne s'étonnera-t-on pas si le nouvel établissement porte sou nom. Outre madame- veuve Dudley , des notabilités d'Albany, MM. Thomas Olcolt, Devilt, l'renlice Ralhbone, ont encore souscrit pour des sommes importantes ; parmi les auties donataires on en compte plus de dix, qui, en peu de temps, ont envoyé soit de N'ew-Yoïk, soit d'autres localités des États-Unis, i ,000 dollars chacun; quant, aux souscriptions de 500 et de 100 dollars, elles ont afllué de partout en nombre con- sidérable. Tout cela s'est fait sans bruit... et sans pétitions ministérielles ! Kn 185i, grâce à la générosité de quelques ci- toyens, le bâtiment destiné au nouvel observatoire, s'élève fièrement au sommet d'une proéminence 1 , située dans la partie nord-ouest de la cité d'Albanv, à 50 mètres environ au-dessus du niveau moyen des eaux de l'iludson. En 185f;, l'Observatoire est pourvu d'une grande lunette équatoriale, de 13 pouces anglais d'ouverture effective et de la pieds de longueur focale ; l'instrument est muni d'un mou- vement d'horlogerie et do six oculaires micrométri- ques, dont les grossissements varient de 100 à 1 ,000. 1! compte, en outre, un superbe cercle méridien, fixé à une lunette de 10 pieds de longueur focale et de 8 pouces d'ouverture, un magnifique iw- sLrumc.nl de pussayes. Bientôt rétablissement pos- sède un chercheur de comètes, construit par Alvan Clark de Boston, et dont la lunette est montée équa- tonalement, un nouveau chronorjraphe inventé par le professeur Mitehel, un dccli.nomètre, du au même savant, un nouveau baromètre automatique enre- gistreur, de Ilough, une machine à calculer, exé- cutée par les Suédois E. et G. Soheutz. Cette ma- chine n'a pas coûté moins de 5,000 dollars ; elle a été construite pour les quatre premiers ordres de différence, et on s'en est servi très-avantageusement pour le calcul d'éphémérides de petites planètes. L'Observatoire d'Albany continue aujourd'hui à fonctionner et à progresser, sous l'intelligente di- rection de M. G.-NV. Ilough; il a déjà rendu des ser- vices importants à l'astronomie, à la météorologie; il en rendra d'autres encore. Mais nous ne voulons pas parler ici des travaux qui y ont été exécutés ; notre 00 LA NATURE. bul a été surtout de mettre eu relief un bel exemple de l'initiative privée, dans la fondation d'une œuvre de science. Les veuves Dndley se rencontrent fré- quemment aux Etats-Unis; elles sont malheureuse- ment Fort i\trcs en "France. Gaston Tissamuf.r. LES IXFINIMENT PETITS La nature a prodigué partout avec une étonnante prodigalité les espèces inférieure? de l'animalité. — Fi£. 1 , — Moniulca. L'Océan, l'eau des fleuves, des rivières et dos élangs, sont peuplés d'une myriade de. petits êtres qui se- Kolpodes raient à jamais inconnus à l'homme sans le micro- scope, que l'illustre M. Miclielct a si bien appelé un sixième sens. Ges animalcules sont tellement petits qu'une gouttelette d'eau suspendue à la pointe d'une aiguille peut en contenir plusieurs millions. D'après Glircnberg, le Gange en transporte en une année une quantité si prodigieuse, que la masse réunie de ces animalcules formerait un volume supérieur à celui de la grande pyramide. d'Egypte. « Les infusoires, a dit im naturaliste distingué, sont à la fois les ani- maux les plus petits et les plus nombreux, de la na- ture. Ges êtres microscopiques constituent, aussi bien que, l'espèce humaine, un des rouages si com- pliqués de notre globe. Ils sont à leur rang et à leur échelon : ainsi l'a voulu la Grande, l'ensée première ! Supprimez ces microscopiques bestioles et le monde sera incomplet ! Ou l'a dit il va longtemps, il n'est Ki£. ?i. — liotifi'ires. rien de si petit à la vue qui ne devienne gi réflexion ! » and par liifusoiirs divers. L'étude des infusoires offre un grand charme : tout le inonde peut s'en occuper avec le concours d'ur bon microscope. Une goutte d'eau prise dans uni mare vous révélera des mondes nouveaux, effrayants LA NATURE. 61 même par leur ]>izai - fci"ie, par leur richesse. Laissa séjourner quelques débris végétaux, uni; fouille, nu brin d herbe dans nue soucoupe contenant do l'eau. Après un jour ou deux, l'eau se couvrira, d'une pelli- cule, elle aura, perdu sa limpidité. L'ne goutte de cette eau, placée sous le microscope, apparaîtra remplie d'iufusoircs 'divers. On verra des viotmiies, (iig. 1) du véritables pojtits, qui sont au microscope ce que les nébuleuses sont au télescope. Ces petits d entre les petits paraissent être en quelque sorte des molécules agitées, desalomesquise meuvent. La dimension de leur corps atteint à peine la trois-mil- lième- partie d'un millimètre. Après les monades, les êtres que l'on rencontre le plus généralement dans une infusion préparée connue nous l'avons indiqué précédemment sont les liolpodcs (Tig. 1). lis ont la forme d'un bavicot ; leur corps est transpa- rent, et l'on y dis- tingue, différents globules arron- dis, que les mi- crographes consi- der eut comme leurs intestins ou leurs œufs. Les Rolifères fiig. o) ont une tète gar- nie de cils vi bra- illes, qucl'oii voit s'ngitersans cesse avec une éton- nante rapidité ; amimc les Kolpoiies, ils sont transparents et laissent ' voir, dans l'intérieur de leur substance, leur masse intestinale. Les rotitères se meuvent aussi dans l'eau avec une grande agilité , et ils ont la faculté de contracter instantanément leur corps, pour se pelo- tonner eu boule. Ces êtres étranges ont la propriété de ressusciter après avoir été desséchés. La multiplicité des espèces dans le monde des in- i'usoires est extraordinaire ; il eu est de toutes les formes; la ligure o eu montre quelques individus dif- férents, fidèlement dessinés d'après nature. Le mode d'existence et de propagation de ces infiniment petits fournit à l'observateur des faits du plus haut intérêt, l'emplis d'imprévu et de révélations curieuses ; nous V reviendrons très-proeliainemeiit. M,u:l[iiit' €;lecEro-]ii MACHINE ÉLECTRO-MÉDICALE DE M. 11 niMKOJIFI-" Dès que. la science eut mis en évidence l'action Singulière de l'électricité sur l'organisme, on songea à l'employer dans la guérison des maladies. Avant même la découverte de la pile électrique, certains médecins avaient l'habitude de donner à leurs ma- lades des piqûres électriques : l'électricité a eu des Sangrados qui abusèrent de ce fluide mystérieux, au point de l'employer à l'exclusion de tout autre re- mède et d'en faire une panacée universelle. Il ne manque pas, de nos jours encore, de semblables praticiens qui ne jurent que par chaînes galvaniques, bagues électriques, ceintures, brosses ou sachets ma- gnétiques et qui emploient l'électricité pour guérir tous les maux. Cette exagération systématique a at- tiré de justes railleries; mais il n'eu est pas moins démontré que, dans certains cas, l'électricité agit sur l'organisme, avec une étonnante efficacité. Le lluide électrique excite le système nerveux, et on cite de merveilleux exemples de cures opérées notamment étiez des personnes paralysées. On a vu des membres merles retrouver leur activité première, après avoir subi l'inlliiencfi d'un traitement électrique. On se sert fréquemment aujourd'hui d'une petite machine électro- médicale, imagi- née par Jl.ltuhm- korf'f, qui a atta- ché son nom à taul d'admirables appareilsd'indue- lion. Elle se com- pose de deux pe- tites bobines, vé- ritables diminu- tifs de sa grande machine. À la gauche de notre gravure, on aper- çoit une petite pile à sulfate de mercure, composée de deux élé- ments. Le courant lancé dans le lil inducteur est recueilli ave,; deux armatures. Le courant est, pour ainsi dire, gradué avec la plus erande facilité. Les bobines sont enveloppées dans un double manchon en laiton et mobile. Ces man- chons métalliques sont également sillonnés de cou- rants induits. Si les bobines sont entièrement ca- chées sous ie manchon, les secousses sont nulles; elles seront d'autant plus énergiques que le man- chon métallique en découvrira une surface plus con- sidérable. Le mouvement du manchon se produit fa- cilement à l'aide d'une tige métallique. L'appareil de petite dimension est enfermé dans une boite; il tient dans la poche, et le médecin peut facilement l'emporter avec lui et l'enfermer dans sa trousse. CÏÏROAMQUE ftx[iê3 raïi'iit précédés par un sommaire en anglais, langue avec laquelle les dialectes Scandinaves ont une grande affinité étymologique et grammaticale. La liingue anglaise offre, en outre, l'avantage d'être beaucoup plus répandue que les idiomes germaniques, qui ne sont point en état de ni disputer le pris de la clarté. Société seiciitiliigiie de Bucnos-Ajres. — [,a grande cité de l'Amérique méridionale ne reste pas étrangère au progrès; elle vient de le prouver, en fon- dant tout récemment une Association scientifique à la tète de laquelle est placé un savant distingué, ÏJ. A. luis lluergo. Le but de la société est d'encourager les recher- ches et les travaux srientilupies. Nouvelle clinrrue mitrailleuse. — Voilà bien une invention amérjcaine. (Quelque excentrique qu'elle puisse paraître, elle n'en ont pas moins véridique. La charrue mitrailleuse est représentée dans les journaux illustrés de New-York; elle -sert aux cultivateurs de l'in- térieur pour se défendre contre l'attaque des Peaux- rouges. Un brave Yankee laboure son champ ; de loin des ennemis l'aperçoivent, ils se préparent à fondre sur un blanc sans amie : le laboureur, aussitôt, tourne sa char- rue du côté de l'attaque, et lance la mitraille, sur les sauvages, qui s'enfuient épouvantés. La nouvelle charrue est surmontée d'un petit canon, toujours chargé. U pa- rut que ce n'est pas dans ces régions qu'il est permis de ilire: fortunatos nimium sua si bona nuriid uyrivolas! Les ev.;iiiieiis5elc-iilîli<|ues en Chine. — Le célèbre philosophe Confueius aurait institué, cinq siècles avant l'ère chiéLieime, le Yen-Miaouu le Temple, où se passent le s grands examens ofiieieis. Ce temple par excellence esta PéLiu, ce qui n'empêche pas que, dans chaque province, il existe une session annuelle, où l'on confère seulement le premier degré. C'est à Pékin seulement que le deuxième peut être obtenu. Le superlatif des distinctions liltéraires et soirnti- Jiques est le Clivvarig-Yunen ou quatrième degré, que l'on nomme amsi «le premier des dix mille. » Celte dénomi- nation provient de l'endroit affecté aux examens qui con- tient ce nombre de candidats. 11 consiste en cent-vingt rangées de petites cellules mal bâties, réunies autour d'une pagode centrale, Chaque candidat se place dans cette cel- lule, dont la surface excède à peine nu mètre, et jliMo assez haute pour qu'un homme puisse s'y tenir assis, avant une planche formant table devant lui. Les files de cellules sont au nombre de quarante-cinq, et sont séparées entre elles parmi couloir étroit; le nombre total des cellules est de 9, DOS). Pendant toute la durée de l'épreuve, les candi- dats ne doivent communiquer avec personne ; ils sont con- stamment surveillés du haut de la tour de la pagode cen- trale, et par des gardiens qui circulent dans les couloirs separalifs des cellules. Pendant tout le temps que les can- didats sont o en loge, » on leur fournit des aliments pré- parés dans de grandes jarres en poterie, et de l'eau dans des vases mis à leur discrétion. Les candidats apportent avec eux uau couverture pour s'envelopper pendant la nuit, et dormir assis sur la planche formant siège. Chacun re- çoit un feuillet de papier estampille, pour que la substitu- tion soit impossible, et une pierre à délaver l'eurce de Chine; il apporte avec lui une théière pour ses repas. Tous les nationaux ont le droit de se présenter au con- cours tuus les trois ans, quel que soit leur âge; si un can- didat a la persévérance de se mettre ainsi en loge tous b's truis ans, jusqu'à l'âge de quatre-vingt ans, l'empereur lui confère un titre particulier. Le concours supérieur de Pékin dure neuf jours, qui sont fractionnés en trois séries de trois jours chacune. Les litres accordés sont : 1" Sien-Tsai, qui équivaut à bachelier ; 2 U ChU-Jen, qui représente celui de docteur ; 5° Cliaii-Yimen, le plus élevé de tous, accordé seulement tous les trois ans, à Pékin. Le titre gagné à ces concours permet d'aspirer aux fonctions publiques; il est écrit sur la porte de la maison. Les qualifications supérieures don- nent droit à voir son nom gravé sur des tablettes de pierre, placées dans le temple de Confueius, pour passer à la pos- térité. JK-vrJoppenient de fungoïdes sur les oiseaux vivant». — Les parasites animaux et végétaux envahis- sent les animaux de, taille supérieure, affectant tantôt la peau, tantôt l'intérieur du corps. Ainsi le larcina se dé- veloppe dans les intestins de l'homme. M. le docteur Jantes .Mûrie a découvert des végétations cryptogamiques dans la membrane abdominale du rissa tridactyla; il a vu le même cas se reproduire clutz le cucatua cititala. Il croit pouvoir affirmer que les germes de ces fungoïdes sont des émanations directes du tissu épidermique, où ils au- raient été introduits par une cause intérieure. Le» chauves-souris de l'époque autédilu~ vienne et les eKauves-souris contemporaines- — Les animaux de grande taille ont beaucoup plus émigré que ceux de petite tulle devant les conquêtes du monde par l'homme. Les carnassiers et les insectivores ont con- tinué a vivre dans les lieux où ils sont nés. Nulle part la concurrence vitale n'a dû être plus puissante que chez les chauves-souris qui outdes traversesdepériodes de froid, et qui ne trouvent des insectes pour pâture qu'à l'époque des chaleurs; de plus, ces animaux, complètement indé- pendants, ont été plus propres à subir les effets de lu sélec- tiuti naturelle. D'après M, van lieuedcii, les os des chau- ves-souris trouvés avec ceux des ours des cavernes sont identiquement semblables à ceux des représentants de l'époque actuelle. Ces animaux sont restés ce qu'ils étaient à l'époque do l'ours, du mammouth et du renne. La niènie observation s'applique aux mollusques terrestres, pour lesquels il n'y a pas eu non plus de concurrence vitale. Singulière propriété acoustique d'une fon- taine de l'Institut. — Lu musicien distingué, M. A. Ll- vvart, a eu l'idée de frapper de la 'paume de lu main la vasque de pierre qui est dans la cour d'honneur de l'In- stitut. 11 a reconnu que cette vasque rend un son musical qui correspond avec une cxlrânc précision à l'accord par- iait majeur de fa naturel. Tout le monde peut vérifier ce fait, très-intéressant au point do vue de l'acoustique. BULLETIN l)t: l,A NAVIGATION AÉUIENMi. Pendant le mois de mai et la première quinzaine do juin, le temps a été tout à fait contraire aux excursions aéronautiques. Le champ libre a été ouvert aux tentatives des empiriques de toute espèce et de toute volée. Les journaux de lîruxcllcs ont raconté les mésaventures d'un adepte du plus lourd que l'air, qui devait se lancer dans l'espace et prendre son essor à plusieurs centaines de mètres au-dessus du niveau de la Senne. Mais le bal- lon qui devait remorquer le nouvel Icare ayant été dé^ langé par le vent, le décrochement de l'hoiinne-volaiit, M LA NATURE qui aurait eu la soi t dr ConTiïny, n'a pu avoir lieu, Les badauds bruxellois ont manifeste leur mécontentement d'une Façon bruyante. Celle mésaventure fait involontaire- ment songer à celle de l'horloger nutric.bicnDrglio.il, qui avait attiré tout Paris au champ de Mars pour lui voir di- riger un ballon auquel il était suspendu; mais, plus pru- dent que le volant de Bruxelles, il ne devait point quitter terre. Les journaux rie Marseille nous apprennent qu'un aéro- naulc de cette ville construit un grand liallon pour In- verser la Médi [errance, ha tentative, quoique accompagnée de certains hasards, n'est point insensée, àcnudilioii d'être exécutée avec des mnieiis suffisants cl. sérieusement diri- gée. Mais les Marseillais viennent réreiiiuient d'assister à un accident aérostatique qui n'est point fait pour favoriser lie nouvelles tentatives. Un ballon cnplif s'est échappe, et les passagers ont été faire un plongeon involontaire dans la Méditerranée. Les journaux d'Amérique nous annoncent le prochain départ d'un aéronautc janfee qui 'a la prétention de traverser l'Amérique en soixante heures. Heureusement le même journal nous apprend que le grand ballon du pro- fesseur Wetss ne se lancera au-dessus de l'Océan que quand l'assemblée de Boston aura fait rcineltre préalahle- metit à l'aéronaute une somme assez ronde. Il faut (loue provisoirement considérer la nouvelle du Herald comme étant elle-même un ballon d'essai. Nous avons lu dans la Nouvelle Hcviie de. Vienne que le ballon captif de l'imposition universelle a dû être prêt pour le 1o juin, sans remise ni retard d'aucune socle. [.a Nimrelle Presse île Vienne ajoute que le construc- teur entrepreneur s'est engagé à livrer le ballon pour cette dale, sous peine d'un fort dédit. On n'a sans doute point oublié le beau ballon eiiptiT del'Kxposilion de 1 SljT, dont M. II. Giffard était lceréaloiir : celui de Vienne sera gonllé au gaz de l'éclairage, il niliern S, 01)0 mèlres cubes ; il n'est certes jias dénature à faire oublier ses devanciers. M. Jans-en, le nouveau mcraliro de 1 Institut a conimii- nniniqué â l'Académie îles sciences un mémoire suc une ascension exécutée, au mois d'avril dernier, par quelques savants. Le diagramme de la route suivie élait ufliché sur les murs de la salle des séances. 51. baissée s'en esl servi pouc ses dénioiistralioiis. l/aéroslal ayant rencontré un banc d'aiguilles de glace très-fines, les vovageurs aériens n'ont point été à même de reconnaître si ces aiguilles montaient ou descendaient. Il est à regretter qu'ils n'aient point songé à jeter dans l'espace de petits morceaux de papier, qui auraient, sui- vant toute probabilité, résolu 1a question. Or il n'est pas à présumer que les aiguilles de glace puissent descendre plus rapidement que des cibjels aussi légers. En tout cas, avec de bons baromètres, des aéronautes expérimentés peuvent être quelquefois embarrassés pour maintenir leur ballon horizontal, mais dans l'état actuel de l'art ils ne le sont jamais pour savoir s'ils descendent ou s'ils montent. \Y. de Foaiiei.i,e. REVUE MÉDICALE Le» maladie* régnantes. — La statistique des maladies n'huantes est fuite à Paris depuis plusieurs années pur une commission spéciale; ce bon exemple a été suivi à Lyon, et le docteur Fonterct vient d'é- tudier les constitutions médicales dans leurs rapports avec les maladies pendant la période 18tj(i-l873. Cette étude prouve une fois de plus la relation qui existe entre certaines affections et les variations at- mosphériques. Ainsi l'automne 18(58 donne rie ce fuit un exemple frappant : dans la première, moitié de cetle saison qui fut. chaude et sèelici, les maladies revêtirent les types gastriques et bilieux; dans la deuxième moitié, qui fut froide et humide, le type eat.irrhal prédomina. Les affections inflammatoires ont régné surtout pendant les hivers froids et secs. r'iigurnpimtiiv. — Sous ce nom, Wesl pliai et Cordes viennent de décrire mi genre particulier de maladie nerveuse (névropntliie) consistant dans l'an- goisse, lu crainte des places publiques (l'Iatzangst, Plafzlurelitl. Cette maladie, causée pur une surexci- tation du système nerveux, survient à lu suite de iru- vaux. intellectuels exagérés et des excès de tout genre ; il complique parfois les troubles gastriques prolon- gés. Les individus atteints de cette singulière affec- tion sont pris, lorsqu'ils veulent traverser une pluce, un endroit désert, d'un senlimeat d'angoisse qui pa- ralyse leurs mouvements et M'accompagne de palpi- tations de cœur, de vertiges et de bourdonnements d'oreille. L'hydrothérapie et l'application des cou- rants électriques continus ont le plus souvent raison de ces accidents, qui sont plus effrayants que dange- reux. Le. carbonate <1c lilliiiic »I;ins la goutte, et la gravclie. — Les théories nouvelles, qui font consister lu goulte dans une production exagérée d'acide nrt- -que due à un défaut de combustion des matériaux de lu nutrition, indiquaient par cela même l'emploi d'un alcali qui formât avec l'acide urique un composé solulile et. par cela même facile à éliminer. Le carbo- nate de lithiun est dans ce cas, et le docteur Gurrod, qui vient de l'expérimenter, assure que la pratique s'est trouvée d'accord avec la théorie. D'après cet auteur, le carbonate de lilhinc réussit parfaitement dans beaucoup de cas de goutte chronique ou aigué et de gravclle ; il est en outre éminemment diuré- tique et facilite la résorption des tophus nu nodosités qui déforment les articulations des goutteux. Corps étrangers dans le conduit auililif. — Le docteur Gruber, de Vienne, insiste sur l'emploi des injections d'eau tiède continuées pendant un cer- tain temps ; le corps étranger laisse passer derrière lui le jet de liquide, se déplace et finit par être ex- pulsé. Si le corps étranger est un petit insecte vivant, M. le docteur 'filiaux recommande d'envoyer avec lu Louche un jet de fumée de tabac dans l'oreille. En thèse générale, on doit proscrire l'emploi de, sondes, curettes, pinces, avec lesquels des mains inexpéri- mentées pourraient léser la membrane du tympan ou déchirer les parois du conduit auditif. 1C X. Lu Propridtairc-Gcrcmt : G. Tissa ivliio. rAïua. — mr. smo^ uaçon et comi\, rat u'ep.fuiitii, 1. ,LET 1875. LA NATURE. C'j UN 1 MIRACLE DE U SCIENCE Le 19 juin 1875, le Great-Eastern, escorté do trois ou quatre puissants steamers, quittait Yak'titia et mettait le cap vers l'Amérique. Cette nouvelle cxpiîditioii , dont nous retracerons toutes les péripéties, avait pour but la pose du calée jeté, comme ses deux aînés de la verte Eriu à la blanche Terre-Neuve, voie ouverte à l'éclair galvani- que, cet admirable véhicule de la pensée moderne. A peine si les journaux des grandes capitales ont daigné enregistrer la nouvelle qui, dix ans plus tôt, aurait tenu le monde civilisé en suspens. Le navire géant a lassé notre curiosité par le nom- bre des lils conducteurs qu'il a semés au fond de tous les océans du monde. Nous sommes décidément blasés par ses victoires antérieures. Un spectateur qui n'aurait point été prévenu ne se fût pas douté, du reste, que. les marins qu'il avait devant lui suspendaient bu bout d'un câble, gros connue le doigt, trente ou quarante millions de francs, une fortune pareille à celle que se partagent les plus opulentes familles pi'iucières. Qu'un charlatan, ou que quelque halluciné an- nonce avoir été témoin d'un fait douteux, obscur, pa- raissant contredire les lois naturelles de l'évidence et de la logique, la renommée n'aura point assez de ses cent bouilles pour lui servir du trompettes; cm créera s'il est besoin de nouvelles feuilles spirites, pour nous tenir au courant de toutes ces sornettes; mais après avoir accusé de présomption et de témérité les hommes intelligents et courageux qui ont pris l'ini- tiative de ces grandes expéditions électriques, à une époque où les lumières de la science oflicielle les condamnaient ouvertement, nous ne nous aperce- vons point qu'ils exécutent sous nos yeux de vérita- bles miracles. En effet, l'entreprise gigantesque à laquelle des électriciens expérimentés procèdent avec, un calme si rassurant pour les actionnaires échoue- rait misérablement, si une seule des innombrables conditions nécessaires n'était point remplie de la façon la plus radicale, la plus complète, la plus bril- lante. Ne faut-il point un premier miracle pour qu'un fil long de plusieurs millions de mètres n'offre pas le moindre défaut sérieux de conductibilité? est-il rai- sonnable d'espérer que sans un hasard extraordinaire ce cylindre pourra se dérouler nuit et jour pendant ^ un demi-mois peut-être, avec une vitesse constante de cinq nœuds à l'heure, sans que son éeorce soit écaillée, sans qu'il éprouve une tension trop grande? est-il dans l'ordre naturel des choses qu'il puisse se précipiter au milieu des gouffres océaniques sans se blesser en tombant trop lourdement sur des ro- chers ? . Mais aucune péripétie n'épouvante les poseurs de câbles. Ils comptent sur les qualités exceptionnelles du navire géant qu'ils ont appris à manier avec tant de dextérité. Que le ciel et l'eau se mêlent, que lu foudre gronde autour de leur tête, ils ne feront au" ciin sacrifiée aux dieux inconnus, car leur divinité, c'est l'Expérience. Le Grenl-Easlern saura toujours retrouver le bout du fil qu'il aura abandonné au ca- price des éléments dans le moment où leur insurrec- tion semble triompher de la boussole ou de la vapicor. Toute ville assiégée est une ville [irise, mais à con- dition, que l'assaillant ne néglige aucune des précau- tions qu'exige l'art militaire. L'histoire, des poses télégraphiques, malgré quel- ques insuccès, quelques défaillances, nous prouve qu'il n'y a pas de siège scientifique qui ne doive réussir, à condition qu'on complète l'investissement. Le triomphe n'est plus qu'une affaire de temps, sui- vant les cas, d'années ou d'heures. Ces miracles s'accomplissent au vu et au su du genre humain tout entier. Il ne tient qu'à nous de les imiter du moment (pie notre génie industriel sera, comme celui de nos voisins, une longue patience, doublée de beaucoup d'audace et de. beaucoup d'or. Ne négligeons donc aucune circonstance qui nous permette d'exciter la jalousie française et de mon- trer ces hauts faits de la grande armée du travail, dont la réorganisation permettrait de prendre de grandes et salulaires revanches. N'oublions pas que les câbles ont supprimé l'Océan si longtemps infranchissable, parce que les poseurs ont été avant tout des oscurs, parce qu'ayant une idée juste en tête, ils sentaient qu'ils avaient, par cela même en main, tout ce qu'il faut pour forcer la nature, pour lui arracher son consentement à l'union des deux mondes, aprèsquelques sommations respectueuses. Les premiers audacieux qui ont ouvert la voie à la télégraphie océanique avaient foi dans le pouvoir de la science; c'est celte foi éclairée par la raison, soute- nue par l'expérience, qui leur a permis d'accomplir des hauts faits industriels, bien plus dignes d'exciter notre admiration que les plus brillantes fictions de la Fable ! YV. de Fohvielle. LE CIEL AU MOIS DE JUILLET 1873 L'astronome observateur n'est pas, comme le phy- sicien ou le chimiste, ou même le naturaliste, le maître d'observer ou d'expérimenter quand et com- ment il lui plaît : il no dispose pas du temps, et le temps peut être, il est même souvent, dans nos cli- mats, défavorable aux observations astronomiques. La première quinzaine de juin a été si pluvieuse, le temps si souvent couvert, le jour comme la nuit, qu'instruments et observateurs ont dû chômer, bon gré mal gré , dans nos contrées occidentales du moins. Juillet sera-t-il plus beau? Espérons-le. Yoîci, en attendant quelques observations sur les phénomènes à observer. 5 m LA NATbKE. Mercure, qui su lève pendant tout le mois après le Soleil, et passe au méridien entre 1 h. 1/2 et 2 ]i. de l'après-midi, ne sera visible que le soir après le cou- cher du Soleil, l.e |j juillet est le jour de sou maxi- mum d'élougation orientale : ce jour-là., la planète se couefie uue heure et demie environ après le Soleil ; il tant de puissantes lunettes pour reconnaître, la forme, en eroissant de son disque, la planète étant toujours très-voisine de l'horizon et noyée dans les lueurs crépusculaires. On doit, avoir soin de rétrécir par un diaphragme l'ouverture de l'instrument, à cause de la vivacité de la lumière, de l'astre. Le l'i, sou ascension droite sera égale à ',) 11. 28 m. et sa déclinaison boréale de l'i-" 2b' ; c'est un peint situé dans le Lion, environ à 8 deitivs à l'ouest de Itégulus. 1111118 ■BÉÉ Tll -.......■ ■H Jlr.rs fit Su! [[!■!. e ou Juillet LS73. Mmivcmciits i!l>. t-cj l'IonT-lo huis 1rs cousfclhlimi» ; 1 ; On: Ja ViiT^c i'L Jn 1^ iliillilicfi; ?" du Cj firtroT'ii^. Vénus, au contraire, sera visible le matin avant le lever du Soleil, et c'est le 1 I juillet qu'elle atteindra le point, de sa digression occidentale maximum. Kilo traverse diagonalement dans ce mois la constellation du Taureau, les Ilyades, entre les étoiles à, t et «. Son ascension droite varie de 3 h. 53 ni. à o b. 5(1 ru. et sa déclinaison boréale, de 15" 52' à 20" 7>W . Le jour de son éluiigatioil maximum, elle ne sera guère qu'à deux degrés au nord-ouest d'Ahlébarail. Mars passe au méridien entre 7 h. 1/i et h. du soir. FI continue son mouvement, de la Vierge (10° à l'est de l'Epi) dans la Balance ou il viendra à la fin de Juillet se placer à deux degrés environ au-dessous de «. Il s'éloigne de plus en plus de la Terre, la dis- tance des deux planètes s'accroissant pendant le mois de près de 27 millions de kilomètres. Jupiter, toujours dans le Lion, s'éloigne de Iiégu- lus et s'avance a l'orient jusqu'à l'étoile p de la llièine constellation, tioiiinie il se couche de bonne heure, entre 10 h, 1/2 et 8 h. 40 m,, Jupiter sera pendant ce mois assez peu favorable à l'observation. Saturne est visible toute la nuit; il se lève entre 9 h. 8 ni. et 9 h. 45 tu. et ne se couche qu'entre une heure et demie et minuit. Malheureusement, sa hau- teur au-dessus de l'horizon est assez faible, même à l'instant du passage au méridien : elle ne dépasse pas 20 degrés.. Saturne est dans le Sagittaire, entre les étoiles a et ir, à 10 degrés environ à l'est de la branche orientale de la Voie Lactée. Avec un bon télescope, on peut apercevoir l'anneau et quelques- uns des satellites. Le 21 juillet, Saturne se trouvera en u] position. Le ciel sidéra! offre des parties intéressantes à étu- dier par exemple les deux branches de la Voie Lactée qui se séparent à la hauteur du f.vgne et dont la plus brillante, la branche orientale, traverse le Renard, l'ALdc au-dessus d'Atairet va se perdre à l'horizon dans le Sagittaire. N'y a-t-il donc point eu France d'astronome assez dévoué pour cultiver celte, partie de la science, l'astronomie sidérale, avec les moyens nouveaux que fournît l'analyse spectroseopique? M. William lluggiiis a déjà recueilli, des observations qu'il fait depuis plusieurs aimées à l'aide de cette méthode nouvelle, d'assez beaux fruits pour que ces résultats encouragent les chercheurs, LacomèLeà courte période (II, 18(17) sera visible dans Ophiucus; dans les premiers jours de juillet, sou asoeusiun droite sera d'environ 1(1 h. loin, et sa déclinaison australe de 24", ce qui lui assigne pour position un point situé \n\ peu au nurd d'Antaiès. (iette comète, dont les éléments et les éphémérides ont été calculés par M. Ilind, a été observée pen- dant les derniers jours de mai à Paris et à Marseille; par MM. l'aul et IVospcr Henry, André et Baillauil et par M. Stephau. « Elle paraît, selon M. ,Yolf, comme nue nébulosité ronde, assez visible, avec une appa- rence de concentration augmentant progressivement des bords au centre, et d'un diamètre de 1 minute à 1 minute cl demie. » L'astre s'éloigne d'ailleurs de plus en plus de la Terre. AhldéeCuili/emis. *LES INSTRUMENTS ENREGISTREURS l'HOTOGRAPniQl'ES. Parmi les sciences physiques, il cil est, dont les pro- grès, pour ainsi dire intermittents, se révèlent par de véritables révolutions qui les transforment tout à coup ; il en est d'autres où les grands événements sont rares, où la patience continue de l'observateur supplée eu quelque sorte à l'inspiration née fortuite- ment dans le cerveau d'un inventeur de génie. La Chimie a eu sou Lavoisier, qui, par la théorie de la combustion, par l'analyse de l'air, a tout à coup marqué une ère nouvelle dans l'histoire de cette LA M AT LUI-:. 67 branche si féconde du savoir humain ; la Physique a en sou Voila, qui a mi lui ouvrir cViniJiit.'iisos horizons, eu dunnaul naissance à la pile électrique. — Mais il est d autres sciences où de semblables progrès, ne peuvent se manifester tout à coup, fa Météorologie, par exemple, qui a pour Lut d'étudier les lois du mécanisme de l'atmosphère, doit déterminer chaque jour la température, l'humidité de l'air, noter les variations barométriques , les oscillations de l'ai- guille aimantée ; le domaine où elle se meut ne comporte pas des conquêtes rapides; science d'ob- servation, ollo nu peut rien attendre des hasards heu- reux, de l'expérience. Le rôle de ceux qui s'y consa- crent consiste essentiellement, à recueillir chaque jour, à toutes les heures, des chiffres exacts et rigou- reuv; l'espérance qui les anime, c'est de voir se mul- tiplier les stations d'observation sur foute la surface des continents ; ils laisseront à leurs successeurs les patientes investigations de leur existence, heureux si la corrélation, la comparaison de leurs résultats, peuvent conduire un jour à la découverte de quel- ques-unes des lois fondamentales qui président aux mouvements atmosphériques. >' l'u présence de la néeessitéde lire le plus fréquem- ment possible, et dans un nombre multiplié de sta- tions météorologiques , les divers instruments au moyen desquels ou interroge l'atmosphère, on n'a pas tardé à s'apercevoir qu'il y aurait un intérêt immense à substituerai! travail de l'homme celui des machines. Comment condamner un observateur, si .conscien- cieux' qu'il soit, à lire plusieurs fois, par heure et pendant des journées entières, le degré du thermo- mètre, la hauteur du baromètre ; à considérer, pour les noter, les mouvements del'aiguille aimantée et la rotation de la girouette? — Cependant il importe, pour le progrès de la météorologie, que ces observa- tiens journalières soient exécutées avec la précision qui doit caractériser tout document véritablement scientifique. — Ce que l'homme ne peut, faire, la machine l'accomplit. . — Pour obtenir cette mécani- que ingénieuse, capable de laisser sur un papier les 1 races du mouvement du mercure dans le thermo- mètre et dans le baromètre, à toute heure du jour et de la nuit, d'indiquer la moindre perturbation surve- nue dans les organes les plus délicats de nos instru- ments les plus précis, les savants ont eu recours h l'auxiliaire précieux de la photographie : ilsutiliscnt l'art de Daguerre dans la construction de ces instru- ments de météorologie qui écrivent eux-mf mes leurs variations de tous les instants, et que l'on nomme enregistreurs. L'idée d'cmplover, pour l'élude des phénomènes météorologiques, des appareils disposés de manière à marquer eux-mêmes la trace des influences qu'il» subissent, est assez ancienne ; elle remonte à Magel- lan, l'illustre navigateur qui, au moyen d'un méca- nisme ingénieux, avait construit, en I78 L 2, des ther- momètres, et des baromètres qui enregistraient, tous les étals par lesquels les faisaient passer les varia- lions atmosphériques. L'enregistrement par la photographie, tel qu'il s'exécute aujourd'hui dans un grand nombre d'obser- vatoires, offre l'avantage de supprimer des organes de transmission cnmpliqiiésque nécessiterait tout au- tre moven mécanique ou électro-magnétique. Cet en- registrement est surtout utilisé pour les variations du thermomètre, du baromètre, et pour l'étude des oscillations de l'aiguille aimantée, (lu sait qu'à la partie supérieure de la colonne ba- rométrique il y a un espace vide, connu sous le nom de vide de Torricelli. Si l'on place une lumière, celle, du gaz par exemple, ou encore celle d'une lampe à pétrole, derrière le baromètre, à l'aide d'une lentille on pourra projeter sur nu papier sensibilisé l'image de l'espace éclairé, qui surmonte la colonne de mer- cure; cette image photographique variera à chaque instant avec le niveau du mercure dans le baromètre. Ce thermomètre enregistreur ou thermographe est à peu près disposé de la même manière; seulement il est indispensable que la lampe à gaz soil placée loin de l'appareil, afin que la chaleur qu'elle émet, n'a- gisse pas sur l'instrument; en outre, sa lumière ne passe plus par l'espace vide situé au-dessus du mer- cure, mais bien à travers une petite bulle d'air qui a été introduite à l'avance dans la mince colonne mer- eurielle,et quijoue ici lerolede pinnule. La lumière, ainsi transmise, produit sur le papier une marque, qui offre l'aspect d'un point. Dans ces deux instruments, le papier sensibilisé est tendu sur un tambour que fait régulièrement tourner un mouvement d'horlogerie; il accomplit lui-même un mouvement de rotation continue, et la trace des variations de niveau du mercure, dans le thermomè- tre, et du baromètre, s'y trouve marquée par une ligue continue, quand on a retiré le papier et qu'on lui a fait subir les opérations propres à la fixation de l'image. La disposition du mécanisme varie selon que l'en- registrement doit s'appliquer à tel ou tel appareil. Pour que la photographie [misse noter les variations du baromètre, ou a pris depuis longtcm] s des dispo- sitions ingénieuses que nous croyons utile de décrire. Un baromètre à cuvette ordinaire est suspendu ver- ticalement par un collier métallique. Au-devant de cet instrument est une lentille convexe qui concentre, à sa partie supérieure, la lumière d'une lampe d'Ar- ganl ou d'un bec de gaz. Le haut du tube barométri- que est muni d'une échelle transparente en verre divisée eu demi-millimètres. — Le rayon lumineux traverse celle échelle, passe au-dessus du ménisque mercuriel, et pénètre dans un objectif achromatique pour projeter sur une feuille de papier sensibilisé l'image de la graduation fixe et de la surface mobile du mercure. (Voir la gravure ci-contre.) Le papier photographique est adapte à un cadre qui se meut sur un chariot dans un plan perpendicu- laire à l'axe de l'objectif. Un mouvement d'horlogerie imprime le mouvement au cadre de telle façon qu'il parcourt seulement toute sa longueur eu vingt-quatre heures. LA AATL'Ri:. Ces dispositions sont représentées à lu gauche de noire y L.ivure. Le baromètre à mercure esl au milieu de la table : sou niveau est représenté en I. esl l'objectif photographique, Il li 1 mouvement d'horlo- gerie iju] met en niaivlie, par l'intermédiaire de la lige P, l l , le châssis servant (le support au papier photographique. Ce magnifique appareil de M. Sal- leron vient d'elle construit pour l'Observatoire de Kiew. Mais non-seulement- il joue le rôle de baro- métrographe, il enregistre encore les tempérât lires et les van liions hvgroniétriquos. Le thcrtuomélrograplie est représenté à la droite de notre gravure. Le réservoir métallique a est en- foui dans ie sol à une température constante, il est creux et communique par \m tube à une des bran- ches d'un tube en U, rempli de mercure. L'autre brandie du tube en U est en relation avec un second réservoir à air b, qui reste, plongé dans l'atmosphère ambiante. La différence de température des deux îéscrvous se traduit par un mouvement du ruoreuiT, clans le tube en U; la lumière pas--e à la surlaec du inétal liquide, cL impressionne le papier photogra- phique eu pénétrant dans le second objectif ()'; elle trace sur le papier photographique en mouvement une courbe, qui représente les oscillations du mer- cure dans le tube en U, et par suite les températures de l'aie. Lu autre système semblable, «', h' sort de psvchronièlre enregistreur : lu réservoir a' est enfoui dans le sol, 1'auLre réservoir b\ humecté d'eau, reste exposé a l'atmosphère. Tous deux communiquent H.irnnn ; iro-i';i]i!ic i;l llicrmomi'liopL' iplic tic M. Siilleran. encore, par l'intermédiaire d'un tube, aux deux branches d'un tube en U contenant du mercure à la surface duquel passe le rayon lumineux. La photographie ne s'applique pas seulement aux variations du baromètre et du thermomètre, elle peut servir à enregistrer l'inclinaison ou la déclinaison de l'aiguille aimantée, comme le savant docteur Broohe l'a prouvé par la construction d'un appareil aussi in- génieux que précis, etqni est constamment en limage à l'Observatoire de Orcemvich. L'aiguille aimantée porte à son exlrémilé \m petit miroir, où tombe la lumière d'une lampe. — Le rayon réfléchi so projette sur un papier sensibilisé placé dans une chambre noire; il \ trace un arc d'au- tant jdus grand que sa distance à celle surface pho- tographiqueesl [dus considérable. L'aiguille aimantée fait-elle le moindre mouvement, la marque du rajon relléchi se déplace sur l'écran, elle suit lidèlenient la marche de l'aiguille, elle n'en laisse pas perdre la y) plus pelile oscillation. — Le papier sensible n'est pas immobile, il est lixé à un cylindre qui, en vingt- quatre heures, opère une révolution sur son axe. A chaque moment, le reflet du miroir s'est tracé, sur la feuille photographique; celle-ci, à la fin delà journée, est développée et tixée parles procédés or- dinaires. — On obtient ainsi une ligue continue qui indique la marche du rayon lumineux, relléchi par le miroir adapté à l'aiguille magnétique, et qui en donne les moindres mouvements pendant le cours de vingt -quatre heures. A l'Observatoire de Kiew, un système analogue est usité pour enregistrer les variations de l'état électri- que de l'air. — Le plii)tti-f'!i-iiroifftijihe se compose d'un paratonnerre- mis en relation avec un élcctro- scope ordinaire, dont les feuilles d'or, connue on le sait, s'écartent plus ou moins l'un de l'autre, suivant que la quantité d'électricité libre de l'air est plus on moins considérable. Les feuilles d'or sont fortement LA NATURE. 09 éclairées, elles jouent le rôle de deux miroirs qui réfléchissent 1,) lumière et projettent leur double imago sur uu papier sensibilisé, qui se déroule régu- gnlièremeut de haut cubas, sous l'iiiflenco d'un mé- canisme d'horlogerie. On obtient ainsi deux courbes sinueuses qui se rapprochent ou s'écartent à toute heure du jour, accusant avec une exactitude absolue l'étal électrique de l'atmosphère à tout moment de la journée. C'est à Francis lîonald qu'appartient l'honneur d'avoir imaginé "cet admirable svstème d'enregislre- ment. Son photo-électrographe fonctionne à Kievv ; ouvrier infatigable, il inscrit, nuit et jour, pendant le cours des années, les moindres variations électri- ques des phases atmosphériques. Une autre branche île la physique, la pliofométrie, a trouvé dans les opérations photographiques de puissants auxiliaires d'expérimentation. Quand les physiciens veulent mesurer l'intensité de deux, foyers lumineux, ils les font briller simultanément, et en mesurent la puissance par la valeur comparative de leurs ombres, liais comment opérer une telle mesure quand les deux sources de lumière ne peuvent briller ensemble? Si la comparaison est facile entre l'inten- sité lumineuse d'une bougie et celle d'une lampe, que l'expérimentateur allume en même temps, comment pourra-t-il agir s'il veut mesurer la puissance rel.i- live de la lumière solaire et de la lumière des étoiles ou de la lune? Les movens photographiques ont seuls permis de résoudre des problèmes aussi délicals. Que l'on expose uu papier sensibilisé à l'influence de l'image formée au foyer d'une lenlille par une source lumineuse, le degré d'altération, plus ou moins sen- sible, do la surface impressionnable ne servira-t-il pas à mesurer l'intensité de la lumière émise? I.a trace du foyer lumineux n'est plus fugitive, comme l'ombre qu'elle projette en éclairant la règle du pho- tomètre ordinaire, elle est durable et permanente; elle pourra se comparer avec celle fournie par une source de lumière qui brillera à d'autres moments. I.a pliolométriephotographiquca permis à la science de comparer l'intensité lumineuse des l'ayons solaires à celle des rayons lunaires. L'astre du jour donne une lumière qui est trois cent mille fois plus consi- dérable que celle de l'astre des nuits! Grâce à ces procédés, la physique a pu se tracer une voie nouvelle dans des domaines qu'elle considé- rait comme inaccessibles avant l'apparition de la pho- tographie. 1IJI. llerscbell, Edmond lieequerel ont pu étudier avec efficacité les caractères propres aux rayons solaires, à des différentes heures du jour ; grâce à l'emploi des papiers photographiques, l'étude de l'action chimique delà lumière, à laquelle se sont consacrés des savants émérites, a pris rang parmi les chapitres les plus intéressants de la science mo- derne. On voit, par la description succincte des admirables instruments que quelques-uns de nos grands obser- vatoires mettent en action, combien l'enregistrement photographique est précieux, puisqu'il permet d'ob- tenir des indications précises et continues. Mais ces appareils sont à peine nés d'hier, leur usage n'est pas encore très-répandu ; ils sont certainement ap- pelés à se modifier rapidement, pour céder la place à d'autres systèmes plus complets et plus ingénieux encore, lin outre, l' enregistrement photographique peut s'appliquer à d'antres appareils d'observation. Rien n'empêche, par exemple, de munir le plu- viomètre d'un système qui accuserait les variations de sou niveau par l'intermédiaire d'un tube faisant fonction de vase communiquant. Il ne faudrait pas supposer, d'après ce que nous venons de dire, que le système photographique est le seul que l'observateur puisse employer pour l'enre- gistrement ; nous avens uniquement insisté, sur celui- là, parce qu'il abonde en appareils nouveaux et in- génieux. Mais, pour compléter notre exposé, succinct, il n'est peut-être pas inutile d'ajouter, qu'en dehors du système photographique, la science a souvent re- cours à deux autres systèmes : celui qui est basé sur lus procédés mécaniques et celui qui repose sur des méthodes électro-magnétiques. Le premier consiste à trouver, dans les variations qu'éprouvent les appa- reils, la force, nécessaire à mettre en mouvement les styles enregistreurs, de telle façon qu'il soit possible de leur faire la : sser des traces. Ce système est le plus ancien, maïs il Cr-1; difficilement applicable en raison de peu d'intensité de la force dont ou dispose. Le second, comme sou nom l'indique, est basé sur l'em- ploi de l'électricité dynamique. La photographie dans un grand nombre do cas offre d'incontestables avantages. Quoi qu'il en soit, l'avenir prouvera que l'enregistrement est la base fondamentale de la météorologie, qui ne peut formuler ses lois qu'en les étavant sur des observations continues. — Un jour viendra où les observatoires fonctionneront d'eux- mêmes : le ravon lumineux écrira eu silence la mar- che et la variation de tous les appareils ; l'observa- teur n'aura plus qu'à venir, une fois par jour, con- sulter les registres sensibilisés, où la nature aura, pour ainsi dire, marqué de son propre sceau les changements périodiques ou intermittents dont elle subit sans cesse la mystérieuse influence ! C.VSTON TlSSANDIEB. <*>, LES WAGONS DES CHEMINS DE FER AMÉRICAINS Il existe aux États-Unis plus de 100,000 kilomètres de chemin de fer. La locomotive y franchit des dis- tances prodigieuses, puisque, de Nc\v-\ork à Chicago, il y a 1,600 kilomètres, et de New-York à San Fran- cisco, près de H, 000 kilomètres. Les voyages sont donc de, longue durée, bien que la vitesse des trains soit presque aussi grande qu'en France, Cela étant, les Américains, qui n'aiment guère la gène, ont voulu avoir des wagons où les habitudes de la vie ordinaire 70 L\ iXATi'Iîi:. fussent le moins possible interrompues. Voici coni- mcnt ils v sont parvenus. I,o wagon américain est uni": eai-se ili: 15 mètres île long environ avec dos paliers et dis escaliers à chaque boiil. Il n'v a pas de portes latérales; on entre, ri l'on sort par les extrémités. A l'intérieur règne au milieu un eouloir de 00 à 70 eenlnnrtres de largo, mer, des banquettes à deux plaees de chaque cet' 1 . Les do-siers de ees banquettes sont mobiles autour d'un ave horizontal ; le voyageur pont s'asseoir \\ :ivo;i orilimùi c Liméric à volonté le visage tourné vers la locomotive ou à reculons. Ces wagons sont très-éirvés. La hauteur intérieure est de 2 1 ", 50 contre les parois, et de 5 mètres dans l'ave du wagon, en sorte que les voya- ï«j K . v , - ■*>- geui's peuvent e r- **« 4 j; n euler dans le cou- ;,_, ; , loir central, le eha- '',,C.\ peau sur la tôle, $'''<'■ !i*fej- -'■' sans se heurter à \ ,f '',?,.. \'S:; j_ aucun obstacle. : '*■>.>. Pour le chauf- ;, ';■■''■'" .'. . f.ige, il y a des poêles * i ''-,:-' ,;.,',, au (haihon de terre qinTonallumenni]- ! /.{] * seulement en lover, ■■■; ''■?; ,■: mais qiielqmd'ois i '...;jj .' ■>•. : :xfi^!^i<:/rî aussi peiiilaut les \- : jj '[ ; ■ nuits d'été, notam- '> <\ : ; meut sur la ligne : v- *f! do Paeifiqui 1 , où les § railss'élèvent à plus | j . de iiOlK'l mètres au- ■" dessus du niveau de l'Océan. L'éclairage au mnvciule lampes on g de bougies iiedomie qu'une lumière in- suffisante. Quelques compagnies em- ploient le gaz comprimé,, qui produit au contraire une vive clarté. Cela est fort apprécié, dans un pavs où l'on estime le. temps à sa jusle valeur. Les vova- geurs peuvent consacrer à la lecture les longues soirées qu'il passent en chemin de fer. (iliaque wagon est pourvu d'un cabinet d'aisances et d'une fontaine d'eau glacée avec un verre, un seul 1 I.e.s gravures île cet erticle seul, rppmiluili"! il'npir-; le lie! nuvriifrft de M. ïbili'yicux suc lia travaux jnlilics iiu\ Mals-l'iin. Durant, 1,S73, Vue in verre, il est vrai, qui fort à tout le monde. Quelque- fois il y a de plus un lavabo. Du reste, le plan ci-enulre montre comment ces divers accessoires sont disposés à l'intérieur d'un \\a- gon-hùlel du A'ew- o^ss j.',-, MW rnMtran Vork central. Taudis que le ■ train est. eu marche, ' * ''..:"■''}' on peut passer d'un wagon à l'autre ou ■ ', : se tenir sur les pa- ,•*'""' $-„ hors extérieurs. Le . " ":'/ ' , palier d'arrière du ■■■;■ -.' : 'i dernier wagon sur- : p : ■ ;|i tout est une sorte '' ; ; : : :: t : ' ■ ■!' d'observatoire d'où : - ï. .; .\ v-;~ i :' l'oncoiiLemplecom- | ï| e, : ,. ■.:'';,'.:! jiiodément le pav- f ■■ ; i jjP'?'" i: sage, 1 étal delavoie, y ! f* «É ; lestravau\(i'arl,efe. Itans chaque train circule le conduc- teur qui vérifie les billets, unmarelruid qui offre au public des journaux, des fruits, des cigares; dans les wagons de luxe, il y a de plus un domestique tou- jours à la disposi- tion des voyageurs. Dos wagons [l'une telle dimension ne pourraient tourner dans les courbes s'ils n'avaient que des essieux rigides comme les wagons européens. Ils sont portés sur deux petits trucs à quatre roues auxquels les relie une cheville ouvrière. Ils franchissent ainsi sans nulle difficulté des courbes de 120 mètres de rayon, Ces grandes caisses sont d'ailleurs très-stables sur la voie et n'éprouvent guère le mouvement do lacet. Sur les chemins de fer da^ i'itals-Lilis, il n'v u vu 1 1 dans le principe qu'une seule classe de \va- ure il'iiii viiveai fi lir, ilil Silici' P. — F, Com- lini'limnnt dt i s liunriii-s. - 11. t'niil.iino d>au daeôo. — L, J.avalio. — R. Ajijiaj-til do cliaulïnfxe. ■ V. Cuisine. — WW. Watei'-closet. çons. Tous les vovafreurs étaient confondus, quelle que fût leur situation so- ciale. Quand les railwavs s'étendirent à travers tout 11: continent , les gens riches demandèrent, non point d'être isolés de la foule du public , niais d'obtenir , contre paye- ment un peu plus de eom- fort. (l'est ainsi que les compagnies établirent des wagons-hôtels et. des wa- gons-restaurants. Ces der- niers ont eu peu de suc- cès, car, après tout, les trains ont toujours des arrêts obligatoires d'assez longue durée, et la voya- geur préfère en profiler pour prendre ses repas tranquillement assis de- vant «notable immobile. Les wagons à lits sont adoptés au contraire sur toutes les grandes lignes. Le jour, ils ne se distin- guent des wagons ordi- naires que par une instal- lation plus luxueuse; le soir, les banquettes dis- paraissent pour faire place à des couchettes superpo- sées deux à deux comme dans les paquebots, (le sont des lits avec draps, couvertures , oreillers et rideaux. Le matin, cha- cun va à tour de rôle faire sa toilette au lavabo com- mun. Puis le domestique du wagon remet tout en place pour la journée. A certaines époques, tl y a eu de ces wagons-hôtels qui partaient deux fois la semaine de i\ew - York pour Francisco. On pou- vait monter en wagon à New- York et ne descendre qu'à San Francisco, six à sept jours après. Le lecteur se demande sans doute à quel point une pareille organisation devrait être imitée eu Europe. .Notons d'abord que le besoin ne s'en fait inière sentir. Pour les voyages de courte durée, la forme du véhicule im- porte peu , pourvu que l'on v soit commodément assis et abrité contre la poussière. Pour les trajets très-longs, il n'est pas certain que les grands wagons américains, avec leurs chevilles ouvrières, se prê- teraient aux vilesses de 00 à 80 kilomètres à l'heure qu'atteignent nos trains express. La réunion de tous les voyageurs en une seule salle contrarierait bien des personnes. Nos mœurs n'ont pas toujours la dis- crétion nécessaire à cotte vie commune , quoique nous soyons dans les relations sociales plus polis et moins rudes que d'autres. Assurément il n'y a pas de raison suffisante pour engager les grandes compa- gnies à transformer tout leur matériel à la mode américaine; mais il est désirable qif elles essayent pour les trains de nuit quelque chose d'analogue aux wagons-lits des Etats-Unis et que, pour l'hiver, elles trouvent, comme les compagnies américaines, le moyeu de chauffer avec des poêles leurs wagons de toutes classes. II. Bi.ehzy. LES ARTS DISPARUS lin savant anglais, II. YYondell Pbillipps, a ré- cemment démontré dans une conférence fort eu- rieuse que plusieurs découvertes, réputées modernes, auraient été seulement retrouvées pur nous, après avoir été connues des anciens : nous serions même, dans certains cas, il ( > s imitateurs imparfaits de pro- cédés perdus depuis longtemps. L'invention du verre, selon Pline, serait due au hasard : des marins, débarqués sur la côte d'Espagne, i ayant allumé nu feu destiné à la cuisson de leurs aliments, avaient formé le fnverde pierres recueillies sur le rivage ; ils auraient vu alors ces pierres couler par l'action de la chaleur, en formant une masse transparente qui se. solidifiait par le refroidis- sement. Plusieurs savants ont repoussé la tradition de Pline, en soutenant qu'un feu de bois allumé dans de pareilles conditions ne pouvait fournir une température aussi élevée que celle de la fusion du verre. Or le professeur Shepherd raconte que, dans une de ses excursions aux environs do Mexico, il s'était servi, pour faire du feu, d'un bois très-dur semblable à l'ébène : grande fut sa surprise , en voyant de l'argent pur couler des pierres du fover ; il est évident que, dans ce cas, la chaleur obtenue par la combustion du bots dur eût été suffisante pour fondre du verre. Rien n'empêche, dès lors, de sup- poser que les marins dont parle Pline avaient pu faire usage d'un bois analogue à celui-là ; ainsi dispa- raîtrait le reproche d'invraisemblance adressé, au récit, de l'auteur latin. On a, d'ailleurs, trouvé à Pompéi, ensevelie depuis dix-huit, siècles sous les cendres du Vésuve, une maison dont la pièce prin- cipale contenait une grande quantité d'objets en verre, fondu ou taillé', et infime du verre à vitres: Tl LA NATURE. on iivait ili 1110 sous les yeux une verrerie du temps des Césars ! Knfiii, en présence des trouvaille-; faites, dans les sarcophages de Tlièhes et de Mempliis, de parures et autres objets eu verre, on ne peut mettre en doute que les Egyptiens connaissaient cette ma- tière dès lapins liante antiquité. 11 semblerait, en nuire, que les Koniainsav; lient rapporté de l'Orient nu procédé que nous ne connaissons pas, pour l'aire un verre malléable, qui, au lieu de se briser par le choc, se bosSLiait comme un métal, cl pouvait être redressé de même ; toutefois, celte matière n'était peut-être que du verre filé par un proi edé analogue à celui que M. Slonnel, de Lille, employait eu IS37, pour fabriquer une étoffa de verre aussi souple que possible. Les anciens devaient aussi connaître les verres grossissants : en effet , Cicérou raconte avoir vu l'Iliade, entière écrite sur un tissu qui pouvait tenir renfermé dans une coquille de noix; le. cachet d"uue bague qui ligure dans la collection du docteur Abbot, et qu'on suppose avoir appartenu à Chéops, 500 ans avant J.-C, est gravé si liiiement que les traits ne peuvenL être aperçus sans le secours d'une loupe. Il en est de même de l'anneau de Michel-Ange, à l'arme, dont la gravure paraît remonter à plus de 2000 ans. Malgré les admirables progrès de la chimie mo- derne, les procédés de fabrication de certaines cou- leurs employées anciennement semblent avoir été perdus; les temples égyptiens et les murs de Pompéi sont ornés de peintures dont, les teintes sont aussi vives que si elles dataient d'hier ; il est vrai que ces peintures ont été longtemps à l'abri de l'action de l'air et du soleil, mais elles ont résisté à d'autres causes de destruction. Les couleurs que nous em- ployons actuellement pourront-elles, dans un siècle, soutenir la comparaison avec celles de ces beaux missels du moyen âge qui, depuis bCO ans, défient l'action du temps? Ou a imité les vitraux du quinzième siècle, mais on ne les a uf surpassés ni même égalés : les tableaux de Titien et de. Raphaël conservent encore une richesse de tons et un éclat prodigieux, alors que écriâmes peintures modernes s'écaillent et se ternissent dune façon déplo- rable. L'industrie des métaux doit , d'après la Bible, avoir eu son origine en Asie ; c'est en eflet de l'Orient, que paraissent être venus depuis eu Europe, avec les Arabes, les secrets de la métallurgie. On connaît la description des merveilles du célèbre palaisd'Elé, résidence de l'empereur de Chine ; quand les Français y pénétrèrent, après la prise de Pékin, ils furent «merveilles à la vue des trésors d'orfè- vrerie et de ciselure, restes d'une industrie disparue, que renfermait ce palais. Les lames de Damas des croisés, si renommées pour leur trempe, ne sont nullement rouillées après huit, cents ans ; à l'Exposi- tion de Londres, on en a vu une tellement bien trempée, que la pointe pouvait, sans danger de rup- ture, être ramenée en contact avec la garde; cette lame pénétrait facilement, dans un fourreau contourné comme un lire-bouchon. Le voyageur (ieorges Thompson assure avoir vu, à Calcutta, un Indien lancer en l'air une poignée de soie floche et la couper en deux avec sou sabre avant qu'elle fût retombée à terre. Du reste, la fabrication de l'acier dans le Ponjab, province de lllindoiistan, jouitencoro d'une juste célébrité. Tout porte à croire que les Egyptiens et les Romains disposaient de machines au moins aussi puissantes que les nôtres, et sans lesquelles il leur eût été im- possible d'élever leurs gigantesques constructions. Il sut'lit, pour s'en convaincre, de remarquera quelles distances considérables ils transportaient les maté- riaux de leurs temples, ainsi que des obélisques et des sphinx énormes eu granit : la colonne de Pompée, près d'Alexandrie, porte à son sommet un chapiteau, d'un poids évalué à 1 000 kilogrammes, régulièrement posé sur le fût à 1 7 mètres de hauteur! Il exisle, peut-être, des motifs sérieux de croire, selon l'opi- nion d'Arago, que les Egjptieuss employaient lavapeur cornme forée motrice : d'après M. Phillips on aurait retrouvé, dans des fouilles, les plans d'un navire, avec tous les détails d'une machine qui ne. pouvait raisonnablement être utilisée qu'au moyen de cet agent. L'ingénieur ISramah reconnaît avoir puisé dans un autre dessin égyptien l'idée de son célèbre et si ingénieux perfectionnement de la presse hydrau- lique. Les secrets d'autres arts, d'autres connaissances, de ces époques reculées dont il ne reste que les ves- tiges, sont peut-être à jamais ensevelis dans les tom- beaux de Tlièhes et de IVinive ! P. de Saist-Miciiel. L'OISEAU MOQUEUR Cet oiseau est le plus remarquable chanteur du monde des bois en Amérique. 11 est aussi bon mu- sicien que le rossignol de noire Europe, mais il pos- sède en outre le don curieux de contrefaire le chaut des autres oiseaux ; on dirait qu'il les imite en raillant leur allure, d'où lui est venu sou nom. Le moqueur chante avec goût, avec art; il a l'habitude de prélu- der, eu s'élevant les ailes étendues, puis il retombe la tète, en bas, au point d'où il est parti ; il recom- mence alternativement ce mouvement, tout en lan- çant ses notes pures, et c'est ce qui a permis à quel- ques observateurs de dire qu'il mêlait la danse à ses chants. Quelquefois, lorsqu'il fait entendre des rou- lements légers, il s'élance dans l'espace et tourbil- lonne avec grâce, en décrivant une multitude de cercles qui se croisent. Tantôt il accompagne ses cadences brillantes d'un fort battement d'ailes; tan- tôt, au contraire, il fait entendre ses arpèges en se livrant à des bonds multipliés. Le plumage de ce rossignol d'Amérique ne répond nullement à son chant; les couleurs en sont ternes, LA NATURE. 75 sans éclat et sans variété. Le dessous du corjis est former dus sourcils, qui donnent à sa physionomie blanc, les ;nli\s et la queue sont (l'un hrim foncé. Le un aspect bizarre. moqueur a sur la tête une sorte de couronne blanche, L'oiseau moqueur se rencontre abondamment à la qui se prolonge au-dessus de ses yeux, comme pour Caroline, à la Jamaïque et à la Nouvello-lispagne. L'oiseau moqueur Les censés et les baies de cornouiller sont ses ali- ments favoris. Il dévore quelquefois des insectes. Ce curieux habitant des bois aime la liberté: la capti- vité le tue; il est très-rare qu'on ait pu l'élover en Cil M. * SI. F. JLVL'RY. (Suite cl fm. — Voy. u. S2.) C'est sur la proposition de Maury que fut tenue à Bruxelles, en 1843, la conférence maritime à la- quelle prirent part l'Angleterre, la France, la Russie, le Portugal, la Belgique, la Hollande, le Danemark, 74 LA XATtJKl'l. la Norvège, la Suède et les Efals-Unis. Lu but de cette conférence, présidée par le savant M. Quélelct, directeur de l'Observatoire l'oyn 1 de Belgique, était de se mettre d'acenrd sur un mode uniforme d'ob- servations nautiques et. météorologiques, faites à bord des bâtiments île l'Etat. Maury, représentant des i Etats-Unis, (exposa à rassemblée l'objet de sa mis- sion, et mit en évidence les grands résultats qu'on pouvait espérer d'un svstème d'investigation étendu par les marins sur toute la surface de l'Océan, non- seulement pour le commerce, mais encore pour la science et pour ]')uiniai)il.é. L'Angleterre, la Hollande et la Russie adoptèrent le système proposé par les Etats-Unis, et leur exem- ple l'ut peu après suiw jiar la ]dup:irt des gouverne- ments de l'Europe. Grâce à la lacilifé toujours cruis- sante des relalions internationales, cette association produisit eu pou d'aimées les meilleurs résultais. Entouré de savants officiers, devenus ses collabora- teurs, Maurv publia un grand nombre de cartes nouvelles, qui, ainsi que les anciennes, furent gé- néreusement offertes par le gouvernement des Etats- Unis aux marines étrangères. .Neuf éditions des Instructions nautiques'- (Sailing directions) se suc- cédèrent, contenant, chacune des corrections, des dé- veloppements, de nouvelles études faites sur les documents recueillis et coordonnés à l'Observatoire de Washington. [tans l'introduction à sa neuvième- édition, Maury disait : (t Toutes les puisssances maritimes co- opèrent à notre œuvre, et. leurs navigateurs, mili- taires ou marchands, nous apjiortcul le concours de leurs observations. Quelques-unes ont. même clé plus loin et ont organisé rhe/, elles une centralisa- tion indépendante pour le* données recueillies par leurs marins ; ce sont : l'klspagne, le Portugal, la Hollande, l'Angleterre, la France, le Danemark, la Suède et la rVorvégo. a deux qui ont bien umlu venir en aide a nos re- cherches peuvent à bon droit s'en féliciter, tant à cause du succès déjà acquis, que jiour les nouveaux collaborateurs qui, sur tous les points du globe, viennent nous aider de leurs conseils ou nous enrichir de leurs observations, n Nous citerons ici quelques-unes des traversées, abrégées par l'usage des cartes de Maury. Ile Balti- more à l'équatcur, le voyage, qui demandait nue moveiiîie de quarante et. un jours, fut. réduit à vingt- quatre jours. La traversée des Etats-Unis en Califor- nie, ([in exigeait [dus de ISl) jours, fut ramenée d'aliurd à 135 jours, et. quelques; clippers sontmème arrivés eu 100 jours. D'Angleterre à Sydney ou ne mettait pas moins de ii2ù joues, et le retour de- mandait une durée à peu près égale. Maury signala l'avantage qu'il y aurait à faire de ce voyage, une cir- cumnavigation, lit l'ensemble des traversées effec- A Iusliuctions lifUttiqHt'.s, deslinces à jocoiTipa^uec les caries cul vents cl île cour, mis, par IL F. Maury, rltreclcur de I'Ojj— scevatuire <ïe^Vusliin£ieii, irait ni les par Ed. Vaiiceccliaul, lieute- nant de vaisseau. — l'ubliées au Ucpût de la marine. tuées suivant ces instructions fut bientôt abrégé de près de moitié. On comprend que le bénéfice produit par cette économie de temps s'élevait à un total énorme, même pour la seule marine des Etats- Unis. En même temps qu'il préparait ses cartes, Maurv rassemblait les matériaux d'un nouvel ouvrage inti- tulé : Géot/raphie physique et meteoroloijif/iic de. la mer, qui, dès sa publication, fut traduit eu plusieurs langues et, lu partout avec le, plus vif intérêt. Il serait impossible., dans les limites où nous renferme cette brève notice, de donner une idée suffisante de ce lui ouvrage, qui joint, l'exactitude des études scientifiques aiu inspirations les plus; élevée 1 ; de la philosophie naturelle. Aous citerons seulement parmi les principaux sujets traités : la recherche de grandes lois de la circulation atmosphérique; la théorie générale du phénomène des moussons ; le déplacement périodique des zones de calmes et d'alizés; des considérai ions sur l'action des vents envisagés comme agent.-, géologiques ; une étude des climats et du fond de l'Océan; une description du (iulf-Streain et des principaux courants de la mec, etc. Le succès de ce livre, plein de vues originales, fécondes, répandit la renommée de. Maury dans tout le monde, civilisé. L illustre, auteur du Cosmos, Ilutnbokit, déclara qu'il avait fondé une nouvelle branche de la science : lu tp'Ofjrapkie physique de, lu mer. Les principaux gouvernements de l'Europe, pour récompenser les services rendus à la science, à la navigation et au commerce par ses importantes recherches, le comblèrent d'honneurs; il reçut de tous des litres, des décorations, des médailles, qui i onslalaieul la valeur doses importants travaux. (l'est vers celle époque que le président des Etats-Unis, M. Tvler, exprima le désir de lui con- fier la direction du département delà marine. 11 était, d'ailleurs, tenu en telle estime par les diverses administrations de ce département, qu'il put, en maintes occasions, faire écouter de judicieux cou- ; seils et adopter de. sages mesures, qui épargnèrent à son pavs d'inutiles dépenses. Ainsi, par exemple, il fut nu des premiers à prévoir les changements qu'ap- porterait dans les guerres maritimes l'emploi des i hètinieills à vapeur, des canons raves et des projee- I tiles creux, et il recommandait l'adoption de gros ! canons sur des petits navires. Anciennement la force d'un vaisseau de guerre était proportionnelle au nombre de ses pièces d'artillerie. Maury pensait que, dans les guerres futures, peu de bâtiments porte- raient plus de six pièces de gros calibre, et la trans- formation actuelle des marines de guerre prouve la justesse de ses prévisions. l.li'.s '1818, Maury avait commencé à réunir dans une série de tableaux les grandes sondes laites par les officiers de la marine des Etats-Unis en diverses régions de l'Océan. L'invention, par le lieutenant l'rookc, d'un ingénieux appareil propre à ramener facilement les échantillons du fond, donna une non- LA NATURE. yclle impulsion à ces recherches. On eut bientôt ae- ([uis lu preuve que 1b lit de l'Océan est formé pur une couche de vase molb' pleine de débris organiques et d'inl'usoires vivants, qui a reçu le nom d'orne. Les sondes finies dans l'Atlantique révélèrent un grand nombre do. fuis intéressants relatifs à la géographie physique de la nier, et amenèrent la dé- couverte du plateau tëh-ijrtiphirpte silué entre Terre-Neuve et l'Irlande, sur lequel a été posé de- puis le c'ble transatlantique, suivant les indications de. Maury. Pendant le cours des travaux qu'il poursuivait ainsi avec une infatigable persévérance, il fut élu membre honoraire des principale." académies et sociétés sa- vantes de l'Europe. Sous son habile direction l'Obser- vatoire dû VYas]jingl.(>n ne cessait de contribuer au progrès des sciences, et prenait rang parmi les insti- tutions losplns renommées du même ordre. In grand ouvrage d'astronomie et d'autres travaux importants v étaient en préparation, lorsque la guerre de !a sécession éclata. Lors de l'élection du président Lincoln, en 1 SCO, Maury, qui se trouvait alors à Lon- dres, avait prévu que cette élection amènerait de graves complications politiques, et il avait écrit de nombreuses lettres à ses amis, dans les différents Etats de lTnion, les conjurant de ne pas céder à des impulsions passionnées et de faire, au contraire, fous leurs efforts pour maintenir la paix. Mais ces sages conseils n'avaient pas été écoidés. Après s'être prononcé pour le Sud, où était son pays natal, il se démit des fondions qu'il remplissait ii l'Observatoire de YVashinglon, et se rendit, à Ricbuioiiil, dans la Virginie, d'où il passa peu de temps après en Angleterre. Il reçut alors de la franco el.de I iïussie l'invitation de venir continuer, dans la posiLi'ui la plus honorable, les utiles travaux que la guerre le forçait d'interrompre. Mais il dut refuser, en exprimant toute sa reconnaissance pour ces offres hospitalières, et rester au service de sou PP. Pendant son séjour en Europe, il prépara sur la demande qui lui en avait été faite, et publia à Lon- dres nu ouvrage élémentaire do géographie physique 1 pour le fils du grand-duc Constantin et son cousin Alexis, tous deux alors écoliers, ouvrage qui fut tra- duit pour servir à renseignement dans les écoles de la Russie. C'est durant îa même période qu'il publia aussi à Londres ses Premières leçons de géo~ (/nullité*, traduites en plusieurs langues, comme la Géoqrapku: physique . Le succès de ces petit s volumes est dû à l'emploi d'une méthode attrayante, autant qu'à la simplicité, à la clarté du style, à la fraîcheur et à l'intérêt des descriptions. l'in 1803, Maury revint eu Amérique, et accepta la chaire de professeur de géographie physique et d'as- tronomie qui lui était offerte à l'Institut militaire de 1 Ct'of/i'fipliia physique à L'usage de la jeunesse et des ï*"'«s du monde 'Colleilion lletzeV:. a 1 ne tiniluetien (te ce dernier ouvrée es! sous presse J-i»3 h collection lletzol. Lexingtou, dans la Virginie. 11 occupait encore celte chaire, autour de laquelle se pressaient les étudiants pour entendre ses éloquentes leçons, quand la mort est venue le frapper, le i rr février dernier. 11 s'était, tiès-acliveiiient occupé depuis deux ans d'un congrès international où se réuniraient les principaux agriculteurs et les plus éniiiienls météo- rologistes des diverses contrées du fflobc. Il croyait avec raison qu'une telle assemblée serait pour l'agri- culture ce qu'avait été la conférence, de Bruxelles pour la marine, et compléterait l'œuvre alors commencée. Il désirait qu'on pût, organiser un système général de recherches relatives à la prévision du caractère des saisons, aux avertissements lélégraphiqiiosdn temps, et à la statistique des récoltes, organisation dont les résultats augmenteraient bientôt dans une grande proportion le bien-être de la famille humaine. C'est au retour d'un congrès d'agriculture réuni à Saint-Louis en juin 1RU, et dans lequel il avait pro- noncé un remarquable, discours 1 . sur la nouvelle con- férence internationale dont il mettait en relief les nombreux avantages, que Maury, dont la santé était depuis longtemps affaiblie, sentit, les premières at- teintes du mal auquel il devait succomber. Peu de mois après, prévoyant sa fin prochaine, il fit appeler ceux de ses enfants qui étaient loin de. lui, voulant être entouré de tous les siens au moment suprême. Il avait prié le médecin de le prévenir quand tout espoir serait perdu. Ses derniers jours furent consacrés à la prière, et encore au travail. 11 recommandait la pro- chaine réunion du congrès iiiternatiomial de météo- rologie et d'agriculture ; il s'occupait de revoir ses petits livres pour les écoles, en encourageant sa femme bien-aimée et ses enfants à la résignation. Lis lettres de son (ils le colonel B. Maurv, de sa fille aînée, sont pleines des plus touchants détails sur le calme allée,! lieux, sur l'élévation d'âme, sur les pieux sen- timents qui ne, cessèrent de le soutenir jusqu'au der- nier moment. « Sa mort, comme sa vie. a été un bon exemple, nous écrit un de ses éuihirnls collaborateurs et de ses meil- leurs amis, le commandant ,1 an son*. Connue un vieux uu'i'in, enveloppé dans les [dis de son drapeau, il envisageait la mort avec fermeté et soumission. Il savait que sa mission était remplie, et il attendait le mot d'ordre pour retourner vers la source d'où son génie émanait. « Quelques instants avant sa mort il disait : « Est-ce que mes ancres chassent?.,. Je suis prêt à mettre à la voile !... » Peu après il expirait. « Son génie poétique lui suggérait de belles idées jusqu'au dernier moment. « Attendez le printemps, « disait-i), pour conduire mes restes vers ma dor- « nière demeure, quand les buissons seront en « fleurs, et prenez la route par Goshen-Gup. Vous « savez que je préférais cette route, et qu'eu passant 1 Nous avuns donné une triuluclion de ce discours dans l'An- nuaire Je lu Société inclè,n-i}i>gi,que de France, t. XYII1. - Capitaine de. vaisseau do la lum'ine royale liolliiadiiise, re- présentant de la ltullioiile à la conférence île Bruxelles. 70 LA NATURE. « je descendais toujours du voiture pour la faire à « pied, m'enivrer de la beauté du coup d'œil, ol. « cueillir 1rs fleurs sauvages, u « Je l'ai connu dans le beau temps de sa popula- rité, j'ai été témoin de ses triomphes ; je l'ai connu dans l'adversité, cl j'ai eu le bonheur de pouvoir lui donner mou appui et mes consolations dans l'exil. « Toujours il était le même, simple, modeste, na- turel, plein de bouté, chrétien, dans la plus belle acception du mot. i> Les impressions, les souvenirs de ses nombreux amis ne pourraient que confirmer ce juste hom- mage rendu à la mémoire du savant illustre rpn joi- gnit aux. dons les plus rares de l'imagination, l'infa- tigable persévérance du génie, les plus solides, les plus aimables qualités de l'homme de bien, et les gé- néreux snuLiiueiils d'un bienl'iiiriir de L'humanité. El. m M.vwioi.u?. L'AZOTE ATMOSPHÉRIQUE ET l,A VÉGÉTÂT 10.:?. Notre collaborateur, J[. P. -P. Rehrraîn, vient d'a- dresser à l'Académie des sciences un Mémoire im- portant, où il indique la solution d'une qne-iion à l'étude depuis de longues années. lue foret régulièrement exploitée perd annuelle- ment, à chacune des coupes qu'elle subit, une cer- taine quantité d'azol.0 combiné, et. bien qu'on ne se préoccupe nullement de, restituer au sol les matières contenues dans le bois exporté, on ne remarque pas que la fécondité du sol forestier ait baissé. Les prai- ries liantes, qui ne reçoivent comme fumure, que les déjections des animaux qui v séjournent tout l'été, conservent indéfiniment leur fertilité, et cependant les animaux qui retournent à la plaine ont prélevé, pour augmenter leur poids, pour fabriquer leur laine ou leur lait, nue quantité notable de l'azote qui exis- tait dans le sol qui les a nourris. La ferre soumise à un assolement régulier aban loruie aux récoltes plus d'azote que n'en contient la fumure; les prairies soumises, dans le Midi, à une irrigation ménagère fournissent une récolte de foin qui renferme plus d'a/otc qu'il n'en existe dans le fumier et dans l'eau d'irrigation qu'elles ont reçue. [j 'azote est un corps simple, qui ne saurait être créé ; il faut donc que le grand réservoir atmosphé- rique ait été la source inépuisable où la végétation puise l'excès d'azote qu'elle présente sur celui qu'elle reçoit directement sous forme d'engrais. On avait pensé d'abord que les plantes sont capa- bles de prendre directement l'azote atmosphérique et de l'employer à la formation des principes albu- minoïdes qu'elles élaborent ; M. G. Ville, professeur au Muséum d'histoire naturelle, qui le premier avait soutenu celle idée, n'a pas réussi à la faire adopter ; tous les essais entrepris en Erance et en Angleterre, pour vérifier ses assertions, ont complè- tement échoué, et le mécanisme de l'intervention évidente de l'azote atmosphérique dans la végétation était incmiiu avant les recherches de M. Dehéraiu, Notre collaborateur a reconnu que les matières vé- gétales, en se décomposant, émettent de l'hydrogène susceptible de s'unir à l'azote pour l'urmerde l'ammo- niaque ; cette ammoniaque se combine à la matière végétale elle-même, pour donner ces produits carbo- a/otés qui existent en quantités notables dans la terre arable, puisqu'on trouve dans une terre bien cultivée 2 ''■' à l 2 er 5 d'azote combiné par kilogr. de terre. Pour ipie cette fixation d'azote se produise, il faut que l'hydrogène se dégage dans une atmosphère pau- vre en oxygène, comme l'est la terre arable dans la- quelle abondent les débris organiques ; ceux-ci, eu se brùlaiiL lentement, s'emparent de l'oxvgène pour for- mer de l'acide carbonique ; l'hydrogène en se déga- geant de ces matières org'auiqiicsreucotitre seulement de l'azote, et forme de l'ammoniaque, tandis qu'il produirait de l'eau s'il se dégageait dans une atmo- sphère oxygénée. (l'est donc dans le sol qu'a lieu la fixation de l'a- zote atmosphérique, et. l'abondance des débris végé- taux, de l'humus, est favorable à cette fixation. La combinaison se produira d'autant plus aisé- ment que l'accès de l'oxygène sera plus difficile; elle se fera surtout dans la forêt ou la prairie, dont le sol, constamment enrichi par les détritus végétaux, n'est pas retourné par le soc de la charrue '. C.T. LARm mTSCIYORUÏÏ La fécondation constitue pour les plantes l'un des actes les plus importants de leur existence; aussi la nature a-t-elle dû faire concourir à cetfo fonction les moyens les plus nombreux et les plus variés. Au nombre des plantes qui présentent à l'époque de leur floraison les procédés les plus singuliers pour assurer la fécondation, nous placerons l'arum muscivorum. Cette plante, qui appartient à la famille des aroï- dées, croit dans les lieux ombragés; ses Heurs uni- sexuées sont portées sur un seul pédoncule ou spadice : les fleurs mâles sont placées à la partie supérieure et les fleurs femelles au-dessous ; le tout est entouré d'une large feuille engainante, enroulée eu cornet qui porle le nom de spalhe, et dont l'intérieur est garni de longs poils plongeant vers le fond du cornet. Il est facile de comprendre que le vent et les insectes n'ayant aucune prise sur les fleurs à cause de cet ap- pareil protecteur, il n'y aurait aucun motif pour q un le pollen se répandit sur les fleurs femelles au mo- ment de la floraison. Mais la nature prévoyante a 1 Comptes rendus. — Séance du 9 juin 1873, p. 13SJ0. LA NATURE, 77 donné à l'arum une odeur épouvantable de viande morte, de suif, de lelle manière que les mouches, attirées par eette odeur trompeuse, s'approchent de lu plante, s'y posent comme sur de la chair eu pu- tréfaction, pénètrent dans la spathe et y sont retenues par les poils. Kii allant et venant sur le spadice pour s'en échap- per, elles transportent le pollen de la partie supé- rieure à la partie inférieure, et la fécondation étant ainsi effectuée, le fruit et la graine lie tardent pas ù se développer. AsUSSMlSfitL. Aluni am-ejvur ;irn. i. hlilividu coaiplcU. — 2. Di'a.iil du pistil. L'arum muscivorum présente en outre un phéno- mène curieux ; au moment de la fécotuLitiou, le spa- dice s'échauffe d'une manière très-sensible; ce même caractère se retrouve dans deux plantes analogues, l'arum italicum et. l'arum maculatum. Ces deux plantes, ainsi que quelques espèces voisines, sont très-dangereuses; elles contiennent un principe; acre, brûlant, peu ou mal étudié jusqu'ici, mais qui a la singulière propriété de disparaître par la torré- faction. CHRONIQUE Bouée de sauvetage lumineuse. — M. lûtliailiol Holmes a inventé un fanal qui prend feu instantanément et brûle pendant i."> minutes , par le seul fait de couper la pointe supérieure et de jeter l'appareil à la mer. Ce fanal se compose d'une furie Imite cylindrique en élain, de 1 millimètres de diamètre, et de 10 centimètres de hauteur. A 1 un des fonds s'élève un cône dont la pointe est percée, mais hermétiquement close, avocune coiffe en métal mou. le cylindre est traversé dans son aie par un tube métal- lique percé de trous. C'est dans la partie vide qui en- toure le tube à l'intérieur, que l'on place de la chaux chauffée dans un creuset avec une certaine quantité de phosphore. Le phosphure de calcium formé, mis an con- tact de l'eau, s'embrase et projette une belle flamme bleue au dehors. Si un homme tombe à la mer par une nuit obscure, on jette cet appareil aussitôt l'accident. L'homme se dirige vers ce fanal, point commun du ralliement avec l'embar- cation envoyée à son secours, qui, guidée ainsi, ne s'égare pus en recherches infructueuses. l.a valeur d'une jiuiiimc de terre. — N . Tyn- ilall, l'illustre savant populaire de l'Angleterre, a le don, comme autrefois Arago. de frapper l'esprit de ses audi- teurs par des faits saisissants, Pour donner une idée de la reproduction des espèces végétales , il suppose qu'il n'existe plus qu'une seule pomme de terre. A elle seule, elle va suffire à repeupler le monde do ce précieux aliment nutritif. Ou'une fois plantée, elle reproduise dix pommes de terre, et qu'il en soit de même pour celles-ci, en dix ans on aura dix mille millons de pommes Je terre, qui en- semenceront la terre enfère. La valeur réelle de celte simple pomme de terre, ajoute M. Tyudall, serait telle qu'il vaudrait mieux, pour l'humanité, voir détruite la ville de Londres que de perdre ce tubercule. Direction naturelle des aérostat**. — M. lia- iiclle a exécuté avec le Jutcs-Faure une seconde ascension le. 2 juin dernier. Il est parti, comme la dernière fois, de l'Kcolo des cadets. Il était accompagné par plusieurs voya- geurs, au nombre desquels le délégué de l'Observatoire de l'alloua. "^^iS^^ 1 Cet habile aëronimtc a cherché, comme dans sa pre- mière ascension, à profiter de l'alternance des courants aériens, et il est parvenu, en montant et en descendant successivement, à rester, pendant quatre heures, en vue de Saitit-l'éfersbnurg. Les innombrables spectateurs qui suivaient les évolutions du Jules-Favve croyaient pour la plupart qu'ils assistaient à des expériences de direction aérienne. 78 LA NATLIIK. 51. Ilutielle availà sa disposition trois courants superposés: deux d'entre eus le [ :un; union.!, vers la terre, taillis que le troisième l'entrainait vers la Ilaltique (citye/ la ligure), lu choix judicieux, fait il'iijuùs les principesque îmuFiivoiis ex- cusés dans les Yoijuijes aériens et essaye à plusieurs reprises de meltt'e à profit dans des circonstances moins favorables, avait produit ce miracle. Quelquefois les surfaces qui ter- minent ces couches d'air s t *.i 1 1. assez sensiblement régulières pour jii'cduire de tres-curieux E'H'uts de mirage, comme cola est arrivé dans l'ascension de 51. Gaston Tissanilier au- dessus de la mer du Nord, où il avait à sa disposition, comme M. Bunelle, les courants superposés 51. Y 0. (une* la ligure ci-eoiitre). lies évolutions aéroslaliques, scien- tifiquement exécutées, peuvent produire des plus heureux résultats dans un prochain avenir. \Y . or: E. Oc l'utilité des oiscuiix. — lu grand nombre d'a- grieullcurs reconnaissent aujourd'hui l'utilité de. protéger les oiseaux, Cepeiidan!, dans nos campagnes, par un pré- jugé fatal, on est encore souvent sans pitié pour i es petits êtres qui, loin de mure aux cultures, les garantissent C,<: l'invasion des insectes nuisibles. Lu roupie de moineaux, avant des petits à nuiirrir, dé- liuitô,ôO0 chenilles par .semaine, 40 ]i;ii' heure environ, sans compter les papillons al les vers. Les rciuçies-gnrges, rossignols fout la guerre à d'iunoiubrafiles quantités de venin, seaux et de moucherons. lin consciencieux observateur, 5!. fsnxton, raconte qu'en Fen.svlvanin les paysans protègent les roitelets. Ils les i M'a- ient à s'établir près de leurs habitations, en lisant une Imite, en bois à une perche, où ces oiseaux ne manquent pas do s'abriter. On a compté le nombre de voyages exé- cutés par deux roitelets ainsi installés (liez leurs botes. Chacun d'eux exécutait eu moyenne ÔO voyages par heure; le minimum était do .40, le maximum de biJ — Duos l'espaced'une heure, l'un et l'autre, étaient revenus 71 fois avec un insecte il leur bec. D'après eesohsorvations, chaque oiseau aurait détruit environ 4,0t!0 insectes par semaine. Le mésanges, les fauvettes, les rossignols, les pics et bbei d'autres oiseaux sont les prnli rieurs de uns cultures. eliO milliards par mètre cube. Les ctës cxtrmirtluiaîres doimi* cent mis. — Le 14 août 1773, le thermomètre de l'Observatoire royal s'est élevé à 59°,4. C'est un chiffre qu'il n'a plus jamais atteint. Le chîlfre de 58° n'a lui-même élé obtenu que deux fois, en 1782 et en 171)5. Depuis celle époque, le maxi- mum n'a jamais dépassé 5fi°,7. Le ebilfre de 50° a été at- teint sept fois seulement depuis lors : le S août 1802 et le 5! juillet 1803, le 1b juillet 1808, le lï) juillet 1823 et le 1"' août 182.0, le 18 août 184-2 et le 4 août 1857. li est i r'eiiuu quer que deux fois ces maximums exceptionnels ont été consécutifs, circonstance qui n'est point exceptionnelle. — Amsi h: maximum absolu le plus élevé connu ('i(P) a été obtenu eu 1703, situé dans une série d'années où les iiiavimeins ontoté Irès-élevés. Le therniouièti'e. de. 1 Ohser- valoire. rovil inarquait 50°, h: I!) août 1705', 57", 3, le -22 juin JÏOi ; 4(1°, le 2b août 1703, et 37°, S, à plusieurs re- pris' s dans le cours de juillet 1700. Ile même, la tempé- rature 50°, 4 du 11 août 1775 était précédée, par celle de fîii". X du 21 juin 1772; d'autre part, les 08°, 7 du 10 juillet 1782 ont été suivis par les 50" du 1 1 juillet 1785.11 esl. digne de remarque que ta niovenue des maximums (l'été, qui dépassait 3.V an milieu du siècle, dernier, n'atteint pas actuellement 05". Un aussi grand phénomène a des causes qu'il ne doit pas être impossible de saisir et de définir. S. es ^raiibr*! île peuplier ii l B ;ii'î*. — Depuis quelque, temps on a pu remarquer un grand nombre île. gi'aims, répandues particulièrement sur les bords de la Seine, et en quantité assez abondante pour frapper l'at ■ tentinn des personnes les moins habituées à observer les phénomènes naturels. Ces graines, soutenues par deslila- ments très-légers, sont produites parles peupliers tant île Paris que des environs, qui, cette aimée, paraissent avoir élé d'imeféoondiié pro ligueuse. Il est impossible île noter ce l'ait sans rappeler les Ira vaux de Pal'as, le célèbre naturaliste russe, sur les moyens d'utiliser ces longs et soyeux filaments aux mêmes usages que ceux de la graine ilij cotonnier. Peut-être, a-l-oil trop négligé une essence si commune dans notre l'rance. agricole, et qui vient de donner sous nos yeux nue prouve saillante de sa puissance. Est-ce que le proverbe: .Nul est piophèle dans son pavs, s'appliquerait également aux plantes? llatis l'état actuel de l'industrie, les lilameitls de. la graine du peuplier ne servent qu'aux petits oiseaux pour rembourrer leurs unis. Eux seuls onttrouvé moyen de profiter d'un duvet si mollet et si doux. IN'e serait-il pas sage de profiter de leur exemple? I.r grand central :is*i;ttti que la mâture en 1er et les machines. Les dessins pour la cousit uttiou de ce navire ont été préparés par l'amirauté impériale a Berlin. Le llorussia est un navire à tourelles qui aura 0-i niélres de longueur eii'.i'o perpendiculaires, U7 moires do longueur extrême, lu™, 30 de largeur et III™, (il do creux depuis le pont su- périeur jusqu'à la quille. Le déplacement du navire com- plètement armé sera de ii718 tonnes. Le tirant d'eau moyen du navire eu charge sera de T™,21. Lu réduit central cuirassé est surmonté par deux tou- relles dont la hauteur au-dessus du pion L supérieur est de , 1™ ,88 ; ce réduit casemate est séparé de l'avant et de bar- rière du navire par deux cloisons transversales dont les plaques ont 13 centimètres d'épaisseur. L'avant et l'arriére ne sont cuirassés que jusqu'à la flottaison: la partie la plus forte des plaques a 2o centimètres d'épaisseur, elle se réduit à '12 centimètres à la partie extrême, il l'VJO au-dessous de la flottaison. Le renfort en teck a S! 7 cen- timètres, la tôle intérieure 1 G millimètres, et celle destinée aux parties en dehors du réduit a !) millimètres d'épais- seur. Les deux tourelles dont les sabords seront à l ra ,(10 au- dessus de la ligne de flottaison en charge, ont un diamètre de 8"\15 ; chacune d'elles sera année de deux canons de 2-.i cenlinièires du dernier modèle, et sera manœuvrée soit pur une petite machine à vapeur h haute pression à 2 cy- lindres d'un diamètre do 21 h millimètres, avec une course égale au diamètre, suit à la main. Les plaques ont 215 millimètres d'épaisseur, celles qui portent les sabords ont 211 < "ciiliiiitlrcs ; elles seuil renforcées par 21 conli- niélres de teck. liens canons de 17 centimètres sont placés, l'un sur l'avant du navire, l'autre sur une plate forme qui sera ('levée par-dessus les tourelles. La cheminée est placée entre les deux tourelles et se trouve ainsi protégée contre les feux de reune.mi venant de bavant ou de l'arriére ; les murailles du réduit les mettent à l'abri dos feux du Irai ers. La partie centrale de la batterie aii-de.--sous du pont supé- rieur occupe une longueur de ti7 : ",(i[), outre les cloisons blindées. Dans cet espace se trouvent les hases des tou- relles, leurs machines, la cheminée et sou enveloppe, une roue de combat, les portes donnent accès aux soutes à munitions; ces dernier, s sont placées dans la partie la plus basse du navire. Les chambres pour le capitaine, les officiers et les élèves, les dillérentes tables, la salle do bain, les bouteilles, sont situées sur l'arrière du induit; la p.ulie ina.nl du navire sert au logement de l'équipage, à la niauoiuvre dos ancres, des cabestans, etc. La plus glande partie de l'espace au-dessous du réduit est occupée par lu machine, les chaudières et les soutes il charbon: L s clorons des soutes sont étanehes ainsi que les poites qui y donnent accès. Les soutes à poudre cl û obus sont entièrement entourées par les soutes à charbon, elles sont divisées par des cloisons ébauches doul l'intérieur cstgaruî de teek ; elh s peuvent au besoin être novées sans que les munitions soient avariées. Les instructions générales stipulent que les matières employées pour la construction doivent être du la meil- leure qualité; la résistance du navire scia considérable relativement au faible- poids do la coque. Selon le désir exprimé par le gouvernement allemand, tout le 1er néces- saire à la eonstiuction de ces navires sera fourni par l'in- dustrie nationale. Le navire sera coiiilruil à double fond avec, des c. Unies étanches. La quille se compose de deux feuilles de Iule horizontales reliées entre elles par une troisième feuille verticale de ■l m ,l" de hauteur, à l'aide de furies eoeiiièrcs. Dans le sens longitudinal, le. navire porte quatre < niiipar- tiiuoms étaiiches, deux de chaque bord. I.e. premier a une largeur de 'J0 centimètres environ; la eleison du second compartiment laisse un espace d'environ i™,nO puur la surveillance des di\crscs parties du navire pendant un conduit. Transversalement, onze cloisons divisent le navire en douze tranches éliiuches; un tuyau principal de SU centi- mètres de diamètre, avec, des embranchements communi- quaul avec charpie tranche, vient déboucher sous une pompe spéciale du sjslèmo Dnvvnton; quatre autres pompes manoeuvrables à la main sont placées à des endroits di- vers dans La batterie, elles sont destinées à épuiser l'eau d'un ou de plusieurs compartiments, l.n distillateur r\or- iinuiby est placé dans la chambre des machines, une chau- dière spéciale est afleetée ;i sou usage. En outre des deux roues pour la manœuvre de la barre, un appareil hydraulique du système Englefiold est appli- qué peur le même effet. Deux cabestans servent pour les ancre.?, celui de l'arrière se meut à la main ; celui de l'avant est mû par une machine à vapeur. Le navire a une, inâ- lure complète de frégate; les mais sont disposés de ma- nière à pouvoir servir de ventilateurs. La machine est à trois cylindres; l'appareil évaporaloiic se compose de six chaudières placées loiigiluilinalemeiit par groupe de (fois de chaque bord ; chacune d'elles a cinq foyers. 80 LA NATURE. PUBLICATIONS NOUVELLES Manuel du microscope dans ses applications au diaanostic et à la clinique i . Les auteurs Je cet ouvrage, MM. Malhias Duval cl Léon l.ereboullet, oui cherché à nieltre eu évidence les minimises ressources oHei-l.es par le mierose ope à la pratique médicale. Ils ont su coordonner avec mé- thode, des travaux épars et 1rs réunir en un groupe homogène, certainement appelé à rendre d'importants services. Grâce au tuici'Oseope, le médecin peut dé- voiler des principes souvent, caractéristiques qui lui seront d'un précieux concours pour le diagnostic (1rs maladies. Mais l'usage de cet admirable iiisLruinenl. le conduit toujours à mieux connaître l'organisme et lui révèle des mystères de la constitution humaine. .Nous ne suivrons pas les auteurs dans toutes les parties trop techniques de leur ouvrage, nous nous bornerons. à lei.li' emprunter quelques pa-sages saillante qui ol't'i'ent un intérêt général ; nous les accompagnerons dos gravures dont sont éclaireies les descriptions, SIM. Du val et Leidioullet étudient d'ahoi'd Je >aiig liumaiu; ils en mollirent, les globules à l'état normal et à l'étal pathologique (lig. 1). Fiy 1. — Globules rondes (lu *:ni;_*, unriiiaux cil : : ] 1 1 l'os. En a on voit des globules rouge-* normaux, en b et en c des globules déformés et. niurifernies, on dit' île? vibrions particuliers d'une extrême ténuité. Après avoir ainsi poursuivi l'étude du sang pathologique, les auteurs examinent quels sont les produits des globules en décomposition chez différentes e-precs. 11 se l'orme parfois spontanément des cristallisations remarquables comme Je montre la fieure 2. Fig. 2. — Ci-Maux extraits du san^c frais. — 1 [ri>e,l pi-ir.nnnii[uc de l'iiûiiiniiï ; — 1 Tt-U'ardrc du imdmil d'Inde; — S [ilmuu 1 -. Jicxardriqiie? de l'iicii i-cuil. Les autres parties de 1'ouuage dont nous donnons une iinaljso succincte comprennent l'étude iiucvo- 1 C. Masson, éditeur, 1873. seopique des produits du la peau et des muqueuses. Les figures H, i, y et G représentent des acarus de la gale, vus au microscope sons un fort grossissement. Fi;:. Sri. \.— Acinis du l'iioui:!.'-, màli! et l'emelle. iCr.^.M-sunr-Lit do CU di.uii. , 'Lri.fj.) I.a figure 7 montre des purasiles de la bouche : I, '2, 7> sont- formés de plaques (1 épithélium, de fila- Yl±. \). — Ai;anis dl.l : lieu. (Gro-i. di- Ijll diaui.) l-'i;:. G. - Acarui du idi.u. (Gios-. de laidiaui.) monts et do spores particuliers; -ï, 5 et G de vibrio- niens, de globules et de granulations. Fi;. 1. — Parasites de la lioucljc. Ou voit que l'on reneontre dans ce petit traité de tristes révélations sur la nature humaine, bien pau- vre quand on la considère du côté matériel, quand on envisage ses maladies. Mais ne faut-il pas savoir gré aux savants qui étudient do près la cause de mi- sères et do nniiix qu'ils ont pris pour but de guérir ou d'atténuer? Le Ptopridlairc-Cëraitt : G. Tissa?* mioo l'Alils. — [MP. SIMO* ILAC-M Kr COiiF., lut; y'jnu'LitTU, 1. JN° 0. 12 JUILLET 1875. LA NATURE. LE POLAJUS I.l 1,'eXI'ÉDITIO.N 11E GUSTAVE I.AllJlKnT. 11 y a doux mois, personne 1 , n'attendait îles nou- velles du polo Nord, on croyait la navigation diis niions boréales interdite à tout être humain jus- qu'aux jours chauds de l'été. Mais on comptait sans la banquise; car un télégramme d'Amérique nous apprit, vers le milieu du mois de mai, (pie le navire la Tii/resse avait trouvé près des cotes du Labrador une colonie de dix-neuf personnes, revenant du fond de la mer de l'allin, non pas à bord d'un navire, mais perchées sur un glaçon comme des ours blancs. Les naufragés dont ou opérait le sauvetage dans des conditions si extraordinaires faisaient partie de l'équipage du Polaris. Ce navire avait quitté Washington nu mois de juin lS7i, sous le commandement du capitaine Hall, vaillant explorateur du pèle Nord, déjà célèbre par deux grandes expédilions, dans l'une desquelles il avait retrouvé les restes de l'expédition du capi- taine Franklin. ■ 5îB*(sSi« Le Ih'lntis, au milieu des £lai(?^. Les malheureux avaient été séparés de leur vais- seau en détresse dans une tempête qui avait éclaté, au milieu de l'été 1 873 ; depuis deux cents jours ils exécutaient la navigation la plus étonnante dont l'histoire fasse mention. Leurs aventures excitèrent une telle surprise eu Amérique, que l'on commença par les accuser de désertion; puis, lorsque leur innocence parut démontrée, on supposa que les quatorze marins qui étaient restés à bord du Polaris s'étaient volontairement séparés d'eux, il fallut une enquête minutieuse dont le journal anglais Nature annonce l'heureuse conclusion, pour persuader à l'amirauté fédérale que ni les naufragés ni leurs camarades n'avaient manqué à leurs devoirs. L'ou- ragan arrivant au milieu des ténèbres, [tendant qu'une portion de l'équipage se trouvait sur la glace pour opérer le sauvetage des provisions à un mo- ment où l'on croyait que le Polaris allait être en- glouti, voilà quelles sont les vraies causes d'une catastrophe inouïe. Le départ du Polaris avait passé inaperçu, eu France, à cause de la crise horrible que nous traver- sions. Mais il avait produit une véritable sensation eu Amérique, où il semblait que la conquête du pôle Nord, forcément interrompue par la France, allait être réalisée. En effet, tous les plans du brave capi- taine Lambert avaient été repris par le capitaine Jlall saut le choix de la route, car le Polaris remontait par la mer deBaffin, au lieu d'attaquer le grand pro- blème par le détroit de Behring, comme notre vail- lant compatriote l'avait proposé. On n'a pas oublié qu'une portion des fonds prove- 6 82 LA .\ AT LUE. liant de la souscription du capitaine Lambert avait I été employée, pur notre malheureux ami, à acheter le Boréal ; mais ce n'en avait pas été de menu: de l'acquisition du Polaris , dont le capitaine n'avait point eu à s'occuper ; l'amirauté des Etats-Unis s'é- tait empressée de mettre gratuitement, à sa dispo- sition celui des navires de la Hotte nationale qui sem- blait le mieux disposé ù recevoir les aménagements spéciaux, propres à l'exécution d'une campagne arctique. Dans les dispositions accessoires, les plans du Boréal avaient élé copiés, comme ou va le voir. Le Polaris, qui avait à pou près le même tonnage que le Boréal (400 tonneaux), avait été choisi à cause de la solidité exceptionnelle de sa construc- tion ; on l'avait entièrement doublé de planches de chêne et consolidé avec des traverses en fer. Suivant l'expression d'un journaliste américain, qui décrivait le navire à l'époque de son dépari, on eût dit nu solide morceau de métal et de hois. Sa machine, qui était Lrès-iorle, avait été pourvue d'un loyer particulier destiné à être alimenté avec de l'huile de phoque ou de baleine, en même temps qu'avec du charbon. Dans les innombrables conférences qu'il l'aisait, le capitaine Lambert insistait fortement sur la nécessité: d'une disposition de cette nalure, car il comptait assez sur la pèche pour en faire, non-seulement un moyeu de se procurer du combustible, mais encore un but commercial de l'expédition. Richement doté par une subvention de 150,000 francs, que l'ami- rauté avait, jointe au don du Polaris, le capitaine Hall n'avait pas besoin de se préoccuper de la ques- tion d'argent. Il avait en outre trouvé un concours sans réserve auprès des hommes qui, comme le gé- néreux (iriiuit I, ne marchandent point leur appui aux explorateurs, entreprenants, cf. qui, sinombieux eu Amérique, sont si clairsemés chez nous. On n'a pas oublié; le soin avec lequel le capitaine Lambert, avait commencé à recruter son équipage. Le capitaine Hall, animé des mêmes préoccupations, avait pris" des précautions analogues. Il avait il boni, parmi son état-major, une des grandes célébrités arctiques, le capitaine Moicton, qui avait accompa- gné le docteur Ilaye.s, dans le détroit de Sinilh, vers lequel le Polaris se dirigeait, et qui, dans une grande expédition fin traîneau, était remonté au delà du 81 " Ja parallèle, en suivant la côte occiden- tale de la terre de Crinnel. Le sous-lieutenaiit Tyson, qui a commandé les naufragés pendant leur retour en Europe, s'était distingué dans deux ou trois campagnes de baleiniers. Il avait déjà soutenu des épreuves analogues à celles qu'il vient de traverser; séparé, ainsi que son équipage, du navire qu'il commandait par le brusque mouvement d'une ban- quise, il avait trouvé le moyen de regagner le rivage, d'hiverner, et de retrouver, au printemps, son bâti- ment, avec lequel il avait continué sa campagne comme si aucun événement extraordinaire n'était survenu. 'U était même revenu eu Amérique avec une riche cargaison. L'équipage du Polaris se composait en grande partie, de marins accoutumés aux mers glaciales, parmi lesquels plusieurs Danois, Suédois et >iorwé- f.e capitaine Hall s'était entouré de savants d'élite offrant les garanties les plus sérieuses de capacité. C'est ce que h: capitaine Lambert avait commencé à faire, et le choix de sa commission scientifique était le but constant de ses préoccupations. De même que le capitaine Lambert, le capitaine Hall avait bien compris que les expéditions en traîneau devaient être le complément obligatoire de l'expédi- tion maritime, aussi le Polar is a-t-il t'ait escale sur la côte du (iroenlaud, pour acheter de magnifiques équi- pages de chiens. Il avait pris à son hotd, deux guides esquimaux, et leur famille. L'un d'eux était le célèbre Mans, qui avait accompagné le docteur Hayes dans sa grande expédition. Précaution fort sage, qui, sans la mort malheureuse de Hall, aurait assuré le succès de l'expédition; le Polaris avait été pourvu de quatre canots très-vastes, très-solides, très-soigneusement confectionnés. 11 y avait même à bord une cinquième embarcation qui ne pesait que 12ii kilos, et dans laquelle 20 personnes pouvaient trouver place ; cette merveilleuse embarcation était, faite en toile gou- dronnée, maintenue par mie carcasse eu bois et en fer. Elle a péri pendant une des expéditions. A l'heure actuelle, le> marins restés à bord du Polaris, s'ils sont encore de ce monde, ne possèdent d'autres em- barcations que celles qu'ils peuvent avoir fabriquées pendant, l'hivernage de 1875, Nous n'avons pas cru nécessaire de retracer les péripéties d'un voyage dont tous les journaux poli- tiques se sont occupés, mais nous avons cru indis- pensable de représenter le vaillant navire gréé sur un plan analogue à celui de notre pauvre Gustave Lambert. Au moment que notre artiste a choisi, le Polaris, fidèlement reproduit d'après une photogra- phie américaine, se trouve au milieu des glaces en- combrant la baie à laquelle il a donné son nom. Le capitaine lîaddington a renoncé à l'entreprise dans laquelle son prédécesseur a trouvé une mort glo- rieuse. Il a mis le cap au sud et se dirige, eu lou- voyant, vers le détroit où le Polaris s'est engagé treize mois plus tôt. Plus d'un des braves marins qui se trouvent à ce bord doit se dire avec dépit que Ju conquête du pèle iNnrd ne sera point achevée par les Yankees! Certes, si notre brave capitaine Gustave Lambert n'avait succombé, sous les murs de Paris, 'et si le Boréal était parvenu dans ces hautes latitudes, il n'aurait, point battu en retraite si facilement. Cependant, hâtons-nous; de. dire que la position du Polaris est horrible au moment où nous le repré- sentons. A chaque instant la glace peut se refermer sur lui. Nous ne pouvons mieux peindre la situation du vaillant navire, qu'en l'assimilant à celle d'une faible barque qui, pendant les premiers élans d'une folle débâcle, chercherait à descendre le cours de la Seine; supposons qu'elle s'efforce de franchir le LA NATURE. 85 pont Neuf, il est facile, de comprendre qu'elle Serait hrnvée, mise en pièces, avant de gagner l ft bassin plus libre cl 1 1 quai d'Orsay : c'est ce qui semble devoir armer au /'«taris. L'embouchure septentrionale du détroit, de Sniilh est d'autant plus dangereuse, pour un navire des- cendant du pôle, qu'elle est obslniée par une sorte d'archipel, qui augmente la tendance des plaçons à s'y accumuler. Le courant qui vient du pèle n'est pan très-rapide, mai- la niasse de. places est si grande que les moindres chocs sont épouvantables. Si l'expédition du Polar in montre qu'il est facile de s'engager dans le détroit de Smith, la perte des naufragés de la banquise prouve qu'il est. Lien dif- ficile de s'en échapper et. que le parti le plus piaulent est peut-être d'avoir du courage jusqu'au bout. Les difficultés que les successeurs du capitaine JIa.ll ont trouvées, lorsqu'ils ont voulu revenir en Amérique, sont immenses. l'cut-ètie le capitaine Baddingtou, qui est resté à boni ânPnlarl-i, avec treize vaillants marins, trouvera- t il moyen de les surmonter? Il est possible que parla route qu'il avait choisie, le capitaine Lambert ne les ait point rencontrées; quoi qu'il en soit de ces spéculations, nous devons nous empresser de dire qu'il est faux que l'expédition du Polark ait é.ci'eué, comme nos amis d'Amérique se sont trop pressés de le dire eu voyant que la Tiyresne ramenait ies deux tiers de l'équipage. Lu tous cas, l'expédition du Polar k a justifié h légitimité des précautions prises par notre infortuné (iustave Lambert, que l'on accusait de compliquer sans nécessité son expédition. Elle a en outre dé- montré la non-existence do la prétendue- haie libre, entrevue par Kan, contre le. récit duquel quelques publicités ont vainement protesté depuis une quin- zaine d'années, et qui portait, au reste, toutes les traces d'une exagération manifeste. Nous discuterons en détail les découvertes impor- tantes dont, grâce au sauvetage miraculeux du 1 ti mai 1873, la science se trouve actuellement eu possession. Nous le ferons aussitôt que le rapport officiel de l'Amirauté américaine nous aura été trans- mis. Hâtons-nous d'ajouter que le navire la Tigresse a été acheté par le gouvernement des Etats-Luis, et fera partie d'une expédition destinée à porter secours au Polaris. Au moment où ces lignes seront sous les veux de nos lecteurs, la Tiijresse aura quitté l'Amérique aux applaudissements du monde entier ! ■■-:>--• LES ARTS Di; DESSIN EN FRANCE A L'ÉPOQUE DU IUvMNE. 11 fut un temps, prodigieusement éloigné de nous, antérieur à tontes les traditions, où l'homme euro- péen ignorait l'usage des métaux, vivait dans les cavernes, y ensevelissait les morts, y célébrait des repas funèbres et préludait peut-être ainsi à la nais- sance d'un culte religieux. Vêtu de la dépouille des animaux dont il faisait sa proie, et qu'il abattait à l'aide de l'are et des pointes de flèches en silex et en os, il se nourrissait de la chair du cheval, de, l'élé- phant, du rhinocéros, du bœuf musqué, (lu renne, du castor, etc., qu'il prenait à peine le temps de faire cuire, que souvent même il mangeait encore toute saignante. Toutes ces armes, tous ces instruments étaient fabriqués avec la pierre, l'os ou l'ivoire, et parmi eux cependautilenétait d'extrêmement délicats *, surtout à l'époque du Penne, le beau tempsde cette industrie, pendant la période que les antiquaires et les paléon- tologistes ont nommée Vàqe île la pierre taillée ou arekc'olitkiqiie, par opposition à l'rhye plus récent de ta pierre polie ou âge néolàliique. Or, dès la seconde moitié de l'époque archéoli- thiquc, l'homme des cavernes de l'âge du renne savait déjà graver, ciseler, sculpter la pierre et l'os, et il nous a laissé de son talent originel des preuves aussi curieuses qu'incontestables. Lors de l'Exposition universelle de i807, tout Paris a pu voir et admirer dans les vitrines du Palais de l'industrie consacrées à l'histoire du travail, ces premiers essais qui déjà dénotent ^\ne certaine habi- leté de main, et surtout un vif sentiment de la nature. Choisissons doue quelques-uns de. ces bi- joux, d'une valeur très-contestable aux yeux du vulgaire ignorant, d'un prix infini pour l'homme de science, pour l'homme de goût, et surtout pour le véritable artiste, l'ius humbles ont été les commen- cements, plus les noms des ouvriers sont demeurés obscurs, et. plus nous devons nous applaudir des pro- grès accomplis. Yoici d'abord une. plaque d'ivoire fossile trouvée dans la grotte de la Madelaiac (Dordogue) par MM. Ed. Lartet et Christy, dont la mort est venue depuis si malheureusement interrompre les remar- quables travaux. Sur celte plaque, uu artiste anté- diluvien a gravé le portrait d'un mammouth, ou éléphant de la Lena, parfaitement reconuaissable à son front large et bombé, à ses oreilles petites et velues, à ses longues défenses recourbées en dessus, aux longs poils qui couvraient sa tète et son corps, enfin à la crinière épaisse et brune qui bordait sou cou et son dos, et qui, paraît-il, offrait beaucoup de ressemblance avec celle du Bison américain (fig. i). Nul doute, par conséquent, que le graveur qui a tracé ces traits, n'ait vu l'animal dont il repro- duisait l'image, et, chose bien digne de remarque, sou dessin est bien plus correct que celui de l'artiste moderne 2 qui a représenté, d'après nature, le mammouth trouvé en 1806, avec sa peau, sa chair 1 P;u- eieuiple, lus si:ies ai silci pour déeoopcr le bais de renne, et tes aiguilles eu os munies d'un clias. ' J Cet artiste, il est vrai, était ua simple commerçant russe : il se nom niait HulLniow. 84 LA NATUItK. et ses os, près il fi l'endroit où la Lena se jette dans la mer Glaciale. Ku comparant les deux dessins, reproduits l'un et l'autre dans ias Mémoires de l'Aca- démie impériale de Saint-Pélersbourg pour l'année 1806, on pourra facilement se convaincre de la supériorité de l'artiste inconnu de la Dordogne sur l'artiste russe, notre contemporain, du moins en ce qui concerne l'exactitude des détails relatifs aux formes extérieures et au pelage de l'animal. Du reste, cette supériorité a été si bien reconnue par le pro- fesseur Jîrandt, juge très-compétent, s'il en fut, qu'il s'est inspiré lui-même, du dessin prunilif pour corriger les imperfections de la figure un peu trop idéale du mammouth, qui accompagne son mémoire sur l'anatomie de ce gigantesque proboseidien. C'est encore à la Madelaine que MM. Ed. Lartet Fig. 1. — .Miiinimulh ou tlipkiul de lu J.Oiia. Y']-. "2, — U'iloii ik coinnundeiiicnl.. Fig - . 3 — Autre I âton du coîTLuj.mdcmen.., Fi", d. — Grand ours ilna cavernes. Fij;. 3. — Tète dih morse flL U'ie do crocodile. et Christy ont trouvé un sceptre ou bâton de com- mandement sur lequel sont gravés, d'un coté, deux tètes d'aurochs, de l'autre, un bonimo nu entre deux têtes de chevaux, cl un poisson, paraissant très-voisi:i des anguilles (fig. 1). Mais, dans celte gravure, la première peut-être où la forme humaine, ait été représentée, la face est sans expression aucune, et les membres, bien que assez nettement dessinés, ne sont pas complètement finis, l'artiste n'avant modelé ni les pieds ni les mains. Un bras, tatoué peut-être, ou du moins marque d'entailles obliques en zigzags, et terminé par une main à quatre doigts seulement (le pouce n'est point dessiné), se voit sur les deux faces d'une pointe de dard de la même provenance que l'objet précédent. Enfin, sur une roche schisteuse très-dure, recueillie par M, Brun dans l'abri de Lafayo, près Drumquel, on voit, finement gravées à l'aide de la pointe en silex, deux têtes humaines, avec le buste seulement. Voici maintenant une autre roche schisteuse sur laquelle le graveur a représenté une scène d'amour, dont les rennes sont les acteurs. L'un d'eux, qui re- lève fièrement la tète, après avoir terrassé son rival, sollicite les faveurs de la femelle pour prix de la LA NATURE. 85 victoire qu'il vient de remporter. « Cette composition assez compliquée, dit M. G. de Mortillet, ' rendue avec un vrai sentiment des situations, est pourtant, exécutée avec une extrême naïveté. Chaque animal est tracé comme si les autres n'existaient pas. Ainsi, les pattes du renne terrassé, qui devraient être mas- quées par le corps de la femelle, sont bel et bien représentées quand même 1 . » Le renne est l'animal le plus souvent figuré par les artistes du Périgord et du Languedoc. L'aurochs, le bouquetin, le chamois, le cerf commun, etc., se voient aussi sur quelques instruments. Le cheval, au repos ou au galop, s'y reconnaît également, mais son image n'est pas toujours bien réussie. Cependant elle est parfaitement rceonnaissable sur un bâton de commandement en bois de renne, dont nous donnons ici la figure (fig. ri). Mais un dessin des plus curieux et des plus impor- tants, sans contredit, non-seulement au point de vue de l'histoire de l'art glyptique, mais encore au point de vue de la paléontologie pure, c'est celui que M. le docteur F. Garrigou a vu gravé au trait sur un galet provenant de ia grotte de Massât (Ariége). Ce dessin, comme celui du mammouth, représente un animal d'espèce depuis longtemps éteinte, niais qui avait encore de rares représentants à l'épique du renne, je veux parler de l'ours à front bombé ou grand ourx des cavernes (Ursiis xpclœus 1 ) (fig. -i). L'artiste nriëgeois qui nous en a donné la figure si parfaitement roconnaissable a donc vu cet animal encore vivant ; il était son contemporain, ronniie l'artiste du l'érigord était celui du mammouth des- siné par lui : preuve nouvelle et, certes, bien inat- tendue de la haute antiquité de l'homme dans nos contrées. Dans sou intéressant mémoire sur la Grotte de la Vache (Ariége), M. le docteur Garrigou a aussi donné deux figures dont l'une représente, à ce qu'il croit, la silhouette, d'un morse, gravée sur un frag- ment d'os; l'autre, la tête d'un crocodile, également tracée à la pointe sur un bois do renne (fig. 5). Enfin, sur l'extrémité d'un uudouiller de bois de cerf, cassé à l'endroit où se trouvait un trou de sus- pension et provenant aussi de la grotte de Massât, M, Kd. Lartet a vu la tète de Yours actuel des Pyré- nées très-exactement représentée. Des hachures, net- tement tracées, sont destinées à indiquer les ombres; progrès réel relativement aux figures précédentes, simplement dessinées au trait. Je pourrais facilement 1 G. tit; Mortillet, Promenades préhistoriques à l'Exposi- tion universelle, p. 28 ; Paris, 1867. a On sait que M. Kd . LarteL », le premier, fondé une sorte de Cltronologie palèonlologique, en se basant sur l'ordre suc- cessif dû disparition des espères éteintes ou aujourd'hui éirii- gvées vers le Nord, qui jadis habitaient nos contrées. Le premier des quatre âges établis par ce savant maître, que nous tenons à honneur d'avoir compté parmi nos auditeurs, est I'ace pe i.'orats des cavernes [ursus spclœus), le second est Paul du hahjiolth [ela^hus prhniffimtus), le troisième est I'aoe lu HERSE [cervus larandus), le quatrième enfin, le plus récent de tuus, est I'ace de l'aurochs [bison européens)* citer d'autres dessins gravés sur pierre ou sur ivoire et. provenant des eavernes. Les exemples, que j'ai men- tionnés pourront nous convaincre rpie rien n'est nou- veau sous le soleil, pas même la merveilleuse inven- tion d'Aloys Senefelder, à qui revient pourtant l'hon- neur d'avoir créé, dans les temps modernes, la gravure et le dessin lithographiques. La sculptureellc-mème ados origines tiès-rcculécs : elle remonte, comme l'art glyptique, à l'époque du silex taillé; car c'est sculpter, c'est modeler la ma- tière que de la transformer en un instrument usuel et vulgaire 1 , aussi bien qu'eu un objet d'art du plus grand prix. Dans leurs ReliqiiiœanHitmiicw, reliques profanes, il est vrai, mais du moins parfaitement authentiques, SIM. Kd. Lartet et Cbristy ont figuré un poignard dont le manche sculpté représente un renne, avant le mufle relevé de manière que les bois retombent sur ses épaules, contre lesquelles ils s'appliquent ; tandis que les pattes de devant, repliées sans effort sous le ventre, contribuent avec eux à former la poignée. Les jambes postérieures, au contraire, sont allongées dans la direction de la lame, qu'elles ratta- chent ainsi au manche du poignard. Bien que celte sculpture 'soit restée à l'état d'ébauche, elle n'en indique pas moins un artiste vraiment digne de ce nom, par l'intelligence avec laquelle il a su adapter la posture de l'animal, sans la violenter, aux néces- sités du programme qu'il s'était tracé pour atteindre sou but, savoir, le maniement facile d'une arme en- richie de sculptures (fig. 9). 1 Voy. les figures G, 1 et 8 qui représentent : la dernière, une pointe île lance en silex; la deuxième, une llèche barbelée en bois de renne, diint les ailerons portent des entailles ou rainures, destinées, à ce que l'on croit, à recevoir une substance vénéneuse; la première, lui poinçon en os. 8(5 LA NATURE. Laugerie-Basse (Dordognc) a aussi fourni, outre autres richesses inappréciables, doux manches do poignard sur l'un desquels sont. scnl[ilcs doux hmul's, | tandis nui! l'autre porte la figure d'un mammouth. \ lin. t.*. — Manche dn poiLiiiud .^ul^li'*. (Uuiiorie-B.wr ) Doux autres poignard s trouvés à Bruni quel représentent doux rennes en relief, d'un travail beaucoup plus fini et beaucoup plus parfait ipie relui de toutes les stations jusqu'à présont explorées (fie;. 10). Fig. ^- — Mniu-lj n th? p43i m nîirrl sfïnleti' 1 . ([Siiiniqn^].) Nous ne saurions passer sous silence une staluclto eu ivoire, dont la tète et les pieds n'es istetit. plus, dont les liras n'ont jamais existé, sorte de Vénus im- pudique aux formes étrangement prononcées. Celte statuette a été trouvée à Langerie-liasse, et fail main- tenant partie do la belle collection de .M. le marquis de Vibraye. Une antre découverte dos plus importantes pour 1 histoire du travail, c'est celle d'une figurine, on bois de renne, très-grossièrement sculptée , sorte d'ébauche informe qui dénote l'enfance de l'art, et qui remonte eu effet à ses premiers commencements, c;u le terrain où elle a été trouvée 1 appartient aux couebes supérieures de l'âge du niainmoutb. C'est pour la Belgique un des plus anciens inonimieuis de l'art sculptural. Nous ne dirons rien de la peinture, dont le temps ne nous a conservé aucun spécimen authentique. Cependant M. Brun, conservateur du musée de Montauban, a trouvé à liruuiquol de Y hématite, ou sanguine, réduite on poudre, et parfaitement, con- servée dans une coquille de cardium 1 . A côté, de cette coquille, se trouvait un instrument eu os, espèce de fourchette à pointes très-courtes mais très-aiguës, qui pourrait bien avoir servi au tatouage, genre de parure, très-répandu, personne ne l'ignore, chez les sauvages contemporains. De l' hématite également pulvérisée a été trouvée aussi à Monluslriic, par M. Peccadeau de Lisle; dans 1 flans le Trou Mugrilt!, jiri? Dijiiint. s I.e carrfium cdulv uu bucmdc, inutl nsiriie marin comes- tible, qui se vend sur nos niarclu's. la Dordognc, par MM. Ed. Larlct et Cbristy, et en llelgii[iiej)ar M. Ed. Dupont. Pendant la période néolilbique, les arts du dessin semblent avoir été oubliés ou, du moins, tellement négligés, qu'aucun spécimen n'est venu jus- qu'à présent, nous en révéler l'existence. Nous aimons mieux mure à une lacune regrettable qu'à un pas rétrograde ou à une décadence complète : car. en délimlive, la loi. du progrès est infaillible dans les rouvres de l'art, connue dans celles de la nature. Du reste, ou l'a dit avant, nous, cette loi s'ob- serve d'une manière évidente en ce qui con- cerne l'industrie du silex. Elle n'est pas moins manifeste quand on compare la gravure sur os de la grotte inférieure de Massai (tige de l'aurochs) avec, celle de 1 Savigné (âge du renne) . Là, c'est-à-dire à Massât, le progrès est marqué, non-seulement, par une plus grande fermeté de trait, par une pins grande régularité dans les contours, mais encore par des hachures destinées à indiquer les ombres et à donner ainsi du relief au dessin. Si l'on compare les produits artistiques que nous vouons de décrire avec ceux do la plupart dos sau- vages actuels, on trouvera chez les premiers une su- périorité, bien évidente; mais ils offrent en même temps une. grande ressemblance avec les produits de l'art chez les races hyperboroeiiues (Lapons, Eski- mau.r, Trhotdcliis) de nos jours. Eaul-il en conclure que 1rs ouvriers qui nous ont transmis ces antiques spécimens de leur savoir-faire appartenaient à l'une de ces races que M. PrunorPiey a désignées sons le nom de Montjolo'itlcs, les Finnois et les Eliminons, par exemple? Cette thèse, ou plutôt cette hypothèse, nous ne l'ignorons pas, est aujourd'hui fort à la mode, étoile a été soutenue, nous le savons encore, par dos hom- mes d'une grande ot incontestable autorité. Mais la Hevite des cours scientifu/ties (S" du ÏO avril 1873) nous apprend que cotte théorie vient d'être attaquée par des arguments qui n'auraient rien perdu de leur valeur, tout au contraire, s'ils ne s'étaient point pro- duits avec une violence, une acrimonie, disons le mot, avec une grossièreté de langage dont l'opimou publique eu France a déjà fait justice, ot que la science qui se respecte réprouve et condamne, à tous les points de vue et dans tous les pays du monde civilisé. Du reste, Finnois ou Ksl.honiens,peu importe en ce moment. Les dessinateurs et les sculpteurs de l'âge du renne n'eu sont pas moins les précurseurs, ou peut, même dire sans exagération aucune, les créa- teurs de l'art moderne, glyptique ou sculptural. Et quand avec leurs grossiers instruments de silex, ils dessinaient ou sculptaient la figure de l'homme ou celle des animaux qu'ils avaient sous les yeux, évi- demment, quoiqu'il leur insu, ils préludaient à ces chefs-d'œuvre qu'un lointain avenir devait enfanter sous le burin de Callot, sous le pinceau de Raphaël, ou sous le ciseau de Phidias, de Michel-Ange, de LA NATURK. 87 Thonvaldscn et de Canova. Enfin , ils nous prouvaient, [iar leurs cernées mêmes, qu'ils étaient les contem- porains de ces espèces ('teintes (ours et hyène de* cavernes, mammouth, rhinocéros à narines clair- semées), dont nous retrouvons aujourd'hui les débris mêlés avec cens de nos troglodytes du Languedoc et du Périgord. D r N. Jni.ï (de Toulouse). UAiVM VL ACHAT Cet illustre ingénieur est mort le 10 juin dernier. Le 20, un grand nombre de ses amis, de ses élèves, de ses collègues, le conduisaient à sa dernière de- meure. Après un discours de M. Isaac l'ereire et. une courte allocution de M. Le Chafelier, M. Aloli- nos, président de la Société des ingénieurs civils, a présenté, un exposé des travaux; d'Kugrne t'iaehat. « Je. ne puis entreprendre, dit M. Molinos, d'es- quisser devant vous cette carrière si remplie, Unit entière vouée au travail et à l'amour passionné et désintéressé do notre art; cet art, je ne crains pas de le dire, il en avait le génie. L'histoire de cette belle et utile carrière mérite d'être racontée en dé- tail pour la gloire de l'industrie française et l'exem- ple do nos jeunes confrères. C'est à sa famille, qui compte des ingénieurs émînehts, à ses amis, à ses nombreux, élèves, parmi lesquels je réclame le plus modeste, rang, qu'incombe ce devoir, et il sera pieu- sement rempli. « M. Hachai a attaché sou nom à presque, tous les grands progrès qui ont transformé l'industrie de ce siècle, 11 est peut-être le seul ingénieur français dont la carrière puisse être comparée, à celle de ces grands ingénieurs anglais qui ont répandu leur acti- vité sur toutes les branches (te l'industrie. Cette vie, trop tôt terminée, a été eu effet employée à tant de travaux divers, que je ne pourrais aujourd'hui vous eu présenter la nomenclature sans commettre de nombreux oublis, et pourtant, telle qu'elle s'offre à ma mémoire, elle vous semblerait suffisante pour remplir plusieurs existences Introduction de la mé- thode anglaise dans notre métallurgie, création de la navigation fluviale à vapeur, et surtout des chemins de, fer, application du fer et de la foute aux grandes constructions, partout son nom est écrit eu lettres ineffaçables au rang des ingénieurs les plus hardis et les plus féconds. Et combien de travaux- originaux qui ont exercé sur les progrès de l'art une influence décisive sont compris dans cette sèche et incomplète énumératioii ! Pour ne parler que. des chemins de fer, puis-je ne pas vous rappeler la part immense qu'il a prise à toutes ces solutions maintenant vulgarisées ou perfectionnées, sans doute, mais qui, il y a vingt- cinq ou trente ans, exigeaient tant de génie inventif et de sagacité de la part de leurs créateurs? « C'est à M. Flaehat que nous devons les premières machines à fortes rampes appliquées au chemin de Saint-Germain, les grands combles métalliques, le s premiers ponts en 1er à poutres continues; et tandis que ces derniers ouvrages, aujourd'hui imités et ré- pandus de toute part, étaient accueillis en France avec une méfiance aveugle contre laquelle il a du lutter avec énergie, confiant dans l'avenir qui leur était réservé, ii ne se préoccupait que d'en perfec- tionner l'exécution et voulait qu'ils fussent étudiés d'après les procédés scientifiques les pins exacts. C'est ainsi qu'il est l'auteur du premier pont métal- lique, calculé suivant des méthodes rationnelles, qui ait été établi dans le monde, et cette œuvre, qui par ce motif a fait époque dans l'histoire des construc- tions, était, cependant la première en ce genre qu'il ait entreprise!! Tandis qu'il renouvelait le chemin de 1er de Saint-Cermaiu, construisait les chemins de fer d'Auteuil et du Midi, il trouvait encore des loisirs pour étudier de magnifiques projets comme celui des Halles Centrales, pour exécuter d'admirables travaux comme la reprise en sous-œuvre de la tour de la ca- thédrale de Baveux . Dans cette entreprise extraor- dinaire, devant laquelle avaient reculé les plus har- dis, il a l'ait preuve d'une sûreté, de, coup d'eeil et d'une audace que, le succès a légitimement couron- nés. 11 a d'ailleurs obferiu une précieuse, récompense dans la profonde reconnaissance que la population entière de la ville de Baveux n'a cessé de lui témoi- gner. « Toujours préoccupé des grandes questions in- dustrielles qui intéressaient la prospérité de son pays, il étudiait les docks de Marseille, la traversée, des Alpes, la navigation transatlantique, laissant comme fruit, de ses études des livres que vous avez tous lus et qui resteront au nombre, des écrits les plus origi- naux et les plus iiistruetifs qui aient été publiés sur ces sujets si variés. Chacune de ces n livres était un progrès pour l'art de l'ingénieur, un modèle el un eriseiunenient! » LES PIERRES QUI' TOMBENT DU CIEL Pour qui regarde les choses d'un pou haut, les progrès importants dans les sciences naturelles se font tous à peu près de, la même manière. Ils tra- versent trois phases bien distinctes qui se succèdent régulièrement. Les faits nouveaux d'où ces progrès sortiront sont, d'habitude, annoncés d'abord soilpar des observateurs (pie n'ont pas préparés leurs études antérieures, comme sont les paysans, si bien placés d'ailleurs pour assister aux phénomènes naturels ; — soit par des savants hardis, que l'on est porté, en attendant vérification, à croire victimes de quelque illusion. Dans l'un et l'autre cas, les faits en question sont niés purement et simplement sous le prétexte qu'ils ne rentrent pas dans les cadres alors tracés par la science, si même (ce qui arrive souvent) ils ne sont pas eu contradiction formelle avec les lois décou- 88 I.A NATURE. vertes et regardées comme plus générales qu'elles ne le sonl réellement. Plus lard, l'observation des mêmes phénomènes se reproduisant et se répétant, on est conduit peu à peu, d'une manière invincible à reconnaître leur réalité ; mais on s'empresse, croyant eu être quitte à ee. prix avec eux, de les qualifier de faits exceptionnels : à ce titre, et contrairement à ce que l'intérêt de la science exigerait si impérieusement, on ne leur accorde qu'une attention secondaire. 1,'n peu plus et l'on dirait que par leur caractère inattendu, ils ne font que confirmer les lois auxquelles ils contre- disent. Enfui, il vient mi moment où ces laits mieux étu- diés, malgré les entraves que leur opposent lus pré- jugés et les idées préconçues, révèlent de nouvelles loi.s tout aussi générales que celles précédemment établies et dont, la connaissance devient l'origine de découvertes capitales. Ces trois phases : négation pure et, simple, tolé- rance à titre de fait exceptionnel, admission définitive comme notion importante, se retrouvent dans l'his- toire de presque tous les grands progrès des sciences naturelles. Nous pourrions citer la génération alter- nante, la régénération des parties amputées ries ani- maux, la nidification des poissons, l'ariesthésie, l'état sphéroïdal, etc.; aucun de ces progrès ne fournit un exemple plus net à l'appui de notre assertion que ce grand fait naturel qu'il tombe des pierres du ciel. Le phénomène de Sa chute des pierres se mani- feste fréquemment depuis la plus haute antiquité, et les populations primitives frappées de sou imposant cortège d'éclairs et de détonations n'ont pas manqué: d'eu (aire entrer la description dans leurs légendes et dans leurs chants. Il joue même, dans les traditions, un rôle si grand qu'on lui a rattaché parfois des phénomènes qui n'ont rien de, commun avec lui : par exemple, la dispersion à la surface de la Cran des innombrables galets qui la recouvrent. On commit ce passage d'un des courts fragments du Prométhée délivré : « Te faire une arme des pierres du chemin, il n'y faut pas compter ; tout le pays n'est que terre molle. Mais, en vovant fa perplexité, Zens te prendra en pitié et, grâce a lui, de la nuée entr'ouverte, ce sera une grêle de galets à couvrir la terre. Avec eux, sans peine, tu accableras l'armée des Ligures, ft Certains épisodes des grandes épopées Scandi- naves (de la Volospâ et de ï Edda junior) sont ainsi résumées par M. Morcau de Jonnès : « Le chemin de la Lune gronde sous le char de Thor, le dieu du tonnerre les régions aériennes s'en (laminent, le ciel brûle au-dessus des hommes des yeux ronds, semblables à des lunes, sont formés par les flammes dans les cieux, la terre se déchire, les roches se détachent et le sol est couvert d'une grêle. )) Et, quoique le savant auteur oublie d'en faire la remarque, il est impossible de ne pas voir dans ce récit une description de chutes météoritiques aux- quelles rien n'a manqué de leur cortège habituel de phénomènes lumineux et de manifestations sonores. « Ailleurs, ajoute M. Moreau de .loiuiès, les poërnes rmiiques comparent la foudre lancée par Thor à une niasse de fer brûlante. » Et cela achève de compléter la ressemblance. D'ailleurs, non-seulement Ses anciens ont décrit des chutes de météorites, mais ils ont de [dus utilisé souvent les produits de ces ehutes. liii effet, c'est sans doute donner une interpréta- tion plausible de l'anecdote mythologique qui nous montre le maître des dieux envoyant un secours de flèches aux combattants qu'il veut favoriser, que d'y voir l'indication de ce fait que des masses métalliques tombées des nues, avec accompagnement d'éclairs et de tonnerre, ont été employées à faire des flèches. La (aide qui représente les cyelopes forgeant la foudre témoigne également de l'emploi primitif du fer mé- téorique ; par cela sent en effet que le métal céleste, si inévitablement identifié; avec la foudre, est consi- déré comme un produit de la (orge, il est évident qu'on savait qu'il pouvait être forgé: des forgerons mettant en oeuvre des fers tombés d'en haut auront donné, lieu à cet te fable, et l'origine céleste des premiers matériaux de leur industrie peut n'être pas étrangère nu caractère sacré que les traditions nous montrent avoir appartenu, à l'origine, aux ouvriers qui travail- lent le 1er. A des époques moins antiques, les historiens grecs romains et autres ont enregistré avec beaucoup de soin, d'innombrables chutes de météorites: l'indare, l'Iiitarque, Tito Live, l'iiue, Valero Maxime, Julius Obsequcns, César, Ammieii Marcollin, Fholiiis, Méye- ruy, Avieeime, Sauvai, etc., etc., en meiitioiuniit des exemples. Même, plusieurs pierres météoriques furent élevées à la dignité île divinités. Témoin celle qui était ado- rée sous le nom d'Ela/jabale, chez les rhénicieiis ; de Cybèle ou Mère des Dieux, chez les Phrygiens; de Jupiter Amman dans la Libye, et qui, 104 ans avant notre ère, fut transportée à Rome, où elle de- vint l'objet d'un culte particulier , Une autre pierre, tombée près du temple de Del- phes, passait pour avoir été rejetée par Saturne; une autre tombée à Abydos, en Asie Mineure, était con- servée dans le gymnase de cette ville ; une autre, tombée à l'otidée, eu Macédoine, étant regardée comme d'un favorable augure, y avait attiré une puis- sante, colonie. On dit que la pierre noire rie la mos- quée de la Mecque est une météorite, et l'on voyait encore en 178'), dans l'église même de la petite ville d'Ensishein, en Alsace, une grosse pierre tombée au quinzième siècle, devant l'empereur d'Allemagne. Et cependant, malgré ces témoignages innom- brables, contre-signes souvent des noms les plus il- lustres, nous voyons les savants, jusqu'à la lin du dix-huitième siècle, rejeter ce phénomène sans seu- lement l'examiner, et ne voir dans tous ces récits (chose à peine croyable) qu'une preuve déplus de la crédulité du bas peuple. LA NATURE. 8<> Nous n'inventons rien ; voici commuât, en 1 7GS, s'exprimait l'immortel Lavoisier, au sujet d'une chute observée tout récemment fesseiii's :i I l]\|i«si- tiun universelle (le Vienne. — M. Ànloiue Faillie a fondé, à Vienne, un collé^tj de sciences techniques auquel il a donné le. nom île RiuUilphïnum, en l'honneur du eé- lèhre empereur qui fut te pa terni du grand Kepler. Non content de cette première libéralité, ce savant vient de prendre une initiative eicess i veinent intelligente. Il s'est ar- rangé; avec l'adrni riistralie.il de son collège pour pouvoir don- ner le logement gratis à trois cents piol'esscurs pendant les mois de juillet, d'août et de septembre. Les demandes doivent èlre adressées le plus promptetnent possible à l'administration du Rudolphinum, à Vienne. 11 faut qu'elles soient accompagnées de, l'adresse de l'impétrant, de la désignation de la fonclion qu'il occupe soit dans L'ensei- gnement privé ou dans l'enseignement public, de l'adresse exacte de l'institution où il est employé, de la date, à la- quelle il désire arriver à Vienne, et du temps pendant lequel il désire jouir du logement. Nous engageons vi- vement nos compatriotes qui se trouvent dans le cas de profiler de celte libéralité à se. mettre eu élat de concou- rir, car lu Rudol/ihiiiuni ne fait aucune différence de nationalité et ne commit qu'un peuple, celui qui forme des savants. LA NAIT lit;. 95 L'accroissement de lu ntmulution de Lon- dres. — Londres, » cette province couverte de maisons, » n'a pas sou enceinte aussi bien déterminée que Paris ; elle comprend sous cliJ'fért-iitiis acceptions: lu cite, lus annexes légales, la délimitation postale, celle de l;i police, et. 11 . La surl'aee du «diocèse, de Londres » est tin 100,lo'0 aères ; sa population qui s'Olf.vnil à 2,050,181 habitants en 1871, n'était en 18G1 que de 2,505,822. Le nombre des habitants a doublé dans les quarante dernières minées ; si cette progression conlimie sans entraves, il y a (oui lieu de croire qu'à la fin du siècle. Ju population alleindia le ebiffi'e de 5 millions et demi, lie calcul permet d'espérer, d'aficès M. liate- mari, (ju'en 1961, la métropole, de l'Angleterre con- tiendra 11,0(1(1,000 d'habifauls. En Kitlt, le capitaine C.raunt estimait la population à 4(10,000. En 1G85, sir William Petly la p^rte à 070,000 ; suivant ses prévi- sions, le mouvement ascensionnel devait s'arrêter en 1840, après avoir eu son maximum en 1800, époque il la- quelle le clulfre aurait dû atteindre 5,550,000. Jlais la mortalité a pris des proposions inattendues, si on la com- pare:! la surface occupée: en 1020, elle s'augmentait dans la proportion de G pour 100; en 172(1 elle était de 11.5 pour 100, et actuellement elle, s'élève à 14, G pour 1011. L'accroissement est nul dans la Cité proprement dite, au cuaur de Londres, niais dans les zones qui l'entûm'en! , l'augmentation est de 10 à 25 pour 1000 par an. On compte 40 personnes jiar acre de surface; mais la distribution est si irrégulière dans celte inovenne, que taudis qu'il n'y a dans certains endroits qu'une seule per- sonne par acre, il y en a 500 dans d'autres. Il semble naturel qu'un peuple ne peut pas avoir une cieissaneo intime, malgré tons les avantages qui favorisent ses évolutions ; elle dépend de circonstances complexes telles que les perturbations dans la condition politique et sociale, l'amoindrissement des mariages, l'émigration, l'aliinulance ou le manque de substances alimentaires, le déplacement de la population. Un résumé, les données iian nies par la statistique et les calculs de probabilité ne peuvent comprendre une foule de circonstances en dehors des prévisions humaines. (D'après le Ditje&t of Ihe linulhh cannas.) Me l'intelligence, tics singes. — Le journal an- glais Nature eu signale un très-remarquable exemple, d'après un de ses correspondants qui se trouvait près de babar, dans les Indes anglaises, I.'n singe, giièvemenl blessé par le plomb de chasse d'un voyageur, se mit à pousser îles cris perçants, à appeler ses compagnons, qui ne lardèrent pas à accourir, et enlevèrent rapidement leur blessé. Des fails analogues nous ont été rapportés, par un oftii'ier de, nujcine fort ilisllngué, qui avait exécuté un remarquable voyage d'exploration dans le Gabon. Quand 1rs marins, nous disait ce voyageur, chassent les peliïs singes, alertes et vifs, qui pullulent dans les régions que nous parcourions, ils ont à soutenir souvent un véritable combat contre una armée do quadrumanes, qui s'effor- cent toujours de sauver leurs blessés et d'enlever leurs morts. Les singes du Gabon accourent eu grand nombre à l'appel de leurs compagnons eu péril, ils les défendent, lancent des pierres et nu'iue des exerèmenls à leurs enne- mis humains, qui sont souvent obligés de se replier, et d'abandonner le champ de bataille. Les tremblements de terre. — 11 ne se passe, pour ainsi dire, pas d'aimée où les feux souterrains ne se înanifcslent en quelques points do globe, par les épouvanta- bles cataclysmes qui résultent des tremblements de terre, dont lis soûl la cause. Les secousses forinidableséprouvéesily quin/.e jours, à Venise, à Vérune et à Trévisc, seront étu- diées et analvsces dans la Xttlure. -Mais nous rappellerons dès à présent que l'Italie est, dans l'histoire, un des théâtres habituels des brusques oscillations du sol produites sous l'action des réactiuus chimiques de l'intérieur de noire planète. Depuis la destruction de Pompe! et d'ilerculauimi, jusqu'à nos jours, bien des points de 1 Italie ont été en proie aux désastres causés par les feux souterrains. 11 n'y a guère plus d'un siècle, en 1785, la surface entière delà Calabre fut bouleversée parmi tremblement de terre formidable. Sur 575 villes ou villages, 520 furent complètement ruinés, anéantis. La ville de Polistena, au milieu de la Calabre, s'effondra subite.iiienl, eu enfouissant la plus grande par- tie de ses habitants sous ses décombres. Le sol s'entr'ou- vrit de toutes parts, en se fissurant çà et là de crevasses qui n'avaient pas moins de 150 mètres de large. Fasse le ciel que de semblables fléaux nous soient inconnus ! La pieuvre française à Itrï^liton. — Arrivée au mois d'avril seulement, époque à laquelle elle fut ra- massée, sur sa côte, natale, cette pieuvre est en ce moment un des plus intéressants sujets du célèbre Aquarium. Ce n'est point qu'elle soit d'une, taille comparable à celle de la pieuvre japonaise dont on expose le cadavre dans les en- virons de Brigbton. .liais, par un calcul de coquetterie maternel dont on pouvait croire un poulpe incapable, elle a précisément choisi , pour pondre ses œufs , l'angle formé par ia ginee du bac qu'elle habile et le mur rocailleux qui le ter- mine. Les visiteurs et le naturaliste de l'établissement peuvent donc suivre avec une facilité merveilleuse toutes les phases du développement des céphalopodes, phéno- mène encore inobsené jusqu'à ce jour. Les œufs, de ['orme ovale et d'un diamètre de 5 à 4 millimètres, sont au nombre d'une centaine environ et attachés à nue douzaine de feuilles flexibles, longues d'environ une dizaine de cen- timètres. T.a pieuvre les surveille avec toute l'activité d une poule couveuse. Elle les enveloppe avec un de ses longs bras et repousse éncrgiquemeoL tous les importuns qui voudraient troubler le développement d'objets si chers. Elle résiste nièine aux agaceries du mâle, jeune poulpe ra- massé, au mois de février dernier sur la cote de Cor- uouailles, et qui semble l'inviter à abandonner ses ccuf's, pour venir se reposer dans une sorte de grotte en coquilles d'huitres ou, depuis qu'ils se sont unis, ils semblent avoir clu domicile. La pisciculture en chemin de fer. — ï,c gou- vernement des Etals-Unis a organisé, sous la direction de M. bivingstoue Stone, une expédition ayant pour but de transporter les poissons des rivières de l'Atlantique dans les eaux californiennes, beaucoup moins bien fournies en es - pèces comestibles- La compagnie du Central Pacific Railwaij a mis à la disposition du commissaire des États- l.ins, un wagon complet dans lequel se trouve un aqua- rium garni de zinc et renfermant 40 hectolitres. Le ré- servoir a été pourvu d'une pompe à air pour l'aération. Le wagon contient encore un réservoir pour l'eau douce de. réserve, el nu réservoir d'eau de mer de dimensions beaucoup moindres. Uti LA NATURK. L'ILE SAINT-PAUL L'jlc Saint-Paul est uni; dos stations tlûsiyiu'L's pour observer le prochain passage de Vénus entre la Terre et le Soleil. Kilo est située dans l'océan Indien, et se trouve presque à moitié route du cap de Iloune- Kspéranee et de l'Australie, à une distance d'environ 2,000 kilomètres de ces points. l'Ile est complète- ment isolée nu milieu des mers. Celte ile est. fort re- marquable an point de vue géologique ; elle est consti- tuée parmi entière volcanique éteint. Son étendue est dcT) kilomètres de longueur, sur I kilomètre et demi de largeur. Notre gravure eu représente l'aspect le plus pittoresque; on voit nettement que le rocher immense qui domino l'Océan a la l'orme d'un cène volcanique; il ne serait pas impossible que cette île ait surgi du sein des flols, comme on l'a remarqué, à plusieurs reprises dans l'histoire, pour quelques îles de la Méditerranée. L'île Sunil-Paul a été découverte par Yleuiing ; elle est accidentellement visitée par des chasseurs de loutre et des baleiniers. Le ]) r Karl Seherzer l'a dé- crite dans son vovage de la Novura. A cette époque, comme aujourd'hui, ce récif, perdu au scindes eaux, fournit aux navires européens un petit ravitaillement de légumes qu'y ont plantés jadis des chasseurs de loutre, et qu'y cultivent les quelques rares habitants de l'île. Autour du massif de roches que nous repré- sentons, on rencontre çii et là, dans des fissures de 1,'iii! Saiiil-I'uiii. pierre, des sources d'eau chaude fevni^ineuse qui, une l'ois refroidies, souL excellentes à boire. Parmi les îles océaniques, il eu est un certain nombre qui se sont subitement soulevées du sein des eaux, comme nous venons de le mentionner; elles forment le sommet de montagnes dont les vallées constituent le fond des mers. Le groupe de Santorin, Thérasia et Aspronini, dans l'archipel grec, est cé- lèbre comme exemple de l'activité volcanique du globe terrestre si brillamment manifestée par le phé- nomène de Tannée 1707. D'après les récits recueillis par Arago, des marins ont pu apercevoir, à cette époque, une île entière s'élever peu à peu au-dessus de la surinée des eaux. Parmi les phénomènes géo- logiques du même ordre qui se sont accomplis dans notre siècle, nous rapellerons le remarquable sou- lèvement de l'île Julia, observé près du la Sicile en juillet 1851 . « Étant montés dans la huue du navire, dit M. Constant Prévost, témoin de ce spectacle étrange, nous aperçûmes l'île nouvelle qui avait assez bien la forme de deux pitons réunis par une terre basse. » Des boutées de vapeur s'élevaient du cône volcanique émergé de la mer, et formaient dans le ciel des colonnes de nuages d'un aspect étrange. Nous n'insisterons pas sur les phénomènes récents observés à Santorin en 180G, c'est, à-diro à une époque, trop récente pour que nos lecteurs n'en aient pas conservé le souvenir. Nous nous bornerons à ajouter, d'après ces faits, que l'île Saint-Paul a pro- bablement une origine analogue à celles des îlots (le la Méditerranée, Kilo est située dans des régions où l'homme ne passait guère, et de grands événements géologiques ont pu s'y accomplir, n'ayant d'autres témoins que le ciel et l'Océan! Kspérons qu'élit: sera doublement propice- aux observateurs! L. LiiÉniTiEH. Le l'itijiru'tairc'Gcrnnt : G. Tissa^difr. Fllil*>. — 1HI'. &1HOS KtÇQV KT COMP., ule u'Lniimin, 1. IU JL'ILLKT lfUT,. LA NATURE. !J7 L'EXPEDITION DU CIULLENliElt ET LES SOi'ltAGES OCKAMQt'ES. Les explorations sous-marines confiées aux soins d'un certain nombre do savants anglais par l'asso- ciation britannique, ont déjà fourni à la science, de nouveau*, rit précieux documents. Le Challenger continue son voyage autour du inonde, jetant partout, à la surface de toutes les mers, sa sonde ou ses filets 1 . Ce navire a récemment quille Nciw-Vorlv, après a\oir accompli la première partie de son vaste programme d'expérience ; nous l'accompagnerons do nos voeux, dans sa belle croi- sade scienlïfii|ue, et nous voulons, dès aujour- d'hui, dire quelques mots de sa campagne, depuis son départ de l'ot tsmoulli jusqu'à sa première étape. Le Clialleixjer e>t une corvette à faux pont de 2,0U0 tonnes, dont Ja construction est parfaitement appropriée au but qu'elle doit poursuivre. On a re- tiré l(i canons de son armement, et son embolie- est transformée en un véritable établissement scientifi- que. La cabine d'arrière est séparée par une cloison, Le kdoratruic du ChalU'ntjer. en deux pièces distinctes, dont l'une est destinée an capitaine Narès, et dont l'autre sert de cabinet de travail à un des savants de l'expédition, M. Wvville Thomson, à qui nous empruntons les descriptions qui vont suivre, d'après un très-intéressant récit qu'il vient d'adresser en Angleterre 2 . La cabine d'avant sert do bibliothèque, elle est remplie de livres des- tinés aux expérimentateurs et aux savants de l'expé- dition. Vers le milieu de l'embolie, se trouve un ca- binet de travail et une chambre obscure destinée 1 Voy. Chronique du n° 5, p. 40. 2 L'intéressant voyaço: cl 1 1 CJudiauijer est ivguli'jrerncnt pu- blié dans le journal malais Salure. L'honorable directeur du journal anglais, le savant M. Loebvcr, a bien voulu souhaiter la bienvenue à la Sature française. Il irais a l'ail l'Unnoeur île nous demander quelques-uns de nos clichés, et de traduire. aux opéi allons photographiques. A tribord est dis- posé le magnifique laboratoire de chimie, dont la gravure ci-dessus représente très-exact cmeul l'en- semble. Des microscopes sont placés au milieu d'une grande, table, tout prêts à recevoir sur leurs porte- objet, les préparations micrographiques, à amplifier pour l'observateur, les foraminifères, les débris or- ganiques que le filet ou la sonde viennent d'arracher sur place, aux abîmes de la mer. Des oiseaux em- paillés, pris en mer ou sur les côtes, sont accroches en amollis nos articles qui les accou:p:t;isa'ciii. II nous a pro- posé, en ro.tiaiiLre, de mollre à nolce disposition les documen de. sa belle publication. Nous aiuns accepté avec empressement cettii offre di: coiitralernilé scientifique, dont nos lecteurs pro- iiteront dès aujourd'hui, en ayant quelquos renseignement inédits en Fiance sur l'expédition du Challenger. G. T. 5)8 LA NATURE. au jilalbnd. aveu des boites de fer-blanc, destinées à conserveries collections. Des lampes pendues à un use mobile, éclairent le chimiste, malgré les oscilla- tions de son laboratoire ballotté à la cime des vagues . Presque tout l'avant de l'r.mbello du Cliallenqer, est orcupé par les drisses dessoudes et des filets, par les appareils thermomélriqucs, et photoractriques de M. Siemens, par toutes les machines encombrantes, telles que pompe hydraulique, et aquarium. Des laboratoires de zoologie, des cabinets do phy- sique, riches des plus beaux appareils, complètent l'armement de ce navire, que ses captures ne tar- deront pus à transhumer en un .Muséum lloltaut. L'expédition a quitté Portsniouth à 1 1 h. 7>i), le 21 décembre 187;!. « Pendant mie semaine, dit M. TliQinsuu, nous l'unies ballottés à l'embouchure du canal de la Manche, et, nous arrivions pénible- ment a. la baie de Biscaye... In peu avant d'attein- dre Lisbonne, le temps s'est calmé jusqu'à Gibral- tar... Je vous écris maintenant à 100 nulles au nord de Madère. iNous avons fait quelques sondages heu- reux, à de grandes profondeurs de 2,000 brasses environ 1 ; ils ont mis entre nos mains un grand nombre d'espèces animales dont la plupart sont d'une grande rareté, et dont quelques-unes sont nouvelles pour la science. C'est de la grande vergue que l'on jette le filet de sondage, soutenu par un système spécial, à l'extrémité de la vergue. Les deux ou trois premiers coups de blets lie nous fournirent plus bientôt au delà des côtes de Lis- bonne que do la vase marine, visqueuse et homo- K ' !Ile ' " Plus tard, à la hauteur du cap Sauil-\ ineenl, la grande sonde est jetée en mer, cite atteint le fond à une profondeur de fj(J0 brasses, et rapporte à bord, dans le filet dont elle est munie, plusieurs espèces de poissons (genre Slacrourus, Mugil, etc.). (les [mis- sous se trouvaient dans une situation particulière, par suite, de l'expansion de l'air contenu dans leurs organes: l'extrême diminution de pression qu'ils subissaient, à la surface de la mer leur faisait sortir les yeux de la tète; ou les eût dit intérieurement poussés par un ressort. « Dans nos sondages postérieurs, ajoute if. \Vv- ville Thomson, nous avons ajouté à notre collection plusieurs crustacés remarquables. L'un d'eux retiré d'une profondeur de 1 ,0'JO brasses, appartenait à l'ordre des Ampliipodes ; il avait emiron 9 centi- mètres de longueur, et ses jeux fort remarquables s'étendaient en deux grands lobes sur toute une par- tie de sa tète. » Les mollusques sont extrêmement rares dans les cauv | refondes, et les ] rises opérées par Je Challen- ger se sont bornées à quelques espèces n'olfrant lins d'intérêt spécial Mais une des captures les plus remarquables, faites à la profondeur de 1 ,oi!o bras- ses, consiste en un nouveau polype de la famille des 1 La brasse anglaise vaut 1", 80 cinii'uii. Brvoïoaires; la forme de cet être bizarre est celle d'une coupe de cristal ; la base de son corps étrange se rassemble en une tige transparente de » à 1 cen- timètres de haut, analogue au pied d'un verre de Bordeaux. Les Échiiiodernes ont fourni aussi des échantillons très-variés, très-intéressants; et parmi ceux-ci il faut mentionner un individu fort rare, déjà décrit par Agassiz sous le nom de Scdenia Varis- pinu. A de grandes profondeurs, la sonde a souvent rap- porté des Gorgones, douées d'un pouvoir de phos- phorescence très-prononcé. La lumière, que ces êtres projettent serait-elle destinée à éclairer le fond de l'Océan, (pie l'on supposait jusqu'ici plongé dans les ténèbres. Brillerait-il, au contraire, de clartés et de lueurs produites par les habitants dont iJ abonde'/ Le capitaine Maelenr, s'occupe spécialement à bord du Challenger, de ces phénomènes de phosphores- cence, dont il étudie les propriétés spectrales, et qui lui apporteront certainement une riche moisson de faits inattendus. On voit que l'expédition du Challenger, est digne de fixer l'attention de tous les amis de la science. Gctte vaillante corvette n'a encore jeté sa sonde que sur quelques points de la superficie maritime; elle ne l'a cependant presque jamais retirée des bas-fonds de la mer, sans y trouver des témoins de la vie, dans les profondeurs océaniques, sans y rencontrer quelque produit, digne d'être analvsc et étudié par le savant. Que sera-ce quand ses explorations vont se poiler vers des mers plus éloignées, vers des régions moins connues, et dans des profondeurs plus grandes ? Que de mystères sont cachés à nos yeux sous cette nappe mouvante de l'Océan ! Que d'énigmes sont à jamais enfouies sous ces flots mobiles, qui nous cachent une faune et une Ilore d'une richesse si prodigieuse, que la soude jetée au hasard en recueille partout des vestiges. 11 ne manque certes pas de conquêtes à faire au sein des abîmes océaniques qui, quoique voisins de nous, sont aussi peu connus que les profondeurs du firmament! Gaston Tissamiier. LE TllEMULEUENT DE TERRE DE TA SAINT-riEnriE (29 JLIR 1875). Le centre de celébranlenient, dont les proportions ont dépassé celles des tremblements de terre, assez fréquents dans le district alpestre, parait avoir été dans l'intérieur du triangle formé par Trévise, Hel- lène et Conegliauo, et principalement sur les bords du Soligo, petit, torrent qui se jette dans la Pi ave. Les secousses ont fait vibrer le sol au delà de ce district. On les a senties avec une intensité d'autant plus grande qu'on s'en approchait davantage; mais tout l'Etat vénitien, la Lornbardie, la partie orientale du Piémont, l'illyrie, le Tyrol autrichien, même les LA NATURE. 99 vallées bavaroises et quelques villes de la Suisse romande, telles que Lucerne, ont éprouvé également des secousses. Le lae de Tégenie, non loin de Mu- nich, aurait débordé. Dans la vallée du Soligo, la terre s'est soulevée verticalement, aussi plusieurs édifices ont-ils été ruinés de fond en comble. L'église dû Saint-Pierre île Fellelre s'y est entièrement écroulée. Ou a ramassé 40 cadavres sous les décombres. Comme le 21) juin coïncide avec la Saint-Pierre, il v avait, malgré l'heure matinale de la catastrophe (5 heures), beaucoup de monde dans les églises. Cette malheureuse coïnci- dence a multiplié considérablement le nombre des Victimes ; car, à cause de leur Orientation indépen- dante des plis du terrain, et de leur volume, ces édi- fices sont excessivement dangereux- quand la terre se met à trembler. Ou a vu, dans plusieurs villes, les prêtres épouvantés fuir de l'autel sans prendre le temps de déposer leurs ornements sacerdotaux ; on cite ni nie un officiant qui tenait d'une? main convnl- sive le calice dans lequel se trouvait l'hostie consa- crée ! Les oiseaux qui chantaient dans les arbres et, sur les toits ont immédiatement cessé de faire entendre leur ramage. Les malfaiteurs, détenus dans les prisons, ont fait des efforts pour se faire mettre en liberté. 11 a fallu l'intervention de la force publique pour les retenir dans, le devoir.! ~™~ " Les personnes qui se trouvaient dans l'intérieur des maisons bourgeoises ont elles-mêmes éprouvé, dans bien des endroits, une excessive difficulté à en sortir; car un des premiers effets d'un tremblement de. terre est de déranger presque toujours les portes et d'empêcher de les ouvrir. Un a remarqué que les fils télégraphiques ont été arrachés dans un grand jiomhre d'endroits. Le fait suivant donnera une idée de l'énergie des oscilla- tions qu'ils ont éprouvés. On a vu deux fils distants de m ,10 (1 décimètre), se choquer l'un contre Pautre ! Ce tremblement, de terre semble donner raison au professeur Palinieri qui prétend qu'un volcan fi- nira par sortirai! milieu des Alpes. C'est le voisinage du mont Baldo que le directeur de l'observatoire vésuvieu a indiqué pour la place du futur cratère. Le bruit s'était répandu que le lac de Sauta Croce s'était mis à bouillir. Ce qui est certain, c'est que, deu.x jours avant la catastrophe, un pécheur s'est aperçu que le niveau des eaux était [dus élevé qu'à l'ordinaire. Nous ne croyons pus que l'on ait décou- vert des cendres volcmiques dans le voisinage de Farra, mais à Pu os on a entendu très-nettement, le sou de bruits souterrains. La secousse principales» été, accompagnée de mou- vements accessoires dans ht vallée du Soligo et dans toute l'étendue de Trévise à Belluue. Les habitants épouvantés ont campé sous la lente et sont restés plusieurs jours sans oser rentrerdansleursdemeurcs. Comme toutes ces villes sont pourvues d'instru- ments enregistreurs des tremblements de terre, nous aurons à recueillir d'autres renseignements sur cette épouvantable catastrophe. — La suite prochainement. — LES PERCE-OREILLES La plupart des personnes qui daignent quelque- fois s'occuper des petites bêtes, connaissent seule- ment parmi les insectes quelques tvpes remarquables par l'élégance de leurs formes et l'éclat des couleurs, comme les splendides papillons des régions tropi- cales ou ces Buprestes métalliques que le caprice de la mode mêle à la coiffure des dames. Tout le reste du monde enfomologique n'inspire que du dédain ou du dégoût. Vite! écrasons ces vilains animaux qui sont si sales ! C'est précisément parmi les nombreux insectes à parure sombre que nous allons choisir une famille très-naturelle, et chercher à faire comprendre com- bien l'étude des mœurs immuables de ces êtres ché- tifs offre d'attraits, sans qu'il soit nécessaire d'y joindre les qualités accessoires de la magnificence du costume. D'abord nous affirmons que tous les insec- tes sont très-propres. Souvent leur corps paraît terni; mais, qu'on regarde de près, on verra une couverture de poils, admirablement et sans cesse brossés et lissés, servant à protéger par supplément une peau déjà cuirassée ou constituant de délicats organes du toucher. Le règne animal, à part certai- nes espèces abruties par la domesticité, n'a de réel- lement malpropre, que son orgueilleux souverain. Nous voyons même des insectes, tels que les Nécro- phorcs, les Bousiers, etc., s'échapper des matières putrides ou des débris les plus immondes avec une peau bnlhmtc et vernissée, parée souvent de taches aux vives couleurs, comme au sortir d'un bain imma- culé. Ce qui trappe les veux au premier aspect chez les perce-oreilles, dont le nom scientifique général est Forjicirfe.s, c'est une pince à branches plus ou moins courbées eu dedans, située à l'extrémité postérieure du corps. Suivant une opinion probable, leur nom est. dii à cet organe qui ressembla à la pince de métal dont se servaient autrefois les orfèvres pour percer les lobules de l'oreille des enfants. D'autres auteurs croient que ce nom est dû à l'habitude qu'auraient ces insectes de s'introduire dans les oreilles. Il est possible que ce fait se soit quelquefois produit ehez- des personnes couchées à terre ; mais c'est un pur accident causé par l'instinct qui porte ces animaux à se réfugier dans toutes les cavités obscures. 11 n'y a pas lieu de s inquiéter à ce sujet. La pince- des Forft- cules est une arme défensive de faible puissance ; c'est à pe'ue si, dans les plus fortes espèces, elle peut entamer légèrement notre peau. Elle sert aussi à maintenir en rapport les deux sexes tors de l'ac- couplement, et enfin, dans les espècesailées, estem- ioo LA NATURE. ployée à la longue et difficile, opération du déploie- ment dos ailes inférieures. Lu couleur est analogue dans toutes les espèces de Forfieules, variant du brun de poix à un jaune terne et enfumé. Ces teintes sont celles de beaucoup d'insectes qui vivent dans l'obscurité, notamment des curieux Coléoptères et des Araignées qui passeiiL toute leur existence sous terre et constituent, les re- présentants entomologifjiies de ces êtres étranges dont le Créateur a peuplé l'horreur de la profonde nuit des cavernes. Le corps est allongé et plus ou moins aplati ; une (ètc dégagée et un peu mobile, eordit'orme, porte en avant des antennes filiformes, ayant de douze à qua- rante articles, et sur les côtés des veux médiocres. Elle manque toujours de ces yeux simples ou stem- mates, sorte de microscopes placés chez beaucoup d'insectes sur le dessus de la tète, et qui sont les seuls organes de la vision chez les Araignées et les Scor- pions. Vient ensuite un corselet do forum rectangu- laire et aplati, et, dans les espèces à organes du vol bien développés, les deux segments suivants du tho- rax portent deux paires d'ailes hétéionomes, c'est- à-dire d'une constitution différente. D'abord se voient des étuis ou oh très, beaucoup [dus courtes que l'ab- domen, coupées carrément ou arrière, et réunies à structure droite au milieu, et non croisées l'une sur l'autre comme chez les lilattes, les Grillons, les Sauterelles. Elles ressemblent aux élytres îles Co- léoptères et particulièrement à celles de ces Staphy- lins qui semblent porter une veste, leur abdomen restant à découvert, comme celui des Perce-oreilles. Tout le inonde connaît un des plus grand» tvpes de Sfaphylins, le Diable (Ocyptrx olcns, Lînn.), d'un noir terne, qui parcourt les sentiers des champs et relève d'un air menaçant sutt abdomen d'où sortent deux vésicules blanches ovales, répandant une odeur d'é- ther nitreux ou de pomme de reinette. Les ailes, dont l'existence est à peine soupçonnée par le vulgaire, sont d'une remarquable complication. Elles oll'rent au bord antérieur une hune cornée, plus ou moins ample, qui, après le repli complet de l'aile, devient nu organe de protection et dépasse plus ou moins l'élvtre sous forme d'une petite écaille colorée (ce qu'on voit bien au n° 2 du dessin des Forfieules). Le reste de l'aile, bien [dus large que l'élvtre, en forme de quart de cercle, est constitué! par une membrane délicate et diaphane, irisée des couleurs de l'arc-cn-ciel par le fait de la décomposition de la lumière par les lames minces. Eue nervure en cour- bure douce, part de la base de l'aile et envoie dans sou parcours des rameaux, ravonnants vers le cou- tour. Ils sont soutenus pur une nervure circulaire qui sert àmaiiiteuirbieu étendue celte ailesi élégante. Ou peut facilement voir cette petite merveille en pre- nant le Perce-oreille commun de nos jardins , le maintenant empalé sur une épingle et sou levai! l_ une élylro avec la pointe d'une aiguille. En opérant dou- cement, on force l'aile à sortir sans déchirure de ses plis, et, si on laisse mourir cl sécher l'animal eu maintenant l'aile étendue par une bande de papier, on conservera indéfiniment l'aile étalée, comme elle se présente dans le Eorficule ou vol de notre, gravure. Le plissement de cette grande aile est très-curieux. Il s'opère d'abord vers le milieu du limbe corné an- térieur en plis longitudinaux pareils à ceux d'un éventail. C'est le mode de plissement de l'aile de la grande Sauterelle verte des champs, et des ailes de ces petits Criquets qui sautillent eu automne dans toutes les prairies; puis un tout antre genre de plis intervient, pareil à celui de l'aile des Hannetons. L'éventail se. brise deux fois et eu dessuus par des cassures transversales, de sorte que la jolie mem- brane irisée se cache entièrement sous l'élytrc pro- lectrice. L'abdomen, bien visible quand les ailes sont au repos, est formé de segments successsivemr.nl arti- culés comme dans la queue de lécrevisse, et leur nombre peut tout de suite, nous apprendre si le perce-oreille est un mfilo ou une femelle, du moins dans les espèces européennes ; chez le premier on ou compte, bien apparents, neuf eu dessus, huit en dessous ; chez la femelle sept en dessus, six à la région ventrale. Le dernier segment du dos chez les milles, c4 plus grand que les autres, plus fort et muni de tubercules, d'épines, bien moins marqués chez la femelle. C'est en effet lui qui renferme les muscles destinés à mouvoir la pince, qui, toujours plus grande et. plus robuste chez le mâle (pue chez la femelle, en diffère par sa courbure et ses dents, de sorte que l'inspection do îa pmee fournit aussi des caractères sexuels, mais moins faciles à constater que ceux lires du nombre des anneaux de l'abdomen. Les pattes, attachées au-dessous du thorax et au nombre de six, comme chez tous les insectes adultes, sont courtes , à articles eylindroïdes, propres à Sa course seulement. Elles finissent pur des tarses de trois articles ; ou sait que le nomliie des articles de l'extrémité terminale des pattes est un caractère im- portant pour la classification des insectes broyeurs auxquels appartiennent les Forfieules!. Ces Fnrficulos font partie des insectes à métamor- phoses imparfaites, c'est-à-dire qui, dès la sortie de l'oeuf, ont la forme générale des adultes et le même genre de \ie. Dans l'espèce la plus commune, le Pei'ce-oreille de nos jardins (Forficida auricularia, Chin.), la larve, au sortir de l'œuf et après la pre- mière mue, n'a d'autres vestiges alaires qu'un léger bourrelet aux bords postérieurs des second et troi- sième segments du thorax ; après la seconde mue, la nymphe présente les élvtres et les ailes, mais en raccourci , p'us ou moins réunies au milieu ot enveloppées d'une mince pellicule, connue d'un four- reau. Après le troisième changement de peau, les organes du vol sont bien développés et l'insecte. est apte à reproduire sou espèce. On reconnaît encore le. jeune .âge des Forfieules à une taille plus petite, à la mollesse des téguments, à une pince plus grêle et plus faible, encore dépour- vue des tubercules qu'elle offrira souvent à sa base LA N AT I.'Ui:. 101 ver^ son milieu chez les mâles adultes. Le nombre des amicaux de l'abdomen permet de distinguer les sexes futurs dès le plus jeune âge, ;uusi que Jalonne de la pi née. Les mœurs nous intéressent plus qui: eus dé- tails d'organisation, toujours nu peu arides, niais né- cessaires toutefois à connaître. Les Forfieulcs sont des insectes lurifuges, amis des retraites obscures et ne sortant guère qu'au crépuscule. Ils se cmhent sous les éeorecs, sous les pierres, dans les fentes des arbres et des ni urs, dans les Heurs profondes et les crevasses des fruits tombés. Ils aiment à vivre en so- ciété, surtout ipiand ils sont jeunes. Si ou les met I brusquement à découvert en faisant pénétrer la lu- mière éclatante du jour dans leur sombre refuge, on les \oit fuir de toute part en courant avec vitesse. Ce sont surtout les matières végétales qui assouvis- sent leur voracité considérable. Les Forfieulcs vont sucer le nectar des Heurs, maïs, malbeureusemeut pour nous, ne se contentent, pas de ce miel liquide. Les pièces tranchantes et broyeuses qui constituent leur bouche rongent les pétales, les élaniiues et la pulpe savoureuse des fruits. 11 n'est personne qui n'ait vu tomber dans son assiette quelque maudit Perce- oreille au moment de porter à sa bouche un succu- lent abricot ou une poire des plus appétissantes. A S ■ -■': ■ : -^f. IBtiiSBfl 1 Fnrfinik' :un L ii uhur^. — '1. L.li.dimi e j;miiU\ — 7>. ChûluWiurC (lil.iU'C ou 3|Hèic défaut de végétaux les gourmands insectes se conten- tent de substances décomposées, de fumier, de bou- ses desséchées de ruminants, même de cadavres. Si on les renferme sans nourriture dans nue boîte, ils se dévorent les uns les autres. Les auteurs anglais rap- portent, pour faire pardonner un peu les méfaits des Forfieulcs, qu'elles nous rendent certains services en mangeant des insectes fort nuisibles. Ou les a trouvées dans les épis de froment attaquant les Thrips et les Céeidomyos ; ces dernières sont des pe- tites mouches dont la larve creuse les grains et peut causer de grands dégâts à la précieuse graininée. .Nous achèverons peiit-èlre de réconcilier à demi le lecteur avec les Forfieulcs si nous lui racontons leur touchant amour maternel. Il est rare chez Icsinsecles que les mères s'occupent elles-mêmes de leurs en- fants après la sortie de l'œuf. Chez les Abeilles, les Fourmis, les llourdons, les Guêpes, les femelles fé- condes sont occupées à une ponte incessante et lais- sent à d'infatigables nourrices les premiers soins qu'exige leur débile progéniture. Les femelles des For- Meules, dépourvues d'organe saillant pour la ponte, déposent leurs (rui's dans les petites cavités du sol, sous 1rs pierres, dans les lieux humides. Kilos sur- veillent ces œufs blancs et lisses et les transportent cà et là, afin qu'ils jouissent toujours de l'humidité nécessaire à leur évolution. On les voit les rassem- bler eu las et. les couvrir de leur corps, paraissant les couver. Files les ramassent si quelque accident les disperse et se placent de nouveau auprès. Les jeunes larves eu naissant sont bien plus grandes qu'on ne te croirait en voyant l'ami dont elles sont sorties; elles v étaient fortement comprimées et se gonflent. D'abord blanches et molles elles se colorent et dur- cissent en quelques heures. La mère les retient en- core quelque temps auprès d'elle, leur continuant sa protection. De Géer rapporte qu'il les a vues se placer sous le ventre et entre les pattes delà mère et 102 LA NATL'IIE. rester des heures entières. Je vomirais pouvoir Ajouter que les enfants récompensent, ces soins dé- voués par l'affection qu'ils méritent, mais je ne sais pas faire de roman à propos d'histoire naturelle. Les jeunes Forficules s'empressent de manger leur mère si elle vient à mourir, el donnent de même leur es- tomac pour tombeau à ceux de leurs frères et sœurs qui succombent sous l'implacable, loi de la sélection naturelle. Nous citerons quelques-unes îles espèces les plus intéressantes de Perce-oreilles qu'on peut observer en France. Plusieurs groupes naturels ont été établis dans ces insectes d'ailleurs très-similaires. Les Lubidoures ont presque toujours un grand nombre d'articles aux antennes, et, le second article de leurs tarses est simple et étroit. La i Labidoure géante (n° i de la figure, nu mâle j est le plus grand des Perce-oreilles européens, Elle offre une tète rousse, large, et ariondio, et les appendices, anten- nes et pattes, d'un jaune pâle, ainsi que les côtés du ventre. Les longues et fines antennes ont de 27 à i">0 articles. Les ély très, d'un roux pâle, sont en rectangles allongés et fortement débordées parle rebord corné des ailes à contour elliptique. La pince du mâle est presque droite, avec une dent à l'intérieur vers le milieu; elle est rousse cl noire à l'extrémité. Le mâle atteint de 1 i à Ï'J millimètres, sans compter su pince qui en a S à 10 ; la femelle est plus petite, de 10 à 14 millimètres et. la pince n'en a que u en longueur. La femelle est pleine d'ouifs au mois de mai, et ou trouve les petites larves eu août. L'espèce se rencontre sur tout le contour méditerranéen de l'Kurope méridionale, ainsi que dans tout le midi de la France, sur les rives de l'Ailour.en Corse et en Sar- daigne, sur les bords de l'Adriatique, sur les rivages du Pô, du Tcssinet de l'Arno. C'est sous les pierres qu'il tant la chercher dans le jour, et le soir elle court sur le sable, pour chasser les petits insectes, ne paraissant faire que très-rarement usage, de ses grandes ailes. L'insecte inquiété relève sou abdomen d'un air de menace, à la façon des Stapbylins, en ou- vrant sa grande puce, lin Italie, l'espèce est com- mune dans les maisons, surtout dans les cuisines, ks citernes, les recoins humides, d'où elle ne sort que la nuit. iVuis n'avons pas cet insecte près de Paris, quoiqu'il puisse remonter bien plus au nord. Ainsi il existe dans la Liussie méridionale ; on le trouve, mais rare, près de Vienne, sous les feuilles tombées et les troncs d'arbre renver-.es et pourris, en été près de Berlin el dans la Silésie supérieure, sous de grandes pierres au bord des rivières, sur les bords de la Tlaltique, sur le rivage occidental de l'An- gleterre, près de t.bristchurch, peut-être après im- portation par les navires. Celle grande Follicule est abondante à l'île de Madère, existe aussi dans l'Afri- que septentrionale, la Cafrérie, le Mozambique, et à lînénos-Avies, dms l'Amérique méridionale, peut- être par importation, et l'Asie occidentale. Lue autre espèce, la Lubiduure maritime du genre Brackylabis, Dohrn, est presque aussi grande, i mais se. distingue tout de suite de la précédente en i ce, qu'elle n'a pas d'élytres ni d'ailes. Klle ne se j trouve que. dans le voi-inage de lu mer et est com- mune au printemps, sur les bords de la Méditerra- née, sous les pierres et dans les bouses de vache. On la rencontre aussi à Madère, en Si rie, au mont Liban, sur les côtes du Japon, de la Chine, des Indes orientales, de Madagascar, de l'Afrique occidentale el, australe. Dans un sous-genre très-voisin des Lahidoures existe la plus petite espèce du tvpe que nous étu- dions, celle que Genffrov, le vieil historien des in- sectes des environs de Paris, appelle le Petit Perce- oreille, et Liimus la Forficule naine, (mi/ior). C'e>t la plus petite espèce d'Europe-, n'atteignant (pie i à (i millimètres de longueur, avec une pince de 2 à, "i, selon les sexes, presque droite. Fille est d'un jaune, terne, plus ou moins bruni et recouverte d'un duvet court et serré ; ses antennes n'ont que 10 à i'2 article»; ; elle est commune en France dans les. détritus et les fumiers, où elle vit en société avec beaucoup de petits Staphvlms avec lesquels on la confond au premier abord. Elle vole bien, on la prend au vol avec le filet à papillons autour des lu- miers dans les soirées chaudes de l'été, et elle entre la nuit dans les appartements, attirée par les lumières. Les Perce-oreilles qui viennent ensuite se distin- guent, pour les entomologistes, d'avec les types pré- cédents par quelques caractères. Le pins remarqua- ble consiste dans la présence, de chaque côté des se- cond et troisième segments dorsaux de l'abdomen, d'un tubercule en forme de pli longitudinal, ca- ractère qu'offre aussi la Lahidoure maritime. La gravure sur bois n'a pu reproduire ce détail sur nos ligures, qui sont de grandeur naturelle ; rien de [dus aisé que de le voir sur le Perce-oreille commun de nos jardins, avec une loupe si la vue simple est in- suffisante. Le botaniste et l'amateur d'insectes ne se séparent jamais de ce précieux auxiliaire. Lu outre, le second article des tarses est élargi de chaque côté: en cœur et le nombre, d'articles des an- tennes ne dépasse pas une quinzaine. C'est ici que se place, l'espèce si commune partout, la Forficule auriculaire, de Linnacus, le, Grand Perce- oreille de Geoffroy, d'un fauve ferrugineux avec les pattes plus paies (voir la fig. 'I de la gravure). Si on la saisit entre les doigts, elle dégage une odeur qui rappelle le soufre brûlé (acide sulfureux). La lon- gueur du corps varie chez les mâles de 9 à 15 milli- mètres, avec une pince de A à S millimètres, à bran- ches dilatées à la base el crénelées en dedans. Elles forment d'ordinaire un cercle presque parfait, mais il y a une variété où elles sont plus allongées et eu ellipse. La pince est plus courte chez la femelle, de 3 à * millimètres, à branches bien moins courbes, crochues en dedans, au bout. L'espèce est abondamment répandue dans toute l'Kurope, se trouve aussi à l'île de Madère, dans tout le nord de l'Afrique et aux Indes orientales, où les LA NATLTïK. 103 navires t'ont sans doute importée. Cette Forfieule passe l'hiver, surtout 1rs femelles fécondées, qui pondent on avril des œufs dont les petites larves sor- tiront au mois de mai. Si au mois de novembre on bat, dans les forêts, les branches dépouillées de feuilles, au-dessus d'un parapluie renversé, on y fera souvent tomber celle Forfieule engourdie. C'est là le moyen qu'emploient les entomologistes pour se pro- curer en hiver une iuule d'insectes dont personne ne soupçonne l'existence au milieu des frimas. Au prin- temps et eu élé, outre ses reluges sous les éenrees et les pierres, on la trouve dans beaucoup de fleurs, comme les oreilles d'ours, les roses trémières, les grands soleils, etc. Elle aime aussi à se réfugier dans le chardon à foulon, dans les feuilles roulées en cornet par divers insectes, et où elle échappe à l'importune lumière du jour. Beaucoup de jardiniers mettent le long des plantes des cornets de papier où se gîtent les Forfi- entes, qu'il ne reste plus qu'à brûler. Elles sont friandes de graines de melon au delà de tout ce. qu'on peut imaginer, et souvent les maraî- chers sont obligés d'étaler ces graines en pleine lu- mière pour les soustraire aux ravages. L'insecte de- vient vraiment, funeste, en automne par l'avidité avec laquelle il recherche les fruits et surtout les pommes les plus pariuméos et les plus douces (voir la figure!. Xons conseillons, pnur préserver le fruitier, de mettre sous un pot renversé certainsfruils qui serviront d'ap- pât piège, puisque le Perce-oreille les choisira de pré- dilection on trouvant réunis et le festin et l'obscurité propice. Cette espèce peut être parfois fort nuisible ; ainsi M. ^Vcstwood dit que ces Forficiiles arrivent par intervalles en grande multitude, et il cite un cas où en Angleterre elles dévastèrent non-seulement, les Heurs et les fruits de la région, mais des champs couverts de choux.. On ne doit pas s'étonner si depuis longtemps les horticulteurs ont cherché à préserver les jardins et les vergers contre cet ennemi. Ce -ont les mœurs de- insectes qui nous procurent invariablement les procédés de destruction. Voici à cet égard des conseils et des recettes déjà un peu anciens, « Le moyen de détruire le Perce- oreille lient de la connaissance de ses habitudes. 11 évite toujours le soleil et la grande lumière, se retire sous les feuilles, clans les fissures des écorces d'arbre, suus les plantes rampantes, sous les pierres. Il suffit donc, pour en rassembler une grande quantité, de placer çà et là, dans les endroits exposés à ses dégâts tout, ce qui peut lui procurer un abri ; des poignées de feuilles, des petites bottes d'herbages, de paille un peu humectée, telle que celle que l'on préparu pour attacher la vigne, des hâtons de sureau creux, des tiges de soleil également creuses, des paquets de brindilles de toutes e-pèces d'arbres, de vieux balais, des cornes et ongles de divers animaux, desebilfons, d'étoiles, des torchons ou serviettes, etc. Quand on a réuni un grand nombre de Perce- oreilles, on tes écrase ou on les brûle, 11 ne faut pas se contenter de les jeter dans l'eau, car ils nagent très-bien et s'échappent; les poules les avalent avec avidité, (Annales de l'agriculture française an IX, t. Vlll.p. 100 107.)» 11 est continuel de voir se produire dans les Forfi- eules tous les modes de variations de l'appareil alaire. Chez les Aptéri/>]ides, les élytres subsistent bien développées, mais sans ailes en dessous ou seu- lement avec des rudiments. Mentionnons seulement dans ce type une. espèce qui a été nommée albipenne parce que son corselet et ses élytres sont d'un jaunâ- rc pale, et aussi pédestre, puisque privée d'ailes elle nepeiit que marcher. Sa longueur varie de 6 à 9 milli- mètres ; elle est donc environ moitié plus petite que la Forfieule auriculaire et surtout beaucoup plus étroite. Elle se rencontre dans plusieurs régions de l'Europe, la Grèce, l'Italie, la Suisse, l'Allemagne, en été et en automne, dans les buissons, sur les or- mes, les aulnes, les chardons, etc. Les amateurs peuvent la chercher en octobre, tout près de Paris, sur les collines arides qui entourent Sèvres. On l'a prise eu Angleterre au mois de juin, près d'Astifoid, dans le comté de Kent. File ne paraît pas avoir été trouvée en Russie ni en Suède. Les touristes qui aiment l'histoire naturelle feront bien, clans leurs explorations de nos montagnes, de porter leur attention sur un dernier type très-intéres- sant de Perce-oreilles, les Chélidoures Ici l'absence du vol est presque complète. Les élytres ne sont •plus représentées que par deux écailles ovales reje- tées sur Je côté et laissant entre elles à découvert ce qu'on nomme un écusson, c'est-à-dire mie portion visible du second segment dorsal du thorax qui porte la première paire d'ailes chez les insectes. Les ailes sont toujours recouvertes d'un fourreau qui forme un demi -anneau complet laissant voir on arrière un peu du dernier segment thoracique. Le caractère le plus saillant de ces insectes, c'est que leur abdomen s'élargit graduellement d'avant en arrière de ma- nière à simuler un trapèze. Les espèces les plus remarquables de Chélidoures ont été découvertes par de l.afresnaye, amateur cé- lèbre d'oiseaux, d'insectes, de coquilles. L'une d'elles est la Chelidùure dilatée fn" o de notre gravure, su- jet femelle), nommée encore aptère etcf«s Pyrénéen. j La tète un peu triangulaire est forte, d'un fauve rougeâtre , portant des yeux noirs très-petits. Le corps et la pince sont d'un brun marron, avec les an- tennes de. 13 articles et les pattes fauves. L'insecte atteint eu longueur 12 à 14 millimètres, sans comp- ter la. pince à branches nécessairement très-écartées à la base d'après l'élargissement de l'abdomen et qui a h millimètres et plus. Cet insecte paraît exclusif aux Pvrénées. L'espèce ou race très-voisine et un peu plus petite pur laquelle nous terminerons celte étude est. la Chelidùure simple, aussi des Pyrénées, mais qu'on trouve cm outre dans les Alpes, au mont Saiiil-Bernard en août et au mont Rose l . Tontes 1 Suus en avons [lit bien assez pjui' ceux qui verront seule- ment dans les Terce-oreilles l'ohjiH d'un? nn'in«Ué sc.etili- iOi LA NATURE. les f-hélidoures sont des moiifnjmes et n'ont encore été trouvées qu'en Europe. M.uricf, Griunn. LE CHEMIN DE FER DU MONT CEMS Depuis les Romains qui avaient établi une route de voitures par la vallée d'Aoste entre l'Italie et la fiaule, route détruite par les barbares, jusqu'à eu sièele, on n'a pu franchir les Alpes qu'à pied, à dos de mulet ou en i baise à porteur. Napoléon I er lit exécuter, de 1801 à 18(17, la route du Simplouet de 18ùr> à 181 celle du mont Cenis. Quand les chemins de 1er lurent inventés ce ne fut qu'aveu bien des hé- sitations que. l'on se décida à les tracer au travers des inoiitaeuies. Ce fut en 18U qu'un humble géomètre-arpenteur de llardonuèclie, Joseph Médail, proposa, le premier, • ■■ s^^, ("lir-m L:i île fer du niniil Cenis. — Lu uiurilëi de creuser sous les Alpes uu tunnel aboutissant au villatre de Bardonnèehe, où il était né. Le roi Char- les-Albert, frappé de. cette proposition, chargea MM. Mauss et de Sismonda d'étudier le projet de f.;i descente. M. Médail, et ces deux savants éininents ne purent que confirmer l'exactitude des données recueillies par liqur, ou i^ui, d'un es|iiit plus po*it.ir, elierelient h\s moyens rl« les détruira nu fïr.ind profil. île km s Heurs et de leurs fruits. Si quelques personnes défirent nvoir une cunn:ii>siiiee approfondie do ces insectes, nous leur indiquerons, pour les espèces d'Kurope, le reuinripifiLlc ouviiijre de M. Fischer, de l'arpenteur et adopter le tracé qu'il avait choisi. Mais ce tunnel ne pouvait se construire par les pro- ] filmii'ir, Orthnidrracurvpœa. Leipzig, 1833, et une élude mo- iio^raplii'îue sur les espères du monde entier, pnr M. H. Dftini [Vcnmch eâii'r Monoqra}i/ûc (1er Dcrmojtteren ; Entomolog, Zeitung. — Stettin, 1KG3, p. 53, 509; 180i, u. 285, 411; •ISfio, p. fis, et 1807, p. SH1}. ClicJiiiiL île fer ihi mont Lieuis, — Le j«nit de Ouiil c. 106 LA NATURE. cédés ordinaires, et celle difficulté technique retarda de beaucoup son exécution. Enfin, les invent ions suc- cessives de l'ingénieur suisse Colladon, do l'ingénieur anglais Barllelt et de l'ingénieur italien (savoisien) Sommeiller, donnèrent le moyen de procéder à cette grande œuvre, elle tunnel du mont l'unis fut com- mencé le 51 Août 1857. Pendant qu'il se émisait, l'ingénieur anglais tell, obtenait la concession d'un chemin de fer provisoire, sur la route du înnnt Ceuis, à construire dans le système à trois nuls préconisé depuis longtemps par l'académicien français le baron Séguier. Ce. chemin de 1er expérimenté en 1 Sillet autorisé le A iNoveinbrc 1805 a été exploité du 15 Juin 18(58 au 1(1 Octobre 1871,, jour (te l'inaugura- tion du tunnel et du chemin de fer du mont Cems, après quatorze ans d'un incessant labeur. Nous arrivons un peu laid pour parler du tunnel. du mont Ccuis, et les dé ails sur le percement des longs souterrains à travers les hautes montagnes trouveront plus naturellement leur place à propos du tunnel du Sahit-Gotliai'd, en cours d'exécution. Mais si l'on s'est beaucoup occupé du souterrain du mont Ccuis, ou s'est fort peu étendu générale- ment sur les sections, d'une exécution li'ès-dilficilc, qui le relient aux chemins de fer de Paris, à Saiut- Miehel, et do ilussoliuo, à Turin. La section française a mie longueur de 28 kilo- mètres (dont G kilomètres pour la demi-traversée du tunnel) et la section italienne 50 kilomètres (com- prenant l'autre, moitié de la galerie); mais la compa- gnie de Lyon n'exploite sa ligne que jusqu'à Mo- dane et celle de la Haute-Italie est chargée de l'ex- ploitation à partir de cette gare, à 12 kilomètres de la frontière italienne. La limite est à deux voies sur 50 kilomètres entre Saint-Michel et Bardonnèche et à voie unique sur les 42 kilomètres complétant le parcours, entre Bardonnèche et linssolino. Le railway remonte la vallée de l'Are par des rampes déplus en plus roides, contourne et enve- loppe Modane par une courbe, qui décrit les trois quarts d'une circonférence, revient parallèlement a lui-même jusque vis à-vis de la station de .Modane et là aboutit enfin au tunnel, mais à 150 mètres au- dessus de la gare après avoir franchi cette énorme différence de niveau par une rampe continue de 50 millimètres par mètre et avec des courbes descen- dant jusqu'à 500 mètres de ravou. Dans le tunnel, la rampe est do 25 millimètres sur 0.275 mètres du côté de la l'rancc el, après un palier de ôOO" 1 50, elle se change en une pente de un demi à un mil- limètre du côté- de l'Italie, sur 5,000 mètres. Kn dehors du tunnel, le railway descend jusqu'à Bardonnèche par une pente rapide de 50 milli- mètres. A partir de cette station la voie descend la vallée du Bochemolle jusqu'au confluent de ce tonent avec la Dora-lliparia dont la ligne de 1er continue à sui- vre le cours. Dans toute cette section italienne où le tracé de la voie s'écarte beaucoup de l'ancienne route du mont Cenis, le paysage alpestre est de la plus in- comparable grandeur, [dus magnifique encore que celui de l'ancienne route de terre. Le passage à travers eetle région accidentée a né- cessité l'exécution d'ouvrages d'art extrêmement har- dis et faisant le plus grand honneur aux ingénieurs, mais d'une exécution coûteuse et difficile. L'un des plus remarquables est le pont, en fer sur la Combe 1 dont une de nos gravures reproduit le pittoresque aspect. Le pont eu treillis de 50 mètres de portée, est soutenu par deux poutres de 5"' 50 de hauteur ; il réunit les bords de l'étroite vallée, à 120 mètres au-dessus du torrent 5 . Charles Hoissat. MIGRATIONS DE L'ACIDE CiRBOMQïE ET I.I'.S riIÉ.NOMÊKIiS DE llOCHAUË. Les gaz se dissolvent non-seulement dans les corps liquides à la température ordinaire, mais aussi dans les corps fondus sous l'influence du feu. Toutes les personnes qui ont suivi mi cours île chimie se rap- pellent que lorsqu'on coule dans un têt en terre de l'argent fondu, on voit se produire, au moment où le métal se refroidit, une vive efforieseenre; la masse bouillonne, se bours mfle, des parcelles d'argent sont projetées; on assiste à une véritable éruption volcanique en miniature. Pour que la ressemblance soit complète, l'argent solidifié est. tuméfié, caver- neux, coin ert de petits cônes percés au centre, simu- lant la forme des volcans. L'argent fondu dissout l'oxygène; il l'abandonne au moment du refroidissement : c'est là le | héno- mène désigné sous le nom de rochage. Plus le refroi- dissement est brusque, et plus le dégagement csf rapide; quand, au contraire, on laisse l'argent se re- froidir lentement, l'oxygène se dégage insensiblement sans boursoufler la surface du métal, sans qu'il y ait de projections, qui sont importantes à éviter quand l'argent obtenu doit être pesé. Ce phénomène, découvert par Gav-Lussac, il y a déjà fort longtemps, est beaucoup plus fréquent qu'on ne le supposait d'abord, La litharge fondue dissout aussi de l'oxygène, qu'elle abandonne au moment du refroidissement; les gaz combustibles qui se trouvent dans les fovers où fondent les métaux s'y dissolvent encore ; récemment enfin, MM. Troost et Ilautefeuilb 3 ont. montré que la fonte retenait, après son refroidissement, une. quantité assez nota- ble de gaz, formé surtout d'oxyde de carbone et 1 Vallée élraile. fit profonde, véritable figure rtn roches, un fond de laquelle colite lin InironL a Le jaunint anglais lytifjiitrertti// a tbimé [les détails curieux sur ce heau travail el sur le chemin Je Ht du mont Cciii*, nous lui avons emprunté quetiji! s-uns de. ses documents. r> Comptes rendus lit: l'Académie (les sciences, t. LXXVI, p. 361 (-1873). LA NATUIIK. 1C7 d'hydrogène; M. Cailletet, M. Caron, et surtout le célèbre cliimiste anglais, Th. Graha.ni, avaient fait de ces gaz dissous, retenus, occlus dans les métaux, une étude approfondie. L'n tilde 1er ordinaire, netlové avec soin et chauiié dans le vide pour expulser le gaz qu'il peut contenir dans ses porcs, absorbe, d'après M. Craham, quand on le chauffe dans différents gaz, 40 parties pour 100 en volume d'hydrogène et 4,5 pour 100 d'oxyde de carbone. Le gaz spécial au fer du commerce, dont la nature dépend d'ailleurs de la forge dans laquelle il a été chauffé, est surtout l'oxyde de carbone; la proportion de ce gaz s'élève de 7,00 à 12,50 pour KiO. Dans leurs récentes expériences, MM. Troost et Kautefcuille n'ont pas obtenu des quantités de gaz aussi considérable*, mais ils ont parfaitement vérifié le fait même de l'occlusion des gaz par les corps chauffés, et c'est là ce qui nous importe pour l'in- stant. Ainsi les corps fondus dissolvent des gaz et les abandonnent parfois au moment de leur refroidisse- ment. Des corps simplement ramollis par l'action du feu peuvent même se charger de gaz, les conserver après le refroidissement et ne les perdre que lente- ment sous l'inlbunce d'une nouvelle élévation de température et d'un vide presque parfait. Ces faits sont «on-seulement très-curieux, ils ont peut-être une très-grande importance au point de vue géologique. M Th.Grahnm en a donné, il y a déjà quel- ques aimées, une preuve remarquable en étudiant un échantillon de fer météorique provenant de Lenarto. Ce. métal, soumis à l'action du feu dans un tube de porcelaine où l'on avait, d'abord fait le vide, a aban- donné 2,85 fois son volume de gaz, dont les 80 cen- tièmes sont de l'hydrogène, l'oxyde de carbone no dépassant pas h 1/2 pour 1 00. Les gaz fournis parle 1er ordinaire sont bien différents : des clous de fer à cheval, soumis à la même épreuve, ont, eu cf.ét, donné 2, GO fois leur volume de gaz, renfermant 50 pour 100 [l'oxvde de carbone et seulement. 55 pour 100 d'hydrogène. On sait aujourd'hui que l'hydrogène constitue le gaz le plus abondant des étoiles, et M. Jaussen l'a reconnu en quantités énormes dans les protubérances du soleil ; et comme d'autre paît ou sait que îe fer ne peut à la pression de notre atmosphère absorber plus de son volume de gaz hydrogène, il faut en conclure que le fer de Lenarto provient d'un astre dans lequel l'hydrogène existait à une pression considérable et à une température élevée ; l'hydro- gène qu'on en a tiré nous dévoile donc la nature, la température, la pression de l'atmosphère de l'astre inconnu, dont provient le fer de Lenarto. Revenons sur la terre, et voyons si les considéra- tions précédentes ne sont ] as de nature à éclaircir un phénomène remarquable dont l'explication n'est pas encore complète. Les volcans, au moment de leurs éruptions, émettent des gaz variés : d'abord de l'acide chlor- hvdrique, de l'acide sulfurique, de l'acide sulfhy- drique ; plus tard, quand l'époque de l'éruption est d'jà plus reculée, les hydrogènes carbonés domi- nent; enfin apparaît le dégagement d'acide carbo- nique, qui se continue pendant des siècles; nos volcans d'Auvergne sont éteints depuis des milliers d'années, et cependant les .sources chargées d'acide carbonique se rencontrent abondamment, à lloyat, au mont Dure, à Saiut-Nazaire, ele. Le dégagement de l'acide carbonique a été constaté dans une foule d'évents volcaniques : la grotte du Chien, près de tapies, est trnp célèbre peur qu'il soit nécessaire de la rappeler; au volcan de Proto, les fumerolles sont presijue exclusivement formées d'acide carbonique; à Java, c'est le même gaz qui se dégage avec une abondance extrême de la solfatare éteinte nommée, Guevu Lpus ou Vallée du poison. Le sol est partout couvert de carcasses do tigres, de chevreuils, d'oi- seaux, et même d'ossements humains, car tout être vivant est asphvxié dans ce lieu de désobilion. Ainsi le dégagement d'acide carbonique se conlinue des évents volcaniques pendant des siècles, et sur un très-grand nombre de points du globe. Si l'activité volcanique n'excite qu'une médiocre attention en Eu- rope, il n'en est pas de même dans d'autres contrées; llimilioldt compte 407 volcans à la surface du globe, dont 225 seulement en activité depuis les temps mo- dernes ; depuis, on a porté ce nombre à 270, parmi lesquels 190 sont dans les îles ou sur les bords de l'océan Pacifique; la plus grande partie de ces vol- cans sont situés le long de la grande fracture, proba- blement très-récente, du globe qui, commençant à la Terre.-de-Feu , longe toute la cote du continent américain et se prolonge par le Kamtchatka , le Ja- pon, jusqu'aux Moluques, à Java et à Sumatra. En dehors de cette série remarquable, on trouve encore des volcans actifs dans la Nouvelle-Bretagne, les îles Salonion, les Nouvelles-Hébrides, !a Nouvelle-Calé- donie, la Nouvelle-Zélande et jusque dans le voisinage du pêde antarctique, où l'illustre marin anglais sir John Ross a découvert l'Erèhe et le moût Ternir au milieu des glaces. La quantité d'acide carbonique dégagé par ces foyers volcaniques est à coup sûr immense. M. Boussin- gault a trouvé, en 1827, que 05 pour 100 du gaz émis par les volcans de l'Amérique méridionale étaient formes d'acide carbonique; M. Bunsen a constaté la même composition dans les gaz émis par rilécla. Nous arrivons enfin au point qu'il s'agit d'éciair- cir : Quelle est l'on grue de l'acide carbonique, d'où vieut-il? Quel est le réservoir inépuisable qui fournit depuis des milliers d'années à cette dépense excessive? 11 est clair que notre atmosphère n'a pas toujours eu la composition qu'elle a aujourd'hui. Quand la terre s'est séparée du soleil, elle devait avoir exacte- ment la même température que lui, et par suite la masse gazeuse oui l'entourait renfermait de l'hydro- gène incandescent, du sodium, du fer, comme il y 108 LA NATURE. en a actuellement dans le soleil; ù mesure que, la température s'est abaissée, les combinaisons sont devenues possibles, et par suite, les différents corps, d'abord maintenus séparés par l'excessive tempéra- ture à laquelle ils étaient soumis, se sont unis d'après leurs affinités respectives : l'hydrogène et l'oxygène ont formé de l'eau ; l'oxygène et le carbone ont donné de l'acide carbonique; le chlore cl le sodium : le sel marin, etc. Les roches incandescentes, encore liquides, se sont donc trouvées en contact avec une atmosphère dense renfermant divers gaz, et ceux-ci ont pu y pé- nétrer, s'y condenser, comme nous voyons l'oxygène pénétrer dans l'argent ou dans la Jitharge fondus, l'oxyde de carbone et l'hydrogène dans le fer nu la fonte. Il est possible que ces roches se soient char- gées en plus grande quantité d'acide carbonique que des autres gaz existants dans l'atmosphère, par une sorte d'affinité relative, exactement comme l'argent se charge d'oxygène et non d'azote, bien qu'il soit, fondu dans l'air ordinaire. Pour que nous puissions trouver l'origine de l'acide carbonique des volcans, dans les roches en- core incandescentes et abandonnant lentement, à mesure qu'elles se refroidissent, les gaz qu'elles renferment, par suite d'un phénomène de roebage se continuant pendant des milliers d'années, il faut qu'il y ait eu dans l'atmosphère primitive du globe une quantité immense d'acide carbonique; mais cette, hy- pothèse n'a rien qui nous choque. 11 est clair, en effet, que dans l'atmosphère pri- mitive l'oxvgène était en excès, comme il l'est encore aujourd'hui dans l'atmosphère actuelle; et, quand par suite de l'abaissement de température (lu globe, les combinaisons ont été possibles, il a dû se former de l'acide carbonique. ; celui-ci, au contact des roches fondues qui formaient la surface, s'y est probable- ment dissous peu à peu; et comme, les dislocations étaient fréquentes, que les roches ne séjournaient pas constamment à la surface, mais étaient souvent rem- placées par d'autres venant des profondeurs, on con- çoit qu'une masse considérable d'acide carbonique ait pu être occlus ainsi peu à peu. Tant, que la tem- pérature des roches s'est maintenue au-dessus de leur point de fusion, elles ont conservé le gaz qu'elles renfermaient; maïs celui-ci a commencé à se déga- ger, au moins partiellement, au moment de leur so- lidification ; et si, comme tout le prouve, il existe encore dans les profondeurs du globe une niasse in- candescente dont le refroidissement se poursuit d'une façon constante, le dégagement du gaz continue par les évents volcaniques qui mettent en communication ces profondeurs avec notre atmosphère. Le gaz acide carbonique ne saurait au reste s'accumuler dans notre atmosphère en quantité no- table; en effet, les parties vertes des végétaux le décomposent, et toute la matière organique qui existe sur le globe renferme du carbone provenant de cette décomposition ; en outre, l'acide carbonique est solu- ble dans l'eau ; la pluie qui lave notre atmosphère l'entraîne dans les eaux courantes jusque dans lu mer. Là, son rôle n'est pas terminé ; il dissout du carbonate de chaux et le met à la disposition du tous les animaux marins, qui en confectionnent leurs coquilles, leurs demeures, et finissent pur constituer de véritables îlots, souvent dangereux pour les navigateurs quand ils ne sont pas encore émergés. Les immortelles recherches de Lavoisier nous ont appris que la matière était indestructible; mais la série de métamorphoses qu'accomplit un même corps est loin d'être encore complètement connu, et il n'est pas sans intérêt de suivre ces longues migra- tions de la matière et de déterminer les formes variées qu'elle affecte, les gisements successifs qui la récèlent. L'acide carbonique de l'atmosphère primitive du globe, dissous par les roches incandes- centes et enfoui dans les entrailles de la terre, y a séjourné des milliers d'années. Peu à peu cependant, à mesure que le refroidissement du noyau central se continue, il s'échappe de. sa prison souterraine et remonte jusqu'à notre atmosphère, où, entraîné par l'eau de la pluie, il est conduit par les rivières dans le sein de la mer. Là enfin il dissout le carbonate de chaux et. fournit aux microscopiques animaux ma- rins la matière première, qu'ils mettent en œuvre, pour faire surgir des abîmes océaniques, les îles mu- dréporiques, destinées peut-être à former un jour de nouveaux continents! L'OPPOSITION DE \À PLANETE FLOUE Quelques mois avant d'être appelé de nouveau à la direction de l'Observatoire national, M . Le verrier si- gnalait à l'Académie des sciences le parti que l'on peut; tirer, pour la solution des plus graudes ques- tions d'astronomie générale, de l'étude approfondie du groupe des petites planètes. L'installation de la nouvelle administration est de date trop récente pour que les projets du savant astronome aient déjà produit des mémoires et du découvertes de ce coté du détroit ; mais il n'en est pas de même en Allemagne. M. Galle, de Brcshiu, qui doit sa célébrité à l'heu- reuse découverte de la planète Neptune, dont M. Le- verrier avait indiqué à l'avance la position, ne pou- vait laisser passer inaperçu les suggestions nou- velles de l'astronome français; Aussi voyons-nous sans surprise que M. Galle se met à la tète d'une croisade astronomique dont le but serait d'observer la prochaine opposition de Flore, afin d'en déduire une valeur de la distance du Soleil à la terre. Sa méthode, ainsi que la plupart de celles qui nous viennent d'Allemagne, n'est qu'une application nouvelle de procédés connus. M. Galle propose d'ob- server Flore lors de son opposition, comme on l'a fait pour Mars, afin d'en tirer une valeur approchée de la distance de la Terre au Soleil. LA NATURE. 109 Lu [ilanOLe Flore vm; de SaiiiL-1' vue de Théoriquement, le procédé est très-simple ; nous allons essayer de le faire comprendre, en supposant que l'opposition de Flore soit observée à la lois à Melbourne et à Saint-Pétersbourg, c'est-à-dire que M. Galle convertisse à sa méthode les directeurs des grands observatoires d'Australie et de Russie. En l'apportant Flore à trois étoiles do comparai- son lors de son opposition, les astronomes de Saiut- Pétcrsbourg trouveront la figure 1; au contraire, les astronomes de Melbourne trouveront la figure 2. Le triangle stellaire sera le même. Les trois jalons célestes seront demeurés inébranlables, mais la pla- nète se sera déplacée par un effet de perspective facile à comprendre. Ce déplacement angulaire ap- parent tiendra à la longueur de la ligne droite qui sépare Melbourne de Pult.awa. Comme on connaît cette base, puisqu'on possède les coordonnées géogra- phiques de Melbourne f t les coordonnées géo- graphiques de S'aint- l'élersbo urg, et le rayon de la Terre, tout est connu. On peut résou- dre le triangle, Flore au sommet, Melbourne et Saint-Pétersbourg à la base. C'est ce que l'on peut faire également avec Mars, avec cette différence que Mars , dans les oppositions favorables, est deux fois plus près que Flore ne saurait l'être, et (pic, par consé- quent, l'angle au. sommet du triangle Saint-Péters- bourg, Melbourne, Mars aura une valeur deux fois plus grande l . llàtous-nous dédire, pour que l'on ne nous accuse pas de parti pris envers M. Galle, que certaines circonstances importantes militent en faveur de sa méthode; nous croyons devoir les passer succincte- ment en revue. Le mouvement de Flore est deux ou trois fois plus rapide que celui de Mars, ce qui permet de faire une erreur moindre sur le moment précis de l'oppo- sition s . 1 II est facile de. se convaincre, île ce l'eil en prenant 24.0U0 rayons terrestres pour la distance, approchée île hi terre au soleil. L'n e.ffel, la distance moyenne do Mars étant de uO.OHO rayons tcrrcstrrs dans cette hypothèse, il restera t'2,1100 rayons terrestres de distance lors des oppositions ordi- naires; ces 12, 000 rayons seront réduits à 0,000 par le l'ait de. l'opp jsilimi des orbes, la distance moyenne de More est de. à!2,l)l!0 rayons terrestres, qui, lors de l'opposition moyenne, est réduite à 28,0011. Comme Flore se meut dans une orbe deux fuis plus excentrique que Mais, celte distance se trouvera ré- duile à environ 10,000, lurs des oppositions qui, comme, celle de. '1872, ont lieu dans des conditions exceptionnellement favo- rables. s l.e mouvement moyen de Mars, étant de -1,800 secondes par jour, celui de la terre de 3,G00, en nombres ronds, son mouvement apparent, lors de l'opposition, est réduit i 3,000. 1.0 mouvement moyen de Flore étant de 1,000 secondes, en l'Lei'^iiniii^. — '2. l.a même ïtidljourue. Flore, qui n'est qu'une humble planète invisible à l'œil nu, ne saurait posséder le rayonnement de Mars, qui gène pour l'observation des étoiles voisines, c'est-à-dire de celles qui sont le plus propres à de- venir des jalons célestes. Enfin, le diamètre de l'astre choisi par M. Galle est si petit, que les astronomes de Melbourne et de Saint-Pétersbourg ne commettront point d'erreur tenant à une différence dans la visée. Kncore, une fois, nous ne méconnaissons pas la valeur de ces raisons, mais nous préférons attendre l'événement pour nous prononcer. Qui sait si quelque nouvelle planète ne se révélera point dans les zones supposées désertes, qui nous séparent de Mars, ou si le groupe déjà connu ne possède pas quelque astre excentrique auquel l'astronome de Breslau n'a point pensé et qui, dans des circonstances favorables, vien- dra pousser des pointes encore plus favorables ': Pourquoi M. Galle, imi- tant Thésée, délaisse- t-il Ariane, dont la dis- tance moyenne est, il est vrai," do ;"W,000 rayons terrestres , et dont l'excentricité est sensiblement plus grande (0,16 contre 0,15) 'Y C'est à des re- dit! relies d'un genre tout nouveau et d'une importance beaucoup plus grande que M. Levemcr veut faire servir les observations de ces petits corps ipie leur multitude et leur proximité rend si intéres- sants , et qui , comme le directeur de l'Observatoire de Paris l'a deviné, exercent une heureuse influence sur l'astronomie de l'avenir. LES M0NKRES Les Minières sont les organismes les [dus simples que nous connaissions et, peut-on dire, les plus sim- ples qui puissent exister. La vie s'y manifeste sous la forme la plus propre à nous faire comprendre ce qui Ja caractérise essentiellement, dépouillée de tous ses attributs secondaires. La première Molière fut découverte en 1801 par le célèbre professeur d'Iena, llceckel, et le nombre s'en est accru depuis lors successivement. Ces dé- couvertes ont eu un grand retentissement dans le nombre rond, son mouvement apparent est encore de 2,000, lors de l'opposition, ce qui constitue une différence sensible. 1 Nous citerons encore parmi les planètes déjà connues et étudiées, Fliocëa, excentricité, 0,25 ; Virginia, encentricité, 0,28; liuridice, excentricité, 0,~0, moitié de celle de certaines co- mètes périodiques, que Ton pourrait employer, avec beaucoup d'avantage peut-être, nu but que l'astronome prussien se pro- pose de remplir. HO LA NAT1JKK. monde scieuliliipic, par l'influence qu'elles exercè- rent sur nos théories de l'organisation, La Montre c]ui résume le mieux l'histoire de, ton- Las est le Protomgxa Auranliaca. A peine visible à l'œil nu, au plus de la. grosseur d'une pelile lète d'épingle, d'une coloration rouge orange magnifique, ce petit être consiste tout entier en une masse dégelée parfaitement homogène, trans- parente, et réalise ce paradoxe d'un organisme sans Organes. Non que cette absence d'organes soit le résultat de l'imperfection de nus instruments grossissants ; la chose, n'est pas admissible, et tout dans ces petits êtres confirme leur absolue- simplicité. On a donné un nom à cette matière gélatineuse, homogène, contractile, c'est le Sar- coole , encore nommé, mais plus i impropre- ment, Prot.apla.sma. ani- mal. A l'état de repos, la Montre: est sphérique un à peu près ; rien n'y dé- cèle la vie. Mais bientôt ce petit globe s'aplatit, la masse ijui le consti- tue s'épanche en diffé- rents sens, et ces expan- sions qu'on a nommés: « faiiv-pieds » ou Pseu- dopodes, sont dans un mouvement continuel de protraetion et de rétrac- tion. Quclqucfo s, la Mo- lière s'écoule tout en- tière dans une même direction ; c'est ainsi qu'elle change déplace. Et, lorsque, dans cette lente progression sur le fui limon calcaire des plages marines, elle rencontre, ce qui est la règle, quelqu'un de ces organismes microscopiques d'une extrême petitesse, les Diatomées, elle l'empâte dans sa propre substau' , e. Les matières alimentaires que la diatomée peut con- tenir, sont dissoutes sur place dans le corps de la Montre qui s'en nourrit, et abandonne- derrière elle les parties non digérées en s'avançant. plus loin. Sin- gulière bizarrerie qu'un être qui se nourrit ainsi, sans bouche, sans estomac, sans instrument quel- conque, eu s'incorporant la proie de toutes pièces, pendant qu'il se promène et. eu quelque sorte, pas- sivement, parce qu\l se promène! La Montre grossit ainsi peu à peu, et à un certain volume, elle cesse de croître, de progresser, fille se ramasse sur elle-même en une petite s, hère, et exsude à sa surface une matière incolore, homo- gène qui se durcit, formant uns enveloppe protec- trice à la masse incluse. C'est alors qu'un phéno- mène, des plus singuliers se produit : par un acte tout à fait spontané, la masse incluse se fragmente en un certain nombre de parties qui deviennent bientôt indépendantes, formant autant de petits amas spliériques pressés les uns contre les autres dans l'enveloppe commune. La Mouère n'existe plus : elle, s'est reproduite en se partageant, sans intermédiaire aucun, en ces nouveaux individus qui sont ses en- fant?. Chaque Montre fille est une partie déterminée de la mère et, à part cette portion de celle-ci qui a été. evsmlée pour constituer l'enveloppe, le reste, soustrait à la mort, va vivre une nouvelle vie et re- commencer la série des phénomènes que nous avons relraeés. L'enveloppe commune se dissout bientôt en effet, mettant eu liberté les petites Montres nouvelles, qui, dès le premier moment, sont semblables à la mère. A ce degré de simpli- fication extrême de la vie que nousofl'rc les Mo- ntres, l'organisation est doue réduite à du Sar- eoolo pur et la vie. se manifeste par la nutri- tion, la reproduction, la contraetilité , chacune réduite à ee qu'elle a de plus essentiel; la nutri- tion au phénomène in- time de l'assimilation; HiUoire ,!„ l>,-„L om v Vi irarauliaci. . d'après H.tcU1. K ! reproduction a la SC1S- , , „ , „ T , , sion spontanée en ses 1. l,u .Mojir'j'i.: r i 1 cru ils- repris. — 2. I.a me lanritil tins- iii,i'iiiln|iodi's , , , . . ut iTii'iTN.aul il» ,:.a-,« .itriin.L'iT ri a in s:i musse - 3. I.a m:',,,,-, un descendants ( SClSSip.l- voil! de TTproduirlimi ayaul f.'\çndi'' uni 1 nivsdnppc cl s'fHaiil. parlante rite i et la COlltractifité aux mouvements lents, en un rs'i-eiiii unmiire tl.- p^-iib amas splu'i-iques. — -i. l'iie Mimii-it fi, le m se in lilierrf' après ruplui-ii di' l'r:i v!il^upr>. — S. l.n mnne pins aYaneée r aviMr ses jT-inidopode;. diffus des pseudopodes. Le nom de Mouère qui vient de montres, simple, exprime ee qui faille caractère général de ces êtres, l'homogénéité et la simplicité. Les Montres sont marines pour la plupart, quel- ques-unes vivent peu profondément, sur les plages, étalées à la surface des corps sous-marins. Mais il en est une, le Bathgbius Hœckelii, qui vit aux incroya- hlesprofondeursde 12,01)0 pieds et quelquefois même d'au delà 5M,0(I0. Une seule d'entre elles est d'eau douce. Lu grand nombre de naturalistes placent les Mo- ntres, chez les animaux, parmi les Rhiznpodes. Le savant, qui les a dérouvertes, Ihctkel, en fait les principaux représenta nlsd- toute une catégorie d'êtres qui seraient intermédiaires aux animaux et aux végé- taux, les Protistes, ainsi nommés de prolos premiers parce que dans les idées de cet auteur, ce seraient les premiers représentants de lavie ([n'ait portés notre LA NATURE. 111 globe, et ceux dont il fuit provenir tous les mitres par l'application des théories modernes du Daivvi- nisme. .Vous n'avons pas ici à juger ces aperçus phi- losophiques qui rassortent de notre cadre. AniÉ SCHMLIDF.R. *<>o CHRONIQUE i/escapade du ballon enjitir de, Vienne, — L'aérostat dont nous avons annoncé la cnuslruclion, s'est envolé dans les airs pendant lagraode tempête dii2'Jjnin. La force du vent a été si grande rrue les amarres qui le retenaient ont été rompues en quelques secondes ainru que le câble destiné à le manœuvrer. Le ballon s'est dirigé sur une maison où luit personnes avaient trouvé un abri; elle eut pu être enlevée >ans un brusque changement du vent; car le câble que le ballon traînait à sa remorque avant pris dans un arbre l'a enlevé avec ses racines. Le sinistre n'aurait pas eu lieu si le nombre des amar- res avait été aussi grand que celui du ballon captif de Lon- dres et de l'Exposition universelle do 1iS(i7, et si le dia- mètre du câble avait été calculé de la même manière. (Juoi qu'il en soit, le ballon a été retrouvé quelques heu- res après à deux kilomètres au suri-est de Vienne dans une petite, ville nommée Allrnibniirg, située sur les bords de la I.eitli où se trouvent iks lies ravissantes. Les paysans avaient commencé à déchirer l'aéroslat connue il arrive souvent eu pareille circonstance, trais le bourgme.-tre étant intervenu, l'aérostat a été remisé dans l'auberge de l'Aigle noir, jusqu'à ce que ses propriétaires soient venus le reprendre. la perle est sérieuse pour nus compatriotes quoique le ballon ne lut gonflé qu'avec du gaz d'éclairage. 11 feuible évident que le malheur ne peut être réparé avant la fin du mois d'août. Les ascensions captives sont toujours difficiles à organi- ser, et pour réussir dans ces opérations, il ne faut négli- ger aucune des précautions, mises en pratique par M. 11. (iiflatd dans ses admirables constructions aeronatitiqu.es. Le Ssiiigc-I.iuji on Murikinu du J;>i l'Ail l/lMUCO. Deux cbinii.sles distingués, MU. I 1 . Sf.Jiiit.zeiibcigr:!- et 1. de Lalnude, ont présenté à la Société chimique, un travail fort intéressant sur de nouvelles applica- tions de l'indigo eu teinture et en impression. Jus- qu'ici la matière colorante de l'indigo, in-oluble dans les dissolvants généralement employés, acides, alcalins ou neutres, ne pouvait être ti.xée directe- ment sur les libres textiles. Pour arriver à rem- ployer eu teinture, il fallait, par une opéialion de réduction, la transformer en indigo blanc, soluble dans les alcalis. On emploie presque toujours aujourd'hui pour la teinture des fibres végétales à l'indigo, la cuve dite vitrioliquc, qui est composée de 4-00 lilres d'eau, de 20 kilogrammes d'indigo, de lOkilogratumes de proto- sulfate de fer et de 20 kilogrammes environ de chaux éteinte. Le sulfate de 1er est décomposé par la chaux ; il se transforme eu sulfite de chaux et en protoxyde de fer. (le protowde en contact avec l'eau la décom- pose, s'empare de son oxvgèue pour passer à l'étal de peroxyde; l'hydrogène isolé réduit l'indigo, qui devient susceptible, de s'unir avec la chaux en excès et de donner un sel soluble. (ietto cuve au sulfate de 1er offre un grand inconvénient, puisqu'elle ren- ferme un précipité abondant d'oxyde do fer et de sulfate de chaux : on est obligé do laisser déposer ce sédiment avant de pouvoir opérer dans un liquide clair. Eu outre, elle ne peut être usitée que pour la teinture des fibres végétales. Si l'on opère en effet, sur des étoffes de laine, il est indispensable d'hydrn- géner l'indigo au moven de substances organiques particulières, telles que pastel, vouède, garance, etc. et de préparer difficilement des cuves, sujettes à de graves accidents dont le résultat est quelquefois la perte complète de l'indigo employé. MM. P. Scliutzenbergei' et K. de Lalando rempla- cent ces méthodes par l'emploi de l'hvdrosulffte de , soude, dans la préparation des cuves d'indigo. Ils obtiennent ce sel en faisant agir le zinc en grenailles sur du bisulfite de soude, et en séparant ensuite ie sel de zinc l'orme par un excès de chaux. s fin mélangeant fliydrosulhte obtenu, disent les inventeurs du procédé, avec l'indigo lirové et les doses de chaux ou de soude, nécessaires pour dis- soudre l'indigo réduit, on obtient immédiatement, une dissolution jaune qui ne contient, comme par- ties insolubles que les matières terreuses que ren- ferme l'indigo. On peut de la sorte réduire 1 kilo- gramme d'indigo, de manière à obtenir une cuve très-concentrée d'un volume de 10 à lu litres seule- ment. — ■ Pour teindre, on verse dans la cuve de teinture remplie d'eau une certaine proporlion d'in- digo réduit : la teinture se l'ail, à froid pour le coton ou à une douce température pour la laine... Celle cuve employée pour la teinture du coton, se distin- gue par la laeilité et ia rapidité du travail ; elle pré- sente, en outre, dans la teinture de la laine, l'avan- tage d'éviter tout risque de coulage; elle donne des nuances plus solides et plus fraîches que les ancien- nes cuvos, et, permet d'obtenir sur lame des pieds de Lieu très-clair qu'on réalise ordinairement avec le carmin d'indigo moins solide. » MM. LSchut/enberger et de Lalando ne se sont pas contentés, de créer un nouveau système de teinture par l'indigo, ils ont encore fait, concourir utilement l'hjdrosuliîle de soude, dans les opérations de l'im- pression. L'impression du bleu d'indigo, ou bleu so- lide, s'effectuait jusqu'ici par des procédés difficiles et délicats, que l'on avait cherché en vain à amélio- rer d'une façon notable, La nouvelle invention consiste essentiellement dans l'impression d'une cuve d'indigo (dissolution alcaline d'indigo réduit), convenablement concentrée et épaissie; la couleur renferme, en outre, un grand excès d'hydrosultite de. soude. La présence de ce sel a pour effet de maintenir constamment dans un état de réduction complète, l'iiidigotine qui tend à s'oxy- der pendant, le travail du rouleau. L'expéiienee a prouvé qu'à teintes égales ou réa- lise sur l'ancien procédé du bleu solide une écono- mie de 50 à G0 [i. 100 d'indigo. Les teintes obte- nues sont plus solides et l'impression plus nette. Le nouveau bleu, n'ayant besoin après l'impression d'aucun traitement pour être fixé, peut s'imprimer simultanément avec la plupart des autres couleurs, telles que noir d'aniline, couleurs garaneées, ca- chous, couleurs chromées, etc. LA NATURE. Ile très-beaux échantillons obtenu-; parla nouveau procédé ont été présentés à la société chimique par les inventeurs 1 . fi. T. LES CARTES DU DEPOT DE LA GUERRE tement figurés de la même manière. Les hachures de même direction et de même intensité ne se distin- guent donc en aucune laçon, et l'œil ne serait capable de distinguer ni l'opposition des pentes, ni leur direction. Il s'ensuit que dans ces cas ex- trêmes, le résultat de ee système sera la confusion et par suite l'impossibilité de saisir le relief. On peut s'assurer, an reste, que cette prévision est justifiée, en parcourant quelques-unes des cartes de l'État- major, prises au hasard. Nous savons bien, que dans Les cartes géographiques ou typographiques, si la nature, les choses ne se présentent point avec les oppositions tranchées des exemples que nous avons choisis, mais ia confusion n'en existera pas moins énorme, dans toutes cartes représentant un terrain LA CAriTl'l DK L ÉTAT-J1AIOR AU longtemps discréditées chez nous, commencent à se populariser d'une façon manifeste. Parmi celles-ci, il en est une particulièrement dont l'usage devient chaque jour plus général. Nous voulons parler de la carte topogruphique de la France au ■ MM l linr dite de Flitat-inajor et que publie ie dépôt de la guerre, ha faveur du public à son égard s'explique aisément et par les qualités du travail et par l'intérêt de son objet. Cotte carte présente cependant un grave delh.nl. dont ont, été frappées, comme nous, des personnes d'une grande compétence et qu'il nous a semblé bon de signaler, en ce moment surtout, où nous savons qu'il se fait au dépôt de la guerre des essais relatifs anv travaux graphiques que nécessite l'exécution des cartes. Pour bien faire saisir ie défaut dont il est ici que>- lion, nous devons rappeler, un quelques mois, quel est le mode choisi au dépôt de la guerre pour repré- senter le relief du terrain. Le terrain est d'abord supposé coupé par des plans horizontaux équidistants, et ce sont les pro- jections de ces interscelions qui servent an tracé des ligues iigurant le relief. A cet effet, ou couvre les intervalles de deux courbes consécutives, de hachu- res dirigées dans le sens des pentes et dont les écartements elles épaisseurs soient combinés de ma- nière à produire Feifel de. teintes graduées suivant la rapidité de ces pentes. Tel est en substance, lo mode de représentation des pentes, admis au dépôt de la guerre, et lequel est, comme on le voit, basé sur l'hypothèse- de la lu- mière zénithale, c'est-à-dire frappant le terrain sui- vant une direction perpendiculaire au plan do pro- jection. Ce système paraît déprime abord, on doit le re- connaître, très-logique et très-seienliliqne , aussi bien que d'une exécution commode; mais nous allons voir que ces avantages sont largement compensés par un défaut inhérent au système, et qui eût dû, pour cette raison, le faire rejeter absolument. Dans ce mode de représentation du relief du sol, deux pentes semblables du terrain, courant directe- ment l'une vers l'autre, comme seraient par oxcmnle deux talus opposés et de même inclinaison d'un pa- rapet ou d'un fossé finissant en biseau, seront exac- 1 Vuy. liulletiti de lu Sorivtè chlinii/uc Je Paris, t, îi» 1 (5 juillet 1N73). XX, ^liâf) Wâ & ".'■■■■ ïy;;e ùaua l'hypollii'^e de lu lumière nhlir^ie. mouvementé. Et. là, l'œille plus exercé est hésitant et, se fatigue bientôt, dans cette recherche incessante du sens des pentes. Kn pouvait-il être autrement, et u'est-il pas vrai, que nous ne saisissons les formes et les détails d'un objet qu'à l'aide des contrastes et des oppositions qu'il présente, contrastes cl oppositions qui sont très-faibles dans l'hypothèse de la lumière zénithale ? I '. :i:£/.'£;:.v..i .;: Type dans L'hy pot tiès-e de la Uimirrc zénithal.:. L'hypothèse de la lumière obliquc'au plan de pro- jection, ne donne point lieu aux mêmes critiques. C'est celle qui a présidé à la confection d'un grand nombre de belles cartes topographiques et de la plu- part des cartes géographiques, exécutées en France. Parmi les premières, nous citerons les carlesdelama- rine. et la carte de Suisse, construit e sous la direction du général Dufour, Le lecteur pourra se convaincre, en vovant ces caries, de la supériorité de ce système sur le précédent, et de l'effet saisissant de relief, ne LA NATURE. produit par le figuré du terrain lorsque la gravure en est un peu soignée. Les deux croquis ci-contre, qui n'ont ni la préci- sion, ni la délicatesse de modelé que demande un pareil travail, suffiront néanmoins pour faire juger du mérite comparatif de chaque mode de représen- tation. On ne saurait prétendre que le système basé sur l'hypothèse de la lumière zénithale se prête seul à une représentation rigoureusement exacte du sol, puisque ce, résultat n'est pas même atteint par la carte de l'État-major. Nous oserions défier le plus exercé, de construire avec quelque précision, une coupe verticale du terrain suivant une ligne de quel- que étendue, tracée au travers de la plupart des feuilles. Mais au reste, il importe de se demander si c'est hieu là l'objet principal de ce travail et si l'on s'est proposé d'eu faire particulièrement un instrument de recherches scientiliques et de travaux de cabinet ; à cela nous répondrons hardiment, non. L Son origine le prouve suffisamment. (l'est une carte militaire, qui doit ser- vir aux opérations militaires ; c'est-à-dire facilite]' aux chefs militaires de tout rang, la connaissance ra- pide des lieux où ils doivent opérer, en leur évitant tout travail abstrait capable de les distraire de soins plus importants. Elle doit aussi aider tous ('eux qui se livrent à l'étude des opérations militaires des temps écoulés. Pour remplir complètement son ob- jet, dans tous ces cas, la carte doit être une repré- sentation aussi vivante que possible du pars, elle eu doit être, en un mot, comme le portrait, plutôt qu'une épure sèche et froide, visant à la rigueur ma- thématique. Le seul avantage incontestable, du mode admis par le dépôt de la guerre, pour la représentation des pentes, consiste dans sa simplicité et dans la facilité qu'il présente dans l'exécution du travail île hachu- res, lequel peut se faire sans tâtonnement et d'une façon presque machinale. 11 est évident qu'il n'en serait plus ainsi, avec l'adoption de l'hjpothèse de la lumière oblique. Là, les tons de ta nuance à appli- quer, quoique faciles à déterminer, exigent cepen- dant une attention beaucoup plus grande. La carte n'est plus l'œuvre du géomètre seulement, elle de- vient aussi œuvre d'art, de sorte que le dessinateur doit être le géomètre doublé d'un artiste. Le travail est donc plus considérable et plus délicat. Mais nous sommes sûrs qu'une solutionne saurait être rejelée en raison des difficultés qu'elle présente, Nous espé- rons aussi, que devant les critiques justes et persis- tantes du public, le dépôt de la guerre ne persévé- rera pas dans une pratique défectueuse , qui annule la majeure partie des avantages que devait produire au pays, une somme considérable de travaux scientiliques. Kuuèse GuiLI.EMI.N, — Lu suile, jirocliaiiienifiit. — LE TREMBLEMEXT DE TERRE DE LA SAINT-riEUIiE. (Suite et fin.— Voy. p. OS.) Des secousses assez vives pour jeter l'alarme parmi les populations du Val Mareno ont continué à se faire sentir pendant, les premiers jours du mois de juillet. Kilos ont ébranlé la ville de Bellune, dont la cathé- drale, qui n'avait été que lézardée, a lini par s'ébou- ler tout à fait. La sacristie, qui contenait des archives elles reli- quaires de plusieurs saints, u été ensevelie sous les décombres . A la suite.de cet. événement, les autorités locales ont pris la résolution d'interdire la messe dans les églises, qui toutes ont été [dus ou moins compro- mises. Les cérémonies religieuses ont heu sous des ten- tes, où du reste les habitants se sont réfugiés en nom- bre considérable. Les dommages occasionnés par cette grande crise sont évalués à plusieurs millions; ils frappent u\k des populations les plus pauvres de toute l'Italie. On évalue, en effet au quart, le nombre des habi- tants qui émigreut chaque année de ces régions pour chercher du travail dans les parties plus riches de leur pays. Bellune fournit un contingent assez im- portant un recrutement du clergé. Le fameux Gré- goire XVI, prédécesseur immédiat de Pie IX était né dans cette ville. Les ruines sont éparpillées dans un grand nombre de villages, de sorte que nous avons dû indiquer par des signes conventionnels, sur la carte ci-contre, les beux qui ont été le plus directement frappés. .Mais tous les noms que nous désignons figuraient indis- tinctement pour une somme plus ou moins grande sur l'état de répartition des secours qui ne tarderont point à arriver, car le syndic de Bellune a fait un chaleureux appel à la charité, publique et privée, fa population de la liante Italie est si ignorante et si superstitieuse, que les autorités publiques ont dû se préoccuper surtout du soin de la rassurer; c'est à peine si l'on peut recueillir quelques-uns des faits instructifs qui se sont produits pendant la cata- strophe. Lorsque les géologues, fort nombreux et fort in- struits en Italie, auront parcouru le district atteint, ; on pourra dresser un tableau définitif de l'ensemble | du tremblement déterre. i\ous apprenons par la informa que la Société Vé- nitienne et Trentième d'histoire naturelle vient de nommer une commission chargée de parcourir toutes les communes de l'Alpa'go où les secousses ont été les plus violentes et les plus répétées. On peut remarquer toutefois dès aujourd'hui qu'un grand nombre d'accidents sont groupés au- tour du lac Santa-Croee, dont le niveau s'est élevé de 50 centimètres environ. Comme ce lac, de forme LA NATURE. 117 à peu près triangulaire est long d'environ 5 kilo- mètres et large presque d'autant à la base, ou peut lui attribuer une surface d'environ \ kilomètres carrés, c'est-à-dire i millions de mètres carrés. Le poids de l'eau dont le volume du lac s'est aug- menté est donc de 120,000 quintaux. Quel puissant effort mécanique exercé par les gaz intérieurs pour refouler une telle masse ! BiKvtcliczEAatA Cenlrc du tremblement ds terre du i'J juin (dressé d'après la carte d'éiat-major autrichien). Il ne paraît pas douteux, que les Alpes ne soient le résultat d'une série innombrable de. tremblements de terre se succédant les mis aux autres à interval- les plus ou moins rapprochés, et dont le résultat final a été de donner au terrain son relief actuel. Les derniers de ces tremblements de terre ont été évidemment liés avec l'apparition des roebers vol- caniques faisant partie du système des monts Baldo. Ces monts de formation récente, et d'un volume insignifiant par rapporta celui des Alpes, surgissent au milieu des terrains jurassiques et des terres J'ai- luviun qui constituent laLombardieet la Yénétic. Si i 18 LA NÀTUnl l'on prolonge. l'axe du valMareno, on voit qu'il corres- pond nettement à ce massif si important. Il en est doue ainsi de la d.rection des secousses qui, coinine noire tarit; l'indique, semble également avoir coïn- cidé avec le Thalweg de la vallée. Quoi qu'il en soit, il y a déjà bien des siècles que liellune n'a été ravagé pur des tremblements de terre. Il faut remonter jusqu'aux premières années du douzième siècle, pour trouver la trace d'un événe- ment analogue, qui, à cette époque, lecmina la pé- riode de qualre ou cinq siècles pendant lesquels les tremblements de terre ont été très-fréquents dans tout le district alpestre. Au douzième siècle. 1 , comme de nos jours, Trévise et i'cltre paraissent avoir été épargnés, car les habitants de ces villes sont, venus au secours de leurs compatriotes, victimes du lléau, avec une générosité que probablement leurs succes- seurs de 187Ô ne parviendront point à dépasser. On a découvert, depuis quelques années, dans le val Mareiio, des gisements, actuellement exploités, de liguites. Ces hgnites servent de combustible pour alimenter plusieurs industries locales, ha couleur rouge Subitemeiitprisc par les eaux de la Vena d'Oro indique qu'il y a quelque part, dans les profondeurs de la terre et dans le voisinage de la Vena, des gise- ments de fer o.xvdé, peut-être exploitables. II n'y a pas de catastrophes dont la science ne puisse tirer un parti véritablement avantageux. Mais dans des siècles d'ignorance et de superstition, la vue d'une rivière couleur de sang aurait été probablement exploitée par des charlatans éhontés ! Les observations du tremblement de terre ont. été faites à Venise, avec beaucoup de précision, par un correspondant du Times. D'après ce savant, les se- cousses semblaient se suivre avec une sorte de régu- larité. C'est une remarque qui a été faite bien des fois, et que l'on rencontrerait presque toujours dans les ré- cits des observateurs, s'ils n'étaient trop souvent troublés par la crainte qu'ils éprouvent, pour profiter dt! ce qu'ils entendent, de ce qu'ils touchent et de ce qu'ils voient. Avec quel enthousiasme ïi 'étudieraient- ils pas ces grandes et belles crises s'ils étaient certains d'y échapper ! IVe peut-on, en effet, appliquer à la nature ce qui! le roi de Danemark disait avec tant d'à-propos, d'IIamlet : « Il est fou, je le veux bien, mais il v a une méthode dans sa folie. » REYliE AGRICOLE I.E9 CONCOURS RÉGIONAUX. RÉORGANISATION 1)11 CON- SEIL SL'1'KHIEUH DU COMMERCE, DE L'AGRICULTURE ET DE L'INDUSTRIE. LA FENAISON. L'agriculture est entrée dans la saison de ses tra- vaux les plus importants. De tous cotés ont eu lieu les concours régionaux, les comices agricoles, et malgré les désastres éprouvés par les départements envahis, nous avons été heureux de constater que le courage et l'énergie n'avaient point abandonné les cultivateurs de. noire malheureux pavs. Parmi les améliorations qu'on se propose de réali- ser dans les concours, nous signalerons la réforme des programmes dans un sens plus spécial à chaque contrée, dans le but d'encourager surtout la culture des végétaux et des animaux de chaque région agri- cole. Un autre vœu, Irès-irnportaut c'est que, dans les concours régionaux, l'espèce chevaline soit admise au mèrne litre que les autres espèces d'animaux do- mestiques, et indépendamment de. l'administration des haras. Si, depuis vingt-cinq ans, les agriculteurs avaient pu agir sur la production du cheval, l'éle- vage serait aujourd'hui considérablement amélioré, car il est incontestable que les concours régionaux soûl les meilleurs stimulants de la prospérité agri- cole. Aus-i est-il très-important que l'Assemblée na- tionale ne supprime pas les allocations qui sont des- tinées à ces concours. Puisque, nous sommes dans les questions de réorganisation, nous devons dire (pie le nouveau mi- nistre de l'agriculture et du commerce, M. de la Boiullerie, a inauguré son entrée en fonctions parla réorganisation du conseil supérieur du commerce, de l'agriculture et de l'industrie. Ce conseil, après divers changements, avait été rétabli par les décrets des 1") mars et G mai 187"2. La nouvelle réorganisation augmente le nombre des membres et divise le conseil en trois sections, correspondant aux trois grands inté- rêts ; commerce-, agriculture et industrie sur lesquels il sera consulté. Le temps a été presque partout très-favorable à ht fenaison, opération qui parait bien simple et sur la- quelle on a beaucoup discuté. 11 parait néanmoins hors de doute, aujourd'hui, que les combinaions alimentaires, résultant de l'opération du fanage, sont, [il us complètes ou mieux conservées dans les foins obtenus par la fermentation concentrée que par le séchage extérieur tel qu'on le pratique. Les inconvé- nients de celui-ci sont réels. Par le marnais temps, il est, (uTlioile , onéreux et ne donne qu'un fourrage dont les qualités sont plus ou moins détruites, et qui même peut être avarié ; par un soleil trop ardent et sous l'influence d'un air trop desséchant, il favorise la chute des Heurs et des feuilles, et ne fournit plus que des tiges dures et ligneuses, dépouillées de leurs parties les plus riches et les plus alimentaires. Le faneur reste bien [dus maître, de l'opération lorsqu'il procède par fermentation. Lr, même moyen est applicable au fanage du trèfle, de, fi luzerne ou de la \esee. L'expérience a démon- tré que ces [liantes, difheiles à dessécher au point voulu par le séchage appliqué au fanage des foins naturels, devenaient friables et cassantes par un temps très-chaud ou très-sec, et perdaient alors le meilleur de leur substance; ce sont ces inconvé- nients qui ont montré les avantages delà fermenta- tion. LA NATURE. 119 Voici comment on procède : on luisse ni pince, sans y toucher, tes aniliiins, pandaiiL un ou deux jours, puis ou fufiue dus petits tas de cinq à six dé- cimètres dé diamètre suc autant d'élévation. Ou les confectionne avec la précaution de ne pas les serrer. Lorsque le temps est beau, eu deuxuu trois jours on obtient une demi-dessiccation qui permet du former d'autres tas, auxquels nu donne la forme conique et une hauteur de 2 mètres environ. 11 faut avoir soin que ces petits menions aient une forme régulière et pointue, afin que les fortes averses ne les endomma- gent pas. La Icnnutitatioii se développe et la dessiccation s'o- père sans antre manipulation ; les choses restent en cet état jusqu'à l'enlèvement du champ, si la pre- mière opération a été suivie de pluie. Ou se borne à retourner les petits tas et à les des- serrer, aliu que l'air puisse les pénétrer et les faire parvenir à la demi-dessiccation, jugée nécessaire, avant d'en venir à faire les petits menions coniques. (In ne charge la voiture, pour la rentrée, de. ces fourrages, que le soir et le matin; on évite ainsi les heures d'ardeur du soleil et de grande sécheresse de l'air, durant lesquelles les feuilles et les (leurs se brisent si facilement. II. Ueuzé, de retour de l'Exposition de Vienne, a exposé à la Société centrale d'agriculture le résul- tat de ses observations agricoles dans les provinces d'\utriche; il a cité les procédés de fanage usités (Luis le Tyrol et la Carinthie, et qui se distinguent par l'eniploï de cavaliers en bois pour former des sé- choirs. Tour notre pays, ce mode ne peut constituer qu'un expédient, qu'un accident; rien n'y est préparé pour l'emplover à point nommé, et la récolte serait probablement fort compromise, avant qu'on fût en mesure de la sauver par ce procédé. La moisson ne va pas tarder à commencer. On l'anche déjà les escourgeons, et le ministre de la guerre vient d'adresser aux préfets des instructions au sujet du concours prêté par les soldats aux culti- vateurs. Il résulte de ces instructions que pour rendre plus facile et en même temps plus prompte la transmis- sion de demandes des cultivateurs, ces demandes seront approuvées et adressées aux autorités mili- taires, non par les préfets mais par les sous-préfets, qui ne devront, bien entendu, les appuyer qu'après s'être assurés qu'il y a lécllemeut insuffisance d'ou- vriers civils dans les localités. De plus, l'indemnité à payer par les cultivateurs aux militaires mis à leur disposition, sera désormais fixée d'une manière uniforme pour chacune des dix régions géographiques , entre lesquelles se repar- tissent, au point de vue agricole, les départements de la France. Chacun de ces militaires recevra une somme de 1 fr. 23 c. par jour, outre la nourriture telle qu'elle est donnée aux ouvriers civils, travaillant dans les mêmes conditions. Enfin, pour assurer, autant que possible, le bon ordre et la discipline parmi les sot" dats qui seront employés chez les cultivateurs, l'au- torité militaire les fera surveiller, d'une manière spéciale, par la brigade de gendarmerie du canton où ils séjourneront momentanément. Ils seront, à la moindre plainte, renvoyés au corps et y subiront, s'il y a lieu, des punitions proportionnées à la gravité des faits qui leur seront imputés. Kiwest Menault, LES PLOISGEOXS I.a tardive apparition des chaleurs a permis à di- verses espèces d'oiseaux migrateurs, propres aux ré- gions arctiques, de prolonger, cette année, leur séjour sous nos latitudes. Parmi ces espèces voya- geuses se font surtout remarquer les Plongeons, dont nous donnons ici un dessin. Ces curieux Palmipèdes font partie du sous-ordre des lîrévipeimes, ou nageurs à ailes courtes; ils se placent, par suite, à côté des genres européens cou- nus sous les noms de Grèbes, de Cuillemots , de Mergules, de Macareux et de Pingouins. Le groupe des lîrévipeimes constitue une sorte de, passage entre Ses Palmipèdes ordinaires et les singuliers Manchots des côtes antarctiques, dont les ailes tout à fait im- propres au vol et. n'ayant plus que des vestiges de plumes d'apparence squameuse, sont transformées en véritables palettes natatoires : ces sortes d'ui- seaux-poissons, ainsi qu'on les appelle avec raison au point de vue morphologique, représentent le plus haut degré d'adaptation du type Oiseau à la vie aquatique et occupent en réalité, dans la deuxième classe des Vertébrés, une place analogue à celle des Cétacés dans la classe des Mammifères, Les Plongeons se distinguent des autres Brévi- pemies par des catactères extérieurs très-nets. La palmature, remarquable par son grand développe- ment, est pleine et entière, au lieu d'être festonnée comme chez les Grèbes; elle est soutenue par trois doigts robustes dont, l'externe est le plus long. Le pouce, ou doigt postérieur, est petit et porte à terre par le bout. Les tarses sont courts, reculés sous l'extrémité de l'abdomen cl déjetés sur les cotés ; leur solidité est. en rapport avec l'énergie delà loco- motion; ils sont très-comprimés latéralement et presque tranchants en. avant, afin d'éprouver moins de résistance de la part de l'eau, dans leur mouve- ment de projection. Le bec, au moins aussi long que le reste de Ja tète, est droit, fort, haut à la base, presque cylindrique, et terminé en pointe conique; ses bords sont rentrants et finement dentelés ; les narines, oUongues, assez larges, sont situées à sa base. L'iris est d'un rouge vif. Les ailes sont de faible longueur, pointues et étroites, avec la deuxième et troisième rémiges plus longues. La queue est tres- courte, arrondie.ct composée de vingt pennes roides; elle sert souvent d'appui à l'animal lorsqu'il est à 120 LA NATUHK. terre. Le plumage présente un fond hnin ou noir tacheté mi strié de blanc; toutes les parties infé- rieures du corps sont d'un blanc pur- Le mâle et la femelle se ressemblent, cette dernière est seulement un pou plus petite; les jeunet;, enfin, ont un plu- mage particulier et ne prennent la livrée des adultes qu'au commencement de la troisième année. Pendant la nage, les ('longeons s'aident, tout à la fois de leurs ailes et de leurs puissantes pattes pal- mées; ces dernières, au lieu d'agir d'avant, en ar- rière, comme chez la plupart des Palmipèdes, se meuvent de côté: et se. croisent en diagonale. Sous l'impulsion de ces quatre avirons, ils fendent l'eau avec une telle rapidité que le. bateau le plus léger monté par les pins vigoureux rameurs, ne peut les gagner de vitesse. La position très-reculée des mem- bres postérieurs favorise le mouvement de bascule que les Plongeons exécutent au moment où ils dis- paraissent sous les eaux, soit pour guetter ou sur- prendre leur proie, soit pour se dérober au\ pour- suites dit chasseur. Ce sont cle tous les oiseaux aqua- tiques les plus difficiles à tirer: lorsqu'ils nagent., leur corps est souvent entièrement, submergé et, la tête seule apparaît de temps en temps ; lorsqu'ils plongent, ils le font avec une telle promptitude qu'on ne peut trouver le temps de viser ; le séjour sous l'eau peut se prolonger plusieurs minutes, et s'ils remontent à la surface, c'est pour v glisseravee la rapidité d'une (lèche, et bientôt disparaître de nouveau. Autant les Plongeons sont agiles dans les eaux, autant ils sont pesants et gauches sur la terre ferme ; la position reculée, des membres inférieurs cesse alors d'être avantageuse. Pour avancer et se soutenu' sur leurs pieds courts et situés à l'arrière de l'abdomen, ils sont obligés de se lenir debout cl le corps dressé presque verticalement, à la manière des Manchots; les cuisses étant très-déjotées sur les côtés , la progression ne peut s'effectuer sans un ba- lancement latéral de tout le corps, analogue à cel ni qui acrompagne la claudication: cette allure embarras- sée est surtout frappante chez le Grand-Plongeon et lui a valu le nom de loon ou Boiteux qu'il porte en Laponie. En outre, le centre de gravité étant très- élevé, l'équilibre ne. peut être maintenu qu'au prix des plus grands efforts ; aussi l'animal préfèret-il souvent se traîner sur le ventre lorsqu'il veut gagner l'eau ou rejoindre son nid. Les Plongeons que l'on rencontre parfois sur le rivage se, montrent pour la plupart tellement indolents, qu'ils restent étendus sur le sol lorsqu'on les approche et se laissent pren- dre à la main, plutôt que de se déterminer à fuir. Ainsi que l'a fait remarquer M. Hardy, ces oiseaux, sentent si bien leur impuissance, lorsqu'ils sont à sec qu'ils n'approchent des côtes qu'alors que le vent vient de terre et que la mer est fort calme; alors ils aiment à longer le rivage de très-près ; mais que le vent change et vienne du large, on les voit aussitôt prendre leur vol et gagner la haute mer : cet in- stinct explique pourquoi on ne trouve, jamais de plongeons parmi les oiseaux de mer surpris par la- tempête, ou tués par les lames qui battent, les rochers du rivage. Bien que. pourvus seulement d'ailes courtes et de faible surface, les Plongeons se montrent capables d'un vol encore assez élevé et assez soutenu ; c'est, d'ailleurs en volant, qu'aux époques de leurs migra- lions, ils traversent, une contrée pour se rendre dans une autre, et. qu'ils se transportent parfois à l'inté- rieur même, des terres et à une distance plus ou moins considérable des côtes. Lorsqu'ils se meuvent dans l'air, ils poussent généralement de grands cris qui s'entendent de très-loin ; s'ils rencontrent un oiseau de proie, ils s'abattent obliquement avec une. étonnante rapidité et se rendent inaccessibles à leur ennemi en plongeant à plusieurs reprises. fa nourriture de. ces Palmipèdes consiste princi- palement en menus poissons qu'ils poursuivent sou- vent jusqu'au fond de. Peau; ils sont si ardents à cette chasse, qu'il arrive assez fréquemment qu'ils se trouvent pris dans les (ilets des pêcheurs. A défaut de fretin, les Plongeons s'alimentent de frai, de crus- tacés ou d'insectes aquatiques. (les oiseaux soûl monogames ; chaque paire niche séparément dans les anfracluosités des cotes déser- tes ou dans les îlot? solitaires, quelquefois même à de grandes distances de la mer, sur le boni des lacs ou des étangs, l.e nul, plat, composé de courbes herbacées, est, enfoui tarnii les joues et les roseaux; il est toujours placé très-près du rivage afin que la mère n'ait, au sertir de l'eau, que Irès-pou à mar- cher pour l'atteindre. La ponte s'effectue au mois de juin, et ne produit liahiluelleineut que deux reuls oblongs, à fond brun olive marqué de points et de lâches de teinte plus foncée. Les mères défendent, très-bravement leurs petits et lancent aux agresseurs île violents coups de leur robuste bec en forint' de dague. Les Plongeons habitent les régions arctiques des deux mondes, et chassent indifféremment dans la mer et dans les eaux douces. Vers le milieu de l'an- née, on les rencontre en troupes nombreuses sur la plupart des terres boréales, mais lorsque le froid de- vient un peu vif, ils descendent des glaces de la baie d'Iludson et du détroit de Davis, des grottes de cristal du Groenland, du Spihbo.rget de. la Nouvelle-Zemble, des ci'ites déchirées de la Laponie, ainsi que des ré- cifs des îles Lherrv et de l'Islande jiour se transporter sous des climats plus hospitaliers; ils se dirigent alors vers les fiords méridionaux de. la Scandinavie, vers les 'des Shetland, les îles l'éroé, les rendes, l'Ecosse et les Hébrides. Lorsque l'hiver est très-ri- goureux, les Plongeons continuent à émigrer vers le sud, et peuvent ainsi s'avancer jusque sur les côtes de la Manche. 11 n'est pas rare même que le froid les pousse jusque dans l'intérieur des terres: c'est, ainsi que des familles de ces oiseaux voyageurs se rencon- trent habituellement on hiver sur les lacs de la Suisse et que plusieurs individus isolés ont pu être captu- rés dans les lagunes de l'Artois, de la Picardie et 122 LA NATURE. jusque sur les cours d'eau de la Champagne. Les Plongeons qu'on observe ainsi dans nos contrées sotil. constamment des sujets jeunes ou adultes depuis peu, car c'est seulement dans leurs premières aimées que ces Palmipèdes à \ol lourd et pénible possèdent la grande vigueur qui leur est nécessaire pour fran- chir de larges bras do mer. Dans le courant du prin- temps, ils quittent les latitudes tempérées pour regagner peu à peu les régions circumpolaire-. Le genre Plongeon ou Cohimbus de Linné (de xôVjufSo;, plongeur) comprend trois espères dont les caractères ont été parfaitement définis par Mil. De- gland et Gerbe dans leur savant ouvrage sur l'oini- Ibologie européenne. Ces espèces, citées par ordre de faille sou! : le f.at-Mariu (Calitmbus nt^ptenlrionalis), le Lumme (('. arcticus) et l'Imbrini ou Grand-Plon- geon(C. tjlacùtlix). (Voir la gravure.) Le Cat-Marin se reconnaît au premier aspect, à la tache d'un roux-marron vif, bordée d'une teint e gris, de souris, qu'il présente sur le devant du cou. Les plumes de ses flancs sont variées de taches longitudi- nales brunes ; le dessus de son corps est d'un brun noi- râtre parsemé de petites taches blanches irrégulières à la partie supérieure du dos et prenant la forme de raies ou de bandes à l'extrémité des seapulaires, c'est-à-dire des plumes insérées sur l'épaule; chez les individus très-vieux, toute la surface du dos et des lianes est d'un brun noirâtre sans taches blanches. Le prolil de la mandibules supérieure est droit, au heu d'être convexe comme chez les deux autres espèces; enfin la taille des adultes est d'environ ()"\ri L !2. Ce Rlongcon habite les eaux boréales et pins par- ticulièrement les cèles de la Norvvége, des îles Lnl- fodeii et de l'Islande ; il est de passage annuel sur les côtes de la Hollande, de la Belgique, de l'Angle- terre et de la France ; il se montre également pen- dant l'hiver sur les rives des lacs de la Suis-scot dans quelques-uns de nos départements du centre ; ait mois de décembre 1831, un jeune Cat-Marin a été tiré dans le département de l'Aube, sur les bords de la Seine. ' Le Lumme a )e devant du cou noir, avec un demi- collier varié de blanc au-dessous de la gorge ; les plumes des lianes sont noires, sans taches à l'extré- mité ; la taille des adultes est en moyenne de(l m ,l">8, les roufs, un peu plus gros que ceux de l'espèce pré- cédente, ont un grand axe de U m ,u8u àO m ,08ô et un petit axe de 0"',O49 à 0"\Û51. Le Plongeon Lumme vit habituellement dans la Raie d'IIudson, sur les côtes du Groenland ainsi que dans les golfes du nord de la Sibérie et de la Russie ; mais il se répand dans beaucoup de contrées d'Eu- rope à l'époque de ses migrations. Plusieurs indivi- dus ont été. rencontrés à la lin de novembre et dans le courant du mois de décembre, sur la cote de Dunhcrque et jusque sur celle de Dieppe ; «deux autres ont été tirés à la même époque dans les ma rais de Vendin, aux environs de lléthune, à la suite de tempêtes et d'un vent impétueux souillant du nord-ouest depuis quinze jours, Plusieurs voyageurs assurent que le Cat-Marin était autrefois très-commun au-i Oreades, mais qu'on l'en a fait disparaître par un commerce exagéré de ses œufs. I.'linbrim ou Grand-Plongeon est d'une taille supé- rieurs; à celle de l'Oie : c'est pour celte raison que les habitants des Oreades et des Shetland lui donnent le nom d'eiiiberrjûose. Il mesure :a ,7G à 0"',8u de- puis le bout du bec jusqu'à l'extrémité do la queue, ses amis ont do ()"\()88 à Û'",0 , ,)1 de longueur sur (.]"', Ojo à m ,0;>8 de largeur. La tète et le cou sont d'un beau noir de velours à reflets verts et bleuâtres; le bec, également d'un noir lustré, est fort et plus long, relativement aux dimensions des autres parties du corps, que chez les deux espèces précédentes, l'n double collier formé de bandes régulières et pa- rallèles alternativement blanches et noues orne le de- vant du cou et le bas de lu gorge ; au-dessous, une large bande d'un noir lustré, moirée de vert et de violet, va se fondre en arrière avec le manteau. Les plumes des parties supérieures du corps sont du même noir de velours et présentent deux taches ova- les à leur extrémité, petites sur le dos et sur les sus- caudales, mais grandes sur les seapulaires : ces ran- gées concentriques de mouchetures, produisent un très-bel effet, surtout au printemps, où les diverses teintes de plumage que nous avons données comme caractéristiques pour les trois espèces de Plongeons, se montrent dans tout leur éclat. Les rémiges et les caudales sont seules dépourvues de taches. De même que chez les deux types précédents, la poitrine et l'abdomen de l'Imbrini sont d'un blanc qui a pu cire, sans exagération, comparé à celui de l'Hermine. 1,'linbnui habite le nord de l'Europe ot de l'Amé- rique ; il est tiès-aboiidant. en hiver aux Hébrides, eu Ecosse et eu Nonvége ; son apparition eu France est irrégulière et lorsqu'il nous visite, c'est toujours sous son plumage des premiers âges ; ou l'a trouvé en robe de noce sur le lac de Zurich, où les jeunes des trois espèces se donnent souvent rendez-vous dans In saison froide. Les Plongeons ne sont pas d'un très-grand profit pour l'homme ; leur chair est coriace ot exhale, eu outre une odeur huileuse repoussante ; leurs œufs seuls sont mangeables, et sont même dans plusieurs localités, l'objet d'un commerce assez actif. Les Sa- moyèdes de bords de l'Obi tannent les peaux du Grand-Plongeon et les préparent de façon à en con- server le duvet; ces peaux, réunies ensuite bords à bords par des coutures, sont dans cet état vendues aux Russes qui les confectionnent à leur tour en toutes sortes de vêtements, à la fois chauds, solides et im- perméables. Le poète Reguard, dans son Voyage en Lupouw, raconte que les indigènes de cette con- trée couvrent leur tète d'un bonnet fait avec la peau iluLurmue: « Ils le tournent, dit-il, de façon que la lèLe de l'oiseau excède un peu sur le front et que les ailes leur tombent sur les oreilles. » Détruire cet oi- seau est aux yeux des l\'on\égiciis une très-grande im- piété parce que ses différents cris leur servent de présage pour le beau temps et pour la tempête. Se LA NATURK. 125 Ion Othon l'abricius, auteur do la Fauna groenlan- dica, les naturels de la Laie d'IIudson se couronnent de jd unies de divers Plongeons et mettent à pioiit leur peau pour en faire, comme les Samovèdes, des vêtements d'hiver. K. Yionks: ■> PHÉNOMÈNE ACOUSTIQUE DE GEBEL-KAGUS. Le (iebel-Xagus est. une colline sablonneuse qui fait partie des contre-forts oeeidentanx du massif de Sinaï, et. qui est à environ huit ou dix kilomètres du petit port. de. Tor. It'après les nouvelles observations du capitaine H. -S. Palmer, le sable de celte colline aurait l'étonnante propriété de rendre des sons mu- sicaux, quand il est agité pur des causes naturelles ou accidentelles. La légende indigène rapporte qu'autrefois il existait un monastère, plus tard en- seveli dans les sables, dont les moines faisaient cn- lendre le nagus on trompette de bois, de là le nom géographique. L'étendue de la pente sablonneuse s'élève jusqu'à f>0 mètres de liant. Le sable paraît différer peu de celui du désert environnant; ses grams, assez forts, sont des débris de quartî. Ils sont de même nature que les rochers des environs, friables, avant la cassure jaunâtre; ils sont brûlés du soleil. Ce sable est si homogène et propre qu'il suffit du passage- d'un homme, d'une bête de somme ou du vent pour pro- voquer sur cette pente inclinée environ à !29° le dé- part d'une traînée. Quelquefois aussi l'excès de cha- leur combiné avec la pluie déterminent une. sépara- tion de la croûte superficielle avec les particules sablonneuses. Quand le mouvement du sable acquiert une certaine importance, il se forme de petites on- dulations de sept ou huit centimètres de hauteur, que l'on pourrait comparer avec quelque exactitude à de l'huile ou un liquide épais qui coulerait sur une glace, avec des courbes et des festons variés. On en- tend alors un bruit singulier; léger au début, il aug- mente avec la rapidité de progression du sable, jus- qu'à ce qu'atteignant son maximum d'intensité, il soit perceptible à distance. Il dure pendant tout le temps que le sable glisse sur la pente. Ce son est difficile à décrire; il n'est ni métallique, ni vibratoire ; il ressemblerait, plutôt aux notes les plus aiguës d'une harpe éolieime, ou bien encore au grincement produit par un bouchon que l'on pro- mène durement sur un verre mouillé. On pourrait, aussi le comparer au bruit, de l'air chassé rapide- ment d'un flacon \ide; tantôt il produit à l'oreille du voyageur l'effet du tonnerre éloigne, tantôt celui des sons graves du violoncelle. Le, capitaine 11. -S. Palmer aurait observé que les couches superficielles étaient plus propres à la sono- rité que les couches sous-jacentes. Le sable à la tem- pérature d'environ 40° centigrades est d'autant plus mobile que la sécheresse détermine, le glissement ; se le mouvement du sable se produit quand il y a un peu d'humidité à sa surface., le bruit est insert sible. Ou a tenté, de faire des fouilles pour connaître l'é- paisseur de la couche de sable et la nature du sol sous-jacent, mais le glissement des sables supérieurs remplissant toujours les tranchées a été un ohstaele insurmontable. Dans certains endroits, on n'a pas rencontré autre chose que du sable; dans d'autres on a mis à nu un roc dur et compact. rendant les jours d'été, sous le soleil brûlant, quand souffle le vent du nord-ouest, le phénomène acquiert toute snn intensité. Le capitaine Palmer l'a remarqué sur plusieurs pentes de la même colline, sans trouver d'autres différences dans la production des sons que des rapports plus ou moins accentués avec la dhection du vent. Cette particularité sur le compte de laquelle on n'est pas encore bien définiti- vement fixé semble due.au choc répété des grains de sable les uns contre les autres. On connaît plusieurs phénomènes semblables dans d'autres endroits et notamment, à Rog-Ravan, à ."iO kilomètres île Caboul, et dans les plaines sablon- neuses d'Arequipa, au Pérou. Dans le Sahara, les vents légers qui frôlent les collines de sable produi- sent également une vibration particulière de même nature. il. (itaxiio. MACHINE SCHEMIÛTH L'agriculture a depuis longtemps cherché à s'ap- proprier la vapeur pour remplacer le bras de l'homme ; mais diverses circonstances, inhérentes à la pratique même des moteurs à vapeur, en ont dans ce cas restreint l'application d'une façon désastreuse pour les intérêts privés. L'une des premières causes, sinon la principale de celles qui nuisent à l'emploi général des machines tocomobiles , consiste dans la difficulté de se procurer, à des conditions d'éco- nomie pratique, le combustible (houille ou coke) nécessaire à l'alimentation des foyers. Il est aisé de comprendre les embarras que présente , dans une grande exploitation agricole, le transport d'une, masse considérable de charbon sur les divers points, souvent très- disséminés, où doit fonctionner nu moteur à va- peur. C'est en vue de surmonter ces obstacles qu'un in- génieur russe, II. Schemiotb, a eu l'idée de modifier ! le loyer des machines loeomobiles de manière à pou- voir y utiliser toute espèce de combustible. D;uis ce but, M. Schemiotb a entrepris, avec l'aide de MM. Ran- somes et llead, constructeurs à [psvvich (comté de Suffolk), une série d'expériences et de recherches fort longues, ayant pour objet d'appliquer les débris végétaux, et la paille en particulier, au chauffage des générateurs de vapeur. 12.4 LA NATURE. Pour bien saisira quel point cette idée t'tait ingé- ! liqm; sont rouvertes presque en totalité par lus cnllu- nieuse et féconde en résultats, il faut remarquer que its de blé ou de maïs. A l'époque de la moisson, le l'Ancien et le Nouveau-Monde renferment d'immenses contrées où le blé abonde tellement que la paille n'y a aucune valeur vénale : l'Amérique du Nord, de]iuis peu pies nomades île ce-; diverses contrées abandonnent momentanément, les villages pour établir des campe- ments nu milieu de leurs t'erliles prairies; lorsqu'ils la Sierra-Nevada jusqu'à l'océan Pacifique, les vastes i ont fauché le blé, puis battu la récolte, ils transpor- prairies de l'Amérique du Sud, et enfin la pallie orien- t tenl péniblement les «vains, sur des chariots attelés talc de l'Europe eompriseentre lamer Noire et l'Adria- ; de linuifs, à travers des routes à peine tracées, jus- l.n ui.ulii \]f. Sklir niolh ;\ l'E\|iO'-itin[i dr Vintin qu'aux entrepôts établis sur le bord des lleuves. lies [ grains sont alors portés par bateaux jusque dans les grandes villes, d'où ils doivent être expédiés sur les lieux de consommation. 11 est facile de comprendre quel parti on peut tirer, par un emploi intelligent, des ressources spéciales mises à la portée de. l'homme par ces grandes exploitations; en ei':et, la paille est à vil prix ou mémo à un prix nul dans ces jiajs privés de bétail où elle se trouve eu surabondance. L'idée de sou utilisation comme combustible une fois ad- mise dans le but de suppléer aux bras de l'homme par le travail de puissantes machines, examinons comment les inventeurs ont résolu le.s difficulté? pratiques de l'exécution. Lorsqu'on veut appliquer au chauffage d'une chau- dière à vapeur des matières végétales, telles que h paille de blé ou de maïs, les joncs, les tiges de cannes à sucre, etc., on rencontre divers obstacles. La paille, par exemple, sous un volume assez considérable, fournit une quantité de chaleur notablement [du; LÀ NATURti. 125 faible que celle obtenue avec un poids égal de char- bon; il importe donc, si l'an ne veut dépenser du combustible en pure perte, d'agrandir le foyer et de réduire, autant ipie possible, le volume de la paille employée pour le chauffage. Une autre difficulté inhé- rente au procédé consiste dans l'accumulation, sur les grilles du foyer, d'une quantité énorme de ma- tières siliceuses qui finiraient, par les obstruer com- plètement si l'on n'y prenait garde. Il en résulterait que le tirage nécessaire à la combustion ne s'eiïec- tuant plus, la boîte a fou se trouverait bientôt en- combrée par le combustible éteint . Pour obvier à ces divers inconvénients, les inven- teurs emploient les dispositions suivantes : ils agran- dissent un peu le loyer; d'autre part, ils remplacent la grille ordinaire à coke par une autre, dont les barreaux sont écartés de dix centimètres environ ; dans chacun des intervalles de ces barreaux passe une dent d'une sorte de îàteau, monté sur une tige mise à portée de la main du mécanicien. 11 suffit de ma- nœuvrer de temps en temps cette tige pour faire tomber les cendres accumulées sur la grille ; un tuyau relié, à la pompe d'alimentation et aboutissant au cendrier permet au besoin d'inonder d'eau froide les cendres brûlantes que le vent [leurrait emporter. Lorsqu'il s'agit d'introduire la paille dans le foyer, ou la place d'abord dans une sorte d'auge disposée comme, l'indique la ligure; cette paille vient alors s'engager entre deux rouleaux cannelés tournant en sens contraire, qui la chassent dans l'intérieur où elle est brûlée successivement avec une régularité par- laite. Au moment où l'on commence à allumer le feu, ces rouleaux sont mus par lamain d'un homme; mais une l'ois la machine mise en train, une. courroie sans lin entretient automatiquement leur mouvement de rotation; il suffit dès lors d'un cillant pour rem- placer la paille à mesure qu'elle est consumée, ï'.nliu si l'on veut utiliser le charbon dans les foyers Scliemiolh, une manœuvre très-simple permet de changer la grille et la plaque d'arrière de la boîte à feu. Une de ces locornobiles figure, en ce moment, à FKxposition universelle de Vienne l . P. W. SAIXT-ïllCIIKt. CHROMQUE I.e nrotoxyde d'azote. — Le protoxyde d'azote, dont un grand nombre Je dentistes font aujourd'hui usage comme auesthésique, a été découvert par l'illustre Priestley en 1772. C'est en avril 171)9 que sir Ihmiphry Davy ex- périmenta sur lui-même l'action de ce gaz sur l'économie animale. Les sous et l'esprit du célèbre ihirnislc anglais furent exaltés à tel point par l'inspiration du protoxydo d'azote qu'il fut transporté dans nue véritable extase. Il proposa de désigner le protoxydo d'azote sous le nom de yaz hilarant. Les documents de cet article sont empruntés à YEnginve- riwj. Malgré les nombreuses expériences auxquelles le pro- toxyde d'azote a été soumis depuis, les opinions les plus contradictoires ont été émises relativement a son action physiologique. Les deux points de l'action de ce gaz, comme gaz respirable et comme agent auesthésique, encore au- jourd'hui controversés , viennent d'être élucidés par MM. F. Jolyetet T. Blanche. Ces expérimentateurs ont placé des graines d'orge et de cresson sous des cloches contenant le protoxyde d'azote pur; les graines n'offraient aucune trace de germination, même après un espace de temps de quinze jours. D'autres graines semblables placées de la même façon dans l'air atmosphérique sont entrées en pleine, germination le troi- sième jour. MM, Jolyot et Blanche ont reconnu que le gaz liilniftid arrêtait complètement le développement des graines germées et que celui-ci se continuait dès que l'ac- cès était ouvert à l'air atmosphérique. Ils ont constaté que les fonctions essentielles de la respiration ne peuvent pas non plus s'effectuer dans une atmosphère de protoxyde d'azote pur. Des oiseaux y sont morts en trente secondes, des lapins et dis chiens en quelques minutes. Dans nue seconde série d'expériences, les savants dont nous analysons le turieux travail, ont recherché si le pro- toxyde d'azote possède réellement les propriétés anesllié- siques qu'on lui attribue. Le prutoxvdc d'azote mélangé de ■ 1S à 21 pour 100 d'oxygène, n'a causé sur des chiens au- cun affaiblissement appréciable de la sensibilité; des moi- neaux placés sous des cloches contenant un semblable mé- lange gazeux, sont morts après avoir transformé par leur respiration l'excès d'oxvgène en acide carbonique. Chez les animaux respirant le protoxyde d'azote pur, les auteurs ont constaté, en excitant, à divers moments, le nerf scia- tique, que la sensibilité disparaissait chez ranimai entre la troisième et la quatrième minute, c'est-à-dire à un mo- ment où l'animal offrait tous les signes de l'asphyxie, comme l'a prouvé d'une manière irrécusable l'analyse des gaz extraits de son sang. MM. Jolyet et Blanche concluent de leurs remarquables investigations que si le protoxyde [l'azote peut à un certain muiuentdéterinincr l'anesthésie, c'est par privation d'oxygène dans le sang, c'est-à-dire par asptivvie 1 . Lst-il prudent d'après ces recherches et ces résultats d'employer le protoxvdc d'azote, dans les opérations chi- rurgicales et dans l'extraction des dents '.'La réponse évi- demment semble devoir être négative. Cependant nous ne i pouvons nous empêcher défaire observer que depuis long- temps bien des personnes ont supporté Faction du pro- tusvde d'azole, sans qu'il en soit résulté aucun accident, ttne forêt submergée sous la Tamise — On sait en Angleterre qu'à Plumstead, à Dagenbain et dans d'autres parties de la Tamise, entre Wtotwich ctErith, on peut voir à la marée basse les restes d'une forêt submergée sur laquelle le fleuve coule aujourd'hui. Ce fait a été décrit il v a environ cent cinquante ans par le capitaine Ferry, Kn 1817, le doyen Guckladden a fait l'objet d'un mémoire qu'il a présenté à la Société géographique do Londres. Lu assez grand nombre de membres de l'association géologique, se sont récemment rendus à la station d'Ah- bey Wood et, de là à travers les marais, de Plumstead à Crossness, où des barques les attendaient pour aller visiter les restes de cette forêt submergée et les sommets émer- geant des arbres sur Ses bords do la rivière... On avait fait des excavations dans les marais à environ 1 Comptas rendus de l Académie des sciences, t. LXXMIj u° 1 (7 juillet 1873). l'ifi l.\ NATUKK. douze pieds de profondeur. Le toi de lu forêt avec tous les objets intéressants qu'il recèle, a clé mis à nu et expose aux regards. Au-dessous de six à huit pieds de terre d'alluvion, on a trouvé un sol formé de branches, de feuilles, de se mciices, de troues d'arbres, qui appartenaient il l'if, il l'aulne et au chêne. Une collection de restes d'animaux consistant encornes de cerf, en ossements de hieul's bra- chycéfil aies et d'autres espèces récentes, ont été mis sous les veux des visiteurs IJvitnuU offiriel). Sir et lady Samuel Baker. — L'intrépide evnlo- ratour docit le télégraphe orienta! nous a appris le retour, est actuellement au service du pacha il'lyiMute qui Un a confié une petite année. Il y a huit ans qu'il a ulileuu la grande médaille d'or de la Société- royale de géographie de Londres pour la découverte du lac Albert-Xyanza dans lequel le 1\U se jette en sortant du lae Wcloria-Mvanza par une immense cataracte qu'il a nommée chilien de ihtrclti- son. Le lae Albert-.\yan/a se trouve à sept jours de marche seulement de Oondokoru, dernière station européenne eu les méthodistes anglicans ont entretenu pendant quelques années une mission évaugélique récemment licenciée. Dans son premier voyage comme dans l'expédition qui vient de se terminer, sir Samuel i'aker était accompagné par sa femme qui a refusé de le quitter et qvii a partagé Ions ses dangers. La Perse contemporaine. — Il ne faut pas piger delà richesse des Persans par la splendeur des gi mines qui décorent la poitrine du roi des cuis. Le pavs i'e Cyrus n'est [dus aujourd'hui ce qu'il était à l'époque où Un peuple énergique préludait à la fondation d'un immense empire. La principale cause de celte décadence parait être l'inva- sion d'une sécheresse toujours croissante, certainement duc en grande partie à la nature qui vient aider l'inipéiitie des hommes. Ses lleuves se dessèchent du côté du nord par suite d'un exhaussement progressif du terrain qui a mis à sec Lien des lacs anciennement en communication avec la mer d'Aral ou avec la nier Caspienne. L'Oxus, dont les rives étaient jadis habitées par une po- pulation nombreuse, traverse actuellement un désert aride dans une grande portion de son cours. Là et là îles dunes de sel indiquent la place qu'occupaient du temps de la splendeur delà Perse les niasses d'eaux salées qui, dans les temps anciens, devaient faire partie d'une grande mer intérieure. Il n'y a pas dans ce inonde, que les hommes qui meurent ; les peuples eux-mêmes ont leurs périodes de prospérités et de décadence, beaucoup plus intimement liées qu'on ne le croit, à la nature intime des choses. La culture du dattier. — • L'agriculture dans le Sahara se. réduit ii cultiver le palmier-dattier; ces arbres des latitudes tropicales ne viennent qu'aux lieux où l'in- dustrie des Arabes est parvenue à arracher à 1 1 terre des nappes d'eau souterraines, on à. conduire au moyen de ca- naux, l'eau qui suit naturellement la pente des vallées. Les puits artésiens indigènes, les conduits dits feggara desti- nés à réunir toutes les eaux d'infiltration, prouvent autant de sagacité que. d'opiniâtreté. La tige du palmier est amlegine comme celle du coeolier et du bananier ; elle n'a' pas de véritable écorco, ou plutôt la base des feuilles forme une sorte d'enveloppe rugueuse. Le palmier vit plus de cent ans. Il est diolque; ses fleurs soûl toutes uniquement mâles ou femelles. Au prin- temps, à l'époque où ses régimes commencent à s'épa- nouir, ou procède à la plantation des arbres femelles. la fécondation se fait artificiellement au mois d'avril, par un honnie qui, monté au sommet de l'arbre, secoue une branche de palmier nnilc au-dessus des fleurs femelles. Il est de toute importance que l'arroscment soit permy- i nenl, car suivant un proverbe arabe : « le palmier doit avoir le pied dansl'cau et la tète dans le l'eu. » Les groupes d'arbres qui forment des oasis plus ou moins importants sont irrigués comme le sent nos prairies, au moyen des ressources naturelles eu artificielles que la nature a mis à la disposition des Arabes. Si l'oasis nVl pas du tout arro- sée, c'est que la nappe d'eau soulei raine pouf. être atteinte directement par les racines des palmiers. L'oasis est pour le Saharien le refuge contre les ardeurs du soleil, le lieu où il peut élaucher sa soif, et une ressource pour l'alimen- tation; sans lui, les sables seraient inhabitables. On cultive, sous l'ombrage, dos léeunies qui viennent également bien à toute époque de l'année ; l'arrosage se fait aussi par rijolage. Les navets, les oignons, les carottes, le piment et la jilupart des légumes européens y ont une rapide croissance, mais la saveur est moindre que dans le Nord. La luzerne [saffssn] fournit jusqu'à six coupes par au. 11 existe dans quelques oasis des plants de eiitiin, de tabac, mais surtout de henné. Comme le palmier est un arbre qui ne mûrit que sous les climats chauds et jouissant d'une température uni- forme, il ne réussit que médiocrement sur les limites du Tell libérien. La récolte a lieu en novembre; nu moule dans l'arbre, pour couper les régimes. Sa valeur varie de 5 francs à 101) francs, suivant son développement. Le rap- port est estimé de 5 fraies ;'i M) francs. V Slli-Okba, à Biskra, dans le Scmf, le rapport moyen est do SU francs. Tremblement» de tert-e de la Turquie d'Asie, du « liili et des Éiats-L'iiis. — Le tremblement de. terre do la haute Lalie, a été précédé sur divers poinls du globe, de phénomènes semblables dont l'action s'est fait sentir à liagdadle 21 juin, et au Chili un mois environ au- paravant, le I .'i mai dernier. Le tremblement de terre du Chili, a offert un caractère de gravité très-sérieux ; les se- cousses ont été très-violenics, à Valparaiso, à Santiago, îi (Juillota. à La Ligna, à Caiiguenes ctà Salvador. Les oscilla ■ lions du sol ont eu lien à Yalparaiso à midi î>2 minutes et ont duré 42 secondes. La terre tremblait d'une façon ef- froyable sous les pieds des habitants terrifiés; deux égli- ses et plusieurs maisons ont été fortement endommagées ; des hivaux de. gaz ont été arrachés des plafonds où ils étaient fixés, des livres précipités des bibliothèques qui les contenaient. bans la matinée du G juillet, trois secousses ont élé res- senties à liuffalo aux États-Unis. Les monuments se sont mis à trembler violemment ; les navires en rade dans le port du lae, Erié, ont subi l'influence de cette commotion. Quelques journaux anglais ajoutent que des secousses ont été ressenties dans h s Indes, la veille du tremblement de terre italien, mais ce l'ait est erroné; l'événement dont, ils parlent est antérieur d'une année au cataclysme de la Saint-Pieire ; il a ru lieu le 28 juin 1872 et non le 28juiu 1873, comme le rectifie, une excellente feuille des Indes anglaises, le Bombay Times. !,<■* liallonx militaires français. — Nous som- mes heureux d'annoncer que lo rapport fait par la com- mission mixte dans laquelle le. ministère des finances était représenté parle directeur général des postes, et le minis- tère de la guerre par des officiers supérieurs du plus haut mérite, propose rétablissement d'une école aérostatique. LA. NATURE. 127 Tout ce i[ui concerne les aérostats destinés à !a défense des places fortes, sera sous la dépendance de la guerre. Mais l'administration îles postes conservera la direction du ser- vice des pigeons voyageurs, _et un pigeonnier central sera établi au jardin d'acclimatation. Miil doute que les conclu- sions revêtues de l'autorité de M. Ramponl, qui a rendu tant de services à la défense nationale en improvisant la poste aérienne du siège, n'entraînent l'adhérion des mi- nistères compétents, et ne soit consacrées par un vote de l'Assemblée Nationale. Une ascension aérostatique a Berlin. — Un aérostat dont la Société aéoronautique et l'Académie des sciences se sont également occupées il y a quelque temps, a été conduit par son propriétaire... à Berlin. Les journaux allemands nous apprennent que 51. Syvel a tenté (levant un nombreux public au commencement du mois de juillet une expérience qui a échoué de la façon la plus complète. Le ballon qu'on avait eu toutes les peines du inonde à gonfler, a fini par s'accrocher à un candélabre monumental. Les Allemands ont accueilli la déconvenue de l'aéru- naute français avec leur bienveillance ordinaire. M. Syvel est le premier de nos compatriotes qui ait tenté une expérience de ce genre de l'autre coté du Rhin. 11 ne ligure point sur la liste desaéronautosdu siège. Le docteur Carpenler a l'Académie des seScn- ees. — ■ Nous nous faisons utl devoir d'enregistrer la nomi- nation du docteur Carpenler , le célèbre micrographe anglais, comme correspondant delà section île Botanique de l'Académie des sciences. C'est à ce savant naturaliste que l'on doit les recher- ches exécutées dans les mers profondes. Après avoir dirigé d'une façon brillante, les croisières de la ï'rocurpine et du Lightninrj, le docteur Carpenler a em- ployé sa haute iulluence pour déterminer l'amirauté bri- tannique à faire les frais du voyage de circumnavigation exécuté par le Challenger dont nous avons parlé dans notre dernier numéro. Le docteur Carpenler présidait, l'an dernier, le meeting de l'association scientifique de Urighlon. Son discours inaugural qui se faisait remarquer par des tendances philosophiques peu communes en Angle- terre, a eu à cette époque les honneurs d'uue reproduction intégrale dans le Journal officiel et dans plusieurs journaux français. M. Carpenler est auteur du traité de microgra- phie le plus estimé de l'antre coté de la Manche, où ce genre d'études est, comme on le sait, poussé à un très-haut degré. On peut dire que c'est le Charles Rabin des Anglais, quoiqu'il soit un spiritualiste très-convaincu appartenant à l'école d'Agassiz. L'expédition allemande du Congo. — La so- ciété africaine de Berlin dont nous avuns annoncé la for- mation récente (voy. p. 52) a déjà envoyé une expédition au Congo, pour rechercher les sources de ce- fleuve. Mais elle n'a pu parvenir à Saint-Paul de Loanda port de la cote occidentale d'Afrique où elle devait débarquer pour échap- per h l'hostilité des populations nègres qui l'habitent. Elle a fait naufrage dans l'Océan Atlantique, et les savants qui la composent ont été recueillis à Sierra Leone par le consul américain. ,Nous sommes heureux d'ajouter que ce contre- temps ne sera point sans doute préjudiciable aux progrès de la géographie. Car une expédition anglaise opère déjà dans ces contrées, et un jeune voyageur français qui a ré- cemment développé son plan d'explorations devant la So- ciété de géographie de Paris doit t\iji être arrivé à Saint- Paul de Loanda. l/afrique parait singulièrement rebelle aux lentalhes des Allemands, car jusqu'à ce jour, l'histoire des expédi- tions tentées par nos vainqueurs n'est guère que le mar- tyrologe de ceux qui les ont entreprises. Les Allemands s'entendent bien mieux, il faut le reconnaître, à décrire et à découvrir de nouveau les pays déjà explorés, qu'à être les véritables pionniers de la colonisation militante. Découverte d'Arachnides dans les gisements métallifères de ISiidlej. — Les gisements de Coal- hrooL Baie sont depuis longtemps renommés pour les restes organiques qu'ils contiennent, tels que feuilles de fougère, insectes, ossemenls divers. Une' fdliille nouvehVu amené à jour un spécimen do, a faux scorpion » du genre Phrynus, actuellement encore vivant, et non pas un coléoptère, comme le supposait Samouelle. Ce reste paléontologiqne est assez bien conservé pour offrir distinctement sur les faces dorsale et ventrale les caractères particuliers à son espèce ; il a quatre paires de pattes, qui se rencontrent au-dessous du céphalothorax, M. Woodward lui a donné le nom de Eophrynus, qu'il fait suivre du nom genre de Curcu-' Hoiries. Le nombre des insectes découverts dans le Coat- Measitves est de Ai ; ou y voit des représentants des Myriapodes, des Arachnides, des Coléoptères des Or- thoptères et des jMcuroptères. j I,es apports du Xîl et le canal de Suez. — ■ ! La question des atterrissemenls du>i\"ii est devenue impor- tante dans ces dernières années, par suite des obstructions qu'ils pourraient provoquer à l'entrée du canal de Suez. . M. Larousse a été chargé, par la Compagnie, d'examiner les modifications de l'appareil littoral et de comparer d'après des ! documents deux fois séculaires, les ensablements qui se produisent aux bouches: de. Damiette et de Rosette^ 11 a dé- veloppé, dans un mémoire topographique, que le cordon bttoral a peu varié depuis les temps historiques et qu'il ne se forme pas de nouvelles dunes dans l'isthme. 11 a égale- ment établi que les apports du Mil, essentiellement vaseux, ont peu d'inlluenie sur la disparition de la cote actuelle et que par conséquent il n'y a pas à redouter d'ensablements dans les régions de Port-Saïd. Un des principaux argu- ments de la commissionorganisée par la Compagnie, était que les ruines de Pélusc sont aujourd'hui sensiblement à la même distance de la mer qu'au temps de Straliou, vers le commencement de l'ère chrétienne. POMPES A INCENDIE DE L'EXPOSITION I1E VJENiNE. Tanin les nombreuses pompes à incendie qui figu- rait dans les galeries do l'Ex-position du Vienne, ou nous signale un très-remarquable appareil, construit par un ingénieur hongrois, M. "Walser, mécanicien à Pesth. Cet appareil se distingue de tous les autres par la facilité extrême avec laquelle on peut détacher la pompe de l 'avant-tram qui sert à la transporter. Une qualité très- précieuse est encore le peu de longueur cle l'essieu qui permet de lui faire suivre très-rapidement tous les détours des rues les plus étroites et les plus tortueuses. L'épouvantable accident de la rue Mongc, prouve que l'art de la construction des pompes n'a pas dit sou dernier mot, et qu'on ne doit négliger aucun dus artilie.es qui permettent de les amener rapidement sur 128 LA N.Vnilïï,. le lieu du sinistre. Des expériences comparatives >n- roul, parait-il, faites à Vienne, sur l'efficacité des différents systèmes de pompe. Nous pensons que les membres du jury ne se préoccuperont pas seulement de lu quantité d'eau, delà force du jet, de la hauteur à laquelle il peut parvenir, niais qu'ils chercheront encore à encourager la rapidité d'exécution, c'est-à- dire l'économie de temps dans toutes les manœuvres E\pi>^j[ion ili; Vu'iiuiî. — Ponijit WnL-tn-, prcti* li atlclfr. r^inpc Wiil^cr, rri'te -'i ioiH'tioinior nécessaires à la mise nu action ; car dans ce cas on peut dire que le proverbe anglais est plus que vrai : le temps n'est pas seulement de l'argent c'est aussi de la vie. Nous ne pouvons quitter ce sujet sans remarquer que les mesures préventives sont au moins aussi utiles que les mesures répressives, si l'on peut se servir de ce tenue. Ou devrait donc également s'en- tendre sur les prescriptions de police qui ne sont pas de notre ressort, niais dont chacun appréciera trop facilement l'importance aujourd'hui. I,c Pj-ojtyu'taire-Gt 1 ! aid : G. TrssAsuiER. PALIS. — 1MP. tlHO.Ï IlAÇO?i LT COM1'., T=. UK D'EnFUimi, 1. !S* 9 2 AOUT 1875. LA NATURE. 129 TEMPERATURES EXTRAORDINAIRES OBSERVÉES PENDANT l'eXPÉMTIOX EE KHIVA. La conquête de Khiva par les Russes n'a poinL été achetée au prix d'une lutte contre les hommes. Kn effet, les Turcomans se sont montres d'une, faiblesse peu ordinaire, même chez les peuples les plus sau- vages. Cependant les troupes impériales n'en ont pas moins eu l'honneur de triompher du soleil ennemi, fort dangereux et qui, depuis le jour ou lea Macédo- niens disparureiitdans les sables de Jupiter Ammon, a malheureusement arrêté plus d'une fois les troupes civilisées dans leur lutte contre les barbares. Le cabinet de l'étersbourg avait très habilement choisi pour l'expédition, le printemps, qui est à peu près la seule saison où les steppes sont praticables, car les froids de l'hiver y sont aussi excessifs que les chaleurs de. l'été y sont étoiif'fanles ; cependant comme on s'attendait à rencontre!' les plus grands obstacles naturels, ou avait décidé que. plusieurs colonnes, dont lu rendez-vous général serait Khiva, se dirige- raient vers la cité dont on voulait opérer la capture. Cette opération importante a été exécutée, comme on le sait, à la fin de juin ; mais les troupes commandées par le colonel Markosol'f ont été obligées de battre en retraite devant une température trop étouffante, événement dont nous devons étudier les causes et l'histoire. Le colonel Markosoff avait débarqué à Krosiiovodsk, port du Turkeslan que les Russes possédaient depuis longtemps de fait sur la mer Caspienne. Mais il n'avait pas moins de 1 ,000 kilomètres à faire dans la steppe avant d'atteindre Khiva, qui est construit dans une espèce d'oasis, non loin du fleuve Amour. C'est dans celte partie de la steppe que coulait ancienne- ment une branche aujourd'hui desséchée du fleuve Amour, qui se jetait dans les temps anciens dans la mer d'Aral comme dans la mer Caspienne. En effet, l'empire du désert augmente de jour en jour dans ces régions aussibieu désolées par suite de l'in- différence des hommes que de la rigueur du climat. Ou ne trouverait plus un être vivant dans cette vaste contrée qui renfermait jadis des peuples innombra- bles, si les neiges accumulées pendant l'hiverné for- maient une sorte de réserve que le soleil fond, pro- gressivement et (pu, au moins pendant quelque temps, remplit les fonds des vallons et surtout les puits où viennent s'abreuver les voyageurs. Quand la saison chaude est déchaînée, nul, parmi les nomades eux-mêmes, ne peut braver impunément les ardeurs du soleil. Ceux qui ne restent pas tapis dans l'ombre des oasis s'enfuient vers le nord, du côté des Kirghiz. Après des difficultés inouïes, le. colonel Markosoff parvint à atteindre des puits assez abondants. Maïs pour continuer sa route, il lui restait à franchir un désert dans lequel on avait, à marcher six jours, avant d'atteindre les puits d'Orta Kin, station d'où Khiva pouvait facilement être gagnée. Les Russes se mirent en route le 16 avril, après avoir pris toutes les me. sures dictées par la prudence; non-seulement chaque soldat portait sur lui une petite provision d'eau, mais les chameaux de l' expédition étaient, chargés d'un grand nombre de barils. La ration de chaque homme avait été fixée à quatre bouteilles, et celle de-chaque cheval à rinrj litres par jour. Mais l'air était si sec et l'évaporation si active dans cette partie du la route, que l'eau des (ormeaux diminua, dit le récit officiel russe, dans une proportion elfiavante. Le 18, on s'aperçut que les barils, qui contenaient 50 litres au départ, n'en renfermaient plus que, 55. Cette surprise terrible troubla d'autant plus les Russes que le sddo mouvant avait été bouleversé par des événements géologiques, et qu'on avançait très- péniblement dans un sol raboteux. En. même temps le soleil dardait, avec une force extraordinaire. Le récit officiel prétend que la température dépassa , '(5° Réaumur, car les thermomètres qui n'avaient été gradués (pie jusqu'à ce point, cassèrent fous. Pour comprendre comment il a pu en être ainsi, il ne faut pas oublier que le plateau central de Tartane est très-élevé au-dessus du niveau de la mer, que Pair est d'une sécheresse absolue, et qu'il n'y a pas dans tout ce pays maudit le moin- dre arbre pour donner un pouce carré d'ombre. Nous avons à peine besoin de faire, remarquer que, pour prendre une lionne mesure fhermouiélri- que, Il faut soustraire la houle de l'instrument à tous les rayonnements extérieurs, comme l'a fait Cou- telle dans sa fameuse opération égvptic.nne. Au point de. vue physique, la température a été mal prise; l'o- pération doit être considérée comme erronée. Mais au point de vue réel, les soldais russes, que rien n'a- britait, ont supporté une tempéralure supérieure à 55" Réaumur, un peu moins de 70 a centésimaux et un peu plus de 155" Fahrenheit. Le lendemain, cette tempéralure étourdissante, uni- que dans les annales météorologiques, commençant de nouveau à se produire, le colonel Markosoff comprit qu'il était imprudent de persister dans une pareille entreprise et qu'il fallait retourner eu ar- rière. Quoique décidée en temps opportun, la retraite ordonnée par cet habile officier eùl elle-même été, mortelle s'il n'avait disposé par échelons des réserves de troupes et de chameaux portant des outres d'eau. Grâce à celte, sage précaution, les soldats pu- rent trouver quelques ressources eu se rabattant Sur leur arrière-garde, mais cette eau insuffisante et de mauvaise qualité, eût été elle-même épuisée trop rapidement, si des éelaireurs n'avaient découvert des puits que Pou croyait comblés par les ennemis. Les Turcomans qui occupaient celle station ayant été chassés par quelques coups de fusil, on put désaltérer enfin les troupes et songer à sauver les traînards, au-devant desquels on envoya des cha- meaux chargés d'eau. On découvrit un grand nombre de malheureux soldats qui, tombés dans un état complet d'évanouissement, attendaient la mort au milieu des sables. 150 LÀ NATURE. Quoique rafraîchis d'uni: façon providentielle, inespérée, les soldats russes avaient trop cruellement souffert dans cette courte campagne, pour qu'il lut prudent de la reprendre. Les troupes du colonel Markosoff furent contraintes de battre définitivement en retraite sur Krusno-Yodik, où la nouvelle des suc- cès obtenus par les antres sections de l'armée vint les consoler de l'échec que l'extraordinaire chaleur tlu soleil leur avait fait subir. LE PERCEMENT DU SALNT-GOTHARD Les travaux de percement duSaint-frothard se con- tinuent avec la plus grande, activité. De nombreux: ouvriers, armés du pie, delà poudre et (lebidvuaiiiite, attaquent les lianes du massif alpestre, sur le versant, nord, du côté du (Jœschencn, sur le versant sud, du côté d'Airolu. Pour que les deux excavations qui vont toujours en se rapprochant du centre de la monta- gne, se rencontrent, pour que l'immense rempart où la nature a entassé granit, schistes et calcaire, soit percé de part eu part par un tunnel de lii kilo- mètres de longueur, il faudra, pendant de longues années, accomplir des prodiges de travail et de per- sévérance. (Juoique cette œuvre ait été entreprise, ne l'ou- blions pas, dans un but hostile à la France, quoi- qu'elle ait soulevé bien des nuages dans l'atmosphère de la politique, elle n'en offre pas moins une impor- tance capitale au point de vue scientifique : Jes ré- sultats qu'on en peut, attendre au nom de la géolo- gie, de l'art de l'ingénieur et des intérêts commer- ciaux, sont considérables. Aous mettons sous les yeux de nos lecteurs la coupe du tunnel, fuite d'après un géologue distingué, M. Giordaiio, et nous l'accompagnerons des curieux détails géologiques, que vient de publier, à ce sujet, la Bibliothèque universelle de Genève 1 . « Le Sam Kïotliard présente au centre deuv mas- sifs granitiques considérables, dont le plus septen- trional occupe la partie supérieure de la vallée de la l'euss, et le plus méridional forme les sommités du Monte-Prosa, de la i'ihhia, du Piz Lucendro ; ils restent à l'ouest du trajet, du tunnel , et sont compris dans une masse considérable de gneiss ou de micaschiste feldspalhique qui forme une grande partie du tunnel et dans laquelle se trouvent des alternances de roches dioritiques et amphiboli- ques. Une zone de calcaires plus ou moins micacés, associés a des calcaires cristallins, est intercalée au milieu de ces roches, au nord d'Andermatt, d'ilos- penllial et de Zumdorf. Elle longe la vallée d'I.'rse- ren et passe au col de la Furca, où elle est associée 1 Archives des sciences physiqut s et naturelles, t. XtAI, n° 181. — >ous adressons nos remerciements sincères au di- recteur de cette pulilieuLiun, qui ;i bien voulu nous autoriser à kiro j^uver nuire coupe ^ôoiogique d'unies celle qu'il a pu- bliée en Suisse, à de la eargneule. Le gneiss recommence au delà de cette zone, mais sur une faible largeur, et il s'appuie contre le granit de Cicoseheiieu, dans lequelost creusée la partie sptentrionale du tunnel, cl qui appartient au massif do Fiusteraarhorn. Au sud, le gneiss passe à des schistes ampliiboliques, micacés et grenatifères d'une grande épaisseur, dans lesquels le tunnel se termine du coté d'Airolo. A ces schistes succède une zone calcaire qui occupe le fond de la vallée du Tessin et qui est de même nature que celle d'Lrsercn. Elle est associée à des dolomies grenues et à de grandes masses de gypse qu'on voit dans levalCanarie et sur plusieurs points du cours duTessin; elle s'appuie au sud contre des masses puissantes de, schistes cal- caires et micacés qui forment l'Alpe Piscnun, le l'ico di Mezoddi, etc. a La zone de calcaire d'Airolo se, prolonge , à l'ouest, jusqu'au col des Muffoneu et au delà. Ou y voit la eargneule en contact avec un gneiss bien ca- ractérise, puis une roche calcaire schisteuse, foncée, d'un aspect singulier; sa surlace présente desbélem- uites mal conservéesniius dont la formée!, la structure interne sont très-reconnaissables, et des corps bi- zarres dont les uns ont la forme de prismes et les autres celles de lentilles. « Les roches de N'uflenen et celles de la Furcasont probablement de même époque. Par analogie avec d'autres parties des Alpes, ou est tenté de les rap- porter au terrain basique ; peut-être les roches à ijélciuiiiles des Mui'feiieii sont-elles intercalées par suite d'un plissement dans les roches triasiques que paraissent présenter les dolomies, les gypses et les calcaires micacés des environs d'Airolo. Le travail de M. (liordano donne sur ce sujet peu d'éclaircisse- ments. Ses hypothèses sur l'âge des gneiss et des micaschistes de ce massif ne seront probablement pas admises sans discussion. Jl considère ces roches comme des roches paiéo- zoïques, métamorphiques, et il serait particulière- ment disposé à les regarder comme faisant partie du terrain carbonifère ; le centre du massif appartien- drait aux roches les plus anciennes. Les masses gra- nitiques centrales auraient pénétré ces roches à l'état [lâteiu, y auraient envoyé des liions et les auraient profondément modifiées. Ce fait se serait passé après l'époque triasique. Le SaiiU-Gothard présente une structure en éventail très-régulière. M. (liordano re- garde cette structure comme le résultat d'une croûte dont la partie supérieure aurait été enlevée par éro- sion. » Ces détails géologiques sont complétés par la coupe du Saint-flothard (voir ei-contre), qui est exac- tement reproduite à - iF „V r. g "J T. = * - s Ë: ^ £ S - c: ^, 5 s o = ^ je — -ri « ta es a? L'attaque du massif alpestre s "exécute des deux côtés à la fois; sur les deux versants nord et sud, l'activité est! a même, niais sur les deux ver- sants de l'immense montagne , dont le sommet s'élève jus- qu'à 5,300 mètres au-dessus du niveau des mers, la résis- tance de la nature contre l'attaque de l'industrie a été éga- lement énergique , également difficile à surmonter. La dureté des roches semble avoir eu pour alliés le froid , la ncicie et les inondations, qui pendant tout l'hiver se sont en quelque sorte opposés à la témérité humaine. Vers la fin de dé- cembre, du côté du nord , des neiges abondantes apportè- rent aux travaux do sérieuses entraves que des infiltrations d'eau avaient déjà singulièrement ra- lentis quelque temps auparavant. Pendant longtemps il fallut en effet réunir les efforts des travail- leurs pour boucher lesfentes,oùles eaux s'écoulaient, en cas- cades, et la galerie ne pouvait guère avancer que d'un mètre par semaine. Toutefois, ces obsta- cles furent vaincus, et pendant le dernier trimestre de l'année dernière, on avança les travaux de près de 10 mètres par jour, en moyenne. Sur l'autre versant du Saint - Gotliard, Jl^: Jîs ■"i = ^'= si du côté d'Airolo, les conditions titniosplid- riquos ont été tout aussi défavorables. Sur quatre- vingt-douze jnnrs, il n'y a eu que cinquante-cinq jours sans pluie et sans neige. Dans le seul mois S rt : c o ci < if; th x 132 LA NATURE. d'octobre, on a compté vingt et un jours pluvieux. La perforation mécanique à Airolo emprunter;! sa force motrice aux eaux île la Tremola; ou obtiendra une force de 600 chevaux, au moyen de 10.') mètres de chute. Malgré les intempéries de l'air et la résistance des massifs géologiques, un jour viendra où le Iravail intelligent aura primé celte force inerte des éléments; le voyageur, commodément assis dans un -wagon, s'engagera comme à travers une taupinière, dans le sein même d'un des plus énormes géants du massif alpestre ! (Iasion 'J'issvmiiei;. LE SECOND TL-NNEL SUIS LA TAMISE Avant d'avoir parcouru la Tamise, je ne m'expli- quais pas pourquoi les Anglais avaient, creusé un tunnel sous son lit au lieu d'en réunir les rives par un pont; mais, quandj'eus vu de mes veux le nom- bre prodigieux de navires à la liante mâture qui sil- lonnent incessamment le fleuve depuis le pont de: Londres jusqu'à la mer, je compris que la construc- tion d'un pont tournant était impossible dans cette partie de la Tamise, car il aurait entravé la naviga- tion sans ainéliorerseusiblement la viabililé terrestre, puisqu'il aurait du rester presque toujours ouvert Aussi, les premiers projets de voie sous-lluviah remontent-ils loin, lin 1813, Dudd proposa de con- struire un tunnel sous la Tamise entre (ii avesend el Tilbury, les travaux furent entrepris niais promplc- ineut interrompus, lin 1817, on en cununenra ]in autre, à Londres même, entre Rotlir.rbifhe et Linie- huuse, on y travailla jusqu'en 1825 et, après six ans d'efforts et de dépenses, il fallut l'abandonner. Sans se décourager, lsambard Brunel se disposa, la même année 1823, à creuser une voie sous-iïuviale entre Wapping et Piotherliillie Les Iravaux en furent commencés eu 1823; tout le momie, sait que les dil- iieultés turent inouïes et que le, fécond esprit de Brunel réussit à tontes les parer. Après quatre inondations moins graves, les eau s: s'engouffrèrent une cinquième (ois dans le, tunnel en construction, au mois d'août 1828, en noyant les ouvriers. Le creusement fut suspendu par cette catastro- phe, mais eu janvier 1853 le tenace ISnmel le reprit et celte fois le mena à bien. Le tunnel fut inau- guré le 23 mais 1843. 11 a 500 mètres de longueur, ll E, ,()0dc largeur, et esta 19'", 30 de profondeur au-dessous du sol. Il est divisé en deux galeries ac- couplées, de (i'",83 de hauteur, réunies par des arca- des uiitovennes. Je l'ai visité pour la première fois il y a quelques années. Le tunnel ne pouvait être traversé, que par les piétons, et l'une seulement des deux galeries ju- melles leur était réservée, l'autre était divisée en boutiques auxquelles les arcades de communication des deux voies coiitigûes servaient de devanture; Je gaz éclairait ce, passage, pour lequel il n'y avait ni jour ni nuit. Tous les étrangers affluaient dans ce bazar sous-fluvial. .l'ai de nouveau, traversé le tunnel récemment. Les piétons n'y passent plus, les boutiques en ont été enlevées, le gaz est éteint; est-ce une destruction? Non, c'est un progrès. Le tunnel a été acheté, en 1866, pur la London Brighton and south Coast railway Company pour permettre à son réseau d'aller, par dessous la Tamise, se soudera celui de la Gréai Editent railway Company; on a établi les pentes, les tranchées, les souterrains nécessaires pour amener les wagons jusqu'au passage sous-lluvial; chacune de ces deux galeries, réservées jadis, l'une aux pas- sants, l'autre aux marchands, est maintenant oc- cupée par une voie de fer. Les voyageurs peuvent toujours passer sous la Tamise pour un penny; mais, depuis 1870, c'est eu wagon qu'ils vont, en deux mi- nutes, de Wap])ing à Iiotberlutbe ou de Ilotherhitbe à W appuig. Au point de vue de l'art de l'ingénieur, ce tunnel de brune] est une œuvre magnifique, mais, finan- cièrement, il a été la cause d'un épouvantable dé- sastre. Avant les travaux d'appropriation au pasage des trains, il avait déjà coûté 13,330,000 francs et ne rapportait pas un demi pour cent du capital dé- pensé. Aussi, pendant bien longtemps, ne songea-t-Olk plus à faire de nouvelles voies sous-fluviales. Cepen- dant les piocédés du génie civil se perfectionnaient rapidement, et un nouveau tunnel a pu être entrepris dans des pondifious toutes différentes. La coujtruutiou du tunnel de Brune] avait duré dix-huit ans, celle du tunnel de Barlow iils a duredix- luut mois tout compris, et les Iravaux de forage oui. été faits eu six mois. Le tunnel do Barlow fils coûte quatre cent mille francs, tandis que celui deBrunel a coûté plus de quinze millions. Pour perforer le tunnel sous l'eau, on se sert d'un appareil imaginé par Brunel et nommé le bouclier; c'est un court tube en tôle, du diamètre extérieur du souteirain, divisé, à sa partie antérieure, en cel- lules étanches à l'intérieur de chacune desquelles travaille un ouvrier. Par suite de cette disposition, si l'eau, filtrant à travers les terres, vient à jaillir par un point, pendant le creusement, elle peut seu- lement remplir la cellule correspondante, fermée à sa partie postérieure, el non pas inonder la galerie. En arrière des cellules et au sein desquelles les terrassiers enlèvent les terres qui se présentent devant la face antérieure de ces compartiments, d'autres ouvriers établissent, à l'intérieur du tube de tôle, formant la partie arrière <]u bouclier, le revêlement du tunnel, destiné à empêcher Téboule- mentdes terres et l'irruption des eaux. Puis, lorsque tes terrassiers ont excavé le terrain devant eux à l'aide de vis (ou de presses hydrauliques) s'appuyant contrôle revêtement déjà construit, ou fait glisser le bouclier jusqu'au nouveau front d'abatage du ter- rain, jusqu'à la partie qu'il s'agit d'enlever à nou- veau, et l'on pose le revêtement de la courte section I. \ WTUIllv dégagée entre le bou- clier extérieur et la paroi déjà établie, — section que le tube de télé protège, en at- tendant contre l'é- boulement ou l'inon- dation. Le bouclier du tun- nel de Jhauiel |iesait cent vingt tonnes et portait trente-six ou- vriers. Le bouclier du tunnel de Dailow pe- sait deux tonnes et demie, portait trois ouvriers et avait '2'", Ai de diamètre. Le tun- nel (le Kruuel a été revêtu d'un mur eu briiptes, celui de Bar- low d'une pai'oi de fer tonnée d'anneaux de 4,j centimètres de lon- gueur; ebaque seg- inetit étant divisé lon- gitudinnlemeut à sou tour en quatre parties dont trois d'égales di- mensions, et une qua- trième n'ayant que .18 centimètres de lar- geur et servant de clef de voûte, (Jnand ou fait glisser le bou- clier entre le sol et le n^èteineut de fer in- térieur, il reste entre ces derniers un vide au moins égal à l'é- paisseur du tube pro- tecteur du bouclier; eu vide se remplit à l'aide d'un coulis de ebaux hydraulique que l'on injecte par un trou ménagé au centre de chacun des segments des anneaux successivement juxta- posés. Le tunnel de Ilru- nel est sensiblement horizontal , celui de Barlowest légèrement concave, en sorte que son point le plus pro- fond est au centre. Le nouveau tunnel réunit la pince dr ■ "-:; ■ "}\ ■ + ■':>% Créât Tower lai 11, en amont do la Tour de. Londres, à la rive méridionale de la Ta- mise, faubourg de Soulliivark. De forme tubulaire , il n'a qne 2 1U ,10 de diamètre intérieur, sa longueur est de 396 mètres ; on y descend par deux puits de 5 mètres de diamètre et lS^.aû de profondeur. Pro- jeté eu -1NG8, il a été achevé en avril -1870. A l'origine, les pas- sants étaient descen- dus dans un salon mobile, mû par un monte -ebarge, en- traient au niveau du tunnel dans un omni- bus, mis en mouve- ment par un cable de fil (ie fer, et, après avoir passé sous la Tamise en ivagon, trouvaient à l'autre, extrémité nu second ascenseur qui les ra- menait au jour. Les deux monte -charges et lecàbleauquel était lié l'omnibus étaient actionnés par deux machines de quatre chevaux chacune, une au fond de chaque puits. C'était le pins petit chemin de fer du mande. Y compris la montée et la des- cente, le trajet total durait trois minutes et coûtait un penny. S'est - il présenté, inopinément une im- possibilité matérielle d'exploitation, les dé- penses n'étaient-elles pas en rapport avec les recettes? Je l'i- gnore ; toujours est-il que, lorsque j'ai visité le tunnel de la Tour, cet ingénieux système de locomotion n'exis- tait plus : un incom- mode escalier de bois 134 LA NAIT RI cscend an fond ilu puits, là il f:mt s'engager à pi ml dans le tunnel ; ce n'est point une galerie de brique spacieuse cotnrae. le tunnel de liruuc], c'est un inter- îninable tu van de fer, peint eu blanc, à peine assez haut [leur qu'un homme de grande taille passe sans s'y courber ('encore doit-il ùter son ehapeauj ; les passants ne peuvent se croiser qu'en montant sur les parois déclives de ce cvhtidre creux ; des jets de gaz, que ne protègent ni verre ni lanterne, s'échappent des trous d'une conduite, i'iein d'une atmosphère humide et chaude, étouffée, étouffante, à l'odeur écœurante, et fade, cet énorme tuyau, légèrement ondulé, plis-é transversalement, ne donne pas l'idée d'un égout, mais plutôt d'un intestin grêle. A l'autre bout, de ce tube, on trouve le colimaçon d'un second escalier enroulé dans l'autre puits , et, dix minutes après l'avoir quille, on retrouve, le grand air. — Ouf! — Cela coûte un sou. Ceci prouve que de semblables passages sous-flu- viaux, ne pouvant être que difficilement aérés, ne se prêtent guère qu'à une circulation rapide comme. celle des trains. Mais, d'autre part, on voit que, les passages sous l'eau ne sont pas d'une construction aussi dif- ficile que. jadis. Aussi bon nombre de tunnels de ce, genre sont-ils. en cours d'exécution ou en projet. A Londres, la construction d'un troisième tunnel a été autorisée, en 1 8 G G , entre Mil w» Il et Deplford. En grand tunnel sous la Mersey est en construction entre Liverpool et Rirkeuhead, un autre est projeté sous la Sevei'ii. Le tout sans parler des grands projets de jonction sous-marine de l'Irlande à l'Ecosse, de l'An- gleterre à la Franco et de l'Europe, à l'Asie sous le Bosphore. En Amérique, il existe deux tunnels, l'un sous la rivière, l'autre sous le lac Micliigan, à Chi- cago; et deu\ autres sont, en construction sous le Niagara, à liuffalo, et sous le Mississqu, à Memphis. Charles IIoii-say. LES CARTES DU DEPOT DE LA GUERRE (Suile et fin. — Voy. ji. 115,) CUITE DU NIVELLEMENT GÉNÉRAL DE LA FRANCE. Celte carte, depuis longtemps attendue, vient d'être mise eu vente. A l'échelle de irô"a!"o o« ■» e ^ c cs ' un extrait obtenu à l'aide de la photographie et du dessin, de la carte topographique de la France au ï-ïïtVût- Le terrain est représenté par des courbes de niveau équidis tantes, au lieu de l'être par des hachu- res comme dans la carte au -ju.u -nu- lle ces courbes, les unes dites principales, sont quant aux altitudes, espacée 1 de 400 en 400 mètres et figurées par un trait assez fort. Les courbes in- term''diaires au nombre de trois sont d'un tracé Irès-miece, Les altitudes entre les courbes succes- sives de l'une ou de l'autre sorte varient donc de 100 en 100 mètres. Cependant, dans quelques par- ties, aux inclinaisons très-brusques, la petitesse de l'é belle n'a pas permis de tracer entre les courbes principales les ?! courbes intermédiaires. On a dû n'en tracer qu'une, de sorte que les différences d'al- titude sont en ces points de 200 mètres, au lieu de 100, comme presque partout. Les lignes de nivellement sont en noir et celles île l'hvdrographie (rivières, fleuves, lacs et mers) en bleu. j)e cette différence de teintes, il suit que l'impres- sion a dû nécessiter deux tirages successifs, ce qui créait une assez grande difficulté si l'on voulait ob- tenir une concordance parfaitement exacte entre les ligues des deux teintes. Ces diflienltés résultent, on le sait, des déformations du papier aussi bien que de la manœuvre, de l'impression. Le résultat, à ce point de vue parait, hâtons-nous de le dire, très- satisfaisant. D'ailleurs, quelques légers défauts de concordance n'eussent été d'aucune conséquence, car il faut remarquer qu'ici, le relief du terrain est la chose importante et. que quand bien même, ce qui n'est pas, les déplacements des ligues de l'hvdro- graphie, eussent été de un demi-millimètre, il n'y aurait, pas lieu de s'y arrêter. L'impression à un seul tirage donnait bien, il est vrai, le moven d'obtenir une exactitude rigoureuse. Mais dans le cas du travail qui nous occupe, on com- prend quelle importance il v avait à présenter très- nettement le relief du terrain, ce qui eût été do toute impossibilité, si les lignes du nivellement eussent été de nièine couleur que celle de l'hydrographie. La confusion eût été inévitable en une multitude de points. Ce travail comble une lacune considérable dans les moyens de description de notre sol et que l'indus- trie particulière eût été absolument incapable de remplir. Il suint, en effet, pour s'assurer de l'exis- tence de cette lacune, de, comparer entre elles des cartes à grande échelle dues à des auteurs d'un mé- rite incontesté. Ou remarquera "que des reliefs, même très-saillants, ont sur presque toutes ces cartes des physionomies assez différentes et souvent contradic- toires. On n'eu sera pas étonné, si l'on songe à la ra- reté et à l'incohérence des documents précis que pouvaient posséder les auteurs de ces cartes. Qu'on réfléchisse ensuite à l'immense quantité de points dont il est nécessaire de connaître l'altitude et la position en plan pour déterminer la forme du massif le moins compliqué et l'on conviendra qu'un service aussi largement doté que celui de la carte de France au Dépôt de la guerre, était seul capable de mener à bien une aussi grosse entreprise. Après cette publication, on ne sera plus excusable de produire des cartes de France, représentant le sol d'une manière aussi fantaisiste que nous eu avons pu voir jusqu'à ce jour. Les grands massifs, les pla- teaux, les collines importantes peuvent être aujour- d'hui dessinées et décrits avec une rigueur presque mathématique et qui ne laisse dans l'esprit ni confu- sion ni incertitude. Cette fiction de chaînes de mou- LA NATURE. 135 tagnos ininterrompues, eneeignant comme de mu- railles ou de parapets les bassins de nos fleuves, et que 1rs écoles et les traités de géographie ont ad- j mises si cnmplaisammctit presque jusqu'à e,e joui', a désormais fait sou temps et devra disparaître devant la réalité si elairement manifestée. Ce produit de tant de travaux est-il à l'abri de toute critique et n'est-il susceptible d'aucuns perfectionne- ments ? Cela n'est pas probable, mais c'est par l'u- sage seulement qu'Usera possible de juger sûrement, ses imperfections. Tel qu'il est cependant, nous voyous qu'il constitue un document imposant et dont l'emploi doit, être dans une multitude de circon- stances, un instrument de puissance considérable. On ne peut, malheureusement, tout en reconnaissant, ce beau résultat acquis, se défendre de cette réflexion : Pour quelles raisons a-t-on tardé jusqu'à ce jour, à faire jouir le pays de documents accumulés au Dépôt de la guerre depuis près d'un demi-siècle, sachant que ces documents, même incomplets, eussent, été d'une utilité si considérable, aussi bien dans l'étude ries questions industrielles que dans celles relatives à la défense du territoire ? Eucè^iî (iriLLElllS, c-> LE PAPYRUS D'EBERS Le roi de Saxe vient d'acheter et de faire déposer à la bibliothèque de Leipzig, un papyrus égyptien, sur la préparation des médicaments, découvert à Tbèbes par le docteur Kbers, et que ce savant s'est procuré avec une adresse et une persévérance toutes patriotiques. Le docteur Georges Ebers raconte lui- même, dans la Gazelle d'Augsboiirg, les péripéties de nette acquisition que menaçait, de lui enlever certain Américain, moins adroit que lui ; c'est, d'après sou récit que nous allons indiquer, à grands traits, l'im- portance et le contenu du pnptjrus d' Ebers. C'est un très-beau papvrus jaune, assez bien con- servé, malgré les nombreux dépliages qui en ont al- téré certaines parties, et qu'il faut, manier avec les plus grandes précautions. 11 se compose de 110 co- lonnes, et porte sur le revers un calendrier double de, huit colonnes. Chaque colonne a une largeur de 8 pouces, et comprend Î22 lignes; elle est paginée en haut et au milieu. L'écriture va de droite à gau- che; elle est à l'encre noire, sauf les têtes de cha- pitres qui sont à l'encre rouge; tes caractères soi il beaux, fermes, élégants ; le prêtre qui les a tracés était un artiste. Leur forme semble les faire remon- ter au dix-septième siècle avant J.-C. Au reste, sur le double calendrier est mentionné le nom du roi Ra- ser-ka (Aménophis 1"), ec qui prouve que le papy- rus n'est pas postérieur à la première moitié du dix- septième siècle. Quanta la composition elle-même, elle remonte en- core plus haut que la transcription. On sait que les plus anciens écrits égyptiens étaient des écrits médi- caux. Manétbon nous apprend que les Égyptiens hono- raient iindeleurs premiers rois comme médecin. Cette assertion est confirmée, non-seulement par le frag- ment de papyrus de Brugsh et Chabas, conservé au musée de Berlin, mais encore par celui que nous mentionnons. Le premier chapitre du papyrus traite de l'origine même du livre qui provient du temple d'An (Hélio- polis). Puis, viennent les remèdes proprement dits employés contre les diverses maladies, avec des dé- tails étendus sur les maladies d'veux, les remèdes coulre la chute des cheveux, les ulcères, la fièvre, les démangeaisons, etc. Au chapitre consacré à la maîtresse de, ménage, comme l'appelle l'écrivain égvptien, en succède un autre, traitant de la maison même, de l'importance de sa propreté pour la santé, des movens de chasser les insectes, de leur interdire l'accès des demeures, d'empêcher les serpents de sortir de leurs trous, des moyens «l'éviter la morsure des cousins, les piqûres de puces, de désinfecter les vêtements et le logis. 11 est traité plus loin, comme d'une chose mysté- rieuse des rapports de l'âme avec le corps, puis des moyens secrets de connaître le cœur et ses batte- ments. Eu terminant son coup d'eeil sur le papyrus, qu'il rapporte aux temps des premiers pharaons, très-peu après Menés, Ebers s'excuse de ne l'a- voir pas plus profondément étudié faute des res- sources littéraires qui lui Ont manqué dans son voyage ; mais il se promet de le déchiffrer complè- tement, à l'aide de ses collègues, tâche qu'il ne pense pas possible de terminer cependant avant plu- sieurs années. Il a l'espoir que, grâce aux traduc- tions diverses de. la Bible, on pourra arriver à la détermination des nomsde certaines maladies aujour- d'hui inconnues; il y sera encore aidé par les vieux ouvrages égyptiens, par les dictionnaires des langues sémitiques, par des ouvrages grecs, analogues comme fond au papvrus (particulièrement celui do Dioscoride). 11 estime déjà que le papyrus lui apportera i (10 mots absolument nouveaux. Enfin il pense que si, sous le rapport de la physiologie, delà pathologie et de la thérapeutique, sciences si avancées de nos jours, le papyrus n'ajoutera aucune idée nouvelle, au moins jettera-l-il lîne vive lumière sur l'histoire ds la mé- decine dans ces âges reculés. l) r C. Delvaille. os><- LE CAP BLWC-XEZ ET LE CAP GRÏS-XEZ Les spectacles si variés et. si admirables qu'offrent à l'observateur les rivages de la mer sont un magni- fique exemple des modifications éternelles que su- bit la surface du globe terrestre. — Quand la cote est basse, et le fond sablonneux, les vagues poussent ce sable vers le bord ; à charpie reflux il s'en des- i 30 \A NATl 111'. sèche un peu, et le vi'nt, ijiii souille presque toujours de l;i mur, en jette sm l;i plage. Ainsi si; forment les dunes, ces monticules sablonneux, qui, si l'indus- t lie de l'homme ne parvient à les livcr [>;ir des végé- taux convenables, marchent lentement mais invaria- blement vers l'intérieur des terres. Ouaiid. au con- traire, l;i cote esL élevée, la nier qui n'y peut rien rejetei y exerce une. action destructive; ses vagues en rongent le [iied et en escarpeuf. toute la liauleur en falaise, parce que les parties plus hautes, se trou- vant sans appui, touillent sans cesse dans l'eau ; elles y sont agitées dans les (lots jusqu'à ce que les par- celles les plus molles et les plus déliéesdisparaissent. Les portions plus dures, à force d'être roulées on sens contraires par les vagues, forment ces g;ilels arrondis ou celte grève qui linit par s'accumuler assez, pour servir de rempart au pied de la falaise. (CuvicrJ. l'our avoir une juste idée de la force destructive ries tlots de l'Océan, il sul'lit de les observer, pondant la tempête au .sommet d'une falaise du cap Blanc- Nez. 1, 'impétueuse année des vagues se jette à l'as- saut de la muraille de piètre, avec une épouvantable fureur; on entend de terribles mugissements pro- duits pur ce combat de l'élément liquide, contre la terre ferme, Celle-ci est toujours vaincue dans la lutte; des éboulcments su produisent sous le jeu de cette action puissante ; des pans de rochers s'é- croulent et après la tourmente la mer les divise, les arrondit ou galets. Lo Blanc-Nez et le (iris-Nez, sont deux promon- toires, situés à côté l'un de l'autre* au nord de la France , entre Boulogne et. Calais. Ifs sont formés do magnifiques falaises, peu connues du touriste, et cependant les plus imposantes peut-être que pré- sentent les côtes françaises, l.e géologue y trouve un remarquable, exemple des évolutions lentes du' globe, sous l'action des vagues de l'Océan. Un effet, le pas de Calais ne cesse pas de s'élargir depuis des siècles ; et d'après les observations de M. Tliomé de Gamond, la l'alaise du Gris-Nez recule environ de 25 mètres par siècle. Les deux caps Blanc-Nez et Gris-Nez soirt formés de roches calcaires, qui appartiennent au terrain oolilhiquc, supérieur ; on y trouve un grand nombre d'empreintes de coquillages fossiles, notamment des ammonites d'une "dimension considérable. Quelques- unes d'entre elles, beaucoup plus petites, sont for- mées de pyrite defer qui abondent surtout dans le cal- caire du Blanc-Oiez. Cette pyrite s'y rencontre par- tout dans la masse rocheuse soit en minces liions, soif en rognons de la grosseur d'une noix ; quand on brise ces rognons , on en dévoile la remarquable constitution ; ils sont formés d'aiguilles de sulfure de fer, qui ravonuent autour d'un centre, et affec- tent un éclat particulier. Leur couleur est d'un beau jaune métallique, et les pêcheurs ignorants, de la localité, sont, persuadés que ces minéraux contiennent de l'or. Le soufre et le fer sont cependant leurs seuls éléments constitutifs. Le cap Blanc-Nez, dont notre gravure, faite d'a- près nature, donne une représentation exacte, forme une vaste muraille, qui n'a certainement pas moins de 2 kilomètres d'étendue. Son point culminant est situé à deux cents mètres au-dessus du niveau de la basse mer. Le cale lire, qui en constitue la masse, est U N ATT HE. 1Ô7 aussi blanc que la craie, cl. quand le soleil y darde ses rayons, l'œil peut ;'i pnut: en supporter l'éclat. (Juand (in longe le rivage au pied de la falaise , on Iraversc un curieux amoncellement de rochers ébou- lés, de pierres roulées ijui s'étendent à une grande distance vers la pleine mer, sur un lit du sable menu. Le point d'où l'un part, au pied de la falaise, puur entreprendre l'excursion est le wllage de Saiigalte : à l'extrémité opposée, ou admire des petites cascades d'une eau douce et fraîche, qui s'écoule sans cesse des fissures des routiers, et ruisselle d;ius la nier pendant lus hautes marées. Le e;ip Gris-Nez est beaucoup plus rapproché, de ISoulugue ijiie de (allais, il s'avance plus loin dans la mer, et tenue la pointe extrême du nord de la f'i'anee vers l'Angleterre. IJuoiipi'il ne soit situé qu'à une faibli: distance du lllaue-Nez, son aspect est tout, à fait caractérisliijiic. Ses falaises ne s'élèvent pas à \i\n: hauteur considérable, elles sont formées d'un sid 1'riuhle, où se trouvent, étalés eu lignes hoi'i/on- tales, d'immenses rochers calcaires de forme ronde. Ce* rochers sont aussi nous que ceux du Diane-Nez sont hlancs ; un grand nombre d'entre eux sont éboules et produisent, au bord de la mer, un étrange '■ ■ : ■■■ '■:, ' ■ '■ ' ."" . •.. Leis falaises du c;ip Blnuc-Vz. chaos de pierres gigantesques, dont, quelques-unes atteignent des dimensions prodigieuses (Voir la gra- \ure ci-contre). 11 est certain que ces pierres tombées de la falaise, forment un véritable rempart contre les vagues ; on dirait que la nature a pris soin de prot-'ger le gise- ment terrestre, afin que l'envahissement des dois ne soit pas trop rapide. Dans un grand nombre de localités, les débris tombes des falaises sont immédiatement déblayés par la mer, et la destruction est alors considérable. C'est ainsi que de l'autre côté du pas de Calais , les falaises de l'Angleterre sont démolies par l'Océan avec uni: énergie de beaucoup supérieure. D'après Jîeet Jukes, les fermiers doivent environ compter sur une perte de! mètre par rn, !c long de la falaise britannique. Sur d'autres points de l'Angleterre, de. semblables laits sont fréquents. A l'est de la pénin- sule de Kent, les Hots de l'Océan ont envahi 6 kilo- mètres de terre ferme depuis l'époque romaine. Les vastes domaines du comte Coodwin ont été entière- ment submergés; à la place d'une propriété riche et luxuriante, on aperçoit aujourd'hui des rochers, des récifs, où les navires viennent parfois se briser pen- dant la tempête. Les côtes françaises, où s'élèvent le Blanc-Nez ut le Cris-Nez , sont beaucoup moins endommagées , comme nous venons de le voir. Ce dernier cap est protégé par un rempart formidable de rochers si so- lides et si massifs, que la force des flots ne peut évi- demment les entamer que lentement et d'une façon peu sensible. Comme l'a dit un poète, ou pourrait 138 LA N A TUTU: comparer ces rocs, éboulés de lu falaise, à des com- battants (|ui protégeât de leurs cadavres, la forte- resse d'où l'ennemi les a arrachés. Toutefois si l'œu- vre i:î la mer n : est pas aussi rapide, elle, n'en est pas moins manifeste, et do siècle en siècle l'Océan tra- vaille, là comme, partout ailleurs, à modifier le contour des continents, à niveler l'écoi-ce terrestre. Bien avant nous, de grands observateurs ont compris et admiré ces éternelles évolutions de la matière, au soin de la nature ; il y a plus do mille ans , Ari.stoî.e . exprimait, à ce sujet, des idées auxquelles on ne saurait rien ajouter aujourd'hui : u La terre, dit cet illustre philosophe, dans son Traite des météores, ne. présente pas toujours le même aspect : là où nous foulons aujourd'hui un sol continental, la mer a sé- journé et .séjournera encore ; la région où elle est à présent l'ut jadis et redeviendra plus lard encore un continent. Le temps modifie tout, n L. Lhémti! r. >.$*> CURIOSITES DE LA METEOROLOGIE LES st mot HS d'à Mi. Les éléments essentiels de la théorie des miroirs d'air ont été découverts, par Monge, dans des circon- stances i]ui méritent d'être rapportées. Les soldats de l'expédition d'Kgypt.e ne tardèrent point à s'apercevoir qu'ils él nient presque tous les jours victimes d'une illusion cruelle; chaque lois qu'ils poursuivaient l'ennemi dans le désert, ils vovaient apparaître devant eux des nappes d'eau qui semblaient fuir comme pour leur luire subir le supplice de Tantale. Le crédit des savants qui accom- pagnaient le général Bonaparte eût été singulière- ment ébranlé s'ils n'avaient donné une théorie com- plète d'un phénomène gênant et incessamment renou- velé. Sommé de répoudre, l'inventeur de la géométrie descriptive s'exécuta de bonne grâce. Son explication fut prête lors de l'apparition du premier numéro de la Décade égyptienne, journal scientifique de l'ex- pédition qui dura jusqu'à la capitulation du généra] MftiiOU. Un numéro était sous presse, et son appari- tion aurait eu lieu à l'époque ordinaire sans cette catastrophe, que les savants voyaient venir, mais à cette époque d'héroïsme la plus triste perspective n'arrêtait point les travaux. Les Anglais étaient parfaitement au courant des faits et gestes de l'armée d'Egypte, qu'ils faisaient surveiller par leurs espions avec un soin jaloux. Nulle part les numéros de la Décade égyptienne n'étaient lus avec autant de soin qu'à Londres; aussi, presque immédiatement après la publication du mémoire de Monge, le révérend Viuce et le célèbre Wollaston publient de longs mémoires sur les mi- rages dans les Transactions pliilosophianes . Les Alle- mands ne tardèrent point à venir à la rescousse comme Jes traînards pesamment chargés, arrière- ganle d'une armée qui envahit le pays ennemi et qui livre au pillage tout ce qui lui tombe sous la main. C'est doue à nos compatriotes que revient l'hon- neur d'avoir jeté, les bases d'une des théories physi- ques les [il us intéressantes, ainsi que nous espérons être à même de le montrer, Wollaston eut cependant une idée fort ingénieuse. 11 imagina de. mettre dans une fiole plate du sirop de sucre, sur lequel il jeta avec précaution de l'eau pure. Lue fois ceUeeau reposée, il la surmonta d'une couche d'alcool. La bouteille contenait doue trois couches, diaphanes toutes trois, mais douées chacune d'un pouvoir réfrin- gent spécial. La sur- face de séparation de l'eau et du sucre, ainsi que celle do l'eau et de l'alcool, produit alors des ef- fets de réflexion et de réfraction tout à fait analogues à ceux qu'on observe sur les miroirs d'air. Quand on se place convena- blement, ou voit ap- paraître, dans le. voi- sinage île. cette sur- face invisible, deux images, l'une droite et l'autre renversée. Ous'eii assureàl'aiile d'une étiquette que l'on col le sur le verre de l'éprouvette ap- phlie(lig. 1). Est -il besoin de faire remarquer que des phénomènes ana- logues se produisent forcément dans l'atmosphère,, quand une couche d'air douée d'un pouvoir réfringent très-faible, vient à se placer au dessous d'une couche plus réfringente'.' C'est le cas normal qui se produit dans le désert, lorsque le sable est surmonté par une couche d'air très-chaud. La bouteille plate de Wollaston donne donc un moyen très-simple de répéter les observa- tions faites surune plaque de tôle fortemcntécliauffée. Il est facile de voir que, dans l'expérience de Wol- laston, les deux couches ne sont point nettement séparées ; car en vertu de la diffusion le sirop monte dans l'eau en même temps que l'alcool y descend. Mais la loi des variations de densités doit être ré- gulière. Sans cela le phénomène ne se produirait point. On verrait des stries, des troubles de vision, des images imparfaites, plus ou moins analogues aux trépidations que produit une flamme on de la vapeur invisible qu'on intercale, en plein jour, entre son œil et un objet éloigné. Fig- 1- — expérience ils Wollaston. LA NATini' 159 Comme nous l'avons dit plus haut, les phéiio- mèues sont quelquefois plus complexes, et lu réver- bération produite pur le miroir d'air peut avoir lieu dans le eicl. C'est le phénomène qui se présente lorsqu'un courant d'air chaud se trouve intercalé entre deux couches d'air froid. Alors les images extraordinaires se montrent aussi bien à lu surface supérieure qu'à la surface inférieure de la couche intermédiaire. C'est ainsi que l'on peut expliquer les diverses variétés du mirage qui ont été observées à différentes reprises dans la Manche, et dont les mé- moires insérés, en 171)9 et en 1 800, dans les Tran- sactions philosophiques, donnent de, nombreux exemples. Ces miroirs célestes produisent des appa- ritions d'armée, de villes ou de troupeaux apparais- sant dans les nuages. Les cas de suspension aérienne observés à Paris se rapportent au même phénomène. Cette explication a même été indiquée d'une manière grossière par Cardan à propos de l'apparition d'un ange planant au-dessus de la ville de Milan. 11 a fait voir que cette ligure n'était que l'image d'une statue surmontant un des clochers de la cité. - Fac-similé d'une eslumpe Je la IliUliotlicque nationale ' (1537) Dans Lvcosthène, .lulius Obsequens et autres chroniqueurs, on parle très-souvent de l'apparition d'armées venant se montrer dans les nuages, et qui pouvaient être simplement l'image de combats se livrant à quelque distance. Cependant, il peut égale- ment se faire que ces apparitions, simplement fabu- leuses, n'aient jamais eu lieu, et que les dits chro- niqueurs n'aient fait que duper leurs lecteurs, si eux-mêmes n'avaient point commencé à être, les pre- mières dupes (fig. 2). ' Cutlc gravure est reproduite d'après un livre, très-rare cl, très-iinr-iGu, intitulé : J' J rodiginrinn ac tizlc.nlmum chromeon, Jl 1)1. VII, ilii à I.ycostliène. ISous aurons l'occasion de. parler tirs-prochainement dp. cet ancien ouvrage. Nous n'en finirions pas si nous voulions expliquer toutes les illusions auxquelles les miroirs d'air peuvent donner lien. Mais il est un genre de troubles de la vision dont nous ne pouvons nous empêcher de dire quelques mois. F.u effet, rien n'oblige, comme on a le tort de le croire, à supposer que ces miroirs soient nécessairement plans. Ils peuvent prendre une forme curviligne dans certaines circonstances parti- culière du refroidissement ou du réchauffement atmosphérique. Car ce phénomène se produit aussi bien dans un cas que dans l'autre. Ce qui le prouve surabondamment, ce sont les récits du capitaine baleinier Scoreshy, dans son Tableau des légions arctiques. Les mirages sont plus nombreux peut-être sous les pôles que dans l'équateur. La seule différence, c'est que le pouvoir réfringent de la couche pertur- batrice, au lieu d'être produit par une augmentation de chaleur, est le résultat d'une contraction extraordi- naire produite par le froid. Si on admet que le sable du Sahara produit une action positive, il faudra dire, que les glaces de la banquise produisent une action négative. Mais tous les raisonnements faits pour un cas conviendraient à l'autre en changeant les signes dans le sens qui convient. Si les miroirs d'air sont curvilignes, les images peuvent être déformées et amplifiées comme avec une lentille. On peut, avoir de véritables anamorphoses. Ces miroirs d'air doivent se produire souvent la nuit d'une façon îrrégubèrc, quand il fait froid à terre et que le ciel est serein, ce qui arrive très-fréquemment. En effet, les ascen- sions aérostatiques prouvent qu'il fait généralement plus chaud à une certaine altitude. Xe serait-ce point, par hasard ce mirage imparfait qui produirait le tremblotement ou la scintillation des étoiles et des planètes? Si les étoiles scintillent presque tou- jours, même quand les planètes sont tranquilles, c'est, sans doute, en admettant l'hypothèse que nous hasardons, que, leur lumière traversant un nombre bien plus grand de matières diaphanes ne nous sau- rait arriver limpide, tranquille et pure. 11 n'y aurait rien d'extraordinaire à admettre qu'elle éprouve une réfraction et un trouble particulier, en pénétrant dans notre monde solaire. Quoiqu'il en soit, on peut dire que la. théorie physique des mirages est encore à faire, car on a oublié d'observer et l'on s'est borné à disserter à porte de vue sur les courbes qui peu- vent le mieux représenter les trajectoires. Avec un mélange d'enu froide et d'eau chaude, on pourra certainement produire des effets de mirage analogues à ceux qu'on obtient avec différents liqui- des diaphanes. Il suffirait, je pense, de chauffer l'eau pur le haut, afin que les bulles n'en troublent pas la transparence. Nous ne pouvons terminer cette revue sommaire sans protester contre deux erreurs des physiciens. La première, de beaucoup la moins grave, est do croire que les ravons lumineux suivent forcément une li- gne régulière, mais, d'après ce qui précède, on peut voir qu'ils peuvent, suivre une trajectoire quelconque iU) LA NATURE. comme le représente par exemple la figure 3, où le rayon lumineux est représenté pur la ligne LMM1. Cette trajectoire n'a rien pour la définir que les lois infiniment variables de la répartition dû la quantité d'humidité et de la quantité de chaleur. La seconde, beaucoup plus «rave, c'est de s'imaginer qu'il y a dans les lois de la réfraction une sorte de compensa- tion, telle qu'on n'est pas obligé de tenir compte de l'état hygrométrique de l'air, car, si la vapeur d'eau introduit un pouvoir réfringent plus grand, elle Fia. "• produit, d'aufre part, nue raréfaction de; l'air; celte chimérique compensation, imaginée parsuile d'expé- riences incomplètes de ISiot et d'Arago, est ruinée par les phénomènes de mirage. I. 'expérience sui- vante de Wollaston, qu'il est facile du répéter, ne laisse point de prise au [dus léger doufe. En fusant évaporer de l'eau sur une plaque de dix pieds de longueur, et en visant, un objet éloign ■' lu- mineux, on voit un déplacement appréciable: l'image est relevée, f fi tr . A). Figr. 4. — îlirage artificiel ie Wollaston. Ces phénomènes se constatent mieux, en faisant évaporer de l'alcool et surtout de l'ether répandus sur une planche ou une plaque de verre de dimension moindre. Eu augmentant la rapidité, de l'évaporalion, on s'aperçoit facilement que la déviation augmente. Les images interverties, vues au-dessus de la mer à petite distance, n'ont point d'antre cause. C'est un phénomène analogue à celui qu'on produit artificiel- lement avec une petite quantité d'éther, et qui dans la nature demande un espace beaucoup plus grand, parce que la -différence du pouvoir réfringent de la vapeur d'eau et de l'air est infiniment plus faible que celle île l'air et de l'éther vaporisé. Nous terminerons en faisant remarquer que bien des fois, dans les opérations géodésiques, on a aperçu des changements dans le résultat des visées pour les points lointains. Nous avons même lu, quelque part, qu'on se proposait de tirer des conclusions météoro- logiques de ces déplacements des images. Nous se- rons huuroux de voir' qu'on donne suite à un projet si utile, non-seulement pour le progrès de la géo- désie, mais encore pour celui de la physique elle- même, caries circonstances multiples dans lesquelles se produisent les mirages ne tailleront point à être élucidées. W, du Fonvielle. LES WJVGOXS-AMBULANCES Les changements introduits dans l'art militaire par l'emploi des armes à longue portée ont amené, un double résullat qu'il e>t impossible de méconnaître : la diminution du nombre des morts et l'auginenla- 1iou de celui des blessés restés sur le champ de ba- taille, lue pensée généreuse, bien digne d'un siècle de progrès, fut de chercher à sauver, en temps utile, ces malheureuses victimes de la guerre par une or- ganisation efficace des sociétés de secours. — 11 ap- partient à l'Amérique d'avoir eu, en avril 1 801, lu première idée sérieuse d'une association de ce genre. Depuis cette époque, des progrès de toute sorte ont été apporlés à la grande oeuvre philanthropique, pour laquelle les différentes mitions ont rivalisé de zèle. — Nous n'avons pas à décrire ici les nombreux ap- pareils destinés au sauvetage des blessés ; le sujet est vaste et donnerait lieu à de trop longs dévelop- pements. Toutefois nos lecteurs verront peut-être avec quelque intérêt certains détails sur un point important de la question : le transport rapide des blessés sur les chemins de fer, au moyen de wagons spéciaux, pourvus de tout le confortable nécessaire à des malades. Les waijons-ambulannes ont été employés, pour la première fois, en Amérique, pondant la guerre de la sécession. Les champs de bataille des États-Unis étaient encombrés de blessés, dont l'agglomération eut amené des résultats désastreux au point de vue hygiénique, si l'on n'avait pris des mesures pour les éloigner de ces centres d'infection. 11 ne fallait assu- rément pas songer à placer dans des voilures ordi- naires, si commodes qu'elles pussent être, des hom- mes amputés ou atteints de hlessuros graves; les wagons à voyageurs furent donc réservés aux soldats que le peu de gravité de leur étal permettait de transporter ainsi sans inconvénient. Quant aux au- tres, le problème consistait à trouver un moyen de les soustraire aux fatigues de la route et aux intem- péries des saisons, en créant pour eux de véritables dortoirs roulants. Une des principales difficultés d'exécution résidait dans l'aménagement des lits; il LA NÀÏUIÎK. 141 y avait là, en effet, un double éeueil à éviter : car, si j les malades étaient horriblement secoués ; d'un au- l'on fixait solidement ces lits à la paroi de la voiture, | tre coté, si on les suspendait à des courroies rigides, Wu^on d'jiiiluiljnci: ru^e l' : : "'■'';%■■ -■■■■■ - - ' ■ m 1 ^ r ■ * ilP 1 Crin^r? du via^nii tl'asnliulaiicu ru.^o.. les coiiclieltes étaient, ballottées eu différents sens, et les hommes éprouvaient une sensation analogue à celle du mal de mer. Pour obvier à ces divers incon- vénients, on a eu recours à un mode spécial de sus- ii-2 LA Mll'ItE. pension : chaque. Ht, compost': d'un cadre en bois, recouvert d'un matelas solidement iixé, est accroché, par de fortes courroies en caoutchouc, à des anneaux de même matière insérés aux parois du wagon à l'aide de crochets en fer. L'élasticité du caoutchouc amortît les secousses imprimées par la marche, au point de les rendre presque insensibles pour les malades. Ces lits sont superposés, sur trois rangs en hauteur, de. chaque, coté de la voiture, suivant une disposition analogue à celle usitée sur les paquebots. Les wagons de ce système,, comme tous ce.iu em- ployés en Amérique, sont à couloir central, et, mu- nis d'une pl.ile-f'oinie avec escalier à. chaque extré- mité ; la caisse est, divisée en trois compartiments: le premier forme cabinet pour le médecin, avec table et ht-eanapé ; cette pièce renferme la pharmacie et tous les instruments nécessaires ; le second contient les lits des malades, et le troisième est destiné; à chauffer, ou moyen d'un [nulle, le dortoir et la chambre du médecin. Ces voitures, en raison de leur longueur exceptionnelle, no sont pas montées sur des essieux Jixes ; un système de quatre mues, réu- nies par un plancher mobile autour d'un axe verti- cal, supporte chacune des extrémités de la caisse, de manière à permettre, le passage dans les courbes les plus prononcées. l\jr l'emploi de ce, mode de trac- tion, il a été construit des wagons d'une dimension telle qu'ils pouvaient réunir tous les cléments néces- saires au service de l'ambulance: dortoir, cabinet du médecin, salon d'opérations, cuisine et pharmacie. Celui dont nous donnons deux figures en perspective et en coupe, a été construit en Russie.; il est à deux étages, l'un destiné aux malades, et l'autre conte- nant seulement la chambre du médecin, des réser- voirs à eau et à glace, et les collections d'instruments de chirurgie, ainsi que les thermomètres, baromè- tres, etc. A l'étage inférieur, on trouve successive- ment, installés avec un confortable parfait, la cuisine, le laboratoire- de pharmacie, et le dispensaire pourvu d'une table à opérations ; le reste de la voiture ap- partient à l'ambulance proprement dite ; les blessés y sont pourvus de lits moelleusement suspendus, de chaises longues articulées et de fauteuils; la tempé- rature y est entretenue à un niveau constant nu moyen d'un appareil à circulation d'eau tiède, réglé par l'électricité; enfin, des ventilateurs maintien- nent l'air intérieur à un état de pureté satisfaisant. Ce wagon, construit à Moscou, par les élèves de l'E- cole technique Komissarolf, a été offert à l'impéra- trice de Hussie pour la Société de secours placée, sous sou patronage. Les frais de construction se sont éle- vés à près de 58,000 francs. Nous ne pouvons oublier de mentionner, eu ter- minant, un intéressant progrès accompli pur la France dans la question qui nous occupe. La Société de secours aux blessés vient d'envoyer à l'Exposition de Vienne un train complet de wagons-ambulances, j construits dans les ateliers d'fvry. Chacune des voi- tures composant ce train a une destination bien défi- nie et porte un titre indiquant son usage spécial: approvisionnement, cuisine, réfectoire, ambulance, médecin, magasin. Cette installation admirablement organisée et si bien fuite pour soulager les blessés fait le plus grand honneur à la Société française et à son honorable président. P. de Sacyt-Michel. CITRON [QUE I,<- niêtôorïlr. tl'IIiiEI, — |,e 7 juilIcL dernier, la ville d'Itull, ilile aussi K'niijaloii-upim-HiiU, silure en Angleterre (York), au continent île l'Ihimher el de l'Huit, a été- mise, en émoi par le passade flans le firmament d'un météore d'un éclat inusité. L'aérulillie a décrit dans le ciel une courbe majestueuse, s'éteudanî sur un arc de deux ou dois degrés; malgré l'heure avancée de la nuit (I li. 10), un grand iioinljre d'habitants mil pu observer cet imposant phénomène. La lumière projetée par le mé- téore était d'une Uuicïlé extraordinaire; cite a l'ail sentir son action pendant plus de cinq minutes. La trace lumi- neuse, d'un titane éblouissant, paraissait traverser le carré des étoiles de la constellation de lu petite Ourse. I.tn torpilles pi-iiM^it-nncs. — Nous avons récem- ment parlé des r.onslrrjctions navales de fa Prusse (voyez p. ib). lui des derniers numéros de la Gazette d'Augs- Iwttry nous donne des renscigncuiriilK sur une nouvelle, torpille offensive, quia été expérimentée d'après les ordres du gouveruementimpérial. Celle torpille est tancée par une chaloupe canonnière dans la direction voulue, cl fait ex- plosion ii un moment donné quand elle a été dirigée vers te navire ennemi qu'il s'agit d'atteindre. Do nouvelles expé- riences vont être exécutées en pleine nier, et la division de.s torpilles de la marine pensionne attend un plein succès de ces essais. Ascension** siéoriistatïifues. — Dans le courant des mois de juin el juillet, M. Eugène- Godard a fait une série de campagnes aéruslatiqiics fort intéressantes. Le il) juin, le célèbre aéronaute a exécuté une fort belle as- cension ii bijou, avec son ballon le Métt'ure. 11 est des- cendu tout près de la gare de Langées, après avoir atteint l'altitude de 5, (ICI) mètres, hauteur à laquelle les vovaguurs ont contemplé un admirable coucher du soleil; l'astre dis- paraissait majestueusement dans un océan "de brumes aussi rouges que le sang, et dent l'éclat étail tellement intense qu'on eût dil des plaques de fer incandescent. — Le G juillet, M. Eugène Godard s'élevait dans les airs de- vant les habitants de. ïroyes, et le lii, il recruiuneiiçail une troisième, ascension il lîeims. — L'aérostat dans ce dernier voyage a été saisi à 2, SOU incires d'altitude par un vent violent rHMÈllLS OBiJEhV^TIONS AhT[«ONOH]Ql - ES. ÉTUDE DE SA GtOGHAI'H[Ë ET DE SES CONDITIONS l>'nAB[TAIÎII.nÉ. La période d'observation qui vient île s'écouler, pour la planète Mars', m'a permis de compléter sur cette planète des études commencées pendant les op- positions de 1869 et 1867. C'est le 27 avril der- nier qu'elle est passée juste derrière la Terri;, et que sa lumière était la plus vive. Dès les premières obser- vations, j'ai constaté qu'elle nous présentait son pôle nord, très-ineliué vers nous et marqué par une tache blanche, peu étendue, l'urinant uti peint brillant à la partie inférieure du disque (image renver- sée dans laluncttuasl ro- noniique). Les taches oereuses qui représeu- tent les continents, cl les taches gris ventât re qui représentent les mers se dessinaient sous une forme plus ou moins accentuée, selon la transparence de l'air et selon les heures du soir. l'our que l'observa- tion de Mars puisse don- ner de bons résultats, deux conditions sont requises , outre sa proximité relative à l'époque de son oppo- sition. 11 faut que l'at- mosphère de la Terre soit pure dans le lieu de l'observation, et il faut aussi que l'atmosphère do Mars ne soit pas chargée. En d'au- tres termes, il faut que le temps soit au beau pour les habitants de cette planète. En effet, Mars est enlouié comme la Terre d'une atmosphère aérienne, qui de temps eu temps se couvre de nuages aussi bien que la nôtre. Or ces nuages, en se répandant nu-dessus dos continents et des mers, forment un voile blanc qui nous les cache totalement ou partiellement. L'élude de la surface de Mars est, dans ce cas, diffi- cile ou même impossible. Il serait aussi stérile de chercher à distinguer cette surface, quand le ciel de Mars est couvert, que de chercher à distinguer les villages, rivières, routes ou chemins de fer de la France, lorsqu'on la traverse en ballon au-dessus d'une opaque couche de nuages. On voit par là que l'observation de cette planète n'est pas aussi facile qu'on le supposerait à première vue. De plus l'at- mosphère terrestre la plus pure, la plus trauspa- 1 Yoy. [i. 3. Je SI. C. Kl rente, est ordinairement traversée de fleuves d'air, chauds ou froids, coulant en différentes directions au- dessus de nos tètes, si bien q tic par la nuit la plus calme, il est presque impossible d'arriver à faire un dessin passable d'une planète telle que Mars, l'image vue dans la lunette étant ondulante, tremblante et dif- fuse. Je suis persuadé que si l'on comptait rigoureu- sement les heures pendant lesquelles l'observation de cette planète a été parfaite, quoique sa période d'opposition arrive tous les doux ans et que les lu- nettes soient inventées depuis plus de deux siècles et demi, on formerait peut-être à peine, une semaine d'observation constante. Malgré ces lâcheuses conditions, la planète de la guerre est la mieux connue de toutes (l'art infâme qu'elle symbolise a été, il est vrai, le plus cul- tivé et le plus honoré sur la terre, mais cette innocente planète n'eu est pas responsable). Seule la lune, grâce à sa proximité et à sou absence d'atmosphère et de nuages, a été l'ob- jet d'une étude plus particulière et plus as- sidue, de telle sorte que sa géographie, ou pour parler plus exactement, la siilénoqraplde , est aujourd'hui complète- ment déterminée. L'hé- misphère lunaire qui nous regarde est mieux connu que la terre même; ses vastes plai- nes désertes sont esti- mées à un hectare près ; ses montagnes et ses cratères sont mesurés à dix mètres près, tandis qu'il y n, sur la terre, ôO millions de kilomètres car- rés (60 fois l'étendue de la France), que le pied de l'homme n'a jamais foulés, que son regard n'a jamais visités. Mais après la lune, c'est Mars qui est le mieux connu de tous les astres. Aucune planète ne peut lui être comparée, Jupiter, la plus grosse, Saturne, la plus curieuse, toutes deux beaucoup plus importantes que lui et jilus faciles à observer dans leur ensemble à cause de leurs dimensions, sont envelojipc.es d'une atinosjihère constamment chargée de, nuages, de sorte que nous ne voyons ja- mais leur surface. L'ranus et Neptune ne sont que des points brillants. Mercure est presque toujonrs éclipsé comme les courtisans dans les rayonnements du soleil ; Vénus, Vénus seule, pourrait être comparée à Mars t : elle est aussi grosse que la terre, et par conséquent deux fois jdus large que Mars en diamètre, elle est plus proche de nous et peut même venir à moins de dix millions de lieues d'ici. Mais elle a un défaut, c'est de graviter entre le soleil et nous, de sortoqu'à 10 ujti 1S7IÏ! (D\ipr> un d'assez, loin, c'est que les mers sont étendues dans l'hémisphère sud, entre l'équateur et le pôle, d'une part; d'autre part, en moins grande quantité' dans l'hémisphère, nord ; et que ces mers australes et septentrionales sont reliées entre elles pur un filet de. m. Il y a même sur la surface entière de Mars Irois filets d'eau allant du sud au nord; mais comme ils sont fort éloignés l'un de l'autre, ou ne peut guère en voir qu'un à la fois d'un même côté du globe martial. Ces mers et cette passe, qui les réunit forment un caractère très-distinctif île la planète, et il est rare qu'on ne l'aperçoive pas en mettant l'œil au télescope.. Les continents de Mars sont teintés d'une nuance rouge ocreuse, et ses mers se présentent à nous sous l'aspect de taches d'un gris vert accentuées en- core par nu effet de contraste du à la couleur des continents. La couleur de l'eau martiale parait donc être la même que celle de l'eau terrestre. Quant aux 1 erres, pourquoi sont-elles rouges 1 .' Ou avait d'abord supposé que cette teinte pourrait être due à l'atmo- sphère de ce monde. De ce que notre air est bleu, rien ne prouve en effet que celui des autres planètes doive avoir la même coloration. Il serait donc possi- ble de supposer celui de Mars rouge, Les poètes de ce pays célébreraient cette nuance ardente au lieu de chanter le tendre azur de nos cieux ; au heu de dia- mants allumés à la voûte azurée, les étoiles y seraient des feux d'or, ilambovant dans 1 éeai'late ; les nuages blancs suspendus dans ce ciel rouge, les splendeurs des couchers de soleil centuplées, ne laisseraient pas de produire des effets non moins remarquables que ceux que nous admirons sur notre globe subluuaire. Mais il n eu est rien. La coloration de Mars n'est pas due à son atmosphère, car, quoique ce voile s'étende sur toute la planète, ses mers ni ses neiges polaires ne subissent pus l'influence de celte colora- tion, et Arago, en prouvant que les borda delà planète sont moins colorés que le centre du disque, a mon- tré que cette coloration n'est pas due à l'atmosphère; cardans ce cas, les rayons réfléchis par les bords de la planète pour venir à nous, ayant plus d'air à tra- verse!' que ceux qui nous viennent du centre, seraient au contraire plus colorés que ceux-ci. Cette couleur caractéristique de Mars, visible- à l'uni nu, et qui sans doute esl cause de la personnification guerrière dont les anciens ont gratifié celte planète, serait-elle due à la couleur de l'herbe et des végétaux qui doivent couvrir ses campagnes '! Aurait-on là-bas des prairies rouges, des forêts rouges, des champs longes? Nos bois aux douces ombres silencieuses y seraient-ils remplacés par des arbres au feuillage ru- bicond, et nos coquelicots éearlates seraient-ils l'cm- LA NATURE. 147 blême de la botanique martiale? On peut remarquer eu effet qu'un observateur placé sur la Lune ou même sur \éuus, verrait nos continents fortement teintés de la nuance verte. Mais eu automne, il ver- rait cette nuatioe s'évanouir sous les latitudes où les arbres perdent leurs feuilles : il verrait les champs variés de nuances, jusqu'au jaune d'or, et ensuite la neige couvrir les campagnes pendant des mois en- tiers. Sur Mais, la coloration rouge est constante, et on la remarque sous toutes ses latitudes, aussi bien pendant leur hiver que pendant leur été. Elle varie seulement suivant la transparence de son atmosphère et de la nôtre. Cela n'empêche pas cependant que la végétation martiale ne doive entrer pour une part dans cette nuance générale, qui est due dans sou en- semble a la couleur même des terrains de cette pla- nète. Maïs ces terrains ne peuvent pas être dénudés partout comme les sables du Sahara. Us sont très- probablement recouverts du ne végétât ion que hinuque et connue ce n'est pas l'intérieur des terrains mais leur surface que nous vovous, il faut que le revête- ment de cette surface, que la végétation, quelle qu'elle soit, ait pour couleur dominante, la couleur rouge, puisque toutes les terres de Mais offrent ce curieux aspect. Nous parlons des végétaux de Mars, nous parlons des neiges de ses pôles, nous pailons de ses mers, de son atmosphère et de ses nuages, comme si nous les avions vus. Sommes-nous autorisés à créer toutes ces analogies? En réalité, nous ne vovous que des taches rouges, vertes et blaiehes, sur le petit disque de cett " plauèle: le ronge est-il bien de, la terre ferme, te vert est-il bien de l'eau, le blanc e.at-il bien de la neige? Oui, maintenant nous pouvons l'affirmer. Pendant deux siècles on s'est mépris sur les taches de la lune que l'on prenait pour des mors, tandis que ce ne sont que d'immobiles déserts, plages désolées où nulle brise ne souille jamais et que nul mouvement ne saurait animer. Mais nous ne sommes pas dans le même cas pour 1 interprétation des taches de Mars. Voici pourquoi : L'aspect invariable de la Lune ne nous montre .jamais le plus modeste nuage à sa surface, et les oc- cullatinus d'étoiles ne décèlent pas lu plus légère trace d'atmosj hère L'aspect de Mars, au contraire, varie sans cesse. Des taches blanches se déplacent sur sou disque, nvdiliaiit trop souvent sa configuration apparente. Ces faciles ne peuvent donc être que des nuages. Les taches blanches de ses pôles, augmen- tent ou diminuent suivant les saisons, exactement comme nos glaces circumpolaires terrestres, qui of- friraient précisément le même aspect et les mêmes variations à un observateur placé sur Vénus. Doue ces taches blanches polaires martiales sont, comme, les nôtres, de l'eau glacée. Chaque hémisphère de Mars est plus difficile à observer pendant sou hiver que pendant son été, étant souvent couvert de nuages sur sa plus grande partie : c'est précisément aussi ce qui se présenterait pour la terre ù notre observa- teur do Vénus ; tout le monde sait que le ciel est plus souvent couvert un hiver qu'en été, et qu'il y a des semaines entières où les brouillards ou les nua- ges nous cachent à la vue du ciel. Mais les nuages de Mars, à quelle cause sont-ils dus ? Evidemment, comme les nôtres, à l'évaporalion de l'eau. Et les glaces? Evidemment aussi à la congélation de l'eau. Mais est-ce la même eau- qu'ici? 11 y a quelques ail- nées, celle question fui restée insoluble. Aujourd'hui il est possible de la résoudre. Les merveilleux procédés de la spectroscopie ont été appliqués à l'étude îles planètes, principalement par le savant physicien anglais lluggins'. Les planètes réfléchissent la lumière qu'elles re- çoivent du soleil ; lorsqu'on examine le spectre de leur lumière, on retrouve le spectre solaire, connue s'il était réfléchi parmi miroir. En dirigeant le spec^ troscope sur .Mars, on constate d'abord dans les rayons lumineux émis par cette planète une identité parfaite avec ceux qui émanent de l'astre central de notre svstème. Mais eu employant des méthodes plus minutieuses, M. Iluggins trouva pendant les der- nières oppositions de la planète, que le spectre de Mars est traversé, dans la zone orangée, par un groupe de. raies noires coïncidant avec les lignes qni apparaissent dans le spectre solaire au coucher du soleil, quand la lumière de cet astre traverse les cou- ches les plus denses de notre atmosphère. Or ces raies révélatrices sont-elles causées par notre propre atmosphère? Pour le savoir, on dirigea le spcclro- seope vers la lune, qui se trouvait alors plus près de l'horizon que la plauèle. Si les raies dont il s'agit étaient causées par noire atmosphère, elles auraient dû su montrer dans le spectre lunaire comme dans celui de Mars, et même avec plus d'intensité. Or elles n'v lurent même pas visibles. Doue elles appar- ten ient évidemment à l'atmosphère de liars. L'atmosphère de Mars ajoute dune ces caractères particuliers à ceux du spectre solaire, cu'actères éta- blissant que celte atmosphère est analogue à la nôtre. Mais quelle est la substance atmosphérique qui produit ces lignes accusatrices? En examinant leur position, on constate qu'elles ne sont pas dues à la présence de l'oxygène, de f'a/ote ou de l'acide car- bonique, uiaisà la vapeur d'eau. Donc il y a de, la vapeur d'eau dans t'atmosjihère du Marx, comme dans la nôtre. Les taches vertes de ce globe sont bien des mers, des étendues d'eau analogues aux eaux terrestres. Les nuages sont bien des vésicules d'eau comme ■ elles de nos brouillards, les neiges sont de l'eau sol difiée par le froid. Il y a plus, celle eau ré- vélée par le spectroseopo étant de même composition ch niique que la mitre, nous savons qu'il y a là aussi de l'oxvgène et de l'hydrogène. • Sous nions appris avec plaisir, que. lu Icclnrn de nus on - vrages, la Pluralité tics mondes it 1rs Mondes imaginaires, a spécialement engagé cet illustre physicien à appl quer la spuclroseopi ■ à l'analyse des .iluiosphê.i-es planétaires et de leur coni.litu.iion chimique. (Cm redondance anglaise du Cosmos, octobre l^oi, p. 315 et 1807 pa&smt.) 148 LA NATURE. Ces documents importants nous permettent (la former une idée de la météorologie martiale, cl de voir en elle mie reproduction très-ressemblante du celle de la planète que nous habitons. Sur Mars comme sur la lirn 1 ,, le soleil est l'agent suprême du mouvement et de lu vie ; là comme ici son action détermine des résultats analogues. Lu chaleur vapo- rise l'eau des mers et l'élève dans les hauteurs de l'atmosphère. Celle vapeur d'eau revêt une forme visible par le même procédé i|ui produit nos nuages, c'est-à-dire par îles différences de température et de saturation. Les vents prennent naissance par ees mêmes différences de température. On peut suivre les nuages emportés par les courants aériens sur les mers et les continents, et maints observateurs ont pour ainsi dire déjà photographié ees variations météoriques 1 . Si l'on ne voit pas encore précisément la pluie tomber sur les campagnes de Mars, on la devine du moins, puisque les nuages se dissolvent et se renou- vellent. Si l'on ne voit pas non plus la neige tomber, nu la devine aussi, puisque comme chez nous le sol- stice d'hiver, y est entouré île frimas. Ainsi il v a comme ici une circulation atmosphérique, et la goutte d'eau que le soleil dérobe à la mer y retourne après être tombée du nuage qui la recelait. Il y a plus. Quoique nous devions nous tenir solidement en garde contre toute tendance à créer des inondes imaginaires à l'image du mitre, répondant celui-là nous présente comme dans no miroir une telle simi- litude organique qu'il est difficile de ne pas allrr encore un peu plus loin clans noire description. fin effet, l'existence des continents et des mers nous montre que cette planète a été comme la nôtre le siège de mouuanenls géologiques intérieurs, qui ont donné naissance à iL s soulèvements de terrains et à des dépressions. Il y a eu des tremblements ni. des éruptions modifiant la croule, primitivement ■unie du globe. Par conséquent, il y a des monta. lies ot des vallées, des plateaux, et des bassins, rtosrawus escarpés et des falaises. Comment les eaux pluviales retournent-elles à la nier'? Par les sources, les ruis- seaux, les rivières et les fleuves. Ainsi il est difficile de ne pas voir sur Mars des scènes analogues à celles qui constituent nus paysages terrestres : ruisseaux gazouillants courant dans leur lit de cailloux dorés 1 Le 18 uelabru 18ti2, 11 g heures 13 iniiiule.-i du suii-, le P. Secclii ubiefvusur li planète M-n-s une t-elie en l'orme île tourbillon , qu'il dessina séiui.-o lennnle, el qui donne tout ù t'iit l'idée il un vasle cyclone. Le. la onlolire de Li munie an- née, àl. Lorkver, en Auf. r li lunv, reiii;il'i[ii;i ver* 10 heures ilu suir qu'une jiirlie du continent, qui mirait du cire, visible, était cachée pur un loue; voie lilaue, qui s'éleudil ensuite sur l' Océan voisin. Le munie soir, anri's mimai, M. t);o\es remar- qua aussi cette traînée de ouates; qui occupait Eilnrs une place tisse» éloignée, au sud. î'eailiuit l'oiquisitiim de lSïii, j'ai sou- vent remarqué que, rln joui- nu lendemain, à lu même heure mulhule et dans les mêmes cniutillons optiques, l'aspect de la planète était smgutièrciueiil cha:-e:é, C'est ainsi que le '2 ; 2 juin, à 9 heures du soir, une vaste menée nuageuse, étendue vois l'équateur, lui donnait un certain air de ressemblance avec Jupiter. par le soleil, rivières traversant les plaines en tom- bant en cataractes au fond des vallées, fleuves des- cendant lentement à la mer sur leur lit de sable fin. Les rivages maritimes reçoivent là comme ici le tribut dos canaux aquatiques, et la mer y est tantôt calme comme un miroir, tantôt agitée par la tempête ; seu- lement elle n'y est. jamais animée du mouvement pé- riodique du flux el du reflux puisqu'il n'y a point de lune pour le produire. Du moins les marées causées par l'attraction du soleil n'y sont pas aussi sensibles que c -Iles qui sont déterminées chez nous par l'at- traction combinée des deux astres. Ainsi donc, voilà dans l'espace, à quelques millions de heues d'ici, une terre presque semblable à la notre, où tous les éléments de la vie sont réunis aussi hieuqu'auloiii de nous : eau, air, chaleur, lumière, vents, nuages, pluie, ruisseaux, vallons, montagnes. Pour compléter la ressemblance, nous remarquerons ■ encore que les saisons y ont à peu près lu même in- fi-nsité que sur la terre, l'axe de rotation du globe étant incliné! de 27 degrés (l'inclinaison est de 2." de- grés pour la terre). La durée du jour y est de -10 mi- nutes supérieure à la nôLre. Devant cet ensemble, es! il possible un instant de s'arrêter à la constata- tion de ces éléments et de ces mouvements, sans son- ger, uix effets qu'ilsonldîi et qu'ilsdoh'fint produire? Les conditions physico-cliimiques, qui ont donné naissance aux premiers végétaux apparus à la surface de notre globe étant réalisées là-bns comme ici, comment uuraienl-elles pu se trouver en présence sans agir d'une manière ou d'une autre 1 .' sous quel prétexte scientifique poinrions-notis imaginer un em- pè -heinent arbitraire à la réalisation de ces résultats'? Il faillirait en effet une interdiction incompréhensible un veto suprême, quelque, chose comme un miracle permanent d'anéantissement , pour empêcher les lavons du soleil, l'air, l'eau et la terre (ces quatre éléments devinés par les anciens) d'entrer à chaque instant dans l'évolution organique : tandis que la moindre gouttelette d'eau se peuple ici de myriades d'animalcules, tandis quel'Océau est le séjour de mil- liers d'espèces végétales et animales, quels efforts ne faudrait-il pas à la raison, pour imaginer qu'au milieu de pareilles conditions vitales, le monde dont nous nous occupons puisse rester éternellement à l'état d'un vaste et inutile désert.?.,. Camille Fiaiijlvmox. — La suite. pn> haiiiemerit. — LES FONDATIONS PAR L'AIR COMPRIMÉ De tous les ouvrages que les ingénieurs ont à exé- cuter, ce qu'il y a de plus difficile peut-être est de donner des fondations solides aux ponts établis sur de grandes rivières. Le lit des cours d'eau est le plus souvent de la vase ou du sable, l'obstacle que la ma- çonnerie oppose au courant détermine des afluuille- LA NÀTUIU;. 149 incnts. Le travail ni 1 , peut être durable qui condition d'en descendre les fondations jusqu'au roc, qui se trouve quelquefois à 20 ou 50 mètres au-dessous de l'étinge. C'était (irodigieuseineut coûteux, quelquefois .■.-.■-. V^,/" r *•* - r 'ffîmÊÈËm :| : v.. ,r* Pont ^ VOYAGE D'EXPLORATION EX IXDO- CHINE por M. Fkancis Ciunieh. Ce. voyage ;i été entrepris, par ordre du gouverne- ment français, sous la direction de M. le capitaine de frégate Doudart de Lagrée, et de M. Francis Gar- îiier, lieutenant, de vaisseau. Non-seulement la Société de géographie de Paris a cru devoir couronner cette belle expédition, eu partageant sa grande médaille d'or entre les deux, chefs, mais la Société géogra- phique de Londres, en présence des admirables ré- sultais obtenus par les voyageurs, n'a pas hésité à leur décerner sa jmlroii's metlal, ou médaille de la renie \ictoria. L'un des explorateurs, M. Francis Canner, est à la veille de repartir pour de nouvelles investigations dont nous allons entretenir nos lee- ■ -, ',:., m jf 1 '* gSftte ; '■& ^A Vo;;!;,* 1 en Indo-Chiufi. — C jCh^cIs: ih; S;ikijilie. tours. Xous voulons auparavant rappeler son premier voyage, dont le récit vient d'être publié à la librairie Hachette 1 : les nombreux documents qu'a rapportés M. Gantier font do sou livre une. œuvre vraiment exceptionnelle. L'expédition, après avoir quitté Saigon, s'est d'a- bord portée aux ruines d'Angeor, où sont, amoncelés des débris inouïs de monuments d'une richesse in- comparable, qui délient certainement parleur splen- * Deux itiïi^nifujiies volumes m-[, ridieineal Ulustn' Hachette et O, 1873. deur toutes les merveilles de 1 Europe civilisée. F.n passant en revue les gravures du livre de M. Garnier, faites d'après des photographies par d'excellents ar- tistes, on croirait feuilleter les illustrations d'un vo- lume des Mille et une nuits; escaliers grandioses, gradins gigantesques, ornés de sculptures étourdis- sautes, conduisent à des temples, à des palais auprès desquels les apothéoses de nos féeries ne sont rien. Le monument des quarante-deux tours à Angeor- Tom et la chaussée des Géants, alLestent une civili- sation et un art qui remplissent de stupéfaction l'ob- servateur et le philosophe. — M, Garnier et ses com- LA NATUIÎE. 155 pignons , après avoir' visité Cambodge , Pnom, l!achey, etc., ronlinuent li'ur voyage jusqu'à l'ile (te Khotig, ru passant ;i n pit^s clos admirables ca- taractes de Salaphe, qui offrent un des plus beaux panoramas rjn'il «oit possible d'admirer. « (In voit là, dit M. Garnier, îles cliut^s d'eau de [ilus do quinze mètres de hauteur verticale,, et d'une longueur qui atteint parfois un kilomètre. (Voir la gravure ci-contre). Kn amont le fleuve se, rétrécit un instant, puis il s'épanouit de nouveau sur l'immense Voy.ijM' ou liulo-Cliine. — l'uimlcr Oui-votus plateau du loches, qui précède les cliutes, en se per- dant au milieu d'iles sans noinlire, et en embrassant entre ses deux rives un espace de près de cinq lieues ! » Il faut suivie partout les voyageurs, décrivant les mœurs curieuses îles populations qu'ils visitent, les recopiions dont il sont l'objet, donnant le tableau des spectacles naturels, auprès desquels ils séjour- nent, l'aspect des monuments et des ruines qu'ils étudient, pour avoir une idée exacte de. celte magni- fique exploration. La gravure qui représente les pal- miers earvotas, et qui est faite d'après nature, par M. Delnporte, un des membres de l'expédition, ne jûprésente-t-elle pas la richesse luxuriante de ces \:a LA NATURI'. beaux pays, que dnrcul lus feux d'un soleil ardent, ! inconnu dans nos climats? Qui; de peines, que de labours, ont endurés les voyageurs pendant trois années, pour rapporter l'histoire, complote! d'une importante partie de l'Indo-Chino, , mais aussi quelle jnio pour ees inl'ati cables explorateurs , d'être revenue sous le toit liospitalier de la patrie., et de décrire à leurs concitoyens les étonnantes mer- veilles qu'ils ont visitées! Malheureusement, M. damier est obligé cle nous citer, de temps à. autre, des faits qui prouvent une fois de plus combien la France est lente à étendre au dehors ses relations. .Nous eu reproduirons un qui nous a paru saillant: « Muoiig-I.m, ilit M. Carnier, est un grand village, entouré, de rizières très-bien établies, où se tient tous les cinq jours un marché ussez considérable. I.a valeur relativement élevée des denrées indique des communications commerciales très-importantes. De nombreuses étoiles anglaises apparaissent dans les étalages. On ne peut s'empê- cher d'ailmirer l'habileté et le sens pratique de mis voisins en l'ail d'exportations. Ils ont créé pour l 'Indo- Chine une fabrication spéciale..,. Quand aurons-nous en France, assez de prévoyance, assez de souci des intérêts à venir, pour es-saver d'implanter ausi nos produ'Is à l'étranger, au lieu de considérer l'expor- tation comme l'exuloire de tous les rebuts de nos fabriques ? ï\ Comme nous le disions plus haut, M. F. (ramier a pris la résolution d'entreprendre un second voyage, dans le but de rechercher dans le Tbibet l'origine des grands llcuves qui arro-a nt l'Inde et l'Indo-Chine, I.a géographie de ces contrées a donné heu à de vives discussions, à des polémiques même passionnées, qui dénotent l'importance du problème que le vail- lant explorateur de l'Indo-Chino veut résoudre. Les difficultés sont considérables, mais M. Gai nier, déjà initié aux obstacles à vaincre, e'spère réussir avec le temps, la patience et le courage. Fort de l'appui du ministre de la marine et de la Société de géographie, qui lui assureront les ressources nécessaires à son exploration, il commencera par séjourner à Ilan- Kéou, au centre de la Chine. Après avoir étudié l'hv- drograpbie des admirables rapides du fleuve llleu, il s'engagera vers sa grande exploration Faisons des vroux pour ce voyageur, avec tous ceux que préoc- cupent les intérêts de la science et l'honneur de notre, pays ' . LES AIMANTS il; \\ vrx m: vi. .ta \u\. L'action exercée par la pierre, d'aimant sur la li- maille de fer, action qui se manifeste par 1 adhérence de celle-ci, est un phénomène qui depuis qu'il est 1 Voyez, pour plus amples rlé.inîls, te Tour du Monde, 1S75, pa^e 56(i. connu, a appelé l'attention des observateurs qui ont cherché à étudier 1er lois auxquelles elle obéit. Mais cette action même, est restée sans application jus- qu'à l'époque, actuelle. C'est une autre propriété des corps aimantés, celle de se diriger suivant une ligne déterminée en chaque point du globe, qui les fait employer dans les boussoles : nous ne citerons que pour mémoire les électro-aimants employés dans les télégraphes et les moteurs électriques, et qui se rattachent aux phénomènes produits par les courants plutôt qu'au magnétisme, puisque l'on sépare en- core les ei'i'ets produits par ces deux agents malgré l' issinulation qu'en a faite. Ampère. Mais si les attractions dues aux barreaux aimantés sont restées à l'élat. d'expériences de cours et n'ont point donné lieu à des applications pratiques, ce n'est pas à dire que. ces barreaux ne soient fréquem- ment employés; seulement c'est une tout autre propriété que l'on mol en jeu, celle de développer des courants d'induction dans des circuits métalli- ques voisins : ces courants peuvent servir à faire marcher des télégraphes, à décomposer des dissolu- tions métalliques, à produire tous les effets des cou- rants des piles; niais c'est surtout à obtenir la lu- mière électrique qu'ils servent; nous rappellerons, à cet égard, les belles machines de la compagnie V AU lia lier, qui sont appliquées, entre autres, aux phares de la llèvo. Il est. facile do concevoir que les effets produits sont d'autant plus intenses que les aimants emploies sont plus forts. Cette question des courants d'induction produits par des aimants n'est pas celle dont nous voulons nous occuper aujourd'hui : nous voulions montrer seulement l'intérêt qui s'attache à la production d aimants énergiques. Jusqu'à ces derniers temps, la fabrication des ai- mants semblait abandonnée à la routine, et les divers pays de l'Curopc se trouvaient tributaires de la ville de Harlem, où l'on s'adressait invariablement lorsque l'on voulait avoir un aimant puissant. Malgré les belles recherches de Coulomb, de Biot... rien ne détermi- nait les conditions dans lesquelles nu devait se pla- cer pour li forme à donner à l'aimant, les dimen- sions qu'il devait avoir, eu vue d'une puissance dé- terminée; on savait seulement qu'un bon aimant portait environ dix fois son poids. Quant au mode d'ai- mantation, c'était une question du tour demain. Depuis quelque temps les travaux sur le magné- tisme sont revenus à l'ordre du jour et plusieurs mémoires ont été adressés à l'Académie, des sciences sur ce sujet, : parmi ces recherches, il importe de citer spécialement celles de M. Jamiii, qui l'nnt con- duit à la production d'aimants puissants. Ce savant, dont le îioni est également connu du publie parisien comme celui d'un habile professeur, avait établi un appareil destiné à rechercher le mode de distribution du magnétisme : il évaluait l'intensité du magnéiisme eu un point d'un barreau, en mesu- rant la force nécessaire pour en arracher une petite sphère de fer doux. Armé de ce moyen d'investigation, LA NATURI •133 M. Jamin «tendit les recherches auxquelles il s'était, d'abord hoi'iié ; it voulut S'' rendre compte de ce qui se pusse lorsqu'on approche un 1er doux d'un .dînant. Eu variant les conditions d'exp i iences, guidé d'ail- leurs par des idées théoriques, M. Jarain arriva à mettre en évidence l'existence de ce qu'il appelle la condensation maqnétiijie: cette action, dans le détail de laquelle nous ne voulons pas entrer, serait analo- gue à celle que l'on observe dans la bouteille de I.cyde pour 1 électricité et permet d'augmenter dans des limites assez étendues la quantité de magnétisme développé Mi' un aimant. D'autre part, M. Jamin étudiait les différences dans Sa force magnétique que l'on peut communiquer à un pouls donné de 1er suivant la foi me sous laquelle on Se prépare : il put ainsi se rendre compte de l'a- vantage qu'il y a à composer un barreau aimanté de plusieurs lames minées superposée*. La nature de. l'acier, sou degré de trempe, inlluent Çur la forée d un aimant ; mais jusqu'à présent o/ ne savait rien de positif sur les conditions dans lesquelles ou devait se placer. Les travaux que nous analysons sommaire- ment ont mis en évidence ce fait remarq able que le degré de trempe, de revenu ou de recuit que l'on doit chercher à al teindre n'est pas uniforme et qu'il dépend de l'espèce d'acier employé : ainsi sont expli- qués les incertitudes des constructeurs, les insuccès des nus et les réussites des autres. Ou saura actuel- lement, par la nature du barreau employé, le degré île Irempo le plus convenable. On peut se rendre compte, parce qui précède, de l'intérêt qui s'attache aux recherches de .11. .lamin. Nous terminerons en disant que tous le- détails de la fabrication des aimants lurent ravaillés avec- som et que M. Jamin put présenter dernièrement à l'Acadé- mie des sciences un aimant, construit d'après les indications fournies par ses travaux et qu'il estime être le [dus fort qui ait été construit jusqu'à ce jour : cet aimant est capable de supporter un poids de îiOO kilogrammes et lui-même ne pèse, que 50 kilogrammes, Sera-t-il possible d'obtenir des barreaux aimantés d'une [dus grande puissance? Nous l'ignorons et nous ne voyons pas, dans les conditions actuelles, quelle en serait l'utilité, au moins 1 utilité directe et immédiate : il nous parait au contraire fort intéres- sant de savoir que désormais, par suite des travaux de M. Jamin, on pourra construire rationnellement des aimants produisant le maximum d'odeî dont ils sont susceptibles, et que les machine- d'induction seront, plus énergiques sous un même poids, ou plus légères pour une même énergie. Il faut espérer que le savant membre de l'Institut continuera ses recherches et qu il dépassera le but qu'il a atteint, car si nous ne voyons pas l'utilité immédiate de la production de très-'orts aimants, nous savons que les recherches théoriques qui sem- bbiieiit d'abord les plus abstraites, non-seulement ont souvent provoqué des nouvelles découvertes théoriques, mais ont aussi été le point de départ d'applications pratiques dont quelques-unes ont eu une influence considérable sur le développement do la civilisation, (lui peut prévoir toutes les consé- quences que bon pourrait déduire de la production d'aimants d'une énergie illimitée ! L'ASSOCIATION FRANÇAISE pour l'avancement d lis SCIENCES, S- session, — Congre* lie I.vcm. — »oiit l«)l. L'Association française pour l'avancement des sciences, fondée en 187:2 par un groupe de savants l , qui désiraient concourir au relèvement intellectuel île noire pays, en faisant naître sur tout le tenitoire une salutaire agitation scientifique, a obtenu dès la première année un véritable succès. Le congrès tenu à bordeaux du fi au H septembre 1*7*2 réunissait près de ,":iû membres ; les travauxet lescouiniuniea- tions présentés ont été nombreux; des conférences, fai- tes par des hommes chez quila science n'en lève rien an charme de la parole, ont réuni, eu même temps que les nieuibrcsdiicongrès,rélitcde lasoeiélébordelaiser.des excursions dont quclqnes-tmes fort importantes (sta- tions préhistoriques des Eyzies, travaux de défense des rivages de la pointe île lirave, hauts fourneaux de Laboulioyre et mines de la Hidassoa) ont servi à établir des relations amicales entres les savants français et étrangers qui y ont participé, ot ont fourni au plus grand nombre des notions exactes sur des sujets d'un intérêt incontestable. La ville de bordeaux avait tenu à honneur de re- cevoir dignement les licites qui arrivaient de la France entière et de l'étranger, pour assister à ces grandes assises scientiliques, et malgré quelques détails peu satisfaisants, dont Sa cause se trouve dans les diffi- cultés d'une installation et d'une création, on peut dire que le congrès a contenté, à tous égards, les membres qui y mit pris part. Le congrès n'a eu, il ne pouvait avoir, qu'une du- rée limitée, une semaine; mais indépendamment des séances mêmes qui le composaient, il aura produit des résultais utiles. Parmi ceir-ci, il faut compter, en première ligue, la création, à Bordeaux, d'un groupe girondin, dépendant de l'Association française tout en ayant sa vie propre, et dont le but est d'en- tretenir, à bordeaux et dans la région avoisiuante, le mouvement intellectuel qu'a fait naître le congrès. Le groupe girondin a choisi pour président le doc- teur Aza.ii, qui, comme secrétaire du Comité' local, avait préparé, avec un zèle si intelligent. et si dévoué, la session de Bordeaux; tout fait espérer que cette association prospérera. Il est à souhaiter qu'il s'en forme une semblable dans chacune des villes où se tiendront des congrès scientiliques. 1 MM. Onmbi's , Claude Demavd, Itrrea, Cocnu , Delauii.iY, d'Eichlbal, de, Oimtrel'iiKCs, Winl?. 156 LA NATURE. L'Association française, créée pour aider au déve- loppement du mouvement intellectuel en franco, compte distribuer chaque année dos encouragements, des subventions à des savants, bien que les frais d'in- stallation aient atteint un chiffre assez considérable, et quoique les ressources ne. fussent pas, dès lors, co que l'on espérait, par suite de retards dans les verse- ments, l'association a tenu à consacrer ce principe dès sa naissance, et une somme de 1 ,000 IV. a été répartie par les soins du bureau; il faut espérer que d'ici quelque temps il sera possible de décupler ce chiffre, pour le moins. Enfin, les Comptes rendus dit congrès de Bor- deaux, qui viennent d'être terminés et. qui forment un magnifique volume, seront pour les membres de l'Association, en même temps qu'un souvenir du Congrès, on ouvrage dans lequel On trouvera des tra- vaux importants qu'ils auront à consulter souvent, sons aucun doute. Nous rr.gret.lons que nous no puis- sions parlerplus longuement de ecvolumedont la pu- blication fait grand honneur, à tous égards, au bu- reau de l'Association française '. L'Association française va tenir à Lyon, le 21 de ce mois, une nouvelle session. Tout fait espérer que la réunion sera fort brillante ; la ville de Lvou a voté un crédit de 20,000 francs pour les frais occasionnés par le Congrès, et a mis à la disposition de l'Associa- tion le, palais Saint-Pierre et l'hôtel de ville. Lu Comité local, qui réunit toutes les notabilités lyon- naises, s'est constitué pour préparer la tenue de la session, s'occuper de l'ioslallation matérielle, des ex- cursions, et concentrer tous les travail", de la rémon ; nous savons, dès à présent, qu'il s'est tenu à la hau- teur fie cette mission, et nous ne doutons pas de l'ex- cellence des dispositions qui auront été adoptées. Le bureau de l'Association 2 , de son côté, a du se préoccuper de fout ce qui, dans cette préparation de la session, n'est pas exclusivement local, et nous 1 Ce volume est distribué, e.bvpie an^ée, à tous les mem- bres île. l'\jiiL|iic (le M. LOfkyur. l'oculaire construit de manière à ce que tous les ravons reflétés par le miroir argenté soient reçus en un faisceau unique de 1/8 de pouce de diamètre. C'est l'ensemble de cette lumière que M. Loekyer s'est propose de soumettre à l'anal j se spectrale. L'observateur, pour des raisons qu'il serait hors de propos d'énumérer et d'apprécier, voyait donc un champ c'rculaire rempli de raies et de couleurs 158 LA NATURE. spectrales, lorsqu'il adaptait à son télescope l'équi- page que nous donnons on coupe et on plan (fig. 1 et 2). La pièce G rcpiésente uji simple prisme, et la pièce, 15 une série de prismes servant à tendre la dispersion plus grande, Ces deux pièces, C et 11, équilibrées l'une par l'autre, étaient ajustées, comme on le voit dans la ligure eu coupe, de manière à ce que l'on puisse amener à volonté l'une ou l'autre devant l'oculaire du télescope A', et avoir, par conséquent, deux de- grés différents de dispersion. Toutes ces modifications spéciales avaient été faites en vue d'une observation unique; celle du disque solaire pendant un instant très-court, cinq inimités à peine. L'argent employé à de grandes observations n'est jamais perdu pour la cause de l'Iiunianité. Itst-ee que, notre (dus bel apanage n'est point l'étude de la nature? A quoi sommes-nous bons sur la terre, si nous restons inditférents aux merveilles que le ciel nous montre 1 .' CHRONIQUE 1,'pxpnsitînn russe n Vienne, — La Kussie s est particulièrement l'ait remarquer à Vi nue par une exhibi- tion formidable d'engins île guerre. INuus décrirons pro- chainement le canon qu'elle a envoyé dans la capitale au- li'ii'hienne, et qui dépasse en puissance et en grandeur, lu célèbre canon Krupp. Le gonvernerueiil russe s'est ap- pliqué à étaler aux yeux des visiteurs des fusils de toute sorte, des pièces il artillerie et des mitrailleuses. Cet étalage militaire fait dire avec esprit à un journal américain que l'ours du Nord montre les dents 1 t'nc nouvelle lumière électrique à Londres. — On fait actuellement de très-curieuses expériences d'é- clairage public au moyen de la lumière électrique, à l'en- droit où est pincé le magnifique cadran de Westminster. M. C. W. Coolie, inventeur il'un régulateur perfectionné, prujeLle au luiu ib s l'avons i: [crises, concentrés à l'aide de lenlilli s analogues à celles que l'on emploie dans les pliures. 1. 'intérêt de ces expériences est incontestable an point île vue scientifique, unis nous ilouUm- fort que la lumière produite par l'arc viltanme puisse pénétrer dans le domaine de la pratique, en raison de son éclat beau- coup trop vif. Le l>n:i consdietor de Pnodooeottnh. — Le Utiles des Indes anglaises nous apprend que les environs de PondoiicnUah étaient depuis quelque temps ravagés par un millième boa conslrielor, que les naturels considéraient comme un è're sacré. In enfant, égaré dans les marais situés près de la ville fut mis en pièces et dévoré pur le m- nstre. Deux intrépi- des Angl is, tIM. lolins. nue et l'eiininglou, au risque des plus grands dangers, attaquèrent ce terrible bna-eonstric- tor et parvini'eiit à le tuer à c ipis de fusil. La peau du serpent, déposée au muséum de Madras, ne mesure pas moins de li mètres 25 cent. Curieuse utilisation de l;i elialeur solaire. — Pendant la cous ruclinn récente d'un pont en Hollande, une poutre de ifiâ pieds de. long se trouva mal placée sur ses supports ; elle était à nu pouce de la place qu'elle de- vait occuper, et l'on se demandait quel moveii on pouvait eu pf'ïei- p air la remettre dans sa position vé> ilablc. lors- rpi'on pensa à utiliser la chaleur solaire. La différence en- tre le jour et la nuit at'ei^nait i.j u ; on jugea qu'elle était suflisante pour obtenir l'effet que l'on clu rchait. Dans ce but, l'extrémité qu'il s'agissait de remettre à sa place fut invariablement fixée le matin, taudis que l'autre extrémité fut laissée libre. Sous l'irillueuce de la chaleur solaire la poutre s'a longea, et son extrémité, libre s avança d'une certaine quantité. Vers le soir, et avant le couclicr du so- leil, cette extrémité li re fut à Son tour fixée iuvni'iuble- nnul, tandis que I exlréniilé opposer tut dégagée . par suite du fini 1 1 de la nuit, une cunlracliuri se produisit, et l'ex- trémité libre, se déplaçant, se rapproc a de la place qu'elle devait occuper : cette double opération fut répétée le len- demain, et les déplacements tilleul tels que, après ces d ux jours, la partie qu'il s'agissait de jnoiivuîi avait re- pris la place quelle devait occuper régulièrement. C'est li, croyons-iions le premier exemple d'une appli- cation industrielle de la dilatation produite par la chaleur solaire. On sait qu'un procédé analogue fat employé au Lonservatoire des ails et métiers; mais la dilatation était due ù une source de chaleur arulicielle. ■. ttépnrt de In .luninta. — La htiûalû est partie de Terre-Neuve, If 9 juillet dernier, pouraller à la i echerclie du l'okiifs, Toute la pojuilatio = de Sainl-Jeao était réunie sur la jetée et n acclamé les hardis voyageurs. La Juniata doit toucher à" llisco pour établir un dépôt de provisions et à Lepcrniavik pour acheter des chiens et des traîneaux gracril.indaîs. Le navire a élé blindé en fer pour qu'il puisse résister à la pression des glaces ; il se dirige à toute vapeur vers le détroit de Smith. Lst-il besoin de dire que tous uns vœux accompagnent les explorateurs? Nous nous consolerons difficilement en songeant que la patrie de bus ave Lambert n'est point représentée dans celte expédi- tion par un seul volontaire! Hérodote et sir Baker. — Les journaux anglais ne révoquent point, jusqu'à ce moment du moins, lu réalité LA NATURE. 150 de la découverte attribuée à sir Baker par le télégramme du Daily Xews annonçant son arrivée à Kartoum. Si cette nou- velle est exacte, le lue ïanganyika. découvert |iar Livingslonc el le lac Albert .\yanza, découvert par sir 11; ker dans son premier voyage, ne font qu'une seule et mon le mer inté- rieure, dont la longueur n'est pas moindre de trois cents lieues, dis fuis celle du lac de Genève. Dans son enthou- siasme, le Daihj Xeum s'écrie que c'est la première fois qu'on a entendu parler d'une pareille merveille, malheureuse- ment pour notre confrère, la mer intérieure d'Afrique, d'où soit le Ml, a été décrite par Hérodote. Strahon ajoute même qu'il y a dans cette mer intérieure une grande île, dont différents peuples, les Ethiopiens et 1rs Mumides, se disputent la possession. Ce géographe, parle d'un second lac, qui serait le lac Victoria Aiiuiza, découvert par les ca- pitaines Spoeke et tirant, et dont h- eaux se jettent dans le lac Albert parla cataracte Jlurchison, comme sir Baker j l'a observé dans sou premier voyage. Les explorations ac- tuelles ne surit donc qu'un retour ans aucienins idées des Grecs, que l'on uvait dédaignées pendant près de quinze siècles ! Il va sans dire que nous rapportons l'opinion d'Hé- rodote, à titre de docuinenL historique du plus liant inlé- rèt, sans vouloir retirer à sir Baker la moindre parcelle, de la gloire qui lui est due. tforrihle naufrage aérien. — M. La Mountain, bien connu aux Ëluts-lJnis par ses nombreuses ascensions, et principalement par un voyage aérien des plus émou- vants, où il avait failli être englouti dans les eaux du lac lîrié, vient de périr au milieu des airs, de la façon la plus dramatique, la plus épouvantable. La Mountain s'est élevé en montgolfière à Sonia dans le Michigan, loi juillet date célèbre de l'anniversaire de l'indépendance des Mais-Unis. Des milliers de spectateurs assistaient au dépait de 1 aéro- naufe. L'infortuné La Mountain avait eu l'idée funeste, de suspendre sa nacelle non pas à un iilct entourant le globe aérien, ruais à une série do cordes indépendantes les unes des autres et attachées à un cercle de bois placé à la partie supérieure de la montgolfière. Ces cordes ne tardèrent pas à se rapprocher les unes des autres, et à une grande hauteur, elles se réunirent de manière à laisser ressortir la plus grande partit: du globe aérien; le cercle de bois supérieur fut arraché; le ballon s'échappa! L'aérouaute fut précipité du haut des airs, avec su nacelle et les cordes pendantes On le vit s'accro- cher convulsivement à l'esquif aérien, et tomber vers le sol avec une vitesse indescriptible. Il lâcha prise à oit mètres environ au-dessus du niveau de la terre, et sou corps vint brusquement s'écraser dans un champ, en pré- sence de plusieurs milliers de spectateurs! Ce drame épou- vantable arracha des larmes aux assistants, el Ja plupart des femmes s'évanouirent ! Le corps de La Mountiui s'in- crusta dans le sol, et y produisit une cavité de lo centi- mètres environ de profondeur. Les médecins constatèrent que les os de l'aérouaute avaient été broyés par lo choc, quelques-uns même étaient littéralement pulvérisés. La tète de l'infortuné était écrasée d'une façon horrible, sa mâchoire inférieure, complètement détachée, était cou- verte d'une épaisse concile de sang '. La Mountain était re- nommé par son grand courage, qu'il avait souvent déjà poussé jusqu'à la témérité. Les urngvN de snmcdî, ÎO juillet, À Paris, — Deux orages ont successivement éclaiê sur Paris, le pre- mier vers 1 heure, il a seulement attaqué les régions oc- cidentales; le second vers six heures s'est précipité, avec beaucoup de fureur vers les régions orientales , On n'a pas constaté moins de 18 cas de foudre à Belleville, la Cha- pelle et i. éiiiliunntant. Malgré ce grand nombre de sinis- tres, une seule victime paraît avoir été frappée mortelle- ment. IJncore n'a-t-elle pas succombé sur le coup. Cil .arbre a été foudroyé dans le jaruiu du Luxembourg. La nuée ora.euse était de dimension très-faible, et elle avait une marche en apparence u-sez lente à cause de la grande hauteur à laquelle elle planait Une violente ondée a séparé les deux orages. Mais à peine quelques gouttes de pluie ont- elles précédé la reprise de six heures. Les foudres des orages secs sont les plus redoutables et les plus énergi- ques, parce que l'électr'eilé reste concentrée, ce qui n'arrive point dans les orages humilies. Alors, la majeure partie de l'electri. ité se disperse mois l'orme insensible accompagnant forcément l'eau qui se précipite à la surface de lu terre. Exiif':ri«-ni-cs |i«»ur riirr<>s»f:e dt'W rues de I.nrt- dres. — Le Tinta rapporte avec de grands détails des expériences qui sont faites eu Angleterre pour établir des drus cotés des voies principales des conduites percées de petits .rous destinés à l'airosage, La pression île l'eau est suffisante pour que leh lieux jets aillent se re oindre. Ce mode d'arrosage est, parait-il, irès-expi dilif et le prix de la pose des conduites d'eau ne serait que peu élevé en considération des économies qu'elle permettrait de réaliser sur l'arrosage ordinaire. Lf^aNSuraiincs de 1 usine Krupp. — Le célèbre constructeur prussien vient d'assurer ses usines d'Esscn, à douze compagnies allemandes pour la somme de 2 S mil- lions cl demi de francs. Cette somme ne couvre que les parties de l'établissement susceptibles d'être détruites par le h j u. La fonderie à vapeur, le chemin de fe\\ les lignes télégraphiques, les bureaux spiériiiuv, et de canalisation, le stock de métal, tic sont pas compris dans ce tolal ! ACADÉMIE DKS SCIENCES Siianr.e (iut inorlb du^corliut en 1^73, daut une mljunc impuraunil construite \vaï îles minuiirs suâbis. LA NATURE. 163 sauces du Nord n'avait produit des hésitations qui ne seront, espérons-le, que temporaires. En effet, le Journal officiai de Stockholm a publié récemment un article qui semble indiquer que le gouvernement du Royaume-Uni comprend la nécessité de planter le drapeau de la vie humaine sur une terre, si I née juste à moitié chemin de l'Europe et du pôle Boréal. Cet archipel étrange, sans équivalent dans l'hémi- sphère austral, doit servir nécessairement d'étape aux explorateurs préoccupés de l'étude de ces ré- gions inaccessibles, mais aussi pleines d'attraits qu'entourées de mystères et de dangers. Il est à peu près impossible de dire de combien d'îles se compose le groupe du Spitzberg, car proba- blement on ne les connaît pas toutes. Il est à présu- mer qu'un certain nombre de fjords se prolongent eu réalité jusqu'à la nier et sont des bras de. l'océan Glacial, analogues au détroit de llinlopeu, qui séuare les deux terres principales, le Spitzberg occidental et la terre du nord-est, (Voy. la carte ci-contre). Nous signalerons, au nord, l'archipel des Sept îles qui s'approche, comme ou le voit du 81" de-gré, et qui, pendant l'hiver et le printemps, no forme qu'une masse solide de glaces avec la terre princi- pale. Tous les anciens explorateurs qui ont étudié le Spitzberg ; Ross, Parry, Martens et Phipp (plus tard lord Jlulgrave), sont représentés dans cet archipel. Quant à Bareutz, qui l'a découvert, il a donné sou nom à une terre séparée du Spitzberg par le grand liord (stor (ionien) et situé au sud-est de l'île du nord-est. Pendant longtemps on crovait que cetle masse de terres ne formait qu'une seule île. ayant une tren- taine de lieues de longueur, et suffisamment grande pour être consacrée an Christophe Colomb de cet ar- chipel, mais on s'aperçut plus tard que la terre de liaient;! était coupée eu deux morceaux, par un dé- troit profond, celui de Walter ïiiymens. On domina cette nouvelle terre le nom de Stans qu'elle gardera. .Nous citerons encore une île longue, montagneuse, située dans la direction, du nord-ouest au sud-est, qui, si le Spitzberg était la Grèce, pourrait être com- parée à l'Eubée. C'est le Eorcland du prince Charles. Du cap Platon au cap sud, l'archipel possède environ une centaine de lieues, c'est un tiers de plus que la distance qui sépare Cobbe-Bay de l'extrémité orien- tale de lavant-terre de Stans, et qui marque, par conséquent sa largeur. Sous des climats moins ter- ribles, le Spitzberg serait un des archipels dont les nations maritimes se seraient disputé la possession avec le plus d'acharnement, mais les guerres qui dé- solent les Océans, ne se sont jamais étendues jusqu'à ces parages où le seul sang qui ait jamais coulé, est celui des baleines, des phoques et des ours blancs 1 . Les fiords sont innombrables, comme on doit le comprendre d'après ce que nous avons dit ; le pre- mier que l'on rencontre sur la cote orientale est Je 1 Les Anglais eiuent nue fuis l.i vetli'ilé d'ai-cii|nrei- la pèclic , niais celle leulative isuliic ne donna [ioiul lieu à un conlIiL saii- (rtiuit. Uoni-Sound (soudage de la corne), où aborda Ba- rentz lorsqu'il découvrit le Spitzberg, il y a deux cent cinquante ans. A une vingtaine de lieues se trouve Bel Sound, où hiverna, il y a deux cent vingt ans, un Anglais nom- mé Pelham, qui a laissé une très-curieuse narration de ses aventures. Cette narration a été réimprimée, il n'y a pas plus de 2,'î ans, par une société anglaise, avec le plus grand succès. A une quinzaine de lieues plus au nord se trouve le fiord de la glace (Isfîord), dont nous avons déjà parlé. C'est là qu'on a décou- vert 18 marins morts de faim, au printemps de 1873. Leur journal, qui pourra satisfaire la sombre curio- sité des amateurs de catastrophes, ne lardera point à èlre publié in-eztetvso. Versons en passant quelques larmes sur la tombe de ces martyrs du progrès. Pins haut se trouve Cobbe-liav qui a été étudié avec soin, par les derniers explorateurs Scandinaves. Magdalena-Bay, ainsi nommée en l'honneur d'un na- vire qui accompagnait l'/Eule, dans la première, ex- pédition de iNordoiiskiold. Enfin nous devons appeler I attention sur les baies qui se trouvent à l'extré- mité nord-ouest de l'archipel et nous ne pouvons en séparer les îles voisines. Eu effet, c'est dans cet archi- pel une, surtout dans la dernière moitié du dix- septième siècle et dans la seconde moitié, du dix-huitième, les pêcheurs de baleine s'étaient donné rendez-vous. Chaque nation avait adopté un canton- nement dont les limites étaient religieusement res- pectées, peut-être parce que les gouvernements ne s'étaient point imaginé d'aller y faire la police. Les Hollandais, les Scandinaves, les Anglais et même les Espagnolsavei'.lfsquels les Français étaient confondus, avaient leur stationnement. La découverte de la mon- de Baffin a porté un coup de mort à cette prospérité, II faut dire que les baleines y ont été pour quelque chose, car elles ont quitté les parages du Spitzberg, qu'elles affectionnaient, croyant être plus tranquilles dans ceux du Groenland. Il n'est [dus guère resté au Spitzberg que les chassseurs de phoques etde morses. Lu délroit qui sépare l'île, d'Amsterdam de la Grande-Terre, porte le nom singulièrement énergi- que de Smeeremberg, ce qui en Hollandais veut dire: montagne qrasse; co nom, d'après les statisticiens j de l'histoire des pèches, a été plus d'une fois mérité. Mais les beaux jours de la pêche sont passés pour le Spitzberg, et les baleines ne reviendront pas. Cet ar- chipel doit donc trouver un autre genre de gloire et de prospérité. — La suite ni-ueliaiiieunnil. — — »■<>« ËYAPORATION DE L'EAU FAR LES Fr.IlILLES. En mesurant exactement Ja quantité d'eau qu'il faut employer pour maintenir constamment une niante dans de bonnes conditions d'humidité on ar- 164 LA NATURE. rive à su rendre, compte des quantités énormes di liquide, qu'elle évapore. (Jette méthode a été em- ployée depuis bien des années par lesphysiologisl.es puisque les premières expériences qui l'ont utilisée remontent au dix-septième siècle et sont dues au docteur Woodw.ird, Toutefois ce procédé de mesure est grossier, car bien qu'on place sur les pots en expé- rience des plaque? mé- talliques qui recou- vrent complètement la terre , on ne réussit pas à empêcher une certaine évaporai ion due à la surface du so],detellesorte qu'on ne peut pas affirmer que toute l'eau em- ployée à l'arrosage ait traversé, la plante; le procédé que j'ai employé dans les recherches que j'ai entre- ' 0r Em£. 1. — Appareil pour déterminer la quantité d'eau éric^c pai - les feuil prises sur ee sujet à l'École de (iriguon, il y a quel- ques aimées, et qui est analogue, à celui qu'avait imaginé le naturaliste français Guettard cent ans au- paravant, est plus pré- cis; au lieu de mesu- rer l'eau d'arrosage, je recueille directe- ment l'eau évaporée ; la disposition que j'ai adoptée est très-sim- ple. l'Ile consiste à ii\er la feuille eu ex- périence dans un petit tube d'essai ordinaire, à l'aide d'un bouchon fendu qui pince la feuille sans la déchi- rer; le tube est sou- tenu par un support, de façon à maintenir la feuille dans sa po- sition normale (li g. 1). Quand l'appareil ainsi disposé est placé au soleil, ou ne tarde pas à voir l'eau ruisseler sur les parois du tube, elle augmente ïï K !i?v:; ,- : :■* F.ff. '2. Appareil pour mmilrer que l'êvapuratiou île l'eau par le* feuilles est duc à lu luni]':re et non à la chaleur. peu à peu et dans l'espace d'une heure ou recueille une quantité d'eau notable, qui atteint souvent le poids do la feuille en expérience et parfois ledépassc du double, ainsi que le mollirent les nombres suivants; Le 8 juin 18fA une feuille de blé pesant 2e r ,410 a donné en une heure au soleil 2 er ,(M5 d'eau, c'est 88.2 d'eau pour 100 de feuilles; !e 2 juin une feuille de seigle pesant sr ,0ôô a donné 0" r ,0jî) d'eau ou un peu plus que son poids. LA RATURE. 169 Le juillet 1870, après une si'iulicri'ssc prolon- gée, lu soleil étant éclatant, 100 de jeunes [euilU-s d'orge donnaient respectivement 133 et 120 d'eau; le 7 juillet nu opéra sur du maïs, on obtint. en une heure, de 100 lemlles, 220, 187, •1 70 et 1 78 d'eau : ee sont les nombres les plus forts qu'on ait trouvés. Pour obtenir des feuilles une quantité d'eau aussi considé- rable, il faut qu'elles soient exposées au so- leil, si elles sont seu- lement soumises à la lumière diffuse, l'éva- poratiou diminue con- sidérablement , enfin elle cesse presque ab- solument dans l'ob- scurité, on en jugera par les nombres suivants toujours rapportés à 100 de feuilles, obtenus à l'aide de feuilles de blé. Une feuille exposée au soleil a donné en une heure 88, '2 d'eau, à la lumière diffuse 17.7, et à l'obscurilé 1.1. ?"•> — . . ■■.'. Fig. ~. — Appareil oinpliu^ pour riHimiiaïlro rinniiimro ili'S rivons lumineux divrr'-nmr'nt rnliii'i'^. Avec de l'orge, on a trouvé pour la feuille au so- leil 7-4.2 d'eau; 18.0 pour la feuille simplement soumise à la lumière diffuse et enfin 2.5 pour la feuille maintenue à l'obscurité. Cesexpénencessont très-faciles à répéter, elles sont à la portée de toutes les person- nes qui s'intéressent à l'histoire naturelle, il suffit d'introduire une feuille dans un flacon en verre blanc et de la maintenir avec un bouchon coupé, pour reconnaître coin- Lieu sont différentes les quantités d'eau exposées au soleil ou dans une chambre ob- scure. 11 paraît difficile de ne pas admettre d'a- près les résultats précédents que la lumière a sur l'accomplissement du phénomène une influence déci- sive, toutefois pour s'en assurer complètement, pour qu'on ne pût pas attribuer à un simple échauffement :a «!it iiïs itiib Fi^. i. - .\[ip;nvil L'iiiplijyé jiniii' l'cctnnKiili'C l'influence des divers rayons du pp<..=■ LA PLANETE MARS ij'AIMiîî 1RS lEKS r ]f:iŒi OliSKIWAIIO** ,mT.O>OMIQVLS étijdk de sa ckogkarhie et de ses cosditioks d'habitabilité. (Suite i;l. fin. — Yjy. p. 1V.>.) Nous avons résumé nos connaissances physiques et chimiques sur la planète Mars. Nous pouvons les compléter par l'examen de ses conditions mécaniques particulières, telles (pie son pouls, sou volume, sa densité, et l'intensité de la pesanteur à sa surface. Le diamètre de Mars est à celui de la terre dans la proportion de 5 à 8, c'est-à-dire qu'il est presque moitié plus petit; il est de lliîvi- lieues, celui de la terre est de 31 8t. La surface de Mars par conséquent, est deux fuis et demie moins étendue que celle île la terre. Le poids total de la planète, ou sa niasse est seu- lement le riixièmedu poids total de notre globe. D'après les mesures, prises à l'Observatoire de Paris, l'aplatis- sement polaire de ce globe est assez prononcé, car il in- égale La densité moyenne des matériaux qui composent cette planète est inférieure à celle des matériaux constitutifs de notre globe ; elle est de 71 pour 100. Il résulte de cette densité et des dimensions de Mars que le poids des corps y est extrêmement léger à sa surface. Ainsi l'intensité de la pesanteur étant re- présentée par 100 à la surface de la terre, elle n'est que de 38 à la surface de Mars. C'est la plus faible intensité delà pesanteur que l'on puisse trouver sur toutes les planètes du système. Il en résulte qu'un kilogramme terrestre transporté là ne pèserait plus que 582 grammes. Lu homme du poids de 70 kilogr. transporté sur Mars n'en pèserait pas '27. Il ne serait pas plus fatigué pour parcourir 50 kilomètres que nous pour en parcourir 20, et l'effort musculaire dont l'exercice a fait inventer le jeu de « saute-mou- tons» aux écoliers en récréation, serait capable de les faire sauter, non plus seulement sur le dos de leurs camarades, mais bien sur le toit des maisons et à la cime des pommiers. Les êtres vivants, végétaux et animaux, étant composés îles matériaux constitutifs de la planète et organisés suivant l'intensité des forces en action dans le milieu qu'ils habitent, la connaissance des élé- ments et des forces, qui se manifestent sur Mars, pourrait peut-être nous éclairer sur un commence- ment de solution pour le grand problème de Vhabi- tabititë. Les études de la statistique moderne démontrent scientifiquement que l'homme est le produit de la planète terrestre, en tant qu'être organisé et abs- traction faite de sou Ame, dont nous ne nous occu- pons pas ici. Son poids, sa taille, la densité de ses tissus, le poids et la taille rie sou squelette, iaduréo de la vie, les périodes de travail et de sommeil, la quantité d'air qu'il respire et de nourriture qu'il s'assimile, toutes ses fonctions organiques, même celles qui paraissent le plus arbitraires et jusqu'aux époques maximadcs naissances, des mariages et des décès, en un mot la mac hiiie humaine tout entière, est organisée par la planète. La capacité de nos poumons et la forme de notre poitrine, la nature de notre alimentation et la longueur du tube digestif, la marche et la force des jambes, la vue et la construc- tion de l'oeil, la pensée et le développement du cer- veau, etc., etc., tous les détails de notre organisme, toutes les fonctions de notre être, sont en corrélation intime, absolue, permanente, avec le monde au milieu duquel nous vivons. La construction anatomique de notre corps est la même que celle des animaux qui nous précèdent dans l'échelle de la création. Nous sommes laits comme nous le sommes, parce que les quadrupèdes mammifères sont construits comme ils le sont, et ainsi rie toutes les espèces animales, qui se suivent comme les anneaux d'une même chaîne; en remontant d'anneau en anneau, on retrouve les premiers organismes rudimentaires qui sont plus vi- siblement encore, mais pas davantage, le produit difs forces qui leur ont donné naissance. dette vérité rappelée, nous voyous que la forme humaine terrestre n'a rien d'arbitraire, qu'elle est le résultat de l'état de la planète, et que par consé- quent, elle diffère sur chaque monde suivant les conditions organiques si dissemblables d'une planète à l'autre. Appliquons cette analyse à l'étude de la vie sur Mars. Déjà nous l'avons dit, cette planète est de tous les mondes du système solaire, celui qui ressemble le plus au notre, les manifestations do la vie à sa surface ne doivent donc pas être absolument étran- gères à celles de la vie terrestre. L'analogie si re- marquable, qui relie ce monde au notre doit avoir déterminé chez lui des évolutions organiques parta- gées comme ici entre deux ordres généraux : la vé- gétation et l'animalité. Or nous voyons que les végé- taux tirant leur substance de l'air principalement 172 LA NATURE. mil. une faible densité, inférieure à celle de l'eau; ainsi la densité du sapin est de 0.5 celle de l'eau étant -1 ; celle du pcuolierest de 0,4 ; celle de l'orme est 0,(5; celle du chêne est 0,7; celle du tilleul est 0,0, etc. Les animaux étant composés de sulistniires dans lesquelles l'eau entre pour la plus grande part, ont une densité moveune un peu supérieure à celle de l'eau. Ainsi la densité moyenne du corps humain est de 1,07, celle de l'eau étant prise pour unité; celle des os est de 1,8; celle des cartilages est. de 1,1 ; celles des nerfs est de 1,0-i ; celle de la graisse est de 0,9, etc. Ajoutons que la densité intérieure, de tout astre est nécessairement composée de couches variées dont la légèreté augmente depuis les régions centrales, jus- qu'aux couches supérieures. C'est ainsi que tandis que la densité générale du globe terrestre est de 5,5 comparée à celle de l'eau, celle des matériaux qui avois nient la surface (pierres, grès, calcaire, granité) est rie 2,5 à 2,7. La même proportion doit exister sur Murs. L'eau v est plus légère qu'ici. La densité des corps organisés doit v être inférieure à 0,8 celle de l'eau y étant peu supérieure à 0,7. Les animaux et les végétaux doivent y êlredc plus haute taille qu'ici, quoique la planète soit plus petite. Ce n'est pas le volume d'un globe qui règle les di- mensions des êtres vivant à sa surface, mais l'inten- sité de la pesanteur relativement aux conditions de milieux et de vitalité Ainsi îles hommes deux l'ois plus hauts que nous auraient, une certaine difliculié à marcher, et se casseraient fort souvent les jambes à cause de l'intensité de l'attraction terrestre. Il leur faudrait quatre jambes, pour une plus grande stabi- lisé. Les quadrupèdes en effet peuvent dépasser ces proportions, exemple : chevaux, chameaux, éléphants. Les seuls animaux qui puissent marcher sur deux jambes, les singes anthropomorphes, sont d'une taille inférieure à la nôtre, et il est possible que l'homme lie soit arrivé à sa taille naturelle qu'après des siècles d'exercice et de développement. Cette taille décroît aujourd'hui dans les pays très-civilisés à cause de la vie citadine et de l'accroissement du sjstème ner- \eux au détriment du système musculaire. Dans l'eau, les animaux peuvent atteindre des dimensions plus considérables, (exemple : cachalots, baleines) à cause de leur légèreté, spécifique dans ce milieu. Le règne végétal nous montre certaines espèces d'arbres, qui s'élèvent à des hauteurs géantes, à cause de leur im- mobilité. Ainsi la taille des êtres est intimement et nécessairement déterminée par l'intensité de la pesanteur. Il est donc probable que les choses sont établies sur une plus grande échelle à la surface de Mars et que les plantes et les animaux y sont beaucoup plus élevés qu'ici. Ce n'est pas à dire cependant pour cela que les hommes 1 y aient notre forme et soient des * Je donne le nom d'hommes clims chaque planète aux ûlivs île la race animale vmsonnubh qui la domine, quelle que soit d'ailleurs leur l'orme exléricure, laquelle dépend de celle des ascendants siooloiriques antérieurs. géants. En remontant à la. formation delà série zoolo- gique, on peut augurer, que la succession des es- pèces aura fortement subi l'influence (le la pesan- teur. Tandis qu'ici la grande majorité des races ani- males a dû rester clouée à la surface du sol par l'at- traction terrestre, et qu'un bien petit nombre ont reçu le privilège de. l'aile et du vol, il est bien pro- bable qu'en raison de la disposition toute particulière des choses, la série zoologique martiale s'est dévelop- pée de préférence par la succession des espèces ailées. Dans ce cas, les races animales supérieures y sont munies d'ailes. Sur notre sphère subi unaire le vautour elle condor sont les rois du monde aérien; là-bas, les grandes races vertébrées, la race humaine elle-même, qui en est la résultante et la dernière expression, ont le privilège très-digne d'envie, de jouir de la loco- motion aérienne. Le l'ait est d'autant plus probable qu'à la faiblesse de la pesanteur, s'ajoute encore l'existence d'une atrno-phère analogue, à la nôtre et peut-être plus dense. Sur la terre, un corps qui tombe du haut d'une tour nu d'une fenêtre, parcourt -4 mètres 90 cent., dans la première seconde de chute. Sur Mars, le inertie corps, attiré moins fortement, ne. tombe qu'avec une vitesse presque trois fois moindre. Soit en raison de 1 mètre 87 cent, dans la même unité de temps, l.os tentatives faites pour s'élever dans les airs à l'aide d'ailes construites dans ce but, n'ont pas réussi sur notre planète et ne peuvent réussir, parce que la pesanteur nous fait tomber de étmètres'JOceut. dans une seconde, et que le mouvement, des ailes s'appuyant sur l'air ne peut nous élever de la même quantité dans le même temps. Si l'on pouvait faire quatre battements d'ailes par seconde il suflirait île s'élever 1 de 55 centimètres par battement 1 pour pou- voir se soutenir et. planer. Or la force d'un cheval pouvant seulement élever le poids d'un homme pe- sant 7,'i kilogrammes de 1 mètre en une seconde, et la force de l'homme étant au plus le. cinquième de celle du cheval, le force de l'homme ne monterait son propre poids en une seconde que d'un cinquième de mètre, ou de '20 centimètres. En un quart de seconde, elle ne s'élèverait que de 5 centimètres. Donc l'homme ne peut pas voler sur la terre par sa propre force musculaire. Sur Mars l'intensité de la pesanteur étant presque trois fois moindre, au lieu de 55 centimètres, il suf- firait de s'élever de 12 centimètres par battement d'ailes d'an quart de seconde pour pouvoir se soute- nir dans l'air et planer. Or, le même effort muscu- laire, qui nous élèverait ici à 5 centimètres nous por- terait là à 15 centimètres, ce qui serait déjà suffisant pour vaincre la pesanteur. Mais d'autre part, un poids de 75 kilog. n'en pèse que 28 kil. 65 à la surface de Mars. Si donc, nous supposions aux hommes de 1 La chute des corps se lliit par un mouvement uniformé- ment accéléré. Dana le premier quart de seconde, il n'est que de TC27 millimètres ; il est de fiai dans le deuxième quart, de 1^08 dans le troisième, et de 2f>16 dans le quatrième. Total : 4»,90. LA NATURE. 173 Mars, une force musculaire égale à la nùLie, et un poids réduit proportionnellement à l'intensité de la pesanteur, nous eu conclurions qu'il leur serait aussi facile de voler qu'à nous de marcher, et qu'ils peu- vent se soutenir dans les airs à l'aide d'une construc- tion anatomîquc peu différente de celle des grands voiliers de notre atmosphère. Ce sont là, sans contredit, des hypothèses bien conjecturales ; mais elles sont appuyées toutefois sur une argumentation judicieusement fondée. La faible intensité de l'attraction, de Mars permet aux végétaux de s'élever beaucoup plus haut que sur la terre, toutes choses égales d'ailleurs. Il en est de même pour les animaux qui marchent sur le sol. Celte même cause a dû déterminer une prédilection pour les formes aériennes, et les races animales les plus importantes, c'est-à-dire les vertébrés, depuis le pre- mier échelon du genre jusqu'à l'homme lui-même, ont dû se construire, se développer, se succéder et s'établu'définitivemcut dans la vie atmosphérique. La sélection naturelle n'a pu qu'aider encore à l'affir- matiou vitale de ce règne aérien. Tout ce que j'expose ici ne doit s'entendre qu'au point de vue de l'organisme vital considéré en lui- même, et non pas au point de vue des formes exté- rieures. Je ne suppose point qu'il y ait sur Mars, des peupliers, des sapins, des chênes; ni des chiens, des chats ou des éléphants, ni des hommes formés d'une tète pareille à la nôtre portée par un buste installé sur deux jambes, etc., le tout accompagné d'une paire d'ailes, à la façon des anges de Michel-Ange ou de Callot. Ce serait fort se méprendre sur les essais d'anatomic comparée qui précèdent, que de pousser l'anthropomorphisme jusque-là. Non! de la forme nous ne pouvons rien dire, ni rien penser. Elle dépend de la direction primordiale, qui a été prise par les premières cellules organiques à l'époque de l'apparition de la vie à la surface de la planète ; et il est probable que les formes de la vie diffèrent essen- tiellement sur chaque monde. Je ne parle donc ici que de l'ensemble, et j'expose ce que l'énorme diffé- rence de pesanteur a dû déterminer dans les manifesta- tions de cotte vie, quelles qu'elles soient d'ailleurs. Quoi qu'il en soit, nous devons savoir que notre organisation humaine terrestre, a été fabriquée, agencée, déterminée par la planète que nous habi- tons. Nous sommes la résultante mathématique des forces eu action à la surface de ce globe. C'est celte vérité nouvelle de l'analyse scientifique moderne, qui nous autorise à essayer des recherches telles que les précédentes, lesquelles eussent été purement ro- manesques à une autre époque. En résumé, le pro- blème se pose en ces termes : l'homme est la résul- tante des forces planétaires; étant données ces forces, poser l'équation, et calculer cette résultante, incon- nue jusqu'ici pour tous les mondes différents du notre. bailleurs la planète Mars est la seule dont la phy- siologie générale soit suffisamment connue pour per- mettre d'essaver cette recherche. Aux données qui précèdent, ajoutons celles qui constituent les périodes de la vie : la durée du jour et celle de l'année, ha rotation de cette planète sur sou axe s'ciïcctue eu 24 heures 37 minutes et 22 secon- des* : le jour et la nuit y sont donc peu différents des nôtres quant à la durée, et ils varient comme ici suivant les saisons, étant plus longs en été qu'eu hiver, selon les latitudes. L'année de Mars est presque double de la nôtre, car elle compte 087 de nos jours; en la dénombrant en jours de Mars, ou trouve qu'elle se compose de 608 -J de ces jours. De l'équinoxe de printemps à l'équinoxe d'automne, il y a 372 jours martiaux: c'est Ja belle saison de l'hémisphère bo- réal et la mauvaise de l'hémisphère austral. Les sai- sons hibernales ne durent que 207 jours pour l'hémi- sphère boréal, et par conséquent 372 pour l'hémi- sphère austral. De plus, comme la planète suit une ellipse très-prononcée, les extrêmes de température y sont plus différenciées qu'ici : elle est de 5 millions de lieues plus près du soleil à sou périhélie qu'à sou aphélie. C'est au solstice d'été, de son hémisphère sud, que cette planète est actuellement à sa moindre dislance du soleil, et par conséquent reçoit de cet astre, le maximum de chaleur. 11 résulte de ce fait que les neiges polaires australes doivent beaucoup plus varier d'étendue que celles du pôle boréal, et c'est aussi ce que montre l'observation. Chacune des saisons de Mars dure presque six de. nos mois. La chaleur et la lumière que cette planète reçoit du soleil v sont en movenne moitié plus faibles que celles que nous recevons. Le disque du soleil y est une fois et demie moins large. Les habitants de Mars, voient le ciel, les constellations, absolument telles que nous les voyons. Quand aux planètes, Ju- piter est pour eux, plus brillant que pour nous. 11 en est de même des trois autres grosses planètes Sa- turne, LVanus et Neptune. Us doivent avoir découvert à l'œil nu et avant nous les centaines de petites planètes qui gravitent entre leur orbite et celui de Jupiter. Mercure rapproché du soleil et perdu daiij ses rayons est très-difficile à distinguer. Vénus leur paraît comme Mercure nous paraît à nous-mêmes. La terre où nous sommes est pour eux une brillante étoile, qui tantôt paraît à l'oc- cident après le coucher du soleil, et tantôt précède eu avant-courrière le lever de l'astre roi. Elle leur offre des phases comme Vénus nous en offre à nous-mêmes. Eu un mot nous sommes leur « étoile du berger, » l'astre le plus brillant, le plus magnifique de leur ciel étoile. Peut-être même nous dressent-ils des autels ! Telle est la physiologie générale do cette planète voisine, dont la surface est quatre fois plus petite que celle de la terre, mais qui est plus favorablement par- 1 Exactement ; 88,0i2 Hi:a ,7. T >3. La rutalion sidérale de la Terre esl de 80.104 secondes. 11 y a naturellement dans i'mi- m;e de Mars comme dans l'année terrestre une roLUion suUiirc de moins. Par conséquent l'année de Mars se compose de 605! I jours sidéraux, et le jour solaire, le joui- civil qui est de 24 heures chez noua est là du 24' 39" 35". 474 LA NATL'HK tugée entre les continents et les mers. L'atmosphère qui l'environne, les eaux qui l'arrosent et la fertilisent, les rayons du soleil qui réchauffent et l'illuminent, les vents qui la parcourent d'un polo à l'autre, les saisons qui la transforment, sont autant d'éléments pour lui construire un ordre de vie analogue à celui dont notre propre planète est gratifiée. La faiblesse île la pesanteur à sa surface a dû modilier particuliè- lement retordre de vie en l'appropriant à sa condi- tion spéciale. Ainsi le globe de Mars ne doit plus se présenter à. nous désormais comme un bloc de pierre tournant au sein de l'immensité dans la fronde de l'attraction solaire, comme une niasse incite, stérile et inanimée, mais nous devons voir en lui un monde vivant, peuplé d'êtres sans nombre voltigeant dans son atmosphère , orné, de paysages où le bruit du vent se fait entendre, «fi beau reflète la lumière du ciel. Nouveau monde que nul Colomb n'atteindra, mais sur lequel cependant toute une race humaine habite actuellement, travaille, pense, et médite comme nous sans doute, sur les giands et mysté- rieux problèmes de la nature. CaJIIU.E i'l.AM31,\niO!V CHRONIQUE Préparatifs en Kussie pour le passage de Té- nusj — Les astronomes russes ont résulu d'établir \ingl- qualre stations pour observer le passage de Vénus. On est fondé ii espérer (pie le temps sera très-1'avnrable pour Joutes les ohsef\ allons astronomiques dans les stations de Sibérie et île la rote du Pacifique, car il n'v :i dans le mois de décembre qu'une moyenne de trois jours nua- geux dans cette partie des possessions russes. Les froids excessifs du mois de novembre sont considérés comme nu obstacle invincible pour ce genre de Irai ail. Unique s ta- lion est niuiiio de nombreux appareils, horloges, chrono- mètres, télescopes, etc. Les astronomes doivent faire des travaux préliminaires d'essai à l'observatoire impérial cen- tral de Pultovva, Les positions géographiques des stations qui auront ainsi obtenu de bons résultais seront ensuite déterminées par une commission géographique choisie dans la marine russe, l'our compléter cette partie du tra- vail on construit un télégraphe à travers la Sibérie, jusqu'à Nicohivcsk, (Xatwe.) Découverte d'une, carrière «le pierre» litthw- grapliiijui-H. — La plupart des pierres lithographi- ques, dont on fuit aujourd'hui une, consommation considé- rable, proviennent, de l'Allemagne. On vient d'en décou- vrir un gisement très-important en Italie sur la frontière française et sur la cote du golfe de Gènes; les pierres extraites, sont de très-belle qualité, elles remplaceront avecavantuge, celles des carrières exploitées, dont un très-grand nombre commençaient à s'épuiser d'une façon très-sensible. lin pnlis il gazcomliustiblc. — A six milles envi- ron de 'J'itusville en Pensvlvanie, on a foré un puits qui peut être considéré comme nue des merveilles du monte. Il s'en échappe des torrents d'un gaz combustible que l'in- dustrie américaine vient d'utiliser pour l'éclairage et le chauffage de la ville de Titusville, Chaque jour do vingt quatre heures, plus de trois millions de pieds cubes de gaz, jaillissent de l'orifice pratiqué dans le sol. Lue grande partie du gaz est perdue ; l'autre partie est dirigée dans des tuyaux vers la ville, où il donne d'excellents résultais pour le chauffage. 11 y a aujourd'hui à Titusville deux cent cinquante habitations qui l'emploient journellement. Ce gaz naturel n'est, pus très-riche en carbone : son pouvoir calorifique est considérable. Pour les besoins de l'éclai- rage, on l'enrichit en carbone, en le faisant passer dans des huiles de inijihle ou de pétrole. Ascension iln roi île Siam. — Le roi de, Sinm est un petit ballon tout blanc pesant liio kilogr. et cubant ,Î L 20 mètres, coulant lôOI) francs que M. Félin . Gralion u conslruil pour le gouvernement siamois. Il doit ligureraux tètes île la majorité du second roi, qui auront heu à Bangkok le 2fi septembre prochain. Mais avant d'en prendre livrai- son les délégués du gouvernement français ont voulu assister à l'essai de ce. petit aérnslat. L'ascension a eu lieu le ù auùt à midi et demi. A 5 heures. .M. Félix Graticu exécutait sa descente près de .Veaux. Avec son aérostat en miniature il avait donné une répétition iluvoiuge du Géant. Oui oserait dire que les ballons n'ont point d'esprit. La difficulté de. préparer do gaz dans les usines naissantes de Bangkok est la cause de l'exiguïté des dimensions de cet aérostat qui avec du gaz hulrogène pourrait largement porter deux personnes. Si le roi de Siam n'a point d'aériinaute ce sera un condamné à mort qui fera l'ascen- sion. Observation de l'opposition de ta planète t.erila. — Les conseils que nous avons donnés peur l'observation de la planète Flore, sent suivis en Amérique avant que la JSattire, y soit parvenue! Le docteur Peters avant calculé dans le Journal américain des sciences l'or- bite de la planète Gerda (122 ,: du groupe), une des der- nières découvertes, un astronome de l'Observatoire natio- nal de Washington, M. Stockwell, vient do publier dans les Nouvelles astronomiques de KicI les- épliéniériiles pour l'observation de. sa prochaine apparition ; cet événement astronomique aura lieu le 2 7 octobre prochain ;i 1 heure tl'lo" du malin (temps moyen de Paris). L'observation aura cependant, lien duos des circonstances moins favo- rables non-seulement que celles de la planète blore, mais encore que celles delà planète Pkocea. Le mouvement en ascension droite sera de U' en 21 heures et le mouvement en déclinaison de A'. A ce moment la planète n'étant point à son périhélie, la quantité de lumière qu'elle, nous donnera ne sera que les 83/100 de sa valeur maxima. M. Stockwell évalue qu'elle sera alors égale à une étoile de douzième grandeur. A ce moment critique de son mouve- ment apparent, la planète Gerda se trouvera par 1 h. A m. .t0 d'ascension droite et ll û 15' de déclinaison boréale. Kilo sera pur conséquent dans le, voisinage de la constellation 1 du Bélier mais un peu au-dessous de ce groupe d'étoiles. Découverte de Troie. — D'après un article du doc- teur Otto Delilsch, dans un périodique allemand, on aurait découvert les ruines mêmes de Troie, qui jusqu'ici avaient échappé il toutes les investiga lions des archéolo- «ues. Le docteur Schliemaun aurait mis à jour des objets qui pourraient, être considérés connue des témoignages irrécusables de l'emplacement A'ilion. 11 semblerait que le pays est plus élevé de 13 à 15 mètres que du temps d'Homère. On a retrouvé des vases et des figurines expres- sives ; parmi ces restes précieux on mentionne m\ buste de femme et des tètes de hiboux, ce qui semblerait indi- LA NATURE. 175 quer que l'endroit du la découverte était elïeetiveincnt le temple île Pallas Alhene, la divinité tnfélaire de la ville. On aurait ainsi retrouvé l'enceinte- fortifiée et la tour principale de la forteresse. Les travaux se poursuivent activement avec 150 ouvriers terrassiers. Agassiz aux iles Elisabeth. — Les journaux d'Amérique nous apprennent, que le, célèbre Agassi/, mem- bre correspondant de l'Académie des sciences de Paris, vient de procéder à l'inauguration de l'école d'histoire na- turelle pratique dont, il a accepté la direction dans cet ar- chipel. Cet établissement est encore unique dans le monde. Quoique depuis plusieurs années on ait établi des aqua- riums dans plusieurs ports de nier, on n'avait pas encore songé à créer un enseignement spécial au milieu du district maiin où vivent les plantes et les animaux dont on s'oc- cupe. L'instruction qui sera donnée par le plus grand natura- liste de l'école, sera entièrement gratuite ; les clévcs'n'ao- ronl. qu'à subvenir aux frais de leur nourriture et de. leur entretien personnel qui seront peu considérables. Aussi les demandes d'admission ont été si nombreuses, que M. Agassiï a dû en rejeter le plus grand nombre : craignant de voir reparaître sous forme de visiteurs et de flâneurs ceux qu'il avait du éccmduire, il a dû publier une sorte de proclamation pour avertir le public qu'il n'y avait pas dans l'ile le moyen de loger des personnes autres que, les 50 élèves et leurs professeurs. iNous apprenons en mémo temps qn'un armateur de riew-York yient de donner à l'école nu yacht destiné aux promenades, eueursions scientifiques, dragoages, etc., etc. ll.Agassiz qui s'établit ainsi, à l'âge de 7 2 ans, dans une petite île du golfe Blizzard, ne manquera certainement pas, malgré son grand âge, de doter la science d'impor- lants progrès. On sait que le célèbre naturaliste a déjà exécuté, dans le cours de sa longue carrière, de magni- fiques explorations, qui l'ont habitué à une existence semblable à celle, qu'il va mener d.ans ^in pavs peu habité. ACADÉMIE DES SCIENCES Malice du 4 août 187",. Présidence de M. I!i:ktiu\d. M. Tynda.ll assiste à la séance. — Au nom de son collègue de la guerre, ic ministre de l'instruction publique s'informe du sort des nombreux mémoires relatifs à l'aérostation que depuis trois ans l'Académie a reçus, par l'entremise du premier de ces dé- partements. — Aucun rapport n'est prêt et comme on ne peut prévoir quand ils le seront tous, M. Dumas propose d'extraire immédiatement de l'amas de pièces à examiner ce qui est évidemment mauvais et de faire, du reste l'objet d'un rapport qui, restreint à cet ordre de documents, pourra être promptemeui terminé. — L'orage qui a éclaté le 26 juillet, à Troyes (Aube) et sur lequel une lettre de M. Eugène Parent donne d'inté- ressants détails est digne d'attention non-seulement comme ayant offert de nombreux exemples de foudre globulaire mais aussi à cause des caractères inusités qu'elle a pré- sentés. Ici, c'est un globe de feu de la grosseur d'une orange, qu'on voit courir dans la rue et disparaître sans bruit. Lu peu plus loin, un autre globe de feu se montre dans un magasin, en sort par la porte, y rentre par le même chemin et disparait encore mim bruit après avoir imprimé sur le plafond le dessin d'un store placé, sur son passage. Ailleurs enfin un troisième globe éclate toujours sans bruit en projetant une pluie de feu dans tous les sens. Cette allure silencieuse est comme on peut le voir par la notice d'Arago sur la Tonnerre un caractère qui n'avait pas encore fixé l'attention. M. Dumas constate que les éclairs en boule paraissent fréquents celte année et il cite, la Manche comme en ayant été plus particulièrement témoin. — Le secrétaire présente an nom de M. Lawrence Smith professeur à l'Université de Louisville (Kentucky) la collection en un volume de tous les mémoires minérale— giipies et géologiques de l'éminent savant américain. Il signale spécialement un grand travail sur le corindon de la Caroline du ixurd ; ou eu trouve des cristaux transparents et propres à la joaillerie et en même temps d'opaques et fendillés qui atteignent parfois l'énorme poids de ÏJOO à 400 kilogrammes. Lu autre volume non moins précieux dans un genre différent est offert de la part de M. le doc- teur Jlarcy qui y a réuni ses ingénieuses et savantes ex- périences sur la mécanique animale. La détermination du volume d'air nécessaire à la salu- brité des lieux habités est l'objet d'un mémoire du général Morin. Il a pris son point de départ sur les rechei elles si précises faites naguère sur le môme sujet par le savant et modeste M. Félix Leblanc qui analysant eu 1842 l'air de l'amphithéâtre de la Sorbonno à l'issue d'une leçon de 11. Dumas, lui trouvait des caractères véritablement toxiques. Il s'en faut de beaucoup que ces recherches aient produit les fruits qu'on eût pu en attendre. Prenez l'air de, nos modernes casernes, où l'espace moyen est par homme de 10 à 12 mètres cubes, cet air aurait besoin d'être renouvelé à raison de X0 à OU mètres cubes par homme et par heure, pour être salubre; or on ne le renouvelle pas du tout! Les chusos se passent autrement eu Angleterre, où d'abord les casernes sont relativement plus vastes, l'espace y étant de 17 mètres cubes par tète et où le renouvellement se fait à raison de S7 mètres cubes. La nécessité d'une circulation si active n'étonne pas, quand on sait que chaque homme exhale en une heure 12 litres de vapeur d'eau et 20 litres d'acide carbonique. Lu dernier fait. Crie chambra à couclier cubant 00 mètres et habitée par une seule personne n'est salubre que s'il y passe 4(1 mètres cubes par heure. Que le jour de l'hygiène est donc encore loin de nous ! - Une exhibition de Cucvjos petits insectes envoyés de Cuba il SI. des Cloizeaux cl qui ont la propriété de devenir lumineux quand on les immerge dans l'eau, procure une agréable distraction. L'Académie, à notre connaissance, jouit de ce joli spectacle pour la seconde fois. De 1500 insectes expédiés de la reine des Antilles il ne reste plus qu'une douzaine de sujets vivants. Stanislas Mecmer. ~$~- LA MÉTÉOROLOGIE DL MOIS DE JUILLET Quoique le thermomètre se soit élevé à deux re- prises différentes jusqu'à 52° au-dessus rie zéro, et que nous ayons traversé quelques journées vérita- blement étouffantes et quelques nuits quine l'étaient guère moins, c'est surtout pur l'abondance des orages et la fréquence dûs coups de foudre que cet été est véritablement remarquable. L'orage le plus violent est sans contredit celui qui a éelalé dans la journée du 2 G, à doux reprises diffé- rentes, La première secousse orageuse a eu lieu un 176 LA N AT 11 fi K. peu après niidi. Elle a été suivie, connue il arrive ordinairement, d'une pluie torrentielle ; mais il n'en a point été de même de l'orage qui a éclaté vers six heures'. A peine si quelques gouttes d'eau sont tom- bées, ce qui explique parfaitement, comme nous l'avons déjà fait remarquer, la violence des coups de foudre. L'arbre foudroyé que nous avons représenté est un acacia qui se trouve dans. le jardin du Luxembourg, au milieu d'une petite prairie, près de la nui Yavui. Il est très-probable que la victime ne périra poml mal- gré les nombreuses cicatrices qu'elle porte, car il en est des arbres nomme des hommes etdes animaux ; les blessures faites par la foudre sont celles dont on se guérit le plus facilement. 11 y a de la ressource toutes les fois que l'être n'est pas lue sur le coup. Les bran- ches ont à peine élé touchées, ce qui n'a rien d'étonnant, car elles étaient encore couvertes d'humidité et, par con- séquent très - conduc- trices. Les portions de l'écorce qui ont été dé- chirées sont surtout celles qui se trouvaient desséchées, et qui n'a- vaient point élé expo- sées à l'averse violente du matin , c'est princi- palement, dans les par- ties )es moins conduc- trices dans les lacunes ou dans les ijuasi-la- cunes que reflet des- tructeur du fluide s'est fait plus vivement sen- tir. C'est pour bien faire comprendre cet effet que nous avons donné le dessin ci-dessus, qui, sans cette circonstance, n'offrirait nul intérêt. Il ne serait peut-être pas impossible de retrouver, dans ce coup de foudre, l'iiilluence d'objets de fer situés dans le voisinage. En effet, l'acacia du Luxem- bourg se trouvait à faible distance dos grilles qui fer- ment le jardin et des échalas en fer qui soutiennent les espaliers de l'école prat'que d'arboriculture, mais les orages de cette période nous offrent des exemples bien plus saillants. Un bourgeois d'Aix-les-Ilahis qui se, promenait avec sa femme, n'a point été touché par la foudre, qui a tué cette, malheureuse à ses cotés. Ou a constaté, comme, d'ordinaire, que les boiîWes d'oreilles et autres bijoux, avaient été le point de dé- part de décharges intenses, et que la victime, portait sous sa robe des cerceaux d'acier. Cet événement tra- gique a eu lieu le 27 juillet. Les journaux d'Alsace rapportent qu'un violent orage a éclaté au-dessus de Melmigheim, petite com- mune de ce pays où existe une lilatuie qui a été fulgu- rée. l.a foudre a frappé 20 fois crtn-éculivcs les bâti- ments qui ont élé incendiés. Comment expliquer ce fait, fort rare du reste dans les annales delà météoro- logie, si ce n'est par un concours de circonstances ex- ceptionnelles permettant à la foudre d'exercer ses al- lantes avec toute leur terrible énergie. Il est plus que probable que cette usine renfermait de grandes masses de 1er qui auront déterminé la forme de la trajectoire du fluide. Toutefois il esl bon de noter qu'il ne suffit ja- mais d'une circonstance unique quelque énergi- que qu'elle puisse être pour entraîner une ful- guration. La chute de la foudre est toujours le résultat de l'accumula- tion fortuite d'une série de causes dont l'analyse est, toujours délicate et difficile, quelquefois in- déchiffrable. Lue étude svstématique de tous les coups de foudre serait indispensable, mais elle est au-dessus des forces d'un physicien isolé. Los bureaux météorologi- ques pourraient seuls l'entreprend re avec quelque succès. il. Levi.rrier vient d'adresser aux chambres de commerce, une cir- culaire pour leur de- mander si elles verraient avantage à recevoir , vingt- quatre ou quarante-huit heures à l'avance, l'annonce du temps probable. Il est facile de prévoir ce que sera la réponse à la question posée par le savant académicien, ilais nous croyons que les sociétés d'agriculture ne seraient pas moins empressées à répondre favorablement, si ou demandait leur avis sur l'opportunité d'étudier les coups de foudre et les phénomènes qui s'y ratta- chent plus ou moins directement. ^Y. DE Eu.NVIKI.Lli. Le Propriétaire-Gérant : G. Tissàïjuo. TA1US. — llïl', SIMOS- IIA;O.N ET î]OHr, r 111K u'eRFURTH, 1. ArLre du junlin du CiiM'iiiJmiiryj foudroya lu 20 juillet. 1 8-73- .V 12. — 20 AOIT 1875 LA NATIJRK. 177 LES TORPILLES OFFENSIVES La question des torpilles offre une importunée ca- pitale; elle préoccupe très-sérieusement les marines îles pays civilisés, et, s'impose tout à l;t fins aux étu- des d'un grand nombre de savants : mécaniciens, physiciens et chimistes. La torpille en effrt apporte d'étonnantes complications à la science déjà si com- plexe du combat naval. Nous avons raconté ailleurs 1 les débuts de la tor- pille depuis sa création par deux Américains, Bush- nell et l'ullou, jusqu'à sa réapparition lors des guerres de Crimée et d'Italie, et le rôle important qu'elle a rempli dans la guerre de sécession, aux Utats-Unis, Nous ne connaissions alors que la torpille défen- sive, celle que l'on place dans les rivières, les entrées de port, et que le choc ou l'électricité enflamme. (je genre de torpilles, dites dormantes, n fait depuis de considérables progrès ; on peut même affirmer que si ces engins n'ont pas atleiut la perfection, ils sont bien près d'offrir aux eaux qu'ils auront à défen- dre une sécurité absolue, quelque ingénieux que se montre l'agresseur à les découvrir. Le talent dé- pensé dans celte voie par tontes les marines devait amener ee résultat. Mais ce «pie l'on n'osait prévoir au déliul, c'est le rôle elfeusif de la torpille rendue "". : ■■'.- - -"■■ .,.» _'. ' .-.:, ■ ::■, :-:■■■::.:■■;■■■: :-..':.■ Ln Sputjtvn-hutji'il, kiti'an liajiille :imrnrinn. mobile, qu'elle soit conduite sur l'ennemi par des hommes «le la U^orlipe des bmliitiers grecs Canaris et Pépiais, ou des torpédistes américains Davidson et Cu>biug, ou «[lie la redoutable machine, soit remor- quée par des bâtiments spéciaux sur le théâtre d'un combat naval (système llarvey), ou enfin que, douée d'une force propre, elle aille frapper un navire dési- gné à ses coups (systèmes Wiitehead-Luppis, Lav, Uricsson, etc.) C'est pourtant sous ces trois formes «pi'clle se présente aujourd'hui aux méditations des tacticiens et des ingénieurs, dont l'oeuvre, depuis un demi-siècle, recommence sans cosse avant même d'être achevée, La première marine qui ait fait l'expérience des torpilles, nous l'avons dit, est la marine des États- Unis. Après les avoir employées pour la délensc de leurs rivières, pendant leur guerre de sécession, l«:s 1 Le Fond de lu mer. — J'aiis, îluUel ; in-8". Américains eu vinrent peu à peu à imiter les Chinois et imaginèrent des machines qui, abandonnées au courant des fleuves, allaient éclater contre les flancs des navires qu'ils voulaient détruire. Mais ce peuple ingénieux et hardi ne devait pas en rester à ces essais, si satisfaisants qu'ils fussent. En 181)0, alors que la flotte fédérale bloquait Charleston, il y avait dans ce port un petit bateau dont il faut parler, car il est l'ancêtre «les torpilles mobiles. Construit pour les travaux sous-marins, son mécanisme était des moins compliqués; il con- sistait eu un simple engrenage qui, mû à la main, faisait, évoluer une hélice. Submergé il recevait l'air par le moyeu assez élémentaire d'un long tuyau maintenu à la surface de l'eau par un flotteur. Un officier rebelle, dont le nom nous échappe, l'ayant vu, songea aussitôt à l'utiliser pour aller la nuit fixer une torpille sous les (laucs de l'un des navires qui cer- naient le port. 12 178 LA NATU11K. Dans ce but, il plaça un de ces engins à l'avant du petit bateau et se dirigea droit sur Je navire-amiral, qui était ïlhosatonic ; il l'atteignit, fixa sa torpille et s'éloigna... Lu montent après, l'arrière de VHoo- salonic sautait, ut le bâtiment tout entier s'abîmait dans les Ilots! Le torpedo-hoat était créé. L'exemple donné devant Chai'leston ne fut pas perdu. Les Américains commencèrent à construire des petits canots sur le modèle de celui qui avait si bien frappé le navire fédéral, a\ec cette différence, qu'ils n'étaient pas sous-marins et qu'ils étaient pourvus d'une machine à vapeur. A l'avant, un espar d'une vingtaine de pied-- s'avan- çait, lui mécanisme très-simple permettait de ma- nœuvrer cette lance, à l'extrémité de laquelle était la torpille. Celle-ci consistait eu un vase de cuivre ayant la l'orme d'une bouteille de Champagne, rem- pli d'une poudre puissante, et dont le ventre était pourvu de cinq détonateurs. La tète de l'espar s'en- filait dans le col de la bouteille, où celle-ci était, rete- nue par une clavette. Le mécanisme qui faisait mouvoir la lance per- mettait de l'incliner sous l'eau dans la mesure né- cessaire pour atteindre le navire au point que l'on supposait le plus vulnérable. Le premier essai de ce genre de bateau eut lieu dans la nuit du 9 avril lsti-l contre le Minnesota, navire amiral fédéral, mouillé à Jlainpton-Roads, de- vant Newport-iN'evvs. Le canot employé dans cette affaire se nommait le Squib et avait été confié: au fameux capitaine Davidson. Aidé de deux hommes, celui-ci descendit la rivière dans le Squibei s'appro- cha d'abord de VAtulanfu ; mais ce Làlimcnl étant près du rivage, et d'ailleurs environné d'emburca- tions, les torpilleurs se dirigèrent sur le navire le plus Voisin, qui se trouvait être le lloancke; mal- heureusement ce dernier n'était guère pion accessi- ble que le premier, occupé, qu'il était à l'aire son charbon, et par conséquent presque entièrement en- touré de chalands. Le Squib fut hélé; Davidson répondit qu'il venait du fort Monroé et qu'il apportait des dépêches pour l'amiral; bénévolement on lui indiqua alors le lieu où était mouillé le navire de cet officier. La lune brillait au ciel, çà et là cependant, ob- scurcie par quelques nuages, ce qui ne permettait pas au Squib de se diriger aussi bien que le désirait son audacieux équipage. Avant d'atteindre le Minnesota, Davidson fut donc interpellé plus d'une fois par les navires près desquels il dut passer. Il leur fit la ré- ponse qu'avait déjà reçue Je Iloanoke, et continua sa course; mais en approchant du Minnesota les qui vive! devinrent plus impérieux, et ordre fut donné de délivrer ses dépêches au iender, qui était en arrière. Davidson comprit que le moment était venu d'agir. Lançant donc sou canut, il contourna le navire de façon à l'atteindre sur tribord. L'officier de quart, croyant à -une faute de ma- nœuvre, réprima vertement le commandant du canot ; | mais celui-ci ne tenant aucun compte de l'observa- ! tion dont sa gaucherie simulée était l'objet, l'officier ■ comprit enfin le péril qui le menaçait et donna aus- | sitôt le signal d'alarme, tr C'est le canot-torpille Squib des confédérés! n lui cria Davidson. Au I même moment, le S(juib frappait le Minnesota à 8 pieds au-dessous de sa ligue d'eau, tout près de l'hélice. Le choc fut si violent que l'arbre de l'hélice fut projeté hors du centre, quatorze canons de la batte- rie lurent démontés, et plusieurs matelots jetés hors de leurs hamacs. Le Squib, cause de ce désor- dre était lui-même dans une situation difficile : lechoc ajant fuit sortir de leurs paliers les tourillons de son unique cylindre, il se trouvait dans l'impossibilité de s'éloigner. IJuelques matelots et marines du navire fédéral, revenus de leur surprise, lui tirèrent plu- sieurs coups de carabine et quelques coups de canon de bordée; mais le Squib était trop prèsde la frégate pour être atteint. Enfin sou mécanicien, qui avait conservé toute sa présence d'esprit, ayant remis les tourillons à leur place, la machine reprit son mou- vement et le canot, favorisé par l'obscurité, rentra dans la rivière, sous une pluie de projectiles dont aucun ne le toucha. Les confédérés ne furent pas seuls à faire usage des canots-torpilles. M. AVood, professeur de machi- nes à l'Lcole navale d'Aunapolis, inventa un bout- dehors et un obus-torpille qui, pendant la guerre, fut appliqué à quelques canots d'avaut-poste. Ce bout- dehors diffère de l'espar des confédérés en co qu'il est creux; il contient intérieurement un plus petit bout-dehors ou tige. Le tout c>t avancé ou abaissé au inoven d'un mécanisme. C'est avec un bateau de ce genre que le lieutenant Cushing, de la marine fédé- rale, entreprit l'expédition qui l'a rendu célèbre. C'était en IStii. Les navires fédéraux étaient sur le Iloanoke, devant l'iymouth. Deux fois YAlbemarh; monilor confédéré, avait paru au milieu d'eux, et chaque fois leur avait fait les avaries les plus graves. « Las de le combattre sans résultats avantageux, dit le secrétaire de la marine dans son report de 1801, le commandant des forces navales dut se préoccuper d'en avoir raison par des moyens autres que les movens ordinaires, et choisit dans cette intention le lieutenant AV. B. Cushing. On mil à sa disposition un des canots destinés au service d'avant-garde, sur le- quel ou plaça une torpille Wood d'une puissance extraordinaire. Le lieutenant Cushing reçut l'ordre de faire SCS préparatifs, et l'exécution suivit de près, aussi brillante que rapide. Avec quatorze officiers et matelots qui s'offrirent pour le seconder, il re- monta le Iloanoke jusqu'à Plymouth dans la nuit du 27 octobre, atlaqua le bélier amarré à quai, défendu par son équipage cl par un détachement de soldats postés à terre, et le coula, s « Le lieutenant Cushing revint seul avec un de ses hommes, ajoute le Report ; tout le reste fut tué. Mais le succès tic cette audacieuse entreprise faisait tom- ber la plus solide défense de Plymouth. » LA NATURE. 179 Ce type de bateau-torpille (pichet-bout) a survécu à la guerre de sécession. 11 n'y a pas aujourd'hui une seule marine qui n'en ait un plus ou inoins gi and nombre dans ses arsenaux. Ou doit aux fédéraux un autre modèle de bateau- torpille : le Spayle.n- Dwjvil. 11 a 74 pieds de long et jauge 1">0 ton- neaux. 11 est muni de compartiments dans les- quels on peut introduire de l'eau jusqu'à le cou- ler à la hauteur de la ligne du pont. Ce pont, qui dans ce cas est la seule pailie du navire qui émerge, est doublé de plaques de fur. Au milieu se trouve la gué- rite du pilote; elle est également cuirassée. Le système de torpilles adopté pour ce tvpe de bateaux est celui dont H. Wood est l'inven- teur ; il est manœuvré de l'intérieur par un mécanisme puissant : une cloison s abaisse et l'espar armé de sa tor- pille va frapper l'ennemi sons sa ligne de flottai- son et sans qu'une goutte d'eau puisse entrer dans le navire agresseur 1 . La guerre de sécession a\aut pris lin au muuiont de son lancement, le Spnytcn-Dni/vil n'a servi jus- qu'à présent qu'à faire sauter , avec un succès dont notre dessin re- présente fidèlement les effets, les barrages (pie les Américains avaient établis sur quelques- unes de leurs rivières. Sou infériorité par rapport, aux picket- bouts est, à noire sens, d'être plus visible, et par suite moins propre à un cou]) de main. Celui que l'amiral Por- ter fait construire en ce moment à Brooklyn, dans le plus grand mystère et sur des plans semblables, ne nous paraît pus mieux conçu, au moins au point de vue tic Virivistbititc. Il est néanmoins supérieur à son aîné sur ce. point qu'il « est muni, dit le New-York Times, d'un épe- J.<* &paij(t-a -l)iujt:it drlL'uisunE ilf5 oljïtnu-lioif! soll^ mui'Incï. 1 ht suture que nous uuunuiis du Spuylcn-Duyv'd [y. 177] i^l cXtinUe île lti nouvelle; édition de notre uuvi,i^e 1rs Mt-r- ccfltt-a de l'art ttucat* -— lludwtlii cl C k , 1873. ion long de 40 pieds à l'extrémité duquel fonctionne une machine qui, sous l'action de l'électricité, pourra envoyer de petites torpilles contre l'ennemi. » Mais les essais donneront-ils gain de causcà son auteur?.-. Nous le répétons, s'il est possible de trouver dans une escadre un certain nombre d'hommes dé- cidés et capables de manœuvrer ce genre de bateaux (pichet- boats, plus ou moins vastes), un navire bien gardé aura toujours des chan- ces nombreuses d'échap- per à leur eonlaet ; et leur action ne saurait être effective que dans des circonstances par- ticulières et assez rares. La même critique peut être adressée à l'invention deil. llarvey, qui, elle aussi, malgré l'engouement dont elle est encore l'objet de la part de quelques ma- rins , ne saurait avoir, dans les rencontres na- vales un effet décisif. Yuiei en quoi elle con- siste : Ktant donné umiavire de guerre, ce navire, allant au combat, remorque de chaque boni une torpille amarrée à un câble filé à 100 mètres de barrière ; une bouée soutenant la torpille la maintient à une profondeur telle que la caisse immergée ne. [misse pas passer sous la quille du navire qu'elle est destinée à heurter. Mais pour qu'elle frappe en plein dans la carène, la caisse contenant la matière explosible et la bouée doivent avoir mie forme allongée, eflilée, de manière à diminuer la résistance à la mar- che dans l'eau. Cette caisse est munie d'un appendice fixe , qui , maintenu sous une in- clinaison déterminée, fait l'office de gouvernail; l'appareil tout entier s'écarte ainsi du navire qui le remorque, jusqu'à faire un angle de 45 degrés envi- ron. La figure formée par le bâtiment agresseur et les deux torpilles remorquées est celle d'un V ren- versé (\), ouvert de 90 degrés. Lorsque latorpille est convenablement disposée, un enlève la clavette de sûreté, qui neutralise le méca- 180 LA NATURE. Misait: pcrcutiint, ut il suffit, dans cette situiitioii, d'un lûget' choc sur le bras du levier supérieur pour déterminer l'implosion. Les expériences ont constaté que si Ja torpille rencontre le bâtiment ennemi ou glisse le long de ses ilancs, un des deux leviers dont elle est pourvue, fonctionnera juv;iri;ilileincnt ; de ce côté les résultats sont certains. L'appareil est égale- ment maniable à Lord. Son infériorité provient des manoeuvres spéciales et tout à fait extraordinaires imposées au navire torpilleur. Ainsi l'explosion avant lieu au contact, ce bâtiment doit courir sur l'en- nemi et le ranger de façon que l'une des torpilles vienne heurter la carène. Quoi qu'en dise M. Ihtrvey, dans ses Instructions , cette opération est assez difficile pour qu'en beaucoup de cas elle devienne- un obstacle insurmontable au sucrés. Il e>t logique de penser d'ailleurs qu'un cuirassé muni d'une forte artillerie, bien servie, ne la laissera pas s'exécuter aussi tran- quillement que le suppose, M. llarvey. Su torpille ne nous paraît doue ne devoir exercer sur l'ennemi qu'un effet mora). Il est vrai que cet effet peut jouer dans une lutte, et sur un oftirier manquant de coup d'œil, de décision, de sang-froid, un rùle capital. Les tentatives laites dans ces derniers temps pour doter la torpille d'une force motrice, indépendante auront sans contredit sur les futurs engagements ma- ritimes, si elles aboutissent, (ce qui nous semble cer- taiuj,une, action beaucoup plus marquée, Pour ce motif, et bien qu'elle ne soit pas encore, l'idéal, lu torpille Whilehead-Luppis mérite, l'attention des hommes qui dirigent, eu ce moment leurs études sur lu question qui nous occupe. Son invention est due à M. Luppis, officier de la marine autrichienne, et à M. Yv'hiteliead, ingénieur d'une manufacture de Faune. Le gouvernement an- glais, après que l'Autriche l'eut essayée pendant plu- sieurs années, eu paya le secret 2o0,t)00 francs, avec promesse de verser une seconde somme de 1i2.'),0I.H) s'il était reconnu qu'il fut possible de le rendre pra- tique. M. Whithead exhiba sa machine devant quel- ques ofticiers anglais, en 1870, dans la Medway. C'était un vase en 1er, en l'orme île cigare, d'environ 4"',-!ù de long et mû au rnoven d'une hélice et d'une machine à air comprimé. Un gouvernail automatique dirigeait l'appareil, et sou immersion était réglée par \u\ système de valves. Le bâtiment destiné à lancer la torpille Wliitehcad porte à l'avant, dans la direction de la quille,, un tube spécial fixé sous la flottaison. Au moyeu de l'air comprimé, on lance le projectile-torpille, iionl le mo- teur entre en action au sortir du tube et communi- que sa vitesse à la torpille, (lutte vitesse a été, dans la Jledjvay, d'environ A mètres 10 par seconde; il fau- drait donc àk torpille (>(i secondes pour franchir les 270 mèlres qui constituent sa portée estimée. Comme on le voit, la torpille Whitehead est, pour ainsi dire, mi éperon prolonge, et allant frapper le navire ennemi sur un point où l'artillerie a de nom- breuses chances de rester inefficace. Le seul incon- vénient qu'on lui reconnaisse est celui-ci : Au moment du lancement, il est nécesaire que la vitesse du bâtiment qui projette la torpille soit infé- rieure à celle qu'on peut imprimer au projectile. Il convient donc, à cet. instant, de modérer la marche du navire, jusqu'à ce qu'elle soit d'un nœud (1,873 mètres) ou d'un nœud et demi inférieur à celle de la torpille. Cette précaution est de toute nécessité pour éviter les causes d'accidents. Elle représente aussi une obligation que les marins signalent comme un embarras des plus graves. On entrevoit facile- ment , en effet , les conséquences auxquelles peut enf rainer une diminution aussi notable de lu vitesse normale. On comprend tout le danger qu'il v a, pour l'agresseur, à ralentir sa marche au mo- ment même où il s'approche de l'ennemi et s'expose à ses coups. D'autre part, la torpille n'étant plus fixée à l'avant du bâtunenl, tuais au contraire lancée comme un projectile vers un but mobile, l'incerti- tude du résultat, qui est le. choc, augmente rapide- ment avec la distance du bâtiment ù atteindre. Enfin pour lancer su torpille à propos, l'agresseur doit, tenir compte de la direction du bâtiment qu'il atta- que, apprécier sa vitesse et manœuvrer ensuite, pour présenter son avant sous un angle de lirdilticïle à pré- ciser avec des données aussi problématiques. 11 peut arriver néanmoins que des circonstance* se prêtent à une bonne manœuvre de la torpille, ainsi qu'il arriva lors de l'expérience faite dans la Medwuv, par VOlieron sur YEai/le, qui fut atteint avec un plein succès à une. distance de 118 mètres. La torpille Whitehead devient alors une arme contre laquelle aucun navire ne saurait lutter. Mais ces con- ditions de réussite se reproduiront-elles deux fois?.. Pour donner une plus grande certitude à l'action de lu torpille Whitehead, en Angleterre (et, croyons- nous, en franco) on s'efforce de remédier aux défauts qui ont donné lieu aux critiques que lions venons de reproduire, tandis qu'eu llussie, en Allemagne, en llalie, en Autriche, aux États-Unis, on recherche, avec des engins de formes diverses, une utilisation absolument pratique de l'air comprimé. Les Améri- cains, dont les chantiers ont cessé, depuis leur guerre de sécession, de construire des navires de guerre, montrent, en revanche, dans cette voie nouvelle l'ac- tivité qui est le trait le plus saillant de leur physio- nomie nationale. Le constructeur du Spuylen- i) uyr.il, M. Lay, a fuit agréer du gouvernement un bateau-torpille automobile dont les expériences n'ont pus encore donné les résultats que son inventeur en espérait. Il v a, pensons-nous, plus de fond à faire sur la torpilla mobile sous-marine que son compa- triote M. le capitaine John Ericsson se propose d'ex- périmenter prochainement. Les obstacles qu'il pré- tend surmonter sont nombreux et de plus d un genre, mais il a dans le succès une foi si profonde, qu'on no peut se défendre- de la partager. M. John Ericsson s'est acquis d'ailleurs, dans le monde scientifique et marin, une place exceptionnelle. C'est lui qui, con- curremment avec l'Anglais Smith, a rendu pratique l'usage de l'hélice. Son propulseur est le premier LA NATÏJHK •181 qu'aient employé la France et les États-Unis. Lors do la guerre de sécession, il a imaginé le type Monitnr, adopté depuis par toutes les marines. Enfin dans ces derniers temps, il a puissamment contriliué, avec le capitaine Coles, à imposer les tourelles tour- nantes aux grands cuirassés. Tel est le degré de perfection atteint par les lor- julleurs à l'heure où nous écrivons. Si leur science a l'ait, depuis une dizaine d'années, d'immenses pro- grès et dans la l'orme des engins, dans la com- position des substances qui les chargent , et en lin dans les moyens propres à eu produire l'explosion, il leur reste, pour en faire des armes d'une valeur ab- solue, bien des problèmes à résoudre. 11 no nous parait pas, quant à nous, que ce résultat soit impos- sible ; nous avons même lieu de. supposer qu'on l'at- teindra dans un avenir très-rapp roche. Ce jour-là, l'art du combat naval aura dit son dernier mot, la guerre, d'escadre, épuisé ses combinaisons. Encore, une l'ois la science, plus puissante que le droit, aura primé la force. Lko.v I'kwwi. DES CHAMPIGNONS COMESTIBLES ET VNNFJ.XEUX. Les exemples d'empoisonnement dus aux champi- gnons sont malheureusement assez fréquents pour que bien des persunnes bannis- sent l'usage de cet aliment. & Les champignons peuvent ce- pendant apporter à l'alimenta- tion un sérieux appoint, beau- coup [dus important, même que le gibier, qui devient de plus en plus rare, par suite du bracon- nage et en dépit de l'énorme aKL'i'avation des droits de chasse. oc L'utilité ménagère des champi- gnons est encore démontrée par la pratique en Italie, où ce pré- cieux, comestible a sa place mar- quée sur le marché des villes ; l'administration publique y prend du l'esté toutes les mesures de prudence, et y envoie des in- specteurs officiels , parmi les- quels on compte de savants pro- fesseurs. iNous en avons vu écra- ser parfois sous leurs pieds des agarics douteux. Criée à cette surveillance, les paysans n'ap- portent guère à la ville que les espèces dont ils connaissent les qualités. Le seul moyen "de distinguer sûrement un cham- pignon vénéneux d'un champignon, corueslilile est de le connaître en particulier; aucun caractère général, quel qu'il soit, ne peut remplacer cette connaissance 1 el 2. Amanila vagïna liuJbcnsc (Am. spéciale. C'est un préjugé des plus funestes de croire qu'un champignon est comestible s'il ne noircit pas une cuiller d'urgent, un oignon ou s'il ne. possède ni verrues, ni lait, ni odeur désagréable, ,ctc. Ces prétendus signes, presque aussi" nombreux que ceux qui croient devoir y ajouter foi, sont certainement la cause de la plupart des empoisonnements produits par les champignons. Ilàtons-uous de dire qu'ils n'ont aucune valeur. Ainsi l'amanite bulbeuse (Amanila phalloïdes et Am. mappa, voyez la figure ci-dessous), espèce dangereuse s'il en fut, ne noircit pas l'argent, elle n'a ni verrues, ni lait, ni suc apparent; sa chair est d'un blanc fixe; son aspect général est assez semblable à celui des champignons de couches. Il en est encore à peu près de même pour la fausse oronge (_t?u. muscaria) et en général pour toutes les ama- nites vénéneuses. On peut se rendre compte, a priori, de l'insuffi- sance de ces caractères prétendus distinctifs et de l'impossibilité où l'on est d'en donner de vrais, si l'on songe au nombre considérable des espèces et des types entièrement différents, que comprend la grande classe des cryptogames. La famille des champignons forme à elle seule un groupe aussi complexe et aussi varié que le règne des animaux : or personne ne pré- tendra qu'un naturaliste puisse donner un caractère général qui permette de distinguer à première vue un animal utile d'un animal nuisible. Quelle rela- tion étiddirait-il d'une part entre le cheval, le chien el le ver à soie, animaux utiles, et de l'autre entre le tigre, le hanneton et le faucon, iMfiaBSfci qoà sfm l si nuisibles? "•'.'■ :\ '■•'■ L'impossibilité de cette géné- ralisation est la même , qu'il s'agisse des champignons ou des animaux; elle est aussi évidente aux yeux de tout naturaliste. C'est qu'en effet, la nature n'a pas divisé ses produits comme l'a longtemps cru notre amour- propre, en deux groupes oppo- sés, les uns utiles, les autres nuisibles à l'homme. Si le poison des champignons était toujours le mémo, on comprendrait l'exis- tence d'un réactif qui le dévoilât, mais il n'en est malheureuse- ment pas ainsi. Chaque genre, chaque espèce semble avoir son principe toxique particulier. Cette grande diversité n'atteint pas seulement les cryptogames. On l'observe aussi chez les pha- nérogames, où l'on trouverait difficilement deux espèces qui continssent le même toxique. Dans la famille des solanées, par exemple, la belladone (Atropa belladûna), le tabac (JSicoliana labacum) et la jusquiame (Ileliocyamus niger), exercent les effets les plus énergiques sur l'orga- nisme, spécialement sur le système nerveux ; leurs la. — j, \ ri S. Aiiiiiiiilc phalloïdes. Fi\) 182 LA. NATUR1 principes toxiques sont différents. Du plus, la mémo famille contient la pomme de terre et la tomate, qui constituent d'excellents aliments, La science, en analysant ces principes toxiques des solanées et d'autres familles phanérogames, et ou re- connaissant leurs propriétés fatalement actives, a doté la médecine de puissants remèdes et a rendu de grands services à l'humanité. Mais ce travail est en- core à faire pour les champignons. On n'a pas pu, jusqu'à ee jour, isoler bien neftemetif un seul des poisons d'une plante, de ce grand groupe végétal. D'après les travaux du ])'' Réveil l , les meilleurs que l'on ait sur ee sujet, l'amanite bulbeuse rnnlien- drait jusqu'à (rois toxiques différents : un priiirïpr très-volatil, un ]iriueipe résineux et en lin un .prin- cipe soluble dans l'eau. C'est à ce dernier qu'il fau- drait surtout attribuer la gravité des symptômes qu'on remarque chez les personnes empoisonnées. IJuoi qu'il eu soif, ces symptômes sont aussi redou- tables qu'effrayants. Les malades, quelquefois pris d'un sommeil plus ou moins long, tombent ensuite dans une agitation nerveuse extraordinaire; ils ont. dus tremblements, une respiration haletante, des battements de cœur, puis un délire que terminent le coma et la mort. Ces svinplômes sont spéciaux à la famille des amanites. Les lactaires et les russules empoisonnent plutôt par l'inflammation des organes digestifs; les empoisonnements par les autres cham- pignons peuvent se rapprocher plus ou moins cle l'un de ces deux groupes. On doit citer, parmi les particularités que pré- sentent les poisons de quelques champignons , la propriété qu'ils ont de disparaître par la cuisson. C'est ce qui a été spécialement prouvé pour ÏAma- vitavaginat.a (concoumelle jaune, qrisdlc) fioy. fig.) et Am. rubescens et Y Agaric nchvlaris. Ces cham- pignons se vendaient journellement sur quelques marchés du midi de la France ou do l'Italie, pen- dant que les expériences les plus concluantes des savants du Nord semblaient devoir les l'aire regarder comme vénéneux. Cette divergence provenait des différents modes de l'emploi. Les savants expérimen- taient sur leurs chiens avec des champignons crus, et les méridionaux sur eux-mêmes avec des champi- gnons cuits. Cette distinction, faite pour la première lois par le I) r lîertillon, a une grande importance pratique, car, d'après ses expériences, le poison ne serait pas détruit par une cuisson un |peu pro- longée. Devant, cette diversité de toxiques, on conçoit maintenant combien il est impossible d'indiquer un caractère chimique ou botanique qui distingue l'en- semble des champignons comestibles des champi- gnons vénéneux. Certaines personnes, et même des circulaires adminis ratives, ont préconisé un moyen qui, au premier abord, semble pouvoir lever cette dif- ficulté : « Toute espèce de champignons, disait-on, ' Uibliothi'CjLie rii 1 . t'Arîulcniir de mérinfine , Tmniioire ma- nuscrit. attaquée par les insectes ou les limaces, est co- mestible, car ces animaux doivent être avertis par leur instinct. » Malheureusement un si beau raisonnement est mis complètement en défaut par l'expérience ; j'ai cueilli mille fois les espèces les plus vénéneuses, mangées par les vers et les limaces, sans que. ces animaux, .semblassent en souffrir. L'expérience directe est facile : on n'a qu'à met- ' tre quelques grosses limaces dans un panier avec des amanites bulbeuses; le lendemain ces champignons seront largement entamés par ces animaux, qui n'vn resteront pas moins en parfaite santé. On ne doit pas en conclure pourtant que leur or- ganisme suit insensible à ces poisons, mais (pie leurs organes digestifs ou ne se laissent pas traverser par eux on les neutralisent. Si, en effet, on injecte le sue de ces mêmes champignons dans leurs tissus, on les voit succomber très-rapidement. Le poison des champignons agit donc sur ces ani- maux comme le curare sur l'homme: absorbé par nos organes digestifs, il ne produit aucun phéno- mène funeste, tandis qu'il can.se une mort, rapide s'il est introduit directemenl dans nos tissus. On comprend pourquoi les limaces n'ont à faire aucune, distinction d'espèces entre les champignons, et nous avons tort de vouloir nous fier à leurs con- naissances myeologi pies. Du reste, tous lus animaux herbivores n'ont pas les mêmes immunités ou la même insouciance, que la limace; c'est ainsi que la vache mange très-bien le Bnlettts cdulis, mais elle repousse (généralement) le Bolelvs salarias, qui est de la mémo famille que le premier et. qui lui res- semble. four nous, nous n'avons qu'un moven d'apprendre à connaître les champignons, c'est de les voir et de les étudier un à on en nous aidant, pour plu* de. sû- reté ou de commodité, soit d'un maître, soit d'un bon livre, Un professeur de cryptogamie se trouve diffici- lement. Il n'y a en France que très-peu de personnes rpii connaissent bien les champignons. Comme pro- fesseur, il n'y a, je crois, en Europe, que l'illustre suédois I'ries qui fasse un-cours de mycologie; cl. c'est à Stockholm! Les meilleurs livres à étudier sonl eu français la Mycologie suisse, de Secretan, les Champignons île France, du docteur Gordicr; /es Champignons du Jura et des Vosges, du docteur Quelet, et les articles de mycologie du docteur lîer- tillon dans le Dictionnaire encyclopédique, des sciences médicales [Agaric, Amanite, Bolet, Lac- taires, Lépiotes, etc.). La base, fondamentale de la mvcologie est établie dans les ouvrages de F ries, qui sont tous écrits en latin. Enfin, si l'on sait l'anglais, ou devra se pro- curer la Flore, de Cooke, petit ouvrage très-clair, très- bien ordonné; le meilleur certainement que l'on puisse conseiller à un commençant. Nous ajouterons, en terminant et sous forme de conclusion, que, l'étude des champignons est pleine de charme et. d'attraits, pour l'amateur; mais faut LA NATURE. 185 qu'il n'aura pas contrôlé son savoir, il devra Lien se garder de manger les champignons qu'il aura cueillis lui-même ! A. Behtili.ok. e^Or— TRAVERSÉE DE L'ATLANTIQUE EN KALI.ON, (Suite et fin. — Voy, p. 167.) Nous avons supposé les conditions du voyage aussi favorables que possible, et nous avons vu qu'un aérostat eonslruit dans les conditions ordinaires ne peut pas rester dans les liantes régions rie, l'air plu- sieurs jours consécutifs, par suite de la différence des températures diurnes et nocturnes. Nous devons ajouter qu'un aéronaute, eût-il la certitude de rester 8 jours à l'altitude de 2,000 mètres, commettrait la plus folle imprudence, en s'abandoimaiil aux hasards d'une telle traversée océanique, sans movens de di- rection. Que le vent vienne à tourner vers le sud on vers le nord, le voilà lancé au-dessus de. surfaces océaniques, pour ainsi dire sans limites! Pour oser risquer les chances d'une telle entreprise, il faudrait que le navire, aérien auquel on confie sa. vie et sa fortune fût an moins capable de séjourner un mois de suite au milieu des plages atmosphériques. On augmenterait ainsi par la durée du voyage, la chance de rencontrer un continent. L'acronaute américain, ne paraît pas avoir étudié les moyens de maintenir un aérostat imperméable pendant, plusieurs semaines à un niveau élevé, fin enveloppant l'hémisphère supérieur d'un ballon, comme, le captif de Londres, d'une mousseline blan- che légère, qui, n'adhérant pas à l'étoffe, en serait séparée par une couche d'air, on protégerait ainsi le gaz intérieur des influences d'échauffement et de re- froidissement. 11 est probable que, dans ces conditions spéciales, le séjour du ballon, à une certaine hauteur dans l'at- mosphère, pourrait se prolonger pendant un espace de temps considérable ; mais encore avant de se lancer au-dessus de la mer, serait-il prudent de vé- rifier le fait par des expériences réitérées, exécutées à la surface des continents. Malgré les précautions ac- cumulées, on serait toujours dans l'impossibilité de parer aux accidents imprévus, tels que pluie; , chute de neige, formation de cristaux de glace, qui peuvent subitement charger l'aérostat d'un poids considéra- ble, en s'amassaut à sa surface, et contraindre l'aé- rnnaufe de descendre malgré lui. N'aurait-ou pas enfin à craindre, dans un voyage au long cours, l'ef- h'ûyable rencontre, d'un nuage orageux, l'épouvanta- ble menace de voir le ballon enflammé par la foudre? Les détails des préparatifs que l'on exécute à ■New-York, pour cette traversée de l'Atlantique, nous sont apportés par les récits des journaux américains; nous n'y avons rien rencontré jusqu'ici qui dénote, de la part de ceux qui veulent entreprendre un tel pro- jet, des connaissances approfondies de l'aéronau- tique. Mais M. ffise tentera-t-il sérieusement la grande traversée?. C'est ce que nous saurons dans un avenir prochain. Nous ajouterons toutefois, et nous pouvons parler avec connaissance de cause, de, l'im- pression ressentie par le navigateur aérien quand il voit la mer se dérouler au-dessous de sa nacelle avec la perspective d'y être englouti 1 , que pour quitter sciemment, dans un ballon, le rivage américain, avec un bon vent d'est vous lançant vers un océan de 6,000 kilomètres de large, il faut être bien auda- cieux.... ou bien fou I 11 va sans dire, qu'une telle appréciation s'adresse à l' aéronaute qui dispose seulement des moyens ac- tuels de navigation aérienne. 11 se peut que cette traversée s'accomplisse un jour dans des conditions moins périlleuses, mais alors ce sera avec un aéros- tat perfectionné,, qui séjournera longtemps dans les hanlcs régions de l'air et qui sera muni d'un moteur cl d'un appareil de propulsion. Pour exécuter la traversée océanique avec les seules ressources de l'aéronautique moderne, il faudrait un étonnant concours de circonstances exceptionnelles, analogues à celles qui ont permis à M. Rolier de sauter en ballon de Paris en Norwcge, de passer la mer du Nord et de parcourir un espace do 1,300 kilomètres eu 10 heures ! Il ne nous paraît, pas nécessaire d'insister sur l'imprudence qu'il y aurait à compter à l'avance sur de semblables hasards. Avec nos ballons, tels qu'ils sont aujourd'hui, un projet comme celui de M. Wisc est condamné à l'a- vance. Il n'y a jusqu'ici que deux aéronautes que les vents aient poussés au-dessus de l'immense éten- due de l'Atlantique; tous deux ont été engloutis dans les abîmes océaniques. Nous voulons parler du marin Prince, parti de Paris pendant le siège, le 50 novembre 1870, et de Lacaze, qui s'est élevé, dans les airs dans les mêmes circonstances, le 27 jan-. vier 1871, Des navires ont aperçu les aérostats planant au- dessus de la surface des mers, mais nul ne saura jamais en quel point de l'Océan ont disparu ces deux martvrs de !a foi patriotique ! Avant d'entreprendre la traversée de l'Atlantique par voie aérienne, il faut d'abord perfectionner les ballons, les étudier, les munir d'appareils de direc- tion, il faut en un mot créer la véritable navigation aérienne, ho premier sauvage qui a traversé une ri- vière sur un tronc d'arbre, creux n'eût pas tenté, avec cette, embarcation rudimentaire, un voyage au long cours. S Or nos aérostats soid à l'atmosphère ce que le tronc creuv du sauvage est à l'Océan 1 Bouées aériennes, flottant au gré des vents, ils ne sont que ' riunfi faisons allusion id à nolro voyage, cxôoalo en -1868, au-dessus île. la nier du N" jrd. Les ditails de cetto Rip ''dition aôroshticniG sont racontés dans ie livre- inlilnlô : Voyages aériens (rhcheUe, 1870), 184 l,.\ NATliliK. l'enfance d'unail sublime, dont le présent ne compte ] passer. La production do l'acier était plus eu retard, guère encore que des promesses pour l'avenir. ! (v que l'on attribuait surtout à l'ignorance dans la- x "" ■■■■■' ..!... :...... i | i£u U H t . on restait encore de la véritable composition de , celte matière. Le plus fâcheux était dene pouvoir ia- ' briquer l'acier que par petites quantités à la fois Nous reviendrons quelque jour sur ce grand pro blême de la navigation aérienne. G.VSTOX TlSSÀ.NIHKH. LA MHTALLURGIE DU FER EF DE i:\ClEK l'IÏOCKOK SIKMESS. 4 Il y a vingt ans, la métallurgie du 1er était arrivée à et avec un prix de revient très élevé. Rappelons par quels traitements passait le minerai pour être trans- furmé en fonte d'abord, puis en fer, [mis en acier. Cet. exposé n'aura pas d'ailleurs un intérêt purement historique, cai les nouvelles méthodes sont encore loin d'avoir détrôné partout les anciennes. ho fer se trouve généralement dans la nature sous . forme d'owde. Quand ou le chauffe au contact du in degré de perfection qu'il semblait difficile de dé- j charbon, cet oxyde de fer est réduit par l'oxyde de Fi£ 1. — H;iut l'ournc.Hi carbone qui se transforme en acide carbonique. Le 1er se sépare donc; mais le minerai est mélangé d'une gangue argileuse réfraetaire qui retient les particules métalliques. Il faut transformer cette gangue en une matière plus fusible; on v parvient en ajoutant du carbonate de chaux. L'opération s'effectue dans un liant fourneau (lig. 1). On verse par l'orifice du haut le (jueitlurd B, surmonté de la cheminée A, des couches alterna- tives de minerai, de combustible et de carbonate de chaux que les ouvriers appellent ctistint:. Tout cela se mélange, s'échaulfe et se combine en descendant peu à peu du haut en bas de la cuve 11(1 du haut fourneau, puis dans le ventre CD. Par l'orifice infé- rieur, s'écoulent eu circulant dans la partie EF dite ['ouvrage, les laitiers formés d'argile et de chaux. Tout au fond du creuset G s'assemble le métal qui est [tassé à l'état de fonte, car la température très- é levée qu'exige la fusion des laitiers favorise la com- binaison du fer et du charbon. L'air lancé parles tuyères pour alimenter la com- bustion s'est d'abord transformé eu acide carbonique dans la partie où le feu est le [dus ardent; puis ee gaz s'élève, rencontre de nouvelles couches de char- bon et seréduit eu partie à l'état d'oxyde de carbone. Aussi les gaz qui sortent pur le gueulard sont-ils très-combustibles; on peut les allumer, et ils brûlent avec une longue flamme transparente; mais c'est de la chaleur perdue. Comme la consommation de char- bon est excessive dans la métallurgie du fer, et en LA NATURE. 1S.~> coiistj Lik 1 lii plus forte dépense, on s'est efforcé d'u- tiliser cette chaleur perdue. Tantôt on l'a emplnvée pour L'i-1 uni (Tut l'air insuffle (Sans le haut fourneau; tan- tôt on s'en est servi pour chauffer les chaudières qui font marcher la machine soufflante , ou Lieu pour faire suhir au minerai un grillage préalable. Mais rien de tout, cela n'a bien réussi. D'une façon ou de l'autre, ou dérange l'allure du haut fourneau et on perd d'un côté ce que l'on gagne de l'autre. La fonte que produit le haut-fourneau passe suc- cessivement dans d'autres foyers, feu de (inerte etfour à yuddler, où elle se transforme en fer malléable. Kufliioii obtient l'acier, soit par lepuddlage, en rédui- ,n ,l!i ïiill. 1 -h\ jiPPiiiiS'iil- I c ant peu à peu des fontes de première qualité dans m foyer à llamnie owdante, soit par cémentation, en chauffant doucement le fei' avec un inéLmae de charbon. Telles étaient , il y a quelque vingt ans, les mé- thodes métallurgiques en usage. Ou croyait alors avoir réalisé de grands progrès, notamment par la substi- tution du coke , comme combustible, au charbon de bois. Au heu des forges catalanes de l'ancien temps qui donnaient 000 à 700 ki- logrammes de fer par joui 1 , ou avait des hauls four- neaux, gigantesques qui fournissaient. o0 à 40 tonnes de fonte eu vingt-quatre heures. Le prix du fer et de la fonte s'était beaucoup abaissé, mais l'acier il.' liiiuiiii- rarl.iirr. ion ilr l'iu-ii 1 ] Ml lli-i.IlM!! Fig,. 3- — Aj.iKuoi] Su-inons, pour h ilUjiicaUou dû'M'to. du fi:r oî île l'iieier. avait encore une valeur vénale exorbitante; aussi n'eu consommait-on guère. L'acier puddlé ne se produisait qu'au moyen de foutes aciéreuscs, provenant de certains minerais manganésifères que l'on ne trouve pas en tous pays. Vers 1830, un ingénieur anglais, M. Besseme.r, fit connaître un procédé nouveau qui devait être une, révolution dans l'industrie de l'acier. .11. Ressemer fait couler de la fonte dans une cornue de grande di- mension, capable de recevoir jusqu'à 10 tonnes de métal , et préalablement chauffée au rouge. A travers la niasse liquide, il insuffle des courants d'air à haute pression introduits parle bas de la cornue (fig. '2). L'oxygène décarbure la fonte, et, dans un espace de, vingt minutes, la réduit en acier de composition bleu homogène. On est arrivé ainsi à fabriquer des rails d'acier à ô'20 francs les 1 ,000 kilogrammes, tandis (pue les rails en fer valent encore 180 francs. Il a été dit plus haut (pie les gaz sortant par le gueulard des hauts fourneaux entraînent avec eux beaucoup de chaleur perdue et que l'on n'a pas réussi à employer utilement cette chaleur sans dé- ranger l'allure de la fabrication. Le même fait se produit dans toutes les industries qui consomment une grande quantité de houille. Par exemple, toutes ces hautes cheminées de chaudières à vapeur que l'on voit dans les villes industrielles lancent dans l'atmosphère des gaz chauds qui représentent du charbon brûlé en pure perte. IL Siemens a proposé d'y remédier au moyen de 180 LA NATURE. son régénérateur. Cet appareil se compose, de deux fours accolés, paurvus chacun d'une cheminée, d'ap- pel. Dans chacun d'eux aussi se trouvent des car- neaux en briques, d'une vaste surface, à d'avers les- quels l'air est obligé de circuler. Par l'uti d'eux, entre l'air qui alimente le foyer; par l'autre sortent Ses gaz produits par la combustion. Ce dernier s'é- chauffe doue. Lorsqu'il a acquis une certaine tempé- rature, ou rem erse le courant d'air au moyen de registres disposés à cet. effet. L'air atmosphérique arrive alors au fover après s'être érhaulfé dans le four, et, il sort du loyer on traversant )e fnur froid auquel il abandonne sa chaleur en excès. On renverse de nouveau le murant après un temps convenable, en sorte que chaque four absorbe et rend successive- ment la chaleur. Il est aisé de se rendre compte qu'un foyer alimenté avec de l'air chaud consomme moins de combustible que s'il était alimenté atoe de l'air froid, puisqu'on économise tout le charbon qui serait employé à donner cette chaleur initiale à l'air d'alimentation. « On comprendra maintenant en quoi consiste le nouveau procédé niélallurgique'de M. Siemens peur la fabrication du fer et île l'acier : la cornue rotalive et l'ensemble de l'appareil sont représentés dans la ligure ô. S est l'un des deux fours accolés du régéné- rateur. Il et H' sont les deux cheminées, l'une pour l'entrée, cl l'autre pour la sortie de, l'air. Contre la bouche commune aux deux fours s'appuie, un creuset cylindrique II, en fer, garni intérieurement d'une couche épaisse de terre réfractaire. Ce creuset repose sur quatre galets et reçoit, par des engrenages et ^]nt} manivelle M, Mn mouvement de rotation, lent ou rapide à volonté; il a 2 mètres de diamètre sur 2"',7l) de long. Vnci maintenant comment se, conduit l'opération. On chauffe le creuset au rouge en \ faisant entrer le courant d'air fourni par le régénérateur; puis, on y charge une tonne environ de minerai broyé eu frag- ments de la grosseur d'un pois ou d'une fève, avec la quantité convenable de castine. bu même temps on donne un léger mouvement de rotation. En qua- rante minutes, la masse est chauffée à bfmc; on y ajoute alors 2.*ill à oOf) kilogrammes de charbon et on tourne plus rapidement pour opérer le mélange. Les réactions chimiques s'opèrent comme dans un haut fourneau, m aïs. pi us rapidement et plus com- plètement. Le métal produit, se précipite au fond du creuset où, grâce à deux nervures circulaires indi- quées sur le dessin, il se sépare en trois blocs. En deux heures de temps, l'opération est terminée. On arrête, le creuset dans une position telle que l'orifice d'écoulement soit en lias, et les trois blocs de métal produits sont recueillis dans un wagon inférieur C. Il est clair que le résultat obtenu est du 1er ou de l'acier, suivant que 1'aflinagc est plus ou moins pro- longé. L'un des avantages do ce procédé est, paraît-il, de fournir un métal d'une pureté remarquable, le soufre, et le phosphore que peuvent contenir les mi- nerais étant presque absolument éliminés. Un autre avantage est de restreindre beaucoup la quantité de charbon consommée. M. Siemens prétend arriver à produire une tonne de fer avec 1 ,2n() kilogrammes de charbon, et une tonne d'acier avec 2 tonnes de charbon, tandis que les anciennes méthodes mé- tallurgiques exigent ," à -i tonnes de charbon pour une, tonne de fer. Le creuset relatif de M. Siemens est déjà en usage dans plusieurs usines anglaises, et, notamment dans les usines de la Lainière Steel Cnmpanv, à Sivansea, qui produit par ce moyeu mille tonnes d'acier par semaine, L'Exposition universelle de 18G7 fut, on s'en sou- vient, un vrai triomphe pour la métallurgie du fer. Depuis lors, celle industrie n'est pas restée sta- tionnai re ; connue on le voil, elle progresse et se per- fectionne sans cesse. II y a lieu de s'en féliciter, car il n'est guère de substances plus utiles à l'humanité que le fer et l'acier, dont les applications s'étendent et dent la consommation s'accroît, d'année en année, d'une façon prodigieuse. |[, fb.cMï. REVUE uliDICUE vx mot l'hïuièms ri.JH.iore. niTiusrr: ituuikaif.e, — les mu.awes hkusvxtf?, CALCULS DE I V VESSIE, Une grosse question d hygiène publique a été' soulevée récemment, à l'Académie de médecine, par MM. Cbauveau et. Colin. II s'agit de savoir si l'inges- tion de la matière tuberculeuse et de la viande pro- venant d'animaux atteints de cette maladie, peut avuir une influence sur la production de, la phthisie. Ou conçoit toute l'importance qu'aurait ee fait s'il était, démontré, surtout quand on sait que la tuber- culose, est très-fréquente chez certains animaux livrés à la consommation; le lapin, par exemple, et, lavache laitière, que l'on a épuisée, afin de lui faire produire le plus possible. M. Cbauveau a fait ingérer à des génisses de la matière tuberculeuse: tous ces animaux sont deve- nus phtlnsiqucs. — Mais M. Colin, qui a fait les mêmes expériences, assure n'être, arrivé à aucun ré- sultat; il croit, en mitre, que si les génisses de M. Cbauveau sont devenues phtliislqucs, cela tient à ce que cet expérimentateur faisait avaler de forée les matières aux animaux, en faisant pénétrer, par ce moyen défectueux quelques parcelles dans les bronches, où elles agissent alors par simple action de eontael. — La matière tuberculeuse, selon M. Co- lin, ne serait pas plus absorbée dans l'estomac que certains virus et venins que l'on peut avaler sans dan- ger, taudis qu'ils causent des accidents terribles s'ils sont appliqués sur nue solution de continuité de la peau. — M. Raynal (d'AlforL), soutient l'opinion de M. Colin; Mais M. Bnulry (de l'Institut), a rapporté. LA NATIJP.I 187 des expériences de M. Saint-Cyr et de quelques vé- térinains allemands, AYorms, Gunlher, I.eiscving, qui confirment absolument l'opinion do M. Chauveau. Nous tiendrons les lecteurs au courant; en tous cas, la solution de la question est celle-ei; Doit-on per- mettre, ou interdire la consommation de la viande qui provient d'animaux manifestement tuberculeux ï A Bordeaux, la vente de ces viandes est interdite, i — M. Th. Williams (Med. rhir. Transactions), étudie l'influence des climats chauds dans le traite- ment de la phthisie pulmonaire. — Il est d'usage d'envoyer les phtliisiqucs à Pau, à Madère, à Nice, à Naples, ete., et trop souvent l'on m: tient pas assez compte, dans le choix de ces stations, du tempé- rament du malade, ni du detn-é plus ou moins avancé' de la maladie, et cependant ri est tel climat excitant qui pourra, dans certains cas précipiter la marche des lésions organiques, tandis qu'il donnera chez d'autres malades, des résultats favorables. Ainsi, notons les résultats obtenus chez 251 phtliisiqucs envoyés dans diverses stations, M. 'Williams trouve : (>o malades améliorés sur 100 (') — état stationnaire — 29 — aggravés ou morts — En général, il préfère les climats chauds et secs, telî que l'Egypte, aux climats humides, tels que Madère, Les vovages sur mer exercent une brunie influence, quoique d'autres auteurs, M. ïiroehard, en particulier, prétendent le contraire. La phthisie n'est pas toujours identique à elle- même : tantôt sa marche, est lente, torpide ; tantôt, au contraire, elle est rapide, presque inflammatoire. Les stations varieront nécessairement suivant que l'on aura affaire à l'une ou à l'autre de ces formes, et l'on devra indiquer dans le premier cas, les cli- mats à température douce et constante; dans le deuxième cas, les climats chauds et secs, mais peu excitants. M. Williams insiste encore sur la nécessité de continuer l'usage de l'huile de foie de morue, des préparations de quinquina et de suivre, aux stations une hygiène sévère. — Ce dernier point est capital et donne toute la thérapeutique de la phthisie. — Les rapports de M. E. Uesnier sur les maladies régnantes offrent toujours beaucoup d'intérêt. Dans sa dernière communication à la Société médicale des hôpitaux, il fournit des tableaux comparatifs de la mortalité, à Paris pendant les mois d'avril, niai,. juin, des années 1807-1875. — Cette dernière année se fait remarquer jusqu'à présent par une sorte d'accal- mie pathologique. — Ainsi, pas un décès de variole pendant cette période, de trois mois , tandis qu'en 1870, le chiffre s'en est élevé à 179 en avril, 250 en mai, 212 en juin : en 1869, 59 pour le môme tri- mestre. — La phthisie pulmonaire reste stationnaire de 220 à 500 décès par mois. — fa fièvre typhoïde ne nous donne pour 1875 que 57 décès, contre 45 en 1872, 89 en 1870, 71 en 181)9, et 59 en 1808. — On a proposé depuis longtemps de dissoudre les calculs de la vessie à l'aide de liquides divers. M. IL Thomson (the LanceL, 1873) résume l'état do la science à ce sujet et montre combien cette impor- tante question demanderait d'être étudiée à nouveau. Ou a employé le citrate et le carbonate de potasse dans l'espoir de dissoudreles calcul- d'acide urique ; puis les sels de soude, certaines eaux minérales; d'autres fois, les injections dans la vessie, d'eau pure, de solutions alcaliiiées, acides : aucun de ces moyens n'a donné de résultats ahsolumeuteertnins. MM. Pré- vost et Dumas avaient conseillé l'emploi de l'électri- cité, niais depuis, sauf Bence Jones, peu de médecins ont tenté des essais dans cette voie. IV. 7.. LA DÉCOUVERTE DE L'AMÉRIQUE p.m: les scakdinavfs. Les Scandinaves qui habitent en ce moment l'Amé- rique- ont pris l'initiative d'une souscription en l'honneur de leur compatriote Leif Erickson, qui a découvert l'Amérique, en l'an 1000. Nous allons indi- quer dans quelles circonstances et résumer quelles sont les preuves qu'on met en avant, en faveur de. ce grand navigateur si longtemps inconnu. Sa gloire ne porte aucun préjudice à celle, de Colomb, mais il ne laut pas confondre ces révélations historiques avec les légendes évidemment apocryphes, telles que les prétendues inscriptions phéniciennes trouvées an Brésil et la llilde. fabuleuse des Mormons. On sait, par les Sagas, qu'Eric le Ilouge découvrit le Groenland en 984. Deux ans après, un navigateur Scandinave, nomme Biorn llerriiilson, se rendait au (iroëulnnd, avec un navire ayant 25 hommes d'équi- page, lorsqu'il l'ut saisi par un vent d'est et jeté sur les cotes de l'Amérique du Nord, qu'il aperçut; mais il n'eut pas le courage d'y aborder, ce dont il fut très-sévèremént blâmé. Cependant quatorze années s'écoulèrent sans que personne songeât à l'imiter. Le premier qui eut cette idée fut un fils d'Eric le Bouge, Leif Erick son, qui, en l'an 1000, débarqua près de l'ail l'ii ver au Massachusetts. Les Normands entretinrent depuis lorsdes rapports avec le nouveau continent qu'ils nommèrent Vine- land, parce que la vigne y pousse spontanément. Deux ans après, Thorswald Erickson (peut-être un frère de Leif Erickson), fut tué dans un combat, par un chel indien et enterré, dans son armure, près d'un cap appelé aujourd'hui Garnet Point. Vers 1810, ce squelette fut découvert et des échantillons de son armure furent envoyés à Iïerzclius, qui en fit l'analyse. Ce savant découvrit que la com- position chimique du fer était analogue à celle des armures de la même époque, conservées dans les musées du Nord. Dès lors on admit, en Amérique, qu'on avait découvert le squelette d'un roi de la mer. Cette version fut acceptée par Longfellow, qui composa eu sou honneur nue ballade intitulée', the Man in arrnour; les notes qui précèdent la hallade 18S F,A NATUfiF. (lu poète américain, nicnntent une partie (les faits pi'noi'dcnts qui ont été confirmés par les Sagas, dé- chiffrés, dessinés, et publiés à Copenhague, aux frais du gouvernement danois. I.'n récit analogue se trouve dans les légendes la- tines d'Adam de Brème, auteur d'une Description du Danemark et des pars plus an nord, publiée à la fin du douzième siècle, d'après des renseignements re- cueillis de la bouche de Suenoti EsLliidson, im des successeurs de Canut le Grand, qui avait, des préten- tions justifiées à l'érudition. On sait encore que les inscriptions nmniques trou- vées au célèbre Dighlon Wril.inij rock, ont été gra- vées en l'an 1(1117, par Tharson Karls.iguo, un de ces anciens visiteurs ou conquérants du littoral amé- ricain. Les conquêtes faites par les Normands, dans des pavs plus riches et plus civilisés, ne paraissent point avoir été la seule cause qui ait commencé par ralentir, et fini par supprime! ces rapports. Il paraît qu'ils n'ont cessé, qu'après l'invasion delà fameuse pesle noire qui enleva les neuf dixièmes ries habi- tants de la i\orwége, et qui lit descendre sa popula- tion, beaucoup plus nombreuse qu'aujourd'hui, au cbi l'Ire de 50(1,000 habitants. Mais comme il cA constant, d'après l'autobiographie de [Christophe, Colomb, que ce grand navigateur a visité l'Islande en 1-477, on comprend qu'il y ait appris des circon- stances qui n'avaient pit être oubliées. Les renseigne- ments qu'il a puisés à une source authentique au- ront entretenu sa résolution, en lui donnant la force de surmonter tous les nbstar.lesqu il renrnntra, avant de faire partager sa conviction à Isabelle la Catholi- que el au roi Ferdinand. l)KYKL(.)[>t' KMKSTS DK LA TËLÉliUAPHIE ÉLECTRIQUE ES AXCLETEKRE. Le post-master général vient de présenter à la Chambre des communes un rapport très-long et très-détaillé, qui permet d'apprécier l'importance des développements dont, la télégraphie est suscep- tible. Le nombre des bureaux télégraphiques est de 5,400. 11 paraît suffisant pour les besoins d'un pavs dont la surface ne dépasse pas le quart de la France, et. dont la population n'excède pas 20 millions d'ha- bitants. Mais si le nombre des stations parait avoir à peu près atteint son maximum, il n'en est pas de même des services que les appareils sont appelés à rendre au public. Ainsi le nombre des télégrammes ordinaires, c'csL-à-dire transmis par la poste, s'élève à -15 millions, tandis que l'an dernier il n'était que de 12 millions. Actuellement le public consomme S télégrammes par A habitants, y compris les femmes et, les enfants. Ou voit que chaque bureau transmet, en moyenne 2,700 messages, soit par jour de travail, non compris les dimanches et jours fériés. Le réseau anglais aune longueur de 800,000 kilo- mètres, ce. qui donne une ligne, égale à vingt fois le tour de la terre et deux l'ois plus grande que la distance de la terre à la lune. Le. trajet moyen est de 120 kilo- mètres par. station, chiffre qui lient à fi multiplicité des lils employés. Le nombre moyeu est d'un peu plus de vingt messages transmis par chaque kilomètre de fil. Il y a, comme on le voit, environ un kilomètre de fil par 25 habitants. Mais ces nombres ne donneraient qu'une faible idée de l'extension du service télégrapbique de, l'autre cùlé du détroit. En effet, la presse politique jouit du bénéfice d'un tarif réduit, et les télégrammes ne sont point compris dans le relevé précédent. Fii 1872, on a transmis pour elle 28,000,000 de mots, c'est-à-dire six fois plus de matière que le Times \\,'i\ a publié. L'année précédente, on n'en avait transmis que 21,000,000. Certains dédiais parle- mentaires donnent lieu à une. correspondance dont l'activité est bien faite pour nous surprendre, car dans une seule nuit on a transmis 200,000 mots aux dif- férents journaux de province. Certains journaux et certains particuliers louent des iîls à l'aimée, lies fils sont utilisés quelquefois pondant la journée pour la télégraphie privée. Le périmètre du réseau en location est de 8,000 kilo- mètres, donnant lieu à un revenu d'un million. Parmi les fils encore loués nous citerons ceux qui relient la Chambre des communes à l'office du limes, et ceux qui sont loués au Matwhext.er Examiner. On ignore naturellement le nombre des mots ainsi transmis. iVnus citerons encore comme étant ure institution tout à fait caractéristique, l'institution d'un bureau télégraphique roulant, qui rend de très-grands ser- vices et est quelquefois très-lucratif pour l'adminis- tration. L'an dernier, on l'a employé aux manoeuvres (l'automne, aux régates des universités d'CKford et de Cambridge, au jeu de. cricket, à l'exposition de la Sociéléd'agrieullure (cluhde Smitlis-lield),etc, etc. Quelquefois même des ligues provisoires sont établies. C'est ce qui a eu lieu pendant la durée d'un congrès d'échecs au Palais de cristal. L'office de cet établis- sement a été mis en communication provisoire avec liirmingbam, Glasgow, IIull et Bristol. C'est ainsi que le goût de la télégraphie électrique se généralise et pénètre dans toutes les sphères de la société. Dans le relevé précédent nous n'avons point com- pris les messages de la télégraphie internationale qui, à cause de la position insulaire de l'Angleterre, sont expédiés par voie sous-marine. Les télégrammes d'Ecosse et d'Irlande, qui ont un service à part, ne figurent pas non plus dans ce tableau. \\. 1.1 R FûiWIFUH. ■><>» LA NATURE. 180 L'APLS 1 On sait que les graines oui la propriété de conser- ver, pendant 1.1 n temps très-long, leurs propriétés ger- minatives, assurant ainsi à des périodes trcs-éloi- gnées, la reproduction de l'espèce: le blé, Forge, l'avoine, et presque toutes les céréales, possèdent cette l'acuité à un très-haut degré. (le fait bien connu pour les plantes est assez rare pour les espèces animales ; cependant il existe dans les genres inférieurs. Les expériences de Spallanzani oui. montré déjà de- puis bien longtemps que les ïufusoires privés d'eau cessent eu appa- rence de vivre, de même qu'ils ont la propriété de. re- prendre leur exis- tence interrompue lorsqu'on les place (huis un milieu fa- vorable à leur ini- tiation. Dans ces der- niers temps , les inondations de la Seine qui ont re- couvert par trois lois les campagnes riveraines, ont mis en évidence des laits du même genre. — M. l'ar- bonnier, pisciculteur dislingué, eu faisant chercher dans la plaine de (ienuevilliers les insectes et les vers qui servent à la nourriture des poissons de ses aquarium^, Fol tout étonné d'apercevoir, nageant au milieu du liquide, un |ietit animal de forme particu- lière, le corps muni d'une carapace, appartenant à la famille des Crustacés : cet animal était YAinuf. L'A pus est un crustacé de longueur totale de ,"i à (3 centimètres, bien caractérisé par sa carapace eu forme de bouclier, et par ses pattes en nombre con- sidérable ( 00 paires environ) qui lui servent d'ap- pareil respiratoire. Il habite ordinairement les eaux stagnantes et même croupies ; lorsque, l'eau où il se trouve s'évapore, il meurt; mais ses «mis coriaces et durs résistent à l'action de la chaleur et des grands froids, et se développent lorsque les circon- stances extérieures leur ramènent l'eau et la tem- pérature nécessaires à leur développement. La con- servation de ces œufs, pouvant durer cinq ou six ans et même plus, explique, la réapparition de l'Apus ans environs île Paris, d'où il était disparu depuis les dernières crues de la Seine. Au contact île l'eau, les oeufs, de couleur rouge, 1 Ci'iisLucû apparu aux enwi'oiis Je l'diis lors dea ileniièic» inonda lions. se transforment, et l'Apus apparaît ; il ne subit rien moins que vingt mues différentes qui changent tota- lement sa couleur et son aspect dans l'espace des trois mois suffisants pour assurer sou développe- ment. L'Apus se nourrit d'insectes, de chair morte, et surtout de bnmehipes, petits crustacés très-voisins de lui par leur organisation. Les branchipes possèdent les mêmes propriétés reproductrices que les apus, de telle, sorte qu'ils ap- paraissent en mémo temps que ces derniers ; c'est là une prévoyance singulière de la nature, qui place à côté' de l'apus l'animal qui doit le nourrir. Lutin, à coté de ces deux espèces, s'en place une troisième, l'espèce Limnadie étahlie par M. brongiiiarl, et observée dans les mares de. Fon- tainebleau ; c'est là que les liumadics apparaissent dans les grandes pluies, alors que le sol, suffisamment dé- trempé par l'eau, se trouve dans les conditions propres au développement des œufs. La carapace de la Limnadie est beaucoup plus dé- veloppée, que celle de l'Apus; elle recouvre, en effet, tout le corps, et a la forme d'une coquille bivalve. Tels sont les caractères essentiels de ce groupe de crustacés si remarquables par leur mode de repro- duction. Les dessins que nous eu donnons et que nous avons reproduits d'après le beau livre de M. Milne Ldwards sur les crustacés (Suites à Ihiffon), achèveront de donner au lecteur une niée exacte de la conformation singulière de ces petits animaux. K. L-A3DRFN. CHRONIQUE Prïv d'un million clr fr.incs. — M. de DoullCl vieil! de proposer récemment à l'Assemblée nationale de fonder deux prix d'encouragement, l'un de 1 million de francs, accordé à l'inventeur qui fixerait l'azote atmosphé- rique il l'état (l'ammoniaque, l'autre rie 1 million oOfflHK) francs, donné à celui qui trouverait une nouvelle force motrice économique et n'utilisant pas de charbon. — Il est évident que. ces deux déeouvertrs ne seraient pas Irrqi pavées, car elles pourrai; nt être considérées connue une intarissable source de richesses: mais cette proposition scra-t-tdlfl adoptée par la commission d'initiative parle- mentaire'; C'est ce dont nous duutons. ?\e se dira-t-ou pas, e. (ru'îiiKlour luiluicllc.) îun I.A .N AT Ulii:. lit avec raison, que l'homme assez ingénieux [tour mettre lu main sur de semblables découvertes n'attendra pus que l'on fonde des prix, quels (ju'ils soient, pour les mettre au jour? Si ses procédés sonl réellement elficaces, il lui suffira (le les breveter, et les millions afflueront dans sa caisse. M. de Itoulict :i-l.-il en outre bien médité sur le problème de la force mécanique produite s:ius charbon ? On est fout ui.is.si loin de le. résoudre avec les ressources actuelles de la seienee que de tramer la pierre, philosophie. Le in-Hiiieiiip^ iit b i']>rtiic-l> — .0 . Walapcrt vient Iléus donner le moyen de faire le printemps perpétuel, et de produire à volonté lu pluie et le beau Icnip.s. Ouo les incrédules lisent lu petite liniehure qu'il vient île publier, et ils seront convaincus ! T.e uiovéll cuusisle à changer ie cours des ili'iius eliauits île l'Océan, il df'lounier le liull- streaiu pur exemple, en construisant au sein des mers îles ilôts urlifieie's, etil diriger ainsi vers des pays delci milles ces artères calorifiques dunlube terrestre. Pour éblouir la pluie, il limt iirruehei' à l'aide de pliissimls ino\ens méca- niques des montagnes de glace des mers polaires, et les remorquer dans des dirrriuins déterminées. 011 elli s four- niront à l'air par leur fusion, des torri uts de vapeur d'eau. On voit ([lie ces méthodes sont ingénieuses... au point do vue théorique. .Mais ne faudrait-il pus les éiuiipleler eu donnant à l'Immunité le. uiojeu pratique de, euiwlruire des iles el de Iran.sporler des mon laines.' Lu lac OkeiM-hobee. — C'est le nom indien d'un Lie à peine connu qui est dans le sud de la Floiiile, el qui vient d'être visité pur un intrépide explorateur, M. Gr.-K. Allen, de Saiiilo-Marie, arcoitipa^né de quiitre nulres vovagoiirs, Le ÏSew-Yurk lierait} publie 1rs nVils de celle péiégriualiou difficile, qu'on ereir.ut eiiiprunlée aux légendes de. Siuiibad le iiiuroi. Le lac OkceJjoljee est protégé par une zone de marécages botnbéiix el de fon- drières, à travers lesquels il esl fort dangereux de s'm- gager. Malgré les difficultés el les périls, les voyageurs atteignirent 1rs ondes du lac, dont la longueur est de lin nulles et la largeur de oO milles. Ils découvrirent trois des au milieu de cette miini'iisilé d'eau. L'ont: d'elle est bordée de rochers iniineiises entassés pèlc-inùlc, offrant le spectacle d'un chaos indescriptible ; d'énormes falaises se dressent sur d'autres points. Au sud, tes vnvugeur.s trou- vèrent une magnifique l'orèf, où tb s acajous séculaires s'élevaient compactes et touffus à cèle de magiaéins-laurici s. Au milieu de ces Lois, vivent en grand nombre des arai- gnées gigantesques, qui n'ont pas moins de deux pieds de longueur- Ces mygales ont des membres puissants, leurs veux sont eutuiirés d'un cercle pluie ponceau Irès-hril- Innl. Le corps est cerclé de bandes jaunes, noires, et pon- ceau (rès-brilîanLos. — M. G.-K. Alleu et ses compagnons oui découvert dans cette ile curieuse des masses de pierres, amoncelées régulièrement, connue les renies d'une construction humaine. Le hic OkeecLobee est situé à in nulles de la baie de Jupiter sur la coie de l'Atlan- tique et à '200 milles de SahUe-Augutlinc. Les défenses I'onsHi'h de mammouths lîtrée. 1 * an craiimercc.- On a .soin ent trouvé en Sibérie, il lu baie EselioiU, de nombreuses défenses d'animaux antédiluviens et particulièrement des défenses de mainmoutb. On a même découvert, connue le lecteur ne l'ignore pas, des squelettes entiers dans un élat de cniisi nation suffisant pour laisser inir des (races de crins ou poils qui recouvraient la peau de ces animaux. Dès que ci s gisements de défenses furent connus, la .spéculation tenta de s'en emparer ; on puisa largement dans ces amas mis en réserve par la nature. Ile ltussae, ce produit antédiluvien fut exporté en Angle- terre, do dernièrement un navire arriva de Revelaveo un chargement complet, qui excita pendant quelque temps la curiosité des visiteurs, dans les docks de bon Ires. Les plus grandes défenses mesurent 3 méfies de long et mit un diamètre maximum do 18 centimètres; leur poids est d'environ 1011 kilogrammes. L'ivoire n'est pis d'aussi bonne qualité que celui des dents mêmes Je l'éléphant d'Afrique, et il est probable que le séjour dans la terre pendant une longue succession de sièohs l'a singuln'ire- inent détérioré, — Ce stock de défenses s'est cependant vendu à raison de 1 ,'2b0 francs la tonne. Statî.sti<(tie ,l'O!),()0O; dans ce chiffre il faut comprendre 011,000,000 d'imprimés. S, 000, (100 lettres sont tombées au rebut par suite d'erreur d'adresse. Lli, 000 lettres ont été jetées dans les boites sans aucune suscrîptiori. . Fétidité île, l'eau de la Cljdc. — Lu Civile, qui possède une réputation universelle pour ses chantiers do construction navale, a mie eau aussi fétide que les égiiols de fumier croupis au soleil. A Glascow, au quai de Uromid- lavv, la poussière aqueuse soulevée par les aubes des lin- teaux à vapeur exhale une. odeur repoussante: on voit, même par un temps frniil, des bulles de gaz se dégager du fond vaseux de la rivière. Lu Tamise, dont l'eau est réputée si nauséabonde, n'est pas à comparer à celle de la Civile; la marée vient quotidiennement entraîner lus dépôts qui s'y forment, lauiis que lu propagation de la marée atteint diitinlcnient biuscow ; elle est retardée par les sinuosités de l'estuaire et des lacs qui précédent. Cette rivière si petite, mais source d'une si grande prospérité pour ses iuihislrieux riverains, n'est cependant pas mal- saine, puisque les épidémies sont rares sur ses bords. I.,« vie il .in s l'oIiKcurité. — Pendant la nuit d'hi- ver passée dans les parages polaires par l'expédition sué- doise à bord du l'tAhem, 11. Jvjelhmuu), botaniste de l'ex- pédition, fut frappé de trouver des algues cri pleine vigueur au sein des ténèbres les plus opaques. La sonde ramena également des mollusques vivant sans lumière duis une e m glaciale. Ou fut tenté de croire qu'il existait certaines sources de lumière inconnu!!. Pour vérifier ce fait, on des- cendit dans un appareil spécial une. plaque sensibilisée par les procédés photographiques, qu'on laissa séjourner vingl- qualre heures sur le fond de la mer où l'on rencontrait ces animaux et les végétaux. Elle n'offrit, quand ou la retira, aucune trace d'impression lumineuse. Cette expérience prouve doue encore une fois qu'il existe des animaux et des végétaux organisés de telle façon que la lumière leur est inutile ; elle leur serait peut-être même nuisible, puisqu'il faut un milieu propre à chaque sujet pour que son exis- tence soit assurée. «rase du 1> août à JVimes. — Cet orage, d'une violence extraordinaire, a fondu, à sept heures du soir, sur Mines. Lnvent semblable! un cyclone a en un instant jon- ché le sol de branches d'arbres, démoli deux baraques de saltimbanques fur la place des Arènes cl un grand nombre de celles qu'on avait dressées pour la foire sur l'esplanade; celles du nité esl, uni renv ersé en tombant lu balustrade con- LA JNATL'IIK. 19 In; laquelle elles s'appuyaient. Le nombre île vitres brisées par la grêle est incalculable. Les grêlons étaient un m'aiiile partie gros comme «les noix ; quelques-uns mêmes attei- gnaient la dimension d' lui œuf. Les moneaux francs ([ui cherchaient chaque soir un abri ions le feuillage touffu îles platanes île l'avenue ont tous péri. Dès que la pluie a cessé, ou s'est occupé de les ramasser et on peut dire, sans crainte d'exagération, que l'on en a trouvé de 3 à -4,000, Heureusement l'orage n'adui'é qu'un quart d'heure et son rayon semblait as>ez r.irconsrrit ; mais partout où il a passé, la. récolte de raisins et d'olives peut être considé- rée comme perdue. [Messtujcr du Midi.) 'l'vmnhea marines. — On a observé, le ^0 juillet, sur la pelile rade de Cronsladt, un phénomène atmosphé- rique extrêmement rare dans nos parages. Trois trombes s'avançaient à la fuis de la pleine nior vers la côte d'Ora- nieubauiii. L'une de ees trombes formait un type complet du phénomène, c'est-â-dive que son entonnoir d'eu haut se réunissait à l'entonnoir renversé forme à la surface de l'eau. Les deux autres étaient des demi-trombes, u'ajaiit que rentonnoir supérieur. Les trois trombes ont disparu en s'approebaut du rivage. [Mfixnuyer de Crtm&ladt.) CORRESPOXDA.VCE II. l'haïuiaroii, président de, la Chambre consultative d'a- griniluiri', de Valence, nous écrit nue lettre fort intéres- sante sur les désastres causés par le phylloxéra dans le département de la Urùiue. Ce, département, qui recolle annuellement pour 18 ou '20 millions de francs de vin, est condamné cette année il voir baisser sa production dans une proportion effroyable. M. Tbaunaron nous in- forme que les articles publiés dans ta future ont été très- appréciés et très-utiles, dans les régions particulièrement atteintes. 11 nous demande de nouveaux renseignements sur des travaux récents, concernant le terrible ennemi des vignes. Le désir de notre correspondant m: tardera pus à être satisfait. Nous ne saurions trop insister sur une question qui touche de si prés à de grands intérêts na- tionaux. ACADÉMIE DES SCIENCES Utiance du il tuiid 187". — Présidence de M. di: Q.[:ati!E*,uies. L'éminent M. Laurence Simili présente une nouvelle noie sur le gisement de corindons de l'Amérique du [Nord, gisement qui, pour son étendue superficielle, comme pour l'abondance cl la pureté Je ses produits, est le plus im- portant que l'on connaisse. Lit bloc isolé, trouvé enlSiti, a fourni la première indication de son existence ; mais ce n'est qu'en 18bo que le minéral a été rencontré in situ. L'exploitation s'en fait maintenant sur une large écîielle dans un but industriel : la corindon remplace l'émeri. — L'une des plus grandes et des plus riches cavernes de l'âge du renne vient d'être découverte dans Je départe- ment des Hautes-Pyrénées. Sous une couche épaisse, de stalagmites, dont la formation a été beaucoup plus active dans cette localité que celle des stalactites, un dépiii con- sidérable de matériaux incohérents renferme une quan- tité extraordinaire d'objets d'industrie de cette époque paléo-archéologique et d'ossements d'ours (l'ours actuel des Pyrénées), de loup, de renne, de chamois, de bou- quetin, de bœuf, de cheval, de coq de bruyère, elc. be cerf abonde plus que le renne, mais celui-ci estcaracléris- li!|iie. On a trouvé sur un bois de cerf l'image gravée du coq de bruyère.— 11 v a là, dit-ou, dans des conditions d'extraction facile, des centaines de mètres de ce précieux dépôt. — Le savant M. Tïécul, qui a lu parole pour lire un mé- moire sur, ou plutôt contre la théorie carpellaire, dépose sou manuscrit sur la tribune et se rendant au tableau, expose ses idées de vive voix et en s'aidant du dessin, méthode pour l'adoption de laquelle nous faisrjns des vieux, La théorie earpellaire- ramène la composition du fruit à celle de la feuille; le fruit (l'ovaire) est une feuille ; par des exemples empruntés aux renoiirulaeées, le laborieux botaniste précité combat celte manière de voir. Son argu- ment nous parait se. résumer en ce fait principal que ni parle, nombre, ui par la disposition, les nervures des car- pelles ne sont en conformité avec celles des folioles. La prétendue feuille earpellaire n'est donc pas une feuille. L'auteur conclut que le fruit est un organe d'une nature toute particulière destiné il remplir une fonction spéciale, comme la feuille en remplit une autre qui esl celle de la respiration. Stanislas Mkusier. EXPLORAIIlIN DE LA PALESTINE L'esprit de recherche religieuse, qui ust la consé- quence immédiate: du protestantisme, a déterminé de nombreuses explorations individuelles dans les terres bibliques ; liobinson, Lvneli, Munek, de Sauley, ont laissé des travaux remarquables. Mais il im- [jorltut, pour la science archéologique, de produire lui ouvrage d'ensemble, entrepris sons une direction régulière., s'cteiidant à toute lu Palestine et compre- nant la géographie, la géologie, l'histoire naturelle et la description des ruines antiques. Ou constitua en Angleterre une société : Palestine Exploration Futtd, qui lit appel à l'initiative individuelle pour obtenir les capitaux nécessaires à la réalisation de cette grande entreprise. Depuis plusieurs années, un s'est mis à l'œuvre ; les documents les plus impor- tants sur l'histoire de ce berceau de lu civilisation ont déjà rémunéré les patients investigateurs. Les dé- penses se sont élevées, depuis le commencement des opérations, à ilO,(K)0 livres sterling; un cinquième de la Palestine est relevé, et décrit. 11 reste l,(Slo milles à relever pour avoir terminé la Palestine, qui s'étend entre le Dan et Beorsheba, et d'un autre côté entre le Jourdain et la mer, sur une surface de G,(i00 milles géographiques. On dresse tous les mois la carte de lill à 17Û milles carrés. Les opérations n'ont lieu que pendant la belle sai- son. On a commencé par mesurer une hase près de ilenin, où la position astronomique avait été détermi- née rigoureusement. Ce l'ut le point de départ de la brigade du lieutenant Couder. Les explorateurs cam- pent pendant trois semaines aux mêmes endroits, choisis à une distance d'environ 12 milles les uns des autres ; le camp est ainsi le. point de ralliement des opérations esécutéesdans son ravou, qui embrasse ■ D0 à 150 milles de superficie aux alentours. Le pre- 192 LA NATURE. mier jour du camiioment est consacré à la préparation des moyens d'exécution et à la détermination astro- nomique de J.i position ; on choisit ensuite îles pomls culminants d'où l'on puisse découvrir un rayon de 10 à 15 milles, sans avoir d'obstacles devant soi . Le travail do la journée dura dix heures. Quand les grandes lignes sont construites, on fait une triangu- lation secondaire dans laquelle on insère les détails. Un conçoit que l'orthographe des noms jnvjjires scjÎL une, dilliculté réelle quand il s'agit de la fane con- corder avec la prononciation. La commission anglaise doit prochainement s'adjoindre M. (Jauneau, ilroginan de l'ambassade française à Constantniople, pour ré- soudre les difficultés de linguistique qui s'ulfrcnl constamment ; sa connaissance spéciale du dinlecle île la l'alestine eu fera un précieux auxiliaire. l.a carte dressée par le comité d'exploration sera la meilleure qui ait été encore publiée ; ou l'accom- pagnera d'une relation de toutes les particularités du vovage ; la description des ruines et les documents archéologiques feront l'objet d'un travail spécial. J. GniARD. ■»•> DIMENSIONS COMPARATIVES UKS NAVIRES A V A 1> K l" 11 . Nous empruntons au Scïcnli.jic American une idée qui nous a paru fort originale, c'est celle de représenter à la même échelle les plans des bateaux Hati'nii-muudir.W mrliv. J.r llairmmv. \kw l.lnyil-. Luny iil-ui : !.(i L' 1 ïïtîi'tuiau. Hs iiu'iUl 1 Le Httssiu. l,i"ii('Ciiu;ii-il. lus im'livs. La Vitlc-du-harra. riS initix 1 ?. YVillic Sl.ir, 131 ,:, ,:>U. h,: tlri-rtt E'islcru. HfJ nn'ln^ à vapeur les plus connus, les plus célèbres. Mais tandis que le journal de New- York ne donne que quelques types de transatlantiques , nous mettons sous les veux de nos lecteurs, les deux extrêmes de la construction des navires à vapeur : le bateau moucha, qui voyage du pont d'Ivty au pont du l'oint du jour, et le Grcat Kastern, ce géant des mers, cet admirable poseur de câbles sous-marins, qui na- vigue de l'Europe à l'île de Terre-Neuve. Le Grcai- Eastern est plus large, que le bateau mouche n'est long ; le premier mesure plus de L 20u mètres, le second en compte à peine dix fois mains. L'énoncé de ces chiffres est loin d'être aussi frappant que la vue du diagramme ci-dessus ; le dessin, qui parle aux yeux, a parfois une éloquence vraiment saisissante. Le Baltimore, le Moravîwi, le liussia, sont des bateaux à vapeur qui accomplissent constamment la traversée de l'Atlantique. Il est inutile de rappeler que le navire la Ville du Havre, placé au-dessous de ceux-ci dans notre dessin, est l'ancien Napoléon Iil transformé. Ce magnifique steamer a déjà quitté trois fois la ville du Havre, pour traverser l'Océan dans les conditions les plus satisfaisantes. L' Atlantic, un peu plus long > Le 28 : « Aujourd'hui mourut encore un de nos camarades; » le G a\ril : « Martin Ilansnn a succombé à G heures du matin ! » Plus loin enfui se Ut la dernière ligne : « Qui restera pour écrire mon nom ! » L.\ TÉLÉGRAPHIE AT1I0SWIËRIQIE LES Tl.YAUX PNEUMATIQUES. La question de la distribution des dépêches dans l'intérieur des villes, a remis en faveur les systèmes de transport pneumatiques, qui, après avoir eu leur heure, de célébrité, semblaient depuis vingt ans voués à l'oubli. Nous allons, en suivant les piiases de cette ques- tion, montrer par quelle logique la télégraphie at- mosphérique déiivc de la teléq rapide électrique; nous nous attacherons ensuite, plus spécialement à la première, et après avoir indiqué ce qu'elle est au- jourd'hui, nous rechercherons quel avenir lui est réservé. La dépêche télégraphique est devenue un objet de consommation courante; ou veut aller vite en ce temps, il était naturel, étant donnée cette tendance, i qu'on utilisât avec empressement un moyen aussi ! commode de transmettre presque instantanément ; ses impressions ou ses volontés à toutes les distan- : ces. Quelques-uns prétendent même que cette cou* quête de l'industrie n'est pas étrangère à la fièvre de progrès qui nous dévore, nous n'entrerons point dans ce débat. Ce qu'il faut retenir, c'est qu'une ville comme Londres ou Paris expédie et reçoit chaque jour un grand nombre de télégrammes. Les lils qui servent de conducteurs à l'électricité, saut multipliés dans toutes les directions alhi de suffire à ce trafic. Ils aboutissent dans l'intérieur, à un centre qui est l'hô- tel des télégraphes. Cette station centrale parle urbi et orbi, en d'au' 196 LA NATL'RK. très termes, elle reçoit les dépèches île lu ville poul- ies répandre dans le monde entier, elle se prête aussi au mouvement inverse. Le coté qui nous intéresse ici, c'est la distribution dans la ville même; exami- nons ee qu'on a fait pour arriver au but. (Iliaque maison ne pouvant être mise immédiate- ment en communication avec le centre du réseau té- légraphique, il a fallu adopter an moyen tenue. Dans l'exemple que nous prendrons, Paris, on a di- visé la ville en circonscriptions d'un rjivon moven de 1)00 mètres pour limiter les déplacements des piétons L'application de cette règle a donné sur le plan cinquante points distants les uns des au lies d'un kilomètre, où sont installés autant de .succursales de grand bureau. Un tracé rayonnant fait communiquer électrique- ment tous les postes auxiliaires avec la staliou cen- trale ; ce système semble, à première vue, irrépro- chable. Mais hieiitùt l'expérience a fait reconnaître que les diverses succursales fournissent très-irrégu- lièrement leur contingent de besogne. Le télégraphe est un agent nerveux par excellence, il suit les ca- prices du public et lui-même est fantasque comme le temps. Ceci demande quelques mots d'explica- tion. A ht Ptoitrse, plus qu'ailleurs, les jours se suivent sans se ressembler; o ou i fils sullironl aujounl luii pour écouler le stock; demain, vienne un incident, -0 ou r>0 (ils seront nécessaires. La transmission élec- trique n'est pas instantanée ; les mots sont formés par des signaux successifs, il faut deux minutes pour envover 10 mots. Pour être prête à toute éventualité, Fig. 1. Appuri'il à iiroJudum di: l'an' (^nijuiiuij. l'administration devra faire les frais d'un personnel souvent inoccupé et réunir un matériel considérable : le procédé est ruineux. D'autre part, les appareils électriques composés d'organes très-délicats, sont sujets à des dérange- ments d'autant plus fréquents qu'ils sont plus sur- menés, les nerfs des employés se mettant ensuite de la partie, vous comprendrez que pour la télégraphie urbaine, la transmission électrique est un méchant moyeu dans les stations encombrées. Voici un exemple où, après avoir marché trop vite dans la voie du progrès, on fut ramoné en arrière. Pendant trois ans on assura le service de l'échange des dépêches entre la station centrale et la Bourse, au moyen de voilures. C'était bizarre, et néanmoins les rieurs n'eurent pas beau jeu, une amélioration notable fut la conséquence du changement de sys- tème. On était sur la voie du tube pneumatique; en voyant circuler tout le jour sur le même trajet cette file de courriers qui gênaient la circulation, ou pensa qu'un tube souterrain reliant les deux points pour- rait servir de trait d'union avec moins d'embarras. Le tube est pose, les dépêches placées dans de peti- tes boîtes arrivent soufflés par l'air comprime, comme une halle lancée dans un fusil à vent. Les Anglaisqui avaient réalisé les premiers chemins de fer atmosphériques furent encore les premiers en ligne dans cette nouvelle application : depuis 185i des tubes sont employés à Londres pour la dis- tribution des dépêches ; cependant jusqu'à ces der- nières années le, développement du réseau a été très- lent. L'exemple a été suivi à Paris et à Berlin en 18f).j; nous parlerons aujourd'hui du système de Paris. lleprésentous-iious sur le plan, les 5U stations dis- tantes les unes des autres d'un kilomètre environ, reliées par un tube de fer interrompu à chacune d'elles. La station centrale par laquelle s'effectue le transit, des dépêches avec l'extérieur, est à la rue de LA NATURE. 197 I s •s 198 LA NATURE. Grenelle; il y a ensuite lus stations (Te quartiers, rue Boissy-d'Anylas, Grand-Hôlel, Bourse, efr.,ac- tuellenient au nombre de \ 7. Comment fonctionne, ce réseau ? Connue un petit chemin de fer souterrain dans lequel les wagons sont des belles cylindriques, et le moteur, de l'air com- primé, préparé dans les stations. Au bureau central on forme les trains, composés d'autant de boites qu'il y a de succursales à desservir. Les tiains sont omnibus quand ils s'arrêtent aux gares intermé- diaires, express lorsqu'ils brûlent ces dernières. Chaque quart d'heure, un train omnibus quitte la rue de Grenelle, et franchit la distance qui la sépare du bureau de la rua Boissy-d ' Amjlas (1,,'jOO mètres) en une. minute et demie. Là il est reçu dans une co- lonne verticale P (fig. i), et l'on en tire la boîte qui apporte les dépêches à distribuer dans le quartier, les auti'es sont remises dans la section de ligne qui se dirige vers le Grand-Hôtel, et ou y ajoute une nouvelle boîte emportant les dépêches à transmet- tre, déposées depuis le dernier courrier. Le train re- part donc, compose d'autant de curseurs que précé- demment; il subit les mêmes manipulations au Grand-Hôlel, à la Bourse, à la place du Théâtre- Français et à la rue des Saints-l'ères. 11 rentre à la rue de Grenelle, 12 minutes après le départ, avant échangé toutes ses boîtes et rapportant les dépèches du départ. Nous avons laissé à dessein de coté, le rôle des ré- seaux secondaires, pour ne pas compliquer l'expli- cation. A l'inspection de notre carte, le lecteur verra qu'une circulation analogue à celle du premier ré- seau s'établit, en correspondance avec elle, sur les deux circuits : Bourse. Rue J .-J. Rousseau. R. îles }' ' ieilles-liaudrieltes . Place du Ghâteau-d 'Eau. Porte St-Denis. Bourse. Bourse. Rue Ste-Cécile. Gare du Nord. Bouler. Rocheeltouart. Bue I.afayette. Bourse. C'est comme une série d'engrenages commandés par un pignon- central. 11 reste, à parler de la ligne directe qui va de la nie de Grenelle à la Bourse, et des embranchements des Champs-Elysées, de la Place du Havre, et la rue des Halles. Sur la première circulent les trains express d'aller et de retour, dont les départs sont intercalés entre ceux des trains omnibus, aliu de desservir ces stations qui sont les plus actives, deux fois par quart d'heure. L'aller se fait parla pression, le retour par l'aspiration. Le même mode d'exploi- tation est appliqué aux embranchements, qui corres- pondent avec les trains omnibus du premier réseau ou réseau principal. Pour compléter ces indications, nous allons entrer dans quelques détails plus spéciaux Tubes. — Les tubes de ligues sont enfer; le dia- mètre intérieur est de O' ! \0G5. Ils sont assemblés par des joints à brides, disposés ainsi que le montre la figure l 2 ; on admet des courbes de 5 à 20 mètres de ravon. Production de l'air comprimé ou raréfié. — Divers svslèmes sont emplovés. Le premier en date est une application du principe de l'appareil de physique connu sous le nom de Fontaine de Héron. On trans- vase l'an' atmosphérique d'un premier récipient II (fig. 1), dans un second récipient communiquant avec le premier au moyen du tube bb, par une introduction d'eau dans le récipient 11. L'air ainsi forcé est puisé dans le récipient pour être dépensé dans le tube. La facilité que procure In canalisation d'eau de la ville de Paris de renouveler autant que l'on veut cette opération, a rendu ce moyen très-pratique en four- nissant une solution élégante. i J l'iy. ~il, TuIil; piiemnjlùiue. Lorsqu'on n'est pas tenu a faire les installations dans des quartiers où les machines ne sont pas tolé- rées, l'emploi de la vapeur est beaucoup plus écono- mique pour la compression, de Fuir. On a recours alors à ([es pompes ordinaires, avec lesquelles on peut assurer un service actif et soumis à moins de causes d'irrégularités. C'est ce dernier mode qui a été préféré dans les récents établissements. Les trains composés de, dix boites pèsent quatre kilogrammes environ, ils sont poussés ou aspires par une différence de pression de trois quarts d'atmo- sphères, qui donne la vitesse moyenne de un kilomè- tre par minute. Cm. Bonteuls. — I,;i *iiitfi prorh^inemi'rit. ■ ,<> 11EYUE AGRICOLE LA MOISSON. — CONUOL'HS IIE MOISSOMEISES. LES RE- COLTES J1ÉHOHLEÏ. COXCOI.UIS UIPIUQUE. FEIiMES- Ér.OI.KS. ÉCOLE DE hkiikehs, a iumdocim,kt. Tout est fauché dans les champs et le cultivateur attend chaque jour un peu d'eau pour ses regains cf. LA NATURE. 199 puiir ses avoines. D'autres plus pressés en ont déjà rentré et battu. Les avoines, qui vont arriver en quantité sur nos marchés, sont le seul produit qui, cette année, soit véritablement abondant : il offre, une compensation à la médiocre recolle de blé dont la lîcauce souffrira certainement, quoique le prix, s'annonce déjà comme assez élevé. C'est un fait reconnu que les prix élevés d'une mauvaise récolte n'enrichissent jamais l'habitant des campagnes, car sa consommation comme celle de son personne! étant toujours la même, s'il ne lui reste qu'une petite quantité d'hectolitres à vendre, une augmentation de 5 à G fr. et même davantage par hectolitre, ne comble pas le déficit causé par le mauvais rende- ment, surtout au prix actuel de la main-d'œuvre. Pour couper les blés il a fallu dans certaines loca- lités, payer 25 à 28 fr. par hectare, ce qui met la journée à 7 et 8 fr. Les petits cultivateurs, ceux qui font toute leur besogne par eux-mêmes, joindront à peine les deux bouts. Ceux qui n'ont point d'attirail, et qui sont obligés do payer tous les frais de labourage et de ré- colte seront, en déficit. 11 n'y a donc que les cultiva- teurs un peu importants, ceux qui ont des produits plus variés qui, dans une récolte abondante d'es- courgeons et d'avoine, et dans de beaux blés sur betteraves, trouveront un certain prolit, mais en gé- néral l'année, sera bien médiocre pour le cultiva- teur. C'est pourquoi nous croyons qu'il est de plus en plus nécessaire de diminuer les frais de main-d'œuvre en employant les machines : une moissonneuse avec deux chevaux et un homme pour la conduire, coupe ■I à 5 hectares de blé par jour; de plus, elle confec- tionne assez convenablement la javelle, il ne reste donc plus que le liage auquel on peut n'employer que les femmes. Du reste, le concours do moisson- neuses qui vient d'avoir lieu à Grignon a prouvé surabondamment quel parti on peut tirer de. ces en- gins agricoles. On a dit, avec raison, que l'outillage agricole est désormais une question de vie ou de mort pour l'agriculture. Après la moisson et. surtout après la sécheresse que nous venons do traverser, un certain nombre do cultivateurs intelligents font ce qu'on appelle des récoltes dérobées, c'est-à-dire qu'ils labourent immé- diatement après la moisson et sèment certaines plantes : navets, sarrasin, millet, maïs, quarantiri, inoutarde blanche et spergule. Ce qui paraît le plus avantageux, ce qu'on peut faire partout, c'est de se- mer soit du sarrasin pour enfouir en vert, soit un mélange de sarrasin, de moutarde blanche. et de mil- let pour fourrage vert, après la navette, le colza, les vosces et même l'escourgeon et le seigle. Comme c'est à la fenaison qu'on enfouit ou qu'on coupe, et que deux mois suffisent généralement pour amener ces plantes à ce point, leur culture n'empêche pas de faire suivre un blé d'automne dans les meilleures conditions. Mous ferons remarquer que c'est surtout dans des circonstances semblables, que les engrais pulvérulents offrent de l'avantage. Une petite quan- tité de guano, de tourteaux ou de pou.drr.ttc, appli- quée au sarrasin ou au mélange indiqué, pourra souvent doubler sa funuire ou le fourrage obtenu. Nous avons vu avec satisfaction les vœux qui ont été émis dans les concours régionaux pour que dés- ormais les chevaux soient admis dans ces concours. En attendant que l'année prochaine ces vœux soient réalisés, nous sommes heureux de constater qu'un concours général et spécial de chevaux, sera ouvert le 12 du mois prochain, àLanderneau (Finistère), il se continuera le 13 et sera clos le 14, par une grande revue d'honneur des animaux primés et par la dis- tribution des primes aux propriétaires lauréats. Ce concours a pour but de faire connaître les ressources hippiques de la Bretagne et d'apprécier la force pro- ductive de l'industrie chevaline, dans les circon- scriptions des dépôts d'étalons de Lamballe et d'ileimebont. 11 sera précédé, le 11 septembre, du concours départemental d'étalons pour le jSord- Khiistère, arrondissement de Brest et de Morlaix. Ou espère que. celte grande fête hippique, attirera, en Uretagnc, bon nombre de visiteurs intéressés et que les résultats immédiats se traduiront par un re- doublement de rapports entre ce pays, producteur du cheval apte à tous les services, et les pays de consommation, notamment les grands centres du Midi, qui ont, depuis longtemps déjà, pris l'habitude de s'approvisionner en Bretagne. Ce n'est pas seule- ment au point de vue des usages personnels, mais aussi pour les besoins de notre armée, que l'élevage du cheval est aujourd'hui de première importance et l'on ne peut qu'approuver tout ce qui tend à le dé- velopper. Le Ministère de l'agriculture et du commerce vient de publier les rapports sommaires sur les fermes- écoles en 1872. On se rappelle peut-être que dans la séance de l'Assemblée nationale, du 4 décembre 1872, M. le ministre de l'agriculture et du com- merce annonçait qu'à l'avenir les rapports présentés sur les fermes-écoles, par messieurs les inspecteurs généraux de l'agriculture, seraient annuellement publiés. C'est l'accomplissement de cette promesse qui motive la présente publication. Le ministère fait observer dans une note, qu'il n a pas été possible de publier in extenso ces rapports. IMusienrs in-'i° n'auraient pas suffi pour contenir de tels documents, nù sont consignées les observations sur tous les détails de la ferme, enseignement et pratique,. On a dû s'en tenir à de brefd extraits, rédigés par MM. les inspecteurs, et constatant la situation actuelle de chaque ferme. La lecture de ces documents nous a démontré quo le recrutement des formes-écoles devient malheureu- sement très-difficile. Malgré tous les avantages qui sont offerts aux fils des paysans, auxquels on donne dans ces écoles la même rémunération que s'ils étaient ouvriers dans les fermes, malgré des primes et une bonne instruction, les enfants de la campagne ont tant de répugnance pour l'étude, ils tiennent si peu à apprendre sérieusement leur métier, qu'ils 200 LA NATURE. préfèrent vivre plus libres et rester ignorants! le travail et la discipline de la ferme-école les épou- vantent. Cette mauvaise déposition est telle, que l'école de bergers du Haut Tingry est devenue déserte : en pré- sence de ce l'ait, il vient d'être décidé que ce bel établissement serait transporté à Rambouillet, où l'on espère que le recrutement sera plus facile. Sou- haitons-le aussi, mais ajoutons qu'il n'est pas aisé de vaincre l'indifférence en pareille matière. Krïïest Mesallt. LA. VIE DES ANIMAUX Par A. K. Uiifum 1 . Brehm peut-être considéré comme le Buffon de l'Allemagne; sou histoire des animaux est depuis lontemps célèbre de l'autre côté du Rhin ; elle offre en effet des mérites exceptionnels qui l'ont fait ap- précier à sa juste valeur par les naturalistes les plus éminents. On sent que celui qui a retracé la Vie des animaux, a étudié de près la nature vivante ; vova- geur infatigable, Crehm a parcouru presque tous les pays du monde, pour voir de près les êtres divers, mammifères, oiseaux, reptiles ou poissons, dont il avait l'ambition de se faire l'historien. Conteur plein de verve, naturaliste de haut mérite, il sait aussi bien décrire une espèce que donner le récit d'une chasse dans les forêts vierges, ou d'une pèche dans les mers polaires. L'œuvre de llrehm était à peine connue en France. La librairie J.-lî. Baillière vient d 'en publier une magniliq ne édition française, que non s nous empressons de signaler à nos lecteurs. L'étude des sciences naturelles est malheureusement bien délaissée parmi nous ; que de charmes, que d'attraits que de douces jouissances intellectuelles, n'uffrent- elles pas cependant a ceux qui en aiment la culture? L'oeuvre de llrehm, quelle que soit la nationalité de l'auteur, est de celles que l'on doit partout accueillir et apprécier. Nous eu extrayons le chapitre suivant, pris à peu près au hasard, dans les innombrables document-, que l'auteur publie sur les mammifères et les oiseaux : LES CACATOKS. Les cacatoès, proprement dits, sont caractérisés par leur plumage blanc, mêlé de ronge pâle chez quelques espèces, et par leur huppe formée de plu- mes longues et étroites, disposées sur deux rangs, huppe qu'ils peuvent abaisser ou redresser à volonté. Les cacatoès sont propres aux Indes et aux terres australes. En liberté, ils forment des bandes excessivement nombreuses, qui, au temps des amours, ne se sépa- rent pas complètement. Ils passent la nuit dans les f Quatre volumes grand iii-8" richement illustrés, — finis, J.-B. liaillière et fils. ■ — Notre gravure est extraite de ce ke\ ouvrage cimes touffues des arbres les plus élevés. Le matin, ils saluent l'aurore de leurs cris retentissants, puis ils s'élèvent dans les airs et se dirigent vers un ■champ couvert de ses moissons, ou vers quelque autre endroit qui leur promet une pâture abondante. Leur principale nourriture consiste eu fruits, en grains, en céréales ; ils mangent , en outre, des champignons, des petits tubercules, des bulbes, qu'ils savent habilement déterrer à coups de bec ; comme les poules, ils avalent de petits cailloux de quartz, pour broyer leurs aliments. Ou trouve toujours leur gésier et, leur jabot remplis de substances lus plus diverses. Ils causentde grands dégâts dans les champs nouvellement ensemencés, et dans les plantations de maïs, lors de la maturité des grains. Toute la jour- née, sauf aux heures de midi, ils sont en activité et toujours sur leurs gardes. Tout ce qui se passe excite leurs cris; c'est surtout lorsqu'une bande arrive là où une autre s'est déjà abattue, que s'élève untapage assourdissant, dont on peut se faire, une idée, si on a entendu quelques-uns de ces oiseaux captifs. Rassasiés, ils retournent à leur place de repos, dans la forêt, et y restent tranquilles à faire leur di- gestion ,- puis ils vont faire un second repas et re- viennent le soir à leur demeure, pour s'v livrer au sommeil. Au moment îles amours, les cacatoès s'accouplent et chaque paire se choisit un creux convenable pour v établir son nid. C'est tantôt dans un arbre, tantôt, dans les crevasses d'un rocher. Certaines parois ro- cheuses à pic, au bord des fleuves du sud de l'Aus- tialie, sont ainsi visitées chaque année par des milliers de ces oiseaux, comme dans les mers du Nord, les falaises par les pingouins. On a même dit. que les cacatoès avaient miné certains de ces rochers, et la vigueur de leur bec est telle que cela ne paraît pas complètement impossible. La femelle, ne pond que deux œufs blancs, un peu pointus, semblables à ceux d'une poule naine. Je ne sais comment les parents élèvent leurs petits. Les dégâts causés par les cacatoès les font détester par les cultivateurs, qui mettent tout en œuvre pour les détruire. Les vovageurs rapportent que ces pour- suites les rendent très-défiants, et qu'alors, comme les autres perroquets et comme les singes, ils dé- ploient, dans leurs maraudes, une ruse extrême ce qui fait qu'on ne peut pas les éloigner facilement des plantations. Les indigènes ont une manière particulière de chasser les cacatoès. « Il n'y a rien de plus intéres- sant, dit le capitaine- Grey, qu'une chasse aux caca- tocs, Les Australiens emploient leur arme, le baume- rang, consistant en un morceau de bois dur, en forme de faucille, qu'ils lancent à plus de cent pieds. Cette amie fend l'air, en décrivant des cercles, et, quoiqu'elle s'écarte de la ligne droite, elle atteint presque sûrement son but; c'est de cette même arme faite alors-en bois et en fer, que se servent les natu- rels du centre de l'Afrique. « Un indigène se met à la poursuite d'une bande CA NATl'RK. 201 île cacatoès, dans la plaine ou dans lu furet, ut de | oréf/reiice dans les endroits oii de grands arbres l'acaLoiîb ilt; l.eiidljeiUer. tourent un cours d'eau ou un étang. C'est là surtout que. l'on rencontre ces oiseaux, en troupes innom- brables, grimpant de brandie en brandie, ou volant d'un arbre à un autre. C'est là aussi qu'ils passent la 202 LA NATURE. nuit. Le chasseur s'avance prudemment; il se glisse entre les arbres, rampe de buisson en buisson, cher- che à ne pas troubler ces oiseaux vigilants. Mais il a été entendu ; une agitation générale révèle l'appro- che de l'ennemi. Les cacatoès sentent qu'un danger les menace, sans savoir encore quel est ce danger. Le chasseur, arrivé au bord de l'eau, se montre alors à découvert. Tout le peuple ailé s'élance dans l'air, et, au même moment, le boumerang est lancé avec force. Il glisse en tnurnovant à la surface de l'onde, puis monte en décrivant une courbe et arrive au mi- lieu des oiseaux. Un second, un troisième, un qua- trième sont lancés de même. En vain, surpris, les cacatoès cherchent à i'uir ; le trajet en apparence ca- pricieux de l'arme, paralyse leur hiite.l'n est touché,, puis un autre, puis un troisième; ils tombent par terre, assommés, ou l'aile brisée. Ils crient de dou- leur et de colère, et ce n'est que quand le chasseur a achevé son œuvre, que le reste de la bande se ras- semble, prend la fuite et. va chercher un nouvel asile dans les cimes les plus touffues et les plus élevées. » D'après le nombre de cacatoès que l'on voit vivants en Europe, on peut conclure que ces oiseaux sont faciles à prendre. Simplement nourris, ils supportent très-bien lu captivité et les voyages. (Juand on pense que chez noua, pour quelques dizaines de francs, on peut avoir un cacatoès de troisième ou de quatrième main, il faut on déduire que, dans leur patrie, leur prix est très-peu élevé. Les caealoës s'habituent vite à l'homme. Us sont moins astucieux que les autres perroquets, et se montrent reconnaissants des bons traitements. Une mauvaise éducation seule les rend méchants et dés- agréables, et, il est difficile de les corriger d'une mauvaise habitude. Leur excellente mémoire no leur laisse rien oublier. Ils gardent le souvenir des inju- res ; une fois qu'un a perdu leur confiance, ou ne peut plus la reconquérir. Us sont rancuniers, et quelquefois même dangereux pour celui qui leur a fait du mal, C'est là peut-être le seul défaut des ca- catoès. En somme, la douceur fait le fond de leur caractère. Mais les cacatoès ont encore d'autres qualités : ce sont des oiseaux des mieux doués ; on les instruit aussi facilement que les perroquets les [dus intelligents ; ils apprennent à parler; ils savent joindre ensemble divers mots, et d'une manière sensée; emplover la phrase qui convient à la situation ; on peut leur en- seigner divers tours d'adresse; en un mot, ils sont intelligents à un haut degré. Leur voix a quelque chose qui plaît; ils pronon- cent avec douceur et avec des témoignages d'affec- tion le mot cacadou, dont on a fait leur nom de fa- mille. A la vérité, quand ils sont excités d'une façon ou d'une autre, ils crient d'une manière désagréa- ble. Bien soignés, les cacatoès peuvent être conservés longtemps ; on en cite un qui a vécu en Europe soixante-dix ans. Us ne sont pas difficiles à nourrir, et s'habitu'jnt à tout régime. Mais il vaut mieux leur donner une nourriture simple: des grains, du riz cuit, un peu de biscuit, leur suffisent. Si leur alimen- tation est trop abondante, ils deviennent trop gras, et contractent, dît-on, toutes sortes de défauts, dont il devient difficile de les corriger. Ainsi, l'on prétend que les cacatoès que l'on nourrit de viande se déplu- ment. Cette opinion est-elle fondée ? Je ne veux pas la discuter; mais, dans tous les cas, bien des caca- toès ont cette détestable habitude. Us s' arrachent tou- tes les plumes, et, celles-ci ne cessant de repousser, ils sont, dans une mue continuelle, c'est-à-dire dans un état maladif. Ou ne connaît encore aucun re- mède, efficace pour les empêcher de se mutiler de la sorte. La chair des cacatoès passe pour un mets excel- lent; le bouillon préparé avec cette chair est sur- tout très-vanté. LE CACATOES A IHTl'E JAENE, Cette espèce est une de celles que l'on voit le plus souvent en captivité. C'est un assez grand oiseau, de 43 cent, de long, au plumage blanc éclatant. La huppe, les plumes qui recouvrent, les oreilles, le milieu du ventre, les ailes et. la partie radicale de la face in- terne des pennes caudales sont jaunes de soufre pâle ; le bec est noir; les pattes sont d'un brun grisâtre. Ce cacatoès s'est-il répandu del'ilede Van-Diemcn, dans toute la Nouvelle-llollandc et. jusque dans la Nouvelle-Guinée. '! nubien, sont-ce des espèces diffé- rentes, bien que semblables par le plumage, qui ha- bitent ces diverses contrées ? la question est encore irrésolue. On a noté quelques différences dans la forme du bec, et cela semblerait confirmer la deuxième opinion. Le cacatoès de l'île de Yan-Die- men est le plus grand ; c'est lui aussi qui a le bec le plus allongé; le cacatoès de la Nouvelle-Guinée est le plus petit, son bec est court et arrondi. D'après Could, le cacatoès à huppe jaune est com- mun dans toute l'Australie, sauf dans la partie occi- dentale. 11 vit en grandes bandes de plusieurs milliers d'in- dividus, et paraît préférer les plaines découvertes et les bois peu touffus aux buissons de la cote, LE CACATOÈS DE I.EADBEATER, T'no seconde espèce, propre au continent austra- lien, le cacatoès de Leaitbeater, aussi nommé Caca- toès Inca (voir la gravure ci-contre), se distingue de la précédente par la splendeur de son plumage. Il est blanc, mais. la partie antérieure de la tète, le front, les cotés du cou, lemilieu et la face inférieure des ailes, le milieu du ventre, la partie radicale de la face interne des pennes caudales sont roses ; sous les ailes les plumes sont d'un beau rouge carmin, La huppe a des couleurs vives ; les plumes en sont d'un rouge brillant à la base, jaunes au milieu, blanches à l'extrémité. Lorsque l'oiseau baisse sa huppe, on n'en aperçoit que le blanc; mais quand il la relève, le rouge apparaît, et le jaune forme une bande qui 1 ajoute encore un ornement à cette partie. L'iris est LA .NATURE. 203 brun clair, le Lac couleur Je corne clair, les tarses sont brun foncé. La femelle se distingue du mâle par les couleurs moins vives du ventre et par le jaune plus étendu de la buppe. jaune. Le cacatoës Inr.a est plus petit et plus élance que le cacatoès à buppe jaune. D'après Could, ee superbe oiseau est répandu dans tout le sud de l'Australie, mais il se tient de préfé- rence près des arbres à gomme et dans les buissons ijui bordent les cours d'eau. Il est très-commun sur les rives du Darring et de la Murray; il manque complètement sur les côtes nord et nord-ouest de l'Australie. A l'époque des amours, ces cacatoès se montrent tous les ans à des endroits fixes, et en très-grand nombre. Ils animent, de la façon la plus charmante, les fo- rêts de l'intérieur des terres. Leur voix est plus plaintive que celle de leurs congénères'; elle n'en a pas surtout le Ion rauque. Leur présence ravit d'eu- ebanternent le vovageur qui traverse les forêts qu'ils habitent. Le cacatoès luca. est, sans contredit, ta plus belle espèce actuellement connue du genre, aussi est-il très-recherché des amateurs. C'est un des plus pré- cieux oinernenfsd'une collectîonde perroquets, quel- que riebe qu'elle soit. Tout en lui, la beauté de son plumage, comme la douceur do son caractère, con- tribue à ebarmer l'observateur. Il supporte parfaite- ment la captivité, et, au dire de certains auteurs, il serait plus doux et plus facile à priver que tous les autres perroquets. Toutes ces qualités dorment de la valeur à un pareil oiseau, et aujourd'hui un cacatoès Inca se paye trois fois autant qu'un autre perro- quet. L'ŒUVRE DE MAÏIRY 1 CARTES DE VENTS ET DE COURANTS. En remerciant Maury de l'envoi de ses premières cartes de vents et de courants, Ilumboldt disait : « C'est là une grande entreprise, aussi importante pour la navigation pratique que pour les progrès gé- néraux de la météorologie, et c'est, ainsi que l'ont envisagé en Allemagne toutes les personnes qui s'occupent de géographie physique. C'est déjà un beau résultat de ces travaux que d'avoir abrégé le temps de la traversée des Etats-Unis à l'Equateur, et l'excellente disposition de ces cartes permet de con- cevoir des espérances encore plus élevées. » Les cartes publiées par Sliuiry sont divisées en six séries : Série k- — Cartes de traversées (Traek Cbarts), — Les feuilles de cette série reproduisent les routes des navires dont on a dépouillé les journaux. Elles indiquent les caractères généraux de temps et de 1 Voy. p. à'2, Vie de ilaury. vent, la force et la direction des courants, les cir- constances de mer les plus importantes, observées pendant la traversée. Série B. — Cartes des alizés (Trade wind Cbarts). — Ces cartes indiquent les régions de calmes d'a- lizés ni de mousson aux différentes époques de l'an- née. Elles marquent les limites du mouvement oscil- latoire auquel obéit la zone transversale, occupée par les alizés sur l'Océan. — Elles montrent que les régions alizées non situées dans le voisinage immé- diat des terres sont généralement privées de pluie et. peuvent être considérées comme des zones d'évapo- ration. — Elles montrent anssi, comme règle géné- rale, que lorsqu'on quitte les régions alizées pour se rapprocher des pôles, on trouve plus de précipita- tion que d'évaporation. Elles indiquent que les vents qui vont d'une température à une autre plus élevée vaporisent plus d'eau qu'ils n'en précipitent. Au contraire, les vents qui vont d'une température à une autre plus basse sont les vents de pluie. Entre les deux zones des alizés se trouve la région des calmes équatoriaux, d'environ six degrés de lati- tude en largeur. Cette zone, qui a sur l'Océan un mouvement d'oscillatiou vers le nord et vers le sud correspondant à celui des alizés, est une région de précipitation constante. La carte permet d'indiquer, d'après ce mouvement, les points du globe qui ont deux saisons de pluie, ceux qui n'en ont qu'une, ainsi que les époques de ces saisons selon la localité. Série C. — Cartes pilotes (Pilot Cbarts). — Ces cartes sont les plus importantes de lacollection. Pour les construire, l'Océan a été divisé en carrés de cinq degrés de latitude sur cinq de longitude. Chacun de ces carrés montre le rapport d'un vent quelconque à la somme de tous les autres pour chaque mois de l'année, et on peut ainsi déterminer la route qui, selon toutes les probabilités, donnera à un bâtiment à voiles la traversée la plus courte. Ces nouvelles rou- tes résument l'expérience de tous les navigateurs dont les observations ont été recueillies et coordon- nées à l'Observatoire de Washington. Dans la prati- que elles ont beaucoup abrégé la traversée moyenne des navires allant des Elats-Unis dans l'Amérique du Sud, dans l'Océan Indien et dans le Pacifique. Série I). — Cartes thermales (Thermal Cbarts). Elles indiquent la température de l'eau à la surface de l'Océan, de manière à pouvoir, d'après la simple inspection de la carte, reconnaître et distinguer les températures de chaque mois de l'année. Ces cartes fournissent des renseignements d'un haut intérêt sur la circulation des eaux de l'Océan; elles jettent éga- lement un jour précieux sur la question des climats dans les divers pays du globe; enfin elles ajoutent considérablement à ce qu'on savait déjà sur l'impor- tant phénomène du guli'-stream. Série E. — Cartes des pluies et des tempêtes (Sturin and rain Cbarts). — Leur but est démontrer combien, sur 1 Océan, dans chaque carré de cinq de- grés de latitude sur cinq de longitude, on trouve par 20 -t LA NATURI mois, de jours de pluie, de bruine, rie cul me, d'ora- ges et de tempêtes, ainsi que la direction de la- quelle ces tempêtes sont venues. Elles résument donc, pour un point donné à la mer, les diverses exceptions lui* circonstances do temps habituelles et dominantes, et leur examen offre une étude à la Ibis intéressante et instructive. Série F. — Carte.!: baleinières (Whnle Charts). Cette série montre d'un coup d'œil les parafes où l'on a le plus poursuivi la baleine; les mois les plus favorables à cette pèche , qui , aux États- Unis, occupe chaque aimée une Hotte de. (iÛtl navi- res montés par plus de ■!.'>, 000 matelots. I.'ue carte générale montre les régions fréquentées par les ba- leines franches, celles fréquentées par le cachalot, et celles où l'on rencontre les deux espèces de baleine. N 305 Observations. r. aime s Lorsque ses travaux furent interrompus par la guerre, Maury préparait encore une carte physique de L'Océan, qui aurait réuni sur la carte de chaque océan toutes les particularités pouvant y être obser- vées : bourrasques, grêles, brumes rousses, pluies de poussière, clapotis de courants, glaces flottantes, bois de dérive, bancs de goémon, coloration et phos- phorescence de la mer, végétaux et animaux de toute espèce, etc. Maurv a donné dans la huitième édition de ses In- structions nautiques la liste' des cartes qu'il avait 'ermînées et de celles qui étaient en préparation. Ce grand travail comprenait plus de cent cartes. La plupart des séries publiées sont incomplètes. Mais les lacunes seront remplies par les nations maritimes, qui toutes concourent à des travaux dont l'impor- tance et l'utilité sont maintenant incontestées. Déjà l'Angleterre, la Hollande, la France ont reproduit, sous une forme plus commode, les cartes pilotes, base de l'œuvre, de Maury, et ajouté de nouvelles ob- servations à celles qu'il avait enregistrées. Les dispo- sitions adoptées pour-porter sur les cartes américai nés le résultat des observations -ont été simplifiées, de manière à offrir aux marins une représentation fa- cilement et rapidement appréciable. La figure ci- jointe montre la forme employée sur les eail.es de routes françaises. Dans chaque carré, désigné par son numéro d'ordre, on a tiré, à partir du centre, seize rayons correspondant aux aires de vents principales. On donne à chacun de ces rayons une longueur pro- portionnelle à la fréquence relative dos vents qu'il représente. Pour éviter la confusion, les rayons sont extérieurs à un petit cercle tracé au centre. La ligne qui va du centre vers l'ouest indique, le vent d'est, et ainsi de suite. Au liant du carré est inscrit Je nombre total des observations qui ont servi à con- struire la figure; au bas le nombre des observations de calmes. Les cartes de Maury ont fourni les principaux élé- ments de la construction des nouvelles cartes de vents et d'autres cartes également modifiées par ses continuateurs. Nous verrons dans un prochain article sur la géographie phvsique et la météorologie de la mer, comment ses beaux travaux, ses féconds aper- çus facilitent aussi les voies nouvelles ouvertes par son génie investigateur, en même temps qu'ils ré- pandent le goùl de l'élude et qu'ils finit naître dans les esprits « cette grande curiosité scientifique, source de tant de jouissances intellectuelles et de si m'a mis bienfaits au sein des sociétés. » F. Mvucoi.i.é, — L :t suite pi'CH'hamcmenl. — L.\ FÉCONDATION DE LÀ SAUGE Parmi les nombreuses découvertes qui ont enrichi la phvsiologie végétale dans ces derniers temps, une des plus intéressantes est sans doute celle du rôle des insectes dans la fécondation des fleurs. Aurait-on cru qu'après toutes !es théories, plus ou moins ingénieuses, inventées pour expliquer le passage du pollen sur le stigmate de la même fleur et dans lesquelles on est allé jusqu'à invoquer, pour des plantes terrestres, l'intervention de l'eau qui, on le sait, est si nuisible au pollen, on pût reconnaître un jour que, dans le plus grand nombre des cas, les organes floraux sont disposés de manière à empêcher précisément ce contact et que le pollen doit être dé- posé sur le stigmate d'une autre fleur ou même sur une fleur d'un autre pied ? Généralement une Heur fécondée par elle-même, reste stérile et il arrive même que le pollen exerce une action délétère sur les organes femelles de la Heur dont il provient lui-même, comme par exem- ple dans plusieurs espèces du genre oncidimn. I.es plantes aquatiques, chez lesquelles le trans- port du pollen s'effectue, par l'eau, sont en très-petit nombre, et leur pollen, ainsi que leurs stigmates LA NATURE. 205 présentent une disposition particulière. Chez un cer- tain uuiubrc d'autres plantes, c'est le vent qui se charge du pollen (conifères, graminées, etc.); dans ce cas les Heurs sont insignifiantes, privées de nectar et d'odeur, et leur pollen est eu .si grande abondance qu'il a donné lieu, dans certaines contrées, à la fable de la pluie de soufre. Quand ce sont les insectes qui doivent porter le pollen d'une fleur à l'autre, celles- ci sont au contraire parées de couleurs éclatantes, de formes très-variées, parfois bizarres, elles exhalent souvent des odeurs suaves et sécrètent un nectar qui sert de nourriture à un grand nombre d'insectes. Bien n'est, plus étonnant et plus charmant à la fois '[ que la variété qui existe entre ces mille et mille formes de corolles, d'éta- mines, de pistils, de nec- taires , tous disposés de manière- à charger l'in- secte, malgré lui, du pol- len qu'il doit emporter, à recevoir le pollen qu'il apporte et à eiii|;êeher le contact du pollen et du stigmate dclanicmc fleur. Souvent la disposition mécanique des différentes parties de la fleur et leur jeu au moment -de la vi- site de l'insecte sont d'une complication extrême , comme l'a montré M. Dar- win pour beaucuup d'or- chidées mais il y a des fleurs dont le mécanisme est plus facile à compren- dre quoiqu'il soit tout aussi ingénieux et sur- prenant. C'est le cas de la Sauge (Salvia praten- sis) , plante très-commune de la famille des Labiées, qui est caractérisée par l'existence de deux étu- mmes au lieu de quatre. La corolle do la Sauge, A, B, est profondément di- visée en deux lèvres ; lu lèvre supérieure qui corres- pondu deux divisions de la corolle, se recourbe en arc et renferme le style et les anthères ; la lèvre inférieure est divisée en trois lobes ; le lobe moyen est très-grand, concave ; les lobes latéraux sont plus petits et se roulent généralement de dedans en de- hors. Le tube de la corolle est un peu bossu à la base et cette bosse ou dépression contient le nectar qui est sécrété par une partie charnue (disque) placée au-dessous de l'ovaire. Les étamines ont une forme tout à fait particulière dont, on peut prendre une idée nette dans les ligures C et D. En (] la corolle a été coupée longitudinalement de manière à laisser les étamines intactes; dans la Finir ik' Sfi/im prafi^tsis. A.Ji-Linn fli-.ur. I.'n slylol y été iierculuit île m.-mièn' ;ï les i.jittirrds. — fl. rieur phi, .'igslr.. — C. forolli! f\ nulinflleiiit'iit. — I). ï'LArtiu infi'nein-r. itos OUmine ^ros^ie. — s. Sli^m.-itc. — a. AiUliùies ft-ililcs. — t hie de l'Afrique centrale. — Le 77- mes a publié une série de lettres de Sic Samuel Balvcr, af- firmant que les deux lacs Tangauyika et Albert A'yanza ne forment qu'une seule et même Caspienne d'eau douce. Cette. assertion est eu contradiction formelle, avec celle de M. Stanlev qui prétend avoir fait avec le. docteur Liviug- st.onc le périple de bipartie septentrionale du >"anganyiba, et reconnu qu'il ne communique avec aucun autre bassin lacustre. Les prohabilités sont en faveur du la version rie M. Stanlev, car Sir Samuel ne dit pas avoir lui-mèine na- vigué celte, fois sur le lac Albert. Les renseignements qu'il donne lui auraient été fournis par des voyageurs indigè- nes. Cependant il est prudent de ne point adopter départi définitif avant les débats qui s'ouvriront devant l'Associa- tion lirilarmiqiie à Bradford, le 15 septembre prochain. Les doutes que soulèvent les excursions géographiques de Sir Samuel n'entament point les résultats militaires et po- litiques qu'il est parvenu à atteindre. Son Expédition était avant tout une. conquête comparable à celle des Cortez et des .Dizarre. Mais il a recueilli une multitude de docu- ments précieux que nous nous empresserons de faire con- naître. In t-li.-iiiij>i_'iiiiii colossal IBovisia giganlœa). — Un des marchands de comestibles de la rue Vivicnne. a exposé pendant une dizaine rie jours au commencement du mois d'août un énorme spécimen de celte, espèce de Lvcopcrdou vulgairement appelée vesse de loup. Lu jour où il a été apporté des enviions de Limoges, oc cliani- p'gnon avail 55 centimètres de longueur et 125 centi- mètre de- circonférence- H a atteint ces dimensions tout Il (ail colossales eu trois jours. Mais il n'a pas tardé à se ratatiner, à s'alDuser sur lui même, etise fendiller. Si on lui en avail laissé le temps cette masse qui avait l'as- pect d'un énui me. concombre eut pour ainsi dire disparu d'el'e-tïlènie. Rien n'est plus curieux que de voir la ma- nière riout ces plantes véritablement extraordinaires apparaissent et font en quelque sorte explosion. Dans LA NATURE. 21(7 quelques pays on mange les bovistes dans leur jeune âge, malgré leur saveur acre mais le Bovista ijujanlœa de la rue Vivienne n'était point destiné à trouver preneur. L'ne nouvelle jilmii-te. — On a découvert une 155° petite planète située entre l'orbite de Mars et celle de Jupiter. Cette planète est de onzième grandeur. Sa posi- tion dans le ciel est de 25', 2" en ascension droite, et de 2°, 40' en déclinaison australe. L'auteur de la- découverte est M. Waston, directeur de l'observatoire de Ann-Arbor (Amérique). ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du ltf auât IH'Ô. — Présidence de M, Bkutiuhb, Dans des communications antérieures, M. Chevreul n appelé ralteiitioii soi' l'effervescence îuatleidue que le gmnjo manifeste quand on le met en eout;ict*ncc l'eau. L'auteur montre aujourd'hui que cette propriété est due à la présence du bicarbonate d'ammoniaque, et l'nnalvsc et la synthèse ont été nécessairement mises à contribution pour faire cette démonstration. Eu présence de l'efferves- cence qui nous occupe, on pourrait croire que le guano mis dans un champ humide perd instantanément tout son excès d'acide carbonique, et par conséquent son acti- vité. Mais il n'en est rien, il faudrait pour cela que l'eau fut continuellement renouvelée. Une fois saturée elle devient inerte et la décomposition n'a lieu que successi- vement. La matière dissoute par l'eau est cristalline : M. Chevrcul reconnut qu'elle est constituée par un sel ammoniacal, mais jusqu'ici son acide n'est point encore déterminé et il est probable qu'il appartient à la longue série des dérivés uriques. Le résidu que l'on obtient par l'action de l'eau est partiellement soluble dans l'alcool. Ce dissolvant renferme divers principes immédiats du guano et parmi eux le principe odorant e'esl-à-direl'acide avique. Knlin ce ipie l'alcool ne dissout pas consiste surtout en phosphate de chaux. Une remarque intéressante à l'égard de l'acide avique, c'est que le guano dépouillé de celte substance, et rendu par conséquent inodore, reprend peu y peu son arome caractéristique. C'est la reproduction de ce que M. Chevreul lui-même avait observé dès le début de sa carrière chimique à l'occasion du musc. Ayant privé celui-ci de son principe odorant il trouva qu'il l'avait recouvre après plusieurs années. Suivant M. Chevreui, c'est par un mécanisme analogue que le gibier laisse sur le sol une trace permanente sensible à l'odorat du chien. — Une bien ingénieuse invention est exposée à l'Aca- démie par M. Dupuy de Lôme au nom de M. Pellegrin. 11 s'agit d'envoyer par le télégraphe un dessin ou un relevé lopograpbique qui, chose curieuse, n'a pas besoin d'èlre exécuté au moment de l'expédition. C'est, comme on voit, beaucoup plus fort que le télégraphe Caselli. Le procédé est d'ailleurs extrêmement simple. Supposez qu'on veuille envoyer un relevé topographiijue. On dispose verticalement une glace hémi-circulaire dont la circonférence est graduée ; au centre est une alidade graduée elle-même et posant sur un coulant un mica marqué d'un point noir : ce point grâce au mouvement de l'alidade et à son propre mouve- ment le long de celle-ci, peut prendre sur la glace toutes les positions possibles. En avant de la glace se trouve un viseur fixe. Cela posé, on met l'œil au viseur puis on amène le point noir successivement sur tous les points du relevé à reproduire, et on note les coordonnées polaires de chacun d'eux ; les nombres ainsi obtenus sont envoyés par le télégraphe. Le récepteur est analogue, mais le mica est remplacé par un style et on marque sur la glace successi- vement Unis les points désignés. Le dessin est donc transmis sans qu'il soit nécessaire qu'on l'ait dessiné, au départ. — D'après M. Fabre le massif des monts d'Àubrac dans la Lozère présente des traces certaines de phénomène gla- ciaire. Les galets basaltiques striés sont, paraît-il, très-fré- quents. — Le bassin de la Loire fournit à M. Grand'Eury des fossiles végétaux du terrain houiller, d'un intérêt extrême- La bouille n'a en général rien conservé de l'organisation des végétaux dont elle dérive; mais il n'en est pas de même des roches siliceuses et spécialement des poudingwes qui l'accompagnent. Là on retrouve des vestiges admira- blement conservés déplantes ordinairement herbacées qui révèlent tous leurs caractères distincts, leur mode de fructification, etc. C'est toute une flore nouvelle que l'au- teur fait connaître aux botanistes. — M. Ilaubrée expose une découverte bien inattendue que M, IVordenskiold vient de lui annoncer dans une lettre datée des régions polaires. Le savant Scandinave a reconnu que la neige est toujours accompagnée d'une poussière noire composée surtout de charbon et de fer métallique et ayant tous les caractères d'une matière météorique. L'au- teur avait fait cette observation d'abord sur de îa neige re- cueillie à Stockholm, mais pensant qu'on pouvait l'attribuer aux impuretés répandues dans l'atmosphère par les nom- breuses cheminées de la ville, il demanda à son frère de recueillir les substances minérales de la neige qui tombe dans les forêts désertes de la Finlande. L'examende cette ma- tière confirma les premières observations qui se vérifièrent encore par de la neige recueillie par 80 degrés de latitude lors de la dernière expédition arctique. Ce fait acquiert encore plus d'intérêt quand on remarque que les météo- rites tombées à Hessle (Suède), le 1" janvier lSu'9 étaient accompagnées d'une poussière charbonneuse, et d'autre part que les météorites charbonneuses dont le type a été formé par la chute d'Orgueil, tombent en jioudre dès qu'elles sont humidifiées ; il en résulte en effet que chaque chute de météorites doit êtr^ accompagnée de l'arrivée dans l'atmosphère d'une quantité plus ou moins grande de poussière, et d'autre part que l'explosion des bolides à la suite desquels on en voit peu tomber, peut être causée par l'arrivée de pierres charbonneuses qui se résolvent en poudre dans l'atmosphère. Stamslas Meuïied. — ><>»- AÉHOLITHES ET TREMBLEMENTS DE TERRE d'àPHKH l.YCOSTHÈME. La pluie d'étoiles filantes d'août a sillonné le ciel le 10 de ce mois ; des feux souterrains ont continué à imprimer au sol de la haute Italie et de quelques paities du midi de la France des secousses violentes et des trépidations brusques. Il nous a paru inté- ressant à propos de ces faits récents de chercher dans le passé, des exemples de phénomènes analogues, et en feuilletant do vieux livres à la Bibliothèque nationale , notre attention s'est particulièrement fixée sur le curieux ouvrage de l.ycosthèue. Nous n'a- vêtis pu résister au plaisir ae reproduire quelques- unes des gravures se rattachant à ces sujets dont 208 LA SATURE. nous nous occupons ici depuis quelques semaines. Lycosthène était un savant et un vulgarisateur des sciences, i! était alsacien et vivait au seizième siècle : son véritable nom était Conrad 'Woliïhart. Diacre de Saint-Léonard à liàle, professeur de grammaire et de dialectique , Lyco- sthène avait une passion pour l'étude de la nature et de la physique du globe. C'est en dLi57 qu'il publia la première édition de son ouvrage intitulé : Vrodit/ioriitii ac ostentorum clironi- con. Ce livre est nu re- cueil ilu plus liant inté- rêt au point de vue historique : les illuslra- tions qui le remplis- sent, sont des gravures sur bois, grossières, pri- mitives, mais char- mantes de naïveté '. Les l'ae-simile que nous reproduisons ici, repré- sentent les originaux mains une ville moven âge, Trumlitcrnctit de lerrn en Ilalit'. 310 ans avant J.-C. — !.. Piijiii-ius Cui-Etir toiisul (il'qivcs Lycoslhénc). nifesta en Italie avec une extrême violence, et il fut suivi par une peste des plus terribles. On remarquera que le dessin du livre de Lycostbène offre cette parti- cularité singulière, de représenter au temps des Iiu- Les éditeurs du seizième siècle , n'étaient pas , parait-il, bien scrupu- leux, au point de vue de l'exactitude historique. L'énorme pierre qui tombe du ciel , au mi- lieu d'une pluie abon- dante , est venue s'en- gloutir dans un lac du Latium eu Italie, 174 ans avant J.-C. Quant à la chute d'aérolithes au temps de l'empereur Va- lons, elle se signala par une abondance extraor- dinaires de pierres, et causa de véritables dés- astres. Le livre des prodiges de Lycosthène est rempli de faits extraordinaires, mirages, chute de croix, avec le plus grand carac- tère de vérité; ils se rapportent à quelques-uns des pluies de sang, etc. ; les documentsqu'il renferme sont phénomènes dont Lyciisthène donne rémunérai ion. Le tremblement de terre de 540 avant J.-C. se nia- évidemment. présentés sous une forme fictive, mais ils n'eu ont pas moins une origine réelle, et retracent ■9§fM Pierre tombée du ciel dans le Latium. 171 ans avant J.-C. (D'api-ès Lycosthène.) une succession curieuse de phénomènes relatifs à la météorologie et à la physique du globe. Ne dédai- gnons pas ces vieux livres du passé ; gardons-nous de railler leur apparence puérile, manions-les an contraire avec respect, avec attention. Un grand 1 Sous avons déjà reproduit une de ces curiusitijs. Curiosités de la météorologie, p. 138; Vo Chute iVaérolilliu; sous le repue de l'empereur Valons. An 3G6. ~] (D';inn"!s Lyensthéue.) nombre de nos ouvrages actuels, lus dans deux cents ans par nos arrières-pctits-fils, sembleront peut-être aussi naïfs que l'ouvrage de Lycosthène peut nous le paraître aujourd'hui. Le Propr ictairc-Gtiraiil ; G. TissAsmcn. l'Ailla. — [Mp. SlUO.f hArON iiT COHi\, RUE û'EFiFUnTU, 1. iV 14. — 6 SEPTEMBRE 1875 LA NATURE. 209 jPrt'p ocf LES TREMBLEMENTS DE TERRE EN F11AKCE. Au moment où nous écrivons ces lignes, il y a en Fiance, à coté de nous, un assez grand nombre de nos concitoyens qui ont abandonné leurs demeures, leurs foyers, qui campent en pleine campagne, cou- chent sous des tentes, en proie à la plus effroyable anxiété. Le sol, depuis deux mois, a plusieurs fois tremblé sous leurs pas, ébranlant leurs maisons et fissurant leurs murs; ils se demandent avec une lé- gitime épouvante quelles peuvent être les consé- quences de ces premières me- naces des feux souterrains ; ils ignorent actuellement si la terre qui leur donne asile aujourd'hui ne sera pas de- main leur tombeau! Ces dra- matiques événements s'ac- complissent , comme nous l'avons déjà annoncé (p. 207), dans le midi de la France, principalement dans l'Àr- dèche et la Drame , sur les deux rives du Rhône, com- prises entre Montélimar et Font- Saint- Esprit. Grâce à un de nos correspondants, M. H., qui demeure au centre même du tremblement de terre français, à lioiirg-Saùit- Andéol, il nous est possible de donner aujourd'hui à nos lecteurs des renseignements inédits sur un phénomène extraordinaire et heureuse- ment exceptionnel dans notre pays. Le 1-i juillet 1873, à mi- nuit précis , les habitants de liourg-Saint-Andcol (Ardèehc) et ceux du voisinage de la rive gauche du Rhône, ont ressenti la pre- mière secousse de tremblement de terre. La jour- née qui se terminait ainsi par une brusque trépida- tion du sol ayait débuté par de violentes convul- sions atmosphériques; à midi, des coups de fondre s'étaient fait entendre sans interruption, des éclairs avaient sillonné sans cesse la nuée sombre au milieu d'une épouvantable averse de grêle et de pluie. « Le 10 juillet, écrit notre correspondant, nous subissons une nouvelle secousse, à 5 h. 55 min. Sa durée n'est que 2 secondes environ; on eût dit que l'on se trou- vait sur un pont tubulaire, au moment où un train de chemin de fer y passe. À Viviers, à Rochcmaure, où existe un volcan éteint, à la Voulte, sur la rivo droite du Rhône, à Saint-Paul-Trois-Châteaux, à la Garde, à Donzère, à Châteauneuf et à Montélimar sur la rive gauche du Rhône, la secousse se fit sentir, avec une extrême violence ; Donzère et Châteauneuf PtxctZ -froii- c/tactiaxLX jf&i*iv. je, Cnrte tins lïtiii]j>meiHs fie terre en Frjm-R (11, 19 juillet eL S oiiïit 1873.) ont été surtout éprouvés. Les maisons de la rue principale de cette dernière ville sont toutes lézar- dées, et, par mesure de précaution, on les a étayées aussi solidement [pie possible. Un grand nombre d'habitants couchent actuellement sous des tentes à la campagne. L'église est lézardée de haut on bas, et pour cause de sûreté publique, elle est fermée aux iidèles. On célèbre les offices en plein air. Les eaux de plusieurs sources des environs de Châteauneuf ont subitement changé do couleur. Les unes sont devenues noires, les autres rouges. Les habitants sont dans la stupeur. « Le 8 août, à A h. 5 min., c'est-à-dire à peu près à la même heure que le 10 juillet, une nouvelle se- cousse de 3 secondes se fait très-nettement sentir. Elle est précédée d'un bruisse- ment comparable à celui du vent qui souffle dans les ar- bres. Le centre principal est toujours Châteauueuf; Don- zère, Bourg-Saint-Àndéol et Viviers, sont vivement ébran- lés. Le mouvement du sol s'est communiqué jusqu'à Clermont-Ferrand, dans le Puy-de-Dôme. Toutes les mai- sons qui avaient été lézar- dées par les précédentes tré- pidations ont été endom- magées plus sérieusement encore, et elles s'ébouleraient infailliblement si de sembla- bles ébranlements se renou- velaient. » M. R., après ces détails du plus haut intérêt, nous donne un récit curieux de circon- stances extraordinaires qu'il a observées lui-même. « Des chiens se sont mis à hurler avant la secousse, comme s'ils avaient eu le pressentiment d'un événement extraordinaire. En perroquet fort bavard , de mon voisinage, fut comme terrifié, et il en perdit la parole pendant plusieurs jours. Un homme qui passait dans les champs fut, au moment de la secousse, frappé aux rotules des deux genoux, comme d'une commotion électrique. » Les eaux du Rhône se sont précipitées sur le rivage, comme agitées par un énorme bateau à vapeur. Le 1 i, le 19 juillet et le 8 août, jours des secousses, le télégraphe électrique ne pouvait fonc- tionner régulièrement. Ce fait nous parait offrir une importance capitale et nous ne croyons pas qu'il ait encore été observé dans nos contrées. Cet ébranlement des rives du Rhône est le qua- trième tremblement de terre qui se soit fait sentir en France depuis le commencement de notre siècle ; en 1822, en 1841 et en 18G6, notre pays a déjà été soumis dans des régions diverses à des phénomènes U 210 LA NATURE. analogues. Il y ajuste un siècle, presque jour pour jour, les contrées atteintes aujourd'hui étaient assez fortement ébranlées. L'illustre naturaliste Faujas de Saint-fond nous rapporte qu'en 1775, pendant un mois de suite, les rivages du Rhône tremblèrent violemment dans les environs de Chàtcauneuf, et cela dans le courant du mois d'août. Quelques mois auparavant, eu janvier 1773, le petit village deClau- sayes, perché au sommet d'une colline, l'ut entière- ment détruit par le mouvement de la terre, [.es habitants, sur l'ordre d'un commissaire envoyé par le gouvernement de la province du baupliiné, quit- tèrent le village et campèrent dans la plaine. 1) après ces souvenirs historiques, on conçoit que les événements actuels sont, bien faits pour jeter l'alarme parmi les habitants de la Drôme et de l'Ar- dèche, et surtout parmi les riverains du lihùne. Ne doivent-ils pas aussi exciter noire compassion, en même temps que notre curiosité; Rien ne semble devoir être plus épouvantable, ou effet, que cette co- lère des feux souterrains, contre laquelle on est si fatalement impuissant. Quand la terre, notre mère et notre appui, nous fait, défaut, quand elle s'agite convulsivement, l'homme doit se sentir aussi faible qu'un enfant; n'est-il pas incapable de fuir, de com- battre ou d'implorer? Sa vie n'est plus soumise qu'au hasard de réactions qu'il ne connaît pas et qui s'ac- complissent, à son insu, sous ses pas : que la croûte terrestre se soulève seulement de quelques millimè- tres de plus, il sera impitoyablement écrasé, lui et les siens, avec sa demeure et sa ville tout entière ! 11 ne faut pas oublier toutefois que le temps des grandes convulsions géologiques est passé ; tout semble prouver que les anciens cataclysmes géolo- giques ne se renouvelleront plus. Os mouvements du sol contemporain indiquent bien que le- forées naturelles qui ont façonné le relief terrestre, soulevé les montagnes et découpé les continents, ne sont pas anéanties, biles travaillent sans cesse, dans le fond des océans, comme dans les entrailles de notre pla- nète, mais elles accomplissent aujourd'hui leur œuvre, lentement et progressivement. Les oscillations brusques du sol, les mouvements violents, peuvent être considérés de nos jours comme une lointaine réminiscence des anciennes convulsions du glolie, rares exceptions parmi les sublimes harmonies de notre monde. Gasï.hs Tissasiukr. .<,., LE CIEL AU MOIS DE SEPTEMBRE 1873 Aucun phénomène, céleste remarquable n'est cal- culé ou prévu pour les nuits de ce mois. Mais les ob- servateurs attentifs, qui ne sont pas enchaînés à une besogne forcée par les observations régulières des grands établissements scientitiques, n'en devront pas moins explorer le ciel, toutes les fois que les brumes et les nuages n'en couvriront pas la surface. Eu leur recommandant le mois dernier l'étude du passage de l'essaim météorique du 10 août, nous avons oublié de les prévenir qu'une circonstance particulière ne permettrait pas à leurs recherches, même dans l'hy- pothèse d'un très-beau temps, d'être bien fructueuses. Eu effet, il y avait pleine lune le 8, etpar conséquent les plus brillants des météores pouvaient seuls, pen- dant les nuits voisines de cette date, vaincre en in- tensité la lueur lunaire et être aperçus : les nom- bres recueillis dans le but de constater soit l'affaiblis- sement, soit la recrudescence du phénomène, devaient perdre ainsi toute leur signification. Toutefois, était- ce une raison de s'abstenir absolument, ainsi que l'a i conseillé le HuUelin de V Association scientifique tic I France? (le n'est pas notre avis. H v a toujours tout, à gagner à suivre avec persévérance une série d'ob- servations commencées, et nous allons motiver notre manière de voir. Compter le nombre des météores filants, dans les nuits successives qui caractérisent celte pé- riode, est sans doute une fort bonne cliosî. Si la nuit est à la fois très-sereine et très-obscure, on aura un résultat qui, au point de vue de l'observa- tion, sera considéré comme un maximum. Mais n'y a-t-il pas néanmoins intérêt à noter les météores, moins nombreux qui se montrent dans un ciel illu- miné, par l'astre tics nuits à 1' ii.no quelconque, de ses [ phases 1 Eu comparant ce nombre restreint à celui des météores des années autérieures qui affectent la même grandeur apparente, ou peut en conclure le nombre probable de ceux que l'illuminai ion du ciel n'a pas permis de voir. En outre, le nombre des mé- téores n'est pus le, seul élément du phénomène à considérer; il y a la direction des trajectoires, les élé- ments de parallaxe aux. cas d'observations simulta- nées, et ce sont surtout les plus gros météores qui sont favorables à ce, genre de recherches II y a eiiliu 1er. pari Scolarités physiques qui no sont pas à dédai- gner dans une branche de la science, encore si peu avancée. Dans le mois de septembre, il n'y a guère, jusqu'à présent, d'essaims bien accusés. Cependant, dans une liste des poiuLs radiants dressés par Alexandre Ilers- chel, pour les essaims d'étoiles filantes, nous voyons les dates du G, du 12, du 17 et du 19 septembre comme celles d'apparitions antérieurement observées. S tic la Haleine, n. de (lassiopée ; a, 3, £ du Cocher, la Polaire sont les positions approchées des points ra- diants de ces essaims. 11 y a évidemment intérêt à vérifier si de nouveaux flux de météores se représen- teront à ces diverses dates. Il v a un autre phénomène céleste à observer dans ce mois. C'est la lumière zodiacale dont le fuseau co- nique et incliné à l'horizon est ordinairement, visible à l'orient, le matin, une heure ou deux avant le le- ver du soleil. En septembre, les lueurs crépuscu- laires ont le matin et le soir une faible durée et peu d'intensité : c'est à cette circonstance et à l'inclinai- sou moindre du fuseau zodiacal à l'horizon qu'est due la [dus grande facilité d'observation dn pbéno- LA NATURE. 211 mène. Sa hauteur et sa forme, son intensité, l'incli- son de son axe sont autant Je points qui méritent d'être soigneusement constatés. Revenons mainten;nit à l'astronomie planétaire. Septembre sera, cette année, un mois très-peu favo- rable aux observations des grandes planètes OU des planètes moyennes. Le 21, a lieu la conjonction su- périeure de Mercure, qui se lève les jours précédents d'autant plus avant le soleil que la date- est plus rap- prochée du l et du mois, et, les jours suivants se lève un peu après : dans tous les cas, observation diffi- cile. Vénus parcourt son arc diurne en partie la nuit, en partie le jour, l.'heuro de son lever varie de 1 h. 40 minutes à 2 h. 24 minutes du malin : pendant trois ou quatre heures, elle est donc visible ; mais sa plus grande élongatiou occidentale ayant eu lieu le 11 juillet, elle se rapproche angulairement du soleil eu s 'éloignant de la terre. Mars aussi s'éloigne rapi- dement cl d'ailleurs il se couche de bonne heure (de 9 b. 24 du soir à 8 b. 48); c'est à peine si on peut le voir quelque temps, un peu au-dessus de l'horizon quand les dernières lueurs du crépuscule sont, étein- tes. Jupiter se lève le matin, deùh. 28 m. ai h. 31. m. Dans les premiers jours du mois, il n'apparaît donc sur l'horizon que quelques minutes après le lever du soleil ; vers la ïiti de septembre, il précède l'astre radieux du 1 h. 25 minutes à la latitude de Paris; il ne sera donc observable que dans les derniers jours. De toutes les planètes principales, c'est, donc Sa- turne qui continuera, malgré sa faible altitude, à se trouver dans les circonstances les plus favorables à l'observation. Il se lève à la vérité de bonne heure (entre 4 h. 52 et 5 h. 32 du soir), mais il passe au méridien de 11 li. Il à 7 h. 50 et, jusqu'à sou cou- cher, qui a lieu peu après, minuit, il reste visible. Nous nous bornerons ce mois-ci à ces indications sommaires, eu renvoyant le lecteur aux bulletins as- tronomiques des mois précédents pour trouver la situation respective de chaque planète dans les con- stellations. Nous les retrouverons un peu plus tard quand ces positions seront assez notablement chan- gées pour nécessiter des indications nouvelles. Kn septembre, trois occultations par le disque de la lune d'étoiles visibles à l'œil nu auront lieu aux dates suivantes. L'étoile de 5" le ou 4" iC grandeur t du Sagittaire sera occultée le 2 septembre et la durée du phénomène sera, pour Paris, de 1 h. 43 minutes. Le 28> une étoile de 5 e grandeur do la même constella- tion sera occultée pendant 54 minutes. Enfin a delà même constellation, aussi de 5 e grandeur, le sera pendant 1 h. 01 minutes, le 50 septembre. Si, au lieu de se borner à Paris, on considérait les divers lieux de la terre, on trouverait 21 occultations et notam- ment celle de la planète Mars le 27 septembre. On sait de quel intérêt sont ces phénomènes pour les marins, qui peuvent déduire de ces observations la longitude du lieu où se trouvent leurs navires. En résumé, en dehors des observations régulières des grands ohservatoires, il y aura pou à glaner, ce mois de septembre, pour les amateurs astronomes, du moins pendant la nuit, à moins qu'ils ne se li- vrent à des études d'astronomie sidérale sur les étoiles et les nébuleuses. C'est malheureusement, enFranen, un domaine peu cultivé. 11 seraiL temps de prendre pour exemple, sens ce rapport, nos voisins d' outre- Manche, qui, dans de nombreux observatoiresprivés, parfaitement installés, étudient sans relâche ces ob- jets si intéressants. Kn attendant, il v a le soleil, ses taches, ses facnlcs, ses protubérances, rpii, grâce aux méthodes nouvelles d'observation, enrichissent cha- que jour de laits nouveaux les données qui serviront ds bascàréîaborationd'une théorie vraie de sa constitu- tion physique. La moisson a été si riche depuis quel- ques années qu'elle a fait éclorc maintes hypothèses, un pou hâtives à notre sens, mais dont les auteurs en se combattant et. en se réfutant réciproquement, font un travail de déhlayeuient nécessaire. Nous engageons les astronomes à se livrer de préférence aux observa- tions. Amédke Cuillehis. ^-,, SOLIVEAU YOYÀGE DAXS LA CHINE CEMHALE Le savant explorateur français , l'abbé Armand David, qui depuis douze ans n'a pas cessé de parcou- rir la Chine, en marquant chacune de ses étapes par de nouvelles conquêtes scientifiques, a récemment adressé une lettre fort intéressante à II. Daubrée, vice-président de la Société de géographie. C'est au prix des plus grondes fatigues que la récente explo- ration du vaillant vovagour s'est accomplie; car l'abbé David a l'habitude do traverser presque tou- jours à pied Ses pays qu'il étudie, et il ne manque pas de pousser des pointes en dehors de sa route, pour peu qu'il y ait à coté de son chemin quelque moisson à recueillir au nom de la géographie ou des sciences naturelles. Au mois de mars de cette année, notre compatriote a éprouvé de sérieuses difficultés ausud-estdeChen-Si.près de la ville do llaug-Teboiig- bou, sur les frontières de Ïse-Tchuen etdu Kan-Sou. C'est en vain qu'il a tenté de pénétrer dans cette dernière province, où une violente rébellion des musulmans vient d'éclater; il fut obligé de rétro- grader faute de guides et de porteurs. L'abbé David, pour arriver jusque-là, a traversé les monts Tsin-Lin, où il lui a été possible de recueillir de véritables richesses géologiques et niiuéralogiques. Les détails que donne l'explorateur sur la pro- vince Cheu-Si sont du plus triste intérêt. La ville la plus importante do ce district, Ibiu-'fehong-Fou, vient d'être presque entièrement détruite par les rebelles Teliang-Mao. Ces rebelles, que les Chinois i appellent Tseï (voleurs), réunis en nombre incalcu- lable, ont pu exercer impunément des dévastations et des ravages épouvantables. Triste spectacle que celui de ces dissensions, de ces querelles, de ces 212 LA NATUliE. guerres que l'on rencontre, partout hélas ! à ht sur- face du sphéroïde terrestre. Détournons les veux de ces scènes navrantes, pour envisager les résultats scientifiques de la nouvelle exploration. Les recherches géographiques de l'ahbé David ont eu principalement pour but d'étudier le coins d'un grand fleuve Chinois, Je Kan-Kian, qui traverse la ville d'IIau-'fchong-Fou et va se jeter plus loin, dans le fleuve .Bleu, actuellement exploré, comme nous l'avons dit, par un autre de nos compatriotes, M. Francis damier '. Au nord des monts Tain-Lin, l'abbé David a rencontré des gisements houillers assez considérables; il a eu même la bonne fortune d'étudier le mode d'exploitation usité par les Chi- nois dans les collines de Lean-Cliau. Il existe là des massifs géologiques fort puissants formés d'un cal- caire cristallin, sonore connue un métal, cl qui donne une chaux vive, d'excellente qualité. Le com- bustible nécessaire à la transformation du carbonate de chaux naturel eu chaux vive est précisément extrait des houillères voisines, que les habitants exploitent sur une grande échelle. Les calcaires de Le.m-Chan abondent eu coquilles fossiles, ils en sont pour ainsi dire formés de toute pièce; ces coquilles sont de dimensions Irès-variables, il en est d'aussi fines qu'un mire-dent, tandis quu d'autres atteignent la grosseur du bras. Du se rappelle que l'abbé David, lors de ses précé- dents voyages, a rapporté en France des collections incomparables d'animaux empaillés, de pierres, de roches, de produits divers peu connus et souvent nouveaux; il n'en sera 'pas de même cette fois, comme vient de l'annoncer une lettre réconte de M- Francis damier. Ce dernier voyageur a rencontré l'abbé David au point où le Ibui-Kiaii se réunit au fleuve Bleu; l'infortuné missionnaire avait perdu dans un naufrage sur le llan-Kian toute sa précieuse cargaison. La barque qui portait l'explorateur et sa fortune de collections a sombré, engloutissant avec elle d'innombrables objets recueillis au prix des plus persévérants efforts. Col événement a vivement trappe l'esprit de l'abbé David, qui a pris la résolution de revenir en France, où il ne tardera pas à nous rapporter, à défauts d'échantillons, des récils du plus haut intérêt ut des faits toujours utiles à inscrire dans les annales de la science. LA lt LÉGUAI 'ME ATMOSPHÉRIQUE (Suite, — Voy. p. 193.) LE HATÉr.lia KT LKS DKl'ÉLUES. I luîtes à dépêchât. — Les voyageurs qui prennent place dans les convois lilliputiens que nous avons dé- crits sonl des plis fermés contenant un message. On les empile par groupes de ÔO à 40 dans un curseur. 1 Voy. Voyage d'exploration en Iiuto-Chinc, p. iS2. i Ce curseur ou boite est formé de deux cylindres : l'un intérieur, en lûle ; l'autre extérieur, en cuir, servant, d'enveloppe au premier, four composer un train, il faut ajouter après la dernière boîte un pin- ton, afin de ne pas perdre la pression de l'air. Le piston est un morceau de bois garni d'une collerette eu cuir, qui prend la forme intérieure du tube et constitue un jouit presque hermétique, sans trop de frottement. Appareil de réception et d'expédition. — Nous avons donné dans le précédent article le dessin du récepteur adopté d'abord, il est fort simple et peu encombrant; l'expédition se l'ait par la même porte qui sert à l'extraction des boîtes. Quand il faut trans- border un train d'une ligne dans une autre, cette manœuvre n'est ni assez rapide ni assez commode. On emploie maintenant un système plus complet qui e-^l représenté ci-contre. Le dessin s'explique, de lui-même : deux lignes pénètrent dans le bureau, aboutissant chacune à un appareil distinct. Au premier plan, nu agent ouvre la porte A au niojeu du levier d qui sert à l'expédi- tion; les boites et le pistou sont jetés dans le tube, et attendent au point bas le courant d'air qui doit les propulser. Ce courant est produit au moment de l'ouverture du robinet c, qui commande la tète de l'appareil opposée au tube, Le robinet c' distribue l'air sur la seconde ligne. Au second plan, la porto de réception I! est ouverte par un deuxième agent, le train est en gare, les boîb's attendent qu'on les relire du tube pour donner le jour aux télégrammes. Tout cet attirail a quelque chose de la forme d'un canon; l'effet seulement est [dus bénin, les artil- leurs ne sont pas exposés à être tués; le pue accident qu'ils aient à redouter est de boucher le tube. Nous reviendrons sur cet inconvénient, qui se produit très- rarement. Avant.de quitter l'appareil horizontal, nous indi- querons une disposition qui est usitée, lorsqu'au lieu de l'appliquer à un poste tête de ligne, on le fait fonctionner dans une station intcrmédiciire. Cette distinction se rattache au groupement des bureaux par rapport aux moyens de production de force. Il est évident, en effet, qu'il n'est pas nécossairequo cha- que bureau ait à sa disposition une provision d'air comprimé ou raréfié pour desservir les lignes adja- centes. On conçoit très-bien, qu'au moyen de centres de production repartis, par exemple, de trois mtrois kilomètres, on puisse desservir trois sections consé- cutives. L'installation de la station intermédiaire sera cal- quée sur celle dcl'e'ctuse d'un canal. Lorsque le train aura franchi la première section, une valve conve- nable maintiendra la pression à Vamoilt pendant l'o- pération du transbordement du train, et un robinet de communication, ouvert à propos, permettrai l'air de passer de la première section dans la seconde, pour pousser le train qui y aura clé engagé. Lu lec- teur complétera cetle esquisse ; par cette description sommaire, il aura une idée des divers dispositifs de LA NATURE. 213 détail que comporte l'cxfiïoïtat ion du réseau des tubes pneumatiques. Le ili^vtl i)| ijhmih lit total |i(iur le service télégraphique de Paris atteindra ëiu Uilo- mètres pour desservir autant de stations. Dépèehes. — La machine est. montée, nous pou- vons pénétrer plus avant dans le jeu des evrle-. Los dépêches appartiennent à rlinx catégories : il y a les demandes et les réponses, les ordres et le eom])te rendu de l'exécution. Tout cola peut s'échanger d'abord entre un point de 1 la ville et. un point de l'ex- térieur (province nu étranger), ou inversement. (le qu'il faut dans ce cas, c'est un centre, nom que nous avons donné à l 'hôtel des tdeijrapUes de. la rue de Grenelle, on relation d'une part avec Vexlericur par le réseau des (ils électriques, el avec Vintei iear par le réseau des tubes pneumatiques. Les circuits fermés, représentés sur le plan donné précédem- ment ép. ll)7'i, expliquent comment celte doulilo. cir- culation est olitomu' par l'échange des Luîtes de dé- finit substituées aux boites iVarrli:e'e dans ebaque, bureau de passage. Les facteurs effectuent la distribution dans la cir- conscription de. leur station, tandis que le public vient au guichet pour faire taxer son message. Au- trefois raduiiuisfralion avait adopté un système de, liiubies d'affrancliissianeut qui devait être complété "' .'■;: ;-.-. ■■'■;: :- ; '^".r .V]i|.i i.lifii fi il'.'-iiiî'iU par rétablissement de boîtes fixes levées [ érioibque- meiit, afin de faciliter le dépôt. 11 a fallu reconnaître que l'éducation télégraphique n'était pas assez avan- cée dans notre pays pour que l'adoption de cette mesure fut opportune Les dépécliesainsi affranchies par l'expéditeur étaient, lupins souvent rédigées d'une manière incomplète ou écrites d'une façon illisible, lorsqu'il n'arrivait pus que le compte, des mots était erroné, au détriment de la taxe. Le réseau des tubes pneumatiques remplit encore une fonction importante. 11 s'adapte bien au service dit de la petite ponte, c'est-à-dire, à l'échange des dé- ] êehes de la ville, pour la ville. Ou aperçoit dans ce cas un avantage nouveau : les dépêches peuvent être remises en oriijinul. Avec le tracé adopté, lorsque le réseau sera complet, un pli pourra toujours cire remis d'un quartier à l'autre le, plus éloigné, dans un intervalle de temps qui ne dépassera [tas une heure. (iliaque année le. développement des lignes aug- mente et le nombre des télégrammes de Paris pour Paris dont la minute elle-même peut être transmise, est de [dus en plus grand. 11 semble que le compte des moî.ï soif un noir sens dans ce système de transmission, et que l'application de la taxe devrait se faire d'après le pouls, fie Ile ob- servation qui est souvent reproduite est fondée; si l'usage ; ilcieil a ] révalu jusqu'ici, c'est que les dé- pêches qui trau.si.tent eeclnsiveweid par le tube sont l'exception, tant ([ne le travail général n'isl, pas terminé. Siijmnt r clcctiit/iies. — Nous terminerons aujour- 214 LA NATURE. d'hui tin indiquant, comment la télégraphie électri- que remplit un emploi accessoire dans le fonctionne- ment des tubes pneumatiques. Les manœuvres d'expédition et de réception des trains ressemblent, ainsi que nous l'avons dit, à celles de l'exploitation d'un chemin do 1er en minia- ture. La plupart du temps, ce chemin est à voie unique; pour éviter les collisions et les portes d'air quand le convoi est arrivé à destinulion, on a disposé parallèlement au tube un lil électrique aboutissant dans chaque station à une sonnerie et à une ydle. Des signaux réglementaires sont échangés à chaque arrivée; grâce à cette précaution, les remontres de- viennent presque incessibles. Les seuls accidents sont 1rs dérangements produîls par des avaries sur- venues aux divers accessoires de J'expluilation. Cil. IluMKMT'S. — la suite pio:li;mu'mi.'nt. — - s<><— LA MORTALITÉ U FRANCE Une des dernières séances de l'Académie de méde- cine l a été presque, entièrement consacrée à une fort curieuse communication de M. Ileitillon sur le mou- vement de la population française. i\ous empruntons à la Gazelle hebdomadaire de médecine el de ehirur- yie le compte rendu de celte intéressante séance. M. ILrfilloii constale avec regret que la population tend à diminuer tous le.sansscnsiblernenl.cn France. Quelles sont, en dehors des événements imprévus (épidémies, guerres ou lamines), les causes de cette diminution progressive? L'auleur ne peut naturelle- ment, les indiquer; il se contente d'appeler l'attenl ion sur cette question l'oit importante et de fournir des documents qui permettront peut-être de résoudre un jour ce, problème. Aujourd'hui il se propose de montrer l'intUience de l'âge, du sexe, de l'état civil, des professions el. des saisons sur la marche de la mortalité, non-seulement dans toute la Franco en général, mais encore dans chaque département. Pour aider à la démonstration, l'auteur fait passer sous les veux de l'Académie, une série de caries de France où des teiules graduées de- puis la couleur la plus claire jusqu'à la plus foncée permettent de saisir d'un coup d'œil dans chaque département l'état de, la mortalité suivant l'âge, le sexe ou le climat, (l'est, pour nous servir de l'ex- pression de M. hVrtillnu, « une véritable lanterne magique, » fort inléressanle,fort curieuse sans doute, mais bien lugubre aussi; car la mort domine tou- jours la scène, et nous la voyous dans tous ces ta- bleaux frapper de préférence ici les nouveau-nés, là les enfants en bas âge, [dus loin les adultes Ou les boulines nnirs, et les frapper prématurément suivant des lois qui nous sont malheureusement encore in- connues. ' 19 août 1873, Ce travail comprend environ quarante cartes, dont M. Beiidlon n'a fait passer qu'une dizaine sous les yeuv de l'Académie. ^Naturellement nous ne les cite- rons pas toutes, nous nous contenterons d'eu rappe- ler quelques-unes où l'on trouve des renseignements instructifs et parfois fort inattendus. Ainsi, dans un tableau qui représente la mortalité suivant, les âges, on trouve que, pour la première année, il y a nue différence notable entre les dépar- tements les plus favorisés et les plus malheureux ; dans les premiers, on a 100 décès sur 1,000, dans les autres plus de Ô00. La principale cause de cette effrayante mortalité serait duc, suivant M. Berlilkui, à la désastreuse industrielles nourrices. « Si l'on ar- rivait, ajnute-t-il, par des mesures énergiques à ra- mener la mortalité exagérée de ces départements à la mortalité moyenne, on sauverait annuellement H à 15,000 enfants. » De un à cinq ans, la mortalité est beaucoup plus marquée dans tous les départements du littoral de la Méditerranée, où elle monte à (10 sur 1,000, tandis que dans d'autres elle n'atteint que 22 sur 1,000. M. Derlillon croit que, cette différence tient surtout à. la chaleur, à la sécheresse et aux vents qui soufflent continuellement dans ces parae.es. De vingt à trente ans, la mortalité augmente subitement et d'une fa- çon t rès-sensihle. La différence entre les départements les plus favorisés et les plus frappés est près du double. M, IJei'tillou appelle l'attention del'Aeadémie sur cette augmentation subite de, la mortalité à l'âge adulte, augmentation qui serait propre à la Franco, car il ne !'a pas constatée pour les autres pays de l'Iiiiropc. Le sexe paraît avoir quelque influence : ainsi, dans certains département-, la mortalité du sexe masculin dépasse de 5 à 10 pour 100 celle des femmes ; dans d'autres, au contraire, les femmes meurent plus que les hommes, et dans une propor- tion de 10 à 20 pour 100. Dans un autre tableau, nous voyons quelles sont les chances de mort pour chaque âge ; la première année, c'est une véritable hécatombe, et près du quart dos enfants succombent dès leur entrée dans le monde. Plus lard, les chances diminuent jusqu'à vingt ans, où l'on constate l'augmentation subite si- gnalée plus haut et malheureusement spéciale à notre pays. 11 faut arriver à quarante-cinq ans pour retrouver la même mortalité que de vingt à vingt- cinq, c'est-à-dire qu'un jeune homme de vingt-deux ans a plus de chances de mourir qu'un homme de quarante ans. Voilà certainement un fait dont ou ne se doutait guère. M. Portillon nous montre ensuite l'influence des villes ou des campagnes sur la mortalité; cette in- fluence se faisant surtout sentir suivant que l'enfant est légitime ou illégitime. Il arrive à ce singulier ré- sultat que. la mortalité est beaucoup [dus grande pour les enfants illégitimes dans les campagnes que dans les \illes, et il insiste sur ce fait qui, suivant lui, n'avait pas encore été signalé. Dans les villes , en eflet, la mortalité des enfants illégitimes n'est que LA NATURE. 21 î de 53 pour 1,000, tandis que dans les campagnes elle mnnte à 32 pour 1 ,000. M. Picord lui demande s'il a établi dans ce tableau une différence cuire les enfants illégitimes indigents et les enfants illégitimes qu'on envoie de la ville en province pour s'en débarrasser, ce qu'il appelle dos infanticides par commission, il. Bertillon lui répond qu'il n'a pris que les enfants illégitimes nés dans le département même. Quant aux saisons, elles au- raient, au point de vue de l'enfance, une inlluence contraire aux idées généralement admises; car, d'a- près les tableaux île M, Bertillon, c'est dans les mois chauds qu'on trouve pour les enfants la plus forte mortalité. M. Bertillon a cherché ensuite quelle pouvait être l'influence de la profession. Ne trouvant pas de do- cuments en Franco, il en a emprunté à l'étranger fit a trouvé dans une statistique anglaise que, dans la période de trente-cinq à quarante-cinq ans, c'est-à- dire dans la force de l'âge, la mortalité était do pour 100 par au pour les pasteurs et les magistrats, 7 pour les fermiers, 3 pour le petit commerce et les épiciers, 10 pour les maçons, les cordonniers, les domestiques et les lords anglais, 13 pour les méde- cins et 19 pour les marchands de spiritueux, les au- bergistes et autres méfers favorisant les excès alcoo- liques. Frappé de celte égalité étrange et inattendue du maçon et du noble lord anglais devant la mort, de trente-cinq à quarante-cinq ans, égalité qui n'existe plus aux autres périodes de la vie, M. Bertillon s'est demandé quelle pouvait en être la raison, et il en donne l'explication suivante : que, dans l'enfance et la vieillesse, les nobles anglais bénéficient, sans pou- voir en abuser, des bienfaits de la foi 1 tune, tandis que dans la force de l'âge ds en usent et, eu abusent et arrivent à mourir dans la même proportion que les maçons et les domestiques. M. llertillon termine enfin cette fort intéressante communication par l'é- tude de l'influence du mariage et du nombre des en- fants sur la mortalité, la criminalité et le suicide, et à ce dernier point de vue il démontre, tableau en niain, que les suicides sont bien moins nombreux chez les époux ou les veufs qui ont des enfants. * LA NOUVELLE-CALÉDONIE La Nouvelle-Calédonie, l'une des îles les plus vas- tes de la Mélauésie, est comprise entre 20 et 25 de- grés de latitude sud et les 101 et 101 degrés de lon- gitude est méridien de Paris. Longue de 75 lieues et large de \ 5, elle présente une superficie de deux mil- lions d'hectares, c'est-à-dire quarante fois l'étendue, du département de la Seine. Entourée à une distance, de vingt kilomètres par une ceinture de récifs madré- poriques coupée seulement à l'embouchure dos grands cours d'eau, l'île est partagée par de hautes montagnes en vallées étroites, sauf celles du Diahot, où coulenl une multitude de rivières torontueuscs qui répandent sur leurs bords la plus luxuriante fécon- dité. Telle est en peu de mots la grande terre autour de laquelle est semé à des distances peu éloignées un certain nombre d'îles et d'archipels. A l'est, ce sont : l'île Nou ou Duboir/ot, qui ferme le port de Nouméa, plus bas les trois îles Le Prédour, Ilugon, et Ducos dans la baie de Saint-Vincent, file Oucn aux carrières de Jade ascien, dont les naturels faisaient autrefois leurs plus belles haches ; au sud, l'île des Pins, la Kunié des indigènes ; à l'ouest, l'archipel des Loyal t.y, composé des trois grandes îles : Mare, I.jfou, et Cvéa, auquel se rattache [dus liant le groupe des lîelep; enfin au nord, l'archipel dos Neménas. Découverte, le 1 septembre 1771, parCook, qui dé- barqua à Balade, elle fui, ensuite visitée à deux repri- ses par d'Knlreeasfeaiix. Des catéchistes protestants avaient déjà vainement essayé de convertir les indigè- nes, lorsque nosmissiomiairesydébarquèrenteu 1 8 13, Leurs tentatives ne furent pas beaucoup plus heu- reuses, car ils étaient quatre ans plus tard forcés par un soulèvement général des naturels de se réfugier à l'île des Pins, En 1831, une embarcation delà cor- vette l'Alcmène, montée par treize mateloLs et deux enseignes, fut surprise par les indigènes; nos mal- heureux compatriotes furent massacrés et leurs res- tes partagés entre ces cannibales, qui les dévorèrent. Les insultes répétées infligées à notre pavillon, les rapports des commandants de navires de guerre qui s'étaient avancés dans l'intérieur de l'île on en avaient reconnu les côtes, les discussions à la Cham- bre sur le choix d'une colonie pénitentiaire, déter- minèrent le gouvernement à prendre possession de la Nouvelle-Calédonie, et, le 1 er mai 1853, le pavil- lon français y fut solennellement planté. Depuis cette époque, nous avons eu maintes fois maille à partir avec les indigènes, mais les châtiments répétés que nous leur avons infligés, ainsi que l'importance crois- sante de nos établissements et l'ouverture de nom- breuses voies de communication à travers le pays, leur ont montré l'inanité de la résistance, et nous sommes aujourd'hui les maîtres incontestés d'une magnifique contrée qui pourra devenir, si le gouver- nement persévère dans la voie inaugurée par le com- mandant actuel, JJ. de la Pêcherie, une de nos colo- nies les plus prospères. Bans cette île montagneuse les sommets les plus élevés atteignent 1,1100 mètres, les pentes sont douces et cultivables et les eûtes sont décou- pées en criques d'un accès difficile, mais d'un excel- lent mouillage. Notre gravure, qui représente le port d'Oubatche, donne une juste idée de la magnificence des rivages de la Nouvelle-Calédonie, où des coteaux riants et luxuriants encadrent de véritables oasis de verdure. Les ressources minérales sont d'une richesse prodigieuse. Ce sont : le grès, la pierre calcaire, les marbres gris, roses, blancs ouveits, l'ardoise, souvent d'assez mauvaise qualité, l'argile com- mune, dont on fait à Nouméa des Iniques et des tui- les, le kaolin, le fer qu'on ne pourra malheureuse- 216 LA NATURE. ment songer de longtemps à exploiter, à cause du Lan marché des fers travaillés de l'Australie et la tourbe extraite en abondance des marais de la eùte. Des affleurements considérables de houille ont été déeonverls dans le voirinage de. Nouméa, mais le char- bon (ju'on eu extrait, peu chargé de biLume, semble être d'une qualité inférieure. C'est l'exploitation de l'or qui a donné jusqu'ici les plus beaux résultats. En -1871, dans une salle rlu musée de. Nouméa étaient exposés deux énormes morceaux d'or amalgamé d'une valeur de 17,000 francs, et ù la même époque l'or du Diuhot valait, à Sidnev 90 francs l'once. Au reste, dans toute la partie septentrionale de la colo- nie, dans l'ile de Palm, ou trouve presque partout des terrains aurifères et l'on exploite aujourd'hui les carrières de quartz aurifère de Mauglihie. Cependant ce n'est pas dans l'exploitation des mines, si nombreuses et si riches qu'elles soient, que les* <$ï,Art ; 1« £* O . ■*" «^ Tes? >■ 1 if Jh ■ '"-1 ■^*^r '*■» "' '■ M "s •■ ■. ■ "ssv**-,. o * ^S? : 'm f -fe. -À.'. '.-,.. * -■■ . . •. '.. " ; ^Q^ ,.„„, , VV': ^i*'5' '"' « "^W 1 """ ■■■■■- CARTE KOUVUUCALÉOQNIE f^S^: ■ . ^s..- *«^Çfe ':. '.'.-. ,-'.,.■ ., ■ '■'■! . V : •" < 182* "i ivmn-i t-t t-ari i^^;^-.ss^sr.-.-=r-i< Ôïtsf* J^M £r>^»^ 13 F fiuguay Treuil* le colon trouvera le revenu le plus sur et le. plus rapide. En effet, la nature, prodigue de ses dons, a gratifié cette terre vierge d'une fécondité que vient encore développer son climat exceptionnel. Le blanc n'a pas à subir d'acclimatement dans ce pajsd'une salubrité extraordinaire, et malgré le grand nombre de marais que l'on a déjà commence d'utili- ser pour la culture, les fièvres paludéennes sont rares et l'on n'a jamais signalé parmi nos travail- leurs ni dyssenterie, ni maladie de foie, ni coliques sèches, fléaux habituels de ces climats. La chaleur modérée varieenlre ces deux points extrêmes, lu et 30 degrés centigrades. Le seul inconvénient du pavs, c'est la multitude des moustiques, dont on ne parvient à se débarrasser qu'en «'entourant d'épais nuages de fumée. L'année se partage en deux saisons : l'hiver- nage, saison des pluies et des grandes chaleurs, et la saison sèche et fraîche. A certaines périodes de l'an- née, d'immenses cyclones s'abattent sur l'ile; ces trombes de vent et de pluie brisent et emportent tout sur leur passage; les ruisseaux devenus torrents dé- bordent sur les plantations riveraines, les boulever- sent, les entraînent au loin ou les recouvrent d'une épaisse couche de sable et de cailloux. LA NATURE. 217 IJuoi qu'il pu soit, les cultures les pi lis varJt'rs poussent sans effort ; le riz, le maïs, la pomme ilt 1 . terre, la betterave, la patate douce et tous les légumes d'Europe se sont acclimatés facile- ment. La culture de. la vigne paraît également devoir réussir. Le pé- cher, le fraisier, l'ana- nas, l'oranger, le citron- nier, le papayer, leponi- mier cannelle, lemango, le vanillier, le bananier, le cocotier, les piments sont des produits indi- gènes ou importés qui donnent des fruits excel- lents. La canne à sucre, l'igname, le taro, le ri- cin, le niaouli,ct le san- dal, donnent des rende- ments toujours pluscon- sidérables , ainsi que le coton, dont la culture tend tous les jours à se propager. Après la description générale du pays, après rémunération de ses ri- chesses minérales et vé- gétales, il convient de dire quelques mots de la race indigène. Les Néo- Calédoniens, dont l'on évalue généralement le nombre à 50,000, sont fortement constitués. Beaucoup plus noirs que les Polynésiens, ils le sont moins que les nè- gres; leur barbe est fournie et leur cheve- lure épaisse et crépue. Les femmes dans l'ex- trême jeunesse ont un moment d'éclat, auquel la laideur la [dus re- poussante ne tarde pas à succéder. Les guerres de tribu à tribu, causées par la jalousie des chefs ou le besoin do se procurer des prisonniers destinés à être mangés, ainsi que les affections de poitrine auxquels sont sujets les f -9: ;,:-:■■ ,;■■:;-. ;.,'"'' •"''?; i 'Mm " : 218 LA NATURE. indigènes, le peu dr, fécondité des femmes, ainsi que l'usngc de la polygamie, sont les causes principales du peu de densité de la population. Les naturels possèdent en agriculture des connaissances assez avancées, savent étngcr leurs cultures sur les flancs des collines et détourner les ruisseaux pour les arro- ser, niais ils sont d'une telle imprévoyance, qu'à peine faite, la récolte est déjà consommée; de là ces famines fréquentes pendant lesquelles ils se repais- sent d'une sorte- de stéalite qui endort l'estomac. Nous n'avons pu jusqu'ici les plier à notre civilisa- tion ; ils viennent bien travailler quelques jours à la fabrication de l'huile île coco, mais ils disparaissent dès qu'ils ont gagné assez d'argent pour acheter une pipe et du tabac. Le gouvernement, reconnaissant l'insalubrité de la Guyane, a envoyé à la Nouvelle-Calédonie en lSu'i, un premier convoi de 230 forçats, bientôt suivi de plusieurs autres, qui débarquèrent leur cargaison hu- maine au pénitencier de l'île de Non. Depuis cette époque, le nombre des ouvriers de la Iranspnrtathm s'est constamment élevé; i! était, au ~>l décem- bre 1871, de 27 ju; leur sort s'est amélioré en raison tic leur bonne conduite et 274 de ces égarés étaient, au 1 or janvier 1872, Idiérés, mais en surveillance. Nos établissements se sont développés. Nouméa est devenue une ville, où l'eau est malheureusement introuvable; les bourgs de Nakcty, de Kanala, de Kouahoua, de llouagap, d'tlicnguene, de l'uebo, et de Balade se sont créés, les défrichements et les plan- tations se sont étendus, le commerce et, l'industrie ont pris une certaine activité, que vont sans doute développer les conditions nouvelles d'existence faites à la colonie par la loi du '23 mars 1871, oui affec- tait à la déportation certaines parties de la Calédonie et quelques-unes de ses dépendances. Gabriel Marcel. ..;>„ EFFETS DE LA LUMIERE SUR LE SÉLÉNIUM. La Société des ingénieurs du télégraphe a reçu dernièrement une communication très-importante, laite par M. Willoughby Smith sur l'effet extraor- dinaire de la lumière sur le sélénium. La découverte du sélénium est, comme on le sait, déjà ancienne, mais c'est tout dernièrement seulement qu'on a uti- lisé ses propriétés particulières dans certaines opé- rations électriques. Le sélénium, après avoir été fondu et doucement refroidi, possède une couleur éclatante d'un bleu gris; si on le refroidit rapide- ment, il prend l'éclat métallique. Sa densité est de 4,30. Il s'amollit à la température de 74" centigra- des et devient pâteux à 101)" ; on peut l'étirer en iils, quand on le soumet à une plus liante température. D'après des expériences exécutées depuis peu, i! pa- raît que le sélénium est un corps conducteur de l'électricité, mais c'est une des substances qui offre le plus île résistance à son passage. Les grandes dif- iicultés qui se présentent pour la fabrication de ce métal rendent les recherches expérimentales assez rares. Cependant, on a obtenu quelques spécimens (pli ont permis d'entreprendre des essais du plus haut intérêt. Dans le magnifique système imaginé par M. Wil- loughby Smith et qu'il a introduit pour l'essai des câbles sous-marins pendant leur submersion, il est nécessaire d'établir à la cote une résistance qui indi- que celle que le câble oppose par son isolation; le câble est constamment essavé par ce moven. Un cou- rant provenant d'un nombre donné d'éléments passe à travers un galvanomètre, situé à bord du navire qui déroule le câble ; de là il suit le fil sous-marin et vient aboutir à un second galvanomètre placé à la côte, d'où il se rend dans le réservoir commun, la terre, eu surmontant la haute résistance qu'elle op- pose. On observe un écart sur l'aiguille du galvano- mètre du navire, écart dû à la légère peite qu'é- prouve le courant d'électricité dans son trajet à travers le câble aussi bien qu'à son arrivée dans la terre. Un écart constant est donc obtenu (il décroît à mesure que le câble se déroule) et pendant que le svslème, capable de maintenir cet essai à tout instant, est en action, on a l'énorme avantage de pouvoir établir une libre correspondance entre le navire et la cote, sans interrompre l'essai permanent d'isolation. Cette communication s'établit facilement entre les deux stations en augmentant nu en dimi- nuant légèrement l'écart permanent du galvanomè- tre, par une modification des la dose d'électricité dans une telle mesure que ces changements puissent être pris comme des signaux de convention. Avec ces dispositions, il y a un grand intérêt à employer quelque malière qui possède la résistance requise, il y aurait un grand avantage à ce que cette résistance soit constante sous toutes les circonstances et qu'elle reste, aussi invariable que possible. L'au- teur de ce système, connaissant les propriétés du sélé- nium, se décida à l'aire des expériences à ce. sujet. Il obtint plusieurs petits barreaux variant d'une lon- gueur de 5 à 10 centimètres et d'un diamètre de 1 à 1,5 millimètres. Ces petits barreaux, entourés de fils de platine, étaient renfermés dans des tubes en verre. On trouva que le sélénium possédait la haute résistance que l'on recherchait, mais malheureuse- ment il y avait une grande disparité dans sa cou-' stanec et les essais concordaient rarement entre eux. Un recherchant les circonstances qui occasionnaient d'aussi grandes différences dans ces résistances, on remarqua en dernier lieu que la lumière était une des causes principales de ce fait, et .M. W. Smith découvrit alors que la résistance était modifiée pro- portionnellement à l'intensité de la lumière à la- quelle le sélénium était exposé. Quand les barreaux étaient fixés dans une boite munie d'un couvercle qui pouvait glisser de façon à intercepter toute, lumière, leur résistance était la plus haute et de- LA NATUnE. 219 mcurait très-constante, ils remplissaient ainsi plei- nement les conditions recherchées dans cet essai; m.'iis aussitôt qu'on ouvrait le couvercle de la boîte, la conductibilité- s'accroissait depuis lu jusqu'à 100 pour cent, suivant, l'intensité de la lumière arrivant sur les barreaux. Différentes expériences eurent lieu pendant lesquelles on interceptait la lumière soit avec la main, soit avec des verres colorés, et l'on trouva chaque fois que la résistance variait avec l'in- terruption de la lumière-. La température pourrait aussi être une cause d'altération pour les qualités du sélénium en essai, mais il fut prouvé qu'elle n'agissait en rien; on plaça un des barreaux dans un vase d'eau que l'on soumit à diverses températures, la chaleur n'exer- çait aucune action sur le pouvoir conducteur du sélénium; la différence, dans les résultats était uni- quement due à l'accroissement ou à la diminution de la lumière. PLUIE MÉTÉORIQUE Le 1 S mars de cette aimée, il est tombé, à Alexan- drie, une averse tout à l'ait extraordinaire; l'eau rie la pluie, au lieu d'être pure et limpide, était trouble, jaunâtre et chargée d'un sédiment ferrugineux. L'observatoire météorologique d'Alexandrie, recueil- lit dans sou pluviomètre, un volume assez considé- rable de cette eau anormale, que M. Ciulio, profes- seur 1 de chimie à l'université de celte ville, s'csl chargé d'analyser avec le plus grand soin. Nous avons en notre possession les résultats de ce travail intéressant et nous sommes heureux de les publier, au moment ou l'illustre professeur Nordenskiold, vient de jeter un jour nouveau sur les sédiments atmosphériques ; cet explorateur, comme le savent nos lecteurs, a examiné la neige des régions polaires et il y a découvert des granulations de carbone, pro- bablement duos aux débris de météores, pulvérisés dans les hautes régions de l'air. Des pluies analogues à celle qui est tombée à Alexandrie ont fréquemment inondé le sol des pays civilisés, mais c'est à peine si l'on a daigné prêter quelque attention à ces grandes expériences delà nature. Combien de fois n'a-t-on pas repoussé avec dédain le récit d'observateurs sin- cères rapportant qu'ils avaient vu tomber des pluies de soufre et des pluies de sang, affirmant que l'eau du ciel offrait des propriétés exceptionnelles ! Ce n'é- tait évidemment ni du soufre ni du sang qui colo- raient l'eau condensée au sein, de l'air, mais proba- blement la matière des aérolitlies pulvérisés, qui s'était mêlée à la vapeur d'eau des nuages, au moment où elle reprenait l'état liquide, ou bien encore les poussières terrestres enlevées du sol par quelque ouragan. L'eau tombée du ciel, à Alexandrie, le 18 mars 1873, trouble, et d'une couleur gris jaunâtre, était sans odeur et d'une saveur particulièrement terreuse. Après un long repos elle laissait déposer un sédiment brunâtre, tacheté de grains noirâtres, sans qu'elle pût devenir complètement limpide, quel que soit le temps de repos auquel elle était soumise. Quand on la filtrait, la fine poussière qui en troublait la trans- parence était si ténue qu'elle passait d'abord à tra- vers les pores du filtre, et ce n'est qu'après un grand nombre de filtrations successives, qu'il lut possible de l'obtenir limpide et claire. A cet état, sa densité était de 1,00029. Elle n'offrait pas du réaction acide ou alcaline ; elle était par conséquent complètement neutre. D'après M. Guilio, voici la composition de cette eau de pluie. Un litre contenait 0« r ,123 de matières solides, formées de O f ,007 de substances minérales et de 0= r ,0TiG de substances organiques. Les matières mi- nérales solubles dans l'acide elilorhydrique étaient formées de carbonate de chaux, de carbonate de ma- gnésie, de sesquioxyde de fer (0* r ,016), de traces de silice et d'alumine. Les matières minérales insolu- bles étaient essentiellement formées de silice et d'alu- mine. La matière organique renfermait de notables proportions d'azote. Los dernières observations du professeur Rordens- Uïold tendent à démontrer que l'eau condensée à l'état de pluie ou de neige, peut en balayant les hautes régions de l'air, se charger de poussières mé- téoriques, dont elle rapporte les vestiges, jusqu'à la surface du sol. Il y a déjà quelques années, un chi- miste des États-Unis, M. Phipson, ayant, exposé au vent des plaques de verre enduites d'un corps vis- queux comme la gélatine, pendant les nuits où les averses de. météores étaient abondantes, a retrouvé de nombreux débris de poussière ferrugineuse à la surface polie de la glace qu'il avait opposée au cou- rant atmosphérique. Il est. certain que des météo- rites se brisent et font en quelque sorte explosion dans les hautes régions de l'air ; il est donc très-natu- rel que la poussière produite par cette porphyrisa- tion tombe à la surface de la terre, ou est entraînée par les eaux pluviales qui peuvent se former au moment de cette pulvérisation. Il est possible même que ces sédiments célestes jouent un grand rôle dans l'économie de notre globe, et nous ne serions pas éloigné de croire que si les météorites visibles à l'œil nu sont innombrables, ceux que l'on ne voit pas, et qui tombent sur notre terre à l'état de poussière im- palpable, sont plus innombrables encore. 11 ne faudrait pas cependant pousser à l'escès une semblable Ihéorie ; les pluies chargées de substances minérales semblables à celle qui est tombée à Alexandrie peuvent uniquement contenir des pous- sières terrestres enlevées dans l'air par des vents violents. Sachons être éclectiques dans les explica- tions des phénomènes terrestres, comme la nature l'est elle-même dans les causes qui les produisent. Gastos Tissaswer. 220 LÀ NATURE. LES PÈCHES DU CIlALLEXUEli ASTACUS ZALECCXS. Nous jk! manquerons pas de tenir nos lecteurs au courant des découvertes les plus curieuses faites dans cette grande croisière seiontifi - que, encore sans pré- cédents dans l'his- toire des explorations du monde, quoique les fonds île la mer aient été explorés déjà, et notamment par des savants fran- çais l . Nous allons inaugurer cette inté- ressante série en re- présentant un cru- slaeé aveugle que M. Wyvïlle Thomp- son nomme l'écre- visse astacus za- leticus. Cet étrange habitant des mers a été découvert à une. profondeur de 2000 mètres, dans les en- virons de Saint-Tho- mas (mer des Antil- les). Il vil donc dans lin milieu où rè- gne une pression de 2 Û atmosphères. Ce qui rend vé- ritablement remar- quable la constitu- tion de cet astacus, ce n'est point seule- ment tel ou tel détail de son organisme , mais l'absence abso- lue d'organes vi- suels, Non -seule- ment les yeux man- quent , mais on ne trouve même pas de traces des pédon- cules qui dans les genres analogues por- tent ces organes. Tout a disparu de la façon la plus complète. 11 semblerait que les pédoncules ont été extirpés parmi très-habile opérateur, qui aurait trouvé qu'un appareil visuel est inutile à un être destiné: à vivre dans d'épaisses ténèbres cl qui aurait poussé la 1 Voy. Y Expédition du Challenger, p. SI, précaution jusqu'à boucher avec une membrane ehi- tineuse la base des pédoncules extirpés. Si nous examinons les palpes extérieures de notre écrivisse aveugle, nous trouverons qu'elles sont très- longues, comme il convient à un animal qui se meut dans, les ténèbres. Quant au rostre, il est terminé par doux houppes élégamment recour- AMiU'u.s /iilcueu? ftouvnau cru^lacc avcu^lo Irmivû (Crâneur à -IKK) maires an lonil île la mci luUun'lle.) bées et garnies de poils qui doivent ser- vir au tact et lui donner une véritable' délicatesse. Les deux pinces srmtinégales , comme il arrive souvent aux homards , mais ce défaut de symétrie ne provient point d'une disposition at- taquant la distribu- tion des organes de part et d'autre de la ligne médiane du corps. Peut-être une des pattes a-t -elle été perdue dans une des luttes désespé- rées de la vie son s- niarine. Plus jeune que l'autre, celte pince mineure est encore à l'état rudi- menlaire. Ouoi qu'il en soit, la pince ma- jeure est pourvue de eroi s et de dents qui feraient envie à un ci oend 1 1 e . Tu u t ave u- gle qu'elle est , l'éere- visse zaleitcus doit trouver très-souvent moyen d'assouvir sa voracité aux dépens des innombrables ha- bitants du fond des mers. SAI.KHICA YAIUSPI5A. Ce joli spécimen d'une espèce d'our- sin établie par Agas- siz a été capturé, le 2 i mars, en quittant le port de Charlotte-Amélie (île de Saint-Thomas). Le navire n'avait point encore franchi la passe Culebra, et la mer avait déjà 1250 mètres do profondeur. Les. sn- lenira varispina sont très-répandus dans ces parages intéressants du monde sous-marin, où l'on ne trouve que peu de coraux et très-peu de coquillages. Le LÀ NATURE. 221 fond se compose d'un sable onctueux d'une très- grande Jhicsse, où ils peuvent se mouvoir aisément à l'aide de leurs rayons épineux, dont les développe- ments sont, comme on le sait, très-considérables. Quoique le test globulaire de ce rayonné n'ait qu'un centimètre de diamètre, les grands rayons en ont jusqu'à cinq. C'est seulement du côté de la bouelie que ces organes ont. des dimensions beaucoup moin- dres. Tous ces organes, surtout ces dcrnieis, sont remarquables par leurs profondes dentelures. Dans quelques spéci- mens on a trouvé des épi- nes légèrement courbes, mais rien n'a justifié l'as- sertion d'Agassiz qui, d'a- près l'inspection d'un jeune satenica varlspina, prétend que ces étranges organes, qui chez tous les oursins repoussent avec une si merveilleuse faci- lité , peuvent prendre une forme quelconque. En ef- fet, la majeure partie des épines des individus captu- rés étaienL de même forme. Toutefois on a trouvé quel- ques rayons ayant une lé- gère courbure. Ceux qui se trouvent dans le voisi- nage de la bouche ont des dimensions moindres et sont légèrement aplatis en forme de rame, disposition de nature à faciliter la lo- comotion. Tous ces rayons sont imperforés, ce qui permet à l'animal d introduire par de petites ouvertures mi- croscopiques les proies in- fimes qui viennent se fixer sur ses épines, et dont il fait en quelque sorte son ordinaire. Ce n'est pas, en effet, tous les jours que sa bouche peut lui servir. Elle est cependant placée, comme on le voit, au mi- lieu d'une série de trous par lesquels il peut proje- ter les bras gélatineux à l'aide desquels il saisit les proies majeures et les applique avec force contre ce que l'on peut appeler ses lèvres. L'organisation intérieure de cet Être étrange ne diffère en aucune façon de celle des oursins que l'on recueille sur les rivages delà Méditerranée. La partie qui serait comestible, s'il valait la peine d'aller les pêcher à une profondeur aussi grande, serait les ovaires, qui laissent échapper des germes en nombre Suleuica Yiuïspma. Trouvé ù 1290 nT'trcs de profondeur, (Coulilc de grandeur naturelle.) immense. Cette étrange fécondité n'empêche point probablement les oursins de se reproduire par scissi- parité. Aussi, comme bon nombre d'individus oui été brisés par les mâchoires de la sonde, on peut sup- poser que les échantillons prélevés par le Challenger n'ont pas diminué la population sous-marine. Les individus entamés ont peut-être repoussé à l'époque où nous écrivons ces lignes, grâce à une opération analogue à celle que Médée fît subir à son père Jason pour le rajeunir, J'ourtant il n'y a rien de certain à cet égard. Les oursins qui pos- sèdent un anus distinct de la bouche, et situé généra- lement sur la face opposée, marchent en tête de l'em- branchement des rayon- nés et sont doués d'une organisation relativement élevée. L'extrême abon- dance de ces salenica est d'autant plus remarquable que le test lui-même est zébré très-délicatement de bandes rouges et blanches teignant les zones, que l'on nomme auihulacraires et interambulacraires. Les modifications phy- siques de l'habitat sem- blent exercer une influence à peu près nulle sur l'or- ganisation des échidnées en général. C'est ce qui explique que les espèces vivantes offrent tant d'ana- logie avec celles du monde fossile. Cette race innom- brable traverse sans se sentir touchée, les révolu- tiens les plus considéra- bles. Les oursins sont cer- tainement de tous les ani- maux doués de inutilité, ceux qui onL le plus de tendance à se fossiliser. Pendant leur vie, ils res- semblent tant à la pierre que la nature n'a qu'un bien faible effort à faire pour pétrifier leurs cadavres. La présence de ces salenica rarûpina dans des fonds de 1250 mètres est importante à un autre point de vue. Elle montre que quand nos fossiles tertiaires se sont formés, c'était peut-être au sein d'océans d'une profondeur immense. — La suite prochainement. — 92<> LA NAÏUKK. CHRONIQUE Le pétrole. — L'Importation du pétrole a atteint le chiffre du 150,585,80!) gallons (082,751,045 litres). Ce lotal présente uni 1 , différence, de, 5,250,000 «allons en moins (23,81)1), 000 litres) sur l'exporlalinn de 1871. Cette réduction doit être attribuée aux efforts que l'on a lentes à la fin de 1872 pour élever le prix du pétrole en réduisant la production des puits. Les ports de Philadelphie et île, Mew-York ont rxpédié ensemble 140,000,000 gallons (0(12, 840,000 Lires), tous les antres ports n'ont donc contribué que. dans une proportion de 5 pour 10(1 à l'exportation. Les vignobles en f 8Ï3. — D'après la Mrsmijcr du Midi, la récolte en vin s'annonce à peu prés partout en Fiance, dans de bonnes conditions. Dans le Jlaiiie-et-l.oiro, Je Loiret, le Loir-et-Cher, L'Indre-et-Loire, les vignes sont fort belles. Les vignobles du Bordelais présentent un bel aspect; ceux de la Provence sont également beaux et donnent de grandes espérances malgré l'oïdium et le phylloxéra. Ln Savoie, dans le Beaujolais et le Maçonnais, les vignes sont relativement dans une excellente situation. Dans la Cote-d'Or, le vignoble est magnifique. Les fruils échappés aux gelées grossissent d'une manière surpre- nante. Le Jura, la Lorraine et la basse Bourgogne sont les centrées les plus maltraitées. En Roussillon, la récolte sera très supérieure à celle de l'an dernier. Dans l'Hérault, la plaine de Lunel est touchée par les maladies dans quelques endroits. Si le temps continue à être favorable, la récolte sera avancée, les raisins soiitboaux. Dans l'arrondissement de Béziors, nous écrit-on, la température, excessivement élevée depuis deux semaines, esl très-favorable aux i ignés. La vigne prospère sur divers poinls et la maturation sera précoce, si, comme d'habitude, les nuits de septembre sont fraîches et humides. Lxploration dans le Ïar-M'est. — Le profes- seur Marsh, de Vale-Cnllege, a organisé une expédition Scientifique, pour explorer certaines régions peu connues du Fnr-Wcsl aux États-Unis. C'est surtout au point de vue géologique, que le vin âge a été entrepris. Le professeur Marsh et ses compagnons de route sont arrivés, il y :t un mois environ, au fort Marepherson, dans le iNebraska. Des fouilles habilement dirigées ont conduit à la découverte de chevaux et de rhinocéros fossiles. On a trouvé aussi des ossements de chameaux. Ces dernières espèces qui, d'après les investigations nouvelles, habitaient le continent améri- cain, ont disparu dans la suite des temps. Francis Ronahls. — Tous les auteurs qui ont écrit l'histoire de la télégraphie électrique parlent d'un Anglais, Francis lfonahls, qui, dès 1816, transmettait des signaux à huit milles de distance par un fil métallique recouvert d'une substance isolante et au moyen de l'électricité sta- tique. Ce précurseur de la plus merveilleuse découverte des temps modernes est mort, le S août dernier, à Fàge de quatre-vingt-cinq ans. Il était attaché à l'Observatoire royal de Eew. Fensiouné sur les fonds de l'Etat depuis 1852, unobli en 1870, o en récompense de ses travaux remar- quables sur la télégraphie, » sir Francis Bonalds était un vrai savant, nous dit YAllienœum, travaillant sans autre ambition que de trouver la vérité, et sans aucun souci de se faire une réputation. Le chloroforme en chemin de fer — Le journal anglais tha J.ancci nous rapporte qu'une dame a été trans- portée en chemin de fer, pendant un trajet d'une heure et demie, sans qu'elle se doutât qu'elle voyageait, puis- qu'elle a éié maintenue plus de deux heures dans l'état d'anesthésic rliloroforuiique. 'i'he I.ance.l ne nous parle pas des graves motifs qui ont pu délerminer le médecin à prendre une résolution si énergique; il affirme cependant que l'opération a parfaitement réussi. Le médecin a com- mencé à endormir la malade à Londres; elle ne s'est ré- veillée que deux heures après, mais elle était à IN'onvùod et avait parcouru, sans en avoir soupçon, un espace de plus de 50 kilomètres. A propos de. la cherté «lu charbon. — MM. Tei- lefsen Huit i*t ^\ ills, de Canliff, observent dans leur circu- laire : « One la cause de la grande élévation du prix du charbon est un léger arrêt dans la production du charbon relativement à l'accroissement ordinaire de cette produc- tion, Quand on considère qu'eu 1850, la production totale n'était [pie de .",000,000 faunes, et qu'en trente, ans, elle s'est élevée à l'énorme chiffre de 120,000,000 de tonnes par an, ou doit cire émerveillé que la détresse ne se soit pas produite plus tôt. On surmontera cet état de malaise doucement, mais sûrement. Les hommes qui sont affectés à d'autres travaux, les laboureurs, les artisans et même les matelots, sont alléchés par les hauts prix que les mineurs ont obtenus, et ils sont attirés vers les houillères. Les con- sommateurs font aussi Ions leurs efforts pour arriver ;'i économiser le charbon. Ajoutons à ceci que les propriétaires de houil.ères s'empressent de faire ouvrir de nouvelles et d'anciennes mines que l'on ne pouvait pas exploiter avec profil lorsque les prix du charbon étaient peu élevés. t> Lu houille en Amérique. — Les sources les plus abondantes de charbon seront vraisemblablement, dans un avenir prochain, les grands gisements des Etals-Unis d'Amérique, qui n'ont pas une surface moindre de 518,000 kilomètres carrés. On compte en Amérique plus de vingt gisements, grands et petits. La l'iiunsylvaiiie pos- sède 52,780 kilomètres carrés de terrains renfermant de la houille bitumineuse, et '1,217 kilomètres carrés, conte- nant de l'anthi acile ; la Virginie occidentale en a 58,850 ki- lomètres carrés, illlinois 77,700 kilomètres carrés, le Mi- chigan "10,(1711 kilomètres carrés, l'Invva 02,100 kilomètres carrés, et le Missouri 54,500 kilomètres carrés. Si on ajoute à cela les immenses gisements situés dans l'ancien bassin des Apalaches et s'étendant sur une surface de 525,770 kilomètres carrés, on pourra se faire mie idée approximative des immenses trésors de houille que ren- ferme l'Amérique du .Nord. ([.a Houille.) L'n nouveau -ver a soie. — Les journaux italiens donnent des renseignements curieux que nous leur em- pruntons, sur des essais qui se font au Brésil, pour favoriser la production d'une soie fournie par une espèce particu- lière de papillon jusqu'ici peu connue au Brésil même, cl inconnue en Europe. Ce papillon [bombyx Saturnin), que l'on appelle communément ;>OTta-eyi<ï/'os ou porte-miroirs, a une envergure d'ailes au moins quatre fois plus grande que notre papillon de vers à soie. Chaque génération pro- duit deux cent quarante cocons. Le ver à soie se nourrit de la feuille de riciiim commuais et aussi de la feuille de [' anacar divin occidentale. L'aspect du cocon est tout à fait différent de celui des cocons ordinaires. On dirait qu'il est enveloppé d'une pellicule en forme do sac, res- semblant a une toile d'araignée; dès qu'on l'enlève, il reprend sa forme d'oeuf. Sa couleur est toujours grisâtre LA NATURE. fflS on tissu diffère de celui des cocons européens en ce sens qu'il est tissé comme un nid d'oiseau ; lever ne s'enferme pus dans 1(! cocon, il y laisse une ouverture par où il s'é- chappe, à l'état de papillon. Le travail du bombyx saturnia est assez rapide ; il ne lui faut guère plus de trois semaines pour construire son cocon, et uni: période égale pour en sortir, en sorte que la récolte de la soie peut s'obtenir en sept semaines environ Le procédé de la filature est très-simple : les tils, grâce à la structure du coron, se dévident sous l'action de- l'eau chaude; Sa fibre du iil a beaucoup de consistance. Un seul fil de, 12 pouces de longueur peut soutenir un poids de 4 grammes, et une- liasse de ni fils soutient un poids d'en- viron 1 kilogramme. Les fils sont malheureusement un peu grossiers. Ou s'efforce d'en obtenir d'une plus grande finesse, par des essais ardemment poursuivis, afin de les adapter au Lissage et à la couture. Si ce produit de, la soie brésilienne pouvait victorieusement sortir de la période des estais, il fournirait de la soie très-bon marché. Les frais de production sont bien inférieurs à ceux que nécessite la culture eu Kurope. Le cocon est très-abondant dans le nord du Brésil, surtout dans les provinces de Piahuy. Le ver se nourrit sur l'arbre et il résiste aux intempéries. L'arbre abonde tellement rines et terrestres, qui constituent assez bien connue des tores dont le sens de relation change succès ■ivement. 1- iu- le soleil, en admettant, les iles de scories, la même chose doit se produire avec celte différence, que le sens du mou- vement de la brise doit être toujours le même. Donc dans l'atmosphère du soleil, autour de chaque scorie, doit se produire un appel de gaz qui, se refroidissant sous l'action de l'écran qui les sépare de ht mer de feu, doivent plonger vers le centre de la tache et se refroidir, fin se refroidis- sant, ces vapeurs peuvent arriver à se condenser au moins partiellement en un nuage dont l'opacité relative doit con- stituer autour du noyau noir de lu tache, le phénomène que connaissent tous les observateurs. Mais ces gaz, qui plongent vers la. tache, glissent sur elle dans des directions centri- fuges, viennent lécher la surface incandescente du soleil, lit, alors subitement portés à une température très-élevée, doivent être lancés dans l'atmosphère jusqu'à une hauteur extrêmement considérable, rnnstiluant ainsi les protubé- rances. On voit qu'en définitive cette théorie est assez simple, mais elle présente tout de suite une difficulté. Kn effet, es tore de vapeur moyenne que M. Zolluer suppose au-dessus de chaque tache, c'est-à-dire au-dessus du disque du soleil ayant de trois à quatre secondes de hauteur, de- vrait être extrêmement visible pendant les éclipses totales; or on n'a jamais rien aperçu qui lui ressemble, Mais ce n'est pas là l'objection que fait le P. Secclii ; elle est encore bien plus radicale. On vient de voir que pour M. Zullner ce sont les taches qui produisent les protubérances ; le P. Secclii affirme que c est toujours le contraire qui a lieu : on voit les protu- bérances se produire d'abord et déterminer les taches. 11 y a là évidemment une difficulté insurmontable. D'ailleurs, il faut remarquer aussi que le point de déport de M Zoll- uer ne peut pas être soutenu. Il est impossible d'admet- tre que le soleil soit \in globe de matière en fusion et en- core bien moins que les taches soient des scories. La première supposition mettrait le soleil dans les plus mau- vaises eondilions de durée, et la seconde serait toul à l'ait incompatible avec la longue persistance des taches qu'un a vues parfois se maintenir pendant six mois de suite. Kn effet, chaque mètre carré de la surface solaire livre pas- sage par jour à ilmizu cents million* de calories, c'est- à-dire à une quantité de chaleur suffisante pour fondre en un jour, pur simple rayonnement, une couche de fer battu d'un kilomètre; d'épaisseur ; et c'est sur ce bain qu'on suppose, la formation de scories persistantes ! Ces remar- ques suffisent évidemment pour faire renoncera la théorie de .M. Zolluer. La ladrerie bovine. — Il y a déjà bien longtemps que Louekhardt, ayant donné à un veau des œufs du lœnia média cftfielhild, ou tanna à tète menue, vit l'animal con- tracter une. maladie absolument identique à la ladrerie du porc. 'Toutefois la question n'était pas élucidée quand M. Saint-Cyr, professeur à l'Koolc vétérinaire de Lvon, trouva une occasion de. l'étudier de nouveau. Lu élève de l'école, parti pendant la guerre comme i. r arde mobile, re- vint avec un ver intestinal qui le faeuit beaucoup souffrir. Ce ver avant été évacué, 11. Saint-Cyr reconnut qu'il ap- partenait à l'espèce très-rare qui vient d'être nommée. Il en administra des anneaux à plusieurs veaux et retrouva bientôt dans leurs muscles des cysticerques tout prêts à repasser dans l'intestin de l'homme à l'état du tamia qui les avait produits, 11 résulte de ces remarques intéressantes que les bêtes à cornes sont susceptibles d'une ladrerie ana- logue à celle du porc, et que les inspecteurs de boucherie devront porter dorénavant leur attention sur ce nouveau danger pour la santé publique. — A propos d'entozoaire, mentionnons un l.enia de 50 centimètres, déposé sur le bureau et que M. le docteur Jules Séguin a extrait de l'ab- domen d'une ablette de 8 centimètres. Le, ver était encore plein de vie plusieurs heures après la mort du poisson. Le sulfure, de carbone contre le phylloxéra. - Dans une lettre de. M. Dumas se trouve indiqué contre le phyl- loxéra l'emploi imaginé par M. Monestier du sulfure de carbone. On fait an pied de chaque cep, au moyen d'une barre de fer, trois trous dans chacun desquels on verse oO grammes de. sulfure de carbone, puis on bouche ces trous avec des bouchons. La lourde vapeur chasse peu à peu l'air renfermé dans la terre autour des racines, et au bout de huit jours tous les phylloxéras sont tués. La dé- pense est de 1;> à 20 centimes par cep et le résultat est, dit-on, assuré. Toutefois l'auteur cherche à remplacer le sulfure de carbone par quelque composé plus commode. Il parait que la vigne ne, soufre aucunement de ce traite- ment. Staxislas Mei'xiec. Le Propriétaire-Gérant : G. Tissamueb. riHis. — iïp. sinoa luçiw et coup., ece D'un Finira, 1. 15. — 13 SEPTEMBRE 187: LA NATUUK. 223 LES PÈCHES DU CUALLENGEK (Suite. — Voy. p. 2-20.) LE HïALOKEMA TOXEHES. Eu 1835, Siebold rappartadu Japon un zoophyte étrange composé de deux parties qui semblaient dis- tinctes l'une de l'autre : une tige .^■■" > ,'r siliceuse transpa- rente, et des spi- cules qui parais- saient incrustées dans un tissu spon- gieux. M. Gray, chargé de l'examen de ce produit énig- matique des mers mystérieuses , au milieu desquelles surgit cet archipel, déclara que le cé- lèbre explorateur avaitdécouvert une éponge sur laquelle un polype parasite s'était incrusté. Quelque paradoxale que fût cette opi- nion, elle prévalut jusqu'en 1867, époque d'une polé- mique très-ardente entre 31. Gray et M. Bowerbank, écrivant tous deux dans les Annales de la Société zoolo- ejitjue de Londres, où M. Gray avait publié son premier mémoiresurl'Jfya- lonema , de Sie- bold. M. Bowerbank prouva très-bien, à la suite de longues analyses microsco- piques, que les spi- rilles, au lieu d'Être introduites après coup dans le tissu spongieux, par un être hostile, sont des organes protecteurs. Ces épines, bizarrement implantées, fout partie essen- tielle de l'éponge qu'elles sont destinées à défendre contre l'avidité des animaux qui peuplent les mers. La discussion qui s'éleva entre 3IM. Gray et Bower- bank éclata à propos d'un Uyalonema Lusitanimm, découvert dans la baie de Lisbonne, et dont 31. Gray refusait de faire une espèce distincte. IhaJonema loutres (partie intérieure) Le Ujjuluntma to-xeres trouvé par M. 3Vy ville Thompson, ressemb'e également à l'une et à l'autre de ces espèces, qui offrent, comme il est facile de le comprendre, laut de rapports. Un effet, ou ne peut nettement séparer les éponges les unes des autres, puisqu'il y a quelque chose d'arbitraire dans le groupement des cellules, et dans la forme générale cllc-niènie, ces êtres bizarres n'ayant point une figure aussi nettement dé- finie que celle d'un arbre ou d'une Heur, Ce Uyalo- nema a été décou- vert dans le même fond que la Snle- nia Varispina. L'expansion ré- niforme que nous avons représentée a environ 7 à 8 cen- timètres de diamè- tre. La face supé- rieure est légère- ment concave , et elle possède un as- sez grand nombre d'ouvertures oscu- lairesqui ne parais- sent pas avoir été distribuées réguliè- rement. Il eu est de même des pores do la face inférieure, où cependant l'irrégu- larité paraît moin- dre. On peut même reconnaître deux espèces de porcs remplissant des fonctions tout à fait distinctes. 11 sem- ble que les uns ser- vent d'organes d'ab- sorption et les au- tres, au contraire, d'orifice d'expul- sion, de sorte que l'eau est animée dans l'intérieur d'un mouvement plus ou moins rapide de va-et-vient. Ce duuble cou- rant est, comme on le sait, indispensable à la vie de l'éponge. Ou voit très-bien, dans le dessin de la partie infé- rieure, le point d'attache du câble de verve, c'est- à-dire des filaments transparents, en silice, qui retenaient l'éponge au fond de la mer, mais ce curieux organe a été brisé très-près de la tète, et le Challenger n'a ramené que le fragment, mal- 15 226 LA NATURE. heureusement très-court, qui adhérait au tissu spon- gieux . Comment la silice est-elle absorbée et élaborée de manière à produire une construction aussi singulière : c'est un mystère que la découverte de YlUjalonema toxeres ne peut permettre do résoudre. Cependant il n'est point sans intérêt de savoir que cette élabora- tion s: curieuse peut avoir lieu à 1,2(10 mètres au- dessous de la surface des mers. L'épais-cur de l'expansion membraneuse qui ter- mine la tige transparente de nuire Ilyalonema lû.reres, n'a jjunit un centimètre d'épaisseur. dette niasse fibreuse est traversée dans tous les sens par dus lignes d'une substance plus résistante qui se réunissent et (missent par former le cable de verre, l'.lle est bordée, dans tous les sens, par une série de cils vibratiles. Ces Ilyalonema abondent dans les régions sous-marines voisines de Saint-Thomas, car la drague a saisi plusieurs fragments a vaut d'amener le spécimen conipietquia permis à M. Wyville iliomp- sondedécrire l'cspèeequ'il a cru devoir former. Il n'est point inopportun de rappeler que la transparence du câble de verre est parlai te dans toutes les espèces (Vllyuhnt:ma; c'est même à cette circonstance que ce genre doit sou nom, qui en greeveut dire fdamenU transparent*. Ces appendices merveilleux sont des objets si gracieux, que les Japonais en surmontent l'extrémité de faisceaux de papier doré ou d'étoffes brillantes, et en font des espèces d'aigrettes. Depuis que le Japon est ouvert, les pêcheurs mettent à part les plus beaux spécimens [jour les vendre aux collec- tionneurs d'objets d'histoire naturelle. — La suite junclininemciU. — *«>-> LE CI10LËJU S'il y a un danger réel à parler d'un sujet capable de jeter l'alarme et de causer l'effroi, il y aurait, éga- lement, imprudence à vouloir cacher des faits que nous signale la presse de la plupart des pays civilisés de l'Europe. 11 n'y a malheureusement pas à .se le dissimuler, l'ennemi est à nos portes ; le lléau a été signalé en Russie, eu ['russe, en Autriche, dans la haute Italie ; il a frit quelques victimes dans l'hôpi- tal militaire du Havre ; si l'épidémie n'a encore exercé nulle part des ravages terrifiants, elle prend cepen- dant des proportions croissantes dans certains pays. [I est indispensable d'arrêter par des mesures éner- giques les progrès de l'épidémie. Les médecins étu- dient actuellement lesnmveus qui semblent efficaces pour lutter contre l'invasion menaçante; nous espé- rons que leurs efforts, joints à ceux des autorités qui multiplient les quarantaines dans les ports, contri- bueront à nous débarrasser île cette épéedelhimoclès, si souvent suspendue au-dessus des sociétés euro- péennes dans le courant de notre siècle. A Kcemgsberg surtout, le choléra prend chaque jour un caractère plus menaçant. Tandis que l'on ne comptait au commencement d'août que 16 à 18 cas de mort par jour, la mortalité vers le 10 du mois s'est élevée à 40 par vingt-quatre heures '. A la lin du mois dernier, le choléra a enlevé dans la même ville jusqu'à lit) malades par jour*. A Magdcbourg, à Uorliu, à Wurt/bourg, à Munich, les feuilles médicales nous signalent des chiffres ana- logues. Depuis quelques semaines, le fléau a aug- menté ses ravages à Vienne ; il a suivi une progres- sion croissante depuis le 1 er août jusqu'au 25, époque, à laquelle des renseignements nouveaux ne nous sont pas parvenus. Le comité d'hvgièiie de la ville a pris lus mesures les plus énergiques pour assainir et net- toyer les égouts, désinfecter les vêtements des cholé- riques, etc. De toutes parts, ou s'arme avec intelli- gence des moyens de défense propres à combattre l'apparition du terrible visiteur. Le choléra est olfi- cielleinent reconnu à Venise, et les navires nombreux qui vont, de cette ville à Alexandrie, sont soumis à une quarantaine dans le port de cette dernière loca- lité. A Coilbu.à Sniyrne et dans les ports de la Grèce, une quarantaine est imposée aux navires venant de Tries te et de Venise, Mêmes précautions sont prises au Havre, ainsi que dans certains ports des Etats- Unis, où plusieurs cas de choiera noslras ont élé si- gnalés. Grâce à ces mesures hygiéniques, l'épidémie qui a menacé quelques villes, notamment Londres, a diminué rapidement pour disparaître tout à fait. De semblables faits sont bien de nature à nous ras- surer , ils semblent nous prouver d'une manière certaine que les lois do l'hygiène, bien appliquées, font reculer le fléau, qui aime surtout à régner dans les localités insalubres et malpropres. Au moment où la question émouvante et pleine d'actualité du choléra est à l'ordre du jour, nos lec- teurs accueilleront avec intérêt quelques détails his- toriques que nous sommes en mesure de leur donner. Le terme de choiera dérive des deux mots grues yjVn, ,'Jïiv (écoulement de bile); il a toujours servi aux auteurs anciens pour désigner une maladie que caractérisait un flux intestinal abondant. Le choléra n'a ravagé l'Europe que depuis cinquante ans ; d'après des statistiques certaines , il lui a coûté plusieurs millions d'hommes ; il en a certainement enlevé plus de 500, 0C0 à la France. Il doit être considéré comme une maladie nouvelle dans nos climats, car il diffère complètement des épidémies européennes des siècles qui ont précédé le notre. Le choléra est né sur les bords du Gange, au pied de l'Hymalaya, où depuis des siècles il sévit cruellement sur les populations de ces régions du globe. Le livre des Védas, un des plus anciens documents de l'histoire, fait mention du lléau, et nous atteste qu'il remonte aux origines les plus lointaines de la civilisation indienne. Sonnerat rapporte que depuis 1 708 jusqu'en 1771, le choléra â coûté à l'ondichery et à ses environs plus de 60,000 habitants. En' '180'é, en 180(3, en 1816, de 1 IlLfliucr UinUchu W'uchenschrifl. a Cciilialieiluitg. LA MAT LUE- 227 nouvelles épidémies mit encore frappé successivement ces régions (Je l'Inde, avec la plus mmlle énergie. Jusque-là le lk'uii semble être resté dans le cercle de ses anciennes limites, mais en 18:17, il déborde du cadre où il s'était maintenu jusque-là. A cette époque, on le voit gagner de proche eu proche les rives du liange, comme l'incendie qui accroît ses ravages. Semblable eu effet à un feu dévorant que rien n'ar- rête, il attaque Calcutta eu septembre, envahit le sud de la presqu'île de l'iudoustan, traverse la mer, et passe à Covlall, où il fauche sans pitié la moitié de la population, En 1819, il s'avance plus loin encore, étend ses ravages jusqu'à la presqu'île de Malaeca, envahit .lava et certaines légions île la Chine; en 1821, il gagne la Perse, en respectant quelques grandes villes, telles que Téhéran et Ispahan, que les autorités avaient pris soin de protéger par des cordons sani- taires. C'est en 1820 que l'épidémie semble pénétrer en Europe pour la première fois. Son lover se développe dans le Deng.dc; le fléau suit bientôt la route des caravanes par l'Asie centrale; il franchit l'Oural et se manifeste, en août 1820, à Orenbourg, où il vient d'être importé par des hordes kïrghizes. Désormais les frontières de l'Europe sont franchies par le cho- léra ; le germe terrible est semé ; il croit cl se mul- tiplie. Eu 1851, il immole par milliers les victimes dans tout l'empire laisse, depuis Moscou jusqu'à Odessa; il trouve en Europe des conditions favorables à son extension, de grandes agglomérations humai- nes et des mouvements continuels de la population. Les troupes russes l'emportent avec elles jusqu'à Varsovie. Le fléau marche peu à peu vers Jes contrées de l'ouest; une fois eu Pologne, il est aux portes de l'Autriche et de la Prusse qu'il envahit en 1851. L'Allemagne tout entière est saisie de terreur et comme de vertige en présence des désastres causés par cette première apparition du choléra asiatique, que l'on appelle bientôt le choléra nostras ou spora- dique. Cette date de 1851 est celle de l'apparition définitive du fléau dans l'Europe occidentale. L'An- gleterre est bientôt frappée; l'importation se fait par l'entrée dans un de ses ports d'un navire infecté ve- nant de Hambourg. Dans les premiers mois de 1852, le choléra est signalé à Paris, puis quelque temps après en Belgique et en Hollande. L'invasion de la Hollande par le fléau est due à un simple pêcheur qui, atteint du choléra en Angleterre, viola la qua- rantaine établie dans les ports hollandais ; de nom- breux cas de l'épidémie se. signalèrent d'abord autour de lui, et se développèrent peu à peu sur une grande étendue. Les épidémies, de 1832 à ISiifi, ont été fré- quentes et terribles sur divers points de l'Europe ; c'est pendant cette période qu'elles ont étendu leurs dévastations à Toulon, à Marseille et jusqu'en Al- gérie. Après 1 836, une période de neuf années s écoule sans que le choléra soit nulle part signalé enEurope. Eu 1811, il sévit à Téhéran, dans la Perse, où des pèlerins indiens l'importent à la Mecque. 11 gagne la mer Noire, Moscou et Saint-Pétersbourg en octobre 1817. Il jaillit de là sur l'Europe entière et ne res- pecte cette fois aucune contrée de notre continent. La Suède et la N'oi vvége sont atteintes, et bientôt les Etals-Unis pavent eux-mêmes leur tribut au fléau, qui frappe New-York, la Nouvelle-Orléans et certaines parties du Canada. La France fut de nouveau visitée par le choléra en 1855, 1851 et eu juin 1865. C'est encore cette fois par les pèlerinages de la Mecque que l'épidémie est parvenue jusqu'à nous. Après avoir causé la mort de 25,000 habitants à la Mecque, elle étendit ses ravages à Conslanlïnople, à Malte, à Marseille. Elle gagna Toulon, et Paris le 15 sep- tembre. On voit par ce tableau succinct que le choléra a presque, toujours suivi les mêmes routes dans sa marche envahissante. A trois reprises dilférentes, il s'avance de son centre de production, jusqu'au* con- fins de l'Europe, traverse la Russie et l'Europe cen- trale. Une quatrième fois il change son itinéraire et nous envahit par la Méditerranée, infestant l'Europe méridionale avec les voyageurs et les vaisseaux. L'im- plaeahle visiteur suit à n'en pas douter les grandes l'oiifcsque l'homme parcourt, et ses allures paraissent être d'autant plus promptes que les communications sont plus fréquentes, il suffit d'un voyageur atteint par le fléau pour en semer le poison dans une nation tout entière ! L'ŒUYRE DE MAURT (Suite et fin. — Voy. p. 203.) CKOUIUI'UIE l'HÏSlQL'E ET JIKÏÊOIlOI.OlilE DE LA ML'K. Nous avons dit que celte nouvelle branche de la science avait eu son origine dans les études relatives à la construction des Curies de vents et de courants. Ces études, qui embrassaient Jes observations de toute nature faites par les navigateurs durant leurs traver- sées, ouvraient un champ illimité de recherches, aussi favorables aux. intérêts de la science qu'à ceux de la navigation et du commerce. Mais Manry avait très-bien vu S» ÎMsir-iça* ISxïr.ûiVof t& d'âpre Mallry ^ûftf'ffir eto firavé par ËÈhapt été dressée la carte de l'Atlantique depuis le, parallèle de 50" N. jusqu'à celui de 10" S., n'ont pas donné de profondeur supérieure à 7,0-45 mètres (Voy. la carte ci-dessus). C'est probablement entre les Ber- mudes et les bancs de Terre-Neuve que se trouvent les plus grands fonds. Ihi cap Race, sur l'île de Terre- COUPE DES PROFONDEURS DE L'ATLANTIQUE Neuve, au cap Clear en Irlande, s'étend le plateau sous-marin sur lequel a été posé le premier câble télégraphique unissant l'ancien et le nouveau monde. C'est aussi sur ce plateau qu'ont été d'abord re- cueillis les échantillons du fond composé de coquil- les microscopiques dans un état parfait de conserva- tion. L'examen de ces coquilles a mis en lumière des faits d'une grande importance, tant pour la géo- logie que pour la zoologie, et les lecteurs de la Xature ont pu déjà apprécier, dans les intéressants articles de notre collaborateur M. J. Girard, tout l'attrait des études qui ont pour objet le prodigieux travail des myriades d'animalcules dont les profon- deurs océaniques sont peuplées. Les courants de surface et les courants sous- inarhis, les mouvemenls lents connus sous le nom de dérive, de l'Océan, la salure et la densité des dif- férentes mers, leurs températures, bs grands mou- 230 LA NATURE. vements et les phénomènes de l'atmosphère, ont donné lieu à d'innombrables observations, résumées dans la géographie physique de. lu mer avec un rare esprit de généralisation. L'entreprise si véritable- ment internai tonale «jui a été le point de départ de ces observations est poursuivie par des savants émi- nents en Amérique, en Angleterre, en Allemagne, en Hollande, eu Italie, eu France, dans la plupart, des Etals civilisés, et les résultats obtenus permet- tent d'espérer que les masses de documents qui sont maintenant coordonnés et discuté*, conduiront aux plus importantes applications théoriques et prati- ques. L'avenir de la science, principalement de la météorologie, est dans l'association. Le lieutenant Maury a mis sur la voie de ce progrès par la réalisa- tion d'une idée aussi simple que féconde ; l'étude et, la discussion des observations enregistrées dans les journaux tle bord. Mais les premiers et admirables fruits do cette heureuse idée ont été dus à ses mé- thodiques études, à sa pénétrante induction, à son profond amour de la nature, et à l'élévation d'un esprit d'élite dont la place est marquée dans la glo- rieuse, histoire de la science au dix-neuvième siècle. Klie Marooi.u';. LES CRIQI'ETS DÉVASTATEURS Il ne se, passe pas d'année où l'on ne lise dans quel- que journal un récit d'invasion de Sauterelles, de? calamités qui en résultent, et souvent des craintes si justifiées de la famine, conséquence de la vigile dis terribles eobort.es ailées. L'Algérie vient de nouveau, en 1875, d'être éprouvée parleurs ravages. Si, depuis l'avant-dernière plaie d'Kgvpte, on C.-.1 bien édifié sur le fléau, on connaît encore l'oit mal les agents. Les espèces migratrices de l'Amérique et de l'Australie sont pour la plupartiuédites. et. beaucoup de confusion existe relativement aux espèces qui eu- vabissent l'Europe ou les régions de l'Asie Mineure et du nord de l'Afriq ie, qui sont ses dépendances commerciales les plus voisines dans les deux plus grands continents de l'ancien monde.. Leut-ètre ren- drons-nous service en présentant à cet égard des no- tions scientifiques encore assez incomplètes. D'abord que signifie le mot. Sauterelles? Lien qu'il y ait des genres sauteurs dans divers ordres d'insecte-, on applique seulement ce nom à ceux des orthoptères dont les cuisses postérieures sont longues et épaisses et pourvues de, muscles puissants. Repliées contre la jambe qui s'appuie sur le sol, elles se débandent brusquement en se redressant et lancent le corps de l'animal en avant comme par l'ef- fet d'un ressort. Nous reconnaissons les orthoptères à leurs grandes ailes bétéronomes, existant dans la plupart des espèces , les antérieures en général étroites et coriaces surtout au bord antérieur (pseudé- lytres), les postérieures (ailes principales) membra- neuses, amples, élégamment repliées eu éventail au repos, afin que les pseudélvtres puissent les re- couvrir et protéger contre les chocs et les déchirures la voile délicate. Les orthoptères constituent les gros mangeurs parmi les insectes; ils sont pourvus de pièces buccales courtes et fortes, propres à broyer et à couper les végétaux, fin outre leur tube digestif à nombreuses poches rappelle l'estomac multiple des ruminants, qui sont, eux aussi, L.s grands destruc- teurs des plantes. Tout d'abord élucidons une question de vocabu- laire cntornologiquo, à propos des insectes ortho- ptères dévastateurs; il y a peu d'exemples en zoolo- gie d'aussi grands écarts entre le langage vulgaire et les noms de la science exacte. Les véritables sauterelles sont les Loeustiens. Leur type le mieux connu est celui de la grande saute- relle verte (l.aatsta WnVîs j si»iiï,Liim.), YàSauterelle à coutelas, de Geoffroy, qui vole à quelques mètres de distance, en étalant ses vastes ailes de gaze verte, dans les blés, les prairies, les plates-bandes do légu- mes, les bordures des champs. Le mâle, retiré souvent dans les haies et caché par les feuilles, chante pendant toute la nuit à la fut de l'été. Ou croirait, entendre vie, ztc,zi.c, avec des interruptions égales à la durée de chaque note. C'est ce grand et bel insecte qu'on nomme souvent, la Cigale, aux en- virons de Paris, Il est représenté en tète de la fable classique, dans des anciennes éditions illustrées, faites sous les yeux de La Fontaine, qui partageait l'erreur commune. Si l'on examine de près cet insecte caractéristique et qui n'est pas nuisible, on observe que ses pattes se terminent par des tarses de quatre articles. Le nombre des articles des tarses fournit, comme on le sait, d'excellents caractères de classification aux entomologistes. En outre, ces insectes ont de longues et fines antennes, et les Loeustiens fe- melles oilrcnt J'abdomen prolongé par un long liivan en gouttière, destiné à la ponte des neufs. Cet oviscapte, qui rappelle par la forme un coutelas ou un sabre, selon qu il est droit nu courbé, indi- que des insectes qui déposent leurs œufs dans des cavités, des fentes du sol, des fissures des végétaux. Le chant des Loeustiens est produit, presque exclusi- vement chez les mâles, par le frottement de certaines parties des pseudélytres ou ailes de devant l'une contre l'autre. C'est la résonnauce du tambour de basque, toujours avec la même note, variant, suivant les espèces, d'une monotonie fatigante. Les orthoptères dévastateurs appartiennent à un autre groupe ; les Acridiens ou Criquets. Los diffé- rences sont très-notables pour quiconque a un peu l'habitude d'observer. Les antennes sont plus ou moins courtes et épaisses. Les tarses n'ont plus que trois { articles. Les femelles ne présentent plus au bout de : l'abdomen le tube allongé des précédentes. Les qua- tie pièces accolées deux à deux sont devenues quatre valvules, courtes et pointues, deux supérieures, deux inférieures. Aussi la ponte a lieu sur le sol même ou dans de vastes creux où l'insecte peut introduire tout LA NAT1I1ÎK. 251 son abdomen. En outre les organes musicaux sont dif- férents. Les violonistes remplacent les cvmbnliers. Le chant des mâles résulte du frottement des pal tes de derrière, munies d'épines ou de stries, contre les gros- ses nervures des pseudélytres. La note est grave quand le mouvement de la patte est allongé et. lent, aiguë s'il est court et précipité. Les timbres diffèrent selon les espèces, comme avec des crécelles de bois, de carton ou de métal. Ces stridulations fout plus variées que celles des vraies sauterelles ou Locustions. De plus, elles ne se produisent que pendant le jour. Le? mâ- les aiment à se chauffer au soleil juchés sur les hau- tes herbes. Dans certaines espèces ils l'ont à l'appro- che des femelles des contorsions bizarres, comme pour les séduire et attirer leur attention. Le chant d'appel ou d'amour est plus doux et d'une antre note que le chant de jalousie et de colère, quandplusieurs mâles se rencontrent. En Algérie on devrait, depuis longtemps, être éclairé sur ces insectes en raison de trop fréquentes cl cruelles expériences. Cependant la routine l'em- porte encore et on no peut adopter, même officielle- ment, un langage exact. On y appelle, sauterelles les jeunes acridiens dépourvus d'ailes, et. criquets ceux qui, parvenus au développement complet, promènent au loin, avec le secours des vents, leurs légions affa- mées. Lors de la dernière grande- invasion de notre colonie, dans l'article du Moniteur qui annonce le fléau à toute la France et l'ouverture d'une sous- cription publique (1 er juillet 18G0), il c-l dit que les sauterelles dorment, naissance à des légions de cri- quets. Autant vaudrait scientifiquement prétendre que le faon du cerf devient, un bœuf. Malheureuse- ment, chez nous, ces erreurs d'histoire naturelle sont, des plus fréquentes, même, parmi les personnes instruites, delà tient surtout à la déplorable idée qui a germé dans quelques cerveaux de théoriciens satu- rés de mathématiques pures, lorsque, sousleurbaute et maladroite initiative, les sciences naturelles ont subi un véritable ostracisme dans renseignement se- condaire, et cela parmi les compatriotes de Cuvieret de Geoffrov Sahit-llilaire. Les criquets, comme tous les orthoptères, sont des insectes à métamorphoses dites incomplètes. À leur sortie de l'œuf ils sont agiles et pourvus de leur con- formation définitive. Ils n'ont plus qu'à s'accroître en taille, à acquérir les organes alaires et à développer un appareil génital rudimontaire. Leurs moeurs, leur nourriture restent les mêmes pendant, toute leur vie. Il parait probable, comme l'indique Mnrray, que cela dépend d'un développera a nt embryonnaire très-avancé, et qu'ils subissent sous les enveloppes de l'œuf les phases que d'autres insectes accomplissent au dehors, celles de larve et de nymphe sédentaire ou second œuf. De cette façon tout se trouve ramené à un plan unique. ,\ous aurons à examiner les principales espèces qui nous infligent ces dévastations, rangées par nos ancêtres an nombre des plus cruels châtiments de la colère céleste, puis nous indiquerons, dansuncrevne rapide, quelques détails historiques sur leurs appari- tions en France et eu Algérie. 11 est tout d'abord un fait encore inexpliqué et très-important. La plupart des espèces d'Acridiens, quoique considérables en nombre d'individus, restent disséminées sur d'im- menses espaces, surtout dans les localités monta- gneuses et arides, et ne causent pas de véritables dé- gâts. D'autres, zoologiipiement analogues, demeurent aussi à l'ordinaire cantonnées dans des steppes loin- tains, ainsi dans la Tartane ou au Sahara, et n'ont qu'une locomotion très-hornée, prolongeant leur saut par un vol de quelques mètres, qui n'est le plus souvent qu'une action do parachute. Maison certains moments, sans doute lorsque les parasites sont deve- nus impuissants à restreindre, dans de justes limites l'accroissement prodigieux d'une famélique multi- tude, quand toute nourriture manque, l'instinct mi- grateur se développe. Les insectes en général s'écar- tent peu des lieux qui les ont vus naître et qui nourriront, leur postérité ; des circonstances inso- lites, une sorte de pressentiment mystérieux, amè- nent des voyages au long cours, dans tous les ordres de ces miniatures zoologiques si hautement privilé- giées par leurs fonctions de sensibilité et de locomo- tion, et, je dirai même, par les lueurs intellectuelles. Ne voit-on pas des voyages aériens des papillons blancs du chou et de la rave, on de la belle-dame (Vanessa Cfirdui, Linn.), et. aussi des coccinelles ou bêtes à bon Dieu. Les sphinx du liseron et du laurier rose viennent des profondeurs de l'Afrique jusqu'en Angleterre renouveler des espèces imparfaitement appropriées à nos climats, et destinées à disparaître sans cette immigration; de même que les colonies de la race européenne dans la zone torride, boréale ont besoin de renouveler, par de continuelles arrivées de sujets d'origine, une race où la reproduction s'arrête- rait sous l'influence d'un climat débilitant. Les in- sectes des mares (coléoptères, hémioptères) passent souvent plusieurs générations sans faire usage do leurs ailes; tout à coup, la proie épuisée, ils s'en- volent par quelque chaude soirée d'été, et portent le ravage dans des eaux nouvelles. Quand les Acridiens dévastateurs vont entrepren- dre leurs funestes pérégrinations, ils passent quel- ques jours à se préparer. Grimpés sur les broussailles ou au sommet des gazons brûlés par le soleil, on les voit gonfler et rétrécir alternativement les anneaux de leur abdomen. Ce sont des mouvements d'inspiration par les- quels ils chargent d'air leurs trachées ou tubes respi- ratoires, emmagasinant une forte provision d'oxy- gène, source de force musculaire par la combustion. Ces trachées, qui à l'ordinaire sont plates et parais- sent dans la dissection sous l'eau comme de minces rubans d'argent, deviennent gonflées et cylindriques, avec des vésicules plus renflées par places. Comme à un signal, précédée de quelques essaims d'avant-garde, une immense armée de destruction et de mort prend sou essor, et, gagnant nue couche at- mosphérique où règne le courant propice, se dirige 232 LA NATUKK. vers les ragions cultivées, parcourant des centaines de kilomètres en nuage qui intercepte le soleil. Le choc précipité des ailes ressemble, au sombre mugissement de la mer courroucée. Il nie parait cer- tain, d'après mes expériences sur les insectes bons voiliers, que la température du corps, d'ordinaire assez faible parmi les orthoptères, qui volent peu, doit alors présenter un grand excès au-dessus de l'air ambiant, comme chez les sphinx, où In main suffit pour constater une forte chaleur, lorsque pendant les soirées fraîches de septembre, on saisit entre les doigls leur corps frémissant. M.miuce Gnu — I.r MiiU: [Hochniin'iiioiu LA TKLIÎGRAPHIE ATMOSniKLUQLE (Suite et fin. — Voy, pa^e lït.VJI-J. IjKS DÉ1'!,\SCEMKSTS. 11 n'est pas de visiteur qui, voyant partir les cur- seurs engagés dans les tubes pneumatiques, ne pose cette question : « Si les boîtes s'arrêtent liii 1. Ligne du lri^iiljji;iir ganes de la trans- mission , et ainsi nous classerons les dérangements. Commençons par les tubes. Ils peuvent pécher par uîi dé faut de poli intérieur , par des joints à. res- saut, par des juilcs d'air à ces mêmes joints. Dans l'établissement, des précaufions ont été prises contre ces trois soi tes do dangers. Le degré do poli est suffisamment parfait : cette qualité est obte- nue, sans alésaye, au mo j en de passes sur un man- drin, effectuées avant que le tube soit complète- ment refroidi. Les joints représentés iïg. 2 (p. 108), donnent une continuité presque mathématique à la surface intérieure ; enfin, des garnitures de caout- chouc assurent Y élanchddc . De ce côté donc, il y a peu de chances d'avaries, et par conséquent d'arrêts des trains. En l'ait, de- puis 1806, il n'y a pas eu un seul accident eausépar le vice des tuyaux-, il est utile de rappeler que l'ex- périence est faite sur une longueur de 20 kilomètres de conduites posées, que les joints se succèdent tous les 5 mètres, enfin que dans la tiavorsée delà Seine, le tube est fixé au tablier d'un pont métallique. Dans lu deuxième catégorie d'organes, sont les machines produisant l'air comprimé ou raréfié. Nous ne dirons rien des dérangements qui en dépendent, ils n'ont pas de caractère spécial à l'application pré- sente, on y remédie par les movens connus. Il reste les boîtes. Des types nombreux ont été es- sayés avant le système des deux étuis en lôle cl en cuir, dont la fermeture est hermétique et l'ouver- ture facile. Par sa simplicité, ce mode a prévalu. Mais il n'est pas dans la condition humaine de réali- ser la perfection ; il arrive donc quelquefois que des boîtes s'ouvrent pendant le trajet. Comment cela sn produit-il, c'est plus difficile à expliquer dans chaque cas particulier. Tantôt la collerette du piston est en nmivais état el l'air divise le tram ; les étuis se séparent et les dépêches se sèment dans le tube. D'autres fois, des rides se forment dans l'enveloppe decuir, dont, l'effet est de coincer le train si bien qu'il est impossible de le faire démarrer. Une autre forme du dérangement, (■'est. quand le piston se casse, et que les morceaux se placent entre les boites et le tube. Ou conçoit que nous ne puissions épuiser la série des incidents de cotte nature; dans les huit d 'rangements en moyenne par année, que pré- sente l'exploitation, il est rare de trouver deux fois la répéti- tion de la même cause, La cause d'ail- leurs ne présente qu'un intérêt d'in- struction pour l'ave- nir, il faut aller au plus pressé et sauver rapidement le train en détresse. Souvent des ma- nœuvres alternées avec l'air comprimé et l'air rarélié déga- gent l'obstacle; à Berlin, pour le même objet, M. Siemens emploie de l'eau forcée avec laquelle il inonde la conduite. L'important est d'extraire le train , sans avoir besoin de dé- monter la ligue, Quand ou a épuisé la série des moyens thérapeutiques anodins, il faut alors re- courir à l'opération de la fouille. On voit ainsi apparaître la nécessité d'une détermination préala- ble, suffisamment précise, du lieu du dérangement. Lu premier moyeu est indiqué par la nature de l'in- stallation. On a à sa disposition un réservoir d'air comprimé à une certaine pression ; si cet air est ré- pandu en partie dans la section du tube comprise entre le réservoir et l'obstacle, la pression nouvelle est dans un rapport connu avec Impression primitive. En deux mots, la loi de Mariotte, qui règle les rap- ports des pressions et des volumes d'une même masse de gaz dans deux circonstances différentes, fournit [ïammfi ilu uliruiio^niplic. If^'lrique, — 2. L]£nc du poi Ligim de ]a inomljrane. Iule ^econdrs, LA NATURE. 23" le moyen de trouver un des éléments (volume), quand on connaît les trais autres (deux pressions et un volume). Nous n'en dirons pas davantage, ce moyeu ne comportant qu'une précision relative. M. Siemens préfère mesurer la quantiléd'eau qu'il faut dépenser pour remplir la ligne jusqu'à l'obsta- cle ; la précision doit être plus grande, mais il faut convenir que le procédé, malgré la simplicité appa- rente, a un aspect quelque peu primitif. On voit Lien comment on introduira cette grande masse d'eau, mais il est plus difficile de concevoirqu'eile se puisse enlever aisément, Nous parlerons, pour finir, d'un moyen détourné, auquel s'applique notre gravure. Nous exposerons le principe avant d* décrire l'appareil. l.e lecteur sait que lorsqu'on produit un ébranle- ment à l'origine d'une conduite remplie d'air, cet ébranlement se propage dans l'air de la conduite avec une vitesse de 7150 mètres par seconde. Quand l'ébranlement rencontre un obstacle, il se réfléchit et revient au lieu d'origine avec la même vitesse de 330 mètres par seconde. Si donc on compte le temps qui s'écoule entre le départ et le retour, la durée ainsi définie correspond au trajet de l'ébranlement O'ï'M ■>,-: -'.LV .- ;v '\ : :y > ! ;:: ' ■ > : .|K: ir ■# Tt-lL'grjplue a![nc?plimnue. — Chroucigl apljc- pour la dôlaïuiii.iliun du point u'aiTcl de cuï^urs. sur une longueur égale au double de la distance de l'obstacle ; do l'observation de la durée, on conclut facilement la valeur de la distance. Exemple : L'intervalle de temps entre le départ et le retour de Y onde produite par l'ébranlement est de 1/3 de seconde ; le double trajet a pour expression 330" 110 ""2" Pour réaliser l'expérience, qui n'est autre chose que celle qui donne la mesure de la vitesse du son dans l'air, on a reproduit la méthode appliquée par M. Regnault à l'étude de la propagation dans les canalisations de la ville de Paris. Les traces du déport et du retour de l'onde sont 110 1 ", et la distance de l'obstacle est de := 55 mètres. enregistrées sur un chronographn, au moment de la fermeture d'un circuit électrique, qui est obtenue par le mouvement d'une membrane de caoutchouc placée à l'extrémité libre du tube. On connaît la propriété du courant électrique, d'aimanter un fer à cheval par son passaee autour des deux noyaux. L'aimantation du fer à cheval com- munique à une palette placée au-dessus des pôles une attraction, qui cesse dès que le courant est rompu. Sans qu'il soit besoin de plus d'explications sur ce dispositif connu qui est k base de presque tous les appareils télégraphiques, on accordera qu'a- vec des conducteurs convenablement établis, il sera possible de faire marcher l'armature du fer doux (électro-aimant), comme la membrane élastique; en d'autres termes, si la membrane se soulève 2, 5, 4 23-1 LA NATLKK. l'ois dans min seconde:, l'armature s'attachera 2, 7>, t fois dans ]r. même temps au noyau, et les durées comme les intervalles îles contacts seront identiques dans les deux appareils. Ceci posé, nous revenons au chremographe. Le temps s'y marque et s'y compte au moven A'eieetro- aimants qui sont en relation avec les instruments usités dans cette mesure. Les battements d'un pen- dule à secondes sont répétés électriquement et enre- gistrés suivant une ligne n" '2 (vov. la gravure ci- contre), qui est décrite par une pointe fixée à l'élec- tro-aimant, sur un cylindre enfumé animé d'un mouvement de rotation continu. L'électro-aimant dont la pointe décrit la ligne n°2, est mobile sur un cliariot qui s'avance suivant une génératrice die cv- liudi'e, en menée teenps que celui-ci tourne. Le chariot porte deux autres électro-aimants : l'un correspond à un subdiviseur du temps qui donne les fractions moindres que la seconde 1 . C'est. leii qui trace la ligne n° 1, représentant par ses 1 festons des subdivisions égales à s- de seconde ; ce fractionnement coiTospond à l'oscillation de la pa- lette d'un trcmblcur électrique, sorte d'organe dans lequel les interruptions et les rétablissements du courant s'opèrent à raison de 33 par seconde dans le, modèle représenté ici. Le troisième électro-aimant, en rapport avec la membrane de caoutchouc, correspond au mouve- ment de l'onde daees le tube; il fournit la ligne n" 3 de la figure. Ou peut, remarquer qu'une même onde éprouve plusieurs réflexions successives. Il est facile, en jetant les veux sur notre diagramme, de voir comment on tirade: l'expérience le résultat cherché. Dans le nouvel exemple, l'obstacle est placé à 62 mètres; l'intervalle entre deux marques succes- sives de la membrane est de 12 subdivisions. La comparaison des ligues n° 1 et n" 2 montre qu'il v a 33 subdivisions dans une seconde, les indications de 12 lalisrne n" 3 équivalent donc à _,_ de .seconde. La 12 ilovhle distance représente --= X 330" 1 , et la lon- gueur simple donnée par l'expérience est ainsi de lf -X^X 330 — tiO mètres : l'approximation est de 2 mètres. I) faut, expliquer maintenant comment on produit l'onde, et décrire la figure qui représente l'ensemble de. l'expérience. À gauche, T est le tube dans lequel un pistolet V est placé pour produire la détonation qui donne naissance à l'onde. Sur la table, au centre (le la figure, est le chronographe : M est le mouve- ment d'horlogerie qui fait tourner le cylindre enre- gistreur, à la surface duquel se développent les ligues n" 1 , n° 2, n° 3. S est le chariot portant les trois électro-aimants dont chacun trace sa ligne. L'électro-aimant extrême (ligne n° 1) est le trembleur, eie relation avec- la pile PP". L'électro-aimant médian (ligne n° 2), est relié au pendule à secondes II. Enfin l'élection aimant (ligue n" 3) communique électriquement avec la membrane de caoutchouc qui surmonte le tube T et en ferme exactement l'ouverture, sur la- quelle elle est tendue comme une peau de tambour. Le lecteur nous pardonnera ces détails arides; nous avons cru utile de faire connaître avec quel- que longueur un procédé fondé sur l'emploi d'un en- registreur. Les méthodes d'observation doivent des ressources preneuses à ces appareils, dont l'usage se répand chaque jour au grand profit ele la science. Cil. RoNTEJIl'S, L'ASSOCIATION FRANÇAISE rouit l'avancement des sciences, (Suiiu. — V(iy. p Ijj.'i X' seHMion l'on^rè-i Ou ne peut nier l'éloquence de ces chiffres qui font voir la valeur des résultats obtenus : espérons ipu: chaque jour, les expériences de nos savants nliiciei's viendront fournir de nouvelles preuves des progrès qu'il serait temps de \uir réalisés par l'ar- tillerie française. 1'. DE S.U.NT-MlCUF.L. <-<><.- CHRONIQUE JI«'tL-t»res aqueux. — Les orages se sont signalés récemment sur plusieurs points de notre territoire avec une violence, extraordinaire. Vers la lin du mois dernier, une troinlie d'eau s'est abattue sur la ville de Tulle cl v a exercé de nombreux débits. La grêle se mêlait à une pluie effrovable, qui tombait avec une indicible énergie, ac- compagnée de violents coups do foudre. Los rues de Tulle furent en une minute transformées en véritables torrents. A la même éprque, la ville de Louviers (Mure) a été éga- lement éprouvée. Lue trombe de veut, mêlée de grêle, s'est jetée sur la ville et les environs, où tombaient des grains île grêle aussi gros que des œufs de pigeon. Tous les carreaux des habitations volaient en éclats, les feuilles et les brandies même ne tardèrent pus à joncher le sol, sous les coups réitérés des projectiles célestes. Les dégâts sont incalculables : les caves de Louviers ont été taules inondées; lias une maison de la ville n'a cté respectée. Dans les campagnes, les pommiers ont été dépouillés do leurs frais, elles moissons, qui n'étaient pas encore ren- trées, complètement perdues. La paille elle-même a élè réduite en fragments. Jamais semblable désastre n'avait eu lieu dans le pays. LA NATURE. L 25'J Le» trrmhleiiieiits tfe terre. — Nous avons encore de nouveaux phénomènes à enregistrer, et celte fois, s'ils sont bien exacts, ils présentent tes caractères d'épouvanta- bles fléaux. Il paraîtrait, d'après des renseignement récents, que la ville de Ligua, située au nord du Chili, a été com- plètement ruinée par un tremblement de terre, et qu'elle s'est effondrée, engloutissant 8,000 habilants sous ses dé- nombres. Il est certain que le Cbili tout enter a été ébranlé a la date du 8 juillet, et les populations ét.iient persuadées que leur dernière heure allait sonner. A San- tiago, les habitants se sauvaient affolés en poussant des cris de terreur. Une des secousses a duré plus d'une mi- nute 1 Les autres ont été beaucoup pins courtes. Elles oui été précédées d'un roulement souterrain épouvantable. De nombreuses maisons ont clé détruites à Yalparaiso. Cette catastrophe du S juillet a jeté l'épouvante dans le pays, ear pendant les trois mois qui l'ont précédée, les Chiliens ont compté trente secousses de tremblement de terre I Vers la fin du mos dernier, une forte oscillation du sol s'est fait sentir à Smyrue, aux Dardanelles et à Seio, où plusieurs maisons ont été lézardées. Rail* en Amérique. — Un 1854, la consommation annuelle de rails dans les Etals-Unis était de 447,058 ton- nes, sur lesquelles 3T>9,4r>9 tonnes étaient importées et seulement 108,01 (i fabriquées dans le pays, soit un tiers de lu consommation. En 1872, la consommation de rails s'est élevée à 1,51)1,591 tonnes, sur 1 squelles 1)75,000 tonnes ont été, confectionnées par les Américains eux- mêmes, et 5'2t),50l tonnes ont été importées. Les an- ciennes proportions sont renversées, ce qui dénote l'im- portance des progrès accomplis par la métallurgie améri- caine. Société d'acclimatation de Cincinnati. — Cette nouvelle société a surtout pour but d 'élever des oiseaux, remarquables par leur chaut ou pour les services qu'ils peuvent rendre aux fermiers un aux horticulteurs. La so- ciété annonce qu'elle a dépensé, le printemps dernier, 25,000 francs, pour cliver 15 différentes sortes d'oiseaux et qu'elle a réussi à acclimater l'alouette d'Europe, qu'on rencontre en grand nombre maintenant dans les environs de Cincinnati. Parmi les oiseaux qu'elle se propose encore d'acclimater, il faut citer les mésanges, qui sont de grands ennemis des insectes nuisibles à la végélalion. Exposition universelle de Madrid. — [a: Journal nflhe Society of Arts nous apprend que malgrcl'anarcbie qui règne en ce moment en, Espagne, il y aura, au mois d'octobre, à Madrid, une exposition des produits manu- facturés nationaux, d'agriculture, des mines, de produits chimiques, d'industrie et d'arts graphiques. Les produits étrangers seront reçus contre envoi franco. Les marchandi- ses seront vendues moyennant une faible commission. Telle sera la première série des expositions qu'on se propose de faire en Espagne. Interruption de la pose du càlilc télégraphi- que du llriSil. — Le navire il vapeur la Seine a commencé la pose de cette ligne entre Lisbonne et Madère, et non point entre Jladère et Rio-Janeiro, comme l'ont annoncé certaines feuilles. Mais le 24 août, après avoir filé seulement 383 nœuds, l'opération a été interrompue. Les échanges de sigiiAux ont cessé entre Lisbonne et la Seine. iNous donnerons des détails sur celte expédition té- légraphique et sur les épisodes auxquels elle pourra don- ner lieu, car la ligne du Brésil est sans contredit une des plus importantes. Elle est destinée à ineltre en communica- tion uvee l'Europe, non-seulement le réseau propre au Brésil, mais le réseau qui, de Montevideo et Eueuos-Ayrcs, va rejoindre les télégraphes du Cbili. I.e climat de la cote de Guinée. — La situation géographique de celte partie de l'Afrique, si voisine de l'é- quateur, est la cause unique de la mauvaise réputation qu'on lui a faile. Mais la température qui y règne est sen- siblement intérieure à celle du Sénégal. La température observée dans une cl. ambre est souvent de 80" Fahrenheit, ce qui n'a rien d'excessif. Il est vrai que le thermomètre descend rarement au-dessous de 78°, L'humidité de l'air est telle que l'on vit habituellement comme dans un bain de vapeur. Les Européens peuvent très-bien sortir en plein jour, sans prendre d'autres précautions que de se couvrir con- venablement la tète, mais les effets de l'humidité de l'air sont très-curieux. Les objets de fer sont très-rapidement rouilles et oxydés, le sel fond dans Ja salière même, le cuir et les vêlements pourrissent très- rapidement. Lesmalières animales el végétales se décomposent avec une rapidité ef- frayante. Enfui, pour compléter ce curieux tableau, nous dirons que les habitants ont l'habitude, pour se débarras- ser de cette éternelle humidité, d'allumer des feux dans les chambres avant d'en faire usage. La première saison des pluies commence en avril cl finit avec les premiers jours de septembre, et lu seconde com- prend le mois de novembre. Décembre est le mois le plus chaud de l'année ; c'est l'époque où les brises de terre et de iner alternent avec une régularité mécanique. Le météore de Bruxelles. — Un phénomène astro- nomique des plus curieux a été observé, à Bruxelles, vers la lin d'août, par plusieurs personnes de la partie haute de la ville et notamment du voisinage de Sainle-Gudule. A huit heures un quart du soir, d'après l'Indépendance belge , une large zone nuageuse couleur ardoise et de teinte uni- forme, au-dessus de laquelle apparaissait la moitié de la Bêche, del'hôlel de ville, ceignait l'horizon du sud aunord, ayant sa plus grande élévation à l'ouest. Au-dessus de cette zone, le ciel était d'un bleu limpide et constellé d'é- toiles. Un ce moment, un corps lumineux ayant la dimen- sion cl la configuration exactes, l'éclat, le scintillement, en un mot l'aspect complet d'une étoile, émergea tout à coup, vers le sud-ouest, de la ligne du nuage sombre et, «'éle- vant graduellement avec une demi-rapidité régulière et majestueuse, prit la direction du nord, et, après avoir franchi, en montant toujours de plus en plus, toute la par- tie ouest de l'horizon, soit pour l'œil du spectateur l'es- pace compris entre la gare du Midi et celle du ÎNord, finit |ar se perdre et disparaître dans les profondeurs du ciel. La marche de ce corps lumineux, semblable de tous points, nous le répélons, à une étoile, a duré, d'un bout à l'autre du long parcours que nous venons d'indiquer, environ deux minutes, et rien dans celte course ascensionnelle et correcte n'a présenté la moindre analogie avec les évolu- tions rapides et saccadées des étoiles filantes dont l'appa- rition a lieu vers la même époque de l'année. Les réservoirs de Moutsouris. — Les eaux du canal de dérivation de la Vanne vont bientôt approvision- ner les immenses réservoirs de Moutsouris, qu'une vérita- ble armée de travailleurs construisent actuellement avec la plus grande activité. Mans empruntons au Journal offi- ciel les curieux renseignements qu'il a publiés à ce sujet. L'ouvrage est assez avancé on ce moment pour qu'en puisse juger de son étendue, de la véritable majesté que présen- tera sa construction intérieure. L'un des angles du premier 240 LA NATURE. des deux, réservoirs supérieurs est déjà crjiivci'L ; le second angle est à la bailleur île, lu galerie terminale qui fera in- térieurement le tour île la construction. Tout l'ouvrage- Cil en meulière et ciment. Les murs extérieurs, renforcés par îles culées obliques, ont une épaisseur de. 3 mètres. Le sol est uni, sauf aux approches du mur, où s.; trouvent une série de cuvettes peu profondes, séparées par des cloisons de façon ;i former une suite du cryptes qui supportent la galerie intérieure. En Lue de chacune, des loges ainsi fer- mées s'alignent des pilastres cariés, amincis vers le liant, ci supportant les voûtes d'arèles qui doivent terminer l'é- dillcc. Cette forêt de pilastres produit un effet merveilleux. Aucun temple n'eu peut présenter un analogue, et une pro- menade aux torches dans cet immen-e bassin, lorsqu'il sera plein d'eau, serait certainement une des curiosités les les plus étranges qu'on pût rêver. La Vanne apportera par joui- à ce réservoir 11)0,01)0 mè- tres cubes dune eau excellente, (le: ne sera pas un luxe inutile pour Paris, qui jus |u'à présent n'a par tète et par jour qu'une moyenne de 108 litres d'eau, taudisque Londres en a 132, Madrid 000, et Ruine, la \ille la plus favorisée sous ce rapport, 1,401! . L'appoint fourni parla Vanne por- tera notre moyenne à I 30 litres en permettant do réser- ver pour les seuls services d'arrosage et de voirie la plus giande partie des eaux de l'Ounq et de la Seine, qui ne sont pas des meilleures pour l'alimentation. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 1" nepteuiire 1 87! Présidence de M. Vu ïitti.i?;d. L'aurore boréale du 5 février. — Nos lecteurs se rap- pellent la magnifique aurore qui a été visible en février. Un astronome italien des plus célèbres, M. Donati, a voulu Voir si le phénomène s'est présenté simultanément dans tous les points où on l'a vu, ou si son apparition s'est trouvée liée d'un manière quelconque avec l'heure locale. Le résultat est intermédiaire entre ces deux suppositions. Par exemple, à Pékin, toute la manifestation avait pris (in il 2 heures du matin, et le maximum s'était montré à heures du soir -, tandis qu'à Paris, le maximum avait lieu à heures du soie et que tout était terminé à minuit. A première vue, il semble que Paris ait été en avance sur Pékin; mais c'est le contraire, vu la position occiden- tale delà France par rapport à la Chine, liais le calcul montre qu'au point de vue de l'heure locale il y a on avance de Paris sur Pékin, ut M. Donati a constaté que cette avance a été de plus en plus marquée, à mesure que le point considéré était situé plus vers l'ouest jusqu'en Ca- lifornie. La conclusion de l'auteur est que l'aurore est un phénomène dû, avant tout, à des causes cosmiques telles que seraient des aurores sur le soleil, et il part de là pour émettre l'opinion que la météorologie sera nécessairement renouvelée avant peu, justement par l'introduction, dans l'étude de tous les phénomènes atmosphériques, de causes extra-terrestres. Nouvelle théorie des aurores polaires. — A ce sujet. M. Fave présente, avec le talent d'exposition qui dislingue cet académicien, (h s aperçus tout nouveaux quant à la cause des aurores polaires. Au lieu d'invoquer, avec M. Donati, des causes cosmiques, en quelque sorte occultes, il croit, avec juste raison suivant nous, qu'il y a tout avantage ù rechercher l'explication du phénomène dans la puissance répulsive que 1s soleil manifeste avec tant d'évidence. Si la pince nous le pcruietlnit, nous rappellerions en quoi con- siste la belle découverte de la force répulsive du soleil. I l'otnniis-tious à dire que c'est sous 1 influence de cette orce, opposée en direction à la gravité, que les comètes j acquièrent à la fois cl leurs longs appendices appelés queues et leur éclat, deux caractères qui augmentent si rapide- ment à mesure que ces asJres errants approchent du so- leil. Ceci posé, 51. Faye est d'avis que des phénomènes tout à fait analogues doivent prendre naissance dans les régions les plus liantes de l'atmosphère et donner lieu justement au phénomène auroral. On est revenu de l'esti- mation d'après laquelle l'atmosphère u'aiini-t qu'une qua- rantaine de kilomètres. Cette hauteur, suffisante pour ren- dre compte des phénomènes de réfraction, est complète- ment en désaccord avec celles que démontrent les étoiles tilanles et les bolides en s'enfluinniant à NO ou 100 kilo- mètres au-dessus de la surface du sol. liais cette dernière binite elle-même n'est sans (toute pas la dernière. Plus haut, des matières si rares qu'elles peuvent être, comparées à celles qui restent sous le récipient de nos meilleures machines pneumatiques, dosent constituer une couche sur laquelle la force répulsive, qui n'agit comme on sait que sur les masses les plus faibles, doit avoir une influence ef- ficace. Sous reflet de celte force, ces particules doivent être vivement repoussées à raison peut-être de un kilo- mètre par seconde, et c'est avec cette vitesse que, cédant ensuite à l'attraction de la terre, elles pénètrent dans les couches plus profondes de l'océan aérien. Suivant M. Fave, la perle de vitesse qui doit en résulter est capable d'é- chauffer beaucoup ces molécules, au point de les rendre faiblement lumineuses et de développer les aurores. 11 v a là, comme ou voit, une idée très-simple extrêmement originale et bien faite pour fixer l'attention. Clianifonent de forme et spectre de lu comète de il. M. Henry. — Dans notre dernier article, nous avons si- gnalé la découverte de cette comèle. MM. Ilayct et André, qui en ont poursuivi l'étude, adressent à l'Académie une. belle planche représentant le nouvel aslrc et y joignent des détails intéressants. Le '23 août, la comète était sphé- i ique avec une condensation lumineuse vers le centre. Dans la nuit du 90 au 11 on constata que son spectre consistait dans les trois raies brillantes P b et F sans trace de spec- tre continu. Du "20 au 30 elle présenta un diamètre beau- coup plus grand que précédemment et évalué à 8 minutes; en inèioe temps elle manifesta \mic queue assez lar^c. Le noyau avait acquis l'éclat d'une étoile de fi" grandeur, et les auteurs croient que cet astre est destiné à devenir vi- sible à l'uiil nu. Au spectre discontinu dû à la lumière propre de la cuniète, est venu se joindre un spectre causé par la lumière réfléchie du soleil. Les mers martiales comparées aux océans terrestres. — 51. Jlie de lleaiiiuout doiiue lecture d'une noie dans laquelle nous mollirons que si le niveau des océans terrestres te- nait à baisser suffisamment, ces océans prendraient des formes toutes pareilles à celles des mers de Mars. L'inté- rêt de cette remarque réside dans ce double fait que Mars, dans la théorie de l'évolution sidérale, représente un astre plus âgé que la terre et offrant des conditions que celle-ci présentera plus tard; et que l'effetle plus visible de l'avan- cement eu âge des globes du système solaire inférieur con- siste dans l'absorption de l'atmosphère et des océans par le noyau solide. Cette nouvelle remarque vient confirmer un grand nombre d'autres observations déjà présentées et leur donner par conséquent une nouvelle force. Stjmslas Meunier. Le Propriétaire-Gérant : G. Tissasdicii. -me. êimox ba-os et coar., iice d'ofuiith, 1. I\° 1G. — 20 SEPTEMBRE 18 73 LA NATURE. 241 LES BOLÉES DE SAUVETAGE A LUJIIË11E IXEXTINUL'lllI.E. On emploie, depuis longtemps, à bord des navires, diverses espèces de bouées, ou flotteurs, pour le sauvetage des hommes tombés accidentellement, à la mer. Le règlement des vaisseaux del'Ktatest formel : dès (pie le cri: l'n homme h la mer! s'est l'ail, enten- dre, le factionnaire placé près de la bouée doit tran- cher, d'un coup de hache, la corde qui retient celle- ci suspendue à l'arrière du bàlimenl. I,a bouée de jour est formée d'un disque en hége assez épais, tra- versé eu son milieu par un tube métallique vertical : dès que l'appareil tombe à l'eau, un mécanisme très- simple fait sortir, à la partie supérieure du tube, nu drapeau rouge qui doit servir do guide au naufragé, bannit., une autre disposition est en usage : au cen- tre du flotteur est iixé un cylindre en cuivre conte- nant une fusée d'artifice; lorsqu'on vient à couper la corde qui tient la bouée, cette dernière, pendant sa chute, raidit un autre bout de filin attaché par uu ftouvcdle buui'e lumineuse (système Silas). petit crochet en S, à la partie supérieure de la fusée, laquelle se trouve, par la secousse mémo, presque entièrement sortie du tube, puis aussitôt enflammée par son amorce; le crochet, supportant alors le poids de tout le système, ne tarde pas à céder, aban- donnant la bouée qui tombe à la mer. On obtient de la sorte un signal lumineux durant vingt minutes environ. 11 est aisé de comprendre les inconvénients de ee procédé: la flamme de la poudre peut être éteinte par l'effet du vent, de la pluie, ou des vagues ; de plus, par sa nature même, cette flamme, quoique visible à une certaine distance, ne jouit pas de pro- priétés éclairantesqui permettent de faire distinguer, dans l'obscurité, les objets environnants. Dans le but d'obvier à ces difficultés, inhérentes à l'emploi de la poudre ou de toute autre matière combustible habi- tuellement usitée, MM. Sevfci'th et Silas ont mis en pratique une idée fort ingénieuse : utiliser la pro- priété singulière offerte par un composé du phos- phore, le phos phure de calcium, de fournir, au con- tact de l'eau, un gaz qui brûle spontanément à l'air, en donnant une vive lumière que la tempête même ne peut éteindre 1 . Voici en quoi consiste l'appareil imaginé par les inventeurs, avec [es modifications apportées à sa forme primitive par, le conseil de l'txole de pyro- technie de Toulon : la bouée, en bois ou liège, ana- logue à celles déjà cmplovées pnr la marine, porte à 1 Le phosplim-c de calcium est un cm ps sulide, de couleur hrune, campusé de p!'o*plioœ et de çjdcium : ou suit que ce dernier, réuni i l'oxygène, constitue la chaux. En piv.sf.iice de l'eau, le pliosphun; donne lieu à un dégagement d'hydrogène phosphore qui s'enflamme spontanément â i^iir. 16 242 LA JVATURE. son centre une cavité dans laquelle est installé le système; éclairant. Ce dernier se compose d'une boite métallique (destinée à contenir le phosphore de cal- cium), encastrée dans le flotteur et traversée par un tube qui dépasse d'une certaine longueur en liant et en bas. Ce tube, dans la portion qui traverse la boite, est percé de trous permettant, nu moment favorable, l'entrée de l'eau nécessaire à la décomposition du phosphuro. Deux robinets, disposés, l'on à la par- tie supérieure du tube, l'autre au-dessous du réser- voir métallique, sont reliés par une tige qui les rend solidaires l'un de l'autre: ils sont manœuvres parla traction d'une corde, attachée pur un anneau à la tète du robinet supérieur, que protège contre les clioc-i une calotte métallique percée d'un trou dans lequel passe la corde. Pont' faciliter le change tient de la boîleuphosphure, quandsa provision est épuisée, l'as- semblage de celle-ci avec le tube est à vis ; dans le but de rendre la fermeture plus hermétique, une ri- gole ménagée à cet effet permet de couler un peu de résine qui intercepte complètement le passage de l'air. Tels sont les organes essentiels de l'appareil; il est facile maintenant d'en comprendre le, jeu. Lors- que le factionnaire a coupé l'amarre, passée dans une poulie, qui tient la bouée suspendue par ses trois chaînettes, la première secousse l'ait raidir une ficelle de résistance moyenne, attachée d'une part à la tige des robinets et de l'autre à un piton fixé sur la pou- lie : cette action suffit à faire ouvrir les deux robi- nets qui doivent permettre l'entrée de l'eau et la sortie du gaz. Ce premier mouvement accompli, la ficelle se brise ; on choisit on effet, pour cet usage, le filin qui sert à fabriquer les cartouches à boulets ; ce cordage ne peu! supporter, sans rupture, la se- cousse donnée par im poids de ,*>!) kilos environ. La bouée tombe alors à la mer, et l'eau s'introduit aus- sitôt dans le tube inférieur, par les trous duquel elle, passe dans le réservoir: dès que l'eau, se trouve en contact avec le phosphore de calcium, l'hydrogène phosphore se dégage et vient s'enflammer à l'orifice du tube supérieur dont le robinet est ouvert ; la flamme obtenue jouit d'un éclat remarquable et ne peut s'éteindre tant qu'il reste du gaz. Le dégage- ment est même si intense, au commencement de 1 o- pérutiou que, pendant les cinq premières minutes, la flamme a plus de 50 centimètres de longueur; on a reconnu, dans les expériences faites à Toulon, qu'une charge de 450 grammes de phosphuro, avec un. tube dont l'orifice supérieur est de A millimètres, fournit une lumière qui dure une heure dix minutes. Pendant la dernière demi-heure, la réacliouse faisant avec plus de lenteur, par suite de l'épuisement de la matière contenue dans le réservoir, il y a, dans le jet de flammes, quelques intermittences, mais clins sont de courte durée. INous avons représenté le curieux appareil, flottant à la surface des Ilots au moment où , grâce à sa vive lumière, il va pouvoir assurer le salut au malheureux qu'un coup de mer a arraché de son navire. If. Y. Silas, archiviste de l'ambassade de France, i à Vienne, a développé, dans nu mémoire publié en 18f>'J, diverses autres applications du phosphore de calcium à des appareils qui pourraient être d'une grande utilité pour les marins, exposés pendant la nuit à tous les dangers de la tempête. L'auteur fait valoir les avantages que présenterait son procédépour établir: — un petit fanal portatif, qui, réuni par un lieu à la ceinture de sauvetage, flotterait derrière le naufragé de manière à le faire distinguer dans l'obs- curité; — un fanal de détresse à grande flamme, permettant à un navire en danger de signaler sa pré- j seuce au loin, et d'éclairer au besoin, les embarcations ! de sauvetage; — enfin, divers systèmes de trans- i mission nocturne de dépêches, signaux, etc. — I M. Silas indique encore un autre usage spécial de ses appareils qui mérite d'être mentionné : il pro- pose de les utiliser, sur les voies de chemins de 1er, pour garantir un train en détresse par un feu visible à une distance considérable, n'exigeant pour être al- lumé, qu'un peu d'eau et résistant au vent et à la pluie. L'amiral lligault de Gonouilly, ministre de la ma- rine, avait, eu 18(j8, fait étudier avec le plus grand sein, par l'Ecole do pyrotechnie de Toulon, les bouées à lumière inextinguible; tous les rapports faits par les commissions appelées à juger du. mérite démette invention lui furent très-favorables. Depuis cette épo- que, on a entrepris sur ce sujet une série de recher- ches dirigées à un double point de vue: d'une part, le fonctionnement facile et immédiat, des bouées, et de l'autre, la parfaite conservation du phosphore soumis à des circonstaucesatmosphériqiies variables. On a d'ailleurs fait distribuer à toutes les stations navales que possède la marine française dans les mors lointaines des bouées Silas destinées à être expéri- mentées sous différentes latitudes. Les études consciencieuses butes à cet égard par nos officiers avaient été un peu perdues de vue à la suite de la dernière guerre ; elles sont reprises eu ce moment avec toute l'attention que comporte un su- jet intéressant à un si haut point la navigation ma- ritime. Lue circonstance récente vient encore coii- tiibuor à l'actualité de lu. question qui nous occupe: la marne anglaise se dispose à adopter, d'une ma- nière générale, les bouées à lumière inextinguible, sous le nom d'un étranger qui s'est contenté, de co- piée l'idée de notre, compatriote 1 . Il appartient à la France de revendiquer la priorité de celle invention. et de rendre à chacun ce qui lui est dû, selon l'adage latin : iS««?n cuiqvc. P. de Sai.m-Michel. î i Nous .-tvims pailû île eelti; imeiitiuii ,|i;i^J 77': et nous sommes tieineux île rectiiier iiujininl'luii l'erreur que iiuus avions bien imoleiiUiiTiuent tuiuuiiso, au détriment d'un de nos dut i l'-it i iuLes. ,G. T. , LA NATL'IU REYl'E MËTEOKULOUIQIjE Le père Denza, directeur de l'observatoire île Mon- euheri, a attaqué, dans une lettre que publiant la plu- part des journaux italiens, les prédictions faites par les astronomes de Paris sor les ploies et les cha- leurs de l'été. Le savant astronome a eu la lionne idée de donner un tableau du maximum des lempé- tures de toutes les stations en communication scien- tifique avec l'établissement qu'il dirige. On reconnaît que tuus ces muxunss se sont produits dans le cours du mois de juillet, et qu'on peut les séparer en deux groupes, ceux qui ont atteint leur maximum dans la première décade et ceux qui ne l'ont atteint que dans la troisième. Le milieu du mois avant été troublé par des orages qui ont Cette année coïncidé avec la pleine loue, la température a partout été moindre du 10 au ai) que du l'' 1 ' au 10 ou du 20 au 51 . Nulle part le maximum ne s'est produit après le ,11 juillet, (l'est à peu de chose près ee qui s'est passé dans nos régions avec cette dillérence que, le maximum de température, s'est, plutôt produit à la fin de juillet qu'au commencement, contrairement a ce qui a eu lieu en Italie. Maxima du commeueeiueul. île juillet. Alexandrie. . . . ôô°2 Palaiiza 50 li (j Serravillu .... 5rr2 Ivrée ô"2 l> 2 lira 7ii>" Mondovi fii'O Vercelli ô>9 lliello 51"o Lodi 5i*'G Vasallo 29" Moncalieri .... 5i"2 Castchino .... 37 u 8 Visevano 55"7 Sacra-Sahit-liii bel 20 1 Saluées 55"5 Aoste ...... 2I"0 Plaisance 52 u 7 Simplon 10 '0 Yolpeglino . . . . 32"7 Grand-Saint -lîoin. lt>"8 Muximu de la fin de juillet. Domadoiuda . . . ôo"'l Cogne 2i-'o Suse 52°9 Petit-Saint.-Jkm.. 19"2 Casalc 3'2"8 Col-de-Valdeonble 1G* Nous ne citons pas seulement cet instructif tableau pour mettre en évidence les oscillations dont la température est susceptible dans un district météo- rologique de faible étendue ; nous tenons surtout à faire comprendre combien lesinllucnccs locales sont susceptibles de modifier l'état du temps. Eu effet, nous vuvoijs figurer des chiffres différant de 15". Quoique le soleil luise pour tout le monde, ses ravous n'agissent point de la même manière, même dans tout pays. C'est une vérité dont le père Denza ne parait que médiocrement, se douter. Les raisonnements que nous avons faits pour la Lrance seplcnlnoiiale n'ont aucune valeur pour le district alpestre, dont nous ne nous occupons point. Lu Lrance, nous dépendon.s'pliis du courant polaire que du courant tropical, car le voisinage des résidus de la débâcle annuelle produit des effets toujours très-éner- giques efdunt les Italiens n'ont point à tenir compte, au moins de la inêineinaiiièreque nous. Au commen- cement de juillet, d'après le rapport du lieutenant Parent et du capitaine Pahlander, la banquise se rencontrait déjà par le 80", 48. Elle permettait à peine d'approcher de l'ile Doss. Un soleil trè.vénurgiqiie n'a pas manqué, de la démembrer. Les dernières nouvelles reçues de la Diana ne laissent aucun doute à ce sujet. Il n'est pas impossible que le hardi y.icht ait pu franchir les débris accumulés sur la cote septen- trionale du ^pitzberg, et s'avancer plus loin que les autres navigateurs arctiques ne l'ont fait. Mais ces débris ont-ils tous disparu sous l'action des rayons solaires'.' La chose est infiniment peu probable, car des glaçons énormes ont été récemment rencontrés dans les parages de Terre-Neuve. 11 est à présumer que ces glaces, échouées le long d'une multitude de baies et de rivages, ne vont point tarder à se res- souder. Suivant toute probabilité, elles deviendront lu racine de nouvelles banquises qui seront pour nous la cause d'un automne pluvieux et d'un hiver rude prématuré. L'été exceptionnellement chaud pour nous de 1873 semble devoir être suivi, connue eu 1 775 et en 1795, j par un automne désagréable cl un hiver rigoureux, n'en déplaise au père Denza. Peut-être en sera t-il autrement en Italie : c'est une question que nous n'examinons point aujourd'hui, nous ne parlons que pour la Lrance, et encore uniquement pour la partie de. la Fiance qui fait partie du bassin océanique. Certains astronomes, qui trouvent tout naturel qu'un s'occupe du nombre des taches solaires et de leurs périodicités, seront sans doute surpris qu'on fasse entrer des phénomènes terrestres en ligne de compte dans la prévision rationnelle du temps. Mais, mémo \ dans le cas où nous nous tromperions dans l'usage que nous faisons de ces données, il ne nous resterait pas moins la satisfaction d'avoir été mi des premiers à en signaler l'utilité. Qu'il nous soit permis d'ajouter que notre manière de voir est partagée par M, John Colwells, de la marine royale d'Angleterre, habile navigateur qui connaÎL très-bien les mers arctiques, où il faisait campagne l'an dernier et dont nous pré- férons l'autorité à celle du célèbre jésuite italien. Nous prendrons lu liberté de faire remarquer que l'intluenoo du voisinage des glaciers se fait sentir d'une façon très-remarquable dans les chiffres re- cueillis par le père Denza, quoique les glaciers des Alpes soient bien peu de chose eu présence des masses de glace qui flottent sur l'Océan ! L'altitude est un élément important dans le déero:s- sement de la température. Ainsi le Simplon n'offre que 19", t! dans son maximum de 1875, année très- chaude, parce qu'il est à un niveau de 2,003 mètres. Le petit Saint-LJeriiard, qui est à 185 mètres plus haut, n'a atteint que 19", '2. Enfin le grand Saml-Uer- nai'd, qui est à4G5 mètres au-dessus, ne donne plus que lt>8. La décroissance est beaucoup plus rapide 244 LA NATURE. dans ce cas, parce que le pic est environné par les glaciers, grâce auxquels Je district alpestre se trouve singulièrement refroidi. 'W. ne ïosvieli.k. LA GUISÉE SEPÏEMRIOXALE A PitOI' OS DK I.' EXPÉDITION A N G I. Al SU. La portion de la côte de Guinée qui sépare la répu- blique nègre de Libéria des bouches du ÎSiger a une étendue d'environ quatre cents lieues. Ello'se dirige presque exactement de l'ouest à l'est, et se trouve située à une latitude moyenne de 4 à û degrés au nord deTéqualeur. Cette longue ligue de pais m ri- times se partage en trois parties à peu pifs d'égale étendue : ia cote d'Ivoire, dont il semble que la république de Libéria finira par s'emparer, la cote d'Or, d'un accès plus facile et possédant un assez grand nombre depotts; enfin la cèle des Esclaves, lapins arideet, de toutes la plus inhospitalière. C'est, sur la côte d'Or que l'attention publique se trouve dirigée en ee moment. C'est donc de cette vaste partie de la Guinée que nous parlerons plus parli- eulièrement. L'embouchure de tous les fleuves de la Guinée septentrionale- est obstruée par des péninsules très- longues et très-étroites, formées par des limons dé- posés pendant les grandes inondations, mélangés de sables, et, où s'est développée lentement une végéta- tion bien moins robuste que celle des forêts inextri- cables de l'intérieur. Aucune partie du périmètre de l'Afrique n'offre à un aussi baut degré cet étrange caractère provenant en partie de l'état d'abandon dans lequel ont été laissés, depuis l'origine des âges, de puissanls cours d'eau dignes de rivaliser avec les plus grandes artères fluviales du monde. Deut-ètre la côte d'Or est-elle plus riche que les autres parties de la Guinée en métaux précieux, car c'est dans celte partie de ia côte que la poudre est sinon plus abondante, du moins plus pure. C'est aussi là que, les nègres et les grands, qu'on nomme eabossirs, ont Je plus d'ornements, de bijoux et d'ustensiles en or. On comprend facilement le soin avec lequel les Anglais cherchent à établir leur in- fluence, à peu près exclusive, dans un pays où le plus précieux de tous les métaux sert quelquefois à des usages auxquels nous réservons ordinairement le fer, ut où le climat! quoique terriblement chaud, n'est point aussi destructeur qu'on pourrait le croire. Eu effet, l'année offrant deux saisons de pluies, les sécheresses ne sont naturellement pas très-lon- gues. Le principal obstacle qu'ils ont rencontré provient des Achantis, peuplade très-puissante, quia fondé dans ces régions barbares un véritable empire, très- bien décrit en 1818 par un diplomate anglais nommé iSowdieh, et, qui n'a point considérablement changé depuis cette époque, ni de mœurs, ni d'étendue, m de religion. C'est toujours la même nation aussi éitergiquement idolâtre et barbare, aussi sanguinaire, aussi jalouse de sou indépendance. Les origines de la querelle qui fait aujourd'hui cou- ler le sang dans une terre avide de sacrifices humains sont trop obscures pour que nous cherchions à les déterminer. Les Achantis affirment que les Anglais ont violé les lois internationales en. refusant de livrer un cabossir qui avait enlevé des trésors appartenant au roi. Les Anglais prétendent que l'humanité leur l'ail un devoir de ne point abandonner ce personnage, qui est venu chercher l'hospitalité du fo\er britannique, car le roi des Achantis ne s'en emparerait que pour le. faire périr dans les supplices que peut rêver l'ima- gination d'un barbare. Dans le voisinage de la mer, le .sol est. léger, sablonneux et, par conséquent, peu favo- rable, à la culture. C'est, seulement dans l'intérieur que la végétation tropicale reprend ses droits, et elle ne tarde point à être d'une richesse prodigieuse. C'est sur la zone stérile, découverte pur des ma- rins dieppois à la lin du quatorzième siècle, que plu- sieurs nations ont successivement formé des établis- sements qui n'étaient à l'origine que, des grands foyers de la traite des nègres, et qui ont perdu mo- mentanément une grande pallie de leur importance, dès que la chair humaine a cessé d'être une mar- chanlise. Les Hollandais et les Danois, et même les Anglais s'étaient donc contentés de forts malsains, situés mi- le bord de la mer, c'est-à-dire dans la partie inhabi- table du pays, et, n'avaient jaunis songé à poi 1er leurs établissements dans la régirai que peuplent des singes semblables à des hommes, et des hommes semblables à des fauves. Les Danois ont occupé pendant, plus d'un siècle les forts de. Fiicdersborg, de Cbristiunborg, de Kicnig- stein, dont l'Angleterre hérita en 184(1 par un traité d'acquisition. Les Hollandais ont longtemps possédé à la côte d'Or des établissement- d'une importance encore plus grande : Saiut-Georges-d'Elmiiia, le principal comp- toir de tout le pays, et Crèvecœur, eu même temps qu'une multitude de villages et de territoires peu- plés par plus de 100,000 habitants. Un peu avant, cette époque (janvier 1871), nous avons abandonné spontanément les possessions que nous avons récemment réoccupées sur cette côte. A la suite d'explorations et de traités passés avec les chefs indigènes, nous avions en effet acheté, il y a trente, ans, les comptoirs d'Assinie et de Grand-Hussam, situés l'un et l'autre sur les frontières de la côte d'Ivoire, bue révolte qui avait éclaté en 18;iâ et dans laquelle le général Faiitberbe, alors simple ca- pitaine du génie, avait, commencé à se faire connaî- tre, ayant été réprimée, nous serions encore établis dans ces régions, si l'on n'avait été réduit par les malheurs des temps à économiser la solde d'une cen- taine de soldats nègres, et l'entretien de quelques embarcations de guerre. Grâce à ces circonstances funestes, les Anglais sont donc actuellement les LA NATURE. 245 maîtres incontestés de tout ce vaste territoire qu'ils soient obligés de respecter In neu- tralité du pays que nous avons occupé , ils n'ont plus à re- douter nue influence étrangère, rivale île lu leur. Leur capitale est le château du cap Corse, vil le de 10,001) âmes , la plus peu- plée île la cote après Saint -Georges -d'El- mina, longtemps sa rivale. Malheureuse- ment pour les An- glais , la cession que les Hollandais ont laite de leurs droits ne par.nl, point avoir été acceptée avec une égale satisfaction par' tous les habitants de la côte. Les gens d'El- mina, ayant accueilli les Achantis, ont vu leur ville brûlée de fond eu comble par des navires de guerre de Sa Majesté, britan- nique. Mais ce succès n'a point empêché les Achantis d'envahir successivement tou- tes les parties du ter- ritoire occupé par les alliés de l'Angleterre et de corner étroite- ment les Anglais dans le château du cap Corse , après avoir battu leurs auxi- liaires. Le plus re- doutable ennemi con- tre lequel les Anglais aient à lutter est sans contredit la lièvre, compliquée cette an- née de la petite vé- role. Les causes de cette épidémie dés- astreuse sont, attri- buées au système vi- cieux de construction des fosses d'aisance qui paraissent infec- ter les eaux potables. — La capitale des Achantis se nomme Couinassiet, ville située au nord do la chaîne quoi- \ du liltoral, et leur empire s'étend jusqu'aux premiers rameaux des monts Gong. Cette chaîne du littoral est d'un accès fort difficile, non point parce que ses hauts sommets sont très élevés, mais parce que ses pentes sont couvertes d'une végétation inextricr- blo. C'est par le 1er et le feu qu'une ar- mée peut seulement arriver à s'y frayer un passage. Aussi les Achantis , qui peu- vent, dit-on, mettre sur pied deux cent mille guerriers pour défendre leur terri- toire dans le cas d'in- vasion étrangère, doi- vent compter sur la nature plus encore que sur leur nombre. Leur puissance date de la fin du dix- septième siècle, épo- que à laquelle un guerrier, nommé Saï- Toutau fonda leur monarchie, où le pou- voir se transmet par ligue collatérale fé- minine. Us ont été quelquefois assez heu- reux dans leurs guerres contre les Anglais, car ils con- servent à Coumassiet le crâne du général Mac-Carthy, tué dans un combat en 1828. Leur roi , nommé Colïy Calcaly, s'en sert pour boire le vin de palmier dans les occasions solennelles, alors qu'on procède à d'horribles sacri- fices humains pour rendre les fétiches favorables. C'est sur les terri- toires abandonnés par la France que les Achantis se procurent actuellement des armes, que leur apportent des nègres Fantis, très-actifs courtiers de ce commerce 210 LA N A TU Fi F, interlope. Ce n'eut point à nous qu'il importe d'exa- miner s'il est à espérer que cette circonstance ramène, notre pavillon dans ces régions. Mais nous ne pou- vions donner nue idée de la géographie de ces con- trées sans ruron'er sommairement l'histoire îles vicissitudes auxquelles nutre domination y a déjà été soumise, et qui ne sont peut-être point les dei- nières. Au sud de la cote d'Or, commence la cote des Es- claves, également connue, sous le nom de rovaume. de Dahomey. Cet empire, barbare est encore, plus célèbre que celui des Achantis par les horribles miaules qui s'y commettent. Guy trouve cependant une oasis où l'humanité exerce tous ses dioits les plus raffinés, et où biille le dévouement le plus sublime : c'est l'établissement français d'Ouvdat, occupé maintenant [lardes sœurs dépendant de l'éiè- que du Gabon, et qui, abandonnées à elles-mêmes, car la France n'a jamais [iris possession de ce terri- toirc, n'ont en quelque sorte que Dieu pour les pro- téger sur la terre. Autour tic ces religieuses se sont groupés des noirs affranchis, que ces julmirables tilles ont, élevés à viire libres; sans v avoir aucun droit, ils arborent le drapeau delà France, dont ils ont appris à balbutier la langue. La mort du roi de Dahomey, qui est toute récente, donnera peut-être lieu à des complications nouvelUs, et, par conséquent, ajoutera un nouvel intérêt aux conquêtes morales que, la vertu chrétienne a su faire siu' une côte où règne le paganisme le plus sauvage. LKS FONDS DE LA AIER Non s n'avons pas négligé: do donner de nombreux dé- tails sur l'exploration des profondeurs do l'Océan, ac- tuellement entreprise par une expédition anglaise, dans des conditions exceptionnelles '. 11 ne nous semble pas nécessaire d'insister sur l'importance de ces sou- dages opérés au fond des mers; ils sont certainement appelés à nous révéler, en même temps qui! Icsmvs- tères do la vie sous-marine, les merveilles de la cou- stituljon de notre globe, car sur notre planète, les continents occupent à peine le quart de la surface, et l'eau qui s'y étend est véritablement la généralité, La géologie des fonds de !a mer, science à peine créée, est destinée à ouvrir de nouveaux horizons à l'étude de notre sphéroïde; les savants qui vont fouiller ces profondeurs océaniques, aussi éloignées de la superficie des mers, que les sommets de nos plus hautes montagnes le. sont en sens inverse, ont, à n'en pas douter, de riches butins à recueillir, dans ces domaines encore vierges de tout regard humain. Mais les renseignements que nous avons procurés à nos lecteurs nous ont a 1 tiré certaines réclamations. Quelques-uns de nos lecteurs, fort compétents 1 Exjmlilioii du Challenger, p. 07 lengcr, p. 220-2'J5. Prrhcs du Chal- dans ces sortes de travaux scientifiques, nous ont fait, observer que nous mettions en évi- dence une expédition anglaise d'une importance évidemment capitale, mais que nous négligions jus- qu'ici de sieiïalor les travaux qui avaient été entre- pris depuis longtemps, dans le même sens, par des savants français. Nous nous hâterons de dire que la science n'a pas de patrie; c'est, peut-être un de ses beaux privilèges ; tous les hommes de bonne volonté qui étudient la nature, qui professent l'amour du travail, qui consacrent leur intelligence à conquérir dans le monde de l'inconnu quelque fait nouveau, pour le bien de l'humanité, sont tous au même titre, et quelle que soit leur nationalité, dignes de notre estime et de notre reconnaissance. Mais il n'en est pas moins juste d'accorder à chacun selon ses œu- vres, et de rendre à (léser ce qui appartient à César. Nous avons parlé avec quelques détails de la belle exploration du Chullcnijer ; nous croyons devoir com- pléter, en quelque sorte, les documents que, nous avons publiés à ce sujet, en mentionnant des entre- prises antérieures, exécutées dans le mémo but par un groupe de savants français qui poursuivent ac- tuellement leurs remarquables investigations des fonds de la nier. A l'époque où parurent les remar- quables travaux de Maury sur la géographie de la mer, MM. do l'olin et f'éiïer eurent l'idée de complé- ter les travaux du savant américain sur la météorologie marine eu créant la géologie du fond des mers, en étudiant, la faune et la llore de ces incomparables vallées enfouies dans les abîmes de l'Océan, Fin 186Ô, M. de Folin eut l'occasion de commencer de curieu- ses observations marines, près de l'isthme de l'ana- iiii, et il découvrit tout un monde de petits oslra- codes foraminilërr.s ; ces résultats furent aussitôt communiqués à la Société Liuuéenne de Bordeaux ; leur importance fut comme une révélation. MM. de 1-olin et Périer comprirent quelles richesses inouïes la science devait puiser dans les fonds de la mer; pour s'assurer des ressources ils fondèrent en 181)7. avec M. Fischer, les Fonds de la nwr, publication re- marquable, qu'ils envoyèrent aux Etats-Unis, en Al- lemagne, on Italie, faisant un appel au monde savant dotons les pays civilisés pour former une coalition d'un nouveau genre, destinée à dévoiler les innom- brables merveilles que cache à nos regards l'im- mensité de la nappe océanique. Celte publication coutume et prospère ; elle abonde en révélations cu- rieuses en observations fécondes, et elle nous offre, une preuve manifeste de l'initiative, intelligente que notre pays a su prendre dans les explorations des profondeurs de l'Océan. Les auteurs des Vomis i/c la mer se sont depuis longtemps signalés à l'allcu- tion des savants par de remarquables opérations de soudage, et, dès 1868, ils publièrent de très-inté- ressants travaux sur les fonds du golfe de Gascogne où ils recueillirent un sable magnétique de la plus haute curiosité, où ils découvrirent plusieurs espèces animales inédites, dont quatre crustacés nouveaux et deux mollusques. Malheureusement la France ne LA NATURE. 247 sait pas encourager les travaux do ce goure ; tandis que de l'autre côté do. la. Manche, lus naturalistes, avides d'explorer los profondeurs océaniques, ont. été pourvus d'un magnifique, navire, véritable arsenal de l 'observation scientifique, tandis qu'on leur a assuré les ressources d'un voyage autour du inonde, nous laissons nos savants jeter leurs sondes à quel- ques kilomètres de nos eûtes ! fÎAKn» TlSSAXMKIi. LES CYCLONES Les cyclones ou tempêtes tournantes sont l'un des phénomènes les plus importants elles plus curieux; de l'atmosphère. Ces formidables météores, dont la route est marquée par tant de désastres, sont désignés par différents noms : ouragans (llurracart), dans Toi éan Indien ou l'Atlantique; typhons (Tijfoon), dans la mer île Chine; simoun, dans le désert; tornades, sur la côte occidentale d'Afrique. Ces derniers tour- billons no. s'étendent qu'à une petite distance de, leur point de formation, tandis que les cvclones peuvent couvrir nue surface circulaire dont le diamè.lre varie de cent jusqu'à cent, cinquante milles marins. Ku même temps qu'il tourbillonne avec une vitesse qui va croissant de lu circonférence au centre, où règne un calme eomplct, le cyclone obéit à un mouvement do translation dont, la vitesse, comme celle, du mou- vement de rotation, varie suivant, l'intensité de l'ou- ragan, et augmente à mesure qu'il progresse. Les études poursuivies, depuis le commencement du siècle, par li'éminents météorologistes, dont nous aurons à citer les travaux dans le cours de ce. résumé, ont permis de suivre la marche et de tracer la route, des cyclones. Les navigateurs, guidés maintenant par la connaissance des lois qui régissent ces météores, et dont la découverte est une des belles conquêtes de la météorologie, peuvent sinon les éviter, du moins les traverser avec moins de chances de perdition. Mais, avant de faire connaître ces lois des tempêtes et les intéressantes observations qui ont conduit à leur dé- couverte, nous reproduirons, en l'abrégeant, la re- lation d'un cvclone observé dans les régions de l'Océan où ces tourbillons se rencontrent le plus fré- quemment, et où ils présentent les caractères les ■plus- redoutables. L'ensemble de cette relation, qu'a bien voulu nous communiquer l'un des ofliciers du bâtiment assailli par l'ouragan, suffira pour mettre nos lecteurs à même de. suivre avec plus d'intérêt ce que nous aurons à dire. do. la théorie des cvelnnes, et de son application aux mouvements tournants de l'atmosphère :. u Le 5 octobre 1871 , par un temps calme, pluvieux, le transport l'Amazone, vaisseau mixte à deux ponts commandé par M. Hiondet, capitaine de frégate, ap- pareillait de Port-de-France pour ïîoehefort, avec 220 hommes d'équipage et 124 passagers. Notre machine étant trop peu puissante pour lutter avan- tageusement contre les alizés, qui soufflent constam- ment .du N.-!;'.. ou du l'E.-N.-E. dans ces parages, nous nous élevâmes dans lenord afin d'aller chercher des vents favorables. Après avoir doublé l'île de la Dcsirade, on établit toute la voilure, et les feux de la machine furent éteints. Nous filions ainsi six nœuds au plus près du vent, « Le 8, le temps commença à se couvrir vers l'est; les nuages passant à l'ouest par le nord nous amenaient quelques grains, pendant lesquels le vent sautait de LE.-N.-M. au N.-E. Aux nuages blancs et, arrondis, caractéristiques des alizés, succédaient peu à peu des cirrus et des nimbus. Pendant la nuit les grains devinrent fréquents ; de fortes rafales et une pluie torrentielle les accompagnaient. On commença à ] rendre des ris dans les voiles. Dans la journée du 0, le vent força ; une grosse boule soulevait la mer, et pendant les grains, la brise refusait momentanément. Avant la nuit nous avions déjà deux ris aux huniers, un ris aux busses-voiles et deux aux voiles goélettes; nous portions en outre, l'artimon et le petit foc. Les étoiles disparaissaient sons un rideau de nua- ges grisâtres, et des éclairs se montraient dans la partie ouest. Le baromètre commençait à descendre, mais si lentement que nous n'avions aucune inquié- tude. Dans la matinée du 10, le vent se fixa au N.-E. et les grains se succédèrent presque sans interrup- tion, amenant une pluie à larges gouttes. La mer tourmentée, marbrée, d'écume, élevait de grandes vagues dont le sommet transparent se recouvrait d'une légère poussière blanche; le ciel, couvert d'épais nuages d'un gris de plomb, était menaçant. « L'Amazone poursuivait toujours sa route. Notre unique souci était la perle de temps que nous occa- sionnait ce coup de vent, qui, directement contraire à notre route, nous rejetait dans l'ouest. Le 10, à midi, nous étions par 25' 52' de latitude nord et (j7"ir de longitude ouest. Le vont redoublait. Sa vio- lence était devenue telle quo. les vagues ne pouvaient plus élever leurs crêtes, elles étaient renversées dans leur propre sillon. De longues stries blanches cou- raient à la surface de fa mer, surmontées à une grande hauteur d'une poussière d'écume entraînée par le vent. C'est alors seulement qu'on songea à la possi- bilité d'un cyclone. Ktions-nous en présence d'un de ces ouragans ou d'une tempête rectiligne ? La ma- noeuvre étant, opposée dans chacun de ces deux cas, il importait d'avoir le plus tôt possible une certitude. Une forte houle, la violence croissante du vent et la baisse du baromètre, qui sont les indices d'un cy- clone, sont aussi ceux d'une tempête ordinaire, avec cette différence que la baisse barométrique est plus prononcée dans le premier cas. Or le baromètre, qui le 9 à midi marquait 704 millimètre, était descendu progressivement jusqu'à 759 millimètres le 1 à midi , baisse qui n'av u it rien d'alarmant et pouvait faire croire à un simple coup de vent. Nous étions, il est vrai, dans les parages les plus fréquentés parles cyclones, mais ces phénomènes sont rares, et comme nous sa- vions qu'il en était récemment passé deux {l'un le 2i8 LA NATURE. L 2l août, et l'autre le 1 octobre, qui avait détruit une grande partie de la ville de Saint-Thomas), nous ne pensions pas qu'un tioisième les suivrait de si près. D'ailleurs le veut gardait une direction constante, et à l'approche d'un cyclone il tourne dans uu sens bien connu. Il n'y a qu'une seule exception à cette règle, c'est lorsqu'on se trouve directement sur le passage du centre, ce qui est le cas le plus dangereux. « Des nuages gris plomb envahissaient l'horizon et le zénith, une bruine épaisse nous entourait peu à peu. La nier grossissait toujours, et les grains se succédaient avec une rapidité remarquable. A midi et demi, la voile du grand hunier est déchirée par son milieu et emportée en mille morceaux. Vers deux heures, le temps était si couvert que de l' arrière on distinguait à peine l'avant du bâtiment. On ne vovait plus qu'une faible partie de la mer autour de. nous, c'est-à-dire les deux ou trois lames les plus voisines, dont la hauteur était effrayante. Le baromètre don- nait les indications suivantes : « Midi, 759"""; —1 h. 40, 7u7" 1,u ; — A h., 752 ,m ; 4 h. 4j, 7i7" lul . Devant une baisse aussi rapide le doute n'était plus possible. Nous étions eu présence d'un cyclone, et comme nous avions marché jusque-là dans le _\.-0., que de [dus, le vent n'avait pas changé de direction et souillait du N.-Ë., le cy- clone courait comme nous; son cercle mouvant se transportait du S. -Ë. au>.-0., et son centre devait passer sur nous. La manœuvre à faire était donc de fuir, vent arrière, le [dus rapidement possible, afin de gagner le demi-cercle- maniable, c'est-à-dire le côté du cyclone où la vitesse de translation étant en sens inverse de la vitesse de rotation, la modère un peu. Sous avions déjà perdu un temps précieux, et à cinq heures du soir, alors que le centre n'était [dus qu'à dix lieues et se t'approchait avec une vitesse double de Ja nôtre, nous hésitions encore, et nous avions bien lieu d'être pleins d'anxiété. D'après les derniers devis de C Amazone, il était reconnu que ce bâtiment était encore très-bon dans sis parties avant, mais que l'arrière était mauvais, et qu'il ne fallait guère compter sur sa solidité. Si dune, malgré les apparences, nous nous trouvions en présence d'une tempête rectiligne, en fuyant devant le temps nous courions le risque de perdre notre gouver- nail et de. rester à la merci de la tempête, ou de démolir notre arrière, d'engager peut-être, alors qu'à la cape le bâtiment ne courait aucun risque. Dans cette grave situation, le commandant demanda aux officiers leur avis ; tous furent d'accord pour dire que nous étions incontestablement eu présence d'un cyclone, et qu'il fallait en conséquence courir les chances de fuir vent arrière, malgré l'état de la mer et la violence des lames. u Vers cinq heures du soir, on commença donc à laisser porter. L'évolution fut fort lente. Ce n'est qu'à six heures que nous nous trouvâmes vent arrière, au S.-O., fuyant devant le temps sous la trinquette et la misaine avec deux ris. Malheureusement nous ne pûmes courir ainsi qu'une demi-heure. Vers 6 h. 50, le navire refuse d'obéir à sou gouvernail, il embarde et vient au S.-E., nous ramenant ainsi dans le cv- ehme. Il est probable que le gouvernail avait été dé- monté parles lames, ^ious étions donc à la merci de l'ouragan. « 11 faisait déjà nuit noire. Le vent avait acquis une violence si prodigieuse qu'à chaque instant nous nous dirions qu'il ne pouvait plus forcer, et cepen- dant il augmentait encore ! 11 ne fallait plus songer à manœuvrer sur Je [tout, au milieu d'une nuit épaisse et d'un fracas étourdissant. Le commandant et, l'offi- cier de quart seuls restaient encore en haut, mais ce n'est qu'eu se parlant à l'oreille qu'ils parvenaient à échanger quelques paroles. Au lieu d'avoir le cap au S--0., nous l'avions successivement au S.-E., au sud, etc., au gré de la tempête, nous rapprochant ainsi toujours du centre de l'ouragan. Les hauteurs barométriques étaient : à G h. 50 de 725"""; — à 7 h. 15, 71'2"""; — à 7 h. 25, 70-2'"'". F. Zdrciikr. — l.n suite prorlKHiicmi'îiit. — L'INDUCTION PERIPOUÏRE! Eu 18 L Ji, Ijanibev remarqua qu'une aiguille ai- mantée que l'on écarte de sa position d'équilibre os- cille pendant, un temps bien moindre lorsqu'elle est placée au-dessus d'un bloc de cuivre rouge, que lorsqu'elle se trouve éloignée de toute masse de mé- tal. La nature du corps employé excluait l'idéed'iiue action magnétique agissant directement ; mais qu'elle qu'en lut la cause, l'existence d'une force agissant sur l'aiguille et. due à la présence du cuivre, rouge était certaine. Ârago, s'appuyant sur ce fait, modilia l'expérience et mit en évidence l'existence de celte force de la manière suivante. Un disque de cuivre rouge peut être animé d'un mouvement de rotation assez rapide autour d'un axe vertical; au-dessus est placée nue aiguille aimantée, mobile sur un phnt. L'aiguille est en repos, l'une de ses extrémités dirigée vers le nord ; si l'on vient alors à faire tounier le disque de cuivre, on voit l'aiguille se met- tre en mouvement et être entraînée dans le sens de la rotation du disque ; une feuille de papier ou de parchemin est tendue au-dessous de l'aiguille, de telle sorte que l'on ne peut admettre que l'air ait pu communiquer à celle-ci le mouvement du disque, (les deux expériences sont concluantes : lors du mou- vement relatif d'un disque de cuivre et d'un aimant, il se développe une force appliquée aux pôles de ce dernier et agissant dans lu sens du mouvement rela- tif du disque, par rapport à l'aimant. Disons, en passant, que cette propriété fut appli- quée dans la construction des galvanomètres et qut l'on parvint, par l'interposition d'une plaque de cui- vre, à ramener assez rapidement au repos les aiguil- les de ces appareils, aiguilles qui oscillent d'autant plus lentement cl d'autant plus longtemps que le galvanomètre est plus sensible. la nature. 249 Lorsque plus tard les actions des courants furent connues [ilus complètement, lorsque l'induction eut été découverte, on fut conduit naturellement à rat- tacher à ces effets les expériences que nous venons de rappeler sommairement et qui étaient étudiées jusqu'alors sons le nom de mtMjiwtisme en mouve- ment. La découverte des électro-aimants qui donnent le moyeu d'obtenir des actions magnétiques, d'une intensité considérable, permit de reprendre les expé- riences en les variant et en les rendant plus nettes. Nous rappellerons l'expérience de faraday, qui met en évidence, d'une manière saisissante, l'action de l'aimant sur le cuivre: un cube de cuivre auquel on communique une grande vitesse de rotation tourne entre les pôles d'un électro-aimant ; tant que celui- ci est inactif, le cube tourne presque sans rien perdre de sa vitesse; niais sitôt qu'un courant électrique passe dans les fils qui entourent l'électro-aimant et le rend actif, le cube est arrêté. 1., effet est presque in- stantané ; si, d'autre part, une petite force, comme celle (îui provient do la torsion d l'un (il par lequel le cube est suspendu, continue d'agir, le mouvement se Nouvel appareil d'induction, roiisU'iiil pur Iluliiukoiff. prolongera, mais avec une vitesse extrêmement faible; li! cube a l'air de se mouvoir dans un milieu pâteux. Le mouvement reprend fit s'accélère sitôt que l'un in- terrompt le courant et que les fers doux qui consti- tuent l'électro-aimant se trouvent ramenés à l'état naturel. lin modifiant les conditions de l'expérience, Fara- day put conclure que c'est la production de courants d'induction dans le cuivre qui est la cause de l'ar- rêt observé. Dans d'autres expériences, auxquelles nous ne nous arrêterons pas, l'existence de ces cou- rants fut démontrée par l'exploration directe d'un disque de cuivre tournant devant un aimant, explo- ration qui permit de définir leurs trajectoires d'une manière certaine. L'expérience de Faraday, que nous venons de citer, peut être présentée sous une autre forme: un dis- que de cuivre rouge, à axe horizontal, peut recevoir un mouvement de rotation très-rapide (10,000 tours par minute), qu'on lui communique par une série de roues dentées et de pignons mus par une manivelle. Ce disque passe entre les deux extrémités du noyau de 1er doux d'un électro-aimant, dans les fils duquel on peut à volonté faire circuler un courant. Tant que le courant n'agit pas, et lorsque le disque a at- teint la vitesse qu'il peut acquérir, il suffit d'un fai- ble effort pour entretenir le mouvement, et si l'on abandonne la manivelle, la rotation se continue pen- dant longtemps avec un ralentissement graduel. Mais l'arrêt est immédiat au moment où l'on ferme le cir- cuit qui contient une pile et les fils de l'électro- aimaut. C'est Foucault qui fit disposer l'expérience comme nous venons de l'indiquer; il n'avait pas pour but de -2b0 LA INATURK. répéter simplement l'expérience de Faraday d'une maniera un peu différente ; mais il voulait étudier ce. qui se passe lorsque l'on continue d'appliquer à la manivelle une force suffisante pour entretenir le mou- vement de rotation du disque. On observe alors que, lorsque le courant passe, il faut, pour maintenu' la moine vitesse, développer nu effet, considérable, pro- duire un travail mécanique que l'on peut évaluer et qui atteint une valeur Irès-notalile. Que devient ce travail mécanique qui n'est pas nécessaire pour maintenir la vitesse de rotation, à proprement parler et qui n'est rendu indispensable que par l'effet du courant? Foucault pensait que, conformément aux idées qui étaient nouvelles à l'époque où il construi- sait son appareil, ce travail mécanique devait être transformé en ebaleur ; l'expérience justifie complè- tement cette prévision eL l'on observe (pie, en for- çant le disque à tourner lors du passage du courant, ou parvient à élever sa température d'une quantité appréciable, à la main, ou peut, même atteindre le point de fusion de la cire, en prolongeant l'expé- rience pendant deux minutes et en employant, le cou- rant produit par six éléments Bunsen. Tel était l'état de celte question, au moins dans les points les plus importants, et depuis l'appareil de Foucault aucune particularité notable n'avait été si- ïmaléo, relativement à l'action des aimants sur le cuivre en mouvement, lorsque M. Le Roux présenta l'appareil dont nous voulons parler .actuellement, et éludia ce qu'il appelle : Yinduction péripûlaire. Sur une table solidement construite sont portées par des pieds en fer quatre bobines recouvertes de fil de cuivre isolés; ces (ils peuvent être reliés à une pile par l'intermédiaire du commutateur G, qui per- met d'interrompre le courant ou de fermer le circuit , à volonté. Des noyaux, de fer doux sont placés au centre des bobines; leurs extrémités dépassent les bobines et constituent les pôles des électro-aimants lorsque le. courant passe. Un disque eu cuivre rouge |)D' est placé dans le plan de symétrie, de l'appareil, parallèlement aux axes des bobines. Ce disque peut tourner autour d'un axeborizontal qui passe entre les extrémités opposées des fers doux et dont ou voit l'extrémité en A. A celte même extré- mité se trouve le dernier pignon qui sert à transmettre au disque D le, mouvement de rotation produit par la manivelle, mouvement qui atteint plus de ISO tours à la seconde, soit 10,000 tours à la minute. Aux ex- trémités des noyaux de deux bobines opposées, et par-dessous, sont fixées deux pièces de fer doux F', entre lesquelles passe, sans les toucher, le disque de cuivre D. Lorsque l'appareil est ainsi disposé, il con- stitue un puissant appareil de, Foucault, avec lequel on peut répéter les expériences que nous avons indi- quées plus haut. Mais, en outre, et par-dessus les novaux des électro-aimants, on peut placer deux pièces de 1er doux F analogues à celles que nous ve- nons de signaler en dessous ; lorsque ces pièces sont posées et que, comme les pièces F', elles sont ai- mantées par leur contact avec les électro-aimants, le disque D est, dans toute son étendue, soumis à l'ac- tion d'un champ magnétique présentant la plus grande symétrie dans toutes les directions, flans ce cas, on observe que la rotation du disque est aussi facile lorsque le courant pusse que lorsque le circuit est iuterrroinpu ; que l'on n'éprouve pas alors la ré- sistance qui est si manifeste dans l'appareil de Fou- cault, que le disque ne s'échauffe pas d'une manière sensible. Cependant, le courant électrique passe; dans la pile, du zinc est dissous : il y a donc une énergie dé- pensée de ce côté, on doit observer quelque part ailleurs une action, manifestation de cette énergie. L'étude des effets qui doivent se produire par suite de l'induction, conduisit M. Le Roux à admettre l'existence d'un courant, allant du centre du disque à la circonférence ; il fallait vériller cette conclusion. A cet effet, un support métallique vertical est en contact avec l'axe du disque.; une tige horizontale fixée à ce support est terminée par un lil de cuivre dont l'extrémité repose sur la périphérie du disque. Lorsque celui-ci tourne, sans que le courant passe, on n'observe aucun elfet spécial; par suite du frotte- ment, l'extrémité du fil s'échauffe bien un peu à la longue; mais cette action, prévue du reste, est de peu d'importance. Si l'on vient, au contraire, à mettre la bobine en communication avec la pile, on observe, au point de contact du fil et du disque, une série continue, d'étincelles très-vives, jaillissant aver, inten- sité et dénotant l'existence d'un courant, très-énergi- que dans le circuit formé par le, disque, son axe et les diverses pièces qui y sont adaptées et que nous avons décrites. C'est dans l'existence de ce courant prévu par la théorie, que consiste l'induction péripolaire de M. Le Roux. Jusqu'à présent, on no voit pas à cette expé- rience d'applications pratiques; mais elle, est cepen- dant fort intéressante en. ce qu'elle est une confirma- tion des idées théoriques sur l'induction; M. Le, Roux, en présentant cet appareil à la Société fran- çaise de physique, a montré que les résultats étaient d'accord particulièrement avec, la loi de, Lenz qui résume les actions des courants. Cet. appareil agencé par 11. iuihmkorlî, l'habile, constructeur d'instruments de, physique, a été pré- senté également à la réunion des sociétés savantes a. la Sorbonne. Les explications fournies par 51. l.e Roux ont été écoutées avec attention, et les membres de la réunion ont suivi aver. intérêt les expériences qui ont été exécutées sous leurs yeux. LES FLEUVES 1 Les montagnes ne sont pas jetées irrégulièrement sur l'épidémie terrestre ; elles y forment, au contraire des réseaux découpés avec symétrie, des lignes tra- 1 Ce cliii]>ilie. est extrait du volume VEftu, dont la ~>° éili- tiun vient (Vètre. mise en vente à la librairie. Hachette. LA NATURE. 251 cées suivant une certaine précision, des charpentes régulièrement construites. Les fleuves qui arrosent les grandes plaines des continents sont aussi dis- tribués avec ce caractère d'harmonie qui préside à toutes les créations de la nature. Dans l'ancien continent, les plus grandes chaînes de montagnes se dirigent d'occident en orient, et celles qui s'étendent du nord au sud en sont les ra- meaux secondaires. Les plus grands fleuves se dérou- lent dans la direction qui leur est imposée par ces pro- éminences du sol. L'Euphrato et le golfe l'ersique, le fleuve .(aune, le fleuve filou, fous les grands cours d'eau de la Chine cheminent de lesta l'ouest, et il en est de même des principales artères de tous nos con- tinents. Les principaux cours d'eau de l'Afrique et de 1 Asie, les lacs, les eaux méditerranéennes s'étendent encore de l'occident à l'orient, nu de l'orient à l'occi- dent, le Nil et quelques rivières de la Barbarie l'ont seuls exception. Le continent du nouveau monde nous offre la même précision dans la distribution des artères li- quides qui le traversent ; une. énorme chaîne de montagnes divise, sépare l'Amérique eu deux ver- sants ; les eaux qui glissent sur ces pentes immen- ses se dirigent vers la mer, en sillonnant le sol, d'ac- cident en orient, ou inversement. Tel est le coup d'œil d'ensemble, le spectacle vu de loin. En examinant de plus près le système d'irri- gation continentale, on voit les fleuves se. replier avec irrégularité, étendre ou rétrécir les eaux, suivre tan- tôt la ligne droite et tantôt la Signe courbe, décrire mille sinuosités, serpenter dans la vallée, se resser- rer dans les rochers et les détroits, glisser rapide- ment sur les pentes ou stationner dans les bas-fonds courir au-dessus des rapides, se précipiter dans les cascades ou se reposer dans les lacs. Généralement la largeur des fleuves augmente de- puis la source jusqu'à l'embouchure; quand ou re- monte le courant, les rives se rapprochent. Généra- lement aussi les courbes qu'ils décrivent sont plus nombreuses à l'approche de l'Océan. Dans l'intérieur des terres, ils suivent, souvent la ligne droite ; près du rivage, au contraire, ils tracent des courbes nom- breuses et se replient sur eux-mêmes : ils remontent vers les continents, puis descendent vers l'Océan et parcourent, ainsi, dans un petit espace, des directions inverses. On dirait que, le fleuve généreux n'a pas assez prodigué de bienfaits au territoire, qu'il arrose, il parait abandonner à regret les continents qu'il a fécondés. Les plus grands (louves de l'Europe sont: le Volga, qui a 5,510 kilomètres de parcours ; le Danube, qui en a 2,750; le Don, 1,780; le Dnieper, 2,000; la Vistule, 000. En Asie, le fleuve Yangt-tse-Iuang se promène à la surface du sol sur une étendue de 5,350 kilo- mètres ; le Cambodge trace une courbe de 5,890 ki- lomètres; le. fleuve Amour, de 4,380; le Gange glisse ses eaux dans un lit de 3,000 kilomètres; f'Euphrate, de plus de 2,000. Le Sénégal, eu Afrique, accomplit un voyage de 1,500 kilomètres, en y comprenant le Niger, qui n'est qu'u ne continuation de ce grand (louve. Le Nil a environ 3,880 .kilomètres d'étendue. . ■ Enfin, l'Amérique est sillonnée par les artères flu- viales les plus grandes, les plus larges du monde en- tier. Le Mississipi fertilise les contrées qu'il traverse sur une longnur de 7,000 kilomètres environ, et la superficie de son bassin est d'environ 180,000 lieues carrées, plus de sept fois la surface de l'empire fran- çais ! la largeur du grand fleuve américain est de 300 à OUI) mètres, depuis le saut de Saint- Antoine jusqu'au confluent d'illinois; de 2,500 mè- tres au confluent du Missouri ; et de 1,500 mètres à la Nouvelle-Orléans, au continent d'Arkansas. Sa profondeur est de 15 à 20 mètres, au confluent de l'Ohm ; et de 00 à 80 mètres, entre la Nouvelle- Orléans et le golie du Mexique. Sa vitesse est de quatre milles à l'heure, et, an moment des fortes crues, il est très-difficile à remonter. L'Orénoque a 2,500 kilomètres de parcours; le fleuve de la Tlata, 5,200. Mais bien plus puissant encore est le vaste courant du fleuve de? Amazones, qui s'unit aux eaux de l'At- lantique par un estuaire de 500 kilomètres. Tout est colossal dans ce fleuve, qui rend à l'Océan foute la plme et la neige récoltées par un bassin de 7 mil- lions de kilomètres carrées. Il est si profond, que les sondes de 100 mètres ne peuvent pas toujours en mesurer les abîmes ; il est si large, que les vaisseaux le- remontent sur près de 1,000 lieues de distance, ef que l'horizon repose sur ses eaux en cachant ses rivages. C'est une véritable mer d'eau douce qui, pendant les crues, débite, avec une vitesse de 8,000 mètres à l'heure, 24i,00O mètres cubes d'eau, c'est- à-dire le volume d'eau que fourniraient à la fois 5,000 fleuves comme la Seine. Les fleuves les plus rapides sont le Tigre, l'Imlus, le Danube, etc. Tous les grandscoursd'eau reçoivent dans leur lit un grand nombre de rivières qui for- ment autour de l'artère principale des ramifications plus ou moins abondantes. Le Danube reçoit dans son sein plus de 200 rivières ou ruisseaux; le Volga, 33, etc. Si la mer était à sec, il faudrait aux fleuves de la terre 40,000 ans pour remplir le vaste bassin de. l'O- céan. Que de variété d'aspects, que de diversité de ta- bleaux nous offre le cours de tous ces fleuves ! Ceux- ci roulent des eaux bleues et vermeilles sur un lit de cailloux siliceux, ceux-là glissent une eau jaunâtre sur un fond limoneux; en voici qui serpentent sur uu sol fertile et parcourent des collines entaillées de toutes sortes de productions végétales ; eu voilà qui roulent à travers des rochers abrupts, nu dans des sa- bles infertiles. Dans nos climats, ce sont les gazons frais et fer- tiles, les peupliers, les saules, qui recherchent l'eau bienfaisante et enfoncent leurs racines dans le sol humide. En Afrique, les palmiers reflètent leur gra- 252 LA NATURE. cieux foui liage dans l'onde dos fleuves, comme il ;n 1 s l'immense vallée du Xil ; lu gigantesque S:io1j;i1) do- mino d'autres cours d'eau, comme le Zamhèze. Dans les régions tropicales, nue végétation ln\u liante et désordonnée encombre les rivages des fleuves; les arbres, entassés pélo-mèle, dressent leurs troues an milieu d'herbes enchevêtrées; leur feuillage s'étend au-dessus des roseaux touffus, des végétaux aqueux, ans feuilles gigantesques ; les lianes et les plantes grimpantes forment, au milieu de ce dédale vivant, mille guirlandes gracieuses. Les troncs d'arbres s'af- faissent au-dessus du soi; mais la foule des [liantes est si compacte, qu'ils ne peuvent se coucher contre terre ; ils sont soutenus dans l'espace par mille ti- ges d'herbes épaisses, par mille liens qui les ratta- chent aux vivants. La fécondité de la nature apparaît dans toute sa puissance au milieu de celte surabon- dance dévie qui déborde de toutes parts. Cet encombrement de végétation fait naître dans les fleuves de l'Amérique, nu phénomène remarqua- ble, produit par une accumulation d'arbres flottants appelés rafix. Les arbres déracinés par l'effort du veut ou par les éboulenieuts, entraînés pav les courants, arrêtés dans leur marche par des îles, des„liauts-fonds ou d'autres obstacles, forment des îles mouvantes, qui peuvent embrasser toute la largeur du courait, I.'Amiuour. à èoii omlioiti hum. et mettent une entrave à la navigation. Parmi les plus grands rafts ou îles flottantes, nous devons men- tionner celui d'un des bras du Mïssissipi, l'Afcha- falaya, qui emporte constamment dans son cours une grande quantité de bois amenés du Nord. En 40 an- nées, ce fleuve a accumulé sur un même point une quantité de débris flottants tellement considérables, qu'il a formé une île énorme de 12 kilomètres de long sur 220 de large, et 2"',oO de profondeur, lui 1810, eetLe masse s'abaissait et s'élevait avec le ni- veau du fleuve, ce qui n'empêchait pas les progrès de lu végétation de la couvrir d un manteau de verdure ; à l'automne, des fleurs en égayaient l'aspect. En 18Ô5, les arbres de l'île flottante avaient atteint (Kl pieds de hauteur, et des mesures durent être prises par l'Etat de la Louisiane, pour anéantir ce rafi. immense qui opposait un insurmontable obstacle à la naviga- tion. Sur la rivière Rouge, sur le Mississipi, sur le Mis- souri, on rencontre fréquemment des amas de même nature, ot le cours de ces fleuves est ainsi entravé par des amas d'arbres déracinés et par les débris trop abondants des naufrages ; « unis par des lianes, ci- mentés par des vases, ces débris deviennent des îles flottantes ; des jeu nés arbrisseaux y prennent racine; le pislia et le nénuphar y étalent, leurs roses jaunes; les serpents, les caïmans, les oiseaux viennent se re- poser sur ces radeaux fleuris et verdovants qui arri- vent quelquefois jusqu'à la mer, où ils s'engloutis- sent. Mais voici qu'un arbre plus gros s'est accroché à quelque banc do sable et s'y est solidement fixé; il étend ses rameauxeomme aulautde crocs auxquels les îles flottantes ne peuvent pas toujours échapper; il suffit souvent d'un seul arbre pour en arrêter suc- cessivement des milliers ; les années accumulent les unes sur les autres ces dépouilles de tant de lointains rivages: ainsi naissent des îles, des péninsules, des caps nouveaux qui changent le cours du fleuve 4 . » 1 Malle-Brun. LA NATURE. 253 Dans le cours do l'Orénoque fiLdaus celui OPOFF. L'idée des navires à flottaison circulaire n'est pas absolument nouvelle. Il y a quelques années, un projet de bâtiment de ce genre, soigneusement étu- dié, fut présenté par 31. John Itlder à l'amirauté an- glaise, mais sans succès, Quoi qu'il en soit d'ailleurs do l'originalité de l'invention, c'est à l'amiral Popnlï, de la marine impériale russe, qu'appartient l'honneur de l'exécution du premier navire de celle forme étrange. Ce type de garde-côte, sur lequel les Russes fondent de grandes espérances, est jusqu'ici fort peu connu, et on ne lira pus sans intérêt, croyons-nous, les détails suivants sur ces deux navires (le Kiew et le Novogorod), dont la mise à l'eau s'est effectuée il y a quelques semaines à Nikoliûef. Ces bâtiments, d'un diamètre de j0 1,1 ,'2j, sont construits en fer et bordé en bois et doublage en cuivre ; leur tirant d'eau est dû o"',70 environ, et le pont supérieur se trouve en abord à IL1 ,C5 au-dessus de l'eau. Le déplacement, à c-e tirant d'eau est de '2,5ô0 tonneaux. Les fonds sont complètement plats, au lieu de présenter une arête saillante comme sur 256 LA NATURE. les premières batteries circulaires de M. Elder; leur muraille est verticale et forme à la partie arrière un portc-à-faux abritant le gouvernail. La stabilité dans lu mouvement de propulsion est assurée au moyeu de douze quilles de 0"',08 de hauteur environ. Au milieu du navire est fixée, une tourelle de mètres de diamètre et de 2 lu ,iES de hauteur, ren- fermant deux canons de H tonnes eu acier (proba- blement canons de 8 ponces) se chargeant par la culasse et tirant en bar- bette. Au milieu de la tourelle se trouve un axe creux, servant au pas- sage des munitions , au- tour duquel pivote le châssis de chacun des canons; ceux-ci peuvent par suite être pointés eu dehors île la direction même de l'axe du na- vire, sur un angle lulal de 30° à 53". Les batte- ries doivent , eu outre, recevoir des tubes porte- torpilles. La partie inférieure de la l'arène est constituée par une double coque, dont les tôles sont espa- cées de ()"\90; la tôle inférieure a \7> millimè- tres d'épaisseur, l'autre (i millimètres ; le fond est divisé eu un très- grand nombre de com- partiments élauebes. Parallèlement au pont supérieur et à une dis- tance de l'",8u au-des- sjus, se trouve le faux- pont : l'un et l'autre sont, réunis entre eux et avec la coque inférieure par un certain nombre de cloisons étanclies. .Sur l'avant de la tour est une superstructure légère servant, d'une part, à la protéger contre la mer, de l'autre à fournir un logement pour le commandant et un carré pour les officiers, qui doivent être au nombre de onze. Le faux-pont comprend : à l'avant, le logement de l'équipage, qui comprendra quatre- vingt-cinq à quatre-vingt-dix hommes; sur l'arrière, eu abord, les soutes à charbon et les chaudières (cha- cune d'elles porte sa cheminée) ; au milieu, les chambres des officiers et un puits pour le passage des munitions; à Tanière, 6 machines à vapeur de quatre-vingts chevaux, svstèmc Woolf, actionnant chacune une hélice indépendante. Machines et chau- dières ont toute 1,100,000 francs. Au-dessous du poste de l'équipage sont les soutes de toute espèce; Le nouveau lia Coupe U-;ui-v*t£u.î;. les soutes à poudre et à projectiles sont au-dessous dos chambres des officiers. Deux roues de gouver- nail sont placées dans ce faux-pont. La cuirasse est formée, pae deux virures de plaque de 0",0 1 de largeur; la virure supérieure a 22!) mil- limètres d'épaisseur, la virure inférieure 178 milli- mètres. Ces plaques reposent sur un matelas en teak de 178 millimètres pour la plaque supérieure et 229 millimètres pour la plaque inférieure. La tourelle est consti- tuée, de la même ma- nière; mais les plaques ont toutes 229 millimè- tres. A ",00 environ à l'intérieur de la muraille règne une cloison étanehe formée par des tôles de 19 millimètres, divisant la batterie en deux par- ties , du telle manière qu'une voie d'eau dans un des compartiments extérieurs soit sans au- cune influence sur le sa- lut même du navire. Le grand-duc Constan- tin, grand-amiral de Hus- sie, s'étant rendu il y a quelques semaines à .\i- kolaïcf, on a profité de cette circonstance pour faire en sa présence uu premier essai du -SoiO- ijorod, bien que le na- vire ne fût pas entière- ment prêt à prendre la mer. Avec une pression . circulaire ru^se. — flan du pouL. de vapeur de 2 k ,3 ( J0, Coupn longitudinale. vide de u ifi millimètres, et à l'allure de 62 tours, on a obtenu une vitesse do 6 nœuds (la vitesse prévue est de huit à neuf nœuds) ; le bâtiment s'est comporté à la mer d'une manière surprenante. Le ISovogorod obéit très-bien à son gouvernail, et à la même vitesse de 6 nœuds, il a tourné pour ainsi dire sur lui-même, dès que l'on a stoppé ou seulement ralenti les trois machines d'un bord. Avec les machines de tribord, marchant ou avant, et celles de, bâbord en arrière, le navire a fait un premier tour en 2 minutes et un second en 1 minute 19 secondes sans presque chan- ger de place. Ko renversant la marche des machines, le bâtiment s'est arrêté en quelques secondes et a commencé à tourner dans l'autre sens, sans changer davantage de place. L. R. Le Prvjiriêiaire-Gëraut ; G. Tissamaeiu j'AHia. — nir. siMOfl HAçoy ït «j»'., nui; d'epfuhtïi, 1. n° r 27 SEPTEMBRE 1873. LA NATIJHK. '257 L'ÉCOLE ANDERSON Al'X ÎLES KUSARETII. Ait commencement do l'amiùc 1875, l'île I'eni- kese, une de celles qui l'ont partie de l'archipel 1-J 1 i— sabeth, à rentrée de l;i liule Blizzard, appartenait à M. Andersen, riche négociant do New-York. M. Agas- siz ayant manifesté, dans un de ses ouvrages, le dé- sir d'établir quelque part sur les bords des Etats île la nouvelle Angleterre, une Ecole d'histoire, naturelle spécialement consacrée à l'étude des animaux marins, II. Aiidersou écrivit au grand îchthvologiste pour mettre à sa disposition la propriété de ce charmant domaine, dont la valeur était estimée à 2,500,000 francs. Ce généreux donateur, comme ou en trouve si peu de ce coté de l' Atlantique, ajoutait à son pré- sent, plus que princier, une somme de 1,550,000 francs eu espèces pour construire l'Ecole d'histoire naturelle, et il priait M. Agassiz de vouloir bien eu être le fondateur. Agassiz, qui avait refusé la direction du Muséum d'histoire naturelle de Paris, proposée par Napo- léon III, son ancien élève, répondit favorablement à une offre si inattendue, si honorable, tant pour l'homme généreux qui la Faisait que pour le savant qui eu était l'objet. Il mit cependant à son adhésion une condition formelle. 11 exigea que l'ancien pro- L'Écol" d'hiMoire îKHui'dli: Andftr^on, dirige par M. Aj;;i:-*ii. priétaire do l'île l'euikese conservât une maison de campagne- dans une presqu'île qui en fait partie. M. Anderson ayant souscrit volontiers à cotte obli- gation, un acte en règle de donation fut rédigé et remis à M. Agassiz par M. Anderson en personne. C'est alors seulement que ces deux hommes, dont le nom ne sera point séparé dans l'histoiredes sciences, se serrèrent la main pour la première fois, car jus- qu'alors ils étaient parfaitement étrangers l'un à l'autre. Aussitôt cette cérémonie essentielle accomplie, on se mit à l'œuvre pour construire les bâtiments des- tinés aux élèves, auv collections, aux laboratoires et aux professeurs. Les constructions, terminées en temps utile pour que les cours de l'été 1875 aient commencé en juil- let, sont simples et commodes; elles sont assez vas- tes pour recevoir une cinquantaine d'élèves, nombre ipii a été considéré comme largement suffisant. Elles se composent d'unédillce à un seul étage, dans le rez-de-chaussée duquel ont été placés les laboratoires et les amphithéâtres. Une aile a été réservée pour le logement du directeur et du corps enseignant. C'est le 8 juillet, à midi, quatre jours après la cé- lébration du quatre-vingt-dix-septième anniversaire de la déclaration d'indépendance, que l'Ecole a été ouverte par le professeur Agassiz, en présence de M. Anderson, des élèves et de quelques notabilités scientifiques. Par une coïncidence bizarre, c'était à peu près à la même époque que M. Agassiz, qui était depuis long- temps attaché à l'Académie des sciences de Paris, en qualité de simple correspondant, était nommé un des huit associés étrangers de cette illustre assem- blée. Agassiz a prononcé un discours que tous les jour- naux américains ont reproduit avec un empresse- ment qui nous surprend peu de leur part, car 1 îl- 17 2i>5 LA NATURE. lustre iehlhyologiste a eu surtout en vue de popula- riser lu nécessité, trop peu comprise encore malgré la multiplication du nombre des aquariums, de vivre, en quelque sorte à côté des animaux marins, si on veut les étudier d'une façon réellement utile. Ce n'est point de la vérité imparfaite, renfermée dans les livres, que. le véritable ami des sciences se contentera, c'est, à la nature elle-même que l'homme intelligent s'adressera s'il vent obtenir une réponse sérieuse. Heureuse sera cette petite île de Peuikese. fille deviendra bientôt l'épouvantai! de la routine, si les professeurs n'oublient jamais celle magnifique pa- role d'Agassiz : fi Dans les examens que je ferai su- bir aux élèves de l'Ecole Andersen, je ne leur de- manderai jamais ee qu'on leur a appris, niais uni- quement ce qu'ils ont pu voir. » 11 y a, dans ce but, un entraînement magique. L'exemple de M. Andersen a déjà trouvé des imi- tateurs. M. Gallampa, de Swampscott, a fait cadeau à l'École Peuikese d'un yacht valant 100,000 francs. Ce joli navire, que nous avons représenté sur notre dessin, sera d'un grand usage pour les sondages sous- marins et les excursions indispensables à un en- seignement d'un caractère aussi pratique que celui que M. Agassiz se propose- de donner. Un corps professoral nombreux, formé d'hommes éminents dont les noms sont pour la plupart connus en Kurope, s'est mis à la disposition do M. Agassi/. Il se compose du docteur A.. Packard et du pro- fesseur Putnam de l'Académie Peabody, à Salem, du comte Pourtalès et du professeur Mitehell, du service hydrographique, des professeurs Joseph Lo- vering et N.-S. Shaler de Harvard Collège, du pro- fesseur Hrowu-Séquard, du professeur Watorhousc Hawkins, d'Angleterre, du professeur Arnold G-uvot, de Princeton New-Jersey, enfin de M. Paulin Roi ter, artiste du Muséum de Cambridge. Cent cinquante élèves s'étant présentés pour èlre admis dans une école qui ne peut en contenir que cinquante, ou a été obligé d'en éliminer les deux tiers. Toutefois, apprenant l'intérêt que les dames .prennent toujours à l'étude de l'histoire naturelle, si bien appropriée à leurs goûts, à leurs habitudes d'observation et à leur patience, II. Agassiz leur a, avec raison, réservé vingt places. Il n'a pas eu le mauvais goût, de les exclure, comme on le fait encore dans un grand nombre de pays, et notamment dans certaines universités suisses. Craignant de voir reparaître, sous forme de visiteurs, les personnes qui n'avaient pu être admises d'une façon régulière, M. Agassiz a publié dans tous les journaux un avis annonçant au public qu'il n'y a pas d'bùtel dans l'île et. qu'on ne peut recevoir à l'école d'autres hôtes que les élèves et les personnes attachées à leur instruc- tion. Il ne sera pas superflu de donner maintenant quelques détails sur l'administration matérielle d'un établissement d'éducation si bien en dehors de tout ce qui a été organisé jusqu'à ce jour. Les élèves n'ont à paver que leur nourriture, pré- parée par un cantinier et vendue à prix coûtant. Comme les dortoirs ont été construits sur les fonds de l'École, on n'exige des pensionnaires aucun loyer proprement dit. Ils ont cependant une somme mi- nime à verser chaque semaine pour représenter l'usure des meubles garnissant leur chambre à cou- cher, et le service personnel auquel donne lieu leur séjour dans l'établissement. Les bâtiments ont été construits d'une façon économique, et l'Ecole n'a point dépensé, à beau- coup près, tout son capital. Lue somme de près de un million, placée sur l'Etat ou en valeurs do tout repos, sert à assurer le pavement des professeurs et le service général, de sorte que les élèves, qui vivent à bien meilleur marché que n'importe dans quelle ville des Etats-Unis, n'ont à supporter aucuns frais d'instruction. Enfin, comme un grand nombre de personnes dé- sireront faire des collections pour leur usage person- nel, peut-être même pour les vendre, les vases et l'alcool, achetés en gros par l'école, sont mis à la disposition des élèves, a prix coûtant, ce qui facilite beaucoup un genre d'étude attrayant et utile. On ne saurait imaginer un système pluslihé.ral et plus voisin de la gratuité absolue. Nous ne perdrons pas de vue les travaux d'un établissement qui, inau- guré d'une façon si brillante, se trouve placé sous une direction si habile, si intelligente et si franche- ment philosophique. ,<><. LES CllIQUETS DÉVASTATEURS (Suite. — Viij. |i. 250.) Il e\iste de très-grandes difficultés, au point de vue cntomologique, pour distinguer entre elles les es- pèces d'Acridiens migrateurs dont les ravages sont à redouter pour nos cultures. Elles sont réparties eu plusieurs genres par les auteurs modernes. Le genre Acridium (Geoffroy) renferme l'espèce lu plus redoutable, qui heureusement ne vient, jamais en Europe. Les caractères les plus saillants de ee genre sont tirés de la région muvenne du corps, do son premier anneau, le pro thorax, portant la pre- mière paire, de pattes. Il offre en dessous une corne cylindrique, libre et proéminente, droite ou courbe. La partie supérieure, peu prolongée en arrière, dis- tinctement comprimée sur les cotés, présente eu des- sus une crête ou carène médiane plus ou moins élevée, sans carènes latérales sensibles; les organes du vol sont bien développés dans les deux sexes, et compo- sés, selon le caractère général des orthoptères, d'une paire antérieure d'élytres seini-conaees, et en des- sous d'ailes membraneuses beaucoup plus larges, dont toute la région postérieure se plisse au repos en éventail et se replie- au-dessous de la région anté- rieure, de sorte que toute l'aile est alors protégée et cachée par l'élytre, comme un étui qui empêche les LA NATURE. 2b ( J déchirures de la voile délicate par Ses aspérités du i sol ou des buissons, alors que l'insecte marche ou saule. La figure où l'on voit deux Acridium l'un au repos, l'autre parcourant l'atmosphère , fait bien comprendre cette distinction. L'espèce la plus répandue de ce genre funeste doit avoir son origine dans divers lieux diserts de l'an- cien monde, comme les steppes de l'Asie centrale d'une part et l'intérieur de l'Afrique de l'autre, sans qu'on puisse préciser exactement la limite australe. Lille étend ses ravages par d'immenses colonnes voya- geuses des rivages orientaux do la Chine aux côtes du Maroc et du Sénégal ; ou en rencontre des légions dans toute la Chine, la l'erse, l'Asie .Mineure, i'l\- gypte, le Soudan et les anciens Etats harharesques ou tout le nord de l'Afrique et, ce qui est fort triste pour nous, l'Algérie. C'est le Criquet nomade ou pèlerin (Aeridimn peretjrinum, Oliver). Il est de grande taille, pouvant atteindre (15 millimètres dans les deux sexes. Le corps est dépourvu de poils, ordi- nairement d'un jaune vif, avec beaucoup de lignes et de points ferrugineux, formant connue une marque- terie. Les antennes sont jaunes à la base puis brunes. Lesélytres, plus longues que l'abdomen, assez étroites arrondies au bout, sont opaques et jaunes à la base ainsi qu'au bord antérieur, puis transparentes avec des séries de taches noirâtres, ce qui constitue des bandes transversales très— il régulières. Les ailes, aussi longues que les élytres, sont amples et transpa- rentes, à nervures jaunes avec le bord antérieur teinté de la même couleur. L'abdomen et le dessous du corps sont brunâtres et luisants, et les pièces qui le terminent sont cour- tes ; les pattes sont d'un beau jaune avec les épines des jambes postérieures noires. La détermination de cette espèce est. due au savant voyageur Olivier (Voyage dans l'empire ottoman, t. Il, p. 121), à la fin du dernier siècle. Voici com- ment s'exprime Olivier, alors en Syrie, sur les mi- grations de cette espèce, dont il a été témoin, et ce récit est précieux en ce qu'il émane d'un homme ha- bitué aux observations scientiliques : « A la suite de vents brûlants du midi, il arriva de l'intérieur de l'Arabie et des parties les plus méridionales de la Perse des nuées de sauterelles (nom vulgaire), dont le ravage, pour ces contrées esL aussi fâcheux et pres- que aussi prompt que celui do la plus forte grêle eu Europe. Nous eu avons été deux fois les témoins (Olivier et son compagnon Bruguières). « 11 est diflicile d'exprimer l'effet que produisit eu nous la vue de toute l'atmosphère remplie de tous les côtés et à une très-grande hauteur d'une innom- brable quantité de ces insectes, dont le vol était lent et uniforme, et dont le bruit ressemblait à celui de la pluie; le ciel en était obscurci et la lumière du soleil considérablement affaiblie. En un moment, les terrasses des maisons, les rues et tous les champs furent couverts de ces insectes, et, en deux jours, ils avaient presque entièrement dévoré toutes les feuilles des plantes ; niais heureusement ils vécu- rent peu, et ne semblèrent avoir émigré que pour se reproduire et mourir. En effet, presque tous ceux que nous vîmes le lendemain étaient accouplés, et, les jours suivants, les champs étaient couverts de leurs cadavres, j'ai trouvé cette espèce en Egypte, en Arabie, en Mésopotamie et en Perse. » Olivier fait mention d'une variété de V Acridium peregrinum, où le fond jaune est remplacé par du rougeâtre clair. Audinet-Serville dit avoir reçu cette variété de Palestine, prise sur le mont Siuaï. Elle existe aussi en Algérie, comme me Ta fait connaître M. Couie, qui professa longtemps l'histoire naturelle au lycée d'Alger; ces Sauter elles rouges sont sou- vent prises à tort comme une espèce particulière. Les nururs du Criquet pèlerin ont été observées dans no- tre colonie, notamment par M. 11. Lucas lors de l'ex- ploration scientifique do l'Algérie, entreprise sous Louis-l'hilippe à la suite des victorieuses campagnes du maréchal llugeaud. C'est l'espèce qui s'y rencon- tre le plus abondamment, bien qu'elle n'y soit pas dévastatrice tous les ans. Les indigènes la nomment El Djerad (la sauterelle) ou Djerad el arbi (la sau- terelle arabe). Lille présente cinq mues ou change- ments de peau : la première a lieu cinq jours après la sortie de l'œuf, la seconde six jours après la pre- mière, la troisième huit jours après la seconde, et dans ces trois premières mues (état de larve) l'in- secte n'a pas d'ailes ; ensuite, se produit la quatrième mue au bout de neuf jours, et l'insecte est alors en nymphe, avec les élytres et les ailes raccourcies, pen- dantes sur le dos, impropres au vol et enveloppées de fourreaux. Enfin la cinquième mue ou l'état par- fait arrive dix-sept jours après, en tout quarante-cinq jours à partir de la sortie de l'œuf. L'espèce apparaît au milieu du printemps à l'état adulte, venant du sud. Ces criquets ne commencent à voler qu'entre sept et huit heures du matin, sui- vant (pie le temps est plus ou moins clair, demeu- rant jusque-là engourdis sur les branches d'arbres, sous les feuilles larges, dans l'herbe des fossés, sur- tout quand il est touillé de la rosée pendant la nuit. L'accouplement s'opère dans la journée, le mâle grimpé sur le dos de la femelle. Il agite de temps en temps ses longues pattes, et la femelle y répond par un mouvement analogue. La femelle marche et mange, gardant avec elle le mâle, qui souvent même ne la quitte pas pendant la ponte. Cet acte s'opère de préférence dans des terres meu- bles, sablonneuses. Si la terre est un peu dure la femelle y creuse un trou cylindrique, large d'un centimètre environ, cndoimaut une demi-rotation à sou abdomen et ouvrant en même temps ses quatre valves terminales, qui tassent la terre sur les côtés; ou dit que les trous soit creusés par la femelle, soit pro- bablement préexistants en partie, peuvent avoir une profondeur de trente millimètres, et qu'alors les an- neaux do l'abdomen qui s'enfonce en terre se disten- dent comme un tube élastique. On voit un grand nombre de femelles pondant en cercle, serrées les unes contre les autres là où la 260 LA NATURE. 'erre est meuble, ce qui fait que souvent le même amas de terre renferme un grand nombre de grappes d'oeufs. Le trou est d'abord enduit d'une matière al- bumineuse rejetée par l'oviducte, puis les œufs, au nombre de 80 à 90, sont pondus en trois rangées et entourés chacun de la même viscosité, et enfin la femelle ferme le trou au-dessus de la grappe d'œufs par une bave blanche et mousseuse, destinée à déro- ber le nid aux insectes parasites, La matière d'en- duit se sèche, brunît et s'incruste de grains de terre formant alors une sorte de coque courbe, arrondie à bout et tronquée à l'autre, que ferme une calotte de terre. Les œufs sont d'un beau jaune au moment de la ponte, oblongs, arrondis aux deux bouts, longs de (K0()8 à 0^009, largesde 0^002. Huit joursaprès la ponte, ils deviennent d'un blanc grisâtre, dont perdu leur transparence. Les petites larves à grosse tète, ('clo- sent 20 à T,'i jours après la ponte, suivant, la nature du sol, l'influence atmosphérique, l'humidité, etc., causes qui avancent ou retardent l'incubation. Elles mangent la substance nlbumineu.se de la glèbe des œufs, et même parfois la coque de ceux-ci. D'un blanc sale en éclosant, elles durcissent et se co- lorent en peu d'heures, devenant noires avec des marquetures blanches. Les femelle pondeuses meu- rent souvent sur place, et, dans la grande invasion de 18(10 en Algérie, on remarquait que les amas de criquets rejetés sur le sable par les vagues conte- naient beaucoup de mâles et peu de femelles ; ce- pendant quelquefois les couples survivent plusieurs jours à l'accouplement et à la ponte. Le genre Acridium nous offre une autre espèce dévastatrice pour laquelle les renseignements sont moins précis. Elle offre beaucoup de variations, ce qu'indiquent les noms A' Acridium iartaricum, Linn.; et Liiteola, Fabr. donnés à ses deux principales races. L'espèce est plus petite que la précédente, avant I ",039 à 0'",0u8, chez la femelle et 0"',0r"),'j à nl ,fJ 17 chez le mâle, dont la taille est notablement moindre, l'ait fréquent chez les insectes. La tète, le corps et les pattes sont d'un vert jaunâtre, passant souvent au brun eu se desséchant, poilus, maculés de brun. Les élytrcs, beaucoup plus longues que l'abdomen, sont comme nébuleuses en raison de leurs nombreuse nervures brunes ; les ailes transparentes, rembru- nies au sommet, ont vers le milieu une large bande noirâtre, arquée, sans contours nets. Les deux races diffèrent par les couleurs des paltcs. Cette espèce se renconlre en Italie, en Espagne, en Portugal, en Ikdmatiu, en Sardaigne, en Hongrie, dans le Tyrol austral. Ou en trouve desindividus iso- lés, mais très-rarement en septembre, dans les prairies, jusque dans le milieu de l'Allemagne. Elle existe dans la Provence, et l'entomologiste Solicr l'in- dique parmi les espèces nuisibles des environs de Marseille. On ne l'a jamais rencontrée au centre ni au nord de la France. Joignons à ces localités l'Egypte l'Algérie (il. Lucas) , la Syrie (c'est, dit-on, l'espèce qu i se vend cuite sur les marchés de Bagdad), peut-être les Indes orientales. Latreille et Ericsou disent que cette espèce émigré souventeldevastelescampagn.es; cependant elle ne possède peut-être pas partouteette redoutable propriété. En effet, un excellent observa- teur, rtamhur, bien connu pour ses explorations de la Corse et de l'Andalousie, affirme qu'en Espagne cet Acridien ne se trouve pas en troupe ni à terre, comme la plupart des espèces voyageuses, mais ha- bile isolément sur les arbres. Si quelqu'un s'appro- che de l'arbre où il gite, il s'envole avec un frémisse- ment, presqu'à la façon d'un oiseau, mais toutefois ne vole pas loin. In second genre contient les espèces les plus dangereuses pour l'Europe, c'est, le genre Pacliy- tylus, Ficher. Le prothorax n'offre pas de proémi- nence en dessous, et présente en dessus, outre la carène du milieu, des carènes latérales peu déve- loppées ; il se prolonge en arrière. Les épaules sont obtuses et proéminentes; les ailes sont, bien développées, raccourcies quelquefois chez la fe- melle, mais demeurant propres au vol. Le P. migra- torius, Linu. atteint. 0"",0ui chez la femelle et 0"',0i'J chez le mâle, dimensions moindres que celles du Criquet pèlerin. Sou corps est lisse, sans poils, ordinairement vert, quelquefois brunâtre. Les ély- tres et les ailes dépassent beaucoup l'abdomen dans les deux sexes ; les élvfres sont jaunâtres à la base, parsemées partout de taches brunes eu bandes nuageuses; les ailes sont grandes, d'un vert jaune au milieu, souvent enfumées au bout. Les pattes postérieures sont d'un jaunâtre pâle avec les jambes souvent bleuâtres. Une seconde race, qui paraît re- monter plus au nord de l'Europe, a les jambes pos- térieures d'un rouge sanguin plus ou moins pro- noncé. C'est le P. daniciis, Linu. ou cinurascens, Fabr., dont beaucoup d'auteurs fout une espèce dis- tincte. Ce Criquet, migrateur, originaire, dit-on, des steppes de la Tartane, produit ses ravages dans une grande partie de l'Europe, se trouve, aussi en Asie- Mineure, en Algérie (11. Lucas), à File do Madère, et aussi, paraît-il, à l'île de France. 11 habite con- stamment l'Espagne et l'Italie, la Hongrie, la Dalma- tie. Il apparaît, dit-on, en hiver en troupes dans les campagnes du Valais. Des individus isolés se pren- nent au mois de septembre près de Fribourg-en-Rris- ga ii, de Fraucfurt-sur-le-Mtin, etc. 11 eu est de même pour le centre et le nord de la France. Il est com- mun dans les plaines arides de la Sologne, mais difficile à approcher. Près de Paris, on rencontre parfois à l'airière-saison ce curieux insecte, de beau- coup le [il us grand de nos Acridiens ; il a été trouvé à Fontainebleau, dans une prairie près de Sceaux, en septembre, à Vanves, à Montrouge (les deux sexes), enfin dans le jardin même du Muséum. Ce sont des sujets emportés au loin par le vent; Geoffroy, notre vieil historien des insectes de Paris, n'a pas connu cette espèce. Le Criquet migrateur remonte au nord jus- qu'en Danemarck et, en Suède; une de ses colonnes fut poussée par les vents en Angleterre eu 17-18. Ou l'a rencontré en Irlande, près de Dublin. Un des en- tomologistes les plus distingués de la Belgique et de LA NATURE 2fil l'Kurope, M. lu sénateur de, Sélys-Longchamps, nous apprend que ces deux races existent, locales en Bel- gique, celle à jambes toutes dans les bruyères du ht Campine, et en llesbaye celle à jambes bleuâtres ou d'un jaune pâle. L'espèce est assez fréquente dans les années chaudes, à la fin d'août et en septembre, dans les champs de trèlle et de pommes de terre; M. de Sélys-Longchamps pense qu'elle peut se re- produire pondant plusieurs années de suite, bien qu'on ne la trouve pas tous les ans. Les Sphinx du laurier-rose et eélerio, originaires du centre de l'Afrique, offrent des faits analogues. Les individus septentrionaux du Criquet migrateur sont d'ordi- naire plus petits que ceux des régions australes. Plusieurs auteurs disent que le mâle stridule, ee qui | n'a jamais été indiqué pour le grand Criquet d'Ai'ri- : que (Acridium pereqriimm) . Ile fîéer rapporte qu'une femelle du Criquet migrateur, qu'il conser- vait dans une boite, pondit un grand nombre d'oeufs qu'elle attacha à des tiges de gramen. Ils étaient allongés, d'environ 0"\00j, arrondis aux deux bouts, d'une couleur de chair obscure, à coque très-fragile, et entourés d'une matière écuraeuse, rosée, sécrétée par la mère et qui devint dure en se desséchant. Une seconde espèce du genre Pachyhjlus est un de nos plus jolis criquets ; malheureusement ses belles couleurs doivent sembler une faible compensa- MAI* 1 jiilnki- <>l |.elil-. .^ir(;nn th l'œuf. — ]'Vinelle au ycI. — ?s yuj^ïlif . — - il'.ul-, d:ms leur £:iir.e. lion aux agriculteurs dont elle dévaste les champs. Le I'. strit/uiuSjLinu. se reconnaît tout de suileàses ailes inférieures, d'un beau muge vermillon, bordées de noir. Chez le mâle, les étvtres et les ailes dépas- sent l'abdomen ; elles sont plus courtes que lui chez la femelle. Celle-ci est en outre bien plus grande que le mâle, ajant de u'",0 L 27 à 0"', 03.") de long, tau- dis que le "maie n'a que ll'MWÛ a 0"',O27.' Cette espèce fréquente une grande partie de l'Europe, cau- sant parfois de grands dommages aux récoltes dans les régions méridionales. A la lin de juillet, en août et septembre, il vole dans les lieux un peu élevés, sablonneux, aride et pierreux et dans les prairies montagneuses des Alpes et des Pyrénées, en Italie supérieure, dans la llahnatie, l'istrie, dans tout le sud-est de la l'rauco. .le ne émis pas qu'on le ren- contre près de Paris, car il ne faut pas le confondre avec une au're espèce à ailes rouges dont nous di- rons un mot. On le trouve dans tonte l'Allemagne, la Russie et aussi en Suède, et, d'après de Céer, dans les endroits montagneux et secs où l'on fait du char- bon de bois. 11 vole par saccades et s'élève assez haut, en produisant un frémissement particulier qui lui a valu son nom. Ce n'est nullement la stridula- tion volontaire du mâle appelant la femelle, mais un bruit mécanique dû au frottement des nervures très- épaisses du bord antérieur des ailes contre le bord postérieur des élytres, lu dernier genre de criquets à espèce nuisible est celui des Caloplenus, Uuriiieister. ou Cailii>tamus, Audiuet-Sei'ville. Plus voisin des Acridium que les l'ucliyti/tus, ce genre a nu tubercule au-dessous de la poitrine et trois carènes nu-dessus du prothorax. Les élytres et les ailes sont bien développées et les cuisses postérieures trrs-dihitées. Les Caloptènes se reconnaissent immédiatement à leur corps épais et 262 la i\'Ati:iu:. trapu, à leurs courtes et grosses cuisses do derrière. Ils se trouvent dans l'Europe méridionale et movenne, l'Asie, l'Afrique septentrionale et australe et l'Amé- rique septentrionale, sur les mou ta prie s et les col- lines arides, insolées, pierreuses, et dans les régions sablonneuses, de juillet à septembre. Les divers exemplaires de la même espèce paraissent varier, suivant le lieu natal, en couleur, grandeur et stature. Le type est le C. italiens, Linn., ayant île (l'",028 à 0"',030 et m 3 0i0 de longueur dans les sujets femelles. Il a une couleur ordinairement jaune ou roussâtre, avec des ailes dune charmante. couleur d'un rose dé- licat et les pattes de. derrière sanguines, agréablement vergetées de. noir. Le mâle est deux fois plus petit que la femelle, n'ayant que 0"',f)l2 à 0'",01(i; c'est, peut-être en raison de cette faiblesse qu'il est armé à l'oxiréiiiilé de l'abdomen de deux appendices recourbés et débordants, comprimés et excavés en dedans, propres à retenir étroitement la femelle dans l'accouplement et à la maîtriser. Cette espèce est fort redoutable par ses ravages et se trouve en fis- pagne, même en hiver, liambur dit qu'en Andalou- sie, elle paraît souvent en troupes si nombreuses qu'à chaque pas ou en fait hiver des centaines. I lie ra- vage l'Italie et notamment la campagne de Morne, attaque en France les champs de luzerne et les vi- gnobles, se trouve en Allemagne jusque près de lier- lin dans les prairies sèches, en Saxe, en Russie mé- ridionale, eu Sibérie. Sol ter la range parmi les espèces dévastatrice? de la Provence récoltées dans les chasses primées par les municipalités. Elle re- monte en individus isolés aux environs de Paris, où elle est. commune certaines années. On la trouve tou- jours à Lardy, localité aride bien cornue des jeunes amateurs parisiens par ses espèces méridionales, et je suis persuadé qu'elle existe aussi fréquemment dans les laudes sèches doChampignyet de la Varenne- Samt-Maur. Autrefois Audmet-Scrville la trouvait au champ de Mars, à Sèvres et à Saint-Clourl, mais ces lieux ont bien changé depuis quarante ans et n'ont plus rien de champêtre. Les grands continents ont leurs criquets dévasta- teurs, mais je n'oserais pas entreprendre, avec le peu de connaissance que nous avons des Orthoptères, l'histoire des espèces d'Amérique et d'Australie. On a reçu tout récemment au Muséum une espèce pro- bablement inédite, ressemblant d'aspect au 1'. mi- gratorius , et qui couvre parfois de ses nuages obscur- cissants le ciel de la Nouvelle-Calédonie, si triste- ment célèbre eu nos temps troublés. Peut-être vient-elle d'Australie. Un dernier mot pour les Parisiens. On rencontre en abondance dans nos environs une espèce qui vole sur les vignobles et les coteaux, -mais qu'on ne peut pas appeler dévastatrice, car ses dégâts sont insigni- tiants. Elle appartient au genre Œdipoda, Latr., à poitrine plate, mais avec des cavités latérales sur la tête que n'ont pas les genres précédents. Tout le monde connaît le criquet à ailes bleues et noires de Geoffroy, ÏŒ. cœrulescens, Linn, volant à peu près partout de la fui d'août au milieu de septembre et qu'on trouve même dans les rues excentriques de Paris bordées de jardins maraîchers et de terrains vagues. Les élvtres sont d'un gris cendré, avec deux bandes trausvorses d'un jaune terne et le bout un peu transparent; les ailes sont bleues entièrement bor- dées de noir, d'une transparence enfumée au sommet. Les deux sexes ont les organes du vol également bien développés, et le mâle à peu près moitié moin- dre eu taille que la femelle. La couleur bleue des ailes ne passe pas au rouge par les fumées des gaz acides. On trouve plus rarement près de Paris, loca- lisée dans les lieux les plus secs, une variété dite germaniea Charpentier, où le bleu des \ ailes est remplacé par un beau rouge, tout le reste de l'in- secte demeurant pareil. Ce criquet à ailes ronges de Geoffroy, remonte moins au nord que l'autre. On le rencontre à Lardy en aussi grande quantité que le type bleu; il est bien moins commun à Sénars. 11 manque en Belgique et sur les falaises arides du nord de la Bretagne, où le bleu s'envole à chaque pas devant, le promeneur. Je ne l'ai jamais pris à Compiègne, tandis que \c cœrulescens y abonde. Il est facile de distinguer la variété rouge d'avec le P. slriduhis, et cependant des auteurs rccommandables s'y sont trompés. Chez le criquet stridule les élylres sont brunâtres et sans bandes, les ailes inférieures rouges ne sont qu'incom- plètement bordées de noir, seulement au côté exté- rieur, et le bout n'est pas transparent; enfin les or- ganes du vol se raccourcissent chez les femelles. 11 nous reste à faire un historique rapide des ravages des criquets en France et en Algérie, à indi- quer les moyens bien incomplets de s'en préserver ou plutôt de les restreindre. Mauricë Ghuiiu. — La suite proclmni'imïiit. — L'ASSOCIATION FRANÇAISE roun i.'avaiscemejnt des sciences, (Suite i:l lin — Voy. p. 1'm cl "2Ji j t" session. — Cohai-c."* de I.yan. — Anïit 1S9ÏI. Pendant, la durée de la session, il y eut deux séan- ces générales, le vendredi 22 août et le lundi 2ù; les questions qui y furent traitées ne convenaient, peut-être pas toutes à cette nature de séances et au- raient pu sans inconvénient être renvoyées aux sec- tions. Ou entendit successivement, le vendredi, M. l'abbé Ducrest, qui fournit des renseignements sur la station préhistorique de Solutré, que l'on devait, visiter eu excursion; M. Caudry, professeur au Mu- séum d'histoire naturelle, qui fit connaître le résul- tat de ses recherches paléontologiques au mont Lé- beron (Vaucluse); le docteur II. Blanc, chirurgien- major de l'armée britannique, qui lut une partie de sou travail sur le choléra, don!, nous avons déjà parlé; M. 'A. Dnmont; ingénient' en chef des ponts LA NATURE. 2G5 et chaussées, qui exposa en quelques mots son pro- jet de canal d'irrigation dérivé du Rhône et ayant spé- cialement pour luit l'inondation des vignes pour ar- viverà k destruction du phylloxéra. Dans la séance du lundi, SI. F. do Lcsseps indiqua, malheureuse- mont d'une manière trop vague, la question du che- min de fer qui doit relier l'Europe à l'extrême Orient; le docteur Portillon, président dû la Société d'anthropologie, présenta un mémoire sur la morta- lité on France, mémoire qui, pour être utile aux au- diteurs, aurait gagné, croyons-nous, à être simplifié de manière à ce que les conclusions fort intéressan- tes puissent frapper l'esprit davantage; enfin, M. F. Papillon lut un travail sur les rapports de la science et de la métaphysique. Nous pensons que, cette année, les séances n'ont pas été aussi utiles qu'on pourrait le désirer et si elles ne devaient pas avoir à l'avenir un programme dont la composition expliquât mieux la réunion de tous les membres, il serait préférable de les suppri- mer et de les remplacer par des séances de sections. ■ C'est, en effet, dans ces séances que réside réellement l'intérêt scientifique du congrès; c'est là seulement que peuvent être présentés les travaux sérieux et complets, c'est là que peuvent avoir lieu de fruc- tueuses discussions. Les conférences qui ont lieu pendant la durée du congrès ne sont pas exclusivement destinées aux membres de l'association ; par leur nature, elles ont un caractère dû vulgarisation qui les rend intéres- santes et attrayantes pour ce publie, maintenant si nombreux, qui dans les grandes villes éprouve le besoin de s'instruire, ledésir de savoir. Aussi ces con- férences, qui ont lieu le soir, sont-elles publiques et gratuites ; à Lyon, elles avaient heu dans la grand»; salle de la nouvelle Bourse, spécialement disposée à cet effet et brillamment éclairée par des nombreux lustres. Outre la conférence de M. C. Vogt, dont nous avons parlé, il y eut également une conférence de 11. Aimé Cirard, professeur au Conservatoire des arts et métiers, sur les Progrès récents des indus- tries chimiques : le sujet était des mieux choisis, car à Lyon nombre d'industries s'appuient sur la chimie ; la teinture en particulier est une application en grand des procédés étudiés dans les laboratoires. M. Janssen, membre de l'Institut, fit une conférence sur la constitution physique et l'avemr du soleil ; cette séance dut avoir lieu à la salle de l'ancienne Bourse, à cause des expériences de projection qui l'illustraient; 11. Janssen était connu et fort appré- cié à Lyon, où il était venu à plusieurs reprises pour faire des conférences très-suivies ; aussi la foule qui se pressait pour l'entendre était-elle grande. Nous n'avons pas besoin do dire que M. Janssen traita par- faitement et d'une manière fort intéressante le sujet qu'il avait choisi et sur lequel il a une compétence spéciale. Les excursions qui ont lieu pendant la durée d'un congrès ont un double but: elles permettent d'aller voir surplace des usines, des mines, des coupes géo- logiques, des stations anthropologiques, etc.; mais on outre, bien que généralement elles soient la cause, d'une vénlable fatigue phvsique, elles n'en constituent pas moins, pour les membres du congrès, un délas- sement qui vient couper d'une manière agréable et instructive la série des séances fatigantes qui consti- tuent la partie la plus sérieuse de la session ; elles fournissent, en outre, aux savants des diverses sec- tions, l'occasion de se rencontrer, de se connaître, et souvent dans des conversations qui s'y établissent des discussions y prennent fin, des travaux s'y ébau- chent. La première excursion, cette année, avait pour but la visite de la station préhistorique de Solutré, près Màcon: les excursionnistes, au nombre de 175 en- viron, partis par un train spécial, furent reçus à. Màcon par une délégation du conseil général de Saone-ct-Loire et par le bureau de la Société acadé- mique. 11 fallut presque aussitôt prendre place dans les voitures rassemblées non sans peine pour par- courir les 10 kilomètres qui séparent Solutré de Màcon. A Solutré, des drapeaux lloltaieut aux fenê- tres, des arcs de triomphe de verdure étaient dressés sur la route que nous devions suivre: à côtéde rem- placement des fouilles, s'élevait une tente sous la- quelle on avait dressé une table autour de laquelle nous prenions place un peu plus tard pour faire honneur à un repas magnifique, préparé par les soins du Comité local de Lyon, La station do Solutré offre au savant des foyers préhistoriques sur les- quels on trouve des squelettes vraisemblablement contemporains de ces foyers {un squelette de femme fut trouvé dans une fouille en présence des membres du Congrès); en outre, il existe des os de cheval en quantité considérable; ou n'évalue pas à moins de quarante mille les chevaux dont on trouve les restes : ces animaux ont. tous à peu près le même âge, et certains savants qui ont étudié la question pensent qu'ils devaient être domestiqués. 11 y a là des pro- blèmes intéressants, mais il faudrait, pour les indi- quer d'une manière complète, posséder des connais- sances que nous regrettons de ne pas avoir. Avant de rentrer à Lvon, le train qui nous portait s'arrêta à Neuville, où les excursionnistes furent reçus d'une manière splendide par un membre fon- dateur de l'Association, M. Guimet; une table de 200 couverts au moins était dressée dans une salle de spectacle appartenant à M. Guimet, amateur sé- rieux do musique. Pendant la durée du repas, des solos et des chœurs, dont quelques-uns étaient l'œu- vre de notre amphitryon, furent exécutés et ajoutè- rent un charme de plus à cette réunion. Disons tout de suite que, le dimanche soir, M. Guimet, offrait une fête splendide aux membres du congrès, dans le parc de laTète-d'Or. M. Guirnet doit à l'application de la science, la fortune dont il jouit (il est proprié- taire du bleu-Guimet, découvert par son père); niais, on le voit, il sait rendre à la science les honneurs auxquels elle a droit. A l'étranger, du semblables réceptions pendant les congrès scientifiques ne sont 26i I.A NATURE. pas rares; nous sommes heureux de constater que, à cet égard, la France ne reste pas en arrière des pays voisins, et nous espérons que l'exemple donné par M. Guimet sera suivi dans les sessions suivantes. La seconde excursion consistai! dans la visite des liants fourneaux de Terrenoire, à k Youlle; le tra- jet eut lieu par bateau à vapeur, et Lieu qu'il lut. assez long, de G h. du matin à 1 h., personne ne s'en plaignit ; le voyage est des pins pittoresques et les rjves du Rhône présentent les aspects les plus varies et les plus intéressants se succédant il'unemu- nière continue. La visite de l'usine intéressa vive- ment les excursionnistes ; on étudia d'une façon particulière la fabrication des t.uvativ de foute qui est une spécialité de ces usines ; la culée rie deux hauts fourneaux attira l'attention des personnes qui n'étaient pas familières avec cette opération ; le spec- tacle est attrayant, même pour cent qui ont déjà eu l'occasion de le voir. Après avoir visité l'usine dans son entier, on se rendit à l'entrée d'une galerie de, mines que l'on avait préalablement remplie de utiv. dé- létères en y faisant brûler, pendant vingt-quatre heu- res, du coke et des pyrites ; des ouvriers munis d'un appareil inventé par M. Fayol, ingénieurde l'usine de Commentry, pénétrèrent dans ses galeries sans éprou- ver la moindre gène ; l'un îles membres du Congrès, ledoeteueGosse, de Genève, emboucha également l'ap- pareil et put entrer aussi dansées galeries sans être aucunement incommodé, si ce n'est par ia tempéra- ture qui était très-élevée (40 u environ). Lorsque ces expériences intéressantes et probantes fuient termi- nées, et après uue courte visite à l'entrée des gale- ries eu exploitation, nous prîmes quelque repos sur la terrasse de l'ancien château, d'où l'on a une vue magnifique sur la vallée du Rhône. Enliu, après avoir visité la chapelle des dues de Soubiso, 1 ou dut quit- ter l'usine, non sans adresser des remerciements .sincères au directeur, 11. Jacquier. En se rendant à la station où nous devions prendre le chemin de fer, quelques membres eurent l'occa- sion de visiter un atelier de dévidage de cocons, etee ne fut pas là la partie la moins intéressante de l'ex- cursion. Pendant, la durée de la session, le président avait reçu des autorités de la ville et, du canton du Genève une invitation de se rendre dans cette ville. Nous n'eûmes garde de manquer une semblable invita- tion. Les membres du Congrès furent reçus à. Genève par une commission, chargée de leur procurer des logements; puis il fallut partir presque aussitôt pour se rendre aux enviions, à Vtrsex, où un mem- bre fondateur de l'Association, M. Vernes, tenait à recevoir les excursionnistes : illumination, musique, festin, rien ne manquait à cette réception, qui avait lieu dans une splendide propriété au bord du lac et où se trouvait réunie la meilleure société de Genève. Le lendemain, il y eut promenade sur le lac, à bord d'un bateau à vapeur pavoisé, où les autorités de la ville et du canton nous souhaitèrent la bienvenue avec la plus grande sympathie et tirent des vœux pour la prospérité de l'Association. Enfin le reste de la journée fut consacré à la visite des bâtiments aca- démiques, bibliothèques, collections, musées, etc.; il fallait se hâter, car l'heure du départ approchait et l'on n'eut que le temps d'adresser à nos voisins de chaleureux remerciements. Sans aucun doule tous les membres du ('migres, qui ont participé à cette visite, en conserveront le meilleur souvenir; on ou- tre, cette invitation, faite parles aulorités rie Genève, est une prouve de l'intérêt qui s'attache, même à l'é- tranger, à noire Association et nous la considérons comme un heurcu-i présage. En résumé, la session de Lyon a offert un intérêt réel ; nous ne, doutons pas que l'Association française ne soit dès à présent considérée comme une institution importante et essentiellement utile au progrès scientifique. LES PORTS DE MER DANS I.I'.S IX II ES ANGLAISES. Depuis ^n certain nombre d'années, les Anglais exécutent des travaux d'art gigantesques sur le littoral de leurs possessions dans les Indes ; l'accès des eûtes est souvent difficile daos ces régions, et le gouvernement n'a pas hésité, à sacrifier des sommes considérables pour faciliter aux navires l'entrée de ports pour la plupart assez dangereux. .Nous em- pruntons à VEnQtneerinq quelques renseignements sur Ja digue gigantesque de Manora qui se construit actuellement à Kurraehee, port situé sur l'une des bouches de 1 Indus. Les constructions ont été d'a- bord exécutées de la façon suivante : on a posé sur le fond naturel de la mer des fondations de pierre brute, surélevant ce fond de manière à le, rapprocher jusqu'à 15 pieds de la surlace des basses eaux. Sur cette couche on superpose des blocs de béton qui ne pèsent pas moins de il tonnes chacun. Us sont étages les uns sur les autres ; des dalles sont placées verticalement comme l'indique la gravure ci-coutre, et forment de chaque coté de la digue deux murailles latérales d'une étonnante solidité. Ces blocs sont transportés et lixés au moyeu d'une grue, glissant sur des rails à mesure, que la digue s'avance vers la haute mer. Les premières fondations se sont opérées à l'aide d'une drague à vapeur, destinée à tracer le sillon, où devait s'élever le rempart de Manora. Les travaux sous-uiarins ont été ensuite exécutés à l'aide de plongeurs. La jetée de pierre s'accroît de jour eu jour, malgré la lenteur iuévitublo de telles opérations ; plus de 147 pieds linéaires ont pu être établis dans un seul mois, et on espère que cette œuvre pourra être menée abonne fin. Cette courte description des travaux de.JIauora offre un double caractère d'actualité, au moment où un officier anglais fort distingué, le général Arthur ],A NAITRE. 2f.; Lotton, vient d'adresser h son gouvernement un long | rapport sur les ports tic l'InùV J.e port de Kurracbee ^Mi^hi^ji^w'Mîr ïîiM II" il l'S > 11 i Jià. "■'X- !.'■'' ,.,=, ,-,' il s 1 Niimi i . |i,i sa n'a pas les sympathies de sirÀrthui'Cotton, qui blâme | les grandes dépenses qui y sont faites actuellement. SCO LA NATURE. Nous ne discuterons pas l'appréciation du savant an- glais, mais nous reproduirons d'après l'Économiste, français, les résultats de ses intéressantes investiga- tions sur quelques-uns des plus importants ports de l'Inde. En partant de l'est, le premier port de quelque importanec rpjc l'on rencontre sur cet immense développement de côtes est celui de Rangoon, situé sur l'une des quatorze bouches par lesquelles lTrawaddv, le grand fleuve des Birmans, se jette, après un parcours de 1 ,800 kilomètres, dans le golfe de Martaban. La ville de Rangoon renferme 25,000 habitants et son port a de la valeur, tant au point de vue militaire qu'au point de vue commer- cial ; mais on lui reproche d'être d'une entrée diffi- cile, et on s'est déjà demandé s'il n'y aurait pas heu de créer un établissement semblable sur la branche principale de l'irawaddv. De même, les abords de Calcutta ne sont point faciles et. c'est pourquoi le gouvernement indien a essavé, il y a quelques années, de remédier à cet inconvénient, par l'ouverture d'un autre port sur la rivière Mutlah, qui a reçu le nom de Port Canning et qu'une voie ferrée a réuni à la capitale du Bengale. Mais on a de la sorte dépensé, beaucoup pour arriver à un faible résultat. Le port de Cattack, à Falso Point, qui n'existe que depuis la grande famine de la province d'Orissa, n'est point mauvais; mais l'ancrage y est soumis aux caprices de la grande rivière qui vient s'y jeter à la mer, et tel est aussi le cas de Coringa, trop voisin des bouches du Gortavery. Nos traités français de géographie continuent de parler du bon port de Masulipatam, situé sur une des brandies de la Kishuali. La vérité est que la prospérité de Masulipatam n'est [dus qu'un souvenir et que le vrai débouché du bassin delà Kishuah et du bassin du Godavery est aujourd'hui Coconada, grâce auxcaiiauxquil'unisseiit à ces deux rivières. En suivant toujours lo littoral de l'est, à l'ouest, on arrive à Madras. La position de Madras, comme grande place maritime, n'a pas été des mieux choi- sies : le général Cotton ne fait nulle difficulté de le reconnaître, et cette observation, déjà faite pour Cal- cutta, il l'étend à Bombay même. Mais enfin, ces ports existent, on a consacré à leur amélioration de très-grosses sommes, et, dans l'état actuel des choses, ce serait folie de les supprimer. Tout ce qu'il y a lieu de faire, c'est do les améliorer encore. Sir Ar- thur Cotton estime qu'en dotant la rade do Madras d'un brise-lames, on en aura fait de beaucoup le meilleur des ports indiens actuels ; c'est une opinion qu'il défend depuis près d'un demi-siècle, et elle a encore pour elle l'opinion d'à peu près tous les hommes compétents. Eu continuant de s'avancer vers la pointe sud de la péninsule, le cap Comorin, on rencontre Pondi- ciiéry et Tuticoriu. Pondichéry étant à la France, ne. figure point dans le travail du généra! Cotton. C'est le clicf-lieu de nos établissements dans Elude, un port peu commode et une ville qui renferme aujour- d'hui ^i 0,000 habitants, tandis qu'elle en avait 90,000 au temps de Dupleix. Tuticorin n'est qu'uji amas d'écueils et non ml port. Il ne doit quelque importance qu'à sa situation au vent du Pont-d'Adam, dans l'île de Cevluu, pen- dant la mousson du sud-ouest. Il est évident qu'au sud, l'Inde anglaise manque d'un bon port. Sir Ar- thur Cotton pense que ce port pourrait être créé près du cap Comorin, ou à 20 milles plus à l'ouest, à Colaehul, par exemple, sur les côtes du territoire de Tiavancorc. Mais les lieux n'ont pas encore été bien reconnus, et d'ailleurs, ni le cap Comorin, ni Colachu! ne sont en pays anglais. Aussi le comman- dant lhiudas Taylor indiqnc-t-il de préférence la baie de Mutapetta, autrement appelée Port Lorue. Ce point possède, selon lui, tous les éléments d'un bon port de. commerce, auquel on pourrait faire aboutir et le réseau des chemins de fer de l'Inde méridionale et le système de canalisation que propose le lieute- nant général Cotton, (jette question d'un bon port au sud de l'Inde a conduit le commandant Taylor à l'examen d'une autre question assez controversée, la création d'un canal maritime entre le golfe de Manaar et la baie de Palk, ou, en termes plus généraux, entre l'île de Ceyian et l'Inde du sud. \ous arrivons à Bombay, qui est une ville de plus de 800,000 âmes et te premier port, militaire de toute l'Inde britannique. C'est aussi un grand en- trepôt commercial, et l'on évalue à plus d'un mil- liard le chiffre des affaires qui s'y traitent annuelle- ment. Si Bombay était accessible par eau à l'Inde intérieure, au taux de -1/20° de denier par tonne et par mille, ce à quoi la chaîne des Chattes empêche de songer, le commerce dont ce point est le centre, et qui est représenté par 1,000,000 de tonnes, paraîtrait susceptible de quintupler. Aussi bien le port de Bombay et sa rade paraissent-ils réclamer des améliorations assez nombreuses; il y aurait lieu de réduire la trop grande étendue de l'une par des bnses-lames et de construire des quais dans l'autre, car Bombay n'échappe point à l'application de celte sentence de M. l'ingénieur des ports, Boberston, qu'il n'y avait pas sur tout le littoral de la péninsule un seul point où un grand navire puisse débarquer sa cargaison tans l'intermédiaire de bateaux de trans- port. On voit que bien des progrès restent à réaliser sur le littoral des Indes anglaises, mais nos voisins d'outre- Manche, avec l'énergie, la constance qui les carac- térisent, ne regardent pas à jeter des millions sur ces rivages lointains, qu'ils transforment peu à peu ; ils y édifient des jetées et des digues, ils y creusent des bassins, et ils se signalent chaquejour par quelque nouvelle victoire sur les éléments. Leurs propres intérêts commerciaux subissent l'influence de ces grands travaux, mais il ne faut pas oublier que par contre-coup la civilisation tout entière doit, aussi en tirer profit. LA NATURE. 267 CHRISTOPHE IIANSTEEX Ilansteen (Hait un savant physicien de la Norwége, il est mort à Christiania, le 11 avril de cette année; nous reproduisons d'après notre homonyme d'outre- Manche, Nature, quelques détails sur la vie de nette grande intelligence. Né le 2(i septembre 1784, flaiisteen avait atteint l'âge de 88 ans. En sortant de l'école de la cathédrale de Christiania, où il avait reçu sou éducation première, il entra à l' Université de Copenhague, en 1802, comme étudiant en droit, mais il abandonna bientôt cette carrière pour celle des mathématiques. En 1801), il commença son œuvre comme professeur de mathé- matiques à l'école de FrederieLsburg, dans l'île de Zélaude ; c'est là aussi qu'il se signala par ses pre- mières observations dans ses études du magnétisme terrestre. Il se distingua, tout d'abord, en obtenant le prix qui avait été fondé pour le plus remarquable travail sur le magnétisme par la Société royale des sciences de Copenhague. Quelques années plus tard, en 1814, il obtenait la chaire d'astronomie, à l'uni- versité de Christiania, qui avait été créée récemment par Frédéric VI de Norwége. Son grand ouvrage intitulé : Untersuchungen ùber tien ilugnetismus (1er Erdc, fut publié en 1819, aux irais du roi. Ce travail est illustré de nombreuses cartes ; il forme la réunion la plus complète des ob- servations sur les variations de l'aiguille ainiantée, il se fait remarquer on outre par ses larges apprécia- tions philosophiques. Dans la suite de ses recherches physiques, Jlaiisteen entreprit son célèbre voyage en Sibérie. Il s'avança jusqu'à kiatchta et likustsk, ac- compagné par rirman et Pue ; les frais de l'ex- pédition étaient libéralement défrayés par le gou- vernement norwégien. L'établissement des dix ob- servatoires magnétiques et météorologiques, par l'empereur de Russie, sur la recommandation de llumboldt, fut un des plus beaux résultats de ce voyage. C'est à Hanstecn que nous devons, dans nos con- naissances sur le magnétisme, la détermination de la période de 111 ans, comme étant la longueur pério- dique de la déclinaison magnétique, cycle qui a ré- cemment pris une si remarquable importance en faisant concorder l'astronomie à la météorologie et à d'autres phénomènes terrestres. Bientôt après son retour de Sibérie, le gouvernement vota les fonds né- cessaires pour élever un observatoire astronomique et météorologique, qui fut construit sous sa direction. Cet observatoire a rendu de grands services; la météorologie lui est redevable des plus importants progrès. La description trigonométrique et topographique de la Norwége, commencée en 1837, fut encore exé- cutée sous la direction d'Hanstcen. En 18îiG, on cé- lébra l'accomplissement des cinquante ans de servi- ces publics du grand physicien, on frappa une mé- daille comiiiémorative en son honneur, l'eu de temps après, il cessa ses cours, et en 1861 il se reposa de ses labeurs en rentrant dans la douce tranquillité de la vie privée. LES CYCLONES (Suite. — Voy. p. -247.) « A 7 h. 1 /2, le commandant prit, la détermination de sacrifier les mâts supérieurs au mât d'artimon. Trois gabiers se présentent pour en couper les gai- haubans. Touchante fraternité! avant d'affronter la mort ils s'embrassent, puis, la hache à la main, ils s'élancent dans l'obscurité et exécutent l'ordre donné. I.'ti instant après, Je mât d'artimon tout entier est emporté, entraînant dans sa chute les embarcations suspendues aux flancs du navire et une partie des bastingages do l'arrière. « Le bruit du choc des lames contre les murailles, qui se déformaient, s'inclinaient, était épouvantable. Notre masse entière était soulevée par intervalles, puis on sentait, le navire, couché sur le flanc, plon- ger sous l'effort réuni de la mer et des vents. Plus d'une Ibis le commandant crut que nous avions en- gagé. Dans les batteries on avait de l'eau jusqu'à mi- jambes; la mer entrait de tous les cotés. Afin do no pas épouvanter davantage les passagers, nous disions que l'Amazone avait une coque assez solide pour résister au cyclone; mais nous ne savions que trop qu'elle était en mauvais état et. que notre perte était presque certaine. Personne ne perdait cependant cou- rage ; on avait à cœur de faire son devoir jusqu'au bout. Je dois rendre d'ailleurs celte justice aux pas- sagers : c'est que pendant la tourmente je n'entendis aucun cri de désespoir ou do détresse. Le commandant sur le pont, les officiers disséminés partout pour faire exécuter ses ordres, donnaient l'exemple du sang- froid, et l'équipage montrait un dévouement admi- rable. Les hommes, passagers, étaient aux pompes; les femmes s'étaient rassemblées dans les cabines qui n'avaient pas été. envahies par la mer et priaient. <; Je me trouvais à quelques mètres du grand mât quand j'entendis dire qu'il avait été emporté comme le mât d'artimon. Je voulus m'assurer de cette chute, dont le fracas avait été assourdi par le bruit de la tourmente, en montant sur le pont. Au haut de l'échelle du grand panneau, je fus assailli par les bourrasques d'une pluie si drue, si serrée, et me fouettant le visage avec une telle force, que j'aurais pu croire à de la grêle si cette pluie n'eût été tiède, presque chaude. Le vent qui la chassait ainsi par ra- fales, avec celte vitesse terrible, faisait entendre un rugissement continuel. Rien ne saurait exprimer celle rage de destruction. On n'entendait distincte- ment ni le grondement du tonnerre, ni celui de l'O- céan, ni le bruit des débris de mâts s'entre-choquant. Les éclairs sillonnant les nues presque sans inter- valles, avec une vivacité extraordinaire, faisaient suc- céder à la profonde obscurité une lumière éblouis- 2G8 LA NATURE. suite, éclairant le ciel chargé d'épais nuages et la nier qui Louillon.nn.it et menaçait à chaque instant de nous engloutir. Le grand mât avait été brisé par le vent; il n'en restait qu'un tronçon. Lus nuits supé- rieurs de misaine étaient aussi tombés, emportant le bout dehors du grand foc. La moitié de la vergue de misaine avait été emportée par sa voile. La foudre tombait presque sans interruption, et des aigrettes lumineuses coin nient sur l'extrémité des mât s comme des feux follets. « A 7 h. i'), le baromètre était descendu à 6u8 mm . Caisse incroyable, et l'une des curieuses observations faites pendant cette nuit terrible. A 7 h. ufj, le calme le plus complet, succéda sans transition à la tour- mente. La pluie cessa, le vent et la mer tombèrent à la fois. Ceux qui ignoraient la marebe ordinaire d'un cyclone se félicitaient de voir la fin de la tempête. Mais nous, nous comprenions que nous étions dans le centre; nous savions que le danger allait devenir [ilus imminent que jamais. « (tu s'empressa de profiter de l'accalmie, qui devait être bien courte, pour dégager le pont, autant que possible, des débris qui l'encombraient. Les matelots travaillaient avec ardeur sous la di- rection de leurs chefs, éclairés par la pâle lumière que répandait maintenant le ciel étoile. « Le baromètre marquait toujours C99""" ; il était affolé et ses oscillations étaient de plus de lt)""". On entendait au loin un grondement sourd. De légères fraîcheurs, sans direction déterminée, venaient frap- per le visage. La mer était tourmentée dans tous les sens. Lue bruine épaisse la recouvrait, et des nuages grisâtres s'élevaient au-dessus de l'horizon jusqu'à une hauteur de 40 degrés environ, laissant à dé- couvert au-dessus de nos têtes un cercle de ciel pur, d'un bleu transparent, étincelant de la lumière des étoiles. Ce cercle s'étendait davantage sur triburd (pie sur bâbord, ce qui nous indiquait que la zone cen- trale de calme de l'ouragan passait sur nous suivant une petite corde de sa circonférence et non suivant ' ISO 155 i 150 i lu! 1 ! ; 1 m y 1 Ho 715 _ ixo IIS 1/ 7/0 \ 705 i i .s. 100 1 ,-S- : f \ / i r£ es5 i ^i ! M*nin UiiÀ. a jtflP/ i HnuvC 1 S S 10 11 ïb ! h h 4 S 6 1 g S W U l& 1 l à 4 5 S 7 S » 10 V lïr, C'.>urlje lp;ir(jinétiii[mï y\\\ cyclone « REVUE AGRICOLE I.A QUESTION HE3 SUBSISTANCES, ÉCONOMIE A nÉAUSliR PIlODUCTIOS A. AUGÏ1E.NTKH. La grande préoccupation de la saison a été celle des subsistances. Si le déficit de la récolte a été sou- vent exagéré, il n'eu est pas moins vrai que, d'après les documents très-sérieux publiés par la maison ISarthélemi Estienue, de Marseille, il n'y a pas en 1870 un seul département où la récolte ait été très- bonne. Ou en comptait 43 dans le cas contraire, l'année précédente. Le tableau suivant permet de se rendre compte des différences que présentent les quatre principales espèces de grains. Evaluation de ta récolte dans les départements : (Uld) (Scigln) (Orge) (Avoine) Très-bonne. . . * » 18 32 8 8 30 24 Assez bonne. 15 5 12 19 Passable . . , ;,2 20 15 5 Médiocre. . . 12 21 4 il Mauvaise. . . 1 20 1 On voit, d'après ce tableau où les chiffres repré- sentent le nombre des départements, que la récolte de blé a été passable dans 52 d'entre eux. Si l'on tient compte des surfaces cultivées en blé, dans chaque département, et si l'on apprécie par le chiffre 18 la récolte bonne, le chiffre 44 la récolte assez bonne, le chiffre 12 la récolte passable, le chiffre 10 la mé- diocre et le chiffre 6 la mauvaise, on arrive, en fai- sant la somme des produits et en la divisant par la surface totale, à apprécier l'ensemble de la récolte par le chiffre 11.5. Or on sait que Je chiffre 20 cor- respond à une récolte de 120 millions d'hectoli- tres, c'est-à-dire au chiffre le plus élevé que, dans l'état actuel de notre agriculture, nous puissions ob- tenir. Pour avoir ce résultat delà récolte de 1873, il suffit donc d'établir la proportion entre le chiffre 11.5 de la récolle actuelle et celui de 20; on aura pour résultat 69 millions d'hectolitres. Or on mange 72 millions d'hectolitres de blé, les semences en consomment 44 millions, le déficit serait donc de 17 millions d'hectolitres, mais, comme l'a fait observer M. barrai, dans toutes les années de rareté, la con- sommation diminue, le pain de froment est remplacé par d'autres nourritures. Et il est très-probable qu'un complément de 8 à 10 millions d'hectolitres pourra certainement suffire. L'Algérie est rangée, pour le blé, l'orge et l'a- voine, dans les régions où la récolte a été passable ; l'Alsace-Lorraino dans la région où la récolte a été passable pour le blé', bonne pour l'orge et. l'avoine, mauvaise pour le seigle. En oc qui concerne l'étran- ger, voici comment la récolte de blé peut être ap- préciée : Angleterre, récolte moyenne. Ecosse, au-dessous de la moyenne. 270 LA NATURE. Irlande, moyenne. Italie, médiocre. Provinces-Danubiennes, médiocre, Russie méridionale, médiocre. Suisse, assez bonne. Espagne, bonne. Belgique, passable. Etiits-IJiiîs, bonne. Turquie, passable. Egvpte, médiocre. Ces renseignements, qui ne sont point exagérés, prouvent (jue généralement la récolte ilu blé n'a pas été bonne. Heureusement que les Etats-Unis, d'où nous tirons une bonne partie: de nos grains, sont mieux partagés. L'Espagne, qui est à nos partes, se trouve également dans de bonnes comblions. Il est doue facile de prévoir' que notre délicit pourra, sans trop de difficulté, être comblé par l'importation. Celte nécessité nous amène à insister sur tous 1rs moyens qui peuvent augmenter la production des céréales eu France. Nous ne dirons rien sur la nécessité d'organiser le crédit agricole; cette question nous entraînerait hors du cadre de ta Nalui'e. liais nous parlerons d'une cause de perle dans la production des céréales, due au manque de bons outils agricoles, et surtout au défaut d'emploi de semoirs mécaniques. Il est reconnu que, par la méthode encore très- usitée de semer à la volée, les quatre cinquièmes de la semence mise, eu terre restent improductifs et constituent une perte considérable. Cela s'explique dans, les semailles à la main; une partie de la semence reste sur le sol, sans être couverte, et les oiseaux la mangent ; d'autres grains sont enterrés à une trop grande profondeur , ils ne germent pas et sont dévorés parles rongeurs, ou bien ils ne germent que tardi- vement ut ne fournissent que des tiges étiolées, étouf- fées parles premières sorties. L'emploi des semoirs mé- caniques fait disparaître ces inconvénients. LessêTnen- cessont entièrement recouvertes parle semoir et tous les grains sont placés à la même profondeur; cette profondeur est d'ailleurs réglée suivant la nature du sol ; de cette façon, la levée a lieu rapidement, et pres- que eu même temps avec l'espacement de lo centi- mètres, La végétation est, de plus, activée par l'air qui circule entre les lignes et les racines, se déve- loppant mieux dans la terre restée libre. Les blés, ainsi semés, sont beaucoup moins sujets à la verse, la tige moins encombrée prend plus de dureté et ré- siste davantage. Déplus, le grain étant déposé par le semoir à une petite profondeur, le collet de la plante se trouve au ras du sol et les tallns se développent plus facilement. Dans la méthode ordinaire, on emploie etrviron 2 hectolitres par hectare, et jusqu'à 7> dans les terres maigres ou peu favorables au froment. A l'aide du semoir, on a souvent obtenu de beaux résultats en ne semant que 14b litres et même 'J 7 et 61) litres seulement à l'hectare. On a reproché à l'ensemencement en ligue de l'air;. mûrir les blés inégalement, et au semoir mécanique de laisser entre les lignes des espaces où l'herbe pousse, vigoureusement. Mais MM. Crespel, Delisse, d'Arras, et bien d'autres cultivateurs, sont arrivés à éviter ces inconvénients. Kn exécutant des ligues croisées, la semence est répartie aussi bien et niènie mieux qu'à la main ; tout le terrain esl suffisamment couvert. Il n'y a pas de tallage tardif et d'épis pré- coces qui mûrissent mal. Le semoir ne peut être emplové partout, mais oiï estime qu'on peut en généraliser l'usage sur trois millions d'hectares, et si les cultivateurs convertis- saient en engrais les économies résultant de sou em- ploi, le produit de la seule récolte du blé s'accroî- trait d'une somme annuelle de oôG millions, et l'augmentation du commerce des engrais s'élèverait chaque année à 2fjl millions. Cela ne mérite-t-il pas d'arrêter un peu l'attention? EllS EST MtKAL'LI. CHRONIQUE \uces de orï(|uetH aux État.s-l'nis. — L'Algérie a été, cette aimée, en proie à une invasion des cohortes ailées (vui . p. iiô() et T.iH) ; certaines régions des btals-tnis entêté, le mois dernier, véritablement ravagées par les cri- quets. Ces inse.tes se sont précipités par musses innom- brables vers le sud, eu passant au-dessus d'Oniaha (A'e- hraska). Ils (brillaient, dans le ciel, des taches semblables à de gros nuages orageux, et se sont jetés dans les cam- pagnes avoisinaut Omaha, où ils ont ravagé toutes les cultures de mais. L.e tremble ment île terre de Vul|mraÎMO. — Voici les renseignements importants que fournit, à l'occa- sion du cataclysme itu 7 juillet, le journal Yalparaho and Kôsl t:o(isl Mail : La véritable direction de la secousse ne peut être déter- iiiiiée exactement, mais il est certain que Valparaiso se trouvait très-rapprochée de son foyer d'intensité. Le mou- vement du soi dura pendant l'intervalle de 7o secondes. 11 était deux heures du matin ! t.e tremblement avait été préeédé d'un mugissement souterrain, qui fut comme un avertissement pour les personnes éveillées à cette heure matinale. Le calme momentané qui suivit le premier eboc fut employé par les uns à achever de s'habiller, par les autres à se mettre à la recherche de leurs amis; d'autres encore allèrent s'assurer de retondue du désastre. Bientôt des feux furent allumés en plein air. Dans la cité, personne n'eût songé à consacrer au repus ces dernières heures, dans l'éventualité d'une nouvelle secousse ; des familles entières étaient préparées an départ, tandis que les plus hardis restaient dans les rues et sur les places publiques. On n'eut rien à signaler de partieulu t jusqu'à 10 heures 55 minutes, moment où une nouvelle et forte commotion chassa tout le inonde dans les rues. Pendant l'après-midi, on vit des gens se diriger vers les cerrus ou collines environnantes, emportant leurs literies ; inant le cou- cher du soleil, Ja campagne, était envahie par des citadins de toutes conditions. Depuis la première secousse au matin du 7, jusqu'à C h. 2 L 2 m. du 8, où une nouvelle, commotion cul lieu, on ressentit vingt petits chocs se LA NATUUE. 271 produisant dans les couches ks plus liasses du sol. Toutes les voies ferrées ont été endommagées sè-rii^u h (i— ment et englouties sous les hlocs de terre, que le tremble- ment soulevait à l'aso Ilonilo, à San Pedro 'et à Sun lioman. Heureusement, aucun des navires en rade devant Yalpa- raiso n'a eu à souffrir, malgré le terrible effet que produi- sait le tremblement de terre, sur l'Océan. L'eau entrait à perle île vue en ébullition, et cela durait ainsi plusieurs minutes après chaque commotion. Les villes elles villages des environs ont eu leur part dans le sinistre. Santiago a été aussi très-vivement atteint, comme nous l'avons dit précédemment. Beaucoup d'habitants croient que, le tremblement de terre est la conséquence de quel- que éruption volcanique des Cordillières, comme cela a eu lieu en 1822 et en 182-fc. :•<>-= ACADÉMIE DES SCIENCES Smnce du 15 septembre 1875. — Présidence de M. Biciitiund. Le pouls. — Voilà un sujet en apparence Lieu vulgaire et qui cependant réservait à l'observation des faits du plus haut intérêt. C'est ,\1. Jlouillaud, dont le nom est intime- ment lié à ses connaissances sur les fonctions du cœur, qui a fait du pouls une élude approfondie, et qui en e\pos« aujourd'hui les résultats à l'Académie. On admet générale- ment, suivant la définition de Longet, que le pouls n'est antre chose qu'un mouvement de choc perceptible, quand on applique la main sur la pe;iu qui recouvre une artère. Quoique cette définition soit acceptée partout, il s'en faut de beaucoup qu'elle soit satisfaisante; clic ne concerne, en effet, qu'une partie du phénomène total qui a lieu réel- lement. A coté de ce choc, dû à l'impulsion que le cœur imprime au sang, il y a un antre petit choc causé par la contractilité propre à l'artère ; de façon quele pouls au lieu d'être, comme, on le dit d'ordinaire, un instru- menta deux temps (un choc et un repos), est réellement à quatre temps (deux chocs séparés par deux repos). Le fait explique la figure bien connue que donne le sphvgino- graplio, de M. Marey, et cette figure montre en même temps combien ces différents temps de la rèi-ohdion arté- rkïle se succèdent régulièrement. Il faut remarquer que la découverte de If. Fîoinllaud permet seule de comprendre complètement le phéno- mène de la circulation du sang. On comprend bien en effet, dans la manière de voir ordinaire, comment le sang est poussé du cœur dans les artères, mais rien n'explique comment le, liquide nourricier passe des artères dans le sys- tème capillaire. Au contraire, le mouvement de contraction propre des artères, ou systole artérielle, qui vient d'être indi- qué, l'explique complètement. Seulement il v a lieu de se demander par quel mécanisme se produit cette contraction intermittente des artères. La contraction du cœur tient à sa nature musculaire, ruais jusqu'ici ou n'a trouvé aucune fibre contractile dans les artères, et le progrès que vient de faire la physiologie, soulève un problème nouveau, lin terminant, il. Bouillaud fait remarquer que, celte maladie, connue depuis longtemps des sujets qui présentent un pouls double n'est que l'exagération de l'état offert, par tout le inonde dans les conditions normales. Produits de l'oxydation des fers météoriques. — Les données de la géologie comparée conduisent à admettre que le noyau interne de notre globe est formé de masses comparables aux roches météoriliques. 11 en ré- sulte que nos roches, dites éruplives, doivent, à mesure qu'on ks considère à une plus grande profondeur, se rapprocher de plus en plus des roches extra-terrestres, jusqu'à se confondre avec elles. C'est ainsi que nous avons montré, il y a déjà longtemps, que les filons de serpentine doivent être regardés comme représentant le cluipeau de filons plus profond, de la pierre météorique appelée dum- tonnitc. Une même relation doit se retrouver entre nos fers oxydés ou maijm'dites et les filons de, fers météoriques. Un très-grand nombre d'expériences variées nous ont mon- tré, en effet, que des fers météoriques oxvdés dans des con- ditions convenables, acquièrent, au double point de vue de la structure et de la composition, tous les caractères im- portants des magnétites associées aux serpentines terres- tres. L'élimination du nickel a lieu très-facilement sous l'influence de l'oxydation et du lavage par les eaux salines. Observation delà comète. IV de 1873. — MM. Bayet et André poursuivent leurs observations sur la comète décou- verte récemment par M. Henry. Depuis le l" r septembre, le ciel aété généralement très-défavorable aux observations. Cependant, le 2, on peut, reconnaître que la queue avait en- viron une longueur de deux degrés ; le diamètre de la tête n'avait pas augmenté depuis les observations antérieures et mesurait de 8 a inimités d'arc ; mais la forme île cette tèle s'était beaucoup modifiée, le noyau ayant pris une po- sition moins centrale et plus rapprochée de la région anté- rieure. Dans la nuit du lu au 11 septembre, entre une. heure et deux heures, une éclaircie permit de revoir l'as- tre errant qui, malgré la proximité de la lune, apparut avec beaucoup d éclat. Le novau restait visible dans des condi- tions, où les étoiles de 5" grandeur étaient effacées et la tète était nettement tordue en arc de cercle. Cette comète marche avec une rapidité extrême vers le, soleil, mais elle ne tardera pas à devenir invisible dans notre hémisphère, et nos astronomes ne, peuvent espérer la revoir que long- temps après sou passage au périhélie, alors qu'elle se trou- vera de nouveau dans des conditions analogues à celles où elle est aujourd'hui. Transmission du choléra. — SuivantM. le docteur Pel- larin, qui fait une longue lecture à ce sujet, les déjections des cholériques constituent l'agent le plus efficace de, trans- mission du choléra. S'élevant contre les médecins qui pen- sent que la cause de l'épidémie est apportée par l'air, l'auteur soutient que celle-ci ne vovage que par les indivi- dus qui en ont pris le germe dans les pavs envahis. I.e Lut de l'auteur, eu faisant cette lecture, d'ailleurs fort in- téressante, est surtout de rappeler qu'il a émis, dès IMÔi), cette opinion que d'autres praticiens viennent de publier comme nouvelle. Stamslas Mkl.meh. .<>* LES NOUVELLES COMÈTES Le ciel a été, depuis lu fin de juillet, d'une ri- chesse inaccoutumée en apparitions de comètes. Ou en a découvert six en ce eoitrt lajis de temps. Quatre d'entre elles sont nouvelles, les deux autres, qui ne sont pas les moins précieuses , étaient attendues. La première de celles-ci porte à neuf la famille si intéressante des comètes, dont la périndieilé esl éta- blie; la seconde offre un éclat exceptionnel. Le diagramme ci-contre représente trois de ces comètes, qui intéressent à un si haut point les uslro- uomes. Nous avons choisi une des deux comètes deM. 13u- relly, une de celles que l'habile directeur do l'Obseï- 272 LA NATURE. valoire de Marseille a retrouvées, el i:nfin celle qui Lut tant d'honneur à M. Paul llenrv. La comète Iîrnrsen, retrouvée par M. Stephan, le 2 septembre, à 4 heures du matin, était alors d'une faiblesse extrême. Klle aurait certainement t'chapj u' à l'investirai ion sans la merveilleuse pureté du ciel de notre grande cité phocéenne, admirablement située pour jouer un rôle brillant dans la réorganisation de l'astronomie française. Il est inutile de dire qu'au premier moment, la comète n'offrait aiieime trace de queue. L'Ile passera vers le 1(5 octobre à son périhélie, qui se. tiomera entre Vénus et Mercure. Dans la nuit du 11 au 12, sa tète et sou noyau si 1 sont développés, ee ipii tient naturellement à ce que la comète marche vers le so- leil avec une grande rapidité. Elle est directe tandis que les deux autres comètes représentées sont rétrogrades. Cette circonstance permet d'affirmer presque à coup sur qu'elles ne sont point périodiques, mais à orbes paraboliques ouvertes, de sorte qu'elles regagneront les espaces slellaires d'où elles ont été tirées par l'effet de l'at- traction solaire, combiné avec son mouvement de translation vers la constellation d'Hercule. On com- prend, en eifet, que le soleil puisse difficilement capter des corps étrangers, dont le mouvement propre soit dirigé eu sens inverse du sien, et qu'ils; ne fassent que traverser le système solaire quand ils marchent en sens inverse des planètes 1 . La comète llorelly, qui est la première découverte, a été. aussi la première; à passer à son périhélie. Llle y est arrivée le 10 septembre, vers H) heures du soir. . 1 . T" *r 16 Sp ■i, — . Lh •/f IriL %J - 1" t 1 ■ \ l y. 3c \ ■[ ,:■ . M '•- -. J >4 ■i J_ --- >--. i ^Sft, ™JL- ■- ■■■■ U . 7«i A# - %< ft> * El* .A -Jt y. i* T < ..... ..... f. — n, -.-- ç si ,M 'i K j .'(3 — ï f" S. 1 -H X: ■■K 1 — r^ u --■ -J£ ,; ■ ' • > 4l ni •i t^Jip t-: £ tr \ il 1 : ■ -■ WN - -■ •■.. ■• : ■_ ■ t • -. j t bli™ (JC l a? «■■■ :■ ! •;c. ï; ô!> (il t. X «* e >, ^oj»""'" WH «IX X X! X Ï life-ii-w OiIh Les des cmnMes : Boi'iïlly, lii'orsrn fit Henry (si']ilrMiibn t:l octobre 1873). La comète llenrv n'y doit parvenu' que vingt jours après. Ces deux comètes sont parvenues dans l'intérieur de notre orbe ; elles auraient pu, par conséquent, nous rencontrer si nous nous étions trouvés précisé- ment, au point où elles perçaient son plan, et de plus si notre distance avait été égale à la leur en ce moment. La terre, par son attraction, déviant les comètes de leur route quand elles passent dans sou voisinage, les chances de rencontre augmentent quand les astres errants se meuvent dans des places voisines de notre écliplrque, ce qui n'est point le cas pour les phénomènes actuels. En effet, la comète Paul Henry arrive avec une inclinaison déjà Lrè-s- grande de è>8", el celle de M. Borelly descendant en quelque sorte du pôle tombe avec une inclinaison de Si". Mais les deux comètes font toutes deux une ex- cursion dans ce qu'on peut appeler la spbère infé- rieure à la terre. La comète Borelly reste à distance respectueuse et son péribélie est deux à (rois fois plus éloigné de l'astre que celui de la comète Henri'. Aussi, toutes choses égales d'ailleurs, cette dernière doit-elle recueillir une quantité de lumière neuf fois plus grande. C'est vers Je 20 septembre, que la co- mète Paul Henry doit s'approcher le plus de la terre. Jl. Ilind a prédit que son éclat serait alors compara- ble à celui d'une étoile de troisième grandeur. M. "Weiss a estimé, dans ses épbémérides, que sou éclat dépasserait, vers cette époque, quatorze foin celui du 51 août. 11 n'est point encore temps do com- parer ces prédictions scientifiques avec laréalité. Les queues des comètes sont toujours dirigées à l'oppo- site du soleil, mais les particularités qu'elles ont pu offrir ou qu'elles offriront encore ne peuvent être utilement discutées en ce moment. 1 La ccmièlc de 75 ans e&l Kl seule exception connue à elle loi. Le Propriétaire-Gérant : G. Tissasdieti. l'AfilS. — lUI', SIMU?I UAyH Eï COHF 1 ., BUE D'tftFl'SîlI, 1. y 18. 4 OCTOBRE 187 3. LA NATURE. •27" LA KITRO-GHCÉRWE ET LA. DYiNAMITE Depuis l'époque de l'invention (le lu poudre àcauoii jusqu'à notre siècle, l'histoire des substances explo.M- bli's ne compte pas de progrès saillants. Mais depuis un petit nombre d'aimées, elle s'est signalée par des découvertes nouvelles d'une importance considérable, (l'est surtout eu 184(1, lorsque M. Seliœnbein pro- duisit pour la première fois le coton-pou ire, que l'art de préparer les matières fulminantes vit s'ouvrir de nouveaux horizons. M. Schtrnlniin s'était horné à signaler les effets balistiques du coton-poudre, sans indiquer son mode de préparation. I;i n nivelle sn:- stance étonna singulière- ment le inonde scienti- fique. Ce coton, qui ne diffère -en aucune façon apparente de la ouate or- dinaire, qui brûle comme la poudre au contact d'une flamme, causa une véritable stupéfaction parmi les chimistes. Cl race à de persévérantes re- cherches, on ne tarda pas à découvrir le mode de préparation de la nou- velle substance ; on l'ob- tint par l'action de l'acide nitrique sur les matières cellulosiques telles que coton , papier , etc. '. M. Schoanbein se décida alors à publier son pro- cédé de préparation, qui consistait à faire agir sur le colon cardé, un mé- lange d'acide nitrique et d'acide sulfurique. Peu de temps après , en 1817, M. A. Sobrero eut l'idée d'étudier l' ac- tion spéciale de l'acide nitrique sur d'autres substances organiques, sur la glycérine notamment, qui s'obtient, comme on le sait, dans lasaponilication des corps gras. La glycérine, ce principe doux des huiles, comme l'appelait Scheele, cette matière inoffensive, à la saveur douce et sucrée, se transforme sous l'action de l'acide nitrique eu un liquide détonant, terrible , le plus énergique des produits explosifs connus. « La. nitro glveérir.e, sui- Tj' acLiuii ne l'acide nitrique sur l:i mjlière cellulosique ];eul s'expliquer ri.ir la lé.iction suivante : ■2.;C^lI<"Û«); + j(A:0 3 HO; emploi île l:i il,n;iini!£! en temps de ^uei'i-e. — S.'uit.i^e (h 1 ]i;ili^;uk!s, cMJfuij': ]j;ir l'iiiieiru^Uiiiiie d'ut; iil *"■ 1 1 : l: 1 1 ■ i ■ j Lie Waliiii-c LIL'llLllLîSiqil tliii:. 1 1 l3 1 û j 1 j « inj 1 1 r c un [U [Xjwlini:. Déjà, eu ISj'2, le chimiste Jii'ncuiniol av.iil itiji-iiuvcrl l.'i xi/loi- iluic, iiuliùre qui liriiie facilement cl qui s'uljlicut jur T action de l'acide nitrique sur l'aiuLdun. vaut, l'opinion de M. Hertbelot, disloque les moti- lagnes ; elle déchire et brise le fer, elle projette des niasses gigantesques. » Mais celte iiitro-glvcériite découverte par Sobrero resta longtemps sans application ; on ne considéra guère cette substance que comme un produit dan- gereux, et pendant dix-sept ans elle demeura à l'état de curiosité de laboratoire. C'est seulement en 18(5'*, qu'un ingénieur suédois, M. Nobel , commença à l'utiliser dans l'industrie et à mettre à profit dans le tirage des mines et des roches sou énorme force explosive. On ne tarda pas à reconnaître en Amérique et eu Kuropo que l'emploi do la nitro-glycérine offrait, dans le saulage des ro- ches, une économie con- sidérable sur la poudre de mine utilisée aupara- vant. Mais la difficulté de régler les conditions de sa détonation causa succes- sivement des accidents effroyables. Ou cita des exemples nombreux d'ex- plosion spontanée de ui- Iro-glycériue, bien faits pour terrifier ceux qui étaient disposés à utiliser la nouvelle malière. Les explosions survenues à Aspinwall , à San Fran- cisco, à Siduey, à Ilirscli- berg en Silésie , alar- mèrent à juste titre les gouvernements des divers pavscivilisés; elles furent en effet si soudaines , si effroyables, que jamais semblables sinistres ne s'étaient signalés dans les annales de l'indus- trie. Le lecteur va en juger par quelques faits que nous croyons inté- ressant, de reproduire, d'après un mémoire lu à la Société des ingénieurs de Londres. Eu 1 8 G (3 , le steamer ['Européen débarquait sa cargaison le long du warf de la compagnie d'As- pinviall. Tout à coup \ma explosion formidable se fait enlendrc. Le pont, les agrès et les flancs du navire volent eu éclats et sont projetés au loin. Quinze personnes sont littéralement mises en pièces par la détonation. L'Européen avait à sou bord plu- sieurs caisses de nitro-glycérine, qui avaient fait explosion au moment où des porteurs les avaient trop brusquement maniées. Quelques jours après, le steamer te Pacifique débarquait à San Francisco deux barils de nitro-glycérine. A peine ces barils furent-ils portés eu ville, qu'ils éclatèrent sponta- nément. La détonation fit plusieurs victimes ; elle se 18 274 LA NATURE. produisit avec une violence si extraordinaire que tout un quartier fut littéralement ébranlé, comme il aurait pu l'être sous l'action d'un tremblement de terre. En présence de semblables sinistres, tout le monde: se révoltait contre l'emploi de la nitro-glycérine, et l'opinion réclamait avec instance le bannissement d'une substance que l'on était en droit de considérer comme un danger public:. Peu à peu l'usage de la nitroglycérine devint moins fréquent jusqu'en 1807, époque à laquelle M. Nobel eut l'idée de mélanger cette substance explosible avec un corps incite, pul- vérulent comme la sibee : la nitro-glycérine, divisée par son mélange avec le corps pulvérulent, ne perd en aucune façon ses propriétés énergiques, niais elle ne détone que sous l'action d'une forte amorce de fulminate de mercure, son maniement devient pra- tique et exempt de péril. Ce mélange de nitro-glvec- rine et d'une poudre merle, fut désigné sous le nom de dynamite. Désormais les craintes justifiées dont, l'usage de la nitro-glycérine était l'objet , cessèrent d'exister : l'emploi de cette force nouvelle, mise entre les mains des industriels par la chimie, se généralise de jour en jour; les gouvernements, loin d'interdire aujour- d'hui l'usage de la dynamite, eu encouragent eu quelque sorte les applications. C'est ainsi que, tout récemment, une commission chargée d'examiner un projet de loi sur le prix de vente de la nouvelle ma- tière explosible a présenté son Rapport à l'Assemblée nationale 1 et reconnaît l'innocuité de sou emploi 5 . 11 nous paraît intéressant, à ce sujet, d'étudier les propriétés, le mode de préparation, les différentes applications de la nitro-glycérine et de la dynamite. La nitro-glycérine se prépare dans le laboratoire en laissant tomber goutte à goutte de la glycérine dans un mélange formé de 2 parties en poids d'acide sulfurique et de 1 partie: d'acide nitrique concentré. A chaque addition de glycérine, on agite le mélange et on le laisse refroidir. Il se dégage, pendant cette opération des torrents de -vapeur rutilantes. La quan- tité de glycérine employée est de 2 à 5 grammes environ pour 4 à 5 grammes d'acide nitrique. On laisse la réaction se produire pendant plusieurs mi- nutes, on jette le tout dans un vase d'eau : la nitro- glycérine obtenue se rassemble au fond du vase sous forme d'un corps huileux blanchâtre. On la lave à grande eau pur décantation et on la recueille à l'aide d'une pipette. M. Kopp, en 1SG0, opéra ces réactions sur une bien plus grande proportion ; il put traiter à la fois dans 1 Yoy. Journal officiel de la république française, n" 213. — Assemblée nationale; séance du H juillet 1873. '* Nous parlons ici de In dynamite fabriquée. Il va sans dire que les opérations de la production i|ue nécessite d'abord la fabrication de la iiilro-glyeni'iiio sont toujours périlleuses. C'est ninsi qu'une épouvantable catastrophe n encore, eu lieu récemment à Saint- jlédard-en-SJnîlp.Sj dans la Gironde. L'atelier alïcclé à la préparation de la dynamilc a fait explosion. Un ouvrier a été tué sur le coup ; quatre autres t;rièvenjfuil blessés. un grand vase en grès 500 grammes de, glycérine par 2 kilogrammes d'acide sulfurique mélangé de la moitié, de son poids d'acide nitrique fumant. Pendant le siège de Paris, un chimiste distingué M. Paul Champion, assisté de M. II. Pellet, perfec- tionna singulièrement aussi le mode de production de la iiitro-glvcérine; il parvint à préparer à la ibis plusieurs kdograuimes de celte terrible substance par divers procédés qu'il a étudiés à la suite de nom- breuses expériences 1 . 1131. Champion et Pellet se signalèrent pendant le siège par les services qu'ils rendirent à la défense, pour faire sauter des arbres, des murailles, etc., au moyen du produit explosif qu'ils préparaient oux-rnènies. La nitro-glvcérine est un liquide huileux, doué d'uni odeur faiblement éthérée et aromatique, qui produit des maux de tète. Sa saveur, d'abord légère- ment sucrée, est acre et brûlante. La nitro-glycérine est soluble dans l'éthcr, l'esprit de bois (alcool mé- tlivlique), et l'alcool ordinaire. Ce curieux composé ne détone pas sous l'action d'une tlamme ou de la chaleur ; il ne l'ait explosion que par l'effet d'un choc. « Si l'on soumet, dit M. Aboi, à l'influence d'une source de chaleur suffisamment intense une portion de la masse liquide, ou obtient à l'air libre une in- flammation et une combustion graduelles que n'ac- compagne aucune explosion. Il arrive même, lorsqu'on met la nitro-glycérine à l'abri du contact de l'air, que l'on rencontre une véritable difficulté pour faire naître et développer avec certitude la force explosive à l'aide d'une source de chaleur ordinaire. .Mais si l'on soumet la matière à un choc brusque, comme celui d'un marteau vigoureusement frappé sur une surface dure, ou obtient une explosion accompagnée d'une détonation 2 . » En général, pour faire détoner la nitro-glycérine ou produit, une espèce de choc ou d'ébranlement au moyen de l'explosion d'une amorce fulminante ; le fulminate de mercure réussit dans presque tous les cas à ébranler la masse et à la décomposer subite- ment. 31. fJorthelot, à qui Fou doit un magnifique travail sur les matières explosibles, nous mentionne quel- ques chiffres du plus haut intérêt, qui donnent une idée de l'extraordinaire puissance de la nitro-glycé- rine- : v. 1 kilogramme de nitro-glycérine, dit le savant chimiste-, détonant dans une capacité égale à I litre, développera une pression théorique de 243,000 at- mosphères, quadruple do celle de la poudre, une température de 1)5, 't00 degrés, et une quantité de chaleur égale à 19,700,000 calories; le travai.1 maxi- mum sera presque triple de celui île la poudre. 1 litre de nitro-glycérine pèse 1 kil. 00. Eu détonant dans une capacité complètement remplie, comme il arrive élans un trou de mine, ou bien quand on opère sous 1 Sous renvoyons le lecteur qui serait détirenx de miens apprécier les é-tudes récentes dont la dynamite a été l'objet, à l'ouvrage de M. Paul Champion : la Dynamite et la Sitro- (jhjcérine. (.1.-11. liuudry. I'ai'is, 1872.) * Atiuules (te chimie cl de jihysique. LA NATURE. 275 l'oau, coU.o substance devrait développer uni; pression île -470,000 atmosphères, lniil à dix fois aussi grande que celle produite par le même volume de poudre. La chaleur dégagée étant de 58, 000, 000 calories, le travail maximum pourra s'élever à plus de 16 mil- liards de kilogrammètres, valeur quintuple de celle du travail maximum de la poudre sur le même vo- lume. Ces chiffres colossaux ne sont sans doute ja- mais atteints dans la pratique, surtout à cause des phénomènes de dissociation; mais il subit qu'on en approche pour expliquer pourquoi les travaux et sur- tout les pressions développées par la nilro-glyeérme surpassent les effets produits par toutes les autres matières explosibles usitées dans l'industrie. Les rap- ports que les chiffres signalent entre la mtro-glycé- rine et la poudre, par exemple, s' accordent assez bien avec les résultais empiriques observés dans l'exploi- tation des mines l . » Ou conçoit, d'après ces faits, quels peuvent être les ressources que la nitro-glyeérine met entre les mains de l'industrie dans le travail des mines, dans la perforation des tunnels, etc., mais malheureuse- ment ce capricieux agent détone parfois, connue nous l'avons vu plr les accidents cités plus haut, sous l'influence d'un choc insignifiant. Une caisse de nitro- glycérine est posée lourdement sur le sol ; il n'eu faut peut-être pas davantage pour déterminer l'ex- plosion de la terrible substance. Aujourd'hui la ni- tro-glyeérine ne s'emploie plus guère qu'à l'état de dynamite. La dynamite, dont le nom vient du grée (iÎtj-jwuis, force, puissance), est un mélange mécanique de ni— tio-glycériueet de silice poreuse. Celle silice constitue par la porphyrisation une poudre blanche qui peut absorber par le mélange jusqu'à 75 pour 100 de ni- t ru-glycérine: «L'absorption delà nitro-glyeérine dans les grains de silice, dit M. Barbe, auteur d'un remar- quable mémoire sur la dynamite, place le liquide dans les interstices d'une substance poreuse suscep- tible de mobilité et ne transmettant pas les cliocs même les plus violents. Les petits canaux de cette silice forment de petits réservoirs d'huile explosive dans lesquels le liquide n'est maintenu que par l'ac- tion de capillarité. Les chocs violents appliqués à de grandes masses de dynamite produisent une com- pression des molécules, leur déplacement, peut-être même l'écrasement partiel de quelques vaisseaux infiniment petits, mais les particules île la masse de mtro-glycerine elle-même ne reçoivent pas le choc nécessaire à leur explosion. Ces considérations ont été eufièrement confirmées par la pratique. Le mé- lange de la nitro-glyeérine et de la silice s'effectue très-simplement. La porosité de la silice assure une répartition uniforme. » 11 existe un grand nombre d'autres substances pulvérulentes propres à servir d'absorbant de la ni- tro-glyeérine. Le kaolin, le gypse, et surfout le sucre 1 Comptes rendus de l'Académie dos sciences, l. LXXI, ■1870. en poudre, donnent de bons résultats d'après les travaux de 11 .M. C.h. Girard, Millot et Vogl. D'après les travaux de M. Paul Champion, le plâtre peut ab- sorber jusqu'à 30 pour 100 de nitroglycérine, le car- bonate de magnésie 75 pour 100. Ce dernier chimiste utilisait pendant le siège de Paris une djnamite for- mée de cendres de boyliead (résidu de la fabrication du gaz riche d'éclairage) mélangées à ïï3 pour 1 00 de leur pouls de mlro-glycérine. La dynamite offre l'aspect d'une matière pulvéru- lente; elle est généralement formée, quand elle est bien préparée, de 01 à 70 pour 100 de nitro-glyeérine et, de 50 à 50 pour 100 de matière pulvérulente. La dynamite à 60 pour 100, bien fabriquée, soumise au choc du marteau sur une enclume, ne détone pas comme la nifro-glycérine. Si la température s'élève à ■10 ou uO degrés centésimaux, l'explosion a lieu, bille se produit encore, mais partiellement, sans s'étendre aux parties avoisinantes si on la frappe violemment quand elle est étendue eu couclie Itvs-niince. Nous ne décrirons pas les expériences qui ont été faites par de nombreux expérimenta- teurs sur l'action du choc sur la dynamite, nous nous bornerons à résumer ces travaux divers, en disant avec JIM. Bolley, Kuiidt et Pestalozzi : « Ou peut faire tomber d'une grande hauteur des caisses remplies de dynamite sans qu'il y ait explosion. » Celte substance détonante bien emballée peut donc être presque impunément transportée; cependant quand elle est à l'état libre et qu'elle est soumise à un choc violent, produit entre deux corps durs, fer contre 1er, par exemple, elle no manque pas de se décomposer. Les derniers observateurs que nous venons de citer ont étudié l'action de la chaleur sur la dynamite. Voici ce qu'ils disent à ce sujet : « On place une car- touche de dynamite dans un étui de fer blanc ouvert à une extrémité. Jetée dans le feu, cette dynamite brûle sans faire explosion. Après avoir mis de la dy- namite dans le même tube, ouïe ferma avec un bou- chon métallique à vis et on le plaça de nouveau dans un feu ardent. On eut bientôt une forte détonation, et les charbons furent dispersés de tous côtés, fie ces expériences ou peut conclure que la dynamite à nu ou sous une enveloppe présentant une faible résis- tance, ne peut faire explosion sous l'action du feu le plus intense, et qu'au contraire, dans les mêmes cir- constances, elle peut produire une explosion consi- dérable quand elle est enfermée dans une enveloppe de quelque résistance. » L'emploi de la dynamite dans l'industrie a acquis depuis peu une importance considérable : quand on veut se servir de cette substance explosible, on la fait détoner eu enflammant une amorce au fulminate de mercure mélangé de tiitrafc dépotasse (salpêtre). La cartouche de dynamite peut être munie d'une mèche analogue à celle que l'on utilise depuis long- temps dans les mines pour l'explosion de la poudre. Mais il est très-avantageux, dans un grand nombre de cas, de faire partir la dynamite à distance à l'aida 270 LA MATURE. d'un courant électrique dirigé par un fil conducteur Après avoir placé la dvnamite dans le trou de mine que l'on veut, faire sauter, après v avoir superposé l'amorce destinée à la faire détoner, munie au préa- lable de fils de platine, «ri adapte à ceux-ci les (ils conducteurs de l'électricité, que l'on déroule jus- qu'au point d'où l'on veut déterminer l'explosion. 11 ne s'agit plus que de faire passer le courant élec- trique dans les fila conducteurs ; il arrive jusqu'aux lils de | latine dont l'amorce estmunie, il jaillit sous l'orme d'étincelle, enflamme une petite mèche de co- Lou-poudre, fait détoner le fulminate de mercure et pruduit enfin l'explosion de la dynamite. — Lu ex- jilosettr mtujnr.to-dectrique, très-euiplové pour ce mode d'expérimentation, est dû à M. Bréguet ; il consiste en une armature de 1er douxen contact, avec les pôles d'un aimant. Nous ne décrirons pas les dis- positions de cet appareil, nous nous bornerons à dire qu'il suffit de donner un coup de poing sur un bou- ton auquel l'armature est adaptée par l'inlenné- diaiie d'un levier, pour donner naissance à une étin- celle électrique due aux courants d'induction qui ont pus naissance. Cet appareil ne nécessite ni pile, ni aucun accessoire; il est toujours prêt à fonction- ner et offre les plus sérieux avantages. — l'ne de nos gravures représente le sautage de palissades, opéré en temps de guerre, au moyen de cet instru- ment vraiment remarquable. Lue ou plusieurs car- touches de la matière cxplosible ont été placées à la hase des palissades à laire sauter, des fils conduc- teurs de l'électricité mettent en relation ces car- louches avec {'exploiteur que l'on voit représenté sur le premier plan. Un coup de poing, donné sur le bouton de l'appareil, fait passer un con- ^#88j1L- 9a ^m Ellels jirnduils |;.ir l'explo^mti ilt: c;ul.t>ut!ics de d ytu nûly Mir uu inuc. raut électrique dans les iils conducteurs, l'étin- celle jaillit à leur extrémité et détermine la déto- nation de la dynamite. LU mur peut être lézardé et tissure à distance, comme le représente la gravure ci-dessus, et cela par le seul intermédiaire, d'un lil métallique presque invisible, conducteur du courant électrique. Les applications de la dvnamite à la guerre ouvrent ainsi à l'art militaire de nouveaux ho- rizons ; cette substance d'une si grande puissance peut servir à abattre avec une étonnante promptitude des palissades, ries murs, des maisons et des mura- ges d'art. Quelques parcelles de dynamite, placées dans des orifices ouverts dans un tronc d'arbre, font immédiatement tomber l'arbre entier quand on dé- termine leur explosion. Cette matière fulminante a aussi été efficacement employée à ouvrir des tran- chées dans un sol gelé, sur lequel la pioebe étaitsans action. Lllc peut encore déterminer le brisement ra- pide des canons ennemis : il n'est pas, en un mot, de destructeur plus énergique, et de matière plus dé- tonante, plus puissante. iNous nu croyons pas néces- saire d'ajouter que ces qualités eu l'ont un agent pré- cieux dans la confection des torpilles que la marine étudie aujourd'hui avec si grande attention et. dont il a été précédemment question. (Voy. p. -177 ) Les applications de la dvnamiteàfindustrienesont ! pas moins importantes; te mélange de nitro-glvcé- rine et de silice est employé journellement au per- cement des galeries et des tunnels; le mont Saiut- (jûtbard est ouvert actuellement par la dvnamite en- tassée dans les trous de mine que l'on perfore dans ses flancs. La dynamite sert à l'abatage des roches, des minerais, dans les mines et les carrières, au fouçago des puits, aux travaux de tranchées des chemins de 1er, aux travaux sous-marins. Elle est souvent usitée pour le brisement des glaces, pour l'exploilation des terrains gelés. Elle rend enfin de grands services pour la division des blocs métalliques, de loups ou de laminoirs, que l'industrie ne saurait diviser en fragments sans son concours. M. llarhe, qui u étudié de prés ces différentes ap- plications de la dynamite, nous donne le récit de cu- rieuses expériences qu'il a exécutées lui-même. Dans les carrières de calcaire de Yolekseu, en Ha- LA NATURE. 277 novre, trois coups de mine charges de 5 kilng. de dynamite, ont détaché fi00,000 kilogrammes de roche! Dans le creusement d'un puits, le même expérimentateur a vu la dynamite produire des effets extraordinaires. La roche, à partir du trou central, se fissurait suivant des lignes rayonnantes et se disloquait complètement, de telle sorte qu'il était facile de l'extraire au coin. Rapportons encore une expérience très-intéressante faite dans une argile très- grasse, Irès-fermc, où la poudre à canon ne produi- sait aucun effet. La nouvelle matière cxplosihle donna des résultats étonnants : « Une montagne entière, dit M. Rarbe, Fut soulevée et déchirée dans tous les sens. » « Les ponts métalliques tombés, dit M. P. Cham- pion sont d'uurelèvempntdifheile à cause de \auc poids et delà longueur des pièces qui les composent; on a souvent avantage à les briser en fragments, dont l'ex- (raction s'exécute ensuite à l'aide des moyens ordi- naires. Dans ce cas, ainsi que nous l'avons pratiqué au pont en tôle de Billancourt, il suffit, en général d'appliquer des récipients pleins de dynamite contre les parois métalliques les plus résistantes. C'est ainsi qu'avec une charge de "6 kilogrammes de dyna- mite, nous avons pu briser et disjoindre les rivets réu- nissant des plaques de tôle d'une épaisseur de 12 mil- limèties chacune. '» Lu dernier usage du la dvnarnit.fi nous reste à signaler, c'est celui qu'eu a pu en faire pour la pèche. Dans les travaux sous-marins, ou a remarqué depuis longtemps que, lorsqu'une forte charge de dynamite avait lait explosion, l'ébranlement formidable se mmmurjîque à la masse d'eau qui s'étend au- dessus du lieu de la commotion, et cause la mort ou l'étounlissement des poissons, qucl'on voit immédia- tement remonter à la surface de l'eau et y flotter complètement inertes. a Entre des mains exercées, la dynamite peut don- ner lieu à des résultats importants. On insère dans une cartouche du poids de 50 à 60 grammes une amorce surmontée d'une mèche Bicktord, de 50 à 40 centimètres de longueur, que l'on fixe par une ligature solide. On attache la cartouche à un frag- ment de bois qui doit servir de flotteur et qui est muni d'une corde longue de un mètre, à l'extrémité de laquelle on place une pierre assez lourde pour entraîner ce flotteur. Dans ces conditions, la cartou- che surnageàun mètre au-dessus du fond de la rivière. On descend avec précaution sous l'eau la cartouche ainsi préparée et ou l'abandonne après avoir mis Icfeu à lamèche. Au moment de l'explosion, si la distance de la cartouche à la surface de l'eau est d'environ 2™, 30, on n'entend qu'un bruit analogue à celui d'un coup de fouet. Quelques seeoildes après, l'eau est soulevée eu forme de boule de l m , 50 de diamètre. Les pois- sons les plus rapprochés de l'explosion ne tardent pas à monter à la surface et sont tués sur le coup. Les autres n'apparaissent que quelques instants et ne sont qu'étourdis. L'approche de la main qui veut les saisir suffit quelquefois pour les ranimer et les faire disparaître. Aussi doit-on se hâter de les recueilli' avec un filet. » Cette méthode est de celles qui sont complètement prohibées en France par les lois de la pèche. Elle est actuellement employée, en Norwége, pour pêcher les poissons marins qui arrivent par bancs innombrables à certaines époques de l'année et produit des résultats merveilleux. L'explosion d'une cartouche puissante amène à la surface de la mer des monceaux de poissons, tellement considé- rables, que les pêcheurs ont à peine le temps de les recueillir. On voit, par ces résultats, que la dynamite peut être considérée comme une arme nouvelle d'une puissance formidable, mise entre nos mains par la chimie moderne ; cette matière détonante n'offre plus Jes dangers de la nitro-glyeérine pure, elle se présente, aujourd'hui comme le plus admirable outil dont l'homme dispose, pour attaquer la matière inerte, dans les grands travaux de son industrie. Gaston Tissandim. LES PLUS GMNDS TÉLESCOPES DU MOSDE. 1. LE TÉLESCOPE DE MEI.BOUH.VE. Les merveilleuses découvertes auxquelles la su- blime science du ciel a conduit l'esprit humain transportent nos pensées en des mondes étrangers à la terre. La géographie de la lune, l'activité chimique du soleil, la météorologie de Mars, le mystère des anneaux de Saturne, la composition des étoiles, l'état des univers lointains illuminés par des soleils mul- tiples et colorés, les divers sujets de l'astronomie planétaire et sidérale, captivent notre attention, notre admiration même, et plus d'un lecteur des études d'astronomie, plus d'un amateur, plus d'un contemplateur se demande à l'aide de quels instru- ments la vue de l'homme a pu être amplifiée au point de pénétrer jusqu'en ces régions inaccessibles. Si généreusement récompensée par le succès, la curiosité studieuse s'est surexcitée encore, pendant ces dernières années, par le noble désir d'ajouter des conquêtes nouvelles à celles qui ontdéjà été obte- nues. Maintenant que nous pouvons mesurer la dis- tance dos étoiles, (problème insoluble il y a seule- ment cinquante ans); maintenant que nous pouvons analyser la constitution physique des astres (recher- che irréalisable il y a seulement quinze ans) ; mainte- nant que nous pouvons constater le mouvement des étoiles qui s'éloignent ou s'approchent de nous en restant en apparences immobiles sur le même rayon visuel (question jugée absurde, il y a seulement trois ans); nous ne devons plus nous arrêter. Nous vou- lons aller plus loin. Il est intéressant pour nous de passer en revue les derniers efforts récemment ac- complis dans cette voie. Parmi les grands instruments d'optique récemment 278 LA NATURE. construits, et qui peuvent frapper à juste titre notre attention, nous ri avons citer, en première ligue, le grand télescope de l'Observatoire de Melbourne (Australie), dont les feuilles publiques des deux continents ont maintes fois entretenu leurs lecteurs. La Société royale d'Angleterre a bien voulu m'en- voyer un exemplaire de la correspondance à laquelle la construction de ce télescope a donné lieu entre les astronomes d'Angleterre et d'Amérique. Ces docu- ments me permettront rie rapporter exactement son histoire. Le projet de rétablissement do ce télescope re- monte à l'aimée 18-19. Dans la réunion de l'Associa- tion britannique de cette année à llirnihigham, sous la présidence du révérend docteur Robinson, on avait pris la résolution de faire auprès du gouvernement de la reine des démarches ayant pour but d'établir un réflecteur, qui n'aurait pas moins de trois pieds d'ouverture, au cap du lionne-Espérance, et de com- pléter le personnel de cet observatoire autant qu'il serait nécessaire au succès de l'entreprise. Cette ré- solution rencontra un cordial concours de la part du président du conseil de la Société royale, qui suggéra qu'il valait mieux ne pas désigner la localité précise dans T hémisphère austral où l'on devait établir le télescope. Cette modification adoptée par le conseil, la requête fut présentée au comte Russell, alors premier lord de la trésorerie, par des représen- tants des deux sociétés, nu commencement de 1850. Le gouvernement répondit que, bien qu'il comprit l'intérêt qui s'attachait à cette demande, il se pré- sentait cependant tant, de difficultés à propos des voies et moyens, qu'il ne sciait pris aucune dé- termination sans une enquête ultérieure. Cette ré- ponse ne fut pas jugée assez défavorable pour faire perdre l'espérance du succès, si l'on profitait d'une occasion propice pour tenter une nouvelle démarche. Aussi la question fut-elle de nouveau portée devant l'Association par le colonel (aujourd'hui général) sir Edward Sabine, dans son discours d'ouverture comme président de la réunion de Uelfast, en 185i2. 11 en résulta que la requête fut une seconde fois pré- sentée au gouvernement, en 1853, par une commis- sion de l'Association britannique, agissant de concert avec la Société rovale. Le. pays se trouva bientôt après engagé dans la guerre de Crimée. 11 fut répondu qu'on ne pouvait pour le moment disposer d'aucun fonds, mais on promit de, reprendre la question quand la guerre serait terminée. Naturellement il n'en fut rien : les gouvernements ne peuvent guère s'occuper de science ! Pendant ces négociations, la question avait été l'objet d'études sérieuses de la part de la Société royale, qui, dès sa séance du 25 novembre 1852 avait accueilli la résolution prise par le conseil de l'Association britannique do présider à la construc- tion d'un grand télescope « destiné à l'observation de l'hémisphère céleste austral, n Dès le 15 décembre de la même année, nous trouvons une lettre de l'astronome Nasmvth a lord Rosse, avec un premier projet, accompagné d'un dessin, dans lequel on voit un télescope de 35 pieds de longueur muni à son extrémité supérieure d'une cliaise a bascule dans laquelle l'observateur est assis. Ce télescope, construit dans le système newtonien, a son miroir placé à son extrémité inférieure ; l'astre vers lequel on le dirige est reproduit par ce miroir avec un agrandissement considérable ; pour voir cette image, il faut se placer au foyer, au bout du tube, à 35 pieds du miroir : à l'aide d'une lunette qui traverse ce tube et d'un petit miroir incliné, l'observateur voit, fortement, agrandie, l'image de l'astre vers lequel ce télescope est dirigé. Cet observateur est rattaché au tube par sa cliaise , ne fait qu'un pour ainsi dire avec son instrument, est emporté avec lui dans tous ses mou- vements, en gardant toutefois, bien entendu, la posi- tion verticale, grâce au système de bascule qui per- met à la dite chaise de tourner dans tous les sens. Ce système offrait quelque chose de hardi et d'ori- ginal. Cependant il n'enflamma pas les membres de, la commission. Pendant plusieurs années on discuta le système que, l'on adopterait pour cette construction, le dia- mètre du miroir, le métal dont il serait composé, la longueur du tube, le poids total de l'instrument et l'emplacement qui lui conviendrait le mieux dans l'hémisphère austral. Une question surtout était l'objet des discussions les plus vives, celle du prix auquel devrait revenir la construction d'un pareil instrument. Le gouvernement anglais ne se décidant à accorder aucune subvention, on en était réduit aux efforts particuliers, qui du reste devraient pouvoir être les meilleurs et suppléer à l'action gouverne- mentale. On estimait que le prix de revient dépasse- rait certainement. 1(10,000 francs. Sur ces entrefaites, le désir de posséder un grand télescope se manifesta tout spécialement à l'Observatoire de Melbourne. 11 y avait déjà quelques années que l'on s'était endormi sur ce projet, lorsqu'on 18f>2, l'attention fut réveil- lée par une proposition de cet observatoire, appuyé par la colonie Victoria. Le comité de la Société royale de Londres reprit la question interrompue, et la lé- gislature coloniale déclara qu'elle accordait une subvention de 125,000 francs. Une fois le projet adopté, on choisit pour constructeur M. Crubb, de Dublin, qui est le Secrétan de l'Irlande. Le traité fut signé avec lui en février 1860, et il fut convenu qu'un télescope de quatre pieds anglais serait livré à la commission à la fin de l'année 1867. Eu étudiant les projets d'élaboration du nouvel instrument, M. Grubbet les membres de la commis- sion arrivèrent à laisser tle côté les systèmes en usage, rpii ont donné cependant d'excellents résultats à l'astronomie sidérale, les télescopes newtoniens, dont ceux d'IIerscbel, de lord Rosse, de Foucault, de Lassell ne sont que des reproductions variées, et revinrent à une ancienne forme, qui n'était presque plus cmplovée, celle de Gregory ou de Cassegrain. Dans ces deux derniers systèmes, défectueux à plu- LA NATURE. 279 Fifl. 1. — Coupa du télesiMjie de Gnîgory. sieurs égards, la pièce essentielle du télescope, son miroir, eslpercéed'une ouverture circulaire, à travers laquelle passe un tube contenant l'oculaire. Si Ton dirige l'instrument vers un astre, le miroir qui re- çoit l'image de l'astre la renvoie sur uu petit mi- roir placé en avant et à son foyer. Far une seconde réflexion , le petit miroir renvoie l'image vers le centre du grand et en arrière, où se trouve l'oculaire (fig. 1). L'observateur est placé, comme dans les lunettes, à l'extrémité inférieure du télescope, tandis que, dans les télescopes newtonieus, il est place vers l'extrémité supérieure soit de coté, ou même dans certaines constructions, tournant h dos à l'objet qu'il observe. Ce système offre des avantages et des inconvénients. Ses avantages sont de réduire le tube à une longueur inférieure, à celle qui est nécessitée par les autres formes, de permettre à l'astronome de rester sur le sol i;t de se servir du télescope comme d'une lu- nette, et d'agencer l'instrument comme ou monte les lunettes. La monture équatoriale du télescope de. Melbourne permet en effet de donner au télescope tous les mouvements possibles, de le diriger rapide- ment vers tous les points du ciel et de lui appli- quer un mouve- ment d'horloge- rie qui maintient cous tammen l dans son champ l'astre vers lequel il est dirigé. (Celte dernière dispo- sition est applicable et appliquée du roslo à tous les équatoriaux des observatoires. ) Ses inconvé- nients sont surtout d'avoir moins de lumière, — la double réflexion éteint uu plus grand nombre de rayons lumineux que dans la disposition nowlo- nienne, — et d'avoir une seconde image trop grande, car elle est amplifiée cinq à six fois par le petit miroir. De plus, en construisant le miroir en métal au lieu de le construire en verre, comme nous le faisons en France, on lui donne uu poids considérable (celui-ci pèse 1,590 ïdlog.) et, les variations de température aidant, il est susceptible de se déformer. Quoi qu'il en soit, les avantages ont paru supérieurs aux incon- vénients aux constructeurs du télescope, puisqu'ils se sont décidés pour le système Cassegrnin. 11 fallut construire spécialement tous les engins qui devaient servir à son établissement : moule poul- ie miroir; machine à vapeur pour le creuser, lui donner la courbure voulue et le polir ; matériaux pour le support, pour le montage et pour le tube; axe, engrenages, etc., etc. L'opération capitale était naturellement de réussir l'énorme miroir métallique de quatre pieds de diamètre. Une machine à vapeur fut installée exprès pour lui seul ; elle mettait en mouvement l'engin destiné à creuser le disque de fonte de même diamètre que le miroir et de même courbure, mais convexe au lieu de concave. Pour le dégrossissement, on se servit de sable et d'eau, et, pour la dernière retouche, d'émeri très-fin et d'eau. Zfy La pression moyenne pendant l'opération était de 1 12 livres, et le nombre des coups de !a machine de 7)2 par minute. Le miroir, mobile lui-même, faisait de son côté un tour sur sou axe par 14 coups. Il ne fallut pas moins de 650 heures d'opération conti- nuelle peur faire le dégrossissement, etde 520 heures pour achever la courbure. Ce fut ensuite le tour du polissage, opération dé- licate, qui demanda d'autres machines et d'autres engins, cl fut conduite à bonne fin comme la précé- dente. Puis ce fut la fabrication du petit, miroir, courbé de façon à recevoir tous les rayons émanés du grand et a renvoyer l'image vers son centre. 11 fallut ensuite faire le corps du télescope, extrêmement so- lide, habiller le grand miroir et l'établir sur un sup- port digne de confiance; on fabriqua celui-ci en lames croisées et en épais métal, de manière à évi- ter toute flexion , toute déformation ultérieure. Lorsque l'instrument optique fut achevé, on ter- ' mina l'étude du montage; il fallait l'établir de telle sorte qu'il pût être dirigé sans fatigue et ra- pidement vers tous les points du ciel, et, de plus, rester mobile , i ™™».»^ m ^„„„™™^__ TO «_»____. parfaitement équilibré , et se mouvoir automa- tiquement sous l'action précise d'un mouvement d'horlogerie, de manière à suivre les astres dans leur mouvement apparent au-dessus de nos têtes. Nous n'entrerons pas dans de plus longs détails. Pendant un an les machines fonctionnèrent ; pendant un an les pièces se construisirent simultanément sous la main des ouvriers spéciaux ; l'œil d'un visiteur étranger aurait cru voir, à travers les flammes de l'usine, les tours et. les poulies, d'étranges préparatifs pour un canon de iorte dimension et. deviner les pièces d'un gigan- tesque instrument de destruction, car ce sont là au- jourd'hui les plus fréquents, les plus étudiés des tra- vaux que les gouvernements protègent et désirent. Mais il ne s'agissait pas ici d'un de ces perfectionne- ments de l'artillerie qui sont la honte et l'opprobre des nations civilisées ; il s'agissait d'une construction vraiment digne du génie de l'homme, destinée à abaisser la hauteur des eieux, ou plutôt à nous éle- ver au-dessus de ce bas monde et à nous rapprocher des splendeurs de la création éternelle. Ou a pris pour modèle de la substance du miroir celle du miroir du gigantesque télescope établi par lord Rosse à son parc de Parsoristown ; elle est com- posée de quatre équivalents de cuivre pour un d'etain. Cette composition métallique est très-résis- tante. Son pouvoir réflectif est excellent, car le cuivre réfléchit les rayons les moins réfrangibles, par exemple les rayons rouges, eu plus grande quantité que ceux des autres couleurs, tandis que le zinc réflé- chit au contraire les rayons violets en plus grande quantité que les rouges, de sorte qu'un alliage des Ï80 LA NATUltr, doux métaux dans la proportion indiquée donne nu miroir aussi complet que possible, pour réfléchir tous les rayons en une égale mesure. On a calculé que sou pouvoir optique équivaut à celui d'un objectif de 5-i pouces, qu'il serait à peu près impossible de l'aire dans l'état actuel de l'optique. Nous avons dit que ce miroir pèse 1 ,500 kilog. Le tube, long de 27 pieds, en pèse 1,210. L'instrument tout entier ne pèse pas moins de 8,240 kilog. , et est si parfaitement équilibré, qu'on peut de la main seule, l'élever en 20 secondes de l'horizontale à la verti- cale. Le tube, construit à jour pour alléger le poids, n'a (l'autre hut que de porter vers son extrémité supé- I.e lûbscopfi île Miilliuunie rienre le petit miroir, qui renvoie l'image dans l'o- culaire placé au centre du grand, comme nous l'avons expliqué. 11 est formé de bandes d'acier croisées et rivées. Des cer- cles de fer l'en- serrent et quatre diaphragmes sont fixés à éga- les distances dans son inté- rieur. Il est si solidement établi, qu'un poids de 112 livres attaché à son extrémité ne lui donne qu'une flexion de j-J- (f de pouce. En résumé, ce grand télescope, que l'on peut nommer un ebet-d'eeuvre do travail, présente les proportions suivantes en mesures françaises. Le n;i- roir a l'V-0 de diamètre; sa distance focale est de !■)"', 00. Il semble que le télescope devrait être au moins aussi long que la distance focale; mais dans le système Casscgrain, le petit miroir est convexe et coupe le faisceau des rayons lumineux avant la for- Zt\ Fie/. 2. — Coupe tin tt'li^copi'. de C:.is5^Tiùn . iiiation du lover ; il est doue en deçà du foyer (fig. 2) . Aussi la longueur totale du télescope est-elle de mè- tres. Sa largeur est de 1 IJ1 ,5.">. Neuf oculaires lui sont adaptés. Les ____ — ,™_™„ ..__„_„. grossissements de ces oculaires, et c'est en défi- nitive là le point capital, sont compris entre 200 et 1,000; l'astre observé avec ce dernier pouvoir est vu comme s'il était rapproché de mille fois sa distance ; ainsi la lune, qui est à 9(1,000 lieues d'ici, est vue comme si elle n'était qu'à 90 lieues. Quelque prodigieux que soient ces résultats obte- nus par l'optique moderne, il n'est pas douteux qu'ils seront dépassés, et que les appareils astrono- miques de l'avenir rapprocheront encore de noire globe l'image de l'astre des nuits. Camille Flammarion. — La suite prochainement. . — LA NATURE. 281 ■jH. COLORATION ACCIDENTELLE DES EAl'X DOUCES DU 'slABIXES. l'TtÉTKÏDUES IT.ITIES UE SAHG. Dès la plus liante antiquité, la couleur rouge du certaines eaux paraît avoir attiré l'attention des peu- plcs. De tout temps on a parlé de pluies sanglantes, de Heuves changés en sang, et ces phénomènes oui donné, lieu aux explications les plus liizarres , aux ter- reurs les plus ridicules. On lit dans l'Exode (cha- pitre vu) « Et fit cruor in omni. terra JEyypli, tam in li- gneis vasis quam. in saxeis. » Traduction : tt Et l'on vit paraître du sang dans toute la terre d'Egypte, tant dans es vases de hois que dans ceux de pierre. » Homère, (Iliade, liv. XII, v. r>"> et liv. XVI, v. 450), parle des rosées de sang qui précédèrent le combat entre les Urées e! les Troyens, et de colles qui amenèrent la mort dû Sarpédon , roi des l.yeiens. Pline, dans son Histoire naturelle (li v. II, chap.xxxvi) , rapporte qu'à Rome, sous le consulat de M. Acilius et de li. Porcins, il plut du lait cl du sang : lacté et sanguine ]duisse. Enfin l'historien Tite Livc mentionne une pluie sem- blable qui tomba sur le mar- ché aux bœufs : in fvro «, bûaria sanguine pluisse. Dans des temps beaucoup plus rapprochés de nous, des phénomènes du même genre ont été observés sur divers points de l'Europe, et fiant le progrès en toute chose est lenl. à s'accomplir), y causèrent do ridicules ter- reurs, et même de vraies séditions '. La cause, ou plutôt les causes, do ces prétendues pluies de sang, sont aujourd'hui bien connues. Ou sait qu'il faut les attribuer soit à des poussières miné- rales répandues dans les couches d'air que tra- verse la pluie, soit aux déjections de certains papil- lons parvenus au moment de leur dernière mîtamor- 1 Telles sont les pluies sanguinolentes qui tombèrent, en 1608, :i Aix, e.i l'iovenie, et y piïivo^uèrtmt un soulèvement populaire; en '10,ïû,ù tiruxelles; en llaâ, à TJlm et à LuaTiie; en 1819, à lll.inknnlio irg-, près d'Oslemle; en 1821, H tiies- sen, élu., etc. pbose, soit à des dépouilles d'infusions enlevées par le vent. Mais le vulgaire ignorant n'en continue pas moins à croire aux pluies de sang, et il s'incline aveuglément devant de soi-disant prodiges qui n'ont de réalité ob- jective que dans l'imagination aventureuse de ceux qui les prônent comme de vrais articles de foi. Laissons donc là toutes ces erreurs, toutes ces superstitions dont la science moderne a fait bonne justice, et occupons-nous maintenant de faits bien avérés, dont la cause ne sau- rait donner lieu à aucune f a équivoque , ni soulever la moindre incertitude. On sait aujourd'hui, à n'en pouvoir douter, que les eaux douces, accidentellement colorées , doivent les teintes variées qu'elles présentent soit à des animalcules infusoires (Eu- ylerta viridis, E. sanguinea. Astasia hœmatodes), soit à des végétaux microscopiques ( Osciltatoria rubescens , Sphœroplea annulina), quel- quefois même à de petits eutomostracés (Daphnia pil- ler, Cyclopsquadricornis) . Les eaux de la mer elles- mêmes ne sont pas étran- gères à ce genre de colora- tion. Ainsi, en 1820, le ca- pitaine Scoresby , cité, par Ch. Morren, constata que, la teinte bleue ou verte de la mer du Groenland était due à un animalcule voisin des Méduses. Il en compta o4 dans un pouce cubique; 110, 392 dans un pied cube, et 23 quadrillions 888 tril- lions dans un mille cubique 1 . D'après M. Arago , les bandes vertes si étendues et si tranchées des régions po- laires renferment des my- riades de Méduses, dont la teinte jaunâtre mêlée à la couleur bleue de l'eau, engendre le vert. Près du cap Palmas, sur la côte de Guinée, le, vaisseau du capitaine Tuckey paraissait se mouvoir dans du lait. C'étaient aussi des multitudes d'animaux flottant à la surface, qui avaient masqué la teinte naturelle du liquide. Les zones rouges de carmin, que divers na- vigateurs ont traversées dans le Grand Océan, n'ont pas une autre cause. * A une époque toute récente (lHii), MM. Turrel et de Freycmet ont vu, sur les côtes du Portugal, l'océan Atlantique coloré en rouge foncé par un végétal microscopique du 1 Ch. Morren, Hechcrchcx sur la rubéfaction (fa eaux, — Bruxelles, 1841. Arlcinia Sfdina. Adulte grandeur naturelle, et. l'oi-tpnient grossi. ty.il lisse ou médian. - y, y ^eus pédoneuii's. — a, e, antennes. — p, p^elic inciibatrice avec quel- ques-uns des rrufs qu'e.le renferme, vus par trans- parence. — i à 11, les ouïe paires de pieds, tout à la t'ois natatoires si respiratoires. — ati, abdomen. tip, appendices eaudit'ornie-. — c, tube dieestif eo- loré en rouge par les Monas Dunalii. 282 LA NATURE. genre Protococcus (Protococcus Ullanticits, Mon- tagne;). Cette, teinte n'occupait pas moins do 8 kilo- mètres carrés d'étendue. M. Montagne, qui a fait connaître, l'algue qui In produisait, termine ainsi son mémoire : c Si l'on considère que pour couvrir une surface d'un millimètre carré, il un faut pas moins de 40,000 individus de cette algue microscopique, mis à coté, l'un de l'autre, on restera pénétré d'admi- ration en comparant l'immensité d'un Ici phéno- mène à l'exiguïté de la cause à laquelle il doit son I origine '. » Quant aux eaux de la mer Rouge, elles doivent la rubéfaction périodique qui les distingue à la pré- sence d'une algue confervo'idcque les naturalistes ont désignée sous le nom de ï ridiodesmium erythrœum, Ehrcnherg. Enfin l'atlas nous apprend qu'il existe en Russie nu lac salé, nommé Mnlinuioc-Ozcro, ou hic de framboise, parce que : sa muirc et son sel sont ruua.es et ont Fadeur de la violette. Il attribue, évi- demment à tort, cette couleur aux rayons du soleil, et il ajoute qu'elle se perd par les temps pluvieux. 111TBKFÀCTION OES EAUX DES MAIUIS SAI.AXTS MÉUn'KnilA>"ÉLiS. Connue depuis longtemps des sauniers du Lan- guedoc, mais étudiée pour la première fuis par les savants, vers l'année lRoti, et par nous-rnènie en 18?>'J, la coloration des marais salants méditerra- néens a donné lieu, elle aussi, à des explications di- verses et plus ou moins rapprochées de la vérité. JIM. Audnuiu, Dumas et Fayen, de l'Institut, l'alln- buaient, à des Aiicmia satina, petil crustaeé lirau- cbiojiode, quipullule en eflet dans h-s]xtrtenacmeril,-i - où la salure est de beaucoup inférieure au degré de saturation qui amène la précipitation du sel marin, mais qui est beaucoup plus rare dans ceux où l'eau, amenée à un très-haut degré de concentration, est. quelquefois d'un rouge de sang. MM. A. de Saint-IIilaire et, Turpin, tous deux aussi de l'Institut, prétendaient que. la véritable cause de celte coloration étrange était due à des végétaux mi- croscopiques d'une organisation très-simple, aux- quels ils ont donné les noms tic protococeits saniiT^ sc»nt rmi:ilé> it 1 lllJ liijllilll' - 2. La sui'fare que, la première, était aussi moins rouge. Exami- née bientôt après au microscope, l'eau puisée dans les divers partennemeuts me montra des myriades de petits êtres, que je, décrirai ainsi qu'il suit : Corps ovale ou obloug, souvent rlranglé dans son milieu, quelquefois cylindriques incolore chez les très-jeunes individus, verdàtre chez ceux qui sont un pou plus avancés, d'un rouge poneeauchez les adul- tes ; bouche en foi nie de prolongement conique, ré- tractile, point, d'veux, estomacs et anus indistincts. A l'aide des fortes lentilles de mon microscope, je pus apercevoir encore, à la partie antérieure de ces prétendus protococcus, deux longs prolongements fl.ngellilormes et d'une transparence parfaite, qu'ils agitaient rapidement, et au moyen desquels ils parcouraient la goutte liquide étendue sur le porte- objet de mon instrument. Le doute n'était donc plus possible. Les protococcus et les hœmatococ- cuh de MM. Dunal, Aug. de Saint-IIilaire et Tur- pin étaient des animaux : c'étaient de vraies Mo- nades, auxquelles je fus heureux de servir île parrain. Je les baptisai du nom de Monas Du- nàlii, voulant rappeler ainsi que mon excellent, et regretté maître, le professeur Dunal, avait été le pre- mier à entrevoir la cause réelle de la coloration des marais salants méditerranéens, mais il n'avait fait, que l'entrevoir. Eu effet, il n'avait examiné nos animalcules qu'a- près leur mort, c'est-à-dire au moment où ils étaient devenus globuleux et immobiles comme des proto- LA NATURE. 285 coceus 1 , et il les avait vus morts, parce qu'il avait to- talement rempli et hermétiquement Louché les Ha- cous qui les renfermaient. Or, ces petits animaux ont un immense besoin de respirer. Accumulés en nom- bre prodigieux dans une quantité d'eau trop res- treinte et entièrement soustraite à l'influence de l'air extérieur , ils avaient succombé tous pendant le Monas Dunalii, çrossis 1*20 fai.s. a, très-jeunes imliviilus tout il fait incolores. — b, individus non ;n3uHe& cl colortîs en vert, — c, Mûnas adultes [i'un rou^e très-ioneé. — d, Menas un peu mains rrio'-c-s, voyage de Villeneuve à Montpellier. Devenus immo- biles et globuleux, ils avaient été pria pour de vrais protococeus. Nous avions, nous, évité cette cause d'erreur eu remplissant seulement à moitié nos fla- cons et en les laissant largement ouverts, ou mieux encore en examinant l'eau des salines au moment où elle venait d'être puisée. Munas Duniilii, vus quelque lem|is api-è, leur mort et devenus el>hulaircs. lin fait bien digne de remarque qui se rattache à l'histoire des Monas Dunalii, c'est que, semblables sous ce rapport au protococeus nû'ahs, qui colore la neige des régions polaires, taulôl en vert, tantôt en rouge, nos animalcules présentent, dans leur jeune âge, une teinte verdàtre, qui passe aussi au rouge de brique, puis au rouge sanguin. l,cs mânes, ilécnlni'és. Le degré de concentration des eaux exerce sur eux une influence des plus marquées, lia effet, 1 Je me sais convaincu, par îles expériences directes, qu'il suftit île mettre une: soutle d'alcool Irês-élendu, ou to^me une simple goulte d'eau douce sur le porte-olijet où se meuvent rapidement les Monades do Dunal, poar vnir ces animalcules devenir à l'instant immobiles el gloliuleui, le l" octobre 1839, après un été des plus secs, dont on ait gardé le souvenir, le liquide contenu dans les tables indiquait '25° de salure à l'aréo- mètre de liaumé, et il présentait une teinte si foncée, qu'en y plongeant, à une faible profondeur, le coin de mon mouchoir, je le retirai rouge comme si je l'avais plongé dans du sang. Le '28 octobre, après vingt jours de pluies continues, les eaux des pièces maîtresses, au lieu d'offrir cette nuance pourpre qu'elles avaient le premier du mois, ressemblaient à du sang très-chargé de sérum, et les monades y étaient moins nombreuses et moins rouges, quoique ces eaux atteignissent encore 20" de salure. m,- Portion du lulie d^ostif i!h VArlnnia salïna, au trjvors duquel on apen-oit eu a, a îles Monade mortes mais, non encore digdrt'es, el en l.t, b des cristaux culjique.s de. sel marin. Enfin, nous ne devons pas oublier de dire que, les Monades sont très-sensibles à la lumière, qu'elles la recherchent avec une sorte d'avidité. On peut aisément s'assurer de ce fait en mettant un certain nombre de nos inf'usoires dans nu flacon aux deux tiers plein d'eau marine. On ne tarde, pas alors à les voir s'élever à la surface du liquide et se rassembler en plus grand nombre du côté le plus éclairé. Si l'on retourne le vase où ils sont captifs, de manière à les placer du côté le plus obscur, ils reprennent bientôt après leur position première. Notons aussi que nos animalcules descendent quel- quefois an fond des tables qu'ils occupent, et qu'a- lors la coloration de la surface diminue ou disparaît totalement. Ajoutons enfin que nous avons pu, moyennant certaines précautions, faire arriver nos Artemia vivants à Paris, qu'ils ont eu l'honneur d'être présentés à l'Institut, et qu'ils ont élé vus au microscope par quelques-uns des membres les plus illustres de la savante compagnie. Il était donc bien démontré désormais que les ilfo- nas Dunalii étaient la cause de la coloration en rouge des marais salants méditerranéens; mais en étaient- ils la cuise unique? Les Artemia salina, signalés par MM. Audouin, Dumas et Payen, ne contri- buaient-ils [tas, eux aussi, au phénomène qui nous occupe? Tel était le nouveau problème à résoudre, 28.4 LA NATURE. et il fui bientôt résolu. Rappelons d'abord que ces petits crustacés su trament eu bien plus grand nom- bre dans les eaux peu salées que. dans celles qui sont parvenues au degré maximum de. concentration. Rappelons surtout que dans ces dernières leur pré- sence est relativement très-rare et, eu quelque sorte, accidentelle. Ceux qu'on y trouve sont languissants; ifs souffrent évidemment dans ces eaux trop denses où les sauniers les ont introduits avec les eaux moins concentrées, amenées par eux dans le bassin où le sel doit cristalliser. Ici, disons-nous, on voit, les arle- mia nager avec peine et tout à fait à la surface du liquide. Ils paraissent plus ou moins colorés en rouge; ils le sont, en effet, dans toute l'étendue dis leur canal digestif. Mais cette coloration est tout à fait secon- daire, et doit être attribuée, aux monades qu'ils ont avalées avec l'eau, qui a fini par laisser déposer dans leur intestin les gros cristaux de sel marin qu'on aperçoit à travers ses tuniques transparentes, au mi- lieu des monades digérées en partie, ou en totalité '. Loin d'être la cause de la nuance pourpre que pré- sente l'eau des salines arrivée au degré ultime de concentration, les Artemia doivent doue eux-mêmes leur colorai ion accidentale aux menas Dattalii qu'ils ont. ingérées dans leur canal digestif, ou qui se sont ogées entre les filaments de leurs pattes branchiales. Lu preuve en est que nous avons pu teindre eu ronge des Artemia naturellement incolores, eu les forçant à vivre pendant quelque temps dans de l'eau de me; 1 colorée elle-même soit par des monades rouges, soit simplement avec du carmin ou de la laque car- minée. Mais, quoique dépouilles du rôle qui leur avait été attribué dans la rubéfaction des eaux, les Artemia satina n'eu sont pas moins pour lu physiologiste un sujet d'étonnement et de méditation. En effet, à l'exemple de, plusieurs animaux appartenant.au grand embranchement des articulés (psvché, abeille, pa- pillon du ver à soie), nos crustacés jouissent du sin- gulier privilège de se reproduire sans avoir obéi à la loi générale de l'union sexuelle. Sur plusieurs mil- liers d'individus soumis à notre observation, nous n'avons pas trouvé un seul mâle, nettement caracté- risé. Le célèbre naturaliste genevois Cari Vogt décla- rait tout récemment 2 n'avoir pas été plus heureux que nous sous ce rapport. D'où il faut conclure que les Artemia de nos salines perpétuent leur espèce à t'aiiie de femelles constamment vierges , dont les œufs, quoique privés du baptême séminal, se déve- loppent dans une poche incubatrico située à la base de l'abdomen maternel, et donnent naissance à des petits qui, avant de ressembler complètement à leur mère, devront subir d'étonnantes métamorphoses. On a donné le nom de yarthcnoqénèse à ce mode 1 Le sel recollé duus les salines de Villeneuve et des envi- rons est souvent pins ou moins coloré en ron^ par les Mnaas Dunalii, qui lui communiquent en oulre une. oilmir du vio- lettes passablement pronuuoée. 3 Au liongrès des naturalistes suisses réunis à Fl'ibourfr, en août 1*72. singulier de reproduction par des femelles vierges, et indépendamment du commerce des mâles, qui sou- vent n'existent pas, ou du moins ne sont pas encore connus. Notons en terminant que les œufs de nos Artemia vierges ne produisent que des femelles, tandis que les œufs non fécondés de la reine-abeille ne. donnent naissance qu'à des mâles, uniquement à des nudes. X)* N. Joi.ï (de. Toulouse). «;,,- LE CIEL Ali MOIS D'OCTOBRE 1873 Ce n'est pas sortir du domaine de l'astronomie que rie parler des marées et des bourrasques qui, à celle époque, de l'année, ont coutume d'aborder les côtes occidentales de l'Europe avec une violence par- ticulière ; le voisinage de l'équinoxe est toujours si- gnalé de cette façon dans les dentiers jours de sep- tembre et souvent dans les premiers du mois d'oc- tobre : les raisons astronomiques de cet étal de choses sont connues de lout le monde, ce qui nous dispen- sera do nous étendre sur ce sujet. Bornons nous à mentionner la grande marée de syzvgio, du 7 au 8 octobre, qui est annoncée comme l'une des plus con- sidérables du siècle; elle est caractérisée par le nombre 1 ,14, nombre par lequel il faudra multiplier l'unité de bailleur de chaque port, pour avoir la hauteur des plus grandes eaux à la marée de ce jour, .liaison m: doit pas oublier que cette hauteur peut être sensiblement modifiée par la force et la direc- tion du veut régnant. Les mauvais temps de l'équinoxe touchent encore les astronomes sous un autre point de vue; le ciel étant fréquemment pluvieux, couvert de nuées ou de brunies épaisses, est peu favorable aux observa- tions célestes. Ces circonstances ont dû être par- ticulièrement désagréables cette année aux observa- teurs qui avaient plusieurs comètes, nouvelles ou nouvellement, retrouvées à surveiller, la comète IV, 1875, découverte le 1?) août dernier par MM. Paul et Prosper Henry, dont MM. Ravel et André ont pu étu- dier le spectre, et qu'ils soupçonnaient devoir deve- nir visible à l'œil nu, puis les comètes V et YI, nou- velles apparitions des comètes périodiques de Brorsen et de lave. Les observatoires européens seront peut- être plus heureux en octobre qu'en septembre. Lai- sons donc une rapide revue des phénomènes célestes pendant le mois qui va courir. La portion du ciel que nous aurons plus spéciale- ment en vue, en octobre, au-dessus de l'horizon de, notre zone tempérée boréale, comprendra, outre la zone circumpolaire dont nous ne dirons rien parce qu'elle est toujours la même pendant toute l'année, les constellations qui se, groupent autour du carré de Pégase : le Renanl, l'Aigle, la Lyre à l'occident, Andromède, Persée, le Taureau, à l'orient, les Pois- sons et la Baleine vers le sud. Signalons notamment deux ou ttots objets célestes bien connus, mais qui ne perdent pas pour cela deleur intérêt, au point de LA NATURE. 283 vue clo l'astronomie sidérale. C'est d'abord l'étoile variable de la Baleine, la fameuse Mira, dont la pé- riode est de ôôl jours 20 heures, qui, pendant r.e temps, atteint d'abord l'éclat d'une étoile de deuxième grandeur , conserve cet éclat pendant quinze jours, décroît ensuite jusqu'à devenir, au bout de trois mois, invisible à l'œil un. Pendant cinq autres mois, elle reste invisible, mais tout ce ÉÊmàmmàmmmmm iliri tin c !'u oeloLre 1873. V sinus éI Jupiler en octobre ltël/i. qu'on sait, c'est qu'elle diminue jusqu'à devenir iulé- neiue eu éclat aux étoiles de onzième grandeur; il serait intéressant, croyons-nous, d'étudier ses phases d'indivisibilité avec plus de. soin et de précision. Lu catalogue d'Argelan- derdoiuie, pour! 841), à cette étoile 5 '2° 49' d'ascension droite et 3" 42' de déclinaison australe. Lue autre variable , non moins intéressante, est Al- gol, de la Tète de Jlé- duse, dans la constel- lation de l'ersée. Sa période , beaucoup [dus courte que celle de Mira, n'est que de 2 jours 21) heures et 4U minutes, de la se- conde à la quatrième grandeur. Enfin, un autre objet curieux à observer est la cé- lèbre nébuleuse d'An- dromède, au sujet de laquelle les amateurs pourront exercer leur vue , puisqu'elle est assez aisément visible à l'œil nu. ^ous l'avons ainsi souvent distinguée, même à Pans. Dans les lunettes tant soit peu puissantes, on distingue parfaitement la forme d'ovale allongé de la nébu- leuse, que sa lumière transparente faisait compa- I'uint rayonnant " 44' et o" 23'. De toutes les planètes principales, c'est toujours Saturne qui présentera, pendant ce mois, les circon- stances lesplus favorables à l'observation. Il passe, en effet, au méridien, 7 h. 10'" du soir à 5 d. l/i envi- ron, c'est-à-dire entre une heure et une demi-heure après que le soleil est couché, et il ne se couche lui- même qu'entre onze heures et demie et dix heures et demie du soir. Mais il est toujours peu élevé au- dessus de l'horizon, dans nos latitudes du moins, et les influences atmosphériques sont généralement gê- nantes dans ces conditions, pour qui veut faire des études minutieuses sur les particularités physiques d'un astre aussi curieux que Saturne. Les plus ré- centes acquisitions dans ce genre sont, croyons-nous, les nombreuses observations et mesures microniétri- ques de P. -G, Bond, et encore les observations spee- troseopiques deMll.Jaiisscn ctlluggins, d'où il paraît résulter qu'il y a de la vapeur d'eau dans l'atmo- sphère de Saturne. Cette planète est sur les confins des constellations du Sagittaire et du Capricorne. Uratius est dans le Cancer ; iNeptune dans les Poissons. La première de ces grosses planètes, bien petites à l'œil nu, se lève vers minuit le 1" octobre, vers 10 h. -1/2, à la fin du mois. Elle sera donc d'une observation facile : on pourra la voir comme une étoile de sixième grandeur, un peu au nord de deux étoiles de même éclat distantes de quelques minutes et dont la plus méridionale est marquée O dans le catalogue de Boyer. L'rauus, à qui l'on attribuait d'abord six, puis huit satellites, est-il réduit à qua- tre, comme le prouveraient les dernières observations de Lusse! 1? C'est ce que les astronomes, munis des plus puissants instruments et observant dans un ciel très-pur, pourraient seuls décider, car si quelques- uns des satellites de Saturne sont très-difficiles à voir, ceux d'Uranus ne sont pas non plus d'une observa- tion aisée. Neptune est en opposition le 19 octobre; précisé- ment à la même date, Saturne sera en quadrature. Du 18 au 20, du 25 au 2(1 octobre, essaim pério- dique d'étoiles filantes à observer. Le point radiant du premier est, d'après A. Ilersr.hcl, l'étoile v d'Orion; celui du second essaim, déterminé par Heirick, est voisin de l'étoile s des Gémeaux. A.MÉDIÎE GuiLLEJin'. -- «<>o CHRONIQUE I/cxpédilion do- Mhîva. — Cette étonnante campa- gne, que la Russie accomplit an milieu des plus effroya- bles obstacles (vuy. p. l'2'.l), apportera cnrlaiiiuineiit à la science un sérieux continrent de faits nouveau*. L'armée île terre n'est pas seule à prendre port à l'expédition : une flottille russe s'efforce de pénétrer dans le fleuve Amour, en anéantissant les dignes de l'Oiirkoun-Duriu, Ces recon- naissances opérées par les Russes, dans des pays où nul Eu- ropéen ne. pouvait pénétrer qu'au prix des plus grands périls, offrent une importance capitule au point de vue géographique. D'après rhtudliitevusrie, on sait déjà que le cours d'eau le plus iimiorlaut qui traverse ces régions est le Kouvaii-Djarma ; il se dirige sur le lac Doua-Knra, et de là par le bras Yanghi-Sou, dans le golfe 'fouslclié-fîass. Ce dernier cours d'eau est au véritable torrent, impétueux, terrible. 11 roule ses eaux sur un sol rocailleux avec une vitesse extraordinaire, et forme cà et là des rapides du plus imposant aspect. Un monument a In mémoire de Uicblg. — Le comité de direction de la Société chimique de Berlin a décidé qu'une statue de l'illustre chimiste serait érigée à barmsladt, à Giesscn ou à Munich : il fait appel au pu- | l'lic pour obtenir les fonds nécessaires à la réalisation de ce projet, et adresse des circulaires, à tous les chimistes de l'Allemagne. D'après l'importance des souscriptions, il t a lieu de croire que la statue de Liebig sera digue de l'homme dont elle perpétuera l'image. Tempêtes. —Elles sont cxlraordinairemeut fréquentes cette année. L'atmosphère semble rivaliser de fureur avec les feux souterrains qui ont si terriblement ébranlé le Sol depuis quelques mois. Sur la mer Noire, plus de 100 na- vires se sont perdus et plus de 800 personnes ont péri sous l'action d'une tempête épouvantable, vers la fin du mois dernier. Sur les cotes du la Nouvelle-Ecosse, la mer en furie a fait de nombreuses victimes, et plus de 50 bateaux- pêcheurs ont fait naufrage, jetés sur les côtes par un vent formidable. Kxplorntlon du fleuve Bleu. — M. le lieutenant de vaisseau Francis Gantier, qui, aux dernières nouvelles, s'était arrêté à l'embouchure du Yuen-kiang, sur le lac rfong-ting, a traversé toute la région des rapides sans LA NATURE. 287 accident sérieux, et est arrivé !i Tchong-kin-fou le 30 juin, cinquante jours après son départ d'IIan— ]u':nu. Dans la ré- gion (les rapides, l'immense fleuve se rapproche de la chaîne de montagnes qui sépare le bassin du Yang-fse de la Chine septentrionale. 11 traverse des rentrées merveil- leusement accidentées, dont les mouvements géologiques devaient fatalement rendre périlleux le cours du fleuve, tout en lui prêtant les aspects les plus pittoresques. M. Gar- merseplaità reconnaître avec quelle cordialité et quels égards les autorités chinoises se sont mises à la disposition d'un voyageur, qui, d'ailleurs, était déjà pour les manda- rins de ces provinces une vieille connaissance. Les relève- ments hydrographiques, les observations surtout, ont été souvent contrariés par le mauvais temps. Les résultats scientifiques de toute, espèce recueillis par M. Francis Gar- niei' ont néanmoins une grande importance. CORRESPONDANCE M. Flulard, directeur de l'Observatoire national d'Alger, nous envoie un fort remarquable travail sur les observa- tions météorologiques qu'il a exécutées depuis plusieurs an- nées et dont nous avons parlé précédemment (p. 250). L'Observatoire d'Alger, qui n'est encore qu'une simple maison d'habilatiou, est situé; à 211 mètres au-dessus du niveau de la mer. 11 est pourvu de tous les instruments né- cessaires à de bonnes observations ; nous ne doutons pas qu'il est certainement destiné à faire honneur à noire belle colonie. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du it septembre 1873. — Présidence de M, Eehimmi. Le double deuil qui a frappé la science cette Semaine est connu de tout le monde avant que M. le président informe officiellement l'Académie de la mort de M. ?ié- laton et de M. Coste. Aussi la proposition faite par M. Larrcy de lever la séance immédiatement, après le dépouillement de la correspondance, reçoit-elle un silencieux acquiesce- ment de toute l'assistance. Il faut donc nous borner au- jourd'hui & ce que renfermait la correspondance, mais ce ne sera pas renoncer à tout intérêt, grâce au retour de M. Dumas et au détail dans lequel entre, au sujet de plu- sieurs pièces, M. le secrétaire perpétuel. Projet de communication avec les habitants de Venta. — In jeune savant qui s'est déjà signalé par plusieurs tra- vaux marqués au coin de l'originalité la plusremarquablc, M. Charles Gros, pense que le prochain passage de Vénus serait une occasion favorable pour savoir s'il y a des habi- tants dans cette planète, et, dans ce cas, pour entrer en relation avec eus. Comme le l'ait remarquer >I. Cros, « il est possible que Vénus soit habitée ; il est possible qu'il y ait des astronomes parmi ses habitants, il est possible que ces astronomes jugent que le passage de leur planète sur le disque solaire peut attirer notre curiosité; il est entin possible qui; ces savants essayent, à l'aide de moyens par- ticuliers, de nous envoyer des signaux , précisément à l'instant où ils peuvent supposer que beaucoup de téles- copes sont braqués sur leur planète. » Auus nous permet- trons une seule observation tirée surtout des conversations se rattachant à l'observation sidérale : c'est qu'il y aurait, suivant toute probabilité, avantage à renverser les rôles, en remplaçant Vénus par Jlars : c'est-à-dire qu'il faudrait saisir le moment d'un passage de la terre par rapport à Mars et essayer de faire des signaux aux habitants supposés de cette planète. Tout porte à croire, en effet, quelcs habi- tants de Mars doivent être plus avancés que nous sous tous les rapports et à l'inverse des habitants (le Vénus, planète plus jeune; ils peuvent donc être mieux préparés à saisir nos tentatives de correspondance, d'autant plus que, parmi eux, un autre Charles Gros a pu faire une proposition rela- tive à la terre, mais toute analogue à celle que l'Académie reçoit au sujet de Vénus. Traînée, persistante dun bolide. — Les récents travaux de M, Nordcnskiold ont donné un nouvel intérêt à l'observa- tion des traînées de. bolides. 51. Chapelas en signale une qui, à la suite du passage du globe lumineux, a persisté le 20 septembre pendant plus de dix minutes. Cette trainéc phosphorescente a montré, dans une lunette, qu'elle était animée d'un mouvement ondulatoire causé très-certaine- ment par l'action du vent qui l'entraînait. Proportion de l'acide carbonique, de, l'air à diverses al- titudes. — On admet, en général, d'après les mesures de Saussure et d'autres savants, que l'air contient normale- ment 4 dis— millièmes d'acide carbonique pendant la nuit et 3 dix-millièmes et demi pendant le jour. Cependant plusieurs chimistes allemands, tels que M. Sclmltz, ont trouvé récemment des nombres différents : suivant eux, la proportion diurne est égale à 4 dix-millièmes au lieu de 3. M. Truchol, chargé d'expériences à la station agronomique du centre à Clermont-Ferrand, montre que le. désaccord n'est qu'apparent et lient à ce que les diverses mesures ont été faites à des altitudes différentes. Ainsi, Clcrmont- r'eiraud, le sommet du puy de Dôme, et le sommet du pic de Sanr.y étant en gros à 1000, 1500 et l!t()0 mètres au- dessus du niveau de la mer, la quantité d'acide carbonique en dix-millièmes s'y est trouvée respectivement et toutes choses égales d'ailleurs : 3, 13, 2 cil, 72, On voit que cette proportion décroît très-régulièrement quand l'alti- tude augmente et on explique aisément que Paris puisse fournir le nombre 4. Observation sur le jihtjliovéra ailé. — Jusqu'ici le phylloxéra ailé a été considéré comme une rareté. En prenant 10,000 oeufs d'insectes, on en voyait éclore 1 ayant des ailes. M. Cornu, à qui l'on doit déjà tant d'obser- vations sur ce sujet, montre qu'en choisissant les points, on peut sur 30 ou 40 mu [s obtenir 30 ou 40 phylloxéra ailés. Pour cela, il faut recueillir les insectes, non pas sur les grosses racines, niais à l'extrémité couverte de nodosités des plus fines radicelles. Ce fait prend une très-grande signification pratique quand on remarque que h s vignobles attaqués les premiers sur une région [présentent avant tout l'altération des radicelles; elle est cotisée évidemment par les insectes qui, grâce à leurs ailes, ont pu parvenir dans le pays. Ces phylloxéra ailés pondent, eu général, très-peu d'oeufs : trois tout au plus, et ces oeufs donnent naissance aux insectes aptères, dont la fécondité est, au contraire, si grande et si désastreuse. Stanislas Memier. - — »<$x — L'ITINÉimiiE DES GRANDES ÉPIDÉMIES La question de la proportion, du l'extension des épidémies est encore, à l'heure tjii'il est, vivement controversée. Deux, opinions sont en présence: les uns pensent que celte propagation est duo à l'importation directe par des individus, par des marchandises, en un mot, par des objets contaminés ; les autres, qu'elle résulte tic 288 LA NATURE. la marche progressive de l'épidémie, grâce aux trans- port des principes épidémiques par l'atmosphère, et leur incubation, leur évolution dans lu-i localités fa- vorables à leur développement. Quoi qu'il en soi!, si toutes les étapes de l'épidémie sont parfois bien dif- ficiles à retrouver, le lléau paraît par moments pro- céder par bonds, par sauts brusques pour s'abattre à l'improvisli: sur des populations qu'il ne semblait pas menacer, il n'en est pas moins vrai que l'on suit très-bien, pour toutes les grandes épidémies de l'é- poque moderne, une route nettement marquée. Que ces épidémies déciment, comme le choléra, les popu- lations humaines, qu'elles ra\ agent , comme le f j pluis contagieux des hèles à cornes, les troupeaux de nos campagnes, c'est de l'Orient, c'est de l'Asie qu'elles s'avancent vers nos contrées occidentales. Au sujet du choléra épidémique, nous renverrons le lecteur à un des articles précédemment publiés ; mais nous crovons qu'il est intéressant de rappro- cher do. ces itinéraires ceux d'un antre lléau égale- ment redoutable, dont la marche a été parfaitement étudiée et retracée par M. Keynal dans sou Traite de la polka sanitaire des animaux domestiques 1 . Sur une carte très-claire, placée à la fin de cet ouvrage, le savant prujesseur de l'Ecole d'Alfort a indiqué la marche suivie par la peste bovine dans les Etats de l'Europe centrale à l'époque des neuf grandes épidé- mies qui ont promené la ruine jusqu'aux rivages de l'Atlantique. Ces invasions, que l'histoire a décrites avec assez de précision, sont celles de 1711, 1740, 1755, 1775, 1815, 1865, 1800, 1867 et 1870-71. Le soin qu'a [iris M. Reynal de marquer, outre les chemins de fer, les routes que suivent les bestiaux, les marchés et les lieux de quarantaine, l'ait mieux comprendre certaines particularités des trajets accom- plis par les épidémies. Celle de 1711, partie des environs de Korosk, non loin dePultawu, et en Ukraine, passe par Kkaléri- noslaw, par Kichinev, franchit les Karpathes, arrive à 'fémesvar, traverse la Hongrie, la Styrie, J'Illyrie, le Tyrol, l'Italie du Nord, passe les Alpes et aboutit à Grenoble, en Daupbiué. Celle de 1 7-10 part, des envi- rons d'Arad, en Hongrie, traverse la Moravie, ia Bohême et, aux alentours de Prague, bifurque; le lléau, d une part, continue, traverse la Jîavièie, le Wurtemberg, la Prusse rhénane, le Luxembourg, pour venir mourir à Metz ; d'autre part, se dirigeant vers le sud, il franchit le Danube, bifurque encore, pour aller vers Stuttgart et aller s'éteindre à Stras- bourg, tandis que, par une autre route, passant par Munich, j] traverse la Suisse et s'avance jusqu'au versant occidental du Jura. Celle de 1 756 a son point de départ à Vienne ; elle passe à Prague, à Leipzig, à Cassel, Cologne, Bruxelles et jusqu'en Artois, sans atteindre Lille. Toutes ces épidémies cheminent par la voie de terre ; celle de 1775 se propage par mer. On la voit partir de la Haye, franchir le pas de Calais, la Man- 1 Paris, V. Assdiii, 1S73, iti-b". eho, contourner le Finistère, entrer dans le golfe de Gascogne et débarquer à Rayonne. Les transports maritimes ont souvent ainsi servi à propager la con- tagion de la peste bovine. L'épidémie de 1815 pari de la Poméraoïe ; elle marche, comme celle de 1870-71, à la suite désarmées qui envahissent notre, territoire. Mlle traverse le Brandebourg, le Hanovre, la Prusse rhénane, passe à Metz, à Reims et paraît s'éteindre à Paris. En 1865, le beau, qui ravagea si cruellement l'Angleterre, s'y trouve importé par plusieurs voies toutes aboutissant à Londres, d'où il se répand ensuite dans le pavs. L'n tracé paît île Revel, en Estlionie, suit la Baltique, passe à Copenhague, franchît le Skager-Rack, et, traversant la mer du Nord, entre dans la Tamise et débarque à Londres. C'est là encore que s'arrête un tracé qui part eu droite ligne d'Cperlecques, non loin de Lille. Un autre part de Rotterdam, un quatrième unit Londres et Paris, un cinquième jouit la Hollande à la Belgique. Ku 1866, nouvelle épidémie, quittant Vienne pour passer par Lin/, Munich et aboutir en Suisse à Coire. Celle de 1867 part encore de Vii-ime, traverse la Bohème, la Bavière, le Wurtemberg et arrive dans le cœur de la Bavière rhénane. Enfui la cruelle épidémie de 1870-71, qui est venue joindre en France ses maux à ceux de la guerre la plus fu- neste, part de l'orbach, passe à Ponl-à-Moussau, gagne directement Baris et arrive à Orléans ; de là, elle va, à Caen, infecter la Normandie; elle se dirige aussi sur Angers et sur Bennes, portant en Bretagne ses ravages cl la ruine. Tels sont les différents trajets suivis à diverses époques par le typhus contagieux des bêtes à cornes. Si Pou eu vient aies dessiner sur une carted'Europe, ce, qui est facile d'après les indications données ci- dessus, l'on s'aperçoit que le choléra et la peste bo- vine ont progressé le plus souvent sur des routes pa- rallèles ou parfois confondues. Ce fait, d'ailleurs, s'explique aisément quand on songe à la direction des grands courants que suivent les peuples dans leurs relations internationales, relations auxquelles les chemins de fer et les lignes de paquebots oui ajouté, avec une activité nouvelle, des dangers nou- veaux au point de vue de la transmission des mala- dies contagieuses épidémiques. Quant aux mesures prophylactiques et aux moyens de combattre le fléau quand il a éclaté, ils se résument, pourlesépizooties, dans l'application énergique et rigoureuse des cor- dons sanitaires, de Yabatage et de V isolement; pour les épidémies humaines, dans les quarantaines et l'iso- lement, assuré par une surveillance active et une re- chenhc minutieuse de tous les cas individuels. Ces mesures ont aujourd'hui l'ait leurs preuves, et c'est aux agglomérationshumaines à user strictement, pour étouffer le mal à sa naissance, des moyens puissants et sûrs consacrés par une sérieuse expérience. Charles Letoiit. Le Prujiru'ttnrc-Vidrant : Cl. Tissamueil l'AUls, — 1MI>. SiaON ÏIjIÇÛN ET CUHI' F> IIUL d'ehï UIITII , 1. H° 19. — 11 OCTOBflE 1875. LA NATUKE. 289 NE UT ON Lorsque Dupuytren iiioiiiuL, un des membres de l'Académie de médecine, résumant la vie et les tra- vaux de ce grand homme, s'écria : v Ainsi a vécu celui qui porta pendant plus de vingt ans, d'une ma. il si ferme, le seeptrede la chirurgie française. )> Xéhiton a ramassé ce sceptre, que la mort avait fait tomber des mains de Dupuytren. l'eudant sa fit. Mal on longue et belle carrière, il a su lui aussi, le tenir haut, grâce au merveilleux ensemble de facultés dunl la nature l'avait doué. Le chirurgien, pour s'élever au rang des grands maîtres, doit posséder des qualités multiples que l'on rencontre bien rarement dans lu même cerveau; il est indispensable que l'anatomie ut la physiologie lui soient 1 imilières, mais il ne lui suffit pas d'être savant, il faut qu'il y ait en lui l'étoffe d'uu artiste, afin qu'il sache bien saisir le sens de la forme, comme le sentiment du beau. N'est-il pas appelé à entraver ou à respecter le travail de la nature, que « tantôt il combat, suivant l'expression d'un praticien habile, et tantôt il appelle à sun aide, lorsqu'il lui faut COliti- 290 LA NATURE. nuer l'œuvre de Proniélhée sur des statues désormais animées. » Le cliirurgien doit avoir un sang-froid à toute épreuve, de l'énergie, de l'autorité sur ses sem- blables. 11 doit se montrer tour à tour ingénieux, inventif, adroit et fécond en expédients. C'est prin- cipalement à sou intention que Franklin a dit : « 11 faut savoir percer avec une scie, et scier avec une vrille. » Kélaton réunissait, eu sou intelligence, ces rares facultés qui, jointes à l'amour du travail, lui permi- rent d'atteindre le rang des grands hommes, s;in> que l'éclat de la naissance, ou les avantages de la fortune lui aient prêté le moindre secours aiixdébul.s de sa carrière. 11 naquit le 1 7 juin 1807. o. On avait remarqué de bonne heure, dit un de ses biographes anonymes, chez l'enfant et chez le jeune homme les qualités les plus heureuses. Il était docile, appliqué, réfléchi ; sou intelligence- était plus soie que vive, ses îiiovens plus solides que brillants. Il se destina, suis trop d'hésitation, à la carrière de la médecine et ses dé- buts dans l'école ne semblent avoir présenté rien de particulier. Ses camarades ne voyaient en lui qu'un élève assidu à l'amphithéâtre et à l'hôpital, curieux d'apprendre, intelligent, ingénieux, mais exempt de ces ardeurs fougueuses qui rompent tous les obsta- cles et qui marquent souvent les débuts des grands caractères. » En 1 8Ti0, Nélaton est reçu docteur en médecine et sa thèse qui avait pour titre : Recherches sur l'affec- tion tuberculeuse des os, produisit une véritable sen- sation dans le monde médical. Ce travail, essentielle- ment fondé sur l'anatoniie et la clinique, révélait chez sou auteur un esprit original, audacieux, fé- cond. Quelques années après, eu 1859, Kélaton est nommé chirurgien des hôpitaux, et agrégé à la Fa- culté de médecine; pendant dis. ans on le voit sans cesse prendre part à tous les concours ouverts pour le professorat, avec une constance inébranlable et une étonnante ténacité. Le travail semble être sa seule préoccupation, et il acquiert beaucoup de science et beaucoup de pratique dans cette phase de son existence, jusqu'au moment où il est nommé au concours, professeur de clinique chirurgicale en avril 1851. Un changement manifeste s'opèrcalorsdansles allu- res de ce candidat d'hier, aujourd'hui devenu maî- tre J il se sent à l'aise sur la scène où il a ambitionné depuis longtemps de jouer un rôle. Son esprit d'ob- servation se révèle, sa hardiesse et son jugement se manifestent; il attire à lui la jeunesse, les étudiants, il est entouré d'une assistance nombreuse et renou- velle bientôt le succès des cliniques dû Dupuvtren. i\ous laisserons apprécier le professeur par un de ses amis, quia su retracer, eu un tableau sincère et vivant, les mâles qualités et le mérite de Kélaton: « Ce qu'il fut comme professeur de clinique chi- rurgicale à la Faculté de médecine, dit 31. Sappey, un court parallèle nous le dira. Kélaton était élève de Dupuvtren. Entre tous ses titres, aucun n'avait plus de prix à ses yeux. Depuis le jour où il lui fut donné, pour la première fois, de voir et d'entendre cet hom- me célèbre jusqu'au moment où une lente agonie est venue le clouer sur son lit de douleur, l'élève a conservé pour le maître une déférence égale à sa vive admiration. Formé à sou école, doué des puis- santes facultés qui l'avaient illustré, il grandit en quelque sorLe à l'ombre et dans le culte de sa mé- moire. A trente ans de distance, l'élève était devenu l'émule du maître. Le chirurgien de la Clinique avait pris eu Europe la grande pusitiun qu'occupait autre- Ibis le chirurgien de l'Ilôlel-Dieu. Si la loi qui règle nos destinées avait permis alors qu'ils se trou- vassent eu présence, le maître eût été lier d'un tel successeur; et l'élève, toujuurs animé des sentiments de sa icuiiesse, se fût incliné encore avec le même respect devant celui qu'il considérait comme la per- sonnalité vivante du génie de la chirurgie, « Us se rapprochaient par les grandes qualités qui l'ont l'homme supérieur et le chirurgien émmenl, mais dilueraient, du reste, par tous les autres côtés de leur organisation. L'un et l'autre brillaient par le regard pénétrant qu'ils apportaient dans l'examen des malades, par l'ait infini qu'ils mettaient à grou- per dans leur enchaînement le plus naturel tous les phénomènes observés, par la lucidité avec laquelle ils précisaient le siège et la nature de la maladie. Celle-ci déterminée, il montraient la même habileté à saisir les indications qu'elle présente, le même ta- lent à les remplir. C'était surtout dans les cas diffi- ciles qu'on aimait à les voir et à les entendre ; dé- roulant le tableau de la maladie, ilsn'en dissimulaient pas les points obscurs, ils les mettaient, au con- traire, en pleine évidence ; puis, par l'interprétation logique, des faits, par la comparaison de ceux-ci avec des faits analogues puisés dans les annales de la science ou dans leurs souvenus, par une savante et lumineuse discussion, ils soulevaient peu à peu le voile sous lequel se cachait la lésion à combattre et unissaient le plus souvent par la montrer dans tout sou jour. Qui n'a vu notre eminent collègue aux prises avec une de ces grandes difficultés de la chi- rurgie, qui n'a assisté à une de ces leçons dans les- quelles il répandait sur son sujet et sur ses auditeurs les vives clartés de son esprit, ne saurait avoir une juste idée du caractère et de l'élévation de son talent. Il apportait dans les opérations une main ferme et sûre, calculant et prévoyant tout d'avauce, allant droit à son but, ne se préoccupant que des intérêts du malade. Si l'un de ce» accidents que la science la plus consommée ne permet pas de prévoir venait à surgir, avec une admirable présence d'esprit il mo- difiait à l'instant même tout son plan d'opération, et arrivait à suu but, aussi sûrement, aussi rapidement par une route improvisée. « Comme professeurs, Dupuytren et Kélaton ont obtenu tous les deux un éclatant succès. Tous deux étaient suivis dans leur clinique par la foule des élèves et des médecins étrangers. De la part de ceux-ci c'était le même empressement, le même dé- LA NATURIv 291 sir de les entendre, lu même déférence ; ut cependant combien les deux maîtres étaient différents! Dupuy- tren avait une puissante constitution, une belle sta- ture, une physionomie hautaine, le regard sévère. Grave, solennel, imposant, il tenait la foule à dis- tance. Lorsque le moment était venu de prendre, la parole, sa voix au début semblait presque éteinte; ensuite cille s'élevait peu à peu, puis remplissait toute la salle; il s'animait alors et bientôt, par son élocu- tiou claire, facile, abondante et correcte, il s'empa- rait de l'esprit de son auditoire, qu'il tenait suspendu à ses lèvres. Nélaton était simple et digne; sou atti- tude, sou langage, ses manières, tout en lui expri- mait la bienveillance ; les élèves l'entouraient et l'a- bordaient sans crainte; aux réflexions et objections qu'on lui soumettait il répondait volontiers, discu- tait quelquefois et toujours sur le ton de la simpli- cité et de la plus grandi: courtoisie, fitre utile à ses malades, instruire ses élèves, remplir, eu un mot, la haute mission qui lui était confiée, la remplir lo mieux possible, telle était sa grande et sa seule pré- occupation. Il avait aussi Je don de la lucidité, et le don, plus rare, de captiver l'altenlion de ses audi- teurs. Mais il arrivait à ce but, moins peut-être par les formes brillantes du langage que par les déve- loppements cliniques dans lesquels il entrait est sur lesquels il savait répandre le plus vif intérêt. Dupuv- tren restera comme le type le plus accompli du pro- fesseur, et [Nélaton comme le modèle le plus parlait du clinicien 1 . » M. Sappey, comme ouïe voit, rend surtout hom- mage au clinicien ; un autre biographe de Nélaton nous donne sur le praticien quelques intéressants documents. h Comme opérateur, dit ce biographe, Nélaton était surprenant, incomparable. Il y a peu d'opéra- tions qu'il n'ait portées à leur perfection: le traite- ment des polypes naso-pharyngieus, ta suture intes- tinale dans l'établissement d'un uuns contre nature, l'opération du bec-de-lièvro, la suture des os, etc., voilà des opérations dont if a, par sa pratique, défi- nitivement constitué le manuel opératoire. Son esprit était plein de ressources : avec un morceau de bois, un lil de fer, des ciseaux, il improvisait un instrument ou un appareil. Par goût, et uu peu par vanité, il évitait dans les opérations ce déploiement d'appareils et d'instruments : it je n'aime guère, disait-il, la do- it rurgieà grand orchestre; » et sa main petite, sèche, velue, aux doigts pointus, mal ongles et au long pouce , semblait jouer avec les difficultés et les obstacles. » Son sang-froid égalait sa dextérité. « Quand on a fait un diagnostic correct et que l'on sait où l'on va, disait-il, on ne risque jamais rien. » « Si vous avez le malheur, eu opérant, de couper la carotide! d'un homme, répétait-il quelquefois, rappelez-vous qu'il faut environ 2 minutes pour que 1 Galette hebdomadaire de médecine it de chirurgie, 26 septembre 187a. la syncope se produise et environ autant de minutes pour que la mort ait lieu. Ur, quatre minutes, c'est quatre fois le temps suffisant pour placer une liga- ture sur le vaisseau pourvu que voua ne vous pres- siez pas. » Ne jamais se presser ! telle était la for- mule de sou sang-froid et le secret de sa promptitude opératoire, « Vous allez trop vite, mou ami, disait-il un jour à uu de ses aides, nous n'avons pas, vous le savez, de temps à perdre. » lin 1807, Nélaton donna sa démission de profes- seur de clinique chirurgicale ; il fut nommé profes- seur honoraire. L'année précédente, il avait été nommé chirurgien de l'empereur; l'opération qu'il avait réussie sur le jeune prince impérial, en 18(35, contribua singulièrement à illustrer sou nom. Mais le mérite de cette opération avait été singulièrement exagéré, Nélaton se plaisait à le reconnaître lui- même. Le diagnostic, devenu légendaire, de la bles- sure de Garibaldi, fut encore, dans la vie de N'élalou, un événement important qui contribua puissamment à le rendre populaire, et qui devint, tant il eut de retentissement, le thème de chansons populaires (18(12). Nélaton avait été nommé commandeur de la Lé- gion d'honneur le 24 janvier 1805; un décret du li août 1808 l'éleva à la dignité de sénateur. Ce grand praticien n'a publié que quelques rares ou- \ rages, dont la plupart sont des oeuvres collectives 1 . Ou lui a reproché de n'avoir pas assez écrit, mais, où et comment en aurait-il trouvé le loisir ï 11 se levait souvent à quatre heures du matin pour prépa- rer ses cours, et tous les instants du jour étaient consacrés au travail. Vers la fin de sa belle carrière, il y avait parfois plus de soixante visiteurs qui rem- plissaient son salon à l'heure de la consultation ut attendaient avec impatience les oracles du maître. Si Nélaton n'a pas écrit, il a fait faire des progrès importants à la pratique chirurgicale, simplifiant les opérations, perfectionnant les outils et les appa- reils, transmettant à ses nombreux élèves ses mé- thodes et ses procédés. — Comme homme, Nélaton était simple, affuble et bienveillant; il avait cepen- dant peu d'amis. Sa vie, longtemps prospère, était devenue intolérable depuis quelques années. Lue af- fection organique du cœur condamnait au repos cet esprit si actif, qui n'avait jusque-là connu que le, mouvement. Depuis deux mois, la maladie, avait fait de grands progrès. Nélaton ne se dissimula point la gravité de son état; il ne tarda pas à perdre toute illusion, mais n'en eut pas moins l'énergie d'attendre sa Un prochaine avec la résignation des âmes fortes. Après avoir noblement vécu, il sut bien mourir 1 Voici l"éuiiiii''i\itioii des principaux eccita de. Nétatun : Recherches sur inffectioti tuberculeuse (les os [thèse, 1837, iu-S°'j ; — Truite des tumeurs de ianiamellc [1M5D, m-8 u ] ; — de i Influence de la position dans les maladies chirurgi- cales [INaT; ; — Eléments de pat/inlogie chirurgicale (18S4- 1860, à vul. iu-S"). — Cette dernière œuvre capitule a élé faite avec ta collaboration de quelques-uns du ses èJèvcs, qui y ont risuiné les principaux points de la pratique et de l'en-> seiftnemciil du maître. 292 LA NATURE. ('21 septembre 1873) : son nom ne périra pas, et restera comme une des grandes gloires Je la chirur- gie irauçaise. LES PIERRES OUI TOMBENT DU CIEL (Suite. — Yoy. p. ST.) On a admis, pendant fort longtemps, que les mé- téorites des diverses chutes étaient identiques entre elles, sous tous les rapports, on au moins fort peu différentes les nues des autres, fiel Le opinion, pour le dire en passant, a même été fort utile, pour amener les savants à reconnaître la réalité du phé- nomène qui nous occupe : de ce que les pleines étaient toutes semblables entre elles, ou concluait plus aisément que leur origine était commune. Aujourd'hui, au contraire, on a reconnu qu'il existe autant de variétés entre le.; météorites qu'entre les loches terrestres, et on en est même arrivé à ce point que leurs caractères communs se bornent à fort peu de chose. Ce qui frappe tout d'abord, quand ou égards; une série de météorites, c'est l'irrégularité de leur forme extérieure. Leurs angles, sans doute vifs, à l'origine, sont énioussés comme par l'ef- fet d'un frottement énergique ou longtemps conti- nué, : il suffit, en effet, de les comparer aux blocs de roches terrestres, ayant subi l'exercice d'ac- tions analogues pour reconnaître une identité dans les formes générales. Un second caractère général des météorites est l'existence, à leur surface, d'une éeotee noire extrêmement mince et tout à fait caractéristique. Toutefois, elle n'est, pas identique, chez les diverses météorites. Ordinairement d'un nuir mat, elle est, au contraire, très-luisante citez certaines pierres que nous citerons tout à l'heure; et même une météorite tombée, en 1843, à liishop- ville, aux Etats-Unis, offre une croûte luisante qui est presque blanche. A part ces deux caractères de forme fragmentaire et de surface vernissée, les mas- ses qui tombent du ciel ne nous offrent rien de gé- néral à noter ; eu les examinant nous verrons surgir entre elles de profondes différences. Lorsqu'on passe eu revue nue collection de ces corps, ce qui attire nécessairement l'attention, c'est l'existence, parmi elles, de masses n'ayant aucuns analogues parmi les roches terrestres : elles sont composées de fer métallique compacte. Ou les dési- gne depuis très-longtemps sous le nom de fera mé- téoriques, et, par opposition, d'autres sont appelées pierres météoriques. Entre ces deux, termes extrêmes on trouve des masses qui établissent des transitions presque insensibles. Ce l'ait de la présence ou de l'absence du 1er métal- lique parait être le meilleur caractère pour faire les grandes divisiuns parmi les météorites. Mais, en exa- minant les choses de plus près, on reconnaît que les pierres absolument dépourvues de ce métal sont ex- traorditiaîrement rares. La plupart des météorites contiennent à la fois, et, même quand la première apparence ne le ferait pas croire, du fer et de la pierre en proportion d'ailleurs extrêmement varia- ble. Mais la situation relative de ces minéraux est loin d'être toujours la munie. Tantôt la pierre est à l'état de grains englobés dans le 1er, tantôt, au contraire, le métal est en grenailles disséminées dans la pierre. C'est d'après de pareilles considéra- Lions que M. Daubrée a établi chez les météorites les quatre grandes divisions que représente le tableau ci -dessous : ( / Ni: amtL'iiituL |us ili; pierre Lt! U:.v i:ni ihLiLLiai.it im vu- sij.m oii sont englobas LIOl.OSlDLIIïMS. JlËmUUTES . CuuLi'iiiiiiL *lu / métallique ' L ' l UjiiIoji.lilL à ia luis " 1 Uu Ici" eL dus mi- ' l ti lires Liiurn_'i]âe-S4 dus grelins pleurcux.. , Le fer iioiiîit-iluiuiL des gie- ruiillu3 dissiîiiiiiidcs au milieu dune gunguu SliSSlliF.IlES. Si'OlUDUÏIULlŒS. \ No eouluuauL ÀSIULKKS. Les holosidères, ou fers météoriques, constituent des roches très-singulières, non-seulement si ou les compare aux coches terrestres, niais même si on les compare aux autres météorites. Ils sont formés d'un métal compacte tout à fait pareil, pour l'aspect et les principales propriétés physiques, à l'acier le mieux fabriqué. La chute de ces fers est beaucoup plus rare que celle des météorites des autres groupes. Ainsi, depuis plus de 120 années, on n'a observé dans l'Europe entière que quatre chutes d'iiolosidères, et même l'une de ces chutes est douteuse. Elles ont eu lieu à Ilraschinu, près d'Agram, en Croatie, le 20 mai 1751; à l'iaiifro- iiiont, dans les Vosges, en décembre 1842 (c'est celle-ci qui est douteuse); à Uraunau, en Ifohèuie, le 14 juillet 1847; enfin à Taburz, en Thinhige, le 18 octobre 185 t. Cette rareté contraste avec le nombre relativement très-grand des chutes de LA NATURE. 20", pierres. Pendant ces mêmes 120 ans, qui n'ont fourni que -4 fers, 1 «» ciel a laissé tomber sur l'Eu- rope plus de 190 pluies de pierres, dont plusieurs se composaient de milliers de météorites distinctes les unes des autres. Quoi qu'il en soit, on connaît, à la surface du globe un nombre considérable de blocs métalliques qui sont évidemmentd'origine météorique, quoique- leur chute n'ait pas eu de témoins. Malgré celte circonstance, ou les reconnaît comme météoriques, avec autant de certitude que si on les avait vus tomber et cela, parce qu'ils présentent toute une série de caractères qu'au- cune roche terrestre ne peut nous offrir et qu'on retrouve dans les masses fournies par les chutes ob- servées. Disons un mot des principaux de ces carac- tères. Souvent les fers météoriques sont ductiles et mal- léables. La collection du Muséum contient plusieurs barreaux forgés avec le métal eélo-te. Il suit de là que certains sauvages utilisent le fer météorique à la fabrication d'ustensiles qu'ils seraient contraints, sans cela, de façonner avec de la pierre, et la collec- tion renferme, par exemple, une petite hachette de ce genre, provenant des Esquimaux, lie même, les peu- ples civilisés utilisent aussi le fer météorique, mais plutôt pour le convertir eu objets d'ornement qu'eu ustensiles ou en outils. Lu des derniers empereurs de Russie avait une épée faite du métal extra-terrestre, et II. Roussiugault raconte que Bolivaren avait une de même nature. Parfois cependant le fer météorique est trop cassant pour se prêter aux usages ordinaires de ce métal. C'est, par exemple, ce qui se présenta pour le fer tombé,, en 1620, devant D'Geban Cuir, l'empereur du Mogol, qui ne put en obtenir des ar- mes qu'après y avoir fait ajouter une forte propor- tion de 1er doux. La collection du Jardin des plantes, renferme plusieurs fers qui se pulvérisent sons le choc du marteau. ■ Hm.nsliiF nr iliVriuvcrr à C;iil]^ (Alpes-Mnr]timP>K fi[1 1S28, fl n5tin!r:i]il j lu lui* les fiqurrfl fil' \\'i(ll>tai}7\.\l(rttcn cl nu ro^inm ryJiiidrriïile: du Mill'iue ili* IVr, .ïejii'ir- tr&ilitv ifiiiniilfiir iKilnrr-LIc l Quanta la composition des holosidères, elle n'est pas aussi simple qu'on pourrait le croire et contraste avec celle de l'acier. Cependant l'anal vse chimique donne des résultats, eu général peu compliqués, mais qui, comme on va levoir, ne rendent paseompte de la nature spéciale de chaque fer. Ainsi, 31. Piivol, analysant le célèbre fer de Caille, sur lequel nous re- viendrons dans un moment, y a trouvé: Fer 9n,3 Nickel 6,2 Silicium 0,9 Cobalt, chrome traces 11)0.4 Ces nombres fournissent évidemment des notions très-utiles, niais ces notions sont très-incomplètes. Un coup d'oeil suffit, en effet, pour montrer que le fer analysé n'est pas un minéral défini, semblable à lui-même dans toutes ses parties, mais que, comme hi plupart des roches, il consiste dans le mélange de plusieurs minéraux différents. Outre le fer nickelé, qui constitue la masse principale, on v voit de gros rognons cylindroïdes, d'une matière spéciale appe- lée, traïlite, que l'on observe très-bien sur notre ligure 1, et qui est formée d'un sulfure particulier de fm- et de nickel. Sous l'influence des agents atmo- sphériques, ce sulfure, très-attaquable, disparaît peu à peu et busse, vide la place qu'il occupait ; c'est par cela que le, gros échantillon de Caille est tout lardé de cavités cylindroïdes, que pendant longtemps on a cru Curées artificiellement. Autour de la troï- fite on reconnaît des couches concentriques de gra- phite tout à fait analogue à la mine de plomb et qui pourrait, comme elle, senir à la fabrication des crayons. Enfin, dans certaines régions du fer, on re- connaît des amas d'une matière métallique spéciale, appelée nchreibersite, et qui est formée parla combi- naison du phosphore avec le fer, le nickel et le ma- gnésium. Mais ceci n'est pas encore tout. Le fer nickelé, que nous considérons comme simple, est lui-même très- coTuplexe. Une expérience très-ingénieuse, imaginée par le, phvsicien Widniannstaetteu, montre qu'il con- siste dans l'assemblage de lamelles formées d'allia- ges définis niais différents les uns des autres. Pour faire l'expérience de Widmannstœtlen, on produit sur un fer une surface plane, puis on la polit avec soin et, cela fait, on la soumet à l'action d'un aride, de l'acide cblorhydrique par exemple. Au hou de s'attaquer uniformément, comme ferait du fer 294 LA NATURE. terrestre, le métal céleslc laissa apparaître un réseau admirablement dessiné, que l'habile trayon de M. .lahaudier a su reproduire figure 1 , et qui doit son origine à ce que divers alliages, inégalement atta- quables, occupent les uns vis-à-vis des autres des si- tuations très-régulières, lui poussant l'altaque à un degré convenable, la surface primitivement lisse du fer se transforme en un véritable cliché d'où l'on peut tirer des épreuves comme d'une planche gravée. Les divers alliages qui sont associés dans la figure de Widmannsticften sauf, comme nous l'avons dit, par- faitement définis ; on a pu les isoler, les purifier, les analyser, et c'est, alors seulement qu'il a été possible de classer les holosidères, c'est-à-dire de séparer ceux qui sont réellement différents les uns des autres et de rapprocher ceux qui sont analogues. En opérant ainsi, ou a vu, par exemple, les 70 chutes de fer météorique, que possède le Muséum, se répartir entre 11 types parfaitement définis, dont chacun a pu se présenter à diverses reprises. Nous insistons sur cette dernière remarque qui reviendra pour d'autres météorites et qui sera fertile en enseignements, l'our montrer comment, des fers de (butes différentes peuvent être rigoureusement identiques, il suffira de dire que précisément les trois plus gros blocs de notre grande collection nationale appartiennent à un même type. Le moins volumineux, pesant 104 kilogrammes, et remar- quable par sa forme conique, a été découvert au Chili en 1806, par don I.isara Fonseca, pro- priétaire dans les Andes, qui voyageait dans le but de découvrir des filons métallifères. 11 avait avec lui plusieurs mineurs et lli mules. Après trois mois des recherches les plus pénibles et d'ailleurs complëtc- ' j '■■■■■: ■ i:ff;f S' S'i;*- Fi^r 2. — Sir^inS-nE découvert en 177(1, à Krasnnjarsk (Sibérie!, par le naturalise rnarthez,de Viennet, de tant d'hommes célèbres dans tous les genres. Dès sa plus tendre enfance, Coste donna les signes de cette riche et puissante organisation, qui lui permit d'acquérir sans travail apparent, par uns sorte d'intuition ar- tistique, lesconnaissanc.es les plus ardues. Les sé- ductions de son heureuse nature méridionale lui va- lurent au sortir du collège, et pendant qu'il était encore sur les bancs de l'École de médecine, l'amitié de Delpcch, le restaurateur de la grande chirurgie dans les départements du Midi. Ce dernier, qui avait une rare intelligence et un esprit élevé, ne. tarda point à apprécier la valeur du concours qu'il pouvait trouver dans cette jeune acti- vité. 1! commença par faire de Coste son chef do clinique, puis il l'associa à ses difficiles recherches sur le développement des embryons. On vit deux auteurs, l'un au début de la carrière, l'autre dans tout l'éclat de sa réputation, apporter de Montpellier à l'Académie, au mois de novembre 1831, un Mé- moire sur le développement du poulet dans l'œuf. Les auteurs s'étaient mis en mesure de répéter de- vant l'Académie toutes les expériences qu'ils avaient exécutées dans le fond de leur province. Us avaient eu l'audace de tenter un véritable tour de force, car ils ne se proposaient rien moins que de présenter en une seule séance des œufs à toutes les périodes de l'incubation. Le succès d'une tentative un peu hors dû saison, à nue époque où les œufs deviennent rares, ne pouvait être complet. Cependant le rapport de Flourens fut des plus favorables. Ampère loua beaucoup les expérimentateurs d'avoir signalé les analogies remarquables que présentent les phéno- mènes de l'évolution embryologique pendant les premières périodes, avec les transformations qui s'accomplissent, dans les corps inorganiques quand on les soumet a l'action d'un courant voltaïquc do longue durée et de faible intensité. C'est à cette époque que M. Jlecqiierel père commençait à pu- blier ces belles recherches, qui ne sont pas encore épuisées, sur l'action de l'électricité dans la produc- tion de certaines cristallisations. Le choléra, qui devait, produire tant de ravages, et s'élever en quelque sorte à la hauteur d'un événe- ment politique, avait envahi l'Angleterre. Le gou- vernement de Juillet avait envové à Sunderland le célèbre Magendie, Dclpech n'hésita pas à prendre volontairement le rôle de commissaire investigateur, accompagné par M. Jules Desfourneanx, qui fit avec générosité les frais de l'expédition, et de son insépa- rable le docteur Coste, il se rendit en Angleterre pour suivre la piste du mal épouvantable devant le- quel chacun fuvait. Les trois associés furent reçus avec distinction par le prince de Tallevrand, alors ministre de France auprès de. la cour de SainUlamcs, et ils se rendirent sans perdre de temps à ISewcastle, alors le foyer de l'épidémie. Après différentes pérégrinations qu'il se- rait trop long de raconter, les trois Français tom- bèrent malades à Masselborough, petite ville des envi- rons d'Edimbourg ; on était alors vers le 10 février, Quoique le jeuno Coste eût été le plus [sérieusement £96 LA NATURE. atteint, il parcourut rapidement le reste de 1 Ecosse pendant que ses deux compagnons se repliaient sur Londres, où le choléra venait d'éclater. Ils arrivaient tous trois à Paris avant le 22 mars, jour funeste où les premiers signes de l'invasion furent constatés. Quand la crise éclata, ils étaient donc sur le champ de bataille, prêts à metlre au service de leurs com- patriotes le fruit de l'expérience personnelle qu'ils avaient acquise en pays étranger, au péril de leur vie. C'est à l'Hôtcl-Dieu que le docteur Récanner uti- lisa leurs avis. Le livre du professeur Delpcch, à la rédaction duquel Costepril une grande part, permet de voir que la maladie avait été très-sûrement diagnostiquée ; on avait nettement reconnu l'existence de la diarrhée prémonitoire, et indiqué pour la com- battre l'bluuucité des boissons opiacées. 11 est vrai, l'on émettait quelques doutes sur l'utilitédes cordiaux alcooliques que prônait Mugendie, et l'on inclinait pour les saignées, d'après le système rival du docteur Il rousse ï'.u. Ces dangers et ces travaux mirent naturellement en évidence le jeune docteur Coste, qui n'eut pas de peine à se faire admettre au Jardin des Plantes en qualité de préparateur des cours d'anatomie. Il as- sistait à cette étonnante leçon où Cuvier sembla pres- sentir si nettement la paralysie foudroyante qui vingt- quatre heures plus tard devait la frapper. 11 faisait partie du petit nombre d'admirateurs et d'amis qui deux ou trois jours plus lard, reçurent le dernier soupir du législateur de la paléontologie. «iiHlP feft Ti\i\iiii\ ilr M Ofli J KiMnm'Iu 1 4, au Sénégal, les plan- tations de cotonniers furent détruites, et on observa un nuage vivant, qui passa du matin au soir; la vitesse lui donnait quinze lieues de longueur, et ce n'était qu'une avant-garde, car au coucher du soleil la portion terminale paraissait sous forme d'un nuage encore plus épais. Le voyageur anglais lîarrow rapporte que, dans l'Afrique australe en 1797, ces insectes couvrirent le sol sur une étendue de deux milles carrés, et que, poussés vers la mer par un vont violent, ils formèrent près de la côte un banc de plus d'un mètre de hauteur, sur une longueur de cinquante milles ; puis, lorsque le vent vînt à chan- ger, l'odeur de putréfaction se fit sentir à cent cin- quante milles de distance. Les famines produites par la voracité des acridiens ne sont pas les seules causes de la mort des hommes et des animaux domestiques ; 1 înzectùrum sive minimorum anlmaHurn (Iteatrurtl. — Londres, 1(>M, p. 125 et suiv. il s'y joint souvent une épidémie pestilentielle due aux émanations putrides. Les invasions de criquets sont de vraies calamités nationales. En 18Ô5, la Chine 'ut ravagée par les acridiens, dont les nuages cachaient le soleil et la lune. Partout où ils s'arrêtaient, les moissouslesplus belles et les plusabondantes étaient en un instant dévorées entièrement, et les champs mis à nu ; les récoltes à l'abri dans les granges furent aussi consommées en grande partie. Les habi- tants terrifiés fuyaient de toute part sur les mon- tagnes. Dans les pavs inondés, où il n'y avait pas de récoltes, les acridiens pénétrèrent dans les maisons et détruisirent les vêtements. Les ravages, commencés en avril, continuèrent sans interruption jusqu'à la gelée et à la neige. C'est avec l'aide des vents que des insectes médio- crement conformés pour le voïpeuvent entreprendre leurs immenses vovages. Ils sont souvent entraînés beaucoup plus loin qu'ils ne veulent et emportés dans la pleine nier. M. Kirhy rapporte qu'en 1811 un navire retenu par le calme à 20Q milles des îles Canaries, fut tout à coup, après qu'un léger vent de nord-est eut commencé à souffler, c'est-à-dire venant du nord de l'Afrique, enveloppé par un nuage d'acridiens qui, s'abattant sur le navire, cou- vrirent de leur multitude le pont et les hunes. M. Fischer de Fribourg (Orthcptera Europœa, Leip- sig, 1853) cite le fait suivant. Au mois de septembre, sous 18° latitude nord, dans la mer Atlantique, au milieu de la tempête, de grandes troupes d'acridiens ont été observées pendant deux jours, à 450 milles du continent; dans l'après-midi du second jour, le ciel fut obscurci par leurs bataillons et comme cou- vert An nuées, et toutes les parties du navire où se trouvaient les observateurs en furent recouvertes ; pendant deux jours une masse considérable de ces insectes morts nagea sur l'Océan. La France n'est pas à beaucoup près aussi souvent le théâtre de ces invasions redoutables que les con- tréesplus orientales et plus mLTidionalesdel'Europe. Cependant elles font aussi partie de l'histoire de ses calamités. Voici à ce sujet quelques renseignements anciens puisés dans les récits confus de M ou m t., En 181 après J. -G., enlllyrie, Gaule et Italie, pendant la guerre et encore après son apaisement, comme un châtiment supplémentaire aux nations coupables, des sauterelles, en nombre indéfini et plus grandes que les autres, dévastèrent toute la végétation. La France fut, dit-il, misérablement dépeuplée dans les années de l'ère chrétienne 455, 874, 1537, 1355, 1374;. Portés par les vents dans la nier et rejetés par le flux sur les rivages, les cadavres des acridiens infectaient l'air, et achevaient par la peste les popu- lations de ces sombres époques, déjà épuisées par la ïamjue. La Franco ne fut pas épargnée dans les grandes migrations de 1747, 1748, 1749, qui en- vahirent l'Europe, Quelques détails précis ont été conservés sur des invasions partielles de la Pro- vence par l'entomologiste Solier. (Ann. Soc. entom. deFr., P 8 série, t. Il, 1835, p.[486). Eu 1613, Mar- 300 LA NATURE. srille dépensa 20,000 francs, et Arles 25,000 fr. de primes payées pour la destruction des acridiens, à raison de 25 centimes par kilogramme d'insectes et DO par kilogramme d'oeufs; dans cetti année furent recueillis 122,000 kilogrammes d'orthoptères et 12,200 kilogrammes d'oeufs. Le lléau reparut plu- sieurs fois dans notre siècle. Eu 1805, une chasse dans la petite commune de Chàteau-Gombcrf. pro- duisit 2,000 kilogrammes d'crnfs. Le cricjuot italique (voir précédemment) fut l'espèce qui produisit cette année le plus de ravages dans les cantons de Saint-Mas lin, Saint-Servaii, Château- fîombc.rt, le plan des Caques et les Olives, du territoire de Marseille. C'est la même espèce qui, un peu plus tard, en 1800 et dans les années suivantes , envahit en grandes troupes obscurcissant le soleil les provinces méridin- nalesdu royaume de Xaples, surtout la terre d'Olratite et la terre de [tari. En 1820 et 1822, les criquets ravagèrent les territoires d'Arles et des Saintes-Mariés ; «n 1824, ils reparurent plus nombreux dans les mêmes localités; ladepensefnt.de 5,51-2 francs pour 05,861 kilogrammes aux Saintes-Mariés, aux prix indiqués, et 0,000 kilogrammes à Arles. On en rem- plit dans ces deux localités 1 ,083 sacs à blé. Lu 1 825, le mal est pire, car les mêmes communes dépensent 0,200 francs, ce qui suppose 82,000 kilogrammes d'insectes. Eu 18"2, soixante et une personnes re- cueillirent aux Saintes-Mariés 1,07',) kilogrammes d'œufs et 5,808 en 1855, y compris, il est vrai, le poids de, la terre des coques ovigères. Les diverses espèces européennes que nous avons éiumiérées se partagent les dégâts. Pour remédier au mal, on commence la chasse des insectes eu mai, et elle a lieu surtout en mai et juin. La plupart dos femmes et des enfants des Saintes- Mariés, d'Arles, de Saint-Jérôme, etc., y sont occupés une partie de l'été. On se sert d'un drap de toile grossière dont quatre personnes tiennent chacune un bout. Les deux qui marchent en avant font raser le sol par le Lord du drap, et les deux qui suivent tiennent élevé le. bord postérieur, de manière à ce que le plan de la toile fasse avec l'horizon un angle d'environ 45". Les insectes, forcés de s'élever pour fuir, sont ainsi recueillis par la toile qui s'avance au-dessus d'eux, et un les jette dans des sacs quand on en a ramassé une certaine quantité. On peut se faire une idée de la quantité prodigieuse de ces in- sectes quand on saura qu'un paysan en a pris, en un seul jour, jusqu'à 50 kilogrammes, eu ne se servant pour cela que d'un filet de toile analogue à celui des entomologistes. On peut évaluer à 1,600 coques à œufs le nombre qui est contenu dans le kilogramme, chaque tube contenant de 50 à 60 œufs; c'est donc environ 80,000 œufs par kilogramme. Un enfant e.nercé peut en récolter G à 7 kilogrammes par jour, et se les procure en piochant près des rocs et dans les parties où la terre a le moins d'épaisseur. On récolte les œufs en août, septembre et surtout oc- tobre. Màumck (JIHA1U). — La auiti: prochainement. — CARBONISATION ÉPIGK.MQUE DU DIAMANT On croyait avoir épuisé l'histoire chimique du dia- mant au commencement de 1870, lorsqu'un accident de fabrication arrivé à MM. Laurier, riches joailliers de Marseille, vint ouvrir une nouvelle série de recher- ches auxquelles personne n'avait songé jusqu'à ce jour. La guerre franco-allemande, qui éclata bientôt après, lit perdre de vue à nos savants ces horizons nouveaux et les faits remarquables que nous allons décrire passèrent presque inaperçus on France. Mais les Allemands ne les ont pas laissé perdre, ils s'en sont emparés; comme par droit de conquête, G. Ilose, de L'erlin, en fait l'objet d'un long mémoire qu'il publie triomphalement dans le numéro de mars des Annales de Poggendorf, pour 1875. Bon Alle- mand, ce pirate scientifique ne fait que citer M. Mar- rons du bout des lèvres, quoiqu'il n'ait rien ajouté d'essentiel à la communication originale qu'on peut lire dans les Comptes rendus de notre Académie des sciences. Le seul service rendu par l'auteur allemand, e'esl qu'il a accompagné son travail de quelques figures. Nous avons fait copier la plus intéressante d'entre elles. MM. Laurier avaient à éniailler le support en or de deux diamants d'un grand prix servant de boutons de chemise. Ils crurent que le diamant soustrait à l'in- fluence de l'air et chauffé dans un moufle ne serait, point attaqué à la température relativement assez basse, suffisante pour exécuter l'opération de remail- lage. Quelle ne fut pas leur surprise eu s'apercevant que la surface du diamant s'était couverte de taches noirâtres, semblant provenir de ce que le charbon dans lequel il avait été enfermé s'était soudé à la surface ! Passé à la meule, le diamant reprit sou éclat primitif. L'altération n'avait été que superfi- cielle. M. Marrens, consulté, choisit des diamants de belle eau et de taille régulière, qu'il lit chauffer et, qu'il soumit à l'action de l'air pendant un temps très- court. Puis il examina le diamant qui avait subi celte opération avec un microscope grossissant 500 fois. Le phvsieien de Marseille aperçut sur les faces po- lies de la pierre de nombreuses petites facettes pio- duites par l'apparition de triangles cquilatériaux. Ces triangles appartiennent à des octaèdres juxtaposés et orientés avec précision, de manière à envoyer à l'œil le reflet de toutes les faces triangulaires homologues. Lorsque l'action est exercée sur des diamants à facettes courbes, propres à couper le verre, les facettes se réunissent de manière à former do longs filaments affectant !a forme de véritables arabesques. En exa- minant ces filaments avec un pouvoir grossissant considérable, ou voit qu'ils sont formés de facettes triangulaires semblables à celles qui se montrent isolées dans les antres parties de la surface. La seule différence est que ces prismes sont fortement serrés LA NATURE. 301 *-v.v 1 *^H Aapeel d'un diauaiil diuul'lu, vu an microaLC-iJC *ous lii ^I■û^.^i^^cmtllL de Tjt](} JiurmHn^. diamant est Lveréseiilé en vrfîie e/aiuleur dîin.-, le eftcLle noir lu hyul delà gravure.) les uns cotil.ru lus autres. Munie aveu le grossissement ordinaire, il est déjà facile de voir que ces longs pris- mes sont terminés par des facettes triangulaires équilatéralcs. Ou peut comparer cette étonnante pro- priété à celle qui distingue certai- nes substances re- viàcU: : - cevant des cica- trices cristallisées .,;;- ' ..,'_: I. I; quand ou les dis- • '^t ■■'.- V ..; ,',/p: '■■':>'' sont lunteznent *i- dans l'acide ehlor- liydriquc. Nous ne nous chargeons point d'expliquer comment il se l'ait que la combusti- bilité du diamant offre une régula- rité si merveil- leuse. Mais il nous parait que cette sorte de décompo- sition anatomi- tjue est de nature à mettre sur la trace de la con- stitution intime de la gemme, dont la production naturelle est en- core un des plus profonds mystères de la nature. Nous livrons lu fait brut tel qu'il a été donné par M. Mat'runs et tel que G. liosc, de Uerlin, l'a, par conséquent, laissé aux méditations des chercheurs. CHRONIQUE l'eche de marsouins dans le gulfc «lu Mar- seille. — Les entes de la Méditerranée voisines de Mar- seille ont été visitées, le mois dernier, pur une prodigieuse quantité de marsouins qui y ont fait leur apparition à la suite d'un violent mistral. Les pécheurs marseillais ont pu, en manœuvrant habilement leurs barques, rahaltrelus ani- maux marins sur le rivage, cn'i l'un un a fait un véritable massacre. De nombreux spectateurs se jetaient sur ces in- nocentes proies, qui faisaient retentir l'air de gémissements et de cris effroyables. Les marsouins sont les ennemis des pécheurs, parce qu'ils détruisent les poissons qui fréquen- tent les cotes, qu'ils les dévorent aves avidité, en faisant ainsi une funeste concurrence à cet autre mangeur qu'on appelle l'homme. Revue aérostatique. — Ln événement dramatique a mis récemment en émoi la ville de San Francisco, lin uéronnute, M. Gruel-Buisky, en s'élevant de Woodvvards- Gardcn, alla se buter contre un poteau; son ballon se dé- chira, niais il n'en continua pas moins à s'élever. Il passa bientôt au-dessus du Loiig-llridge, ut se mit tout à cuup à descendre avec une rapidité vertigineuse. L'aéronnule, à <10 pieds de hauteur, se jeta dans l'eau, et comme, il est excellent nageur, il en fut quitte pour un plongeon; il revint sur le. rivage du fleuve, aux applaudissements de la ouïe, vivement émue par cet incident palpitant. If' — Nus lecteurs ont sans doute appris la mort de M, Godard père, âgé de 7 I ans : il était le doven des arrimantes fran- çais, et il mérite certainement une page dans l'histoire de l'aérostation. 31. Gmhu'd a conservé en France la tradition des ballons par ses nombreux voyages aériens, à une épo- que où les savants ne. s'o e c u p a i e n t guère de l'art su- blime créé par les Mnolgolfîer. 11 a élevé ses fils dans l'amour de l'aéro- slatiou, et MM. Eu- gène, Jules et Louis Godard, ont suivi l'exemple paternel en popularisant tous les jours, par leurs innombrables as- censions, le goût des voyages atmo- sphériques. — Le ballon captif de Vienne joue de m al heur. Après avoir été éventré par une bourrasque, il a été remplacé par un nouvel aéro- stat, qui n'a même pas pu être gonflé. Le gaz a littérale- ment iiltré à travers son étoffe, et l'aéronaule, pendant le gonflement, s'est trouvé dans la situation critique des Uauaides. Mais, contrairement aux cinquante fîtles de llauaiîs, c'est lui-même qui a fabriqué tout seul son tonneau sans fond. Les animaux utiles. — Plusieurs instituteurs du département de Seine-et-Marne viennent de faire afficher dans leurs écoles une liste des animaux, des oiseaux et des insectes utiles il l'agriculture. Parmi les bestioles recommandées, figurent : la couleuvre et l'orvet, qui dé- truisent les limaces, les chenilles et lus sauterelles ; la taupe, qui se nourrit de vers blancs et de cuuitilières ; la fauvette ut le griiupcreau, qui tuent les guêpes et mangent les cloportes; les mésanges, qui dévorent par milliers des moucherons, des cousins et des insectes nuisibles; les chouettes , les étourneaux , les hirondelles , les marti- nets, etc., etc., qui font une guerre acharnée aux ennemis du laboureur. {Journal officiel.) La traversée de l'Atlantique en lialloli. — Cette expédition, préparée avec tant de bruit, annoncée au son des trompettes de la réclame, a échoué de la façon la plus piteuse, Le gonflement du ballon de MM. Wise et Donald- son s'est exécuté par un temps magnifique et calme. Mais à peine l'aérostat fut-il plein qu'il se déchira sous la seule action de la pression du gaz. — Son étoffe n'avait au- cune consistance et le reste du matériel était digne de l'enveloppe ridiculement mince pour un aérostat de propor- tion gigantesque. — Avant l'accident, M. Wise avait dé- claré que le matériel était insuffisant et qu'il se retirait, ne voulant pas risquer sa vie dans un appareil grossier et mal construit ; SI. Donaldsou continua le gonflement jus- qu'au moment où la déchirure s'ouvrit dans les flancs de l'aérostat, que l'un vit subitement s'affaisser connue une 302 LA nature:. loque do mauvais chiffons. N'avions-nous pas raison de nous tenir sur la réserve en parlant de ce ballon, qui, aussi gros qu'uni: montagne, n'a même pas accouché d'une souris? Le» membres correspondants* de l'Associa- tion britannique. — fions donnerons prochainement des délai' s sur la session de l'Assiocation britannique; niais noua mettons dés à présent sous les yeux do nos lecteurs la liste des membres correspondants que le comité géné- ral de l'association scientifique anglaise vient de nommer, et parmi lesquels on remarquera le nom d'un de nos colla, borateurs. \oiei quelques unsdes savants choisis par Je co- mité : Mil. TiVurt/, Bergcnm (île Lausanne), le professeur Delvague (de Liège), E, Ooullebois, W r . de Fonvieille, Paul Cervais, Survev (de "Washington), von Riehtei (de Péfcrsbourg), etc. la pèclie mi», liai-eiis",. — Elle donne cette année des résultais magnifiques sur nus rivages. A lioulogne-sur- Mer, quarante-quatre linteaux pécheurs ont débarqué an port plus de sept cents leasts de harengs, soit environ 7 millions île poisson-:. La pèche aux maquereaux n'est p,is moins miraculeuse. Douze ou quinze embarcations rem- plissent constamment leurs iilols, et cliaipio jour elles rn^i- portcut à terre une innombrable quantité de poissons. les récompenses à 1 Exposition de Vienne. — Pour les 70,000 objets environ qui iigiirenl à Disposition universelle, il n'a pas été distribué moins de 20,002 ré- compenses, car tel est le chiffre, des diplômes d'honneur, des médailles de progrès et de mérite, des' diplômes de mérite, des médailles de bon goût, d'aï t et de coopération qui ont été décernées. Ces 20,002 récompenses se dé- composent comme suit: 42 1 diplômes d'honneur, 5,024 médailles de progrès, 10,40') diplômes de mérite, S,&00 médailles île mérite, 8,52(1 médailles de bon goût, 078 médailles d'art, 1 ,008 médailles de coopération. Voici le nombre total dus récompenses reçues par chaque pays re- présenté à l'Exposition : Belgique 012, Biésil ï\Y'l, (iliine 128, Danemark 300, Allemagne, 5,060, Egypte 75, Angle- terre et Colonies 1,100, France 5,142, Grèce 18"), Italie 1,008, Japon 217, Madagascar, etc. 10, Maroc, 'J'unis, Tripoli 20, Mexique. 1, Monaco 0, Pays-Bas 284, Étals- Unis d'Amérique du lA'ord 411, Autriche (sans la Hongrie) 5,001, Perse 20. Portugal i-il, Roumanie 258, Russie 1,018. îles Sandwich 8, Suède et Norwégo 4">i, Puisse 722, Siain 1, Espagne 1,157, républiques de l'Amérique centrale et méridionale 44, Turquie -470, 'i'ni'kestau 1, Hongrie 1 ,004. {Correspondance Havas.) «-<><. LE ROYAUME D' AT Cil IN Le royaume d'Atchui, ou plutôt d'Aehecn, sur lequel une expédition malheureuse des Hollandais vieni d'attirer l'attention de l'Europe, est situé au nord-ouest de l'ile de Sumatra. Sa ville capitale oc- cupe, à deux ou trois milles de la mer, le fond d'une vallée que foraient deux rangs de collines eu am- phithéâtre. La rivière qui la traverse n'est pas large, mats elle se divise en un grand nombre de canaux et se jette à la mer au milieu d'un delta marécageux. « Imaginez-vous, dit un missionnaire français qui explorait le pays à la fin du siècle dernier, imaginez- vous une forêt do cocotiers, do bambous, d'ananas, de bananiers, au milieu de laquelle passe une assez belle rivière couverte de bateaux, mettez dans cette forêt un nombre incroyable de maisons faites de can- nes, do roseaux, d ecorces, et disposez-les de telle manière qu'elles forment tantôt des rues et tantôt des quartiers séparés (Kamponyx) ; coupez ces divers quartiers do prairies et de massifs d'arbres fruitiers, el vous vous ferez une idée d'Acbeeu. » Les choses ont peu changé depuis celte époque, l'aspect du pays el de la villa est toujours le même, quelques con- structions nouvelles se sont, élevées, mais elles sont toujours de même sorte, et les seuls monumeuls eu pierre que la ville possède sont le palais du sultan, ainsi qu'une citadelle, fondée eu 15'2! par le sultan Allah Oeddin, qui défend le cours de la rivière avec le concours de quelques bastions, fortins ou kratons armés à l'européenne. l.e royaume d'Acheen,qni, selon Barros, était une dépendance de l'Etat de Pedir, au moment où les Portugais débarquèrent à Sumatra, el qui devrait, au contraire, si l'on s'en rapporte au témoignage de certaines chroniques malaises, remonter connue Etat indépendant jusqu'au treizième siècle, a subi des fortunes diverses et s'est agrandi aux dépens de ses voisins les radjahs de Du va, de Laudiri, de Pedir, de Samoudra, de Perlak-Posei et d'Aiou. Mais il semble que la souveraineté du sultan sur ces pays soit plu- tôt nominale, qu'effective et certains d'entre eux pour- raient bien profiter des circonstances actuelles pour secouer le joug et se déclarer indépendants. La pulatiou, estimée à plus don million d'habitants, parle le haut malais sur la côte et l'alchiiiais dans l'intérieur du pavs. Séparés au sud par une chaîne de montagnes des tribus Buttas, qui sont considérées comme aborigènes, les Atchinois n'eu diffèrent pas d'une manière sensible; ds sont cependant plus grands, plus Vigoureux, plus foncés de peau, plus actifs et plus industrieux que leurs voisins. Ils pos- sèdent plus d'intelligence el de sens commercial, et les industries qui sont en honneur dans les autres parties de l'île ont atteint chez eux la perfection. Ils luisaient autrefois avec les naturels d'une partie delà côte de l'Indoustan, appelée Taliuga, un grand com- merce d'étoffes t'qiaisscs de coton el de soie, et rece- vaient en échange de l'opium et du fer. LerIz,lepoivre et le bétel senties principales productions du pays qui s'exportent en quantités considérables, ainsi que le bois de sapan, la gutta-perelia, les rotins, le benjoin, le camphre, le soufre, tiré d'un volcan du voisinage, l'ivoire qui provient d'une espèce d'éléphants sem- blable à celle dedleylan et la poudre d'or. Certains de ces articles ont vu tour à tour leur production ou la consommation diminuer ; tels sont le camphre et la poudre d'or qui est ramassée dans les montagnes voisines d'Acbeeu, mais dont la plus grande partie provient des ports méridionaux de Malaboo et de Soosoo. Si l'on ne connaît de nos jours que d'une façon approximative l'importance des transactions auxquelles donne lieu cette dernière production, ou comprend qu'il est iuipusiblc île la déterminer LA NATURE. r »0â dans les siècles passés. On sait cependant qu'au dix- septième siècle, une quantité d'étrangers, Portugais, Hollandais, Danois, Anglaisou Chinois, se réunissaient chaque année à une foire tenue aux portes d'Aeheeu; c'était, pendant deux mois, le marché d'or le plus comidcrable de l'Orient. Depuis cette époque, les renseignements recueillis par les voyageurs sont assez incomplets et souvent contradictoires ; ainsi Crawibnl, en 1820, estimait l'exportation de l'or à 10,450 on- ces, tandis que six ans plus tard Audersotl l'évaluait an 2, 000 onces. Marsden, qui a publié à Londres à latin du siècle dernier une Histoire de Sumatra, nous donne une assez triste idée des mœurs et des habitudes des At- ebinois. Suivant l'importance du délit, dit-il, le Mil est chez eux puni de la porte d'un doigt ou du poing; si le vola été commis sur un grand chemin, le coupable est noyé et sou corps est exposé pendant quelques jours ; s'il a été pratiqué aux dépens d'un prêtre (lesALchinois sont musulmans et fanatiques), le sacrilège est brûlé vif. Tout homme convaincu d'a- dultère est livré à la vindicte des amis du mari ou- tragé, qui se rendent dans une grande plaine, forment un cercle et placent le coupable au milieu. Une sorte de sabre, appelé gadoo-bong, lui est remis et s'il peut rompre le cercle de ceux qui l'entourent et s'enfuir, il échappe à toute poursuite ultérieure; hâtons-nous d'ajouter que le plus souvent c'est le contraire qui arrive et que le malheureux est mis en pièces sans pouvoir se défendre. On aurait tort du conclure de cette excessive sévérité des lois répres- sives, de la barbarie de cette législation draconienne, ajoute le voyageur, que les Atchinois soient un peu- ple moral et vertueux 11 n'eu est pas, au contraire, de plus vicieux, de plus rapacc et de plus sangui- naire. Les Hollandais ont eu souvent maille à partir avec eux, et la dernière expédition n'avait été entre- prise que pour mettre fin aux attaques incessantes d'une multitude de pirates et d'écumeurs de mer, qui 1 * trouvaient, dans le royaume d'Acbeen, un refuge assuré. L'expédition hollandaise du 2'2 mars dernier n'eut pas de grand résultat, mais une nouvelle campagne vient d'être organisée, et il y a lieu d'espérer qu'un des repaires importants des pirates malais sera détruit. ACADÉMIE" DES SCIENCES Séance du 29 septembre 1873. — Présidence 'de M. Ui:r.ii:iM>. Le pouls redoublé. — Le pouls redoublé, que présen- tent cei tains malades, n'est que l'exagération de l'état physiologique récemment découvert, comme nous l'axons dit, par il. Bnuilïaud, et en vertu duquel le pouls doit être comparé à un instrument d'hydraulique à quatre temps. Laissant de côté, au moins pour le moment, l'explication de cette faculté nouvelle îles artères de posséder un vrai mouvement de systole, l'auteur étudie aujourd'hui les principaux traits des phénomènes qu'il signale. Il montre surtout comment ce phénomène jette du jour sur la varia- tion que présente la circulation chez les divers sujets où on peut l'étudier. Ces variations, connues depuis longtemps se rapportent à la vitesse, à la force et au rhythme. — Ou sait qae la vitesse des pulsations est extrêmement dif- férente chez les diverses personnes; mais il y a lieu de remarquer combien ces différences doivent être prises eu considération dans le diagnostic des maladies. Pur exemple, ou peut trouver des malades atteints de fièvre Uphiude et n'offrant cependant que 72 pulsations, c'esl-i- dire la vitesse uormide moyenne. Or on reconnaît qu'à l'état physiologique, ces sujets ne représentent que 40 pulsations, parfois beaucoup moins, comme ce meunier, cité par.il. floiiillaud, et dont le pouls ne battait que 3'2 fois par minute. — Ces mêmes variations se retrouvent par la force des pulsations, et la cause eu est la même que précédeujineiit, c'est-à-dire qu'elle tient à 1 hypertrophie des artères. — Enfin, le rhylliiuo offre des modifications qu'on ne peut expliquer sans supposer certaines lésions du système nerveux, il. Bouillaud va même plus loin et admet l'existence d'un centre nerveux spécial affecté à la coordination des mouvements circulatoires. Aelhu de la chaleur sur le virus charbonneux. — Puur arriver, d'une manière rationnelle, à un traitement propre ii la guérisuii de la pustule maligne, M. Davaine étudie d'abord l'influence île divers agents sur le virus charbon- neux. Il commence par la chaleur et, comme réactif, il emploie un lapin dans les veines duquel il injecte du sang infecté et préalablement additionné d'eau. Après avoir constaté l'action toxique d'une pareille injection, l'auteur soumet le. liquide virulent à une température progressive- ment croissante. A 52 degrés, les propriétés actives du la substance sont absolument anéanties et l'injection peut se faire, sans danger. Ce résultat est d'autant plus intéressant qu'il ne se répète | as à l'égard de certains autres virus analogues. Ainsi le virus septicémiquo peut être soumis à une érudition prolongée sans perdre quoi que ce soit de sou activité. Quoiqu'il en soit, et pour en revenir au char- bon, on voit que la cautérisation peut être remplacée par réchauffement à un degré tout à fait supportable. Ainsi II. Davaine, ayant inoculé le virus dans l'oreille d'un lapin, a pu le détruire en soumettant cette oreille, dans 1 eau, ù. une température de è2 degrés ; mais pour que le succès se produise, Il faut que la circulation soit arrêtée dans la partie cm traitement, car elle s'opposerait à un échauffe- ment suffisant, et dans ce cas on s'expose à voir périr la région privée du liquide nourricier. Peut-être lus observa- tions de M. Davaine conduiront-elles à certaines prescrip- tions (huis les cas de rage. Le ijoîlre et le sulfate de chaux. — lin régiment arrivant à Saint-Etienne,' 2oÛ hommes sont subitement pris de goitre. Le docteur Bergeret, témoin du fait, l'étudié et arrive à des conséquences extrêmement dignes d'intérêt si elles sont légitimes. Il faut dire que ce praticien a anté- rieurement étudié le goitre dans sa patrie d'élection, c'est- à-dire en Valais ; et il a cru reconnaître que cette, cruelle maladie est due à la présence du sulfate de. chaux dans les eaux. A Lyon, les eaux sont très-séléniteuses. A Saxon, il y avait beaucoup de goitre tant qu'on puisait l'eau au- dessous d'une certaine couche de gypse; depuis qu'on la prend au-dessus la mala lie a disparu. — Ceci étant con- staté, revenons à Saiiit-Elienue : ici pas de plâtre dans l'euu, celle-ci est si pure qu'on peut la comparer à de l'eau distillée. Mais M. Bergeret n'en trouve pas moins la con- firmation de sou svstème ; suivant lui, en effet, l'urine des soldats malades renferme une quantité inusitée de sul- fate, solublc et la proportion d'acidu sulfurique suit très- exactement la marche de la matière, croissant et diminuant 504 LA NATURE. avec elle. Que conclura de là? D'après l'auteur, que, sous l'influence de k fatigue, les militaires ont fabriqué du sulfate de chaux aint dépens du soufre contenu dans les tissus de leur corps et que, cela fait, ils subissent l'action malfaisante de ce plâtre qu'ils ont fabriqué à si grand' peine , comme ils subiraient celle de gypse apporté par de l'eau. - Corinne ou voit, cela est très-joli. Mais M. Larrey déclare avoir maintes lois assisté à ces épidémies de goitre dans l'année, et cela, non pas sous l'iritluence de certaines eaux, mais tout simplement sous l'action mécanique d'un col d'uniforme très-dur qui détermine l'inflammation du corps ttlvroïde. Le général Marin raconte, à sou tour, un cas dont il a été à la fuis j acteur et spectateur et qui confirme pleinement cette con- clusion; de façon que l'épidémie stérihanaise, malgré les savantes théories de M. liergerel lui-niènie, ne parait pas concerner le goitre, proprement dit, mais une affection beaucoup moins grave, que l'on guérit en dcs.seirant sa cravate et que l'un peut désigner sous le nom de llivroï- dite. St.i.vislas Meumeh. L'KXPLOITATION DE LA TOl'IUlU EN ECOSSE, l'Ol'lt liEMl't.ACLU LE tllAliBOS. Les grèves qui ont dernièrement jeté la perturba- tion dans les mines de charbon de toute l'Angleterre viennent d'avoir pour résultat direct une recherche plus active de la tourbe, combustible abondant sur le sol écossais, Le prix. du charbon est doublé depuis un au et l'industrie souffre de la rareté de ce pain quotidien. La tourbe des marais : peut, a été dédaignée jusqu'ici, à cause de sa consistance insuf- fisante et de. sou caractère pulvérulent. Celle que l'on extrait en France, dans la vallée de la Somme, est filamenteuse ; elle s'extrait facilement eu mottes qui, séchées à l'air libre, sont transformées en bri- quettes compactes, consommées en partie clans le pays pour différents usages, en partie il Pans pour le chauffage du bitume des trottoirs. La nature de la tourbe d'Kcosse ne permet pas un mode d'exploitation aussi simple ; il faut avoir re- cours à des procédés mécaniques pour transformer cette terre spongieuse on une briquette solide et résistante, d'abord afin de faciliter la manutention préalable et le séchage, et ensuite, dans le but de laisser une libre circulation d'air dans la masse incandescente du foyer. Depuis à peine un an que l'industrie écossaise s'occupe de résoudre ce pro- blème, plusieurs machines ont été inventées. Elles préparent la tourbe, comme les déchets de charbon de terre, qui étaient restés inutilisables avant qu'on les transformât en briquettes. Le système Eicborn, déjà appliqué avec succès en Allemagne et en Suède, où il y a aussi beaucoup de tourbières inexploitées, est celui qui semble être le point de départ de la réforme future de cette industrie. Avec ces machines on obtient des briquettes de différentes formes du poids de i 00 à 500 grammes. On commence par malaxer la tourbe humide comme une pâte molle, jusqu'à ce que ses divers éléments soient bien amalgamés ensemble. L'appa" reil consiste en une hélice tournant dans un cylindre avec une vitesse qui est eu rapport avec la résistance de la matière et la densité que l'on veut donner au combustible; ainsi réduit à l'état de pulpe, il passe, par l'extrémité inférieure du cylindre, dans une ouverture de a ',12 de diamètre. Le cordon que 1 ou obtient ainsi est ensuite recoupé comme la terre dans les machines à fabriquer les briques. On obtient ainsi des cylindres, que l'on fait passer dans un tambour agitateur dont l'axe subit, une déviation constante ; ceci a pour but de leur donner une forme sphérique bien préférable dans la combustion, parue que l'air passe à travers tous les interstices laissés libres entre les petites boules. La tourbe est ensuite placée sur des planchers mobiles dessiccateurs formés de lattes juxtaposées ; ou les dispose sur des voitures spéciales destinées au transport jusqu'à l'endroit où ils doivent être exposés à l'air. En été, il faut seulement trois ou quatre jours de dessic- cation. La tourbe préparée par ce procédé ressemble en apparence au charbon de terre et brille avec une Humilie brillante; le degré de chaleur que Fou obtient, est à peu près le même ; la seule différence consiste dans un peu pins de lenteur pour l'allu- ma ge . On admet que l'appareil d'Eicborn est celui qui réunit les conditions les plus avantageuses pour la labricatiou des briquettes. Leur forme globulaire est un grand progrès par rapport à la combustion. Comme la machine se prête à toute compression et à tout modèle des briquettes, il est facile de l'appro- prier à telle nature de tourbe, que l'on exploitera; par conséquent, ou n'est pas réduit, comme, dans le travail à l'emporte-pièee, à choisir uniquement les couches les plus avantageuses ; en les amalga- mant, un aura nu combustible de bonne qualité. 11 est également facile de régler le degré de com- pression, suivant la nature de la matière travaillée. On s'occupe activement en Ecosse de passer de la théorie à la pratique ; une compagnie vient de se former à cette intention. Les matériaux ne lui manqueront pas, car tous les fonds des vallées en contiennent des amas abondants. H y a eu récem- ment à Inverness mi meeting où la question a été discutée; une machine a été mise en construc- tion pour faire des essais dans les environs de Nairn. Deux foyers d'expérimentation avaient été allumés; l'un à la tourbe, l'autre au charbon, avec quantité égale de combustible. La chaleur développée par la tourbe fut aussi intense que celle du charbon de terre. Les gaz du charbon donnèrent une flamme brillante, tandis que, d'autre part, il n'y eût qu'une incandescence uniforme, mais le degré du calorique développé fut équivalent, sinon supérieur. J. GlIlARD. luvcniess, août 1873. Le PropriitaÏTc-Gêranl : G. Tissanmer. PAII14. — 1ÏP. S1H0K UAÏOS KT COUP., IIL'E D'tKFCfira, 1. IV 20. — 18 OCTOBRE 187: LA NATURE. ~.0.j LE MÉGAïHÉRICM OU MU S Kl" M ll'iriSTOIHE WATUKKM.K. 11 manquait aux incomparables richesses fossiles du Muséum d'histoire naturelle le squelette complet du Mégathénum, de cet étrange représentant des êtres gigantesques qui peuplaient autrefois la surface de notre globe, Dans tous les musées du monde civi- lisé ou ne comptait que quatre squelettes de ce mam- mifère, souvent désigné sous le nom d'animal du Paraguay. L'un d'eux existe à Madrid, le second à Londres, le troisième à Ducnos-Ayrcs, et le quatrième enfin, très-incomplet, est conservé à l'Ecole normale de l'avis. Les galeries d'anatomie comparée, du Jardin des Plantes viennent de s' enrichir d'un magnifique sque- lette de Mégathérium; il y a plusieurs années déjà que. les os du colosse fossile ont été envoyés au Muséum, mais il a fallu les débarrasser complètement du limon durci des pampas qui les couvrait d'une enveloppe épaisse, les classer, les réunir et souder leurs débris, pour ressusciter enfin le squelette pri- mitif. Cette tâche laborieuse et savante est terminée depuis quelques jours. Désormais le nombre des squelettes de Mégathérium, reconstitués, s'élève à cinq, mais le nouvel échantillon du Muséum est le plus remarquable dis tous, par sou intégrité et par l'admirable état de la conservation des pièces qui le composent. 11 est digue de la collection qui brille de ^fàtolfL Crème du ïlO-ijiilliûviiiin du Jardin di'.s T'IaiUts (d'après mie pliologruidiic de M. Mollcni], (1/10 de grandeur naturelle ) l'éclat qu'y ont jeté les Cuvier, les Geoffroy Saint- llilairc et leurs illustres successeurs. Le. Mégathérium n'a jamais été, en France, l'ob- jet d'une publication détaillée, et les traités de paléontologie de notre pays ne donnent à son égard que des renseignements incomplets et souvent trop sommaires. Les détails que nous publions sur ce curieux animal sont tout à fait nouveaux chez nous : nous espérons qu'ils seront lus avec autant d'intérêt par les géologues et les paléontologistes que par la majorité de nos lecteurs. Les restes du Mégatbénuin se rencontrent assez fréquemment aujourd'hui dans l'Amérique du Sud, dans les pampas de la Confédération argentine, au Paraguay, et principalement sur les larges rives du cours d'eau de ce nom, ainsi que sur celles du llio de la Plata. Le nouveau squelette du Muséum mesure , r j'",25 de h oiigueur, auteur et 2 m ,22 de lar- geur. Nous devons ajouter que ce remarquable squelette, quoique prodigieuses que soient ses dimensions, n'appartient pas cependant à un sujet de la plus grande taille. Il est inutile de dire qu'il excède de beaucoup la grandeur des plus énor- mes éléphants modernes, et qu'il justifie parfaite- ment l'étymologie de son nom, qui veut dire grand animal. Les seuls animaux actuels qui, sous le rapport de leur conformation générale et de leur physionomie, aient une ressemblance manîfe.-te avec le Mégathé- rium, sont l'aï et l'imau. Quoique ces genres d'am- maus, également de l'Amérique méridionale, ne dépassent pas la taille d'un chat, on doit les consi- dérer en quelque sorte comme les représentants du Mégathérium à notre époque. L'animal du Paraguay n'était pas autrefois le SUll géant de l'ordre des édentés, auquel il appartient : les mylodons, les scélidothériums, les mégalouyx, vivaient jadis dans les mêmes régions que le Méga- thérium, et, comme lui, ils ne sont plus représentes que par de ebétifs animaux. La structure du squelette du Mégathérium offre 20 500 LA NATURE. un grand intérêt ; nous allons examiner rapidement ses caractères principaux. On remarque d'abord que cet animal fossile avait la tète relativement pelilc, avec des apophyses jugales très-développées, la fosse orbitaire peu étendue indiquant un œil petit. Le bout du museau, un peu proéminent en avant, donne lieu de croire à un rudiment de trompe analogue à celle du tapir ou à celle qui est attribuée au l'aléothéiium, espèce également fossile. ),e cou est très- long et comptese.pt vertèbres ; lo thorax, très-ample, com- prend 1 G paires de côtes; les cartilages costaux, extrê- mement robustes, sont entièrement ossifiés, comme cela s'observe chez tous les édenlés. Le sternum est composé; de huit vertèbres à facéties articulées, multiples, très-nettes et fortement accusées pour permettre, entre elles et avec les cartilages costaux correspondants, un jeu très- facile et bien remarquable. La région lombaire est formée- de trois vertèbres qui s'enchevêtrent entre elles par le dédoublement de- leurs apophyses articulaires, comme cela se remarque encore chez la plupart des édentés. Le sacrum, comme chez tous ces animaux, excepté l'Oryet.érurn, est soudé et synostosé avec les os iliaques. La queue, composée de 18 vertèbres extrêmement fortes, est pourvue d'os en Y d'une dimension extraordinaire. L'omoplate, très-étendue, présente cette particula- rité, non spéciale au Mégathérium, mais qui n'existe que dans quelques genres de ses congénères, d'avoir ! acromiou et l'apophyse coracoïde soudés ensemble, et formant une vaste arcade. Les clavicules sont très- fortes et amplement articulées avec le sternum et l'omoplate. L'humérus droit a sa face articulaire supérieure dirigée directement dans l'axe de l'os. Son extrémité, inférieure est très-élargie transversalement et montre une fosse olécramennc presque nulle. Le cubitus, pourvu d'uu olécranc très-robuste, ne des- cend pas jusqu'au carpe, et, par conséquent, ne s'arti- cula pas avec lui. Le radius forme à son extrémité supérieure une cupule très-prononcée ; en bas il est très-large, avec des gouttières tendineuses et une apophyse styloïde très-accusées. Le carpe comprend 8 os et les doigts de devant, dont les divers rayons ont un jeu articulaire extrême- ment restreint, sont au nombre de quatre. L'externe ou petit doigt est atrophié et converti en moignon. Les trois autres sont terminés par des phalanges onguéa- les énormes, munies de gaines très-vastes et profon- des et qui devaient porter des ongles extrêmement ; grands. L'examen d ensemble du pied de devant du Mégathérium fait voir que cet animal était littérale- ment pied-bot, qu'il ne prenait appui que sur l'ex- trémité du petit doigt, et sur le côté externe de la phalange- ouguéale du doigt voisin, et que, dans cette disposition, les griffes énormes qui armaient ses doigts complets se trouvaient garanties contre l'usure par l'effet de la marche. Passant à la description des membres postérieurs, nous remarquerons que le bassm présente un évase- riient extraordinaire, dans sa partie iliaque, et qu'il est extrêmement étendu en largeur et en hauteur. La svmphise pubienne, étroite d'avant en arrière est entièrement soudée ; le fémur, extraordinairement massif, est très-court et presque quadrilatère ; la ro- tule, proportionnellement petite, se place tout à fait sur le côté externe, de la trochlée fémorale, qui elle- même est très-peu indiquée. Le tibia et le péroné, entièrement soudés dans leur point de contact ordi- naire, ne forment qu'un seul os, très-court et très- volumineux, dans lequel l'existence des deux pièces qui le composent n'est marquée que par un vaste espace intero>seux. Le pied de derrière, encore plus dégradé et plus difforme que l'antérieur, montre que le calcanéutn, l'os le plus important à considérer dans le pied du Mégathérium, est très-volumineux et pro- longé en arrière par une très-longue apoplivse qui appuie sur le sol par une large surface. On peut dire, qu'ainsi présenté, le membre postérieur du .Méga- thérium paraît bien plutôtrempliiTofliced'un énorme pilier que celui d'un appareil ambulatoire. L'examen d'ensemble du Mégathérium montre, par le développement et la saillie de ses apophyses et par l'aspect rugueux et comme réticulé que l'on re- marque à ht surface de ses os, que cet animal devait jouir d'une très-grande puissance musculaire. Mais il n'est pas moins évident que ce colosse anéanti, porte sur ses membres difformes, disproportionnés, et convertis en arrière en énormes piliers, ne pouvait avoir aucune agilité et que, n'étant nullement apte à faire beaucoup de chemin, il était sans doute destiné à trouver sans beaucoup se déplacer l'énorme quan- tité d'aliments qu'il absorbait pour son entretien. Lue particularité assez singulière que révèle la con- stitution du squelette de ce gigantesque animal et qui peut, d'abord paraître étrange, c'est qu'il devait avoir la commode faculté de s'accroupir sur son train postérieur à peu près comme un kaiiguroo. La raison de cette hypothèse, qui d'ailleurs ne paraît faire doute pour personne, est déduite chez le Mégathé- rium de la concentration évidente de la masse du côté du train postérieur, de la gracilité relative des membres antérieurs comparée au développement exagéré des postérieurs, de l'énorme ampleur du bassin, de la longueur de l'apophyse postérieure du ealcaiiéuni et de la puissance considérable de la queue, dispositions qui se trouvent plus ou moins réalisées chez les animaux qui peuvent se tenir de- bout. La description du système dentaire du Mégathé- rium, qu'à dessein nous n'avons pas traitée avec le squelette, mérite d'être étudiée avec quelques détails. Les dents du Mégathérium, au nombre de cinq à la mâchoire supérieure et de quatre à la mâchoire infé- rieure, toutes de la sorte des molaires, présentent entre elles une uniformité de structure toute parti- culière ; elles sont dépourvues d'émail, presque exactement droites, et eu même temps d'une seule venue, c'est-à-dire sans aucune trace de distinction entre la couronne et la racine. Leur surface tritu- rante se compose de collines saillantes trausverscs, alternant avec des sillons de même forme et de même LA NATURE. 307 direction, disposées les unes et les autres de manière à donner lieu dans le rapprochement des mâchoires à un engrèiiement d'uni; extrême précision avec les inférieures et les supérieures. Leur extrémité radi- eulaire montre une vaste cavité qui annonce l'exis- tence d'une pulpe dentaire persistante et, comme conséquence physiologique de cette circonstance, la poussée continue de ces organes ou l'équilibration parfaite entre leur usure et leur accroissement. D'après ces dispositions de l'appareil dentaire du Mégathérium, l'action de couper et de mordre sont si évidentes, qu'on n'hésite pas à admettre que le régime de cet animal était exclusivement, de nature végétale. Nous crevons devoir ajouter ici que les édenfés, dont le nom générique semble voulo r dire animaux entièrement privés de dents, ne sont réellement qu'en petit nombre dans ce cas. Ceux qui sont dentés n'ont, jamais plus de deux soi tes de dents, molaires ou canines, mais point d încinves. (les organes montrent entre eux une giande unifor- mité, de structure. L'époque géologique pendant laquelle vivait le Mégathérium est la formation post-pliocène, la partie la [dus superficielle du terrain tertiaire supé- rieur. C'est, en effet, dans les pampas de l'Amérique du Sud qui se rattachent à cette période et dans les localités que nous avons déjà indiquées, que. M. Sé- guin, chercheur zélé et infatigable, qui a passé plus de dix années à la recherche des ossements fossiles dans ces contrées, a découvert, le squelette du Méga- [ thorium «pie le Muséum possède actuellement. La I formation post-pliocène, comme ou le sait, a dit'oe- ! tetucut précédé la période actuelle; elle est relati- j veulent peu ancienne dans les âges de la terre; aussi u'a-t-on pas été surpris, dans l'état actuel de la science paléoutologhpic, de voir produire l'affirma- tion qui! le Mégathérium, comme tant d'autres es- pèces anéanties, avait été contemporain de l'homme primitif. M. Séguin a recueilli dans quelques-unes des fouilles qui se sont opérées sous ses jeux des os- sements humains enfouis simultanément, selon lui, avec les restes du Mégathérium. Quelle a été la cause de l'extinction du gigan- tesque mammifère dont nous nous occupons, et, des autres grands édenlés qui vivaient à sou époque? Il v a tout lieu do croire qu'une immense inondation avant subitement noyé tous ces êtres, ils auront été presque immédiatement ensevelis dans des torrents de limon, au milieu desquels leurs squelettes gisent depuis un nombre incalculable de siècles. Cette hy- pothèse paraît confirmée par l'observation des géo- logues et des paléontologistes, qui ont remarqué que les ossements du Mégathérium et. de ses congénères ne se trouvent que bien rarement, épars dans le sol ; habituellement l'individu est découvert tout entier et comme inhumé à la place où il est retrouvé. En terminant, nous croyons qu'il n'est pas sans utilité d'exprimer certains regrets au sujet de l'ad- mirable squelette du Muséum. Croira-t-on qu'une pièce d'un si haut intérêt scientifique ne peut pas actuellement être, placée sous les yeux du public? Les galeries du Jardin des Plantes sont littéralement pleines, et, faute d'emplacement, il faut loger un des plus beaux échantillons de la paléontologie mo- derne dans un hangar où sa conservation paraît mal assurée. LES PLUS GBAMJS TÉLESCOPES DU .110 n m-:. (Suif t. — Vtiy. p. ^77- ) 11. loin) UOSSL Ei\ llU.A.NDi:, LAsslil, A I.'lI.E UB .MAI.Ïi:. Après avoir assisté à la construction du grand té- lescope récemment installé à Melbourne, il est inté- ressant pour nous de compléter notre appréciation sur la valeur de cet instrument d'optique et île le comparer aux plus grands appareils analogues qui aient été construits jusqu'à ce jour. C'est ici le lieu de rappeler à nos lecteurs la diffé- rence qui existe entre les télescopes et les lunettes. Tout le monde connaît celles-ci. On sait qu'elles se composent essentiellement d'une lentille de verre, nommée objectif, montée à l'extrémité d'un tube, à l'autre extrémité duquel il y a une autre lentille, plus petite, nommée oculaire. Ce sont là les parties essentielles de toute lunette. L'oculaire se compose, dans les grandes lunettes, non d'une seule lentille mais de plusieurs combinées pour produire le plus grand effet optique ; c'est un petit tube de cuivre, qui se visse à l'extrémité intérieure du tube de la lu- nette, et s'enlève à volonté pour fane place à un au- tre, attendu que la lunette est. susceptible de rece- voir plusieurs oculaires différents, dont les grossisse- ments sont variés. Cette pièce porte le nom d'oculaire parce qu'elle ert placée pi" jdc l'œil. La grande len- tille porte le nom d'objectif parce qu'elle est placée du côté de l'objet à observer. Le télescope, bien différent de la lunette, se coin- pose non d'une lentille de verre transparente, mais d'un miroir opaque, lequel, bien entendu, ne peut être placé de la même façon qu'un objectif, car alors il ne servirait à rien, niais est installé à l'extrémité inférieure d'un tube. L'oculaire, par conséquent, devant être comme- dans la lunette, au foyer où se forme l'image, ne peut être placé qu'en avant du miroir, à moins que, nomme dans le système de Cas- segram, on ne renvoie l'image vers le grand miroir percé d'une ouverture. Celte ouverture centrale faite au grand miroir n'empêche pas les images de se former eoiuplélemeiit et parfaitement. Le grossissement normal des lunettes est de 2 fois par millimètre du diamètre du miroir ou de l'ob- jectif. Ainsi une lunette de [11 , 1 1 de diamètre, instrument d'étude ordinaire des astronomes, peut supporter un grossissement normal de 230 lois. C'est-à-dire que l'objet observé est grossi 2ii0 fois en diamètre ou 48,400 fois en surface. C'est comme s'il 508 LA NATURE. «Hait rapproché de 220 fois. Ce grossissement n'est pas le plus lort que l'on puisse donner, et j'ai souvent appliqué avec succès, dans des conditions exception- nelles de transparence atmosphérique- ut de tranquil- lité, des grossissements do 2110 et. oOÛ ibis. Mais l'oculaire normal est 220, et parfois même il faut se contenter de 150 ou 100, quand l'atmosphère n'est pas très-pure. Pour les télescopes, ce grossissement proportionnel est un peu moins élevé. D'après cette proportion, le télescope de Melbourne ayant un miroir de l'VJO devrait pouvoir supporter mi grossissement de 2,000 à 2,400 fois. Mais le sys- tème Casse-grain, comme nous l'avons dit, l'ait perdre, beaucoup île lumière. Lu tel oculaire ne donnerait ({lie des nuages trouilles et diflusos. Toutefois le grossissement maximum de 1,000 indiqué me parait trop modeste , et si l'instrument fabriqué par M. Crubb est aussi parfait qu'on ledit, il rue semble qu'on pourrait l'élever utilement an delà de 1,500. Notre, grand télescope Foucault, établi à l'Observa- toire de Marseille, et dont le miroir eu verre ar- genté est de 0"',80, supporte facilement un gros- sissement de 1,000 Ibis, qui peut, dans certaines circonstances exceptionnelles, être porlé à 1,500. Celui de lord Russe, dont le miroir a l' 1 ',8o de dia- mètre, avec une distance focale de 17 mètres, snp- porLe un grossissement normal de 5,000 fois. On a même pu, dans certaines circonstances, l'élever jus- qu'à 4, 000, 5,000 et même 6,000, mais certaine- ment en perdant beaucoup de netteté et sans rien gagner, excepté pour des cas tics-rares. L'instrument de Melbourne n'a pas donné, du reste, les résultats qu'on attendait, après tout le la- page qu'on en a fait surtout. Ce qu'il y a de plus cu- rieux, c'est que, estimé excellent, quand on l'essava en 1808 en Irlande, il paraît inférieur depuis son installation en Australie, qui eut lieu à la fin de 1869. l'eul-ètrc les niii, us ont-ils un peu perdu de leur poli par suite de l'opération singulière qu'on leur a l'ail subir : ils avaient reçu une couche de vernis à la gomme, destinée à proléger leur surface pendant la traversée. Pour les nettoyer, à leur arri- vée, on les a plongés dans l'alcool mélhylique, puis dépouillés dans l'eau. C'était là un traitement un peu rude. L'un des premiers usages auxquels on appliqua ce télescope l'ut de le diriger sur la Lune, ce monde si voisin de nous et si différent, et de faiie la photo- graphie directe de cet astre. M. Kllcry, astronome royal d'Australie, a annoncé, en 1872, à la Société royale de Londres que l'on a obtenu des photogra- phies de la Lune n meilleures qu'aucune de celles dont il avait eu connaissance, dit le journal anglais Nature. Ces images de la Lune ont environ 5 pou- ces de diamètre, taudis que les précédentes épreuves photographiques du même, astre n'avaient que trois quarts ou sept huitièmes de pouces de diamètre, bien qu'on en ait tiré ensuite des agrandissements d'environ 2 pieds. i> Cette allégation n'est pas tout à fait exacte. Aux Etats-Lins, M. Ruthori'urd a obtenu des photogra- phies directes de la Lune de A pouces de diamè- tre, au moyeu d'une limette de 13 pouces anglais (0 l ",ôr>) d'ouverture , achromatisée spécialement pour les rayons chimiques. L'exposition des clichés originaux a varié d'un quart de seconde, dans la pleine Lune, à deux secondes pour le premier ou le dernier quartier. Mais les photographies des Etats- L'uis n'empêchent pas celles d'Australie, et en rele- vant cette inexactitude, je ne voudrais pas paraître déprécier l'instrument de Melbourne , qui reste, sans contredit, un des plus beaux qui existent. Déjà ou l'a appliqué à l'observation des lointaines planètes, L'rauus et Neptune, mais sans rien décou- vrir de nouveau. Les étoiles doubles, les nébuleuses oui fait l'objet d'études spéciales, et l'oua cru recon- naître entre autres dans la nébuleuse llèta d'Argo des changements qui se seraient produits depuis qu'elle a été décrite, eu 1854, par sir John llerschel ; mais ces changements ne sont pas certains, car de f.iibles déformations dans la courbure du miroir peuvent modilier l'aspect d'une nébuleuse. Depuis quatre ans, plus de 00,000 étoiles ont été observées à Melbourne, et le dernier rapport constate que, malgré quelques défauts, le grand télescope rendra d'émi- nents services à l'astronomie. On avait fondé d'im- menses espérances sur cet, instrument, et le docteur Robinson, l"un des promoteurs île cette entreprise scieutilique, s'écriait en le voyant partir de Liverpool pour l'Australie : « Il est impossible de songer, sans être dominé par l'enthousiasme, au trésor des grandes découvertes qui attendent l'astronome for- tuné dont le regard soudera les deux à travers ce puissant, appareil, presque le premier qui soit au monde! » lielles paroles que l'on comprend bien, mais qui tout d'abord ont été singulièrement déçues, attendu que l'astronome de Melbourne auquel il fut confie en 1800 donna sa démission en 1870, par suite de diflieultés administratives. Les hommes ne sont pas parfaits ! D'ailleurs il faut bien avouer ici qu'en général cène sont pas les instruments qui font les découvertes, mais les astronomes. Tel est ce fameux télescope, qui désormais est installé sous le beau ciel d'Australie pour l'étude des univers lointains, 11 est. intéressant pour nous de lui comparer rapidement les plus grands instruments astronomiques qui existent sur celle planète, de voir à quel point eu est actuellement l'optique, et quels progrès nous pouvons espérer l'aire encore pour nous rapprocher des grandeurs célestes. Le plus grand des télescopes construits jusqu'à ce jour est. celui qui a été élevé par le célèbre lord ' Rosse dans le parc de sou château de Parsonstown en Irlande, cl qui lui a fait découvrir les merveilleuses né- buleuses en spirales, ces amas de soleils si éloignés de la terre, que leur lumière emploie des millions d'an- nées pour nous arriver. Le tube de ce télescope véri- tablement colossal a 55 pieds anglais (lu" 1 , 711) de longueur, et pèse 0,004 kilogrammes. Par sa forme, il pourrait être comparé à la cheminée d'un navire à LA NATUnK. :.0!) .vapeur île (importions énormes ; il osl tcrniiin', eu lias, par un reuflemenl carré, espèce, île. boite qui renferme le niirnir, dont le diamètre est de 6 pieds ( 1 "', Sri) , et le poids (ie rî,R(l!) kilogrammes, c'cst-à- dire (irès de quatre ibis le poids de celui dllerschel. Le poids total de l'appareil est de 10,413 kilo- gramme*. Ce magnifique instrument, établi sur uni: espèce de fortification oblongue, d'environ 7,'»] pieds du nord an sud, y est placé entre deux murailles latérales à créneaux, hautes d'une cin- quantaine de pieds, qui ont été construites des deux côlés pour servir de point d'appui au mé- canisme destiné à le mouvoir. A ces murailles laté- rales sont adaptes des escaliers mobiles qui peu- vent être, amenés à l'ouverture du télescope, quelle quo soit la position qu'il prenne. Avec lui, ou pénètre dans les profondeurs du ciel les (dus in- commensurables, au delà de toute distance où l'œil ait jamais pénétré. On s'en est servi pour décrire la l'orme exacte de nébuleuses qui jusque-là n'avaient présenté que confusion. En ouvrant, en 18u."), la session de l'Association britannique, à C.laseow, le te grand Itjli'srnpc Je l.aïscl, dans l'ilc de Malle. due, d'Argyle disait ; « Cet instrument, en agrandis- sant énormément le domaine de l'astronomie, a jeté quelque incertitude sur la généralité, des lois qui ré- gissent les corps célestes et l'ait douter si les nébu- leuses spirales obéissent bien réellement à ces lois. » « Le télescope de lord Rosse, disait Cabinet, ne rendrait pas sans doute visible un éléphant lunaire, mais un troupeau d'animaux analogues aux troupeaux de. buffles de l'Amérique, serait très- visible. Des troupes qui marcheraient eu ordre de bataille y seraient très-perceptibles. Les eoustrue- lions, non-seulement de nos villes mais encore de moiiimieiils égaux aux noires, n'échapperaient pas à notre vue. L'Observatoire de Paris, Notre- Dame et le Louvre, s'y distingueraient facilement, et encore mieux les objets étendus eu longueur, comme les cours de nos rivières, le tracé de nos canaux, de nos remparts, de nos routes, de nos chemins de fer et enfin de nos plantations régu- lières. » Ce gigantesque télescope, conslruit il y a vingt ans, n'a pas encore été dépassé. Il a coûté ,"UO ( uOO francs à son propriétaire. Depuis la mort de lord Puisse, sou fils suit ses nobles traces et consa- cre la meilleure partie de sa -vie à l'étude du ciel. Avant la construction de cet immense appareil, le plus grand et. le [dus fameux avait élé celui d'IIers- cliel, qui avait frappé les imaginations, non en raison des découvertes astronomiques auxquelles il avait donné lieu (ce dont ou ne s'occupait qu'accessoire- ment), niais plutôt à cause, de ses dimensions énur- 310 LA NATURE. mes, qui étaient de 59 pieds 4 pouces anglais (l'i mè- tres) dn longuei r, ut de 4 pieds 10 ponces (l ,u ,47) d'ouverture. De pareilles proportions étaient, cepen- dant bien mesquines auprès de celles que lui attri- buaient les personnes qui ne l'avaient pas vu. Lu matin, le bruit se répandit dans Londres que l'illustre astronome llerschel venait de donner un bal dans le tuyau evluidnque de son télescope. Cette fantaisie parut pleine d'originalité, et servit à Cuire considérer comme véritablement, phénoménal l'in- strument, que l'on regardait déjà comme un colosse. La nouvelle du prétendu bal d'Ilersehel fut dé- mentie ; il se trouva que l'on avait confondu le célèbre astronome avec un btasseur, et le grand télescope avec un immense tonneau à bière, dans l'inté- rieur duquel on avait effectivement dansé un qua- drille, ijuelque désœuvré avait sans doute trouvé piquant de transporter à Slougli le lien de la fête, et do l'aire danser toute une .société dans na tube de 1er où un homme de la plus petite taille aurait eu de la peine à se tenir debout, fin était si prévenu eu laveur du célèbre instrument d'Ilersehel, que le démenti ne fut pas accepté par tout le monde, et que longtemps après on parlai encore du singulier bal donné par le grand astronome. Ce télescope était rie ceux dils à rue de face (front, viftw télescopes). L'image de l'astre venait se peindre sur un miroir concave, situé un peu obliquement au fond du tube, où l'astronome l'observait. a\ee une loupe, ou à la simple vue, en se plaçant à l'extré- mité antérieure et eu tournant le dos aux objets. Le miroir concave de ce télescope pesait à lui seul plus de \ , (Il If) kilogrammes. Pour faire m on voir un instru- ment d'une pareille lourdeur, Jlerscliel fui obligé d'imaginer un mécanisme des plus compliqués et se composant de toute une combinaison de mâts, d'échel- les, de poulies et de cordages, comme le gréemenl d'uo grand navire de guerre. Ce gigantesque appa- reil n'avait pas peu contribué à donner au téles- cope de, Sloiigh sa fantastique célébrité. Aujourd Imi, cet instrument n'existe plus que comme une relique de famille, pieusement con- servée dans le parc. Le 1" janvier 1 8 40, sir John llerschel, sa femme, leurs enfants, au nombre de sept, quelques anciens serviteurs de la famille se réunirent à Sluugh. A midi précis, l'assem- blée tit plusieurs fois processionnel lement le tour du monument, ensuite elle s'introduisit dans le tube du télescope, se plaça sur ries banquettes préparées d'avance pour la recevoir et entonna un lietjuiem en vers anglais, composé par sir John llerschel lui-même. Après sa soi lie, l'illustre famille se rangea eu cercle autour du tuvau, et l'ouverture fut scellée hermétiquement. La journée se termina par une. fête intime. Ces deux télescopes de lord Rosse et d'Ilersehel ont été si souvent dessinés, qu'ils doivent être connus de nos lecteurs. 11 n'en est pas de même de celui dont nous allons parler. Actuellement, l'un des plus grands télescopes qui fonctionnent dans les observatoires, est avec; ceux de lord Rosse et de Melbourne, celui de Lasse?, dans l'île rie Malte, Son diamètre est de h pieds anglais, comme celui rie Melbourne, auquel il devait d'abord servir de modèle. Il est construit dans le système newtonien et sa longueur est de 10 mètres. L oculaire est placé à l'extrémité supérieure du tube, qu'il traverse perpendiculairement, pour viser le petit miroir plan, incliné à 4j degrés, sur lequel viennent converger les rayons lumineux réfléchis par le grand miroir placé au bas du tube. L'astronome est donc obligé de s'élever jusqu'à la bauteur de l'oculaire, et pour cela ou a construit \u\00. C'est à l'aide ris! cet instrument que M. Lassel a découvert le satellite, de .Neptune, ainsi que le 1 er et le '2" ri'Urauus, avec un oculaire gros- sissant 1 ,601) fois. I,e savant astronome l'a construit à ses propres frais : il lui revient à 7'2,000 francs. Le miroir est en métal et le tube est établi à jour dans va partie supérieure, connue on le voit sur notre gra- vure. ' Camille Flahmaiuon. — ■ Lu milite proulijlneiiHMit. — LA FLORE CARBONIFERE DU DÉPARTEMENT DE LA LOIRE. Un savant distingué, M. Grand'Eury, a fait de la flore des terrains houillère supérieurs, et notamment de ceux du bassin rie Saint-Etienne, l'objet d'une nouvelle et importante étude dont les résultats, com- muniqués d'abord à l'Académie des sciences, ont été succinctement exposés par M. Ad. ISrougniart dans un travail du plus haut intérêt 1 . Le paysage qui accompagne notre texte a été com- posé par M. A. Tissandier, d'après les dessins origi- naux de M. Graud'Eury. Les proportions, le port et t. XVI. Annales des sciences naturelles; But;eiique; ;j B séc LA NATURE. 311 la station de ces plantes y ont été rigoureusement observés; ce dessin donne, par conséquent, une idée très-exacte de la flore houillère du bassin de Saint- Etienne. Le diagramme au trait est destiné à montrer la partie souterraine dus végétaux et à en indiquer en même temps les dimensions exactes. Le caractère essentiel de cette dore ancienne, celui qui contribue le plus à la physionomie particulière du paysage, est la prépondérance des cri/ployantes vasculaires qui comprennent les fougères, les ljco- podiacées, les équisétacées. Les fougères constituaient la famille la plus nombreuse en espèces, dont un grand nombre avaient des dimensions énormes. Ce que nous voyons ordinairement des Ncvroptcris et des Odonto- pteris, ne sont que les dernières divisions de feuil- les qui avaient jusqu'à .") à G mètres de longueur; M. Grnnd'Eurv a trouvé des fructifications A'Odon- topteris qui permettent de ranger ce genre et le genre Nevropteris, qui eu est très-voisin, dans la tribu des Maralliées. Les Lepidodnndrons, qui sont des Lycopodiaeées arborescentes, manquent presque complètement à Sain L-E tienne ; ils se trouvent beaucoup plus fré- quemment dans les terrains houillers anciens ou moyens. Les Kquisétacées, au contraire, occupent une pai't très-importante dans le terrain homller du bassin do Saint-Etienne et dans la flore primitive en général. Aujourd'hui cette famille n'est plus repré- sentée que par un seul genre composé de végétaux de petite taille connus sous le nom de prêles qui crois- sent dans les terrains marécageux. Un regard sur notre gravure, dont la moitié gauche est exclusivement composée, de ces prèles gigantes- ques, suffit pour montrer au lecteur combien ces plantes étaient variées et à quel développement elles atteignaient à cette époque. Tous ces végétaux se re- connaissent à leurs tiges marquées d'articulations dont, les intervalles sont sillonnés de stries parallèles. Les travaux de M. Grund'Eury ont conduit ce savant à y établir une division entre les vraies Calamités et les Calamodendrées. 11 a suivi les Calamités dans tout leur développement; elles ont des rhizomes rampants, articulés, ou des bases de tiges dressées donnant naissance à des racines et produisant des bourgeons souterrains comme nos Equisétacées ac- tuels (vov. la gravure au trait) . Les tiges des Calami- tés sont droites et le plus souvent simples, mais quelquefois ramifiées, comme dans les Calamités ra- mosus, dont lus branches se terminent par de petits rameaux qui n'ont souvent que quelques millimè- tres de diamètre. Les Calamités paraissent avoir été des piaules herbacées fistuleuses et se rapprochaient, par conséquent, de nos prèles, malgré leurs dimen- sions ; elles s'en distinguaient pourtant par l'absence de gaines et de toute espèce d'organes appendicu- laires. Les Calamodentlrées sont des Equisétacées arbo- rescentes, dont les rameaux et les jeunes liges por- tent des feuilles verticillécs et dont les tiges renfer- ment un cylindre ligneux entourant une large moelle. Elles renferment deux genres distincts : les Cala- madendrons et les Arthropitys. Sous le nom provi- soire de CalamophyllUes, M. Grand'Eury entend des tiges portant des feuilles longues et étroites, verti- cillées, dressées, souvent appliquées contre la tige et qui paraissent Être identiques avec les anciens Âste- rophyllites. Les Dicotylédouées gymnospermes (Coni- fères et Cycadées) paraissent avoir formé la plus grande partie des végétaux terrestres et ont beaucoup contribué à la formation de la houille. Le Flabellaria brassifolia, qu'on avait pris autrefois pour un pal- mier, est devenu le type du genre Cordaïles, à côté duquel vient se placer le genre Noygeralhia. Ces derniers sont rares dans le bassin de Saint-Etienne ; mais les Cordaïles y sont très-abondants et très-va- riés ; ils ont des feuilles sessiles, rétrécies à la base et ressemblent aux Daunnara de la végétation actuelle par leurs organes végétatifs, et, par leurs fructifica- tions, aux Tuxïne'es; les rameaux sont Irès-divisés et forment des embranchements successifs à divisions alternes dressées ou étalées. Les arbres qui se trou- vent à la droite de la gravure peuvent donner une bonne idée du port de ces végétaux. Us avaient sou- vent '20 à 50 mètres et plus d'élévation; le tronc était droit et nu, la couronne très-ramifiée et les branches se terminaient chacune par un bouquet de longues feuilles comme celles des Yucca; ou, dans d'autres cas, plus courtes, elliptiques, comme celles des Daunnara. Les Siyillurla, qui paraissent devoir se classer parmi les Dicotylédonées gymnospermes, à côté des Cycadées, avec leurs racines connues sous le nom de Stiyucuria, sont également assez fréquents à Saint- Etienne. M. Grand'Eury divise le système stépbanais en divers étages établis sur des dillérenccs notables do flore et de végétation ; dans les couches inférieures, ce sont les Cordaïtes qui prédominent; dans les couches moyennes, les fougères sont les végétaux les plus abondants et les plus variés; les Calamités, les Calamodendrons, les Annularia caractérisent plus particulièrement l'étage supérieur. Grâce à ses per- sévérantes recherches, de véritables richesses fossiles sont sorties des bassins houillers de Saint-Etienne, et la science de la flore antédiluvienne s'est accrue de documents nouveaux, que nous sommes heureux de faire connaître à nos lecteurs. L'époque houillère, à laquelle correspondent les dépôts immenses de charbon qui sont devenus pour l'industrie moderne une nécessité et une source, pour ainsi dire, intarissable de richesses, présente un in- térêt non moins grand pour celui qui veut étudier la nature des végétaux de celte époque et qui les compare à ceux qui couvrent aujourd'hui la surface du globe. La flore de l'époque, houillère remonte, en effet, jusqu'à l'origine du règne végétal; les végétaux dont on trouve les restes dans les terrains de transition qui précèdent les terrains houillers sont peu nom- breux et ne diffèrent guère des végétaux de l'époque Al la NATimr. houillère ; ceux-ci pcu- veiil donc être considérés comme la végétation pri- mitivc. Au commencement, les terres émergées nourris- saient ii u certain nombre déplantes; cette végéta- tion, faible et peu nom- breuse d'abord, a aug- menta progressivement et n'a atteint son maximum de développement que vers Ja lin de l'époque houillère, où nous la trouvons représentée par des forêts immenses qui couvraient une bonne partie de la surface des terres émergées. M. Klie de iicaiumuit a calculé la quantité de car- bone que produisent an- nuellement nos forets ac- tuelles ; d'après ces cal- culs , il ni; pourrait se former sur l'étendue des dépôts bouillr.rs que O'",0l(i de ce combu- stible eu un siècle. I)n- inonL a compté à Liège ^b couches de bouille, dont quelques-unes ont 2 mètres et au delà d'épaisseur ; admettons, pour ces concilies, une épaisseur moyenne de 11 1 ", fil) : nous aurons un dépôt pour la formation duquel il aurait fallu à peu près 500,000 ans de nos forets. Un premier examen de cette flore si ancienne nous met on présence de deux faits d'une impor- tance capitale : malgré la différence qui existe entre ces végétaux anciens et ceux qui couvrent, actuel- lement notre globe, les lois générales d'organisa- tion végétale n'ont nulle- ment changé et les formes qu'on y rencontre se rat- tachent plus ou moins directement à quelques- unes des formes qui exis- tent encore de nos jours. La flore liouillère né- l.-i Uiiic ruvlioiiifèrr: tins iifjriilliVc^ ie >'# (irnnd'lîun) )U LA NATURE. lutions antérieures a l'existence du toutes les mi- tions? Nous admirons la Corée par kiquellu l'esprit humain a mesuré les mouvements du globe, que la nature semblait avoir pour jamais soustraits à notre vue ; le génie et la science ont franchi les limites du temps ! » LES CRIQUETS DÉVASTATEURS (Suite fit fin. — Voy. page 530, 2S8, 298.) Notre colonie algérienne est véritablement une des contrées ûù les acridiens méritent le nom biblique de plaies, tant leurs apparitions y sont calainiteuses. L'espèce principale, cause du mal, est YAcridiwnpn- reyrinum, vulgairement sauterelle volante, voya- geuse d'Afrique. Devant ses apparitions maudites on néglige, comme insignifiants, les méfaits du criquet migrateur et du criquet italique, que possède aussi l'Algérie. Au dire des Arabes, le pays est ravagé à fond enmoyenne tous les vingt-cinq ans, sans compter les dégâts partiels. Dans ce siècle, une première grande invasion eut lieu en 1 8 1 C>, et la famine et la peste en furent, la conséquence. Kn 18-13, l'Algérie fut do nouveau éprouvée en entier par le fléau des acridiens, et le mal se prolongea pendant quatre ans ; celte invasion eut peu de retentissement, étouffée sous les faits de guerre de cette époque, et surtout parce que les cultures des Européens étant encore peu développées et n'occupant que des étendues res- treintes de territoire, les plaintes furent minimes. Il n'enfutpas de même en 1 8 fi (i ; la pacification était de- puis longtemps complète, et les efforts des colons avaient voulu, répondre par une démonstration palpable aux détracteurs de laculture algérienne. La terre était revêtue de la plus spleudidc parure quand les essaims faméliques, sortis du Sahara, vinrent de nouveau envahir toute la colonie, et les désastres méritèrent le nom de calamité publique qui leur est donné dans le rapport du Comité central de souscription, présidé par le maréchal Caiirobert(.Uûwï(eurdu6juilletl8(i(i). L'invasion commença au mois d'avril ; les criquets, sortis des gorges et des vallées du sud, s'abattirent d'abord sur la Mitidja et le Sabel d'Alger ; la lumière du soleil était interceptée parleurs nuées; les colzas, les blés, les orges, les avoines furent dévorés, et les insectes dévastateurs pénétrèrent même dans les maisons, déchiquetant les babils et le linge. Les Arabes tentaient d'empêcher par de grands feux et d'épaisses fumées la descente des essaims affamés. A la lin de juin, les larves sorties des œufs, mourant de faim en raison de la déprédation précédente, com- blaient les sources, les canaux, les ruisseaux. L'année, par corvées de plusieurs milliers d'hommes, réunit ses efforts à ceux des colons et des indigènes pour enfouir les cadavres amoncelés, mais avec peu de succès devant le nombre immense des criquets. Les moyens les plus efficaces pour détruire la fatale en- geance sont les suivants : ramasser avec de grands fdets traînants les insectes vivants, surtout le matin où ils sont encore engourdis, et le soir où ils com- mencent à dormir, les mettre en sacs et les enterrer profondément ou dans des bains de chaux ; c'est la chaux qui sauva en 1813 la belle commune d' Hus- sein-Dey. Le feu est aussi un puissant auxiliaire. En 1806, le garde champêtre d'Hussein Dey, nommé. Fontanillc, garantit comme il suit les beaux jardins de cette localité: disposant de soldats, il recherchait les bandes de jeunes criquets encore aptères, et les dirigeait vers des massifs préparés de chaumes et de broussailles, et, lorsqu'il en avait amené ainsi des niasses considérables, il mettait le feu. À l'Aima, où convergeaient du nombreuses et grandes bandes de larves qui longeaient la rivière, on avait découpé le terrain eu grands fossés, plus larges au fond qu'à l'entrée, et des hommes, munis de balais, y ame- naient, les bandes d'insectes qu'on ensevelissait sous les déblais. 11 faut avoir soin do ramasser, de mettre en tas et de brûler ou enterrer les cadavres des cri- quets, de peur d'infection. Enfin le meilleur procédé de destruction est de s'attaquer aux glèbes d'oeufs. On retourne à la charrue ou à la herse les terres meu- bles où les femelles aiment, à pondre ; la plupart, des neufs périssent par l'effet seul du soleil qui les des- sèche. Kn outre, on peut facilement les faire ramasser h la main, ou employer, pour fouiller les terres vagues, déjeunes porcs très-friands des œufs ; enfin les oiseaux deviennent d'un secours efficace une fois les œufs mis à découvert. En certain nombre d'animaux sont, en effet, les auxiliaires de l'homme dans la chasse aux sauterelles, et il est urgent do s'opposeràleurdes- Iructioil en Algérie. Ce sont les musaraignes et les hérissons, les corbeaux, les étuumeaux, lahuppe, le rallier, le martin roselin, le martin triste, etc. ; puis les couleuvres, lézards et crapauds. Ce qui a manqué, principalement eu Algérie, en 18GG, ce ne sont pas les moyens défensifs, mais l'absence d'entente et de direction générale. On par- viendra à agir avec quelque efficacité contre ces insectes quand il y aura corvée universelle, obliga- toire contre eux, et surtout surveillance exacte. C'est, également, le seul moyen en France de diminuer les ravages des hannetons, en obligeant tous les proprié- taires à la chasse des adultes avant la ponte. 11 fau- drait, une police rurale, bien organisée et nulle en pratique jusqu'il présent. Revenons à l'Algérie. Eu 1 8fiti, les provinces d'Orau et de Constantine furent envahies presque eu même temps. Le sol était jonché de criquets à Tlciucen, où, de mémoire d'homme, ils n'avaient, paru. Ils attaquèrent à Sidi-Bel-Abbès, àSidi-llrabim, àMosta- gauem, les tabacs, les vignes, les figuiers, les oli- viers même, malgré leur amer feuillage; à Bélizane et à l'Ilabra, les cotonniers. Les mandibules des criquets entament même les feuilles épaisses de l'aloès et les tiges épineuses des cactus. La route de 80 kilomètres, de Mascara à Mostaganem, était cou- verte de cadavres d'acridiens surtout son parcours. On les rencontra dans la province de Constantine, du LA NATURE. su Sahara à la mer fit de Bougie à la Calle, dévastant les environs de Batua, Sétif, Constantiue, Guelma, Boue, Phihppcville. De infime qu'en 1845, le fléau continua les années suivantes, et produisit, sur le territoire arabe une désolante famine, aidée, il faut le dire, par un mauvais système de propriété et de culture et le fatalisme musulman. On se souvient de l'angoisse pénible, de la stupeui; profonde, que produisit en France la lamentable lettre de l'archevêque d'Alger, si dignement évangélique. Les criquets ont reparu en Algérie celte année même, mais, je l'espère, partiellement. Il est dit, dans une leltie datée du 25 mai 1873, qu'àMagonta, province d'Oran, des volées d'acridiens signalées depuis plusieurs jours sont venues s'abattre dans la vallée de Sidi-Ali-llen-Youl. Pendant deux jours les habitants ont l'ait des efforts pour éloigner le fléau de leurs riches récoltes, fis parvinrent, la première journée, à faire partir les bandes vers l'ouest et à arrêter momentanément l'invasion ; mais le lende- main tout fut inutile. Iles masses jaunes et noires, malgré une ligue de leux établie sur plusieurs kilo- mètres de largeur, tombèrent sur la vallée et les environs, et eu couvrirent une étendue de. près de îiOO hectares. Dans la matinée du 28 plusieurs champs de pommes de terre étaient littéralement couverts de criquets accouplés, qui n'ont pas laissé une feuille de verdure; les blés et les orges ont aussi été mal- traités. Malgré le travail opiniâtre des colons et des indi- gènes des douars, on n'a pu réussir à éloigner ces insectes malfaisants. Le moment de la ponte étant arrivé, ces masses innombrables vont rester dans la contrée, et celle-ci, la plus riche de la province, deviendra fatalement le nid d'éclosion des criquets. Devant l'impossibibLé matérielle d'arrêter le iléau, tous les moyens connus ont été mis en pratique pour le diminuer, et la destruction des sauterelles a commencé sur une immense échelle. Des escadrons de cavalerie, des détachements d'infanterie, auxquels sont venus se joindre colons et indigènes, concourent à l'œuvre de destruction. D'énormes quantités ont été écrasées par les pieds des chevaux des cavaliers, assommées, brûlées sur les broussailles au moyen d'arrosage de pétrole, et, à latin, ramassées par sacs et jetées au feu. Les quantités détruites so comptent par mètres cubes ; mais qu'est-ce que cela ? Un -verre d'eau enlevé à la mer ! Les moyens employés dans tous les temps et par tous les peuples à l'égard des criquets dévastateurs sont analogues à ceux dont nous venons de parler pour la France et l'Algérie. Moufet rapporte, d'après Pline, Valeriola et Peucer, qu'il y a plusieurs mé- thodes pour détruire les œufs. Au début du printemps, on dérive des torrents sur les lieux où sont les œufs, afin qu'ils humectent toute lu superficie delà terre, ou au moins la plus grande partie. Si cela ne peut se faire en raison de la position du lieu ou de sa pente, on fait fouler la terre par les pieds d'une multitude d'hommes, de sorte qu'il ne reste aucun endroit qui soit plus profond ou plus élevé que les autres. Si les pieds no suffisent pas, il faut se servir de la claie, du râteau, du rouleau de campagne, afin de broyer les nids plus facilement et de mieux aplanir le sol. Il est utile d'employer en grand nombre les chars de guerre, car leur passage et la rotation- répétée do leurs roues écrasent plus promp- tement les œufs. On doit recommander l'usage de la charrue qui retourne les terres fouillées par les sau- terelles et coupe les glèbes d'oeufs. Pline rapporte qu'il était passé en loi dans le pavs de Cyrêne de combattre les criquets de trois manières : enfouir les œufs, détruire les larves, tuer les adultes, et que si quelqu'un manquait à ce devoir, il était frappé de peines. Les habitants de Magnésie et d'Kphèse mar- chaient contre les sauterelles en ordre militaire. Ilans l'île de Lemnos, chaque citoyen était tenu d'ap- porter chaque jour au magistrat une certaine mesure de sauterelles. Ces insulaires, ainsi que les Thcssa- liens et les Illyriens, nourrissaient aux frais publics des mouettes, oiseaux envoyés jadis par Jupiter, touché, des prières des hommes accablés par les ra- vages des acridiens. Ces mouettes détruisaient et les criquets et leur funeste postérité. Moufet parle également de l'usage où l'on est, à l'apparition des nuages de désastre, d'épouvanter les acridiens adultes par le bruit des cloches, des trom- pettes, des cymbales, et les détonations du canon, aiiu de détourner leurs cohortes, llcnesl qui pensent, ajoute-t-il, qu'elles peuvent être mises eu fuite par- les clameurs d'une grande multitude d'hommes, comme si elles entendaient ces horribles cris, croyance que Moufet trouve absurde, fort à tort, car les in- sectes ont l'ouïe très-fine. Certains creusent dans les prés des fosses profondes où ils font tomber les sau- terelles, terrifiées par des crécelles qui ébranlent l'air, et, quand elles y sont accumulées, on les enfouit subitement sous de la terre ou sous des décombres qu'on y jette, de manière à les tuer. A côté de ces méthodes rationnelles et d'une efficacité partielle, on ne doit pas s'étonner si la superstition et l'ignorance ont préconisé autrefois une foule d'autres recettes, ou inapplicables, ou insuffi- santes, ou ridicules. On recommande d'arroser les moissons et les herbes avec des décoctions de plantes amères, de coloquinte, d'absinthe, de noyer. On crojait que les criquets traversent sans s'abattre les pays où des chauves-souris ont été attachées au haut, des arbres. Denvs d'Utique et Cassius (ieoponica affirment qu'en semant de la moutarde dans les vignes, cette plante éloigne les criquets par son odeur acre. Le conseil est donné de laisser putréfier les amas de sauterelles mortes, atin d'éloigner les vivantes par les émanations empestées, idée aussi bizarre que dangereuse. Aristote assure que l'odeur du soufre, de la corne de cerf et du styrax brûlés chassent les sauterelles. Palladius, dans les Préceptes de Démocrite, écrit gravement que les sauterelles ne causeront aucun mal aux herbes et aux arbres si on suit le procédé que voici : on expose à l'air un vase 316 LA NATURE. contenant de l'eau, avec plusieurs crabes fluviatilos nu marins, île sorli! qu'il y ait i*va]>oj-a(.iaii au soleil prudanl dis jours, puis on frotte de cette eau, pen- dant huit joins, tout ce qu'on veut, préserver. Ar- noldus dit qu'on peut écarter les sauterelle.? par la fumée de la bouse de vache brûlée ou de la corne gauche calcinée. Pourquoi exclure, superstitieusement. la droite, demande le bon flloufot, car la raison et la nature nous montrent que les choses de droite sont préférables à celles de gauche'.' lîornoris laces cita- tions dont l'énoncé laisse, une triste impression dans sa forme parfois burlesque. Le peu d'efficacité des ressources humaines contre tes fléaux suggère ces conceptions étranges, ces chimères destinées à calmer la peur, à recaler l'échéance du désespoir. Mauhice Griunn. LES CYCLONES (Suite cl fin. — Voj. ]>. 2i1 et 211"!.) LA LO I DES TEMPÊTES. Le navigateur, dès qu'il est entré dans une des ré- gions du globe où apparaissent les cvclones, doit re- doubler d'attention dans l'observation des signes météorologiques et. surtout dans celle du baromè- tre. Ces régions sont aujoud'hui bien connues et on connaît, aussi les limites îles époques pendant les- quelles les cyclones sont à craindre. Dans la zone intei tropicale la pression atmosphé- rique est soumise à des variations diurnes, d'une régularité telle, qu'elles pourraient presque servir à indiquer l'heure, de sorte qu'au moindre dérange- ment de cette marche uniforme, il faut être sur ses gardes. Les ouragans sont annoncés par une rapide succession de hausses ou de baisses légères. Tue hausse marquée, de quelque durée, pi'écèiie ensuite la baisse progressive du iiùeau du mercure, qui aver- tit, qu'on est, entre dans le cercle de la tempête. L'apparition de nombreux cirrus qui se dissolvent et donnent, au ciel une couleur laiteuse doit éveiller l'attention dans toutes les régions. Il v a ensuite dans chacune d'elles des pronostics particuliers, qu'on trouve réunies en 1able.au dans les fluides spéciaux '. [J n des plus fréquents est la teinte rouge cuivré des nuages. Toute houle qui ne correspond pas au veut régnant doit donner l'éveil. Plusieurs ouvrages ont donné, dès le commence- ment du siècle, des indications sur les tempêtes dans lesquelles le veut a un mouvement, rolatoire. Les Observations sur les vents et les moussons, que pu- 1 Guide du marin sin- la lui de* tempêtes, par Piil.lin^- loti, Irarluil. par M. Cli^ rHon u ea u . l'aïi*, Malkl-liiidielici', Wt'iï. — Elude sur les ouragans de ïhéiinsphèr/: austral, pn r M. liiïitet, capitaine riu porl ;\ Sainl-Deilis JRi'miinn], — Guida desouragaas, p.ir M. Ilaiiï, capitaine éii ûv^ale. Paris, A. lîe.r- UMniJ, 187*. bl'ia Capper, eu 1801, étaient surtout remarquables. Mais, en 183i seulement, le physicien américain Uedfield déluiit, avec une précision scientifique, la nature et la marche des cvclones, d'après de nom- breuses séries d'observations. Il montra que la rota- tion de la grande masse d'air qui constitue ces mé- téores a lieu eu sens inverse dans les deux hémi- sphères, qu'elle s'effectue constamment de l'ouest à l'est, en passant par le sud, ou en sens inverse du mouvement des aiguilles d'une montre dans l'hémi- sphère, boréal, de l'ouest, à l'est, en passant par le nord, c'est-à-dire dans le sens du mouvement des ai- guilles, dans l'hémisphère austral. Il lut. établi aussi que la translation normale des cyclones a lieu de chaque côté de l'équateur, où ils prennent naissance en général, suivant une parabole qui a pour axe un parallèle., et dont la convexité est tournée du côté de, l'ouest. Kn movoimc, le sommet est situé sur le parallèle de 00" dans l'hémisphère Nord, et sur celui de 20° dans l'hémisphère Sud. La .seconde branche de la courbe a fréquemment une plus grande étendue, que la première. Le diamètre des cvclones, la vitesse de rotation et leur vitesse de translation sont très-différents. D'a- près les données les plus générales, h; diamètre se- rait ordinairement, au début, d'environ 200 kilomè- tres; il grandit en arrivant aux hautes latitudes et peut atteindre, 1,,')00 kilomètres. M. Keller 1 , indi- que li) à 45 kilomètres à l'heure, pour la vitesse de translation. Selon 11. liridet, elle ne serait, que de •i kilomètres près de l'équateur et s'élèverait pro- gressivement jusqu'à 2o kilomètres. On a constaté à l'équateur de^ cyclones stationnaires. Dans les mers de Chine, les typhons subissent des influences locales si fortes que la forme de leurs trajectoires diffère beaucoup de celle que nous avons indiquée, et on constate fréquemment que ces météores s'approchent de l'équateur au lieu de s'en éloigner. Les observa- tions d'un savant oflieier hollandais, M, Anilrau, ont montré que, dans les hantes latitudes, la portion du tourbillon tournée vers l'équateur atteint seule la surface terrestre ; ce qui tiendrait à ce que l'axe de rotation conserve son parallélisme. Ou a vu, dans la relation du cyclone de, l'Ama- zone, qu'au centre se trouve un espace caractérisé par le calme et la baisse la plus forte, du baromètre. Le niveau du mercure descend rarement aussi bas qu'il est descendu dans cette tempête, mais souvent. il arrive à 710 millimètres environ. Autour de ce calme central, où la surface de l'eau est soulevée par une sorte d'aspiration, le vent, dans son mouvement circulaire et sa plus grande intensité, soulève une mer affreuse. M. Roux désigne plus particulièrement ec premier circuit sous le nom de zone de l'ouragan. File est enveloppée par une zone où le vent souftle en tempête et au dehors de laquelle se trouve la zone des grandes brises et des rafales. 1 Des Ouragans, lomados, typhons et tempêtes, par Kul- ler, ijigéiiiiiur-hj'droKrupric [Annales maritimes, 1847). LA NATURE. 317 La distinction la plus impui'LaiLlc est celle des deux moitiés du disque situées de part et d'autre de la trajectoire. L'une prend le nom de demi-cercle dangereux, parce que la vitesse du vent y est la somme des vitesses de rotation et de translation, et l'autre celui de demi-cercle maniable, les mêmes vitesses se retranchant l'une de l'autre, et le vent y étant par suite relativement modéré. Toutes les descriptions des cyclones s'accordent à signaler les environs du centre comme présen- tant les plus grands dangers, surtout à cause de l'énorme clapotis engendré dans la mer par le choc des vagues s'élevant confusément et retombant sur elles-mêmes. Ces mouvements produisent les lames sourdes, si dangereuses, ;i"" n et toutes les apparences de l'approche d'un cyclone. Le tableau qui donne les distances du centre, pour les hauteurs du baromètre, indique 157 milles, ce qui donne encore 'Jl heures avant la rencontre. Mettons-nous dans les circon- stances les plus défavorables : !a distance n'est que Ti\u;é montrant la nuirehû d'un naviro t" val ci] j I. un evdom. 1 . de 130 milles et le rvjiit de i\ heures seulement. Supposons de plus la vitesse de translation de l'2 nulles au lieu de 8, la moyenne ordinaire. Le ca- pitaine aura néanmoins encore le temps suffisant pour couper en avant du cvclone. Pour cela le navire B marchera vent arrière au l\.-(J.; six heures après il aura parcouru 60 milles au moins et sera parvenu eu G, après avoir franchi la ligne de translation. Le centre aura marché, pendant ce temps, jusqu'en V et ne se trouvera plus qu'à 60 milles du navire. Celui-ci aura en C du vent de sud et avancera jus- qu'en 1), où le centre R ne sera plus qu'à S0 nulles. Le baromètre aura baissé de 7o5 mi " à 740""", les rafales auront augmenté de violence; mais dès lors les dangers les plus redoutables sont franchis. fin 1) on a du vent S.-O. et on peut reprendre la route primitive. Comme le vent est très-favorable, le chemin perdu en courant au N.-0- sera promptement regagné. M. Bridet montre aussi qu'un navire revenant de l'Inde à la Réunion peut, en présence d'un cyclone, faire une manoeuvre analogue. Entre les mois de juin et d'octobre, on rencontre assez fréquemment, près du cap de Bonne-Espérance, des cyclones qui arrivent dans cette région en parcourant la seconde branche de leur trajectoire. On peut les utiliser souvent pour faire route vers la Réunion. Dans le retour eu Europe, il est aussi très-avantageux, pour doubler le cap, de passer résolument devant le tourbillon. Y. ZuKCHKlt. CHRONIQUE Ascension du billion « le Jran B«rl. » — Samedi, h octobre, MM. Albert cl fjaslou Tissandier oui exécuté nu nouveau vovage nérïen, ilont nos lecteurs trou- veront, le récit, (tins notre prochain numéro. Ils se sont élevés de l'usine à gaz de la Villelte. accompagnés de M. tant Ilonry, astronome, du peintre M. Bonnat, et d'uu antre voyageur. La descente a eu lieu à Crouv-sur-Ourcq dans des conditions exceptionnelles, bien faites pour ras- surer ceux qui prétendent encore que les voyages aériens sont dangereux. Découvertes iTol>jcts de 1 âge de pierre. — On trouve en ce moment, dit le Journal de Genève, près do I.usebci'/ (non loin de Cerlier auprès du lae de Hieniic), par suite do rabaissement des eaux amené par la correc- tion des eaux du Jura, des haches de pierre, les unes avec un manche en corne de cerf, les autres eu néphrite; des aiguilles de corne, des objets de toilette consistant surtout en dents percées, etc.; outre ces objets fabriqués, on rencontre aussi en grande, quantité des bois du cerf géant, de l'élan et d'autres animaux à cornes qui n'exis- tent plus; îles crânes de. castor, olc. M. Icnuer, de. Berne, rassemble tous ces objets et les t'ait nettover avec le plus grand soin pour les installer plus tard dans le musée ar- chéologique. I.t; fer en Amérique. — On estime que le dixième de la population entière dos Etats-unis vit aux dépens des manufactures et de la juoduction du fer. La valeur du mé- tal fabriqué annuellement est de 000 millions de dollars ; 010,001) hommes sont employés dans cette industrie et lamoMinne des gages qui leur sont allouésatteinl 000 mil- lions do dollars. l'île nouvelle mine île eorinilon, en Pennsyl- vanie. --- Prés dT'uionville, dans le comté do (.'.bester, on l'ennsvlvunie, on a découvert une mine do corindon que. les propriétaires ont commencé à exploiter et à préparer pour les besoins du marché, four ce dernier sujet, ils ont monté une machine appropriée pour réduire le corindon en poudre à différents degrés de finesse. Réduit à cet état, Jo corindon prend une jolie couleur blanche et est très-net. La mine présente l'aspect d'un lit presque verti- cal do corindon bien disposé pour que l'exploitation ne soit pas trop dillicile. Luc profonde excavation laisse voir une gorge de près de G mètres de. largeur qui disparaît à l'est et à l'ouest, sous la couche de gravier et d'argile qui surmonte le corindon sur les cotés de la mine. La crête du lit, duquel on extrait le corindon à l'aide de la pou- dre, à environ 1™,70 d'épaisseur. Il est naturellement impossible d'évaluer l'étendue de la couche. Elle s'étend probablement sur toute la largeur de la colline et elle peut atteindre quelques centaines de pieds de profondeur. Le professeur Garth a récemment visité cette mine et celle do la Caroline du >'oid; il doit bientôt faire un rapport inté- ressant à ce sujet. Congrès des météorologistes « l'Exposition de vienne. — Le premier des Congrès universels de la LA NATURE. 51!) météorologie, convoqué à Osteude par l'illustre Maurv, n'aurait point eu lieu, si la France n'avilît secondé la grande initiative du grand Américain. Nous avons le regret du dire ipn: nous ne pourrons nous vanter d'avoir contri- bué au succès de celui qui s'est ouvert à Vienne le 2 sep- tembre, car de toutes les puissances civilisées, y compris la Chine- et le Japon, la France est la seule qui ne se soit pas fait représenter. Malgré cette abstention, le Congrès a décidé que le compte rendu des séances serait publié en français aussi bien qu'en allemand. 11 est probable, qu'une édition anglaisescra également faite, mais ce sera aux frais du gouvernement britannique, et par les soins de M. Scots Russel, directeur du service météorologique qui était son représentant. Une résolution de la plus haute importance a été adoptée. Le Congrès a décidé que l'on choisirait une heure relative au méridien de Creenwick, pour organi- se!' des observations instantanées dans tous les observa- toires météorologiques du globe. Cette heure sera proba- blement 9 heures du matin, qui répondra à une heure de la soirée à i\evv York et à une heure avancée de la nuit à San Francisco. Grâce à cette sage détermination, nous se- rons à iiièzne d'avoir nu tableau de l'état du globe au même moment physique, élément inestimable pour servir de base à toutes les comparaisons. M. Ilonati, qui représentait le gouvernement italien, s'est fait remarquer par sou zèle à défendre cette utile proposition, dont mieux que personne il pouvait apprécier l'importance, car il venait de publier son grand mémoire fondamental sur la météorologie cosmique dans le. premier volume des annales de l'Observatoire d'Arcetti. Mais se sentant pris soudainement d'indisposition, il fut obligé de quitter Vienne avant la clôture de la session, à laquelle il avait pris une part si active, lors de ses débuts. C'était le 12 septembre qu'il expirait à Florence dans les bras de quelques serviteurs et de quelques omis. Une question qui avait été soumise au Congrès n'a point été résolue comme offrant trop de difficultés. 11 s'agissait de déterminer la place que les thermomètres doivent occuper afin de pren- dre la température de l'air, et de ne point se laisser in- fluencer par les objets environnants. Elle sera de nouveau étudiée. Le Congrès a examiné également la question de la prévision du temps. Il n'a point été favorable à la publi- cation de probabilités et a recommandé de se borner à l'annonce des phénomènes susceptibles de propagation dans un sens déterminé, I>cut-être cette interdiction est- elle trop* radicale. En tous cas, il serait raisonnable, comme on le fait en Amérique rie. publier chaque jour un état comparatif des prédictions qui avaient été faites et de la manière dont elles se sont trouvées réalisées. En pareille matière, un contrôle ne saurait être évité si l'on veut être utile non point à la réputation d'infaillibilité de tel ou tel astronome, mais à la science du temps. Nous croyons savoir qu'un illustre astronome avait été désigné par la voix pu- blique comme le représentant de la France, mais qu'il n'a point voulu accepter cette mission, parce que. l'administra- tion n'a point misa sa disposition les moyens de repré- senter dignement notre nation. Le ministre n'a pas jugé convenable de faire un autre choix. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du. 6 octobre 1873. — Présidence de M. de QiurnEneE Condensation du gaz par le charbon pur, — Le fait saillant de lu séance est la présentation par SI. Dumas d'un travail de M. Melsens sur la condensation des gaz par lu charbon pur, On sait que, pour obtenir le charbon pur, on le soumet, sous l'influence d'une température convenable, à l'action d'un courant de chlore ; toutes les matières étran- gères sont entraînées et un coup de feu tinal enlève le chlore lui-même. Dans cet état, le charbon peut condenser son propre poids de chlore, ce qui dépasse de beaucoup tout ce qu'on a vu jusqu'ici dans cette voie. Les autres gaz volatils, cyanogène, ammoniaque, acide chlorhydrique, acide carbonique, etc., sont condensés en proportion analogue ; au contraire, la condensation est très-faible pour les gaz insolubles, tels que l'oxygène, l'hydrogène, l'azote, etc. C'est en partant de ces faits que M. Melsens modifie une expérience célèbre de Faraday et rend facile- ment visible la liquéfaction de certains gaz. Voici comment il opère : un tube de 1 mètre de long est rempli de char- bon pur que l'on sature de gaz, de chlore, par exemple. Ce lube portant, à sa partie supérieure, une petite branche recourbée, et fermée, on le soumet dans un manchon à la température de 100", tandis que la petite branche est plongée dans un mélange réfrigérant. Sous l'action de la chaleur, le chlorose dégage; il distille vers la portion froide, et là, se comprimant lui-même, il passe à l'étal liquide ; en quelques moments on a ainsi de 0™,15 à 0™,20 de Chlore liquéfié, et il suffit d'arrêter l'expérience pour que ce liquide se volatilisant, sa vapeur soit de nouveau absorbée par le charbon, toute prête à se dégager de nouveau par la même manipula- tion. Le froid extrême déterminé par cette volatilisation est rendu sensible par le givre qui se dépose sur l'appareil. L'affinité capillaire du charbon pur pour certaines va- peurs est si grande qu'elle développe souvent une notable élévation de température : du brème à '20 degrés étant versé sur du charbon à la même température, on observe un éehauflement instantané pouvant dépasser i5 degrés. On a une autre preuve de celle énergie d'affinité dans ce second fait que les vapeurs absorbées par le charbon ne se dégagent que bien au-dessus du point thermomélrique où bout le liquide dont elles proviennent. Ainsi do char- bon saturé d'alcool ou d'éther n'abandonne ces substances, cependant si volatiles, que vers 100 degrés. Météorologie, fossile. — Voici une idée ingénieuse émise par M.Charles Crus. On sait que les arbres dicoty- lédones acquièrent chaque année nue nouvelle couche ligueuse, de façon que le nombre de ces couches indique l'âge de chaque tronc. Or il suffit d'une observation super- ficielle pour reconnaître que ces diverses couches n'ont point la même épaisseur, la même dureté, les mêmes caractères, en un mol : ce qui doit tenir à ce que les di- verses années qui se succèdent pendant la vie d'un arbre ne. sont pas également favorables à son développement. En comparant divers troncs contemporains et en y retrouvant la même succession de couches minces et de couches relativement épaisses, on arriverait peut r être à reconsti- tuer la météorologie des époques auxquelles ces arbres étaient en végétation. Il faudrait aussi arriver a. faire la part dans ces observations de ce qui revient à la tempéra- ture de l'été, à l'état hygrométrique, au vent, à l'état élec- trique, etc., mais ceci résulterait d'études préparatoires fertiles sans doute en faits intéressants. Enfin, les bois fos- siles ayant souvent conservé tous les détails de leur struc- ture, on comprend que le nouveau mode d'investigation météorologique s'appliquerait également aux périodes I géologiques. Il y a là, sans doute, un sujet très-digne d'exer- cer les elforla d'observateurs sagaces, et il faut espérer que M. Cros trouvera lui-même le movon de mettre, i ingénieuse idée à exécution. Encore le phylloxéra. — Dans les sciences, le progrès 520 LA NATUIU']. conslslc souvent dans la disparition d'uni; idée fausse qu'on croyait exacte, ou, si l'on veut, dans le rétablissement d'un problême non résolu à la place d'une solution incomplète. C'est ce ijui a lieu aujourd'hui pour le phvlloxéra. Nous avons Hit précédemment que, d'après M. Moncslinr et d'au- tres expérimentateurs, le, sulfure de carbone possède la double faculté de détruire le phvlloxéra en respectant l'a vigne. Il parait aujourd'hui qu'il faut revenir d'une assu- rance si agréable. Que le sulfure de carbone tue les para- sites, voilà qui ne l'ait, au nunus jus'ju'jei, de doute pour personne, mais )1. Lccoq de Boisbaudrant conclut de ses . expériences qu'il punirait | bien déterminer en même temps la mort du végétal en traitement. Le jihénnle d'ammonia- que contre la jmxlulr ma- lifjue. — Dans une lecture écoutée avec intérêt, M. le docteur Déelat rapporte des cas vraiment frappants de guérison du charbon par l'acide phénique, et surtout par le pliénatc d'ammonia- qtie etuplové d'abord connue cautère, puis comme boisson titrée à la dose de \ à 2 grammes en vingt-quatre heures. Parmi ces cas se trouve celui de quatre bou- chers qui, ernplovés pendant le siège a abattre des ani- maux plus ou moins malades, furent tous les quatre pris de charbon. Deux d'entre eux étant les patrons lurent soignés chez eux ; les autres, simples garçons, furent en- voyés à l'hôpital. Ces der- niers, malgré, l'apparence, furent les mieux partagés, car, traités par \\. Déelat et soumis par lui au traite- ment ammoniacal, ils ne tar- dèrent pas à èlre guéris ; ; pendant ce temps les deux I autris, soignés par les an- ciennes méthodes, virent se succédée les divers acci- dents de l'elfroyable mala- die et succombèrent. On sait que- M. Déelat propose l'emploi des mêmes médicaments dans le traitement du étiolera. Siasislas Meemiiih. gagées. — Un habitant tin pays, M. Frédéric Moreau, résolut celle année d'entreprendre île nouvelles re- cherches. Conduites avec ordre et méthode, elles viennent tout récemment d'être couronnées d'un en- tier succès, fin effet, après avoir relevé, non sans de grandes difficultés, et rétabli en leur place les pierres du dolmen, et déblayé avec le plus grand soin le sable qui l'obstruait, M. Frédéric, Moreau eut la bonne lui tune de découvrir, sur le dallage formant le sol du monument, le dus Dulmcu de Caramla en fuis; Est. - ii, r'au. — 1 ter % -.iililn jaune. — 5, (tulkijjv. B 1 ' " DOLMEN DE CAMNDA Eu 1872, on reconnut à quelque distance du mou- lin de Caranda, près Fère-eu-Tarileuois (Aisne), l'existence d'un dolmen enfoui sous terre et en par- tie enroulé. — Des fouilles furent aussitôt opérées, niais elles amenèrent peu de résultats, par suite de l'amoncellement des pierres, qui ne purent être dé- cràne et la plus granité pari io d'un squelette, dont l'inhumation parait devoir remonter aux temps préhistoriques, et, mêlés à ces débris, divers instruments de, la même époque , parmi lesquels figurent notamment, un poinçon eu bois de cerf ou de chevreuil, des pointes de lance et de flèche, et un grand couteau en silex finement taillé. Tous ces objets, qui présentent un haut intérêt au point de vue de l'histoire de l'hom- me, sont en état de par- faite conservation. Le dolmen de, Caranda est situé au sommetd'uiie érnineuce circulaire , au bas de laquelle coule la pelite rivière d'Oureq, presque encore à sa source. Sa forme est celle d'un carré long régulier, me- surant environ ,'i mètres en longueur, 2 en lur- geureti! en hauteur. 11 est orienté de l'est à l'ouest, mais sa véritable entrée est à l'intérieur même du monument : elle se fer- mait au moyen d'une pierre, mobile venant s'ap- pliquer sur deux pilastres disposés pour la recevoir; quai ii; pierres au midi, six au nord, une seule à l'ouest, formaient les parois du dolmen dont l'en- semble était couvert par plusieurs dalles de grande dimension. Autour du dolmen, et sur le même mamelon, ont été découvertes des tombes anciennes, où l'on con- state la présence de nombreux silex, mais qui datent d'une époque relativement plus récente, aiu>i que l'attestent les armes en fer, les poteries et autres objets qui ont été trouvés au milieu des ossements. J.n Prfjjn iHatrc-Ur./ant : Vt, Ti^A>iiu.n, PAiiis. — me. siiii^ uaçû* m cumi'.j llljs u'^iulkiii, 1. K" 21. — 25 OCTOBRE 1873. LA NATUHl i-21 DANS LES NUAGES! Nous avons d r j à. parlé de l'ascension aérostatique que nous avons exécutée, mon frère et moi, eu com- pagnie de quelques autres observateurs, le 10 février de cette année'. Quoique initiés, depuis longtemps, aux incomparables splendeurs des liantes régions at- mosphériques, nous avions rarement assisté à des scè- nes aussi grandioses, àdeseffetsdelumière === , aussi étranges. Non- Ai, \t \ % J i-\ l- (\ !'•.%■ seulement nous . f ' . - avons admiré les au- réoles aux. sept cou- " ,ï * r .-x,. w leurs, qui ceignent . ■ l'ombre aérosta- v,, \ \ 'i'£, i: *ï tique, projetée sui- des nua«es aussi blancs que la neige îles Alpes, mais nous avons eu la bonne fortunede rencontrer un image à glace, semblable à celui j que MM. Barrai et J JSixio ont traversé jadis, au grand étou- uement de l'illustre Arago, qui attacha nue importance con- sidérable à cette ob- servation météorolo- gique. L'existence de petits glaçons sus- pendus dans l'atmo- sphère, déjàentrevLio par les théuz'ieicns, dans l'explication qu'ils ont donnée des halos et des par- tielles, rencontra des incrédules , malgré ! l'autorité des savants aéronautes de 1850. M. Marrai a bien voulu nous féliciter récemment d'avoir vérifié son observation et de dissiper les doutes qui pouvaient encore exister à cet égard. Nous attendions l'occasion d'un nouveau voyage aérien pour donner quelques détails sur la nature de ces nuages singu- liers, qui ne s'offrent i]uc bien rarement aux regards du navigateur aérien . Avant de parler de notre récente ascension exécutée le k de ce mois, nous compléte- rons donc le récit de notre expédition du 10 février. Il était 2 heures 25 du soir, nous avions plané pen- dant trois heures consécutives, au-dessus d'un p!n- ' Voy. p. Si, Ombres extraordinaires. La nnrellc du Jran-Bart [Awgie dans un nuage Je plate. teau de nuages, surmonté d'un dôme céleste, d'un bleu intense. A 1 ,200 mètres d'altitude, l'aérostat quitte ce pays de la lumière pour s'enfoncer dans le massif des vapeurs aériennes ; il nous fait passer su- bitement delà clarté resplendissante, au crépuscule sombre, de la chaleur de l'été (17°, 5) aufroid de l'hi- ver ( — 2°). Les vapeurs qui nous entourent ont un as- pect particulier; elles sont blanches, opalines et nous cachent entièrement la vue de l'aérostat; nous met- tons nos paletots à ,, . la hâte , car nous •']' > } , i sommes subitement ' '! >' . '■ "' saisis par un abais- sement de tempéra- ture aussi prompt. Quelle n'est pus no- tre surprise en aper- cevant des cristaux de givre qui se dé- posent sur nos vête- ment s et qui croissent subitement comme une végétation fan- tastique ! On voit grandir à vue d'oeil ces arborescences singulières. Mais ce n'est pas seulement sur le drap que les cristaux glacés for- ment des houppes hérissées, ils se grou- pent sur nos cor- dages, sur noire pa- nier d'osier et sur le fil de cuivre, long de 200 mètres que j'ai laissé pendre de la nacelle pour étudier l'électricité atmo- sphérique. Nous je- tons les yeux autour de nous, et nous con- statons que le nuage au sein duquel l'aé- rostat nous a plon- gés est entièrement formé de paillettes adamantines, réunies çà et là en masses allongées, comme l'indique la gravure qui accompagne notre récit l . Ce nuage détermine la condensation du gaz et nous fait descendre avec une rapidité verti- gineuse. L'n de nous a le temps d'approcher lu doigt du fil de cuivre , et il reçoit une forte étincelle électrique , qui ne laisse pas que de nous causer 1 Celle gravure a été l'aile d'après un croquis Ac. M. Albert Tissundier, «l publiée déjà dans le charmant Journal de. la Jeunesse. I.e directeur de culte publication a bien voulu mettre un cliché à notre disposition avec le plus aimable empresse- ment. ai LA SATURE. uno certaine inquiétude, car nous ne pouvons ou- blier que cette foudre en miniature jaillit sous une masse do gaz inflammable de 20U0 met. cubes! Mais l'idée que nous obtenons pour la première fois, dans de telles circonstances, une manifestation élec- trique aussi énergique, aussi extraordinaire, ap- porte une compensation à nos craintes. Le baromètre, malgré le lest que nous jetons par dessus bord, in- dique que la descente est toujours rapide; à 1000 mètres nous entrevoyons la terre; le nuage de glace avait, par conséquent, une épaisseur de '200 mètres environ. Il nous a semblé que les petits cristaux de glace dont il était formé existaient surtout au centre, L;t[û du voyaj_i tlu IjliI] o;i le Jean Mari, la i oc:o!iie jri";. et qu'ils étaient cacbés en liant et en bas sous mie couche de vapeur d'eau. Ce nuage, vu à quelques centaines de mètres [dus lias, avait à peu près l'ap- parence d'un cumulus ordinaire. Mais nous n'avons pas le loisir de le contempler longtemps, car la brusque variation de température a singulièrement contracté notre gaz : le ballon a dû se charger, en outie, d'un poids considérable de gla- çons ; il se précipite vers la terre, que nous voyons approcher avec une rapidité prodigieuse. Par mal- heur, le plateau de Montiieau, où nous descendons malgré nous, esta 200 mètres au-dessus du niveau de la mer ; c'est eu vain que nouslaiiçous tout pleins les sacs de lest qui nous tombent sous la main; la nacelle se heurte contre h', sel avec un choc impi- toyable, lu vent violent nous enlève ensuite et nous lance avec fureur au-dessus des arbres, jusqu'à ce que l'aérostat, éveiilré par la rafale, se dégoulle et nous laisse à terre... S'il est vrai que les jours se suivent et ne se res- semblent pas, on peut affirmer qu'il eu est bien de même pour les ascensions aérostatiques. Jamais nous n'avons opéré une descente, aussi tranquille, aussi douce, que le samedi i octobre, lors de notre der- nier voyage aéneu: notre nacelle, lentement ramenée à terre par un jeu de lest régulijr, est pour ainsi tombée entre les bras des habitants de Crouy-sur- Ourcq, qui ont pu nous remorquer à l'état captif, jusqu'au milieu de leur ville. Les braves gens qui nous entourent mettent un empressement si louable à nous aider, ils nous accueillent d'une façon si obli- geante, si hospitalière, qu'il est impossible de leur refuser le plaisir de s'asseoir sur les banquettes de Il nacelle aérostatique: nous faisons mouler à '200 Omlm? du IkiIIoii piojfllji; slii' iii]Cî |t::mir i:V ciHLHirci; tl'llllû amcole île ilil'ji\iclion. mètres de hauteur, des aéronautes improvisés, en- levés par l'aérostat qui s'élève et descend, à l'état captif. Quels que soient le charme, l'imprévu, de ces épisodes, il nous faut ici les passer sous silence et arrêter l'élan de notre plume, qui, si nous n'y prenions garde, nous entraînerait loin du domaine de la science, jusque sur un terrain pittoresque, dont nous devons nous borner à effleurer la fron- tière. La particularité la plus remarquable de cette ascen- sion aérostatique est la route suivie par l'aérostat sous l'influence de deux courants aériens superposés. Au moment où nous nous sommes élevés de l'usine à gaz île la Villelle, à midi trois minutes, le courant aérien inférieur nous a lancés dans la direction Est- Sud-Est, taudis que, vers l'altitude de 700 mètres, le courant supérieur Sud-Ouest nous a dirigés vers le Nord-Est. On nous a vus décr.re dans l'espace une courbe très-prononcée, connue l'indique le tracé de notre vovage. Celte particularité se présente assez fréquemment au voyageur aérien. 11 ne nous semble pas nécessaire d'insister sur l'importance considérable LA NATURE. 322 qu'elle offrcaupoint.de vue de la navigation aérienne, puisqu'elle permet à l'aéronaute do choisir à son gré deux directions différentes. On se rappelle peut-être que des circonstances ana- logues nous ont sauvé d'un naufrage imminent, en 18G8, lors de notre ascension de Calais, où entraîné jusqu'à sept lieues au large en pleine mer du Nord, il nous a été possible de revenir à terre, en rebrous- sant chemin, sous l'influence d'un courant de surface, complètement opposé au courant supérieur 1 . L'étude des couches atmosphériques superposées ne présente pas moins d'intérêt au point de vue météorologique ; elle ne peut être bien exécutée qu'à l'aide de l'aé- rostat. Dans l'ascension, en effet, l'observateur me- sure avec exactitude la vitesse des courants supérieurs, dont l'action échappe aux anémomètres terrestres. Connaissant la durée de notre voyage et la longueur de la distance parcourue, nous avons constaté que le courant supérieur dans lequel nous étions plongés avait une vitesse de 5o kilomètres à l'heure. La vi- tesse du courant inférieur n'était que de 6 à 7 kilo- mètres à l'heure, ainsi que M. Paul Henry qui nous accompagnait a pu le constater. L'observateur de la nouvelle comète, habitué aux mesures astronomiques, est facilement arrivé à un résultat exact eu observant la différence des temps du passage des bords du ballon sur une ligue terres- tre. C'est avec une légitime surprise que nous avons ainsi constaté l'existence d'un courant atmosphéri- que, entraîné par un mouvement relativement très- rapide au-dessus d'une couche d'air terrestre d'une si faible vitesse. A la hauteur maximum de l'ascension, c'est-à-dire à 2,600 mètres, l'aérostat s'est trouvé plongé dans un banc de cumulus très-espacés. Ces nuages étaient do- minés par une couche épaisse de cumulo-nimbus, dont nous avons évalué l'altitude à 5,000 mètres en- viron ; quelques éclaircics s'ouvraient çà et là, dans ce massif de vapeurs, et nous laissaient entrevoir le bleu du ciel. A ce moment, M. Paul Henry a constaté que la polarisation de l'atmosphère était beaucoup plus faible qu'à la surface du sol. Pendant le voyage on a relevé à l'aide d'un psychroinètre l'état hygrométri- que de l'air et les températures*. L'air à l'altitude de 2,000 mètres était particulièrement sec, et la quantité d'humidité était plus considérable en se rapprochant de terre. Nous n'avons pas cessé d'apercevoir l'ombre du ballon, non pas cette fois sur les nuages, mais sur la terre. À 1 h. 55, à l'altitude de 700 mètres, cette ombre projetée sur une prairie est apparue, entou- rée d'une auréole de diffraction, très-lumineuse et de couleur jaune. Le dessin ci-contre qui a été exé- cuté dans la nacelle par SI. Albert Tissandier, repré- sente iidèlemeut ce curieux phénomène. — Malheu- reusement, quelque intéressant qu'ait été notre voyage, nul effet, de lumière, aussi grandiose que le 1 Vov. YayageH titricws. ' — L. Hachette et C L , 1870. * Voy. Comptes rendus de l'Académie des scïcnves. — Séance du 13 octobre 1873. 16 février dernier, aussi imposant que dans le cours de quelques-unes de nos ascensions précédentes, ne s'est offert à nos yeux. C'est pour nous un regret réel, car nous avions offert une place dans notre na- celle à un artiste éminent, M. Donnât, dont le pin- ceau serait digne de créer la nouvelle école de la peinture aérostatique. Mais le ciel, une autre fois, sera plus favorable ; pour notre part, nous serons toujours heureux de fraterniser au-dessus des nuages, avec de véritables amis delà nature, artistes ou savants; car il ne faut pas oublier que l'art véritable et la science bien en- tendue doivent être considérés comme deux alliés inséparables. L'artiste et le savant ne gravissent-ils fias avec la même ardeur, des chemins également difficiles, qui, quoique différents, conduisent l'un et l'autre au sublime sommet de la vérité 1 ? Gastom Tissahdier. L'ASSOCIATION BRITANNIQUE .Session de KradlWd (1873). La réunion de l'Association britannique a eu lieu cette année, à Bradf'ord, ville du comté d'York, dont la population atteint environ cent cinquante mille habitants, chiffre qui n'a rien d'exception- nel de l'autre côté du détroit. Cette industrieuse cité est renommée pour le nombre considérable de gens riches qu'elle possède. Ou la considère avec rai- son comme la métropole des manufactures d'étoffes de laine, industrie très-florissante, quoiqu'elle soit loin d'avoir reçu les mêmes développements que celle du coton, dans laquelle l'Angleterre est sans rivaux. La population de Bradford n'a pas montré le désin- téressement, ou au moins l'espèce de patriotisme municipal qu'on rencontre presque toujours dans les villes que choisit l'Association. Bien des visiteurs se sont plaints dans les journaux d'avoir été fort étrillés par les hôteliers, et même par les particuliers qui s'étaient dévoués à les loger. Malgré ce nuage finan- cier, la session s'est en somme heureusement passée. Elle n'a commencé qu'au milieu de septembre. Ce changement dans les habitudes traditionnelles de la société avait pour Lut de donner le temps d'a- chever l'hôtel de ville, dont l'inauguration, pom- peusement annoncée, était une, des attractions de 1 Kous espérons, à lit saison prochaine, ouvrir une nouvelle cmupagoG d'observations aérOit:Uû[ues. L'Administration des posl.es nous a conlié un magnifique aérostat do 2,0(J0 mètres cubes; l'Académie des sciences nous a fait l'insigne honneur de mettre à noire disposition la somme nécessaire a l'acquïsj-* tion d'instruments de précision, dunt nous venons do nous pourvoir; la Compagnie, parisienne nous prête le plus mile concours, eu nous autorisant â gonfler noire ballcm à l'usine de la Villettc, où le directeur ne néglige rien pour faciliter nus études. Il y aurait ingratitude à ne pas répondre, par la reconnaissance et par le dévouement à la science, à de tels encouragements, f*. T» 324 LA NATURE. Bradford, Cet édifice n'a pas coûté moins de 2 mil- lions et demi, non compris l'achat du terrain, pour lequel la ville a dépensé un million. Tous les jour- naux d'Angleterre ont décrit soigneusement les splendeurs de ee palais municipal, et surtout l'hor- loge qui oiire un détail exceptionnel. Le constructeur a imaginé un mécanisme très-compliqué, qui allume et éteint automatiquement le gaz nécessaire pour éclairer le cadran, à une heure variable suivant les saisons. 11 est Lien malheureux que cet habile homme n'ait pas tenu compte de l'état du ciel et des brumes qui, même dans le comté d'York, peuvent troubler ses combinaisons. Les succès si enviables de l'Association britannique tiennent, en partie, à ce que les membres du bureau directeur ne négligent jamais de suivre le précopte d'Horace, relatif à l'alliance de l'utile et de l'agréable. Ils s'efforcent de ferre punctum dans le choix qu'ils font des villes. Ainsi, pour se mettre à la hauteur des besoins de la session de 1872, Brighton avait pris l'engagement d'ouvrir son aquarium. L'hôtel de ville des Bradfordiens eut été un peu sec. Aussi a-t-on essayé de le relever par une pro- cession moyen âge, dans laquelle les ouvriers se sont affublés de leurs costumes traditionnels. L'Il- lustration anglaise a donné de nombreux dessins, pour représenter cette étrange préface aux débats scientiliques dont nous avons à entretenir nos lec- teurs. La cérémonie, qui était hors de saison, l'on peut dire: hors de siècle, a été accueillie par une pluie battante, que les exécutants ont reçue avec un courage et une résignation dignes d'une meilleure cause. M. Joule, qui avait été nommé président, pour 1873, à la session de Brighton, ayant vu que son état de santé ne lui permettrait pas de remplir les de- voirs de sa charge, a donné il y a deux mois sa démission. On lui a choisi pour remplaçant M. Wil- liamson, chimiste industriel, dont le nom est hono- rablement connu de l'autre coté du détroit. Con- formément aux usages traditionnels, le docteur Carpenter, président de la session de Brighton, a re- mis ses pouvoirs à M. Williamson dans la première séance générale, après avoir prononcé une petite al- locution fort simple et du meilleur goût. M. William- son, après avoir remercié sou honorable prédéces- seur en excellents termes, a prononcé un très-long discours, presque entièrement consacré à un exposé populaire de la théorie atemique. Il l'a terminé par quelques propositions destinées à donner à 1 éduca- tion publique une vive impulsion. L'honorable ora- teur, demande que par une série de concours gradués d'année en année, l'élite des élèves des écoles publi- ques puisse arriver jusqu'au plus haut enseignement universitaire. Cette manifestation de sentiments pro- gressifs n'exeite pas d'opposition, mais il n'y a guère lieu d'espérer que le parlement y donne suite dans sa prochaine session. Malgré le tort réel produit par un changement, dans l'époque ordinaire des sessions, le nombre des membres inscrits s'est encore élevé à plus de 1,900, et les recettes ont dépassé 50,0(10 francs. Ces chiffres n'ont point été de beaucoup inférieurs à ceux obtenus à Brighton, ville de plaisance si admirablement pla- cée. 11 est facile de prévoir qu'ils seront largement dépassés dans les grandes cités, Belfast, Bristol et Glaseow, où l'Association se réunira successivement pendant les trois années 1871, 1875 et 1876. Belfast, moins riche que Bristol et Glaseow, fera certainement de grands efforts pour attirer dans son sein une large affluenee de savants français. Nous aimons à croire que nos concitoyens n'imiteront point l'indillérence des Allemands vis-à-vis de ces pauvres Hradtordiens, et que notre académie ne négligera rien pour affermir ces rapports affectueux avec l'Ir- lande, qui n'ont jamais été interrompus, On a remarqué que l'archevêque d'York, un des deux métropolitains de l'Église anglicane, s'est fait inscrire à l'ouverture do la session au nombre des membres ordinaires. Il a même poussé la condes- cendance jusqu'à, faite, dans la cathédrale de Brad- tord, un sermon spécial à l'usage des membres de l'Association. Lieu entendu il n'y a que les anglicans qui s'y sont rendus et personne ne s'inquiétait de la fin de son voisin. — La iuitc prochainement. — — >-(/■? — - LES PIERRES QUI TMIREM DU CIEL (Suite. — Vuy. p. 87, Wi.) Arrivons au troisième grand groupe de météorites, celui des sporadosidèreis, caractérisées par l'cxis- métalliques disséminées tenec de grenailles métalliques disséminées dan une gangue pierreuse. Ce qui frappe tout de suite, quand ou examine ces météorites, c'est que la pro- portion relative de ia pierre et du fer est extrême- ment variable, et à ce point de vue on peut les sub- diviser eu poiyxitléres, en oliyosidérex et en krypto- sidères, suivant que le fer est abondant, rare ou caché à la vue. Dans la première subdivision, nous trouvons la très-mtéressanle météorite représentée dans la ligure ci-contre. Elle provient de la sierra de Chaco en Bolivie, où elle constitue, à la sur- face du sol un très-grand nombre de blocs de toutes grosseurs. Cette météorite est remarqua- ble par les traces qu'elle a conservées d'actions géologiques très-complexes. Une section polie, comme celle que la ligure reproduit, montre les grosses grenailles métalliques, de forme tubercu- leuse et donnant tics ligures régulières par l'action des acides, associés à des gros grains pierreux, de composition variée et reliées entre elles et avec ceux-ci par un lin réseau de fer, rappelant, dans cer- taines parties, celui des masses syssidères. Un fait important est que ce type de météorite s'est trouvé reproduit avec la plus scrupuleuse précision par la masse tombée, le \ juillet 1 8 12, à Barea, près de Lo- grono, en Espagne. LA NATURE, 525 C'est aux olignsidères que l'on donne d'ordinaire lti nom de pierres météoriques. Leur portion prédo- minante est, en effet, do nature lithoïde et consiste le plus souvent, en silicates magnésiens. Le nombre de (vpes que conduit, ii y distinguer l'étude minéralo- gique est très-cnusidénible, et. nous ne pouvons son- gera les éniunérer ici. Il suffira de citer rapidement ceux qui sont les plus remarquables, ceux surtout dont l'examen est de nature à nous éclairer sur l'o- rigine des pierres qui tombent du ciel. On ne peut examiner une série nombreuse d'oli- gosidères, comme celle qui est exposée au Muséum, sans être frappé des différences; qui séparent certains types de tous les autres. Eu première ligne, à cause de son étrangeté, il faut signaler la météo- rite tombée à Igast, en Livoiuo, le 17 ruai 1855, et (pii a été étudiée par le professeur fii-ewinek, dcDorpat. •"«£*. Elle se montra sons ,...-'" -,:.,: un aspect exceptum- uelaumomentmème ,"■.■■ de son arrivée, carie ( -J bolide qui la fournit, >;■ ; . ^J;<( au lieu d'éclater dans sfe'*-^* Il£f* les hautes régions de .y ~ .'. /_/■.■£$>:-:*:. IP^ V^' l'atmosphère, vint. ) »'.• ".■"_ \ ■'-}■■ . ^, *« ; ..';, faire explosion tout ;'- . ^gk . W$ _ près du sol en heur- ;-?'.».;* ■,.; ,. . ; . -', tant contre le tronc :'"'.. ', "■. '' "1 d'un tilleul. Son * \ », * * aspect , absolument analogue à celui de certaines pierres v -- ■•*JS%^*~- '- '. . ponces, n'est repro- duit par aucune au- tre météorite, fit sa composition, consis- tant surtout eu feld- spath orthose et en quartz , est égale- ment inaccoutumée. Elle ne diffère de certaines roches feldspalhiques terrestres que par la présence d'une très-faible quantité de fer métallique qui la rend fortement magnétique. D'autres météorites se distinguent, par la couleur noire de leur masse qui contraste avec la nuance "ri se des masses nombreuses de même origine. L'une des mieux caractérisées est la météorite tom- bée le 9 juin 18(37 à Tadjcra, près de Sétif, en Algé- rie. Son arrivée fut aussi accompagnée d'un phéno- mène non ordinaire. Sun bolide (it explosion à la surface même du sol, sur lequel il creusa un sillon de plus d'un kilomètre de longueur. On verra com- bien cette météorite, par l'analogie de sa composition avec les pierres les plus communes et par l'élrangoté de sa couleur noire, est riche en enseignements. Comme pierres noires, on peut mentionner aussi celle. de Stawropol, Caucase (21 mars 1857), dont la struc- ture est entièrement oolitlnque, c'est-à-dire compo- r ,y- Spouadosuikui: lt J -t:uuv^i't« en 1 So ri ilmis U'. Sii]rr;i di- Ch;ir:o {Bolivie) ot rcin- hhtiinL l'u U!n: ? :LI] b lu ' pici r'Hjsn, il;ms laqimlk- snnt disbémini'.cs df. •rr:>ssi^ grenailles tni'talljquos, foiMiu'-ca dt; Ter nu:ki:lé et des fnifmcnls arrnndis (Si 1 {îros crî^uiiK nuii-s dn iiiiLure rjêridntiqui; L't pyi'osènique. (Granrlnnr naturelle.} sé.ede petites boules juxtaposées, et celle deRenazzo, près de Florence (15 janvier 1 824), qui rappelle par son apparence vitreuse, et malgré de très-gran- des différences de composition, certaines obsidiennes teircsti'os. Ou connaît des météorites qui sans être noires comme les précédentes sont néanmoins de teinte beaucoup plus foncée que l'on ne le voit d'ordinaire; telles sont entre autres la pierre d'Onians (Doubs, 11 juillet 18(18), qui est si friable qu'elle tache les doigts .> COSÏE (Suite Ht fin — Voy. [i. Î9.".) C'est au collège de France que M. Coste créa, les appareils de la pisciculture qui, réduite à un petit nombre de préceptes, reçut pour la première fois une forme, réellement scientifique. Il imagina ces fa- meuses étagères à éelosiou et tes bassins où l'alevin, nourri d'une façon appropriée à ses appétits, ac- quiert rapidement assez rie développement pour pouvoir être abandonné à lui-même dans des eaux: courant :s. Il y devina successivement tous les détails des manipulations délicates auxquelles donne lieu la récolte des œufs et de la laitance, et l'opération de la fécondation, variable suivant la constitution physique du frai, des différentes espèces. Il construisit les premiers aquariums qui, figurant dans toutes les expositions, y répandirent partout le goût de la pisciculture, et, ce qui est encore plus précieux, des habitudes d'observation, si nécessaires au développement de l'intelligence. Etendant ses études sur tons les habitants des eaux, il analysa successivement la génération des huîtres, dont les mystères étaient inconnus, et celle, des crustacés, dont les mues n'avaient été analvsées que d'une façon imparfaite et insufisante. M. Gitizot avait pris M. Coste en affection et voyait peut-être en lui un futur ministre de l'instruction publique. Mais la révolution de février éclatant, M. Coste fut appelé en toute, hâte au ministère des affaires étrangères pour diriger... l'évacuation, et protéger la fuite de )a famille du ministre, devenu si justement impopulaire. C'est sous le ministère de M. Dumas que le gouvernement commença à prendre, sous sa protection la pisciculture, et la fondation do l'Empire ne fil que mettre entre les mains de M. Coste de nouveaux moyens d'action dont il sut faire, on doit le reconnaître, un excellent usage. Le gouvernement impérial lui donna les ressources nécessaires à la création de rétablissement de llu- ningue, destiné à l'empoissonnement d'eaux qui ne sont plus malheureusement françaises. Il favorisa la création de l'aquarium marin de Concnrneau, que la lYussc peut vainement essayer d'imiter. Ce bel éta- blissement modèle fut établi par un ancien marin, vieux loup de mer, qui mit au service, des idées de M. Coste un enthousiasme dont, les jeunes gens sont rarement susceptibles. Si M. Coste eût voulu s'enrichir, combien il lui eût été facile de le faire ! mais il mourut sinon pauvre, du muins sans laisser aucune fortune. Ce sera la justification de ses amitiés impériales. Jamais il ne fit usage do son influence que pour la science, et il ne demanda de faveur que pour ses collabo- rateurs. Le gouvernement, lui confia une mission pour étudier la pisciculture en Italie, et l'élève du saumon en Ecosse, où elle a pris une importance si extraordinaire. Le résultat de ces importantes études fut la publication d'un magnifique volume édité avec luxe à l'Imprimerie impériale, et aujourd'hui épuisé, comme toutes les couvres de M. Coste. L'au- teur y décrit avec une grande vivacité de style cette étonnante fabrique de poisson frit et mariné qui s'est établi à l'embouchure du Pô dans les lagunes deComacchio. I! raconte également avec une naïveté .728 LA NATURE. A -L-,!^ charmante ihic visite au lac W'.z/.mn, où Virgile avait placé le soupirail qui mena Enée aux enfers. Tant que l'Empire fui prospère, on ne jurait à la cour que par la science de M. Coste. Il était l'iu- time de Villeneuve-l'Etang, où l'on mangeait grâce à lui de si délicieuses fritures, aux dépens de ses élèves. Mais quand les revers de l'expédition du Mexique eurent ébranlé toute la machine- impériale, on agit comme si l'on se repentait d'avoir nommé M. Coste inspecteur de la pèche maritime et fluviale. On prêta l'oreille à toutes les oppositions ; si l'on eût osé, on eût allégé le vaisseau de l'Etat en jetant à la mer la pisciculture et. le pisciculteur. M. Coste avait, commis, eu effet, bien des crimes ; depuis qu'il s'était occupé des huîtres, le prix de ces coquillages avait augmenté d'une façon fahuleuse. Les poissons jetés sans discernement dans les eaux où ils ne trouvèrent point de plantes aquatiques s'ils étaient herbivores, et de carpes à dé- vorer s'ils appar- tenaient aux ra- res carnassières , avaient singulière- ment dépéri ; mail- les orages de la politique ne tar- dèrent point à faire oublier ceux de la pisciculture ! Dès 1851, M. Coste (il n'avait encore que 44 ans) fut nommé membre de l'Insti- tut en remplace- ment de lilainville dont il avait été le suppléant pendant deux ans au Muséum d'histoire naturelle. Comme nous l'avons raconté, il eut pour concurrent M. do Quatrefages, déjà célèbre à cette époque et qui était soutenu par l'influence toute- puissante encore d'Arago. Pendant sa longue carrière académique, M. Coste prit une part active à plusieurs débats importants, parmi lesquels nous citerons la génération spontanée et le darwinisme. Représentant la grande école française de Cuvier, M. Coste ne crut pas devoir se laisser séduire par aucune de. ces doctrines, Mais animé envers tout le. monde d'un inaltérable senti- ment de bienveillance, M. Coste apporta dans sou argumentation une telle réserve qu'il ne semblait jamais attaquer l'homme dont il combattait le plus vivement les opinions. Lorsque Flourens fut atteint de la maladie ter- rible à laquelle il devait succomber, c'est par SI. Coste qu'il se fit suppléer dans ses fonctions de secrétaire perpétuel. Malgré ses instances, M. Coste ne voulut recevoir aucune partie des émoluments, et il exerça gratuitement ses laborieuses fonctions pendant trois ans qu'il tint le fauteuil, à la place de l'illustre zoologiste. C'est comme suppléant de des sciences physiques , éleva liante distinction. Si M. Coste Tr:ivnnx ilr M. Costo lU'ctillc d(^ uuifs tl<> jioi 1 Flourens que M. Coste prononça l'éloge de Dulrochet, qui, comme nous l'avons vu plus haut, lui avait fait sentir durement sa supériorité. M. Coste ne garda point rancune à sou ancien rapporteur et il s'expri- ma sur son compte en termes noblement émus. Lorsqu'il s'agit de pourvoir à la succession de Flourens, M. Coste eut pour adversaire M. Dumas, dont le grand talent et la liauLe influence rendaient la compétition si redoutable. Les partisans de la candidature du grand chimiste auraient triomphé plus difficilement s'ils n'avaient pu invoquer eu faveur do leur candidat la faiblesse de la vue de M. Coste, qui ne pouvait que difficilement s'acquitter du dépouillement de la correspondance. Peu do temps après cette lutte honorable pour les deux rivaux, l'Académie, ayant à nommer son président dans la section M. Coste à celte n'avait été retenu hors de Paris par le soin de sa santé lorsque nos dés- astres se succédè- rent avec une rapi- dité foudroyante, il aurait été chargé de représenter la première Assem- blée scientifiquedu monde devant la Prusse jalouse et, la Commune igno- rante. CefutM.Faye qui le suppléa. Il tint le fauteuil pen- dant toute l'année terrible que M. Coste passa forcément loin do Paris. M. Coste ne se releva pas compléteinontdesépreu- ves qu'il avait subies pendant cette horrible période; c'est seulement eu 1872 qu'il put revenir à Paris, et, reprendre de nouveau part aux délibérations de l'In- ti t Lit. .Mais si le corps avait été profondément ébranlé l'esprit était resté intact, l'intelligence avait gardé toute sa vivacité. Il reprit son cours avec une nou- velle ardeur au Collège de France. Son collaborateur, M. Cerbe, mettait ses yeux infatigables et son talent de dessinateur au service des investigations. M. Coste avait retrouvé son public qui, malgré les malheurs des temps, se pressait autour de sa chaire, presque aussi nombreux qu'autrefois. Jamais il n'a- vait conçu d'aussi vastes desseins, pour conserver à la France la supériorité que ses travaux lui avaient donnée, dans une science qui marchait de loutes parts à pas de géant. Car les aquariums, dont nous avions pour ainsi dire le monopole, s'étaient multipliés dans les grandes capitales. Les Anglais avaient con- struit, à lirighton, un magnifique établissement; l'Association britannique en avait fondé un dans la baie de iVaples; l'aquarium de Berlin devait à nos défaites une réputation croissante, 11 fallait réparer LA NATURE. 52H lu perte d'Jluningue. 11 était indispensable d'ensiû- gncr l'art d'exploiter le littoral, où tant de ressour- ces sont encore délaissée?. 11 fallait surtout, par des lois et, des règlements sages, empêcher la dépopula- tion de nos cotes, devenues d'autant plus précieuses grâce au* développements des "voies terrées. Il n'est pas en effet, aujourd'hui, d'habitant de l'intérieur, (pli, plus heureux que Louis XIV, il y a deux siècles, ne soit certain d'avoir régulièrement sa marée. Jamais la tète du savant n'avait été plus remplie de projets de recherches destinées à couronner l'édifice seulement ébauché de la pisciculture, quand la mort est venue interrompre cette existence, si active, si patriotiquemenl occupée. M. Cnsle était alors chargé d'une mission pour préparer la réglementation de la pèche de la marine. 11 tomba malade dans un déli- cieux et frais château de Normandie, où le retenait, pour quelques jours, une vive et tendre amitié. Il était déjà dangereusement malade lorsqu'il apprit la mort d'un neveu qu'il avait fait entrer dans la diplo- matie depuis de longues années, où une carrière brillante lui était réservée. Entré au service comme simple chancelier de consulat, M. Emile t'.oste venait d'être nommé, consul, au poste important de Cartha- gèue, lorsqu'un mal dont il avait contracté les ger- mes dans les régions tropicales, l'enleva après une douloureuse maladie. Celte catastrophe, produisit sur l'esprit de M- Costo l'effet le plus foudrovant. Il Travuui fie M. Cosle. ÉUsère de piscieulture, destinée à l'cclobiûii méthodique des reuf^ s'imagina que son heure dernière était arrivée, et il expira, en effet, quelques jours après, malgré tous les soins dont il était entouré. M. Coste fut enterré dans la retraite où la mort était venue le chercher. 11 n'y a point eu, à ses funérailles, de discours acadé- miques, mais ni les larmes, ni les Heurs ne manque- ront à sa tombe ! W. de Fonvieu.k. DE U CONSERVATION DES VINS 1 La vigne est une des richesses caractéristiques du sol français; elle y occupe près de 2 millions 1/2 d'hec- tares, répartis entre 78 départements; on estime la récolte moyenne à plus de 60 millions d'hectolitres, 1 L Pasteur, Etudrs anr le vin t .ses malndifs, etc., 2* (Mit. — Paris, F. Suvy, -1875, in— 8°, avec 32 planches gravées en taille douce, imprimées en couleur, et ^;> gravures (Irms le texte. valant chez le propriétaire plus de 1 milliard, dont plus du tiers est exporté, principalement en Russie, dans les Pays-Bas, en Angleterre et en Allemagne. Malheureusement, les vins de France supportent difficilement les voyages prolongés. Ils sont sujets à de nombreuses maladies ; arrivés à leur destination, ils se détériorent, et cela d'autant plus rapidement qu'ils sont livrés à des mains moins habiles, dans des celliers mal disposés, privés de ces mille soins qui font de l'élevage des vins un art difficile où peu de personnes excellent, même en France. Les meil- leurs crus sont souvent les plus délicats ; chaque année, par exemple, la maladie dite do l'amer dété- riore de grandes quantités des vins les plus exquis de la Bourgogne, et occasionne, ainsi que les autres altérations du précieux liquide, des pertes immenses: il n'y a peut-être pas une seule cave en France, chez le pauvre comme chez le riche, qui ne renferme quel- que portion de vin altéré. Frappé du préjudice que les maladies des vins "0 LA NATURI portent à une des brandies les pins riches de notre commerce, M. Pasteur se résolut, il y a déjà un cer- tain nombre d'aimées, à diriger ses recherches sur cette importante question, afin de découvrir, s'il était possible, un moyen d'empêcher l'apparition de toutes ces maladies. Le résultat de ces recherches a été publié sous le titre de: Élu- des sur le vin, et la première édition de ce bel ouvrage, qui a été couronné par le jury de l'Exposition universelle de 1867, fit, îi Té- ■ poquo de son apparition, sen- sation dans la science fran- çaise , qu'elle venait enrichir de précieuses et. si utiles décou- vertes. Ces décou- vertes se ratta- chent, par des liens étroits, aux magnifi- ques travaux de l'illustre savant sur le monde microscopique. Jusqu'à lui on avait admis que le vin est un liquide dont les principes ré- agissent sans cesse les uns sur les autres, qui se trouve constamment dans un état de travail molécu- laire particulier, et que, lorsqu'il renferme une matière azotée de la nature du gluten, ou, connue on dit aujourd'hui, alhuminoïde, celle-ci peut se modifier ou s'altérer [iar des causes inconnues et provoquer alors les di- verses maladies du vin. Or, un des résultats principaux des études de M. Pasteur est précisément d'établir que les variations qui s'observent dans les qualités du vin abandonné à lui-même soit en tonneau, soit eu bouteille, reconnaissent pour causes des influences ex- térieures à sa composition normale. De l'ensemble de Fip, 1. ■ -■:: , ; ■■ .'.' ■' '■■■■■::: : :Ùr':t--:i:-: r \: ' ■■!■ Appareil de. M. Tm'rnl df;s (Ji(''iK!>, chauffant 1(1 hi'ctol ses observations et deses expériences, il s ensuitquel vieillissement des vins réside essentiellement dans les phéuomèuesd'oxydation dus à l'oxvià'iiede l'air, qui se dissout et pénètre dans le vin de diverses manières, [te plus, ce n'est pas dans l'action spontanée d'une matière albumhioïde, modifiée par des causes incon- nues, qu'il finit chercher une deuxième sour- ce des change- ments propres au vin , mais dans la présence de végétations parasitaires mi- croscopiques; celles-ci trou- vent dans ce produit des con- ditions favora- bles à leur dé- veloppement, et l'altèrent soit par soustrac- tion de ce qu'elles lui en- lèventpourlcur nourriture pro- pre, soit princi- palement par la forma ti on de nouveaux élé- ments qui sont un effet même de la multipli- cation de ces parasites dans la Tiiarso du li- quide alcooli- que. De là cette r o n s é q u e n c e claire et précise qu'il doit suf- fire, pour pré- venir les mala- dies des vins, de trouver le moyen de dé- truire la vitalité des germes des parasites qui leur donnent naissance, de façon à em- pêcher leur développement ultérieur. Mais quel est ce moyen'.' Les maladies des vins ont été reconnues dès la plus haute antiquité, et l'empirisme a tout tenté pour essayer de les prévenir; ses efforts sont loin d'avoir été stériles. Sans rappeler l'usage si fréquent de la poix-résine ou des aromates chez les Grecs et les immains, pour donner de la durée à leurs vins, on LA RATURE. obtient de très-bons effets de conservation par l'em- ploi du sucre, comme pour les vins liquoreux ; par l'emploi de l'alcool, ou vinage, pratiqué avec succès soit par addition de sucre à la -vendange, comme, en Bourgogne, soit par addition directe d'alcool au vin, comme dans le. .Midi; enfin il y a le gaz acide sulfu- reux, car le médiagc des fûts est une des plus an- ciennes pratiques de l'art de faire le vin. Nous lais- sons de côte, la pratique non moins ancienne du plâ- trage, fort suivie encore, dans le Midi, pour donner de la stabilité et de la limpidité au vin. Tous ces modes de conservation ne sont efficaces que parce qu'ils ont pour effet de gèner considéra- rablemenl te développement des parasites du vin. M. le professeur Scoutettcn a appliqué dans le mémo but l'électricité ; le procédé de la congélation du vin est. connu depuis fort longtemps, et M. de Vei'guetle-Lamotte a eu le mérite de le rendre tout à fait pratique. Il est enfin une métbode aussi simple (pie peu dispendieuse, dont il était réservé à M, Pas- teur de montrer et de développer tous les avantages, en l'introduisant dans les usages industriels : nous voulons parler du chauffage des vins, appliqué scien- tifiquement à leur conservation. Fig 2. — Vue d'oiiscmblc de l'appareil île .M. Tend îles Chênes i l'enlrûu J'iinc rave. De tout temps l'emploi de la'cbaleur, sous diver- ses formes, a été mole aux pratiques de la vinifica- tion. Dejmis Columelle et Pline jusqu'à Fabroni, lïelon et l'abbé Piozier, jusqu'à Appert, l'on voit que le vin cuit ou soumis à l'action do la chaleur est re- gardé comme doué de propriétés nouvelles, de quali- tés plus solides. Ce n'est pourtant qu'après des expé- riences aussi multipliées que précises, patiemment poursuivies pendant des années, que M. Pasteur en est arrivé à formuler d'une manière certaine les condi- lions d'une opération qui résout si heureusement un problème étudié depuis plusieurs siècles. C'est cette opération que nous allons maintenant décrire ; nous ne pouvons, bien entendu, entrer dans le détail des expériences à la suite desquelles l'illustre savant est parvenu à démontrer qu'il suffit de porter le vin, ne fût-ce que pendant une minute, à la température de 55" à 00° centigrades pour enlever aux germes de parasites qu'il renferme leur faculté de reproduction. Le procédé du chauffage des vins est aujourd'hui en- tré dans la pratique industrielle, et ce sont les appa- reils mêmes qu'elle emploie qu'il nous reste à faire connaître. Parmi ces appareils, déjà assez nombreux, nous en choisirons deux, décrits dans l'article rédigé par 11. J. Ratiliu et inséré dans les Études sur te vin du M. Pasteur. Ces appareils sont essentiellement industriels ; chacun o lire des avantages qui lui sont propres; aussi ont-ils été, généralement, appréciés des prati- ciens, comme le prouvent les récompenses qu'ils ont obtenues dans divers concours : celui de MM. Giret et Vinas en particulier a obtenu, en 1870, le prix de 332 ,A NATURE. 3,000 francs, proposa par la Société d'encouragé- I sieurs autres, à circulât ion rontinuc et à bain-marie ment, pour « lus meilleurs appareils de chauffage i avec réfrigérant.. et de conservation des vins. » Trois médailles ' 1° Ctiléfactenr ffig. 1) : F boîte à leu central, avec d'or ont été décernées dans diverses expositions foyer à la partie inférieure; P porte latérale pour le agricoles à celui de H. Terrel des Chênes. Voici corn- combustible, qu'on introduit par la porte P' quand ment est construit ce dernier, qui est, connue plu- l'appareil est en marclie : Il bain-marie ; r, robinet de TT^X. t'ilï T> - A|jpari'il fie MU. Giivt .'t Viiias, chauffant 1(1 Jum-idIiIit:- j 1 ' I i . - i j i h ■ vidange. Au-dessus du bain est un réservoir ouvert à l'air libre, constamment rempli d'eau, séparé, du bain-marie par une cloison horizontale et eommuui- quant avec lui par une soupape o attachée à un levier relié au robinet v. Quand le bain atteint une tempé- rature trop élevée, les gaz sortent par o, l'eau rentre, et ramène le bain à la température normale, tout en l'alimentant, ss serpentin pour la circulation du vin, formé de 40 petits tubes en cuivre de i ™ ,m do diamètre intérieur, aboutissant, d'une part, à la bouche X, d'autre part à la bouche K. 2" iiéfri'jerant : lîR gros tuyau entourant le calé- facteur et renfermant A') petits tubes parallèles s' de 4111m d c diamètre, qui aboutissent, d'une part, à une boîte 11, où plonge un thermomètre t, d'autre part à une cavité en li à l'autre extrémité du gros tube. Le vin froid arrive par le tube a, pénètre en R dans le gros manchon ou réfrigérant, en sort en N' par une LA NATURE. 335 tubulure, pour pénétrer dans le culêfacteur en N ; parcourt les 40 tubes ss du caléfaeteur, sort en K, rentre par le tube ( dans le réfrigérant, parcourl les 40 petits tubes s's' du réfrigérant, pour quitter l'ap- pareil par le tube e. Posé sur une brouette, il peut être déplacé par un seul homme (fig. 2) ; une pompe à air A, également portée sur une brouette, comprime de l'air à la partie supérieure du tonneau T dont on veut chauffer le vin ; un tube adapté à la partie inférieure de ce tonneau envoie le vin en e dans l'appareil à chauffage B ; un autre tube S dirige le vin chaulfé de l'appareil dans un tonneau vide T'. Résultats économiques de cet appareil (grand mo- dèle) : Prix, avec tous les accessoires : 1,200 fr.; nom- bre d'hectolitres chauffés à l'heure à 60° : 10. Pre- nant le vin vers 15° et le portant fi 00°, il le refroi- dit vers 52°. 11 dépense 5 kilog. de churbunpar heure, soit 1 centime 1/2 par hectolitre; diamètre à la base. : U1 50; hauteur totale, 2'"; poids total avec la pompe et accessoires, 250 Uilog. Voici la description qu'il uous reste à donner de l'appareil de MM. (îiret et \uias. 1° Caléfaeteur (fig. 5) : P boîte à feu avec tubes FF ; C bain-marie, dont le evliudre est fixé sur le foyer à l'aide de deux rebords entre lesquels est une bande de toile trempée dans de la colle de farine ; ces deux rebords sont pressés par des pinces en fer (j\ JIM caisse ou circule le vin, formée de deux cylindres concentriques reliées en haut et en bas par deux rondelles annulaires. 2" Réfrigérant: 11R cylindre avec caisse in! érieure NX ; le couvercle du cylindre extérieur est mobile, fixé au cylindre par une disposition y' comme en crabes vivants (carcinus menas). Bien que la femelle quitte rarement son nid, elle eu obtient cependant généralement sa part, et je l'ai vue saisir avec trois de ses bras, et attirer vers elle trois crabes à la fois. Leur test est bientôt écrasé et broyé par sou bec puissant; et, lorsqu'elle a dévoré le con- tenu, les débris du lest sont rejetés hors de son antre. Si Aristote s'est trompé en supposant que l'Oclo- pus femelle ne prend pas de nourriture pendant la période de développement de ses œufs, je pense qu'il a eu raison d'admettre que. l'anxiété de la mère pour sa progéniture et ses soins incessants agissent défa- vorablement sur sa santé. Lue poule qui couve mai- grit, et je m'imagine quelquefois que notre poulpe donne des signes de dépérissement. Sa respiration semble parfois pénible. Lorsque l'eau est inhalée (j'emploie ce mot à dessein, car l'animal respire 1'oxvgène qui v est contenu) à la partie ouverte du manteau-sac, le tube-siphon, à son orifice, est sou- vent tiré puissamment au dedans, et lorsque la paire de soufflets du corps se ferme, la même ouverture du tube est distendue à l'extrême par la sortie de l'eau exhalée. L'Octopus femelle tourne souvent l'o- rifice de son tube, comme le pompier fait de la lance de sou tuyau, de façon à diriger un jet de l'eau qui sort, sur ses œufs ; dans quel but, je suis incapable de le dire. Mon opinion est qu'une incubation réelle n'est pas nécessaire, et qu'elle n'a pas lieu. Je crois que la mère veille sur ses œufs pour les protéger et les empêcher d'être dévorés par les poissons ou par d'autres poulpes, peut-être même par leur propre père. Jusqu'à ces derniers temps, aucun des naturalistes vivants ne connaissait les œufs de l'Octopus ni leur incubation; mais, depuis bien des années, J'ai re- cueilli de temps en temps des œufs de Sepia et du 534 LA NÀTURK. Loligo à différents états de développement, et ja les ai fait éclore sans le secours de leur mère, simple- ment en les suspendant dans un bassin nu un baquet dont je changeais l'eau fréquemment. La même chose a été faite par feu mon ami .lolm Keast Lord, l'année dernière, à l'aquarium de IJrighlon, où cette éducu- -ion se fait maintenant, avec les œufs des deux es- pèces. Dans quelques-unes des grappes d'eeufs de la Sepia, apportées il y a quinze jours, les jeunes Sei- ches se sont considérablement approchées de. leur forme parfaite. D'abord, le petit animal a la tête et les yeux démesurément larges, mais graduellement il arrive à ressembler davantage à ses parents. Si l'on écarte le tégument noir, connue on enlèverait ia pe- lure d'un grain de raisin, on peut voir l'eiubrvoti se mouvant dans le fluide qui remplit l'œuf. Épluche/: sous l'eau ce petit pepiu de raisin vivant, et il se met- tra à nager avec pleine connaissance et eu possession de toutes ses facultés, aussi libre et aussi dégage que s'il connaissait le inonde depuis longtemps. 11 voit les obstacles et les évite ; et si vous le retirez de l'eau et le prenez dans votre main, le précoce petit giul- . ard, qui n'est pas ne depuis une minute, vous ta- chera les doigts de sou encre. Vous pouvez dompter un vieux poulpe, il apprendra à vous reconnaître comme un ami, qui ne lui veut, pas de mal ; mais les jeunes sont aussi timides que nos bébés, et re- gardent tout le monde, leur mère exceptée, comme ennemi. [Société linnc'cnnc.) CHRONIQUE Le Yolcuit J¥Iaun» Lna. — Il est actuellement eu pleine éruption. Son cratère comme on le sait, domine l'Océan, au milieu d'une des îles Sandwich, et les naviga- teurs qui ont pusse récemment dans ces parafes, affir- ment que lu ciel est embrasé à plus de 100 kilomètres à la ronde par les feux que vomit le gouffre béant. Une illu- mination, grandiose, incomparable, éclaire. l'Ile tout en- tière : on entend des mugissements lointains, des gron- dements sourds, qui forment le concert de cette effroyable fête du domaine de Plu tou. Une grue colossale — Le Scientijic American donne la description d'un appareil flottant du genre des grues, mais do proportions colossales, dont il est l'ait usage pour la construction des nouveaux quais de Kcw- lork. Cette puissante machine, pour laquelle son construc- teur, SI. Bishop, a été breveté, a déjà été employée lors de la construction de l'aqueduc du tligh bridge, La partie flottante de l'appareil est de forme rectangulaire; un des côtés a (15 pieds de long, l'autre eu a 70. Sa profondeur sous l'eau est de 15 pieds, dette espèce de caisse est con- struite principalement ou bois de pins de Géorgie. Pour éviter tout jeu du bois et tout changement de forme, le tout est cerclé de 10 ligatures en fer. Une tour est con- struite sur cette caisse et supporte la grue proprement dite. La charpente de cette tour se compose de 12 madriers de 03 pieds de longs qui mesurent 14 pouces carres à leur extrémité inférieure et 12 à leur extrémité supérieure. Ces madriers, solideuienl fixés par le bas dans un cercle de fer, se réunissent par le haut et sunl liés ensemble par un autre cercle de fer sur lequel il sont boulonnés. Sur ces madriers sont clouées des planches qui font de l'appareil une véritable tour conique creuse dans l'intérieur de la- quelle est placé le moteur qui fait mouvoir une vergue de fer de Gii pieds de long placée sur le sommet de la tour cl dont un des bras peut manoeuvrer des blocs de bétons de 100,000 kilogrammes ! L» société de microscopîc tic Victoria. — Un meeting s'est dernièrement réuni dans la salle des séances de la Société royale à Melbourne, dans l'intention de fonder une société de microscopie. Depuis longtemps, les person- nes adonnées à ce genre d'études désiraient se réunir afin île comparer le résultat de leurs travaux et de se. donner réciproquement des conseils. I.n motion du docteur Rnbeit- sou, « qu'il est désirable dans l'opinion du meeting'fia for- mer une société qui recevra le nom de société de micro- scopie dc\ictoria », a été adoptée sans discussion, dette société sera divisée en deux classes : la première composée d'observateurs expérimentés qui en seront membres, l;i seconde d'amateurs et d'étudiants qui seront associés. Dans la même séance, un comité provisoire a été consti- tué pour étudier les règlements et statuts de la société et les soumettre à la prochaine réunion, qui a dû avoir heu le 2!) août. L'Association française pour l'avancement «le» science». — Le succès des deux premières sessions de l'Association française a engagé plusieurs villes à inviter l'Association à les choisir comme lieu de réunion pour les années suivantes : le Congrès de 1871 doit se réunir à l.ille, d'après le vote de l'assemblée générale; des propo- sitions ont été bûtes pour 1875 par Toulouse, le Havre, la ltochelle, fiantes. Dans cette dernière ville, sur les instan- ces de la Société académique de la Loire-Inférieure, le conseil municipal a volé une. somme de 10,000 Iraucs pour les frais de session si le Congrès se réunit à Nantes en 1875 ; dans cette somme il il été entendu que ne doi- vent pas être compris les frais de réception et les fêles s'il en est donné. D'autre part le conseil général a émis le vo:u que la session do l'Association eût lieu à liantes et a promis, dans ce cas, de voler une subvention. Les fonds mis à la disposition de l'Association sont loin d'atteindre les sommes votées par les villes anglaises pour les sessions de l'Association britannnique ; nous pensons cependant qu'il est intéressant de signaler ce fait qui prouve que l'on commence en France à so rendre compte de l'utilité générale qui s'attache au progrès delà science, ' Concours régionaux ngrlcolcs. — Les concours régionaux pour 1874 se tiendront clans les départements suivants: Aisne, Alpes-Maritimes, Indre, Landes, Loire- Inférieure, Lozère, Manche, Saône-et-Loirc, Deux-Sèvres, Tarn et Yonne; on s'occupe en ce moment de désigner les villes qui seront les sièges de ces solennités. Il faut pour cela le concours des municipalités. Dès aujourd'hui des décisions sont prises dans les six villes suivantes : Soissons pour l'Aisne, Cbàteaudnn pour l'Indre, Auxcrre pour l'Yonne, Albi pour le Tarn, Mende pour la Lozère, Nice pour les Alpes-Maritimes. Soissons est, dans ce nombre, la seule ville qui ne soit pas le chef-lieu du département. tue baleine prise dans un cable télégraphi- que. — Le câble télégraphique du golfe Persiquc à dû être relevé au muis de juillet dernier, pour être soumis ides réparations urgentes. A mesure que cette opération toujours difficile s'exécutait, ou remarqua que le remon- LA NATURE. luge devenait de plus en plus dur ; la machine du treuil fonctionnait difficilement, quant on vit tout à coup appa- raitiv à Heur d'eau une baleine qui se trouvait prise comme dans un nœud coulant. Les fils formant enveloppe étaient brisés, la gulla-pcrcha, déchirée. Il semble probable que cette haieine cherchant à s'emparer des parasites qui se ii n o Lit habituellement sur les câbles, s'est subitement trou- vée enlacée dans le lil, pendant qu'on le remontait il la surface de la mer. En se débattant elle s'est enroulée à la naifsance de la queue. Comme le câble présen- tait des morsures fréquentes dans certains endroits voisins de celui où le célacé avait été pris, les ingénieurs ont supposé que des requins ou d'autres monstres marins ont été cause de la désagrégation qui avait intercepté le cou- rant électrique, Vitalité- des insectes aquatiques. — l.e docteur J.-H. Seliiucr rapporte, dans les Ycrhaiidlitngcn dur Kahei - lith-KônhjIiclicu zuologi&ch-bokininclten Gcxellscltaft- in Wu'.n, un étonnant exemple de la vitalité des insectes aqua- tiques. Il avait laissé un aquarium complètement à sue, depuis h; mois d'août jusqu'au mois d'octobre 187 1- A son retour, il voulut leuiplirdc nouveau. Lorsque, au bout de quelques heures, l'eau fut devenue claire et transparente, il y vit, à sa grande surprise, s'agiter sis petits insectes : trois liait/plus, deux espèces de Pliilliydrus, et aaGolym- beks. Cependant, les fenêtres de l'appartement étaient restées fei'iuéts, et l'eau, puisée à la fontaine de la maison, était parfaitement claire, il faut donc admettre que les in- sectes avaient vécu dans une sorte d'engourdissement. Le dessèchement, même complet, d'un étang ne suffit doue pas a faire mourir ou émigrer tous les insectes parfaits qui y habitaient. {Société Linnéennc.) 1,'ne découverte archéologique. — Il n'est bruit à ISidau que d'une trouvaille merveilleuse. On aurait péché dans lu Tliielle une longue laisse de quatre pieds de long, marquée aux chiffres I d. I, toute bardée du fer et pleine de pièces d'or. Ou prétend, qu'en lôS.S, dit le Journal de Genève, les Bernois laissèrent chavirer sur la rivière, gimlléc par les eaux, une de leurs barques qui ser- vaient au siège du château, et que, dans celte barque, se trouvait déposée la caisse en question. C'ét.iit à l'i poqueoù EugueiTaud IV, le dernier des sires de Coucy, avait reçu de l'Autriche le comté de iNidau comme apanage. Ce qui resta des biens du sire de Coucy fut cédé aux Orléans. On a également mis à découvert une butte lacustre dans laquelle on a trouvé toute une famille, dunt les squelettes sont assez bien conservés pour qu'on puisse encore voir lapeau et les cheveux. Le tout sera déposé incessamment au musée de Mdau, <><>« ACADEMIE DES SCIENCES Hiance du 15 octobre 1875. — Présidence de X. de 0uathi:imw;3. Encore uu deuil ; M. Antoine Passy est mort cette se- maine, L'Académie n'a pus pu se faire représenter il ses obsèques, qui ont eu lieu loin de Paris, mais une notice biographique sera rédigée par le doyen de la section à laquelle appartenait l'académicien décédé. — A cette oc- casion , signalons l'apparition d'un volume, déposé sur le bureau put' M, Dumas et qui sera lu avec le plus vif in- térêt par tous les ainis des sciences. C'est la biographie complète de Rumfort. Américain de naissance, il fut long- temps ministre en Bavière, contribua puissamment à Londres à la fondation de l'Institution royal avec Davy et Faraday, enfin habita Paris pendant de nombreuses années et prit part aux travaux de l'Institut. Le volume présenté aujourd'hui constitue l'introduction aux œuvres complètes de Rumfort, dont l'éditeur est M. Ellis. A.samnion scientifique. — Le secrétaire perpétuel ré- sume avec le plus grand soin la relation que notre rédac- teur en chef, H. Gaston Tissandier, adresse de son dernier voyage aérien. Les deux faits signalés spécialement par .M. Dumas comme particulièrement intéressants sont, d'une part, ks brusques variations observées par le voyageur, quant à l'état hvgrométrique de l'air des diverses couches traversées, el en second lieu l'apparition d'une magnifique auréole lumineuse autour de l'ombre portée par l'aérostat au manient où celui-ci passait au-dessus d'une prairie. l.e climid des inoidatjnes. — Le sujet traité par M. le 11' Lombard sera une transition entre la communica- tion précédente et les travaux absolument terrestres qui suivront : il s'agit du climat des montagnes considéré surtout au point de vue de l'hygiène et de la médecine . D'après l'auteur, les populations montagnardes sont pres- que complètement à l'abri de la phlhiaie pulmonaire ; seu- leiuciil, comme il parait que les pneumonies sont 1res- coimiiimiîs chez elles, on peut regarder leur bénéfice comme fort douteux. Une remarque intéressante mais qui, semble-t-il, aurait du être faite, depuis longtemps, est re- hitive aux malades auxquels on ordonne l'air des mon- t.igncs i elle consiste dans la nécessité, lors d'une pareille prescription, d'avoir égard il l'altitude que le malade ha- bite normalement. Ainsi le séjour à 600 mètres fera le même effet sur un malade habitué à l'altitude de 300 mètres que celle-ci à un riverain de l'Océan, Vu réactif de la galène. — Lu phénomène jusqu'ici mystérieux, mais qui n'en est pas moins propre à rendre dos services aux minéralogistes et aux chimistes, est si- gnalé par JI. Jannettaï, aide— naturaliste au Muséum. 11 s'agit du dégagement très-nul de l'hydrogène sulfuré lors- que l'on broie le. sulfure de plomb ou galène avec le b - sulfate de potasse sec. Les autres sulfures naturels essayés n'ont pas reproduit ce dégagement inattendu qui parait propre à faire reconnaître la galène jusque dans ses mé- langes. Le fait est d'autant plus remarquable que le sul- fure de plomb est l'un des composés les plus stables que l'on connaisse. Le phylloxéra. — Le phylloxéra continue d'exercer ls sagacité et la patience des observateurs. Laissons de côté l'idée fort peu pratique de M. Pollet (1), qui consiste à combattre l'insecte par de la rnie de pain déposée au pied des ceps infectés. Nous avons aujourd'hui il analyser un nouveau travaii de M. Maxime Cornu. Cet infatigable obser- vateur a voulu savoir comment, en définitive, lo phylloxéra des racines passe aux feuilles, et il y est parvenu. On pensait que le phylloxéra des racines, prenant des ailes à la suite de ses métamorphoses, allait se fixer sur des feuilles , où il délerminait le développement des galles. Wai s il parait que les choses se passent autrement. Lorsque les racines dont l'insecte fait sa nourriture de prédilection viennent à s'épuiser, le phylloxéra les quitte cl parvient à la surface du sol. Quoique pourvu seulement d'yeux ruili- tnenlaires, il est très-sensible à l'action de la lumière, et 536 LA NATURE. dans plusieurs expériences, il a paru même le rechercher avec empressement. L T ne fois sur le sol, il grimpe le Ion"; d'une tige, atteint les feuilles les plus jeunes et par con- séquent les plus tendres, et la s'établit en déterminant les désordres déjà décrits. 11 faut qu'il soit en disposition convenable pour faire cette ascension, car le plus souvent, quand on le transporte sur la feuille, il se laisse tomber à terre pour regagner les racines. Le phylloxéra du chêne. — Comme on sait, la vigne n'est pas le seul végétal soumis aux attaques du phyl- loxéra; trois autres végétaux sont dans lu même cas et chacun a son insecte particulier. I.e phylloxéra du chêne se présente dans des conditions spécialement favorables à l'étude, et M. Balbiani les a mises à profil. Mans son tra- vail d'aujourd'hui, qui n'est qu'un commencement, l'au- teur s'occupe surtout de l'anatomic et de la physiologie de l'insecte, et il montre comment le [curieux mode de reproduction dit parthénogenèse, qui s'étend à l'aide d'un seul mâle: h plusieurs générations successives de fc- mellesjoue un rôle considérable dans la multiplication des parasites. Comme le remarque M. Dumas, ces faits sont d'autant plus intéressants qu'ils peuvent éclairer divers points de l'histoire du phylloxéra de la vigne. Faune ornilhologiipie de l'île Rodritjues . — La séance est terminée par la lecture d'un très-intéressant mémoire de JI. Alphonse Miinc Edward, sur les oiseaux dont on trouve les ossements dans les dépôts les plus superficiels de l'He Rodrigue. Ces oiseaux, disparus complètement de la nature vivante actuelle, peuplaient l'île il v a moins de 200 ans, en 1091 , époque où le vovagcui' Léguât la vi- sita. 11 y a dans les faits consignés au mémoire do nom- breuses données du plus haut intérêt, nu point de vue géné- ral du renouvellement des faunes à. l'égard duquel il faut déplus eu plus renoncer à l'ancienne supposition de cala- rlysines faisant à chaque instant table rase de tout ce qui existait, pour le remplacer par quelque chose de nouveau. Svance du 20 octobre tSi^J. lie production du phylloxéra. — Lnoore aujourd'hui, le phylloxéra a les honneurs de la séance. Poursuivant ses études sur le phylloxéra du chêne, II. Balbiani donne des détails relatifs au mode de reproduction do ce parasite. Comme ou l'a vu plus haut, les femelles ailées, sont fé- condes sans réclamer le concours d'aucun mâle. Les œufs qu'elles pondent sont de deux espèces différentes et rc- connaissablcs à leur aspect extérieur; des uns sortent des mâles et des autres des femelles. Presque au sortir de l'œuf ces nouveaux venus se recherchent et s'accouplent à la manière de. la plupart des animaux et tout à l'inverse de leurs parents immédiats. Ces phylloxéras construits en vue exclusive de l'acte gé- nérateur sont sous tous les rapports extrêmement mal dé- veloppés. On en jugera par ce seul détail : leur système digestif est complètement rudimeiilaiio ; ils n'ont ni trompe ni bouche et ils se nourrissent pendant les quel- ques jours de leur existence, aux dépens de la nialiérc vi- telline qui remplit leur intestin. Tandis que les femelles fertiles par parthénogenèse sont extrêmement prolifi- ques, celles qui ont subi l'accouplement ne pondent qu'un ceuf, et celui-ci, au lieu d'éclore très-rapidement comme c'était le cas tout à l'heure, est le siège d'un travail très- lent d'évolution. Tout porte à penser qu'il est destiné à passer tout l'hiver à mûrir pour donner au printemps une génération capable de se multiplier très- vile. Le phylloxéra e/i Amérique. A son reloue d'une mis- sion remplie aux États-Unis dans le but d'étudier lu phvl- loséra dans sa patrie d'origine, M. Plaiichon expose il l'A- cadémie qu'il existe dp. l'autre côté de l'Atlantique des co- llages absolument épargnés par le fléau. Ce sont spéciale-mont ceux où l'on cultive une espèce de vigne dont les racines sont acres au lieu d'être douceâtres, et il se pourrait que nos vignes greffées sur ce bois échappassent à l'attaque de l'insecte. Malheureusement des considérations de pïivsio- logie végétale tirées de la diversité des bois qu'on ob- serve entre nos vignes et colles d'Amérique, font crain- dre que la greffe ne roussisse pas. Le remède au phylloxéra sera peut-être dans un petit animal que H. Planchiui rapporte (huis un tube et que les Vunkees désignent sous le nom de Catwjbalc de phylloxéra. C'est un iicarien qui vit sur les racines de la vigne mais qui loin de leur nuire les protège en faisant une chasse sans trêve ni merci au parasite. La manière dont celui-ci s'est ac- climaté chez nous fait espérer que son ennemi se fera de même à notre pavs. M. l'bmcbon en va faire colore cet hiver afin de pouvoir tenter au printemps des expériences dans ce sens. Planètes et étoiles doubles. — Les planètes parcourent, autour du soleil, une courbe fermée; ce faitsuflit ii.M. Ber- trand pour découvrir à nouveau les lois de la gravitation. Si l'on veut, le savant géomètre montre que toutes ces lois découlent, comme conséquences forcées, de la première proposition. La chose est évidemment curieuse mais sans intérêt pratique, puisque le mouvement planétaire est au- jourd'hui connu. 11 n'en est plus de même si l'on applique la démonstration, connue le fait l'auteur, an cas îles étoiles doubles. Ici encore il y a parcours d'une courbe fermée; mais c'est tout ce que peut indiquer l'observa- tion. Cela suffit, d'après ce que nous venons de dire, pour démontrer que, dans ces systèmes éloignés, les lois de Newton ont toute leur force comme autour dul soleil. — « C'est gentil, » murmure M. Paye. Ammoniaques composés de l'esprit de, bois. — Parmi les découvcrles considérables de la chimie organique, se place, au premier rang, celle des ammoniaques composés à laquelle est attaché le nom de notre compatriote, M. YVurlz. Tout ce qui se rapporte à la nature de ces corps complexes est digne du plus haut intérêt, et c'est à ce ti- tre que nous mentionnons le travail de 11. Vincent. Ce chimiste s'est demandé d'où proviennent les ammoniaques composés qui accompagnent l'esprit de bois, avec une telle persistance, qu'il y a eu un notable progrès quand on a pu trouver à leur égard un] procédé de purification. Pour ré- soudre la question qu'il s'était posée,] M. Vincent a étudié successivement l'action de l'ammoniaque sur tous les corps (jui prennent naissance dans la distillation du bois, et il a reconnu que ni l'alcool méthyli me, ni les carbures d'hydro- gène, ni l'acide acétique, ne donnent les produits cherchés. C'est un dérivé secondaire de la distillation, l'acétone, due à une modification spéciale de l'acide acétique, qui, au con- tact do l'ammoniaque et par voie de substitution, peut don. lier trois ammoniaques composés parfaitement distincts et parfaitement caractérisés. Sïamsias jIkustïh. Le Propriétaire-Gérant : G. Tissaxdiesi. i-Aiiis. — ihp, Simon iiAçoa ei cour., nuis u'Knnarni, 1. .\° -1-1. 1" NOVEMBRE 1873. LA NATURI 537 LES TAÏÏP1NS LUMINEUX Lus personnes qui s'intéressent un peu aux insec- tes, qui les observent pour augmenter l'agrément des promenades à la campagne, connaissent des coléo- ptères, nommés éiaténens par les entomologistes, et qu'on voit voler dans les prairies, les clairières, sur les bords des routes, surtout dans les mois de mai et lit'; juin. Le plus souvent d'une couleur noire ou bronzée, souvent aussi revêtus de, poils soveux cou- chés, parfois d'un beau rouge, ils sont remarquables par leur l'orme oblongue, leur grand corselet en tra- pèze, plus ou moins prolongé en pointe aux. angles postérieurs, et par la brièveté de leurs pattes. Im- puissants pour cette raison à se retourner lorsqu'on les place sur le dos en cherchant à prendre appui avec leurs pattes, ils sautent brusquement et retom- beuL sur le ventre, produisant un bruit sec, d'une, certaine analogie avec un coup de marteau, qui lesafait appeler taupins, maréchaux ; ce petit manège, qui amuse beaucoup les enfants, a donné à la tribu con- stituée par ces insectes son nom scientifique, traduc- tion de scarabées à ressort de quelques auteurs an- ciens. Le corps retourné se cambre sur le plan de position, en s'appuyant au moyen de la tête et de l'extrémité de l'abdomen. Une pointe du dessous du corselet pénètre, par un brusque mouvement de l'in- Cucnjos île 1:1 H:iV!lIlf:. Pyi'ojihorits atrtibus, vu de prtilil. — Pyrophùriis novticulns, nu vol cL ;iu ippos. secte, dans une fossette du dessous de l'anneau sui- vant, et le dos vient alors heurter le plan d'appui, d'où, par réaction, l'animal est lancé en l'air. Une grande famille do ces insectes, des régions chaudes de l'Amérique, a une autre propriété encore plus curieuse, bien connue depuis longtemps, mais sur laquelle l'attention publique a été de nouveau appelée tout récemment, même dans les journaux non scientifiques. Ces éiaténens sont les pvrophores; doués d'une phosphorescence bien plus vive que celle de nos mo- destes vers luisants, émaillant l'herbe de leurs petits feux, et même que celle des lucioles, voltigeant eu étincelles plus vives dans les broussailles, sous les yeux émerveillés des touristes eu villégiature à Cannes uu à Ilyères. Le siège de la phosphorescence des taupins lumi- neux n'est pas le îiièiuc ; il réside dans deux gran- des taches elliptiques d'un jaune clair pendant lejour placées sur les côtés du corselet, et aussi en une ta- che triangulaire blanchâtre et transparente, située en dessous sur la membrane qui unit au thorax le premier anneau de l'abdomen. L'éclat répandu est assez fort pour permettre de lire à petite distance. Vers le milieu du siècle dernier, des morceaux de bois des îles contenant des larves ou des nymphes de py- rophores se trouvaient dans un atelier du faubourg Saint-Antoine. Les insectes vinrent à éclosion, et en volant pendant les premières heures de la nuit, illu- minèrent par intervalles les fenêtres de vastes pièces complètement inhabitées à cette heure. 11 n'en fallait pas tant pour amener un rassemblement de curieux, les Parisiens d'autrefois étant tout pareils à leurs descendants. Grand émoi! c'est à qui n'osera entrer pour saisir les âmes errantes de ces revenants dont les lueurs présageaient quelque grand désastre. L'his- LA NATURE. toire est rapportée tout au long dans une lettre d'un médecin du quartier, lu docteur liondazoy, lettre qu'insérèrent les Mémoires de l'ancienne Académie des sciences, eu 17(50. Au nouveau monde, les pyrophores furent le sujet d'une autre illusion. Lorsque les bandes espagnoles se ruèrent au massacre des indigènes , une troupe , nouvelle- ment débarquée et en hostilité avec les anciens occupants, crut voir dans les nombreux pyrophores brillants au bord d'un bois les môchos des arquebu- ses d'une année et n'osa engager la bataille. Les in- digènes des régions qui forment aujourd'hui les Guyanes, la Colombie, le nord du Brésil, se servent depuis un temps immémorial de ces insectes, qui, api'ès le coucher du soleil, illuminent des broussail- les de leurs girandoles étincelantes. Ils les attirent en balançant en l'air des charbons ardents, ce qui montre bien que les lueurs phosphorescentes sont des flambeaux d'hyinénêe destinés à l'appel dus sexes. Les Indiens attachent les pyrophores au haut d'une petite baguette ou sur les orteils de leurs pieds nus, et s'éclairent ainsi dans les ténèbres des bois. Leurs fommes s'en forment des colliers et des pendants d'o- reilles, ou en ornent leurs noires chevelures, bien plus éblouissantes sous les larges feuilles des pal- miers que les reines de l'Europe avec leurs diadèmes de diamants. Les dames créoles ont imité dans leur coquetterie les filles sauvages des bois. A la Havane, se trouve l'espèce de pyropborc la plus commune en Amérique le P. noctilucus Limi. Dès la lin d'avril, après les premières pluies, on les voit voler au crépuscule dans les lieux boisés et les plantations de cannes à sucre. Pendant le jour ils restent cachés dans les creux d'ar- bres, les troncs pourris, sous les herbes fraîches, car ils aiment beaucoup l'humidité et on ravive ieur phosphorescence d'éclat un peu verdàLrc, en le plon- geant dans l'eau. Ils portent à la Havane le nom de cucujos ou cocuyos, cl. cesseul, de paraître à la lin de juillet; mais on peut les conserver captifs dans des petites cages de jonc ou de (ils de fer, jusqu'au mois de novembre, eu les nourrissant, avec des morceaux de canne à sucre, et err ayant soin de les baigner deux fois par jour afin de remplacer pour eux les rosées du matin et du soir. Ce sont les bijoux vivants des dames, d'un bien antre éclat que les pierres pré- cieuses. Ou les introduit le soir dans de petits sacs un tulle léger qu'une habile femme de chambre atta- che avec goût sur les jupes ; d'autres, entourés de plumes d'oiseaux-mouches et de diamants, sont pi- qués dans les cheveux avec la mantille, au moyen d'une longue aiguille qui passe sans les blesser, en- tre leur tète et le corselet. J'emprunte quelques dé- tails à M. Chanut, au sujet des dames créoles de la Havane, à qui les pyrophores servent de jouet. «Sou- vent, par un charmant caprice, elles les placent dans les plis de leur blanche robe de, mousseline, qui semble alors réfléchir les rayons argentés de la lune, uu bien elles les fixent dans leurs beaux cheveux noirs. Cette coiffure originale a un éclat magique, qui s'harmonise parfaitement avec le genre de beauté de ces pâles et brunes Espagnoles, Luc séance de quelques heures, dans les cheveux, ou sous les plis de la robe d'une scuora, doit fatiguer ces pauvres insectes habitués à la liberté des bois. Cette fatigue se révèle par la diminution ou la dispa- rition passagère de la lumière qu'ils émettent ; ou les secoue, on les taquine pour la ramener. Au re- tour de la soirée, la maîtresse en prend grand soin, car ils sont extrêmement délicats. Elle les jette d'a- bord dans un vase d'eau pour les rafraîchir; puis elle les place dans une petite cage où ils passent la miil à sucer des morceaux de canne à sucre. Pendant tout le temps qu'ils s'agitent, ils brillent constam- ment, et alors la cage, comme urre veilleuse vivante, répand une douce clarté dans la chambre. » Eu re- cherchant les bois décumposés, où vivent les larves do ces taupius hmuueux, ou pourrait aisément les amener eu France en grand nombre, et les faire éclore en serre chaude, peut-être même avoir une reproduction. Je ne sais trop si j'oserai soumettre cette idée aux graves membres du conseil de la Société d'acclimatation, mais ces insectes seraient l'objet d'un fructueux commerce. Je prédis un suc- cès étourdissant à la première de nos élégantes, du monde ou du demi-monde, qui, par une belle soirée d'été, ferait le tour du lac, en femme de feu, cou- verte d'étoiles animées. Le P. nvctilucns a été tout récemment présenté à l'Académie des sciences, à l'état vivant, par M. le marquis de dos Harniauas, (pu eu avait emporté plus de quinze cents de la Havane l . 11 a fourni à MM. Robin et Laboulbciio 8 l'objet d'une, étude intéressante sur l'appareil lumineux de ces insectes. Au-dessous du mince tégument qui re- couvre les taches phosphorescentes, existe l'organe pholngène, masse humide, charnue, gnsrdre, semi- transparenlo ; plus profondément se trouve une couche de tissu adipeux, d'un blanc mat, que tra- versent les nerfs et les trachées de l'organe, les uns et les autres fort nombreux, surtout les dernières, en raison de la quantité considérable d'oxygène nécessité par la combustion de la matière phosphorescente. Plusieurs années auparavant ou avait présenté à la savante compagnie un autre pyrophore vivant, pro- venant des terres chaudes du Mexique, le/ J , strubus, Cermar, au fin pelage cendré. Nous remarquerons, en manière de digression, que notre malheureuse expédition du Mexique n'a laissé absolument d'autres résultats que quelques découvertes scientifiques in- téressantes, et l'introduction en France des axolotls, acclimatés aujourd'hui. Quoique la fin ait été achetée un peu cher et arrosée do trop de sang, il ne faut pas s'en plaindre ; la politique passe, la science reste. J'ai vu chez M. E. Iîlanchard, ces pyrophores mexi- cains. Leur lumière est encore plus verte que celle 1 ('.. iôo, a Comptes cenditH. — 2 a ^cluosUé; l^îâ, u a 8. LA NATURE 530 des pyrophores noctiluques do la Havane, et ressem- ble à la couleur des lanternes de certaines voitures publiques. L'analyse de cette lumière a été faite alors au spectroscope par MM. Pasteur et Gêniez 1 . Le spectre en est fort beau, mais continu, sans aucune apparence de raies. On était auparavant arrivé au même résultat pour le spectre de la phosphorescence- dés lampvres ou vers luisants, autres coléoptères, et aussi des lombrics phosphorescents (annélides). Dans l'ancien monde existent, dans quelques îles de la Mélanésie, des élatéi iens analogues aux: pyro- phores de l'Amérique, et doués aussi de la phospho- rescence avec les mêmes organes. M. Cuuilèze eu a formé le genre pkotopharns, comprenant actuelle- ment trois espèces, des Nouvelles-Hébrides, des îles Yiti, de l'île Lifu. LES ILES DES NAVIGATEURS Les îles Samoa, ondes Navigateurs, forment un'des archipels les plus intéressants ries parages qui avoisi- nent le port d'Apia, eu Oeéanie ; elles ont, dans ces derniers temps, attiré l'attention des Américains et des Allemands et commencent à jouer un rôle assez important dans le commerce général des pays civi- lisés. La Gazette d' Aiigsbou.rg publie une correspon- dance curieuse, envoyée d'Apia, sur la description des îles des Navigateurs, et sur les mœurs de leurs habitants, dont le nombre s'élève environ à 60,000 âmes. Les renseignements fournis par la feuille alle- mande ont été traduits dans le Journal officiel, auquel nous empruntons quelques documents du plus haut intérêt. Sous les rapports physique et intellectuel, les in- sulaires des îles Samoa sont supérieurs à ceux des autres archipels, bien qu'il n'aient pas renoncé à toute velléité de cannibalisme. Le sol y est d'une fertilité extraordinaire. Cependant jusqu'ici les seuls articles d'exportation ont été l'huile de noix de coco, la racine d'arrow, le caoutchouc, la fève de ricin, le gingembre, le café, le tarro, la racine de TU.ru , le fruit de l'arbre à pain et le colon. On y pourrait planter du riz et du sucre; mais la population est trop indolente, et il faudrait, pour augmenter la production, des éniigranls européens apportant leurs bras et leurs capitaux. Pendant les quatre dernières aimées, une guerre sanglante a régné entre les différentes îles, chacune prétendant à la suprématie. On a enfin conclu la paix, et il en est sorti une espèce de république fé- dérale, sous l'administration temporaire d'un prési- dent résidant à Apia. Habitués de longue dute au maniement de la massue, de l'arc et do la lance, les indigènes ne sont pas encore très-familiers avec les armes à feu, bien que ces dernières se trouvent dans presque toutes les mains. Dans la chaleur du 1 Comptes tendus, t. LlX, p. aO'J 110 sqiluubre ISO i). combat, ils se ruent les uns sur les autres, et frap- pent avec la crosse, ne commençant à tirer que lorsqu'ils sont derrière leurs remparts. Le tomahawk des Indiens d'Amérique joue aussi son rôle. Après une bataille, les femmes se rendent dans le camp ennemi pour réclamer les têtes coupées. Dans l'accomplissement de cette mission, elles sont tenues pour sacrées, et nul n'oserait porter la main sur elles. D'ailleurs, elles sont l'objet de plus de respect que chez d'autres tribus sauvages ; elles ne travail- lent pas comme chez les Indiens ; ce sont les hommes qui l'ont les ouvrages les plus durs. La polygamie leur est inconnue ; cependant , le mariage n'y est soumis à aucune formalité. Quand un garçon et une fille se conviennent, ils s'unissent, jurant de mar- cher ensemble dans la vie, et ce lien est considéré comme légal. Le teint des indigènes est d'un sombre olivâtre ; mais les enfants nés de blancs et de femmes du pays ont le teint beaucoup plus clair, avec une peau trans- parente. Dans l'absence d'une loi écrite, les chefs des diffé- rentes tribus se sont adressés récemment à quelques consuls étrangers pour leur demander leur concours dans la rédaction d'un code. LES PIERRES QUI TOMBENT DU CIEL (Suite. — Voy. p. 81, ÏE2, 324.) Jusqu'ici on ne connaît que quatre chutes bien constatées de météorites charbonneuses. Chronologi- quement, ce sont celles d'Alais (Gard) le lîi mars 1806; de Cold-Bokkeweld, cap de Bonne-Espérance, le lô octobre 1838; de Kaba, Hongrie, le \'S avril 1 857 , et d'Orgueil (Tarn-el-Garonnc) , le 14 mai 1 8G i. Cette dernière, dont un échantillon est représenté dans la ligure ci-contre, a été spécialement étudiée. M. Cloëz a pu en isoler la matière organique pour la soumettre à l'analyse, et lui a trouvé une composition qui la rapproche tout à fait de la matière humique que l'on trouve dans les tourbes et les lignites et des substances dites résines fossiles, comme l'ozokéiite et la scheerérite. Dans les météorites charbonneuses , le charbon libre et les matières organiques sont mélangées à des particules pierreuses dont les plus abondantes con- sistent eu silicates magnésiens hydratés voisins de la serpentine. On y trouve aussi de la pyrite magnétique, des cristaux de breunérite ou carhouate double de fer et de magnésie, et enfin des sels solubles tels que le chlorhydrate d'ammoniaque, le chlorure de so- dium, le s ni l'a te de soude, etc., etc. C'est une composition qui, comme on le voit, diffère profon- dément de celle de toutes les autres météorites. Une propriété très-remarquable des pierres char- bonneuses est de se désagréger complètement sous l'influence de l'eau, pour reprendre d'ailleurs leur cohésion première sous l'action de la dessiccation j 340 LA NATURE. 11 résulte de là que si In bolide d'Orgueil, par exemple, au lieu d'arriver par un jour serein, avait traversé des couches d'air chargées d'humidité ou des nuages, au lieu de donner des pierres, il aurait fourni une poudre et peut-être même une boue. Dr, ce cas s'est nécessairement réalisé dans unei'oule de circonstances, et c'est ainsi que s'expliquent les chutes de poussières observées fréquemment après l'explosion de bolides. Un des exemples les plus nets à cet égard se produisit à Montréal, au Canada, les 7t et -4 juillet 1814 et en novembre 1819. Les pous- sières tombées dans ces deux circonstances «'(.aient semblables et caractérisées par leur couleur noire. La pluie de 1819 est la mieux étudiée, et il est probable, d'après la description qui en a été donnée, que sa composition était fort voisine de celle des météorites charbonneuses. Le phénomène fut surtout sensible à Montréal même ; le ciel s'obscurcit de plus en plus jusqu'à ce que les ténèbres fussent complètes. On en- tendit dans les airs des détonations formidables ac- compagnées de lueurs intenses que l'on prit pour des éclairs. L'opinion générale fut qu'un orage re- marquable par sa violence coïncidait avec l'incendie d'une forêt voisine qui donnait naissance à la suie qui tombait. Ce n'est que plus tard, en discutant les cir- constances du phénomène, que l'on arriva à recon- naître sa nature météorique. Beaucoup d'autres exemples pourraient être éuu- niérés; il suffira de rappeler le suivant. Le 11 mars 1813, il tomba à Cutro, en Calahre, des météorites accompagnées des phénomènes de lumière et de bruit que nous avons décrits et qui ne manquent jamais en pareille circonstance. Mais, chose remarquable, eu même temps que ces pierres, il tomba une grande quantité de poussière. De plus, cette poudre ne tomba pas seulement à l'endroit où l'on recueillit des pier- res; elle couvrit la Calahre, la Toscane et le Frioul. Le vent, qui depuis deux jours avait soufflé de l'est, se renforça le 11 mars, et une nuée donso qu'on voyait sur la mer parut s'approcher du continent. Vers deux heures un quart après midi, le vent se calma un peu; mais la nuée qui avait couvert toutes les montagnes commença à obscurcir la lumière du jour et à prendre un aspect menaçant. Sa teinte n'é- tait plus rougeâtre comme on l'avait vu de loin, niais véritablement de couleur de feu, ou plutôt comme du fer rouge. A quatre heures et demie, les ténèbres fu- rent complètes et l'on fut obligé d' al lu mer lesl umières dans les maisons ; le peuple effrayé courut en foule dans la cathédrale, où il força le prêtre qui prêchait le carême et le vicaire capitulaire lui-même à monter en chaire pour se mettre en prières. À peine le sous- préfet en eut-il connaissance qu'il se rendit à l'église pour tâcher de calmer le peuple, mais réfléchissant au danger qu'il courait en se mettant en opposition avec une impulsion populaire aussi prononcée ; il se fit remplacer par quelques prêtres. La précaution fut inutile. Vers cinq heures, les clameurs redoublèrent. Le ciel était rouge jaunâtre, la lumière du soleil presque totalement obscurcie, et le côté du nord of- frait déjà d'épaisses ténèbres. Quoique la mer soit éloignée de près de six milles, ses mugissements profonds arrivaient presque dans la ville; on entendit des bruits sourds dans l'air sillonné par des éclairs. Alors commencèrent à tomber de grosses gouttes d'eau chargées d'une poudre rougeâtre qu'on prit pour du sang, et que d'autres crurent être une pluie de feu. Dans cet état do choses, une circonstance extraordinaire mit le comble à la terreur. Le feu prit à une maison de la ville, et le spectacle en devint bien plus imposant encore; alors la populace ne connut plus de frein ; elle crut à la fin du inonde, l'incendie étant à ses yeux le commencement do la déflagration universelle. Le peuple courait çà ut là en poussant des cris et des hurlements lamentables. Les uns tendaient les bras aux prêtres en les sup- pliant do les confesser sur l'heure ; ceux qui n'en avaient pas à leur portée se confessaient en public et à haute voix , d'autres se donnaient la discipline, d'autres se frappaient le visage et la poitrine et s'ar- rachaient les cheveux en attribuant à leurs péchés le fléau qui allait punir la race entière. On demanda à grands cris de porter en procession les images des saints, ce qui fut accordé de suite comme le seul moyen de prévenir les désordres inévitables dans un rassemblement pareil. On sortit donc les statues, et le peuple se mit jusqu'au soir autour d'elles en fai- sant retentir l'air de ses prières et de ses cris. \«:rs la nuit, le ciel commença à s'éclaircir, les éclairs cessèrent ainsi que la pluie, et le peuple se rassura, surtout lorsque la cause de l'incendie fut connue et i] ne ses progrès furent arrêtés. Le, fait observé à Cutro que des pierres sont accom- pagnées de poussière est sans doute très-fréquent, niais d'ordinaire, il passe inaperçu. Il a été revu le 1 er janvier 18()9, lors de la chute de, llessle, en Suède, et cela grâce au tapis de neige qui couvrait la cam- pagne et, sur lequel apparaissait facilement la poudre charbonneuse qui entourait chaque météorite. 11 est probable que cette poudre joue un grand rôle dans la formation et la persistance des traînées des bolides; puis elle doit se mêler souvent à l'air d une manière intime et retomber très-lentement. Ce qui le prouve, ce sont les récentes observations faites par M. iS'ordenskiold sur la neige, recueillie dans plusieurs régions septentrionales. A la suite d'une neige extraoïtlinairement abondante qui eut lieu aux environs de Stockholm, il en recueillit, la portion la plus superficielle, c'est-à-dire la plus pro- pre, et, l'ayant fait fondre, il en isola à son grand étoimement. une poudre noire consistant en matière organique riche en carbone et en paillettes de fer métallique, c'est-à-dire ressemblant tout à fait à la poussière qui accompagnait les pierres de llessle. L'expérience, répétée loin des lieux habités qui pou- vaient introduire et causer des erreurs, c'est-à-dire dans l'intérieur de la Finlande et au Spitzberg, donna les moines résultats. La neige et la pluie amènent donc des poussières cosmiques en petite quantité. Ce fait est à rapprocher de la curieuse découverte LA NATURE. 341 laite par Reïclieiib;icli de la présence constante dans la terre végétale de substances telles que le nickel cl, le phosphore, qui sont les plus caractéristiques des météorites et qui doivent également être apportées à l'état de poudre impalpable. Il monta sur le Lahis- berg, en Autriche, qui est une montagne conique haute de 500 à 400 mètres, couverte à son sommet d'un bois de hêtre. 11 pénétra dans le taillis, y choisit un endroit que probablement le pied de l'homme n'avait jamais foulé, et ramassa quelques poignées de terre qu'il soumit à l'analyse. 11 y trouva des traces de cobalt et de nickel. Des échantillons pris sur le Ihiindelbcrg, sur le Kallenberg et sur le Drcymarcl- I stiuberg, montagnes voisines de la première, condui- sirent aux mêmes résultats, et l'analyse du sol de la plaine appelée le Marchléld révéla également les traces du nickel. Ces faits sont d'autant plus signifi- catifs que le massif de montagnes qui vient d'être cité est composé de grès et de calcaire où l'on n'a jamais trouvé le moindre filon métallique. Il résulte de ces intéressantes remarques que lu matière météorique est appelée à entrer dans le cycle de la vie organique terrestre ; l'altération des matières métalliques fournit aux plantes une certaine quantité d'éléments assimilables qui parcourent dès lors la série si varice des transformations que l'on connaît. jagStem^ A^ilh'jif, on uiétéitrile eiiarbonneiue, tomlj^-c le 14 mai 1WU ;'i Orgueil (Tam-et-Gai-onrje) , et consi^tjnl pu une matière île composition analogue à relie des snbsUoœs li^nileuses si tourbeuses. (Denii-graudeur naturelle. J j Ce (pie nous avons dit de l'origine des poussières l'ait comprendre qu'il peut aussi tomber des boucs météoriques. À un certain degré d'humidité, la pierre d'Orgueil prend les caractères d'une pâte plastique et rappelle à tous égards les substances visqueuses dont la chute a été enregistrée à maintes reprises comme suivant l'explosion de certains bolides. Ces substances ont été quelquefois signalées comme répandant une odeur fétide, ce qui doit porter à les considérer comme étant de nature organique et connue se rap- prochant [iar conséquent des météorites charbonneu- ses. C'est par une transition insensible que nous som- mes amenés à nous demander s'il n'arrive pas quel- quefois des liquides et des gaz météoriques. On peut croire que ce sont de pareilles matières qui entrent dans l'atmosphère sous la forme de ces bolides dont l'explosion ne paraît rien fournir. D'ailleurs on con- naît des liquides et des gaz météoriques à l'état de goutlelettes emprisonnées dans les cristaux de cer- taines météorites pierreuses; M. Sorby l'a démontré dans une foule de circonstances. De même les ftrs météoriques contiennent souvent des gaz retenus par occlusion et qui doivent éclairer sur les conditions dans lesquelles ces fers se sont produits, exactement comme les gaz de fer terrestre pourraient renseigner, s'il en était besoin, sur l'allure du fourneau qui les produit. Stanislas Meuhier. — L.t suite prochainement. — MACHINE MAGNÉTO-ÉLECTRIQUE DE GHAMME. Le problème que s'est proposé M. Gramme est celui de transformer la force mécanique eu électri- cité, en se servant comme intermédiaire du magné- 042 LA NATURE. tisme. Pixii a le premier résolu ce problème en construisant une machine qui est plus connue sous le nom de Clarke et qui a reçu une série de periee- tionnements de MM. Wilde, Siemens, Wheatstmie cl. Ladd. Tous ces appareils, Tondes sur le même principe, produisent des courants alternativement de sens contraire, de sorte que pour beaucoup d'u- sages on est obligé do pourvoir la machine d'un re- dresseur ou commutateur; cet organe est sujet à s'user rapidement par les étincelles qui s'y pro- duisent inevitableme.nl et ces étincelles même font perdre une quantité notable de l'électricité pro- duite. Beaucoup de physiciens cherchaient un moyen de produire des courants d'induction continus, ct.ee pro- blème est encore à l'ordre du jour; mais M. Gramme en a trouvé une solution éminemment pratique, l'on- dée sur un artifice très-remarquable. Sou appareil se compose d'un électro-aimant de forme particu- lière, mobile entre les pôles d'un aimant ou d'un électro-aimant. L'électro-aimaut mobile présente l'aspect d'un anneau tournant autour de son centre et dans son plan. On peut lui donner le nom d'é- hetro-aimant sans fin, car le novau est un anneau dû fer sans solution de continuité et le (il qui est en- roulé sur ce novau no présente non plus aucune solution de continuité. On peut le concevoir comme Ibrmé par un électro-aimant droit , qu'on aurait courbé eu cercle, et qu'on aurait soudé par les ex- trémités, fer contre fer, et (il avec (il. On sait que certains électro-aimants droits (notamment ceux des bobines d'induction) sont formés de bobines dis- tinctes placées les unes au bout des autres eu chaîne, c'est-à-dne en tension; c'est aussi de cette façon qu'est distribué le (il sur l'anneau de Gramme. Pour comprendre l'action de la machine, il faut .':c reporter à l'expérience la plus simple qu'on puisse faire sur l'induction, mais il faut l'analyser complètement. Considérons un barreau aimanté A J> d'un mètre de long, et une spire de fil conducteur, en mouve- ment réciproque ; si on approche la spire du barreau, il s'y développe un courant d'induction, c'est là le gros du phénomène que nous allons examiner en détail. Si on fait entrer le barreau dans la spire par une série de mouvements successifs d'égale étendue (5 centimètres par exemple), on observe qu'à chacun de ces mouvements correspond un courant d'induction et que ces courants sont de même sens jusqu'au moment où la spire arrive en face de la ligne neutre et qu'ils sont de sens opposé, si le mou- vement continue dans le même sens au delà de la partie neutre ou point milieu. +~ Ainsi, dans le parcours entier de la spire surl'ai- niant, un distingue deux périodes tranchées ; dans la première moitié du mouvement, les courants sont de sens direct; dans la seconde, ils sont de sens in- verse. Or que se passe-t-il dans la machine Gramme '! l'anneau de fer est aimanté par l'influence de l'ai- mant et le magnétisme s'y trouve dïslriliué de la manière suivante : en B et A (fig. 1) sont des pôles, tandis que dans les points à angle droit M, M', il y a des parties neutres; pendant le mouvement de l'an- neau, cette distribution du magnétisme ne change pas, ou du moins elle ne change pas dans l'espace, par cette raison même qu'elle change instantanément dans le fer, qui est sans force coercitive. Tout se passe donc comme si le fer était immobile et si les spires de fil seules se mouvaient sur un baireau aimanté. Si l'on poursuit cette analyse, on voit que, dans chacune des bobines do l'anneau de Gramme considérée isolément, il se développe un courant qui, partant d'un des pôles A, conserve le sens direct jusqu'à la ligne neutre M', prend le sens inverse de M jusqu'au pôle B, garde le sens inverse de lî à la ligue neutre M' et reprend le sens direct de 11' au pôle A. En d'autres termes, le courant qui prend naissance dans mie bobine reste le même d'un point neutre à l'autre ; si son sens est direct au- dessus de cette ligne, il est. inverse au-dessous. Dès lors nous vovous que les 15 bobines qui, à un moment donné, sont dans le demi-cercle supé- rieur, sont toutes à la fois parcourues par des cou- rants de sens positif qui s'ajoutent en tension ; les 15 bobines qui sont dans la moitié inférieure sont également le siège de courants tous de sens inverse, associés en tension ; le courant total d'eu liant est. exactement équilibré par le courant total d'en bas, et l'ensemble de la machine est tout à fait compa- rable au système de deux piles de 15 éléments cha- cune, associées en opposition ; quand on veut utiliser un système semblable, on n'a qu'à mettre les deux extrémités d'un circuit eu communication avec les pôles opposés communs des deux piles; dès lors les courants des deux piles ne sont plus eu opposition : ils sont associés eu quantité. C'est aussi de cette façon qu'il faut recueillir les courants développés dans l'anneau de Gramme ; il faut établir les collecteurs sur la ligne des points neutres; ces collecteurs sont formés de pinceaux mé- talliques ou balais qui frottent sur la série de pièces métalliques R (fig. 4) liées métalliqucment avec les points de jonction des bobines. Cette disposition étant tout à fait nouvelle, il im- porte de s'y arrêter un instant, pour la faire bien coni prendre'. La figure 1 montre assez clairement les différentes bobines ou éléments de l'anneau, et les pièces ravon- nanles R, isolées les unes des autres et rattachées chacune au bout sortant d'une bobine et au bout en- trant de la voisine. Ou voit donc que les courants seront recueillis sur les pièces R comme ils le se- raient sur la soudure même d'une bobine à l'autre. La figure 2 montre encore les pièces rayonnantes Tl de la même façon; l'appareil y est vu par der- rière. La figure 3, qui présente une coupe de l'an- neau, montre que les pièces R sont recourbées à angle droit et que leur seconde partie, parallèle à l'axe, est logée à l'intérieur de l'anneau et le dé- passe. La figure 4 enfin, qui représente la machine i.â lUTunrc. Via vue par devant, montre les pièces R rapprochées en un cylindre de petit diamètre, mais toujours isolées les unes des autres. On y voit également les balais, frottant sur les pièces R, dans le plan perpendicu- laire à la ligne des pèles, c'est-à-dire aix points milieux ou neutres M, M'. Il est aisé de comprendre, en se reportant à ce qui précède, que le sens du courant fourni par la machine change quand on change le sens de la rotation. Ou voit également que l'intensité du courant aug- mente avec la vitesse de rotation; et comme la ré- sistance esl constante, on est conduit à penser que la force électro-motrice seule varie ; une expérience grossière nous a montré que la force élcctro-motrico est proportionnelle à la vitesse, et cette observation a été vérifiée avec certaines réserves par M. Mascart. Quant à la continuité du courant, elle résulte ma- nifestcmoiit de ce qui précède; lo mouvement pro-- ducteur de l'électricité est continu et le circuit n'est jamais rompu, car les frotteurs ou balais commencent à toucher l'un des rayons avant d'avoir abandonné le précédent, et leur nature flexible et multiple fait qu'ils touchent, toujours par quelques-unes de leurs parties sinon par tonte leur largeur. Fisr. 1. Fie. 2. Fie. 3. Telle est la machine Gramme qui fournit des cou- rants continus comme une pile, des courants con- stants si son mouvement est uniforme et des courants d'intensité variable à volonté dans des limites assez étendues, avec la vitesse du mouvement. Il est fa- cile de modifier cette machine pour lui faire pro- duire des effets de tension ou de quantité en en- roulant sur l'anneau du fil lin ou gros ; la résistance de la source varie ainsi à volonté par la construction de la machine et à ces différentes résistances corres- pondent des tensions différentes de l'électricité four- nie par la machine. La théorie paraît indiquer que pour une même dépense de force mécanique, la tension varie en raison inverse de la racine carrée de la résistance. Ou peut considérer la machine Gramme comme un élément de pile et l'associer avec d'autres semblables soit en tension, soit en quantité, pour obtenir des effets qu'on peut calculer à l'avance. Les personnes qui ont suivi les progrès intro- duits dans les machines magnéto-électriques depuis M. Wilde remarqueront que ces derniers perfectionne- ments consistaient au fond dans ce seul point, d'ail- leurs fort important ; les aimants excitateurs des machines Pixii et Clarkc ont été remplacés par des électro-aimants beaucoup plus puissants, excités eus-mômes par l'action de la machine. Il va sans dire que cette substitution des électro-aimants aux aimants est applicable à la machine Gramme ; et elle a été réalisée en effet; c'est au moven de machines de ce genre qu'on est parvenu à produire les éton- nants effets de lumière dont nous parlerons plus loin. Mais la découverte récente, faite par M. Jamin, de nouveaux procédés pour obtenir des aimants d'une force extraordinaire et d'un prix relativement bas soulève une question fort importante l . 1 Voy. p 45!). Ui LA NATURE. Y a-t-il réellement a.v;inL:jge à substituer des électro-aimants aux aimants? Il nous semble que poser cette question, c'est la résoudre. Suppo- sons, en effet, que nous ayons à notre disposition _un aimant d'une énergie magnétique égale à celle de l'électro-aimant qui le remplacerait, l'avantage du premier sur le second est frappant; car l 'élec- tro-aimant n'a de vertu magnétique qu'autant qu'on l'excite au moyen d'un courant électrique, c'est-à-dire d'une dépense de force; tandis que l'ai- mant garde invariablement le magnétisme qu'il a une fois reçu. Ainsi, au point de vue de la pro- duction économique de l'électricité, on voit, qu'une machine à aimant dépense beaucoup moins qu'une machine à électro-aimant.. D'ailleurs un électro ai- mant est fabriqué avec du fer très-doux et du cuivre rouge eu fils recouverts de colon et soigneusement isolés ; son prix ne peut donc être aussi économique que celui d'un aimant construit par la méthode Jamin. En résumé donc , une machine inaguélo-élec- trique a aimant coûte moins à établir qu'uni! ma- chine à électro-aimant, et la production de l'élec- tricité avec la première coule moins qu'avec la se- conde. On pourrait encore indiquer des avantages accessoires, par exemple, celui-ci ; le magnétisme de l'aimant est constant, tandis que celui de l'électro- iiimant est variable avec la vitesse de la machine ; cette permanence du magnétisme donne an moins une plus grande facilité à certaines expériences. Les applications do celle machine sont faciles à réaliser ; déjà les ateliers de M. Christoplile emploient depuis six mois une machine de grande dimension qui est mise en mouvement, par un moteur à va- peur; cette machine a une résistance et une tension très-faililes ; la tension est celle de deux éléments Bunsen seulement; mais la quantité est très-grande : elle est égale à celle do 32 Bunsen ordinaires. D'autres machines sont en construction pour la même maison, et le jour n'est pas éloigné où toute la galvanoplastie, la dorure et l'argenture indus- trielles se feront à la machine à vapeur. Un brûlera du charbon avec de l'air, au lieu de brûler du zinc dans dos acides. L'économie qu'on réalise par ce changement de procédés est de 80 pour \ 00. Une première machine à lumière a été construite et a donné, des résultats inattendus ; on a mesuré au photomètre une lumière égale à 900 becs Carcel, c'est-à-dire la lumière artificielle la plus intense qui ait encore été produite. Cette machine dépensait environ la force de quatre chevaux-vapeur. 11 sera facile de faire des machines moins puis- santes qui ne dépenseront qu'une force beaucoup moindre. Ces appareils, d'une construction très- simple et très-solide, seront, d'un emploi avantageux à bord des navires ; ils n'ont aucun des inconvénients qui ont empêché la marine d'adopter les machines de l'Alliance. Les nombreuses collisions qu'on a eu à déplorer, l'hiver dernier, dans la Manche et dans la mer d'Irlande, donnent un intérêt particulier à cette importante application. Pour ces grandes ap- plications industrielles, ce sont des machines à élec- tro-aimant qu'on a cmplovées jusqu'à présent. Les petites machiues à aimant ont trouvé aussi de nombreux usages. Les médecins ont déjà reconnu que la machine Gramme pouvait suffire à tous les cas dans lesquels ils emploient l'électricité. Elle permet la cautérisation au moyen d'un fil de platine rougi. Elle se prête à la décomposition électro-chi- mique des tissus, qui se pratique dans la résolution de certaines tumeurs. Kilo fournit un courant con- tinu et peut être mise en mouvement par le malade lui-même, dont on soumet un organe à l'action du llux électrique continu. Enfin elle donne des chocs violents chaque fois qu'on rompt le circuit et peut remplacer les appareils d'induction voltaïque qui sont si employés dans la pratique médicale. En effet, l'cxtra-courant de rupture du courant de la machine a une tension relativement considérable, parce que la source est un lil enroulé un grand nombre de fois sur un noyau de fer doux. On construit dès à présont, des machines d'une grandeur moyenne qui se meuvent à la main et qui permettent de faire la plupart des expériences des cours de phvsique; ces appareils sont également utiles dans les laboratoires de recherches de phy- sique ou de chimie, pour loutos les expériences qui ne sont pas de longue durée; ils épargnent rem- barras de monter une pile bunsen, opération qui prend nu temps assez long et qu'on hésite souvent à faire quand on songe que l'expérience poursuivie ne durera que quelques mitiules ou quelques se- condes. Il va sans dire que, dans tous les cas, l'em- ploi de la machine Gramme fait réaliser une écono- mie notable d'acides et de zinc, sans parler du temps des aides ou préparateurs. D'ailleurs pour une foule de recherches, il est intéressant de savoir au juste quelle est la force du courant au moment où il pro- duit un phénomène déterminé; avec l'appareil en question, il subit pour cela de mesurer exactement la vitesse à un instant précis, ce qui se fait aisément au moyen d'un diapason dont les vibrations s'écrivent sur un plateau partageant le mouvement de l'anneau. Jusqu'ici on n'a pas réalisé d'appareil télégraphique proprement dit, fondé sur l'emploi de la machine. Gramme; mais les inconvénients très-grands des piles qui doivent être transportées, donnent à penser que les armées emploieront de préférence le courant dos machines Gramme, que l'opérateur fera mouvoir soit au pied, soit au moyeu d'un moteur à ressort ou à poids. Pour terminer, nous indiquerons un dernier point de vue auquel il est intéressant de considérer la ma- chine Gramme. On a beaucoup cherché deux pro- blèmes, qui sans doute présentent tous deux un vif intérêt ; ou s'est proposé : 1" De transformer l'électricité en force méca- nique, c'est-à-dire de construire des moteurs élec- triques. 2" De transformer la force mécanique en élec- LA NATURE. 34D tricité, c'est-à-dire de construire des machines élec- triques. A vrai dire, on ne peut résoudre l'un de ces pro- blèmes sans résoudre l'autre eu même temps ; toutes les jolies machines électro-magnétiques de Wheat- atone, de Froment et d'autres physiciens, qui ont été construites en vue du premier problème, c'est-à-dire d'une création de force, peuvent êlre retournées et devenir des machines magnéto-électriques; il suffit de les faire tourner dans le sens de leur mouvement habituel pour développer des courants électriques de sens opposé à ceux qui produisaient le mouve- ment. D'un autre côté, les machines électriques, la machine de Holtz, la machine de Pixii (sous toutes ses formes : Clarke, Wilde, Siemens, Ladd), peuvent devenir des machines motrices ; il suffit pour les faire tourner de les soumettre à une source élec- trique de sens contraire à l'électricité qui serait dé- veloppée par la machine. La machine de M. Gramme a été imaginée en vue de la production de l'électri- cité, et elle présente la solution la plus satisfaisante aujourd'hui de ce problème, tant au point do vue théorique qu'au point de vue pratique, et par cela seul, on peut affirmer et l'inventeur a vérilié d'ail- leurs que cette machine, est le meilleur moteur électrique connu, c'est-à-dire qu'elle a un meilleur rendement que toutes celles qui l'ont précédée. Pour mettre en lumière cette réversibilité de la fonction de la machine Gramme, il suffit d'en metlre deux dans le même circuit; si on fait tourner la première Vig. 1 T — Vue d'L'iisL'tiilik' i'e lu machine Gramme. à la main, la seconde se met aussitôt, à tourner en sens inverse sous l'influence du courant électrique fourni par la première. ÎNlAUDET BllKliL'ET. L'ASSOCIATION BRITANNIQUE ScsNÎnn de Uradfurd (1873). (Suite. — Voy- i>. r>£>.) Tous les journaux anglais sans exception rendent un compte exact et fidèle des séances de l'Association britannique, c'est un avantage essentiel dont l'Asso- ciation française sera probablement longtemps encore privée. Car aucun journal politique de France n'a eu l'intelligence de donner une place sérieuse à des débats qui intéresseraient très-certainement la grande majorité de leurs lecteurs. L'organe ol'liciel ou plutôt quasi-officiel, est le journal anglais Salure, dirigé par M. Norman Lockyor, astronome du plus haut mérite, célèbre par ses travaux sur l'ana- lv.se spectrale des protubérances solaires. La Na- ture ne néglige aucune communication essentielle. Tout ce qui est d'intérêt général y est soigneuse- ment résumé. Mais les communications sont si nombreuses que nous engageons les personnes qui désireraient juger en connaissance de cause ce qui s'est passé, à se procurer directement le journal de lîradf'ord. Il publie avec une subvention de l'Asso- ciation, tous les suppléments nécessaires pour que Fou puisse juger dus débats de l'Association aussi exactement que s'il s'agissait d'un procès Tichbome ou même d'un procès Razaine. iVous ne ferons point assister nos lecteurs aux di- ners et aux soirées officielles, qui n'ont offert cette année aucun intérêt scientifique. L'Association bri- tannique ne doit point avoir ses Daugeau. Nous allons résumer rapidement quelques-uns des moi- 346 LA NATURE. dents scientifiques qui se sont produits, ne choisis- sant que les principaux. Nous devons commencer cette trop courte revue par la section de géologie que présidait la profes- seur Philipps, le dernier vivant des fondateurs de l'Association, qui date de 1851, du lendemain du bill de réformes, c'est-à-dire du jour où les classes laborieuses ont conquis le pouvoir politique pour la bourgeoisie. Sir Rodericli Muichison, sir John Ilerschell, le grand Faraday, sir David Rrewsler ne sont pins, le vénérable Philipps, aujourd'hui plus qu'octogénaire, est seul à représenter la pléiade des fondateurs dans la quarante-deuxième session de l'Association! Dans son ouvrage sur les Glaciers, M. Tyndall a cherché à priver Agnssiz de ses droits incontestables et en faire honneur au révérend Forbcs, savant de second ordre, dont les allures ont été plus que sus- pectes pendant qu'Agassi/ faisait, il y a une trentaine d'années, ses grandes expériences dans les Alpes, Le professeur Tait, ancien ami de M. Tyndall, a protesté énergiquement en faveur de la justice et de la rai- son : Inde irœ. M. Tyndall, aveuglé par la passion, a publié, dans la Nature, une lettre fort injurieuse qui semblait devoir amener des explications extra-parle- mentaires, mais l'orage s'est apaisé. Probablement le professeur Philipps qui, dans un excellent discours, a laissé percer ses sympathies pour Àgassiz, aura pro- noncé son Quas ego. Quoi qu'il en soit, M. Tyndall a écrit une lettre publique d'excuse, et cil récompense il a été nommé président du meeting qui aura lieu à Belfast l'an pro- chain. Ce n'a point été, cependant, sans quelque op- position de la part du maire de cette ville, qui de- mandait, non sans quelque raison, la nomination d'un savant irlandais. Le discours du président de la section de biologie a produit une assez grande sensation. Le professeur Allmau s'est déclaré adversaire delà théorie de l'évo- lution, ou au moins des conséquences exagérées que les darwinistes cherchent à en tirer. Aux yeux de ce savant éclairé, cette vue, de l'esprit est avant toutes choses un moyen de classdier les faits, un pro- cédé commode pour les relier, c'est une hypothèse technique. M. Ferricr a expose le résultat d'expériences ana- logues à celles de Flouretis sur l'encéphale des ver- tébrés, mais obtenues à l'aide de l'électricité volta'i- quc. L'auteur endort les animaux, sur lesquels il opère avec du chloroforme, puis il leur enlève une portion du crâne. Une fois le cerveau mis à nu, il stimule certaines parties chez les animaux les plus variés. Résultat étrange, bien propre à éclairer sur le rôle des différentes portées d'un tout aussi com- plexe, en opérant sur des poissons, des grenouilles, des pigeons, des rats, des singes, des lapins, des chats, des chiens, des chacals, l'opérateur a trouvé que la stimulation de l'encéplialo produisait constam- ment les mêmes effets. Ce* belles expériences ex- posées en publie pour la première fois, suffiraient pour rendre mémorable la session de l'radford. Nous n'insisterons point, eu ce moment, sur les innom- brables conséquences qu'on en peut tirer. 11 est bon do remarquer que deux savants alle- mands avaient rencontré, sans doute, par hasard, ce mode d'investigation, mais qu'ils n'en avaient point saisi l'importance et qu'elle eût été' oubliée si M. Fer- ricr ne l'avait faite sienne et ne s'en était emparé. Le principal attrait de la session de Rrighton était, sans contredit, la présence de M. Stanley, dont les découvertes inattendues avaient soulevé, tant de ja- louse opposition, et dont tant de personnes suspec- taient encore la bonne foi. Peu s'en est fallu que Bradford ne fit encore mieux favorisé. Le capitaine Markham a failli amener à l'Association britannique les naufragés du Polaris, qu'il avait accompagnés à Dundee, mais il ne put triompher de l'empressement un peu égoïste et médiocrement intelligent de ces marins. Ils ne vouluientpoiiil retarder d'un jour leur retour à Washington, sous prétexte que le, secrétaire de la marine les avait convoqués. D'un autre côté, sir Baker qui devait se rendre à l'Association britannique, avait l'ait, comme on le sait, naufrage dans la mer Rouge, et cette circon- stance a retardé d'un mois son arrivée en Angle (erre, où il ne tardera pas à recevoir une triomphante récep- tion. Malgré ces contre-temps fâcheux, le capitaine, Markkham a donné des détails écoutés avec un inté- rêt des plus vifs. Le jour où il a pris la parole, la salle de la section de géographie rappelait celle do lll'ighton quand M. Stanley racontait ses voyages eu présence de l'tx-empereur Napoléon. Les décou- vertes de Baker et de Livingstone ont été discutées par des voyageurs venant de l'Afrique centrale, et gain de cause parait avoir été donné à Baker. L'unité des deux lacs semble avoir définitivement triomphé, LU sujet fort intéressant, mais qui doit suggérer aux patriotes anglais de tristes réflexions, a été traité avec de très-sérieux développements dans la même section. Il s'agit des rapports commerciaux à établir entre l'Inde anglaise et le kbanat, aujourd'hui oc- cupé par les Russes, de Khiva. Sir Rutherford Al- cock, qui présidait ta section de géographie, n'a point fait la moindre allusion au chemin de fer projeté par M.del.esseps. Le discours de l'honorable orateur est, si l'on excepte celte omission, fort complet et fort bien étudié. — r,n suite prochainement. — LA CULTURE DE LA BETTERAVE SES A Y A K T A G K S . Après la récolte de pommes do terre, qui s'est faite dans de bonnes conditions, arrive celle des betteraves, qui n'est pas moins importante, aujour- d'hui surtout, que les fabriques de sucre se créent dans le centre do la France. Au point de vue agri- cole, c'est un fait très-heureux pour les départe- LA NATURE. 347 ments du centre que l'extension dû la culture de lu betterave . Elle nécessite des labours, des binages, des engrais, elle amène les cultures intensives et toutes les heu- reuses conséquences qui ont été si bien exposées par ilorel-Viudé. Le premier, il a posé comme prin- cipe : 1° que la culture de la betterave et la fabri- cation de son sucre remplissent toutes les conditions nécessaires pour l'adoption générale d'une plante sarclée dans tous nos systèmes eulturaux ; 2 U que le perfectionnement de notre agriculture sera la suite certaine de la plus grande extension donnée à cette culture et. à cette fabrication. La betterave industrielle ou sucrière, ainsi que la pratique a permis de le constater depuis où ans, possède les avantages suivants : elle permet d'u- tiliser très-avantageusement, les jachères, qui restent complètement improductives pendant une année, lorsque les terres sont de qualité ordinaire et non arides; elle remplace très-économiquement dans le nettoiement du sol par les binages qu'elle exige les terres jachérées qu'on laboure et herse à diverses reprises, dans le but de supprimer ces nivriades de plantes nuisibles dont la couche végétale récèle dans son sein ou les semences ou les racines vivaces ; enfin qu'elle soit utilisée dans une sucrerie ou dans une distillerie établie suivant le système de M. Champonnois, elle fournit une pulpe qui, bien employée, permet avec profit l'élevage, l'entretien ou l'engraissement des bêtes bovines ou ovines. M. Gustave lleuzé fait observer dernièrement avec raison que, dans la plupart des assolements modernes en usage dans la région septentrionale de la France, la betterave est placée généralement on tète de la rotation, c'est-à-dire sur la sole fumée; quand elle occupe une seconde et parfois une troisième sole pendant la durée de l'assolement, clic suit une cé- réale ou une plante industrielle. C'est par exception qu'elle est précédée par elle-même , c'est-à-dire qu'elle est cultivée deux fois de suite sur la même sole. Toutes choses égales, d'ailleurs, elle no revient pas sur le même champ pendant la durée de sa ro- tation, sans être précédée par un engrais quel- conque. On s'est demandé si cette plante exerce réellement une influence favorable sur la céréale qu'elle pré- cède dans la plupart des assolements. Cette question est non-seulement, importante, mais elle emprunte à notre dernière récolte une certaine actualité, car celte année, les blés sur betterave ont parfaitement réussi. La betterave joue le rôle d'une plante sarclée et l'on sait que quand la recolle neltoyante ou sarclée comme les choux, les rutabagas, en laissent la terre libre très-tardivement, c'est-à-dire en décembre, janvier, février et mars, on ne peut les faire suivre avec succès que par une céréale de printemps : fro- ment, orge ou avoine, ou par une culture do millet, de sarrasin. C'est ainsi qu'on agit dans la Vendée et l'Anjou, en Angleterre el en Ecosse. C'était bien évidemment dans le but d'éclairer les agriculteurs sur les avantages que présente un asso- lement bien étudié, bien combiné, que Morel-Vindé publiait en 1822, son mémoire ayant pour titre : Observations pratiques sur la théorie des asso- lements, véritable plan de culture selon Yrart, qu'il est très-utile de rédiger si l'on veut passer graduel- lement avec toutes les précautions convenables rie l'assolement triennal avec jachère, à la rotation qua- driennale sans jachère. Alors comme de nos jours, le problème à résoudre pour renoncer à la jachère morte ou à la jachère improductive était celui-ci : Trouver une plante dont la nature exige dans le cours d'une année deux ou trois binages et dont les produits soient d'un emploi facile cl utile ou d'un débit certain. Pendant longtemps, dans divers départements, les agriculteurs qui voulurent résoudre cet important problème adoptèrent avec avantage la pomme de terre, les choux non pommés, les navets ou le ru- tabaga. Le Languedoc, la Guyenne ne pouvant cultiver ces divers plants sur de grandes étendues par suite de la sécheresse de leur climat, conservèrent le maïs ou blé de Turquie comme plante sarclée ou net- toyante. C'est d'abord dans la région du Nord que la betterave à sucre a permis d'abandonner la jachère et d'obtenir des céréales productives sur des terres exemptes, pour ainsi dire, do plantes indigènes ou nuisibles. L'admirable découverte du sucre dans la betterave est dans notre économie nationale une de ces révo- lutions heureuses et rares dont les contemporains peuvent quelquefois ne pas assez sentir le prix, mais à laquelle la postérité, comme l'a dit M. lleuzé, finira par marquer sa place parmi les grandes ri- chesses agricoles et commerciales. Nulle autre plante ne peut présenter cet avantage do faire naître universellement sur le sol de la France une denrée de nécessité absolue qu'il fallait aller chercher au delà des mers et de donner cette denrée sans froisser d'anciennes habitudes, ni d'anciens intérêts, et par conséquent sans craindre ni cultures rivales ni pro- duits jaloux. Et quand on observe que la plante qui, par la production de ce sucre rend enfin possible l'amé- lioration universelle de l'agriculture, fournit de plus par son rendu le meilleur de tons les engrais pour les bestiaux ; quand on ajoute à cette première con- sidération que cette même plante remplit, en outre, à tel point toutes les conditions exigées des plantes sarclées, qu'il faudrait encore la substituer à la ja- chère pour nettoyer nos terres quand bien même elle ne donnerait pas de si riches produits, on a raison de s'étonner que la culture el la fabrication de son sucre aient été si longtemps à se répandre, surtout en considérant combien le chiffre de la pro- duction s'est accru chaque année. Ersfst Mfnmt[.t. 348 LA NATURE. LE BATEAU PORTE TORPILLES DE l'aIIIKAL I'OllTEK ET T.A TORPII.I.K I,AY. L'amiral Porter, de la marine américaine, fait ache- ver en ce moment à Brookliu la construction de son célèbre porte-torpilles. Ce navire aura une longueur de 173 pieds, une largeur de hase de 28 pieds et un creux de 13; il sera en fer. Divisé en comparti- ments étanches , c'est-à-dire en caissons que l'on pourra remplir d'eau et vider à volonté, il s'enfon- cera, lorsque cela nécessaire jusqu'à ne laisser voir qu'un pied de sou pont. Une autre disposition in- génieuse distingue ce navire : il est bâti sur le prin- cipe dit brackelsystem, c'est-à-dire qu'il est com- posé de deux coques; la plus petite, dans la plus wte'ê .'#;p;:fe : #i^K, ';;^ :".:'.>' '■'■;-;■■■/ .;.. •■■-■'-y--; ■■■'. ■■= '■■■ WÊBR , ; WÊSm ;■:'."'•' : ''" ■ ^ ■ -'"•■ y:' : ■■■' -}v ■ ; * v';: ■■■>'■ '**Q '.:'■' :'^ ^ ; ^\^ 'SSêè. È^te» Wê !,e IjateaLi-toJ'pille île l'amiral ravier. grande, de sorte que si la première est atteinte et. fortement avariée, la coque intérieure restera avec les machines, l'artillerie et tout le matériel essen- tiel du navire. Ces machines seront, dit-on, du meilleur système connu et d'une puissance extraor- dinaire; elles feront marcher le navire eu avant La tuipille Lay. ou en arrière, avec la même vitesse. Une roue Fowler sera placée intérieurement. Ce propulseur nouveau, qui est regardé par les constructeurs des navires comme un important perfectionnement, permet de. gouverner et de faire marcher un bateau avec la même roue. Elle fonctionne par dyssymétrie; on assure qu'en changeant l'inclinaison des pales, ce qui peut s'exécuter facilement, il serait possible de se passer de gouvernail. Un appareil électrique perfectionné reliera entre elles, la machine, les chambres à torpilles, la tourelle du pilote et les autres parties du navire. Ajoutons qu'indépendam- ment de l'espars armé d'une torpille qui est figurée, sur notre dessin, à l'avant du bateau, il y en aura de, disposées de bout en bout des deux, cotes, de telle façon que, quel que soit celui de ses flancs qu'il présente à l'ennemi, on pourra les décharger de ce bord, à l'aide de l'électricité. Son éperon, dans d'autres circonstances, peut devenir également une arme redoutable; sa grande longueur lui permettant de frapper son ennemi, lorsque, suivant toutes les apparences, il en paraîtrait éloigné d'une quaran- taine de pieds. La torpille automobile Lay que représente notre second dessin 1 est. moins connue, son inventeur n'ayant point divulgué, tous les plans d'après lesquels 1 Ces ^i'.ivui^h nous sont cornirimiùoi^s pnr la Revue mari- time et coloniale. LA NATURE. 340 il l'a construite. Ce que; l'on sait d'elle, c'est ce qu'ont pu divulguer les expériences : sa forme, ses dimensions et le moteur qui ];i t'ait agir. Klle u 25 pieds de long, son moteur est l'électricité, liais ce n'est pas sans raison qu'on a critiqué les movens em- ployés pour lancer, stopper et gouverner cet engin, qui comprennent naturellement un mécanisme d'une nature délicate et excessivement complexe. Aussi, ses essaisji'ont-il pas encore donné gain de cause à M. Lay; son rival, M. Eric-sou ai'lirme même qu'il n'en sortira point ù son avantage, d'où une polémi- que très-vive entre les deux inventeurs, suivie d'un pan de 2,000 dollars (10,000 francs), dont l'enjeu devra être donné à quelque œuvre de charité. Nous ferons connaître les résultats de cette lutte dont la science doit profiter de tant de laçons. Léoa Re.narb. LES MOISISSURES MICROSCOPIQUES Ou trouve dans le monde microscopique une quantité de merveilles qui passeraient tout à fait inaperçues, sans les révélations du plus admirable des instruments d'optique. Un chercheur patient, habitué aux délicates investigations, peut contempler -■?:.;/:■■ ■ , ■ Li 1 - oisinsujra ï;ii- ro^copiq ne = dans les simples moisissures, dans ces taches sales et verdàtres qui n'inspirent que répulsion, un herbier perpétuel, où il n'a qu'à [miser pour rencontrer à profusion les plus admirables richesses de la végé- tation. Que de métamorphoses s'accomplissent dans quelques centimètres carrés de ces mucosités repous- santes! Prenez délicatement une parcelle de ces croûtes aux teintes noirâtres , déposez-les sur le porte-objet du microscope; si votre choix a été heu- reux, vous vous trouverez en présence d'un parterre de ces plantes si variées, et cependant si élémen- taires. Le monde des moisissures est exubérant dans son infinie petitesse ; combien faut-il de filaments pour tapisser des murs ou des caves entières, quand cha- cun de ces rameaux déliés a environ un diamètre de quelques dixièmes de millimètres. Une quantité est superposée les uns aux autres ; cet amas prodigieux est le mycélium, sorte de forêt vierge en minia- ture, dans laquelle les branches mortes entassées, lormeul en quelque sorte le berceau d'où s'élan- cent de nouvelles tiges. .Malgré leur extrême té- nuité, ces végétaux résistent aux atteintes du temps et des causes accidentelles. Leur étonnante fécon- dité, qui les met à l'abri de la destruction, est due à un double mode de reproduction : la graine et la fragmentation. H suffit d'une fibrille de moi- sissures pour qu'un pied entier se propage, si elle tombe dans un endroit propice sous le rap- port de la température, de l'humidité et de la lu- mière. La graine est émise en prodigieuse quan- tité, et certains cryptogames microscopiques en produisent des milliers en très-peu de temps. Ou remarque au milieu de ces masses filamenteuses de petits globules transparents , tantôt isolés , tantôt adhérents aux extrémités des ramules ; ces corps sont des spores, c'est-à-dire la graine des crypto- games. Partout où il y a de l'humidité, on trouve des moisissures en taches plus ou moins étendues, sui- ;o LA NATURE. viint l'intensité de la lumière sons l'iiiiluenee de laquelle elles se sont développées. L'aspect filamen- teux est celui sous lequel elles se présentent le pins communément, mais elles revêtent aussi des formes qui, quoique élémentaires, s'éloignent de cette sim- plicité. Nous avons groupé dans notre gravure les moisissures les plus curieuses. A gauche, s'étalent des lichens crustacés et foliacés, surmontés de Pé- nicillium sur la tète desquels se développent des sporulcs. A droite, se trouvent quelques Asperyit- lus, avec leur sommet chargé de spores, comme une tète de palmier. On voit au milieu, sur le premier plan, des Actinothiriutn, des Aryc.ia et de longs chapelets de globules, qui sont autant de membres épais du même sujet; au second plan, des Sphero- nema, des Cucurbituria, des Stillum, etc. Les moisissures ou mieux les h'uiujoïdcn micro- scopiques, occupent dans le monde végétal une large place par leurs effets. Doués de cette étonnante l'orée de multiplication, ils détruisent les végétaux néces- saires à l'alimentation : la vigne est atteinte de Y oïdium, le blé de la nielle, la pomme de terre du pernospora. Ainsi une petite plante, inconnue de tous ceux qui n'ont jamais mis l'œil au microscope, cause des ravages dont l'étendue est en raison inverse de sa taille. Une vulgaire moisissure enlace de ses filaments une autre plante plus grande qu'elle, et finit par causer sa mort ; certaines mala- dies épiidémiq lies n'ont d'autre cause que l'invasion d'un parasitisme interne. Insignifiants par eux- mêmes, puisque les Fumjiiidt-H ne sont, apprécia- bles que sous les plus forts grossissements, ils se développent avec tant de rapidité, qu'ils occasion- nent les plus terribles désordres dans l'économie. Le microscope nous montre que la nature est iné- puisable dans ses plus intimes créations. Il existe \ma innombrable population d'êtres organisés, de végétaux étranges qui captivent l'imagination, in- spirent à l'âme des sentiments élevés et, invitent, l'in- telligence à l'admiration des œuvres de la création. J. (hl'.AUD. CHRONIQUE Huc-t-eilunt'- de la quinine — Un pharmacien de Manille, M. Gruppe, a exposé à Vienne un succédané île la quinine. Ce nouveau médicament est une substance ainèrc hvgroscopique, incrisUillisalile, extraite de l'écorco d'une npoeynée, YEchilex sclwluris L., qui croit abondamment aux lies Philippines. Les naturels du pays l'emploient depuis longtemps connue fébrifuge, sous le nom de Dila. [Société Linnèunne.) Le» mines d'or de l'Alaska. — On lit dans le World de ISew-Yurk du 2 '2 septembre : « Le rendement que donne le gisement aurifère de la baie d'argent dans l'Alaska met en ce moment en grand émoi la population deSilka, capitale du territoire, bue lettre de cette ville, datée du 211 août, dit que ce jour-là on avait expédié à l'ortlaud dans l'Urégou 2(10 tonnes de roches quartzeuses contenant de l'or. Un grand nombre d'Indiens travaillaient à Silver-Bay à extraire le minerai et le préparer pour le transport. On a mis à découvert des spécimens recueillis à '2.1 pieds et que les essais ont démontré contenir pour une valeur allant jusqu'à 000 dollars à la tonne. Les propriétaires de la mine refusent de vendre le site au prix de 200,000 dollars. Le mémo correspondant dit qu'une lettre écrite par un officier du gouvernement à Fort-Wrangel dans la partie méridionale du territoire annoiiLC que « les mines les plus riches qui aient jamais été découvertes dans l'Alaska » ont été trouvées près du lac Deasse, et que par leur seul travail manuel, les vingt ou trente mineurs qui l'exploi- tent recueillent de 2 à 3 onces d'or par jour. L'Alaska est une longue presqu'île île l'Amérique russe, au IV. -O. du continent, et à 1,0(10 kil. Sud du détroit de Bclirmg ; elle se lie vers le sud aux îles Aléoutes. Cet archipel, découvert eu 1741 par Behring, fait partie de l'Amérique du >"ord et appartient à l'empire russe. L'Alaska est à 54° 55' de lati- tude IN. et à l(i!>° V de longitude O. Ses habitants se li- vrent à la chasse et à la pèche et font quelque commerce de pelleteries. Sépulture de l'age de pierre. — Lu nouveau monument des temps préhistoriques vient d'être mis au jour dans les environs de l'.iris. Deux membres du comité arcliéologique de Senlis, MM, Millescamps et llahn, fouil- lent en ce moment à Luzarches un véritable cimetière dont l'existence avait été révélée il v a une vingtaine, d'années. Dans cette sépulture qui remonte à l'âge de la pierre polie a été trouvé un certain nombre d'instruments en silex tail- lés, tels que: un beau grattoir intact, des haches de diver- ses dimensions, des couteaux, des ciseaux, des pointes de flèches, une quantité de petites lames Unes et minces, dé- licatement travaillées ; il v a aussi des perçons eu os d'ani- maux différents ; enfin, sur les débris d'un squelette de femme, a été recueilli un ornement en pierre polie, per- cée de deux trous, qui a probablement servi d'amulette ou de pendant de collier. Quelques crânes et certains osse- ments unt attiré l'attention du docteur Breea, qui se pro- pose d'en faire l'objet d'une communication à la Société d'anthropologie de Paris. Les dimensions et la disposition de la sépulture, le mobilier funéraire qui y a été déposé sont relevés avec soin par JIM. Millescamps et llahn, qui soumet- tront les résultats de leur découverte à l'examen des hommes compétents. Xontelles de I ii incstloiir. — Une correspondance de Sierra-Leone, adressée à Y Irish-Timen , rapporte que M. Lressey, passager du steamer Aj'rica, reçut en re- montant le fleuve duilongo, le 17 août, une lettre d'un du ses amis établi à 300 milles au-dessus de la rivière, l'in- formant qu'à '21)0 milles plus haut, un homme blanc, accompagné par en certain nombre de serviteurs indi- gènes, avait été vu se dirigeant vers la eûte de l'Ouest. Se trouvant à court de vivres, il avait été détenu par une tribu qui le gardait prisonnier jusqu'à ce qu'il se fût ravi- taillé. D'après la description faite de l'individu par h s tt'a- li plants indigènes à l'ami de M. Cressey, on a pensé que cet homme était le docteur Livimstone. Le frère du doc- teur Charles Liviugslone, en apprenant cette nouvelle au vieux Calahar, croit lui-même que l'Iiumme en question ne peut être autre que le célèbre cl intrépide voyageur anglais. {Journal officiel.) l.esiili-ilctles «nlonîratlraneuises. Au dix-hui- tième siècle, les Espagnols disaient avec orgueil « que jamais le soleil ne se couchait sur leurs domaines. » Mais cet adage LA XATURi:. 551 a cessé d'être vrai depuis l'émancipation des colonies d'A- mérique qui servaient d'étape intermédiaire entre les Phi- lippines, le vieux continent, et remplissaient un office auquel Cuba ne peut suffire. Actuellement on répète la même chose, à juste titre de l'Angleterre, qui possède le Canada et l'Australie et ses colonies des Antilles et son empire, do l'Inde. Mais nous ne sachons pas que jamais personne ait fait remarquer encore, que malgré Ions nos malheurs, cet adage put s'appliquer aux divers points du globe sur lesquels flotte, notre pavillon tricolore. En effet, nos colonies d'Orient finissent pur 105" de longitude orientale à l'île des Tins, dépendance de la Kuuvclle-Culé- donio, et nos colonies d'Occident pur O.'i" de longitude occidentale à la Guadeloupe. La différence de longitude comprise entre ces deux points extrêmes est donc seu- lement de 1ôll° géographiques, espace que le soleil par- court en 'J heures 20' et qui dépasse de 2 heures 40 la durée du jour des éqiiinoxes égal à 12 heures pour toute la terre. Comme la Guadeloupe est placée par 1j° de lati- tude boréale, et la Nouvelle-Calédonie par 22" de latitude australe, non-seulement les jours les plus courts d'une colonie répondent aux jours les plus longs de l'autre, mais 1 y a une sorte de compensation presque exacte, car lors- que les jours de la Guadeloupe diminuent, ceux, de la Aotivcllc-Calédome augmentent presque de la même durée, et vice versa. Tout se passe donc à peu prés pen- dant le cours de l'année de la mémo manière que pendant les jours de l'équinoxc. En outre, nous avons pour nous tout le crépuscule et toute l'aurore, dont il est vrai que, dans les régions tropicales, la durée n'est pas longue. Conservation Act -vîunclcs. — Les expériences sur la conservation des viandes par le froid ont parfaite- ment réussi à Londres. Des viandes amenées d'Australie ont été dégustées avec le plus grand succès. Le procédé in- diqué consistait à envelopper les viandes dans une enve- loppe isolante et d'y entretenir une très-basse température en faisant constamment fondre de la glace à la partie su- périeure. Le succès de cette première tentative a été si complut qu'on a résolu don faire une seconde sur une grande échelle. On a mis à bord d'un vaisseau 00 tonnes de viande, et la quantité de glace que l'on crovait suffi- sante pour entretenir la basse température nécessaire à la conservation. Lorsque le navire a été signalé dans la Ta- mise, les membres de la compagnie se sont rendus à bord. Mais à leur grand désappointement ils ont appris que le navire n'avait pas eu de glaco en suffisance et que l'on avait été obligé de jeter toute les viandes à la mer. La dif- ficulté consiste doue uniquement à entretenir une très— basse température pendant tout le temps de la traversée. C'est un problème que l'on pourrait résoudre si la fabri- cation delà glace artificielle était plus avancée qu'elle ne l'est actuellement, malgré les promesses de certains pros- pectus récents. Siuïstre aérien. — Les journaux américains nous apportent le récit épouvantable d'un nouvel accident de ballon arrivé à Chicago. L'aéronaule s'enlevait en mon- golfièrc perdue au-dessous de laquelle était suspendu un trapèze sur lequel il faisait ses tours de gymnase. Son ap- pareil a pris feu au moment du lâchez tout. L'incendie a continué, alimenté par le courant d'air qui accompagne fatalement l'ascension rapide, et a même contribué à di- minuer l'énergie du refroidissement de l'air intérieur. Il en est résulte que la montgolfière s'est élevée plus haut que d'ordinaire. Mais bientôt le trapèze auquel le malheu- reux se tenait suspendu a été détaché el il a été précipité d'une hauteur de 1500 mètres. H est arrivé avec une vi- tesse si effrayante, que ses jambes ont pénétré dans le sa- ble ; le reste du corps offrait l'aspect d'une épouvantable bouillie sanglante. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 27 ectobre 1873. — Présidence de M. dk Q['atrefagj;s. Les diamants du Cap. — C'est dans un dépôt détri- tique reposant sur les couches du trias que se rencontrent, au cap de Bonne-Espérance, les diamants qui ont tant lixé l'attention dans ces derniers temps. M. llugon, qui vient de faire une étude géologique de la région diamantifère, remarque d'abord que le terrain fournissant les gemmes a été. remué par les hommes. On y trouve, en effet, des écailles d'huîtres, des fragments d'oeufs d'autruche et des objets d'industrie, tels que des perles tombées de quelque collier. Les diamants gisent dans ces dépôts à toutes les profondeurs, depuis la surface jusqu'à la roche vierge, et leur abondance est telle, que tous les chercheurs ont vu leurs travaux récompensés d'une manière fructueuse. Les diamants sont toujours plus ou moins cassés, ce dont on va voir la cause dans un moment. On remarque qu'en géuéial ils sont d'autant plus jaunâtres que leur volume est plus grand. Plusieurs ont atteint !e poids de 224, de 2iti et même de 288 carats. Dans aucun paya ou n'a vu des mines fournissant autant de beaux diamants que cèdes du Cap. Une seule exploitation a produit trois mille dia- mants par jour pendant huit mois ! Les plus précieux, c'est-à-dire ceux dont l'eau est la plus pure, sont cristallisés en octaèdres S arêtes vives. Mais, chose très-inattendue et qui rend compte, de leur état fragmentaire habituel, ils sont très-sujets à éclater spontanément au contact de l'air, et cela dans le cours do la première semaine après l'extraction. Exceptionnel- lement, cette explosion d'un nouveau genre peut se faire au bout de trois mois; eu tout cas, on l'empêche, paraît-il, en enduisant les diamants de suif. Jamais ce fait n'avait été signalé jusqu'ici et il est peut-être de nature à guider les recherches tentées pour découvrir le mode de forma- tion et l'origine de la plus précieuse des pierres précieuses. En terminant, l'auteur signale l'abondance des grenats connue indice de la présence du diamant. 11 note aussi que là où sont beaucoup de petits diamants on n'a guère de chance d'en trouver de gros. Li'% mouvements des plantes. — Ou sait que plusieurs plantes sont douées de la faculté d'exécuter des mouve- ments plus ou moins éteudus. Les unes se livrent ainsi à des mouvements spontanés, comme on l'observe, par exemple, pour les étamines de la rue (rata), qui viennent d'elles- mêmes se placer en contact avec le pistil; les au- tres exécutent leurs mouvements lorsqu'elles reçoivent une excitation extérieure ; telle est la sensitive (mimosa pudica), dont les feuilles se ferment au moindre attouche- ment. Depuis longtemps les physiologistes se sont demandé si ces divers phénomènes reconnaissent la même cause, ou s'ils sont dus à des actions distinctes. M. i'aul Ilcrt, pour trancher la question, a même soumis la sensitive, sous une cloche de verre, à l'action de vapeurs ancslhésiqucs, et il a vu que cette plante continuait de se fermer sponta- nément, le soir, alors qu'elle était devenue complètement inerte aux excitations extérieures. 11 a paru ù M. Ecltel, professeur à l'Ecole de pharmacie 1.V> LA NATURE. (îe Montpellier, que ce résultat n'était pas suffisamment net parce qu'il était fourni par une plante possédant à la fois les deux ordres de mouvements. Aussi s'est-il adressé à des végétaux chez qui cette superposition, n'existe pas. On sait que les élainines de l'épine vinette [berberis) 'touchées au înoven d'une pointe fine, se contractent fortement, et nous venons de rappeler que les étamines de la rue se meuvent spontanément. Cela posé, l'auteur met sous deux cloches distinctes un pied de ces deux plantes, et les soumet à l'action des vapeurs du chloroforme. lîientùt, sous l'in- fluence anesthésique, l'épine vinette est complètement en- dormie, tandis que la rue possède encore ses mouvements - (l'est-à-dire que l'expérimentateur de. .Montpellier confirme pleinement les résultats de M. Bert, Le phylloxéra. — ^Naturellement, il est encore ques- tion du phvlhixéra. Revenant sur la question de l'emploi du sulfure de carbone, II. Gaston fissile conteste (pu: la vigne ait à souffrir de ce remède, d'ailleurs si efficace contre le parasite, li ajoute que. la dose do l.'ÎO grammes, pur cep, a pu être réduite, dans des essais récents, à .">() grammes et moins encore, de sorte que la dépense est notablement diminuée. lin naturaliste très-connu, M. Cuérin Menneville, dé- fend de nouveau son opinion, d'après laquelle le phylloxéra n'est pas du tout cause de la maladie de la vigne. Suivant lui, cet insecte a existé de tout temps chez nous, et restait confondu parmi les innombrables parasites de la vigne, jusqu'au jour où un état pathologique spécial de celle-ci a fourni des conditions favorables à sa multiplication, lin même temps, M. Maxime Cornuannonce s'être assuré expé- rimentalement que le phvlloxéra déposé sur les radicelles saines v développe, au contraire, tous les accidents carac- térisant les vignes malades. L' Homme-Chien. — Au sujet de l'exhibition qui a lieu on ce moment, dans Paris, d'un homme dont le sys- tème pileux est développé d'une manière exagérée, tandis que son système dentaire est tout à fait atrophié, M. Itou- lin fait remarquer, avec son érudition ordinaire, qui; des anomalies du même genre ont été plusieurs fois signalées. Ainsi, il y avait, enlS.'ifi, dans la province d'Anani, en Cochinchine, une femme offrant les mêmes caractères. De même, Wallis, directeur du jardin de botanique de Cal- cutta, s décrit et figuré, en 1820, un individu exactement pareil. C'est plus qu'il n'eu faut pour montrer que îles éle- veurs d'un nouveau genre pourraient arriver à créer une race humaine offrant fes caractères généraux du malheu- reux qui est en passe de devoir une fortune à son affreuse difformité. StaSiïlas Jha'siKii. = <,* LE CIEL AU MOIS DE NOVEMBRE -1873 Nos précédents bulletins donnent, sur les positions actuelles des planètes principales, des détails assez nets pour qu'on puisse, pendant le mois de novem- bre, suivre aisément leurs mouvements sur la voûte ctoilée sans indications nouvelles. D'ailleurs, tout l'intérêt astronomique du mois, en dehors des ob- servations régulières, va se concentrer sur le phéno- mène que présente le passage de la terre dans le voi- sinage de l'essaim météorique des Léoniilcs, vers le 13 ou le 1 i. On se rappelle que, l'an dernier, les cir- constances se sont trouvées si défavorables que pres- que partout les observations ont été impossibles : temps pluvieux et généralement couvert, et là où il y a eu quelque éclaircie, proximité de la pleine lune. Cependant, dans une ville d'Italie, à Montera (Basi- licate), le phénomène fut observé, et. le nombre des étoiles filantes qui se montrèrent entre 3 heures et (j heures du matin, le 14 novembre, fut assez consi- dérable pour qu'on n'ait pu douter du retour pério- dique de l'essaim des Léonides à la date ordinaire. Cette année, la pleine lune aura lieu le A novembre; du 12 au lïi, il n'y aura plus à redouter l'influence gênante do la lumière de la lune, qui sera dans sa dernière phase, et sera d'ailleurs couchée, quelques minutes après 2 heures du matin. Il n'y a donc à désirer qu'une chose, c'est qu'à la date indiquée, le ciel soit assez beau pour que les nombreux observa- teurs du phénomène puissent en noter toutes les circonstances. Une des plus intéressantes est toujours la détermination du point de radiation, ou des points de radiation, si, comme il est possible et. probable, le courant se divise à la longue en des courants partiels distincts. Le mois de, novembre 1872, si l'on a bonne mé- moire, en compensation des observations manqnécs du 11, a offert aux astronomes une véritable .sur- prise dans la nuit du 27, par la magnifique averse météorique qui a bombardé les hauteurs de notre atmosphère : on se rappelle aussi qu'on a aussitôt attribué ce brillant météore à la rencontre que la terre aurait faite d'un dis fragmcnls de la comète de Iiiela. Quelques-unes do ces fugitives étoiles se seront- elles attardées, une année durant, dans les mêmes ré- gions de notre orbite ? C'est peu probable, car la comète de Biela n'est qu'une des plus petites agglomérations nébuleuses de ce genre et ne peut être assimilée à la longue traînée qui constitue l'essaim de novembre ; mais comme sa période est d'environ 7 années, il est possible que nous repassions plus tard au milieu du même fragment et que nous soyions de nouveau té- moins d'un semblable feu d'artifice céleste. 11 y aura, ce mois, deux éclipses, se succédant comme d'habitude, à une demi-lunaison de distance: la première aura lieu le 1 novembre et seraenpurUo visible à Paris. La lune se lève, ce jour-là, à à heures 54 minutes du soir ; or, à 1 heure 17 minutes, elle entre dans la pénombre; à 2 h. 15 m., son disque entrera dans l'ombre ; le milieu de l'éclipsé ayant lieu à A heures, nous ne pourrons voir que la seconde moitié et la fin du phénomène. Quant à l'écbpse de soleil du 20 novembre, elle sera partielle, et d'ail- leurs invisible à Paris et dans presque tout l'ancien et le nouveau continent : c'est dans les régions voi- sines des - terres australes du sud que cette éclipse, un peu plus forte que le demi-diamètre solaire, sera principalement visible. À tous égards, c'est donc un phénomène qui aura peu d'intérêt pour nous. ÀMÉDKE Gun.I.EMlH. Le Pruprictairc-Ccrûnt : G. Tissamhki.. l'AIUS. 1M1'. SIMON MACOS El C0M1\, HUE u'KilFUHTII, 1, H' -i~> H KOVKMBKK 1873. LA NATURE. UTILISATION DES EAUX D'EGOUÏ A GEXNEVII.MERS. Parmi les devoirs les plus importants d'une admi- nistration municipale, il faut mentionner en pre- mière ligne la nécessite d'enlever au dehors, dans un temps très-limité, les détritus organiques, les eaux pluviales, les eaux ménagères et même les matières de vidange, pour assurer ainsi, à (iliaque instant du jour, l'assainissement de la cité. Les villes de Londres, de Paris et de Ilruxelles se sont depuis bien longtemps déjà préoccupées de cette question capitale. Au moyen de galeries ou égouts rayonnant sous terre, alimentés à Londres spéciale- ment par des eaux courantes qui entraînent les sub- stances solides, on a pu faire converger dans une série de collecteurs centraux toutes les matières qui constituaient pour la ville des foyers d'infection per- manents. Mais la solution du problème n'est ainsi résolue que d'une façon incomplète : il ne suflit pas, en effet, d'assurer la salubrité publique dans la ville, Machine à vapeur ûi il v!iti( 1ns eues lîe l'éyoïit cnllcclcuv dans les jiUiincs Je Cmmevilliers. il faut, en outre, que cet assainissement ne vienne pus créer, pour les populations lunilro|)hes du mur d'enceinte, d'autres centres insalubres, d'autant plus dangereux que les matières organiques ont alors subi une fermentation qui remplit l'air d'exhalaisons pu- trides, essentiellement nuisibles à la santé publique. La première partie de la question a reçu depuis longtemps et reçoit encore tous les jours, à Paris, une solution très-satisfaisante ; il nous sera facile de le démontrer en nous reportant vers l'année 1850. À cette époque, la ville de Paris ne possédait, en effet, que 150 kilomètres d'égouts 1 . Depuis, des tra- vaux considérables ont été exécutés : les galeries et les branchements se sont ramifiés de tous côtés et, 1 Raiipoils île MM. Mille, et Dunmd-Cfiye.. aujourd'hui, la longueur totale de ces ramilieations est de 000 kilomètres. Trois égouts collecteurs reçoivent les eaux et les portent à la Seine : l'un partant du Jardin des Plan- tes, longe la rive gauche de la Seine, la traverse au moyen d'un siphon, sous le pont de l'Aima, et vient se jeter près d'Asnières dans l'égout collecteur de la rive droite. Le deuxième, que l'on visite le plus facilement, part de la place du Chàtelet et vient se jeter à Asnières auprès du pont du chemin de fer, après avoir desservi les quais et le boulevard Maies- herbes. Enfin, l'égout collecteur départemental des- sert Montmartre, la Chapelle et Saint-Denis, rece- vant, en outre, les eaux vannes très-imparfaitement purifiées du dépotoir de Boudy ; il débouche dans la Seine auprès du canal de Saint-Denis. 23 334 LA NATURE. Ces égouts amènent tous les jours à la rivière une masse d'eau tellement considérable qu'elle représente à elle seule la vingtième partie du débit de la Seine, en tout 200,000 mètres cubes d'eau. Mais si la salubrité de la ville de Paris a été ainsi assu- rée au prix de ces énormes travaux, il n'en est plus de même pour les pays riverains de la Seine. Une simple promenade d'Asnières à Saint-Ger- main , sur le lleuvc, montrerait surabondamment les inconvénients de ce système. L'eau bourbeuse qui s'échappe des égouts vient s'étaler à la sur- face du fleuve et y trancher nettement par sa cou- leur; des matières grasses, des bulles de gaz, des détritus infects en suspension signalent le parcours de celte rivière coulant dans une autre rivière. Vers Argenteuil seulement, l'eau commence à s'éclaircir, mais alors toutes les matières organiques se déposent sur la rive sous forme de vase noire et nauséabonde. Cela n'est encore rien en temps ordinaire ; il faut juger de l'état des choses lorsqu'un orage violent vient s'abattre sur Paris. Les égouts sont alors complète- ment lavés par la niasse d'eau qui s'écoule ; les I'i'jtributkjn des eaux d'è^out dans la plaine diî Gcniievilliers, usines de Saint-Denis profitent de cette occasion pour envoyer à la rivière tous les résidus nuisibles qu'elles tiennent patiemment en réserve, et l'eau est alors tellement infectée que le poisson, asphyxié, meurt et vient flotter à la surface. Là, subissant lui-même une nouvelle fermentation, il dégage des émana- tions tellement infectes que les abords du fleuve et les promenades sont complètement désertés par les habitants riverains. Les udeurs et les miasmes ainsi produits peuvent être, non-seulement incommodes, mais encore nui- sibles à la santé publique : c'est ainsi que M. le docteur Decaisne n'hésitait pas à rapporter les der- nières épidémies de diarrhée qui ont sévi à Versailles, dans le commencement de l'année, à l'insalubrité des eaux do la Seine. De pareils résultats créés au détriment de la banlieue ne devaient pas tarder à attirer exclusivement l'attention des habiles et sa- vants ingénieurs qui dirigent le service des eaux d'égouts de Paris; aussi, vers 18G7, des essais turent tentés pour débarrasser le ht du fleuve do ces ma- tières impures. Deux procédés pouvaient être mis en présence : l'un consistait à porter jusqu'à la mer les eaux d'égouts ; l'autre, mille fois plus rationnel, pre- nait les détritus organiques, les séparait par le col- matage ou par une épuration chimique de la niasse du liquide, et les faisait servir aux besoins de l'agri- culture. Ces là cette dernière résolution que MM. Mille et Durand-Claye s'arrêtèrent ; depuis cette époque, la ville de Paris, multipliant ses essais et ses expérien- ces, a fait des dépenses considérables pour atteindre le but qu'elle se proposait. Aujourd'hui, que la solu- tion est presque complète, il nous reste à la faire connaître à nos lecteurs. Si l'on soumet à l'analyse les eaux d'égouts à leur sortie des collecteurs d'Asnières, on constate qu'un mètre cube d'eau contient en moyenne 2 k ,327 de ma- tières en dissolution et en suspension correspondant LA NATURE. à O k , 0-455 d'azote, à 0\017 d'acide phosphoriquc et ii v ,10t> de polnsse et de soude; et si l'on cherche la valeur de l'engrais qui y est contenu, on trouve que le prix du mètre cube peut atteindre approxi- mativement 11 centimes à Àsnières et 55 centimes a Saint-Denis; cette augmentation s'expliquaiit par l'apport des eaux vannes de Bondy dans l'égout dé- partemental. En multipliant ces résultats, on trouve que la quantité d'engrais jetée chaque jour à la Seine atteint une valeur de 10,000 francs, soit par au 15 à 18 millions. Sous une autre forme, 1S0 à 140 mètres cubes d'eau seulement représentent environ, comme agent fertilisant, 1,000 kilogrammes de fu- mier de ferme. Ces chiffres, surtout théoriques, de- vraient être nécessairement abaissés dans la pra- tique ; mais ils n'eu suffisent pas moins pour mon- trer l'importance énorme qu'il y a à recueillir et à utiliser l'eau d'égout. Pour arriver à ce résultat, il faut, ou jeter directe- ment l'engrais liquide sur un sol perméable, qui puisse l'absorber complètement, et en séparer les principes utiles, ou bien précipiter la matière orga- nique au moyen du sulfale d'alumine, rejeter l'eau pure à la Seine et vendre l'engrais. Ces deux procédés ne nous paraissent pas devoir être employés séparément avec un succès complet; mais un troisième qui aurait pour but de prendre à chacun d'eux 'ce qu'il présente de particulièrement Ancienne machine dn pont d'Asnières, — Figure montrant !a coupe île l'égout coUicttur, la prise d'eau, «t la pompe eqntrlfug* ii vapeur. intéressant nous paraîtrait avoir plus d'avantage pour les résultats financiers d'une pareille opéra- lion. C'est là, en effet, le système préconisé par MM. les ingénieurs Mille et Durand-Claye, et c'est à ce dou- ble point do vue qu'ont été dirigés les travaux faits par la ville de Paris. Au point où les eaux d'égout se jettent dans la Seine, une pompe centrifuge élève une partie des eaux au niveau du sol pour les refouler dans des conduites spéciales, qui les mènent à Genuevilliers. Anciennement, l'eau était élevée au moyen d'une simple locomobiîe placée à l'entrée même de l'égout, comme le figure notre dessin au trait; aujourd'hui, que la période des essais est terminée, la ville a installé, auprès du pont de Clichy, une machine pouvant monter en un jour environ le tiers du débit de l'égout collecteur. Plus tard, cinq autres ma- chines seront installées auprès de la première pour compléter le service. La machine à vapeur qui sert à l'aspiration et au refoulement des eaux sort des ateliers de M. Farcot. Elle se compose d'un générateur placé à la partie supérieure de l'usine et de la machine proprement dite qui se trouve de plain-pied avec le sol. — Notre gravure {page 355) montre seulement cette dernière partie. La machine est horizontale, de la force de 150 chevaux; elle monte 500 litres d'eau par seconde, soit 1,800 mètres cubes à l'heure, refoulant, en outre, cette masse do liquide en dix minutes jusqu'à Genuevilliers, c'est-à-dire à 2 kilomètres de dis- tance, Le grand volant, qui a 8 mètres de diamètre, pèse 23,000 kilogrammes; il peut faire de 27 à 50 tours à la minute. Au moyeu d'une disposition spéciale et toute nouvelle, une partie des espaces nuisibles est supprimée, ce qui permet à la vapeur d'arriver directement sur les faces du piston sans déperdition île forcu vive ; on a ainsi une aug- mentation assez considérable de travail produit; 550 LA NATUKE. La pompe centrifuge, que cette machine met eu marche, est munie de deux, manomètres indiquant, à chaque instant, l'un, le degré do vide, et l'autre, la hauteur d'eau soulevée, y compris les résistances considérables dues au frottement de l'eau sur les conduites. L'eau, en quittant l'usine de Clichy, est refoulée dans des conduites en fonte de (if) centimètres de diamètre, emboîtées les unes dans les autres ut po- sées en terre; ces conduites passent sous le pont de Clichy, suivent un chemin parallèle à la Seine, sons la digue de Gennevillicrs et viennent déboucher dans un réservoir et dans des bassins, établis auprès de la Seine à côté du champ d'essai de la ville. De là, elles sont déversées dans la [daine de Geuuevil- liers par des conduites en grès et par des rigoles de distribution, ayant une largeur de 60 centi- mètres à 1 mètre et une profondeur variable. Ces rigoles traversent la plaine et se dirigent vers les champs d'expérience de Geuuevilliers, endroit connu dans le pays sous le nom de Château de la France. Enfin, d'autres conduites partent de l'égout départe- mental de Saint-Denis, traversent le pont de Saint- Ûueu et arrivent par une pente naturelle jusque dans la plaine. Ln simple regard jeté sur le plan que nous publions mettra le lecteur au courant de cette dis- tribution des eaux. Actuellement, In ville de Paris fournit gratuite- ment aux propriétaires l'eau d'égout, voulant ainsi faciliter les essais et les expériences; bien plus, prê- chant par l'exemple, elle entretient un jardin où un grand nombre de cultures ont été installées, cultures réussissant toutes à merveille. D'un autre côté, les propriétaires du Château de la France, JIM. Joliclerc et Drull, concessionnaires des eaux d'égout, par un traité passé avec la ville de Paris, ont nus à profit, depuis deux ans, les eaux et l'engrais qui leur étaient fournis, se livrant surtout d'une manière toute spéciale à la culture maraîchère. I.e procédé employé pour se servir des eaux d'é- gout est bien simple : on construit grossièrement sur le champ à irriguer un certain nombre de sillons reliés entre eux par une rigole transversale, et l'on mot celle-ci en communication avec la conduite de la ville au moyen d'une simple vanne en bois, qu'on peut ouvrir ou fermer. Les résultats obtenus par ces irrigations perma- nentes sont plus que frappants ; sur un terrain aride, composé exclusivement de sable, ou voit ap- paraître, sous l'action fécondante de l'eau, une végé- tation luxuriante : des choux énormes, des poi- reaux, des artichauts, des carottes, des salades, des arbres fruitiers, des plantes pharmaceutiques, men- the, absinthe, etc., y vivent et s'y développent, pre- nant en peu de temps des proportions colossales. Les cultures printanières elles-mêmes, à cause de la température plus- élevée de l'eau, y réussissent mieux que partout ailleurs. Fait curieux, les eaux charriant un certain nombre de graines se chargent elles-mêmes d'ensemencer les champs ; c'est ainsi que MM. Joliclerc et Drull ont vu se développer des tomates en grand nombre, là où ils n'avaient rien semé. Pour la culture maraîchère, l'eau a le double avantage de tenir lieu d'engrais et de substituer une opération mécanique à l'arrosement toujours si dispendieux pour le maraîcher. En effet, un marais ordinaire d'un hectare exige actuellement environ 1,500 francs d'arrosage, 1,201) francs de fumure et 1,500 francs de loyer; avec l'eau do la ville, les deux premières dépenses se- raient certainement réduites de beaucoup , puis- qu'elles pourraient être remplacées par un fermage relativement minime. Le rendement à l'hectare pourrait alors s'élever de 500 francs, prix ordinaire, à 4,000 francs, en movenue; ce résultat pourrait être atteint sans au- cune exagération. Jusqu'ici le sol de la plaine de Gencvilliers est tel- lement perméable, que toute l'eau fournie est immé- diatement absorbée ; mais il est probable qu'à un moment donné, il n'en sera plus de même. C'est alors que les entrepreneurs devront mettre en vi- gueur l'épuration par les procédés chimiques, dont nous parlions plus haut, installant en même temps un outillage spécial pour enlever les matières gras- ses, qui se trouvent à la surface de l'eau en assez grande quantité, ainsi que des bassins superposés de profondeur variable pour séparer, par décantation, les matières organiques qui, formant une espèce de laque avec le sulfate d'alumine, se précipitent au fond du liquide, en l'espace de quelques instants. En un mot, ils devront chercher à tirer le meilleur parti possible de toutes les matières qu'ils auront en suspension. L'augmentation de valeur des terrains qu'ils auront ainsi améliorés sera pour eux la source de bénéfices importants qui leur permettront peut-être de franchir la Seine, et de porter leur canalisation jusque dans les plaines de JNanterrc, d'Argeuteuil, de Franconville et de Pontoise. La ville de Paris aura alors rendu à ces pays un double service, en purifiant les eaux do la Seine et eu améliorant les terrains qui avoisinent le fleuve. Enfin, une dernière objection a été soulevée bien souvent : les eaux d'égout s'évaporant ainsi dans la plaine ne constituent-elles pas un nouveau foyer pestilentiel et" ne donnent-elles pas uu goût parti- culier aux productions du sol? iVous engageons le lecteur soucieux de, se rendre compte de la valeur de cette objection, à visi- ter lui-même les travaux. Il pourra constater que les eaux courantes des canalisations ne dégagent aucune odeur, et que l'eau des puits n'est eu aucune ma- nière altérée par l'absorption des eaux à travers le sol. Quant à la saveur des légumes, il suffira de dire que les restaurants et les hôpitaux de Paris sont les clients assidus des cultivateurs de la plaine. II ne reste donc plus à la ville qu'un certain nom- bre de travaux à accomplir pour que l'assainissement LA NATURE. 557 de Pu ri s et de sa banlieue soit totalement terminé, au point de vue où nous nous sommes place 1 . Nous pen- sons que l'administration de la ville ne saurait s'ar- rêter en chemin, et qu'elle permettra à MM. Mille et Durand-Clayc de mener à bonne fin les travaux que ces savants ingénieurs ont si habilement conçus et dirigés. Ed. Lasdris. LA PLANÈTE JUPITER Le dessin qui accompagne cette notice sur la plus volumineuse des planètes de notre monde salaire, représente le disque de Jupiter, tel qu'il apparut, dans la nuit du 28 janvier dernier, à 11 h. 11 ni. du soir, au foyer du téles- cope d'un astronome italien, M. Tacohini,de Palerme. Deux carac- tères principaux frap- pent tout d'abord l'œil, dans cette représenta- tion du globe de la pla- nète : sa forme très- visiblement elliptique, et les longues zones, les mies claires ou bril- lantes et les autres ob- scures, qui sillonnent le disque dans un sens à peu de chose près parallèle au plus grand de ces diamètres. La forme ellipsoïdale du disque aurait suffi pour faire préjuger un mouvement de rotation, sinon pour en donner la période; la théorie de la figure des corps célestes déduite de la gravita- tion et de l'hvpothèse probable de leur fluidité origi- nelle, rendent compta, connue ou sait, de leur aplatissement. Mais des observations directes ont permis de déterminer la durée de la rotation de Jupiter, dès le milieu du dix-septième siècle, et c'est à Cassini i" que cette découverte est due, nous dirons tout à l'heure par quel moyen. Le dessin de M. Taccliini nous montre le disque partagé eu neuf zones principales très-inégales eu largeur, quatre bandes brillantes et cinq zones obs- cures. Deux de ces dernières occupent les parties boréales et australes de la planète, celles qui avoisi- neut en effet les polos ou les extrémités de l'axe de rotation ; leur teinte est, à peu de chose près, uni- forme, et l'observateur caractérise leur couleur en disant que « les calottes polaires étaient faiblement cendrées. » Des trois autres bandes obscures, assez étroites, celle qui est la plus voisine du pôle, nord présentait deux taches plus noires, l'une arrondie et Jui'lli II- Aspent du tlis(]nt: il D'ainsi un dû^i qui, n'était sa grosseur, semblerait l'ombre portée par un des satellites; l'autre irrégulière et déchique- tée sur sou bord septentrional. Dans la bande obs- cure la plus voisine du centre, on voit en sens opposé deux taches dont la forme est contournée on tourbil- lons. Tout au-dessous, est une assez vaste région « légèrement grisâtre, » et assez irrégulière, qui est, sur tout son contour, enveloppée d'une zone étroite de même forme : les parties blanches de cette zone, ainsi que celles qui, du côlé du centre, limitent la bande obscure australe, étaient d'un blanc très-vif » comme argenté, » dit M. Taechiui. Les deux zones brillantes limitant les calottes polaires étaient égale- ment d'un blanc vif. Enfui la plus largo des zones claires du disque, outre la longue tache irrégulière que nous venons de décrire, renfermait trois petites taches noires, de forme oblon- gue , et une grande tache semblable à une S très- allongée , dont le contour bordé de blanc se projetait sur un fond de couleur rose. Ce qu'il y a de remar- quable, selon l'astro- nome italien, dans cet aspect du disque de Jupiter , c'est la forme accidentée des taches et des bandes, qui dénote une période d'activité particulière de la pla- nète : aussi priait-il les observateurs minus des instruments nécessai- res de vouloir bien étudier le spectre de sa lumière pendant cette période do variabilité. Nous espérons bien que son désir aura été exaucé. Eu attendant que nous puis- sions connaître les résultats des recherches recom- mandées, nous allons profiter du dessin que nous avons sous les yeux pour entrer dans quelques dé- tails sur la constitution physique de Jupiter et sur les questions que soulève l'examen des taches de son disque. Ûucupons-nous d'abord des bandes, abstraction faite des taches plus petites et plus irrégulières, dont elles sont accompagnées. Leur parallélisme entre elles et à l'équateur de Jupiter est un fait à peu près constant. Elles offrent sans doute, dans leur développement, des irrégula- rités, des déviations, mais il est visible que ee ne sont là que des accidents, des résultats de perturbations locales qui n'affectent point la généralfté de la loi ainsi formulée. Dans toutes les observations, dans tous dessins qui les représentent, ce parallélisme se ma- nifeste : nous avons, en ee moment, un grand nom- .nii kl nuit du 2H janvier ls~?j î tir- 31. TuCL-Mrii. 358 LA NATURE. bre de ces dessins sous les yeux, faits à des époques bien différentes ; le nombre, et la position, la largeur, l'éclat des bandes y varient de toutes les façons, mais toutes sont, à fort peu de chose près, dirigées sui- vant une ligne parallèle au grand diamètre de la pla- nète, diamètre qui coïncide à la fois avec l'équateur et avec la projection de l'orbite. Les premiers obser- vateurs constatèrent pareillement ee fait, et, bien qu'Arago s'étonne que les écrits de Galilée ne fassent aucune mention des bandes, que le père Zueebi au- rait vues le premier à Rome, en mai 1650, il est très-probable qu'elles n'échappèrent point à l'illustre astronome. Les Eléments d'astronomie de Cassini If en font foi. « Aussitôt que Galilée l'eut observé (le globe de Jupiter) avec des lunettes, il y aperçut plu- sieurs bandes obscures et à peu près parallèles entre elles, suivant la direction de, la route, qu'il décrit par son mouvement propre. «Cassini ajoute aussitôt: « Le nombre de ces bandes obscures n'a pas toujours été le même ; quelquefois il y en a eu jusqu'à huit ; dans d'autres temps, il n'y en a eu qu'une, et on en distingue trois pour l'ordinaire, celle que l'on a tou- jours aperçue est plus large que les autres, située dans la partie boréale do son disque, tout proche de son centre. » On voit que la variabilité du nombre des bandes a été dès l'abord remarquée tout aussi bien que leur parallélisme. A dire vrai, quand ou examine le dis- que, à ce point do vue, il n'est pas toujours aisé, si le grossissement de l'instrument est assez fort pour que les détails de forme soient nettement visibles, de distinguer et de compter les bandes qui se subdivi- sent souvent en traînées plus étroites. Ce qui est cer- tain, c'est qu'elles changent d'une époque à l'autre, c'est que le disque en est plus ou moins recouvert et qu'ainsi les zones brillantes formant les intervalles des bandes obscures ont une étendue variable. La large bande obscure, dont parle Cassini, existe en effet assez généralement dans la moitié boréale, li- mitée au sud par une ligne qui est très-voisine du centre de la planète ; mais ce n'est pas toujours la plus large; c'est ce que prouvent les mesures faites en novembre 18 10 par Arago de la largeur des dejx principales bandes obscures qu'on voyait alors près du centre de Jupiter; la bande boréale était la plus petite. La permanence d'une bande centrale, telle que la mentionne Cassini, est donc toute relative et ce qu'il faut retenir des nombreuses observations auxquelles nous nous référons, c'est que les bandes obscures de Jupiter varient, suivant les époques, en nombre, en position, en étendue. Ajoutons qu'elles ne présentent pas toutes ni toujours la même teinte. La description que nous avons donnée plus haut, d'après M. Tac- chitri, de l'apparence présentée en janvier dernier parle disque de Jupiter, prouve que ni les bandes obscures, ni les bandes brillantes n'ont la même couleur. Un dessin dcM. W. Lassell, reproduit dausles Monthly Notifies (janv. 1872J de la Société astronomi- que de Londres, donne, sur ce point, d'intéressantes indications, ainsi que deux autres dessins dus à M. John Browning et insérés dans le même recueil. A l'équateur se trouve une large zone dont la teinte est d'un brun orangé selon M. Lassell (brown oran- ge), bronzée (tawny-coloured), d'après M. Browning. La différence des instruments et des appréciations individuelles suffit pour expliquer la légère diffé- rence des nuances ainsi indiquées. Les bandes som- bres, situées départ et d'autre dans les deux hémi- sphères, ont une teinte pourprée ; entre l'une d'elles et la bande équatorialc, M. Lassell marque une large zone dont la lumière était vert d'olive [olive (jrc.cn). Enfin, les régions voisines des pôles étaient, selon M. Browning, d'un gris bleuâtre, la teinte bleue étant d'autant plus prononcée qu'on considérait des par- ties plus rapprochées des pôles mêmes. Des observations faites, en 1809 et 1870, par le second des savants que nous venons de citer, prou- vent que les changements de couleur des bandes con- cordent avec les variations de position ou d'étendue. Ainsi, en octobre 1809, la bande équatorialc que des observations antérieures avaient montrée incolore et pins brillante que tout le reste dudisque, était deve- nue plus sombre que deux bandes blanches situées au nord et au sud et colorée d'une teinte jaune ver- dàtre. AîlÉDÉE GuiLLEMlS. — La suite prochainement. — CHACORMC Jean Chacornac, l'astronome bien connu , est mort le G septembre dernier. Chercheur infatigable, il s'était fait un nom parmi les observateurs qui enrichissent la science du ciel par la découverte d'astres nouveaux. Travailleur assidu, il avait abordé avec les plus consciencieux efforts toute une série de labeurs, dont les résultats publiés pour la plupart témoignent de la grande activité de son esprit. Cliacornac, né à Lyon le 21 juin 1823, dut, jeune encore, se placer dans le commerce; nous le trou- vons employé successivement dans plusieurs maisons de cette ville, d'où il vint à Marseille. 11 était là commis dans un bazar, lorsqu'il fit la connaissance du directeur de l'Observatoire, M. Valz, qui lui permit de fréquenter cet établissement et laissa une lunette de quatre pouces à sa disposition. Chacornac commence alors ses observations sur les taches so- laires, à la date du 4 mars 18-19, et s'adonne avee ar- deur à l'exploration du ciel. Ses efforts ne sont pas infructueux, car, le 15 mars 1852, i! rencontre une comète nouvelle, dont le directeur de l'Observatoire annonce de suite la découverte à l'Académie, au nom de J. Chacornac, élève-astronome. A partir de cette époque, on peut donc le con- sidérer comme complètement engage dans la car- rière astronomique qu'il doit parcourir avec succès. Il amasse dès le début des matériaux considérables LA NATURE. j9 qui lu conduiront plus tard à la confection do nou- velles cartes célestes, dont plusieurs savants avaient eu déjà l'idée. M. llind en Angleterre et M". Valz en France s'étaient occupés, en effet, de ce genre de travail, et voulaient construire des cartes plus dé- taillées que celles de l'Académie de Berlin, les seules dont on faisait usage. Les quatre petites planètes, Cérès, Pallas, Junon et Vesta ont été découvertes dans les sept premières années de ce siècle. Trente-huit, ans plus tard, en ■184"), Ilenelce, de Diicsscn, découvrit la planète Astrée, et en 18-17, la petite planète Hébé. L'atten- tion dos observateurs fut ainsi ramenée à la recher- che des astéroïdes qui circulent entre Mars et Ju- piter. Dans leur route, les petites planètes devant nécessairement traverser le plan de l'écliptique, il suffisait de limiter à plusieurs degrés au-dessus ou au-dessous do ce plan 1rs cartes nécessaires pour la vérification du ciel dans les régions fréquentées par ces petits astres. M. Yalz en avait déjà construit quelques-unes, lorsqu'il eut l'idée de s'adjoindre Cbacornac, qui le seconda puissamment dans ses pro- jets; c'était en 1852. Cette année, même, le 20 sep- tembre, Cbacornac, en confectionnant des cartes écliptiques, découvre Massilia (aperçue la veille par M. de (iasparis, à Naples); et l'année suivante, dans la nuit du 6 au 7 avril, il trouve Phocéa. En 1854, M. Le Verrier, nommé directeur de l'Observatoire de Paris, appelle Chacornao et le fait nommer astronome-adjoint, à la date du 4 mars. 11 est entendu que Cbacornac continuera ici les tra- vaux commencés à l'Observatoire de Marseille, et que l'Observatoire de Paris lui fournira les moyens de faire paraître l'Atlas écliptique. Les six premières livraisons, comprenant 30 cartes, ont, en effet, été publiées depuis cette époquejusqu'à l'année 1 8(>5 ; elles ont été construites au moyen d'un équatorial de 9 pouces, ce qui a permis à l'auteur d'y placer les étoiles jusqu'à la treizième grandeur. I/exactitude de ces cartes a été constatée par les astronomes qui s'en sont servis dans la recherche des petites planètes; quelques-unes renferment plus de 5,000 étoiles. Tout en confectionnant ses cartes, Cbacornac a découvert plusieurs petites planètes. Le jour même, 5 mars 1 S Tj 4 , où la recherche des phé- nomènes qui peuvent se présenter accidentellement dans le ciel, a pu être provisoirement organisée à l'Observatoire de Paris, Chaeomac trouvait Amphi- trite, que M. Albert Marth, de l'Observatoire de Regenl's-Park, à Londres, avait vue deux jours au- paravant. Il découvrit ensuite Polymnic (28 octobre 1851), Cireé ((> avril! S55), Léda (12 janvier 1850), Laetitia (8 février 1856), Olympia (12 septembre 18G0). Ces observations d'astres nouveaux lui ont valu à plusieurs reprises les récompenses de l'Aca- démie, qui lui décerne, en 1805, le prix d'astrono- mie h pour les belles et importantes cartes célestes qu'il a construites, avec tant de som, et. qui sont d'un si grand secours pour les explorateurs du ciel étoile. » Les travaux de Cbacornac sont nombreux, et il faut ajouter à ceux que nous avons déjà énumérés la série de ses observations sur les taches solaires, dont il s'est occupé pendant de longues années. Les Comptes rendus de l'Académie des sciences renfer- ment à ce sujet une foule de notes dont l'ensemble constitue une description détaillée des changements observés à la surface du soleil, et témoigne do son habileté d'observateur. Les dessins qui accompa- gnent ses différents mémoires ont été exécutés par lui avec le plus grand soin. Nous pouvons eu dire autant de ceux des planètes, des nébuleuses, qu'il a étudiées avec le télescope de Foucault de 80 centi- mètres de diamètre, actuellement à l'Observatoire de Marseille. Sur ce dernier point, Chacnrnac avait re- pris l'observation des nébuleuses en spirales de lord Rosse, en particulier de celle des Chiens de chasse, où il a reconnu que la petite nébulosité est elle- même composée de lignes spirales se rattachant aux rayons de la grande. Plusieurs des dessins de l'astro- nome français, comparés à ceux des mêmes nébu- leuses d'Herschel, paraissent indiquer de légères va- riations de formes. Cbacornac a signalé, en outre, le cas très-curieux d'une petite nébulosité isolée et ayant disparu, dans la constellation du Taureau. Cbacornac était aussi très -familiarisé avec les études sélé.nologiques. Il a trouvé dans la lune am- ple matière à d'intéressantes investigations; il a dessiné avec attention un certain nombre de paysa- ges lunaires, examiné tout particulièrement les montagnes rayonnantes de notre satellite et imaginé une théorie, ingénieuse, qui rattache ces phénomè- nes aux autres mouvements du sol lunaire. Cha- coniac est un des observateurs qui admettent la con- tinuité de l'action volcanique à la surface de la lune. Notons encore des expériences photométriques in- téressantes ; eu particulier, celles faites de 1825 à 1859, sur la question de savoir si le centre du soleil est réellement plus lumineux que ses hords; en résumant ces observations, le centre du disque aurait tu\ éclat sensiblement uniforme sur une éten- due égale aux trois dixièmes du diamètre, et les bords seulement la moitié de cette intensité. La pé- nombre des taches serait d'un éclat supérieur à celui du bord du soleil. Chacornac a pu également mesurer de très-petites différences d'intensité de la lumière des astres. Nous devons à Cbacornac la découverte do plu- sieurs étoiles variables, des observations du satellite duSirius. En 185G, il observe les étoiles filantes du mois d'août avec M. Goujon à Paris, tandis que MM. Besse-Rergier et, Liais vont à Orléans. En 1858, son attention se porte sur la belle comète de Donati, dans laquelle il trouve des traces de polarisation, ce qui concorderait avec le résultat obtenu en 1 855 par Arngo, sur la lumière de la comète de Ilalley. En 1860, il fait partie de l'expédition française, envoyée en Espagne pour observer l'éclipsé totale de soleil du 18 juillet. Les travaux remarquables de Cbacornac l'ont fait, 500 LA NATURE. nommer astronome titulaire le 22 février 1857, et chevalier de la Légion d'honneur le 15 août de la même .innée. Il avait bien mérité ce succès, obtenu au prix de journées et de nuits entières, consacrées, sans regret, h la science dont il était épris. 11 avait toujours l'œil à la lunette, entassant des observa- tions soignées et. abondantes ; plein de zèle et d'ac- tivité, il no connaissait pas de limites et travaillait sans cesse. Mais ce labeur excessif, joint à des crain- tes exagérées, le fatiguait considérablement, et sa santé en fut même gravement compromise. 11 fut obligé de unifier l'Observatoire au mois de juin 18G5, et se réfugia peu après à Villeurbanne, près Lyon. Chacornac retrouve alors pour son esprit la tran- quillité nécessaire, et reprend ses occupations fa- vorites. Il construit de ses mains un télescope de 40 centimètres dû diamètre et de. 5 mètres de distance focale, avec lequel il continue l'étude des taches du soleil, qu'il poursuit jusqu'à sa fin : il était arrivé à celte conclusion que des séries de volcans se trou- vent à la surface du soleil, et que les facules aussi bien que les taches se forment par leur éruption. 11 amène la construction d'un télescope de 81 centi- mètres presque à son achèvement. C'est dans son observatoire particulier que la mort est venue le frapper et l'enlever à la science qu'il avait illus- trée par de nombreuses découvertes et d'importants travaux. A. Fïufssixkï. LES VERS A SOIE a i/expositios du cokc.uès des ouielNt.u.iStes. !.E VEIt A SOIE DE l'àILANTE Au milieu des incomparables richesses exposées depuis un mois au palais de l'Industrie, l'attention des visiteurs a été particulièrement attirée; par les diverses espèces de vers à soie dont l'agriculture européenne a été récemment dotée, grâce aux tra- vaux et à la persévérance de M. Guérin-Méneville. L'extrême, Orient nous a donné jadis le ver à soie ordi- naire, celui qui se nourrit des feuilles du mûrier; il met aujourd'hui entre nos mains quatre espèces nou- velles, dont les produits, plus faciles à obtenir, habil- lent, dans le Céleste-Empire des populations entières. Parmi celles-ci, les deux producteurs les plus im- portants de la soie à bon marché, que l'on pourrait appeler la soie du peuple, sont le ver à soie de l'at- lante ou vernis du Japon, et les vers à soie du chêne. Nous reproduisons ci-eontrc l'aspect du ver à soie de l'allante, accompagné de son beau papillon, et nous donnons à son sujet des intéressants détails que nous empruntons à l'Économiste français, d'après les précieux documents de M. Guérin-Méneville. Ce ver à soie de l'ailante est le seul qui ait été expéri- menté chez nous sur mie grande échelle et qui s'y soit naturalisé. Indiqué, il y a plus d'un siècle, parle père d'hicarville, i! fut envoyé en Europe par des re- ligieux italiens en 1870, et dut à M. Guérin-Méneville d'être presque aussitôt connu en France. Le ver de l'ailante présente deux avantages consi- dérables : il vit en plein air, n'exige par consé- quent ni les soins, ni les dépenses d'une ma- gnanerie, et ne court pas les risques des épidé- mies résultant presque toujours des variations de température ; l'ailante, d'un autre côté, pousse avec une extrême facilité dans les terrains les plus ingrats et se maintient vert et frais quand tous les autres arbres jaunissent et s'effeuillent. Nous en avons la preuve, dans ceux qui garnissent le boulevard des Italiens, dont la verdure tranche si vivement sur la sécheresse hâlive de leurs voisins. L'ailante est le faux vernis du Japon. I! a été introduit, en France par nos missionnaires, dans la seconde moitié du dix-septième siècle,. C'est un grand arbre do la famille des lérébin- thées, dont le nom, dans l'idiome indien, signifie arbre du ciel. 11 croît avec vigueur dans le centre de la France. Il a réussi dans les terrains où rien ne pousse, même la mauvaise herbe. Nous n'avons aucun arbre dont la croissance soit plus rapide, et comme aucun animal n'y touche, il constitue la meilleure essence des reboisements de montagnes et de pentes. Cependant la nouvelle industrie a rencontré des difficultés dans les habitudes prises, dans les préven- tions toujours si puissantes chez nous et surtout dans la qualité inférieure de la soie produite par le bom- byx r.ynthia. Cette soie ne pouvait pas, dans le prin- cipe, se dévider en soie grége au moyen des appa- reils employés pour celle du mûrier. Cela tient à ce que la chenille du bombyx se ménage une issue dans son cocon pour la sortie du papillon et brise ainsi la continuité de son fil. Ces cocons ouverts de- vaient donc être traités comme leurs similaires du ver de. mûrier, et on ne pouvait en tirer que de la bourre de soie. Mais depuis quelques années cette difficulté a été résolue par la création de nouveaux appareils, et le bombyx de l'ailante produit aujour- d'Imi de la soie grége avec autant de facilité, que celui de nos magnaneries. Les vitrines du palais de l'Indus- trie contiennent plusieurs échantillons de cette soie grége et des étoffes qu'on peut en tirer. Aussi la culture de l'ailante et du bombyx c.ynthia va-t-ellc prendre une grande extension. Essayée avec le plus grand succès en Algérie, en Provence, dans la Sologne et dans la Champagne, elle nous apparaît aujourd'hui comme la ressource providentielle des terres impropres à toute autre exploitation. L'expé- rience a prouvé qu'elle réalise, des bénéfices inatten- dus dans les localités abandonnées jusqu'ici pour leur stérilité. Divers agriculteurs on on fait l'objet d'essais considérables qui tous ont parfaitement réussi. M. le comte de Lamotte-Baraeé avait commencé dès 1850 cette acclimatation industrielle de l'ailante, dans son domaine deCoudray-Montpensier (Indre-et-Loire). Il a été imité depuis par MM. Givelet, Cherny-Liiiguet, Maillet, etc., en Champagne; par M. de Milly, dans les Landes; par madame Urevant, née de Morteuil, dans la Côte-d'Or, et par vingt autres personnes qu'il ■ T.:, ? . . . i 562 LA NATURE. aurait trop long de citer. L'un des derniers, M. Usèbe, dnnt la plantation ne date que, de 1 808 et a été faite surunesuperficiede trois hectares, dans un terrain de sable siliceux, très-léger, où le chêne lui-même res- tait à l'état buissonneux, — ■ près du château de Miily (Seino-ct-Oiso), — est arrivé à ce résultat que- cha- que hectare lui produit près do 500 fruies net sur un sol sans valeur, taudis que les meilleures ter- res de blé no rendent guère plus do liiO à 200 francs. On voit par ces résultats l'importance capitale du ver à soie de l'ailante, et par suite l'immense in- térêt qui s'attache aux travaux de M. Guérin-Méne- villfi. Malheureusement les obstacles qu'il faut sur- monter pour vaincre la routine, terrasser l'indiffé- rence, sont indescriptibles; mais le premier pas est fait aujourd'hui, et nous souhaitons que notre com- patriote poursuive sa route sur un sol aplani, où le succès couronnera son œuvre. Nous croyons intéressant de compléter les docu- ments qui précèdent en donnant quelques détails sur l'élevage du ver à soie de l'ailante. Ce ver à soie peut donner jusqu'à trois récoltes par an dans les pays chauds ; mais dans le centre de la France, il n'eu donne que' deux, et une seule dans lu nord. Les deux récoltes correspondent aux "deux mouvements de la sève : la première se fait de mai en juin, la seconde, d'août en septembre. Si l'on n'en fait qu'une, elle peut commencer fin juin et se terminer fin août. Dans les régions où les deux ré- coltes sont possibles, ce sont tous les cocons de la seconde récolte et une portion seulement de ceux de la première qui passent le reste de l'automne et l'hiver, sans donner leurs papillons. Dans les ré- gions plus froides où l'on ne peut faire qu'une récolte, presque tous les cocons se conservent sans éclore jusqu'au printemps suivant. Ces cocons, destinés à la reproduction, doivent être réunis en chapelets de 50 à 100, au moyen d'un fil que l'on passe avec une aiguille, en perçant seulement leur épidémie vers le milieu et en avant grand soin de ne pas faire péné- trer l'aiguille dans leur intérieur, ce qui tuerait les chrysalides. Ces chapelets sont conservés et suspendus dans une pièce sans feu, si l'on ne veut avoir qu'une seule récolte 1 . Vers la fin de mai, les papillons sortent de ces co- cons de grand matin et y restent accrochés tout le jour, pour développer leurs ailes. Vers le soir, on prend indistinctement les mâles et les femelles et on les enfertne dans une cage à parois do grosse toile transparente, dans une sorte de garde manger, ou même dans un panier. Les accouple- ments ont lieu pendant la nuit, et, le lendemain ma- tin, on prend tous les couples, sans les désunir, et on les met avec précaution dans une boîte (de ponte) couverte avec une toile transparente ou avec une ' Dans les pays où l'on veut avoir deux recuites, il faut con- servnr les cocons dans une pièce chauffée, ce qui hâte réclu- sion des papillons, en les faisant apparaître au commencement de mai ou même un peu plus tôt. gaze grossièrâ. Dans la journée, les mâles quittent leurs femelles, qui se mettent à pondre contre les parois de la boîte : on retire ces mâles, que l'on re- met 'dans la boîte aux mariages et on laisse les femelles tranquilles. Chaque soir on met les papillons éclos le matin dans la boîte aux mariages, et chaque matin on en retire les couples pour les placerdans les boîtes de ponte. Chaque jour toutes les femelles mises la veille dans une boite de ponte seront placées dans une au- tre boîte, et l'on recueillera les œufs qu'elles auront donnés dans la nuit. Ces roufs sont facilement déta- chés avec l'ongle ou avec un couteau de Jjois; on les mot dans de petites boîtes en inscrivant la date de leur ponte. Les boîtes, laissées découvertes, sont placées dans une chambre chauffée à 22 ou 25 degrés centésimaux dans laquelle on entretient constamment delà vapeur d'eau et que l'on arrose fréquemment pour que la chaleur soit assez humide, et l'éclosion des œufs a lieu dix ou douze jours après, et de grand matin. Dès que les vers paraissent, on place sur la boîte des folioles d'aihmtes et ils y montent immédiatement pour commencer à ronger leurs bords. Vers la tin de la journée, ces parties de feuilles, chargées de tous les vers éclos, sont enlevées délica- tement pour ne pas écraser les jeunes chenilles, et on les met sur des bouquets de feuilles entières dont la queue plonge dans des bouteilles pleines d'eau ou dans des baquets couverts d'une planche percée de trous pour recevoir la tige des feuilles. Les jeunes vers sentant se flétrir les petites feuil- les sur lesquelles ils se trouvent, les quittent bientôt pour monter sur celles qui sont conservées fraîches dans l'eau des bouteilles ou des baquets, et ils y peu- vent demeurer deux ou trois jours sans autres soins. Comme les jeunes] vers descendent quelquefois le long des tiges et vont se noyer, il faut garnir le gou- lot des bouteilles d'un tampon de papier ou de linge. Il faut aussi placer quelques feuilles au pied des bou- teilles, pour que les vers qui viendraient à tomber par accident puissent s'y réfugier, en attendant, qu'on les ait replacés sur des bouquets. Les feuilles, trempant dans l'eau, ne tardent pas à être dévorées par les vers, et ceux-ci s'échappe- raient do tous côtés et se disperseraient, si l'on négli- geait de leur donner une autre nourriture. Pour cela il suffit de placer près de ces bouquets dévorés ou flétris, d'autres bouteilles garnies de feuilles fraîches, et les vers passent d'eux-mêmes sur ces nouvelles feuilles. Si l'on fait une éducation importante, on peut po- ser les vers sur les baies d'aihmtes au bout de deux ou trois jours; mais il faut éviter de faire cette trans- lation par un mauvais temps et au moment où les vers sont endormis pour la première mue. A partir de ce moment, il n'y a plus à s'occuper de ces vers à soie que pour donner la chasse aux oi- seaux, surtout aux mésanges et fauvettes, si l'on en LA NATURE. 563 voyait venir un trop grand nombre dans la planta- tion, et pour les [préserver, dans certains pays, des fourmis, guêpes, etc. qui ne peuvent pins leur nuire sérieusement quand ces vers ont acquis une certaine grosseur. Dans de petits essais, faits dans un jardin en ville, près d'une ferme ou d'un bois, ces attaques peuvent, nuire gravement à une éducation d'expé- rience et la détruire, comme elles détruisent d'autres cultures placées dans les mêmes conditions ; mais dans une éducation faîte eu rase campagne et sur une assez grande échelle, comme celle deM. le comte de Lamotte-Daracé, dans Indre-et-Loire, le déchet produit par les attaques des ennemis est le même que celui qu'ils fout subir à nos autres cultures; c'est la dîme que nous payons et que nous payerons tou- jours aux parasites, ce qui n'empêche pas nos cé- réales, nos vignes, etc. de nous donner des produits dont nous nous contentons depuis des siècles. Du reste, [dus les éducations de ce ver à soie s'étendront, et plus cette part, due aux parasites sera proportion- nellement minime. Environ un mois après la pose de ces vers sur les allantes, si la saison est favorable, ils font leurs co- cons contre une feuille ou au bout d'un rameau, en prenant soin de fixer solidement la feuille et le cocon à la tige au moyen d'un véritable ruban de soie, et il ne s'agit plus que de détacher ces cocons cinq ou six jours après leur formation, pour faire la ré- colte. LES NUAGES ARTIFICIELS Les idées les plus simples sont bien souvent celles qui paraissent les plus difficiles à trouver. No sem- ble-t-il pas assez pratique de garantir certaines cul- tures des gelées printanières, en les couvrant d'un manteau protecteur, formé d'un nuage de fumée? Il n'y a que bien peu de temps cependant que des essais nombreux ont été entrepris en France ; ils se multiplient, il est vrai, de jour en jour, et leur efficacité réelle permet de supposer qu'ils se généraliseront encore. L'n propriétaire de la Gironde, M. Fiabre de Rieunègre, donne de curieux renseignements pratiques sur cette méthode singu- lière, en racontant le magnifique succès qu'il a ob- tenu au commencement de cette année: « Les nuages artificiels, dit cet agriculteur, ne sont pas une nouveauté; il y a un très-grand nombre d'années que plusieurs viticulteurs de nos pays les ont ess;ijés ; je connais des essais qui datent de quatre-vingts ans. 11 est certains pays, le Chili par exemple, où ils sont entrés dans la pratique de tous les jours ; il y a là, sur les derniers contre-forts des Cordillères, d'importants vignobles; ils étaient au- trefois presque toujours ravagés par des vents glacés qui descendent des montagnes et que l'on est parvenu à défendre avec succès contre des froids de cinq et même de sis degrés au-dessous de zéro. » Pour obtenir les nuages artificiels, M. Fiabre de Rieunègre préconise l'emploi de la combustion de la balle de froment. « Les feux obtenus avec les huiles lourdes ne rem- plissent pas, ce me semble, dit notre expérimenta- teur, les deux conditions de bon marché et de durée. Je n'entre pas dans des détails inutiles, mais j'aflirme par expérience, que si l'on voutles conserver allumés pendant tout le temps qui est nécessaire, ils devien- nent très-onéreux, surtout si l'on tient compte de l'a- chat des godets qui quelquefois ne serviront pas deux fois dans dix années et dont le prix devra, par con- séquent, être en totalité porté au compte de l'opéra- tion elle-même. Avec la vieille méthode améliorée, j'ai trouvé le moyen de faire, au commencement de cette année, un feu d'une grande durée et ne coûtant presque rien. J'ai employé de la balle de froment, qui est la sub- stance qui m'a paru le mieux remplie les conditions exigées ; elle brûle très-lentement et produit beau- coup de fumée. On peut cependant la remplacer avec des litières, des mousses, de la sciure de bois et même du mauvais foin. J'en ai fait faire de gros tas de 2 m ,50 de diamètre placés à 12 mètres environ l'un de l'au- tre; trois feux ainsi établis suffisent pour couvrir un hectare. Cela fait, on attendit les événements. Les gelées du 25, du 20 et du 27 avril arrivèrent. Lorsque le thermomètre descendait à un degré au-dessus de zéro, la cloche du château se faisait entendre pour éveiller et rassembler non-seulement mes domesti- ques, mais tous nos voisins, surtout ceux du Nord, que mes sollicitations et mon exemple avaient en- traînés et qui agissaient avec le même entrain et la même confiance que moi-même. A ce signal, toute la population était surpied. Dès que le thermomètre marquait zéro, à un nou- veau signal, le feu était mis aux litières, aux balles de froment, à tout ce que l'on avait pu se procurer, et plus de trois cents foyers énormes, non pas defeu mais de fumée, car nulle part la flamme ne trahis- sait la présence du feu, couvraient en un instant la plaine d'un épais nuage, sur une étendue de 150 hectares environ. La fumée montait immédiatement vers le ciel, mais saisie par le froid de l'atmosphère, elle descendait presque aussitôt dans les vignes, ra- sant la terre et couvrant les plantes d'un manteau protecteur. Les feux étaient entretenus jusqu'au mo- ment où le thermomètre remonlaitau-dcssus dezéro. C'est ainsi que furent facilement vaincus les froids du 2a et du 20 avril, mais la terrible et désastreuse nuit du 27 nous réservait des difficultés nouvelles, contre lesquelles, heureusement, nous avions pris nos précautions. Vers quatre heures du malin, le vont, qui n'avait cessé de souffler du nord-ouest, passa subitement au nord-est, amenant avec lui un froid glacial et entraînant les nuages artificiels que nous avions si péniblement accumulés. Immédiatement, à un signal donné, les feux pré- parés dans une autre direction étaient allumés, l'at- mosphère redevenue sereine était de nouveau voilée et 364 LA NATURE. les plantes couvertes du même manteau protecteur. Le résultat de toutes ces précautions a été, complet et ad- mirable, mes voisins et moi nous avons été entière- ment préservés. Notre petite localité située à Lan- goiran, dans les terrains d'alluvion qui bordent la Garonne et qui gèlent toujours avec la plus grande facilité, présentait, au milieu de la désolation géné- rale, l'aspect le. plus riche et le plus riant, et aujour- d'hui je suis en pleines vendanges avec l'espérance di l'aire douze cents pièces bordelaises environ, c'est-à- dire autant que j'en aie jamais fait. Ainsi, avec une dépense tellement minime que je ne saurais l'éva- luer, je sauvais une récolte qui vaut 150,000 fr. en- viron. » (Journal de l'Agriculture.) L'ASSOCIATION BRITANNIQUE Scission de Bradford (1833). (Suite et fin. — Yûy. p. 523 et 3A'i.) M. Norman Lockyer a présenté à la section de phy- sique et de mathématiques le résultat de ses longues recherches sur la constitution r.hvsique du soleil. La librairie Macmillan va très-prochainement les publier sous un format analogue au Soleil du père Secchi. Les rapports des comités spéciaux ont été très- nombreux. Celui des météores lumineux, par M. Glaishcr, devient d'année en aimée plus volumi- neux et plus intéressant. L'analyse spectrale des flammes météoriques confirme d'une façon très-nette le résultat des expériences de Graham, de Nordens- kiold sur la présence de l'hydrogène dans le fur mé- téorique et de fer dans les solitudes neigeuses du Groenland. Elle dorme également raison à iVœlhcr, qui a découvert de l'oxyde de carbone inclus dans les météorites récemment apportées à Stockholm. Désormais les météorites et les aérolitlies sont réunis par des liens indissolubles. Bientôt personne n'osera plus soutenir la doctrine insensée que les météorites proviennent d'un ancien corps céleste ayant l'ait explosion. L'Association britannique a reçu d'excellentes nou- velles d'une station d'histoire naturelle, organisée à Naplcs, d'après un système, analogue à l'aquarium de Concarneau. La station de Naples se suffisant a elle même, l'Association britannique portera sa sol- licitude sur d'autres climats. Dans la dernière séance de la session, le comité général a distribué les encouragements aux recher- ches scientifiques exécutées sous la surveillance de l'Association. Les crédits s'élèvent à une quarantaine de mille francs, répartis entre trente comités dont nous ne pouvons donner rémunération complète. Nous citerons cependant celui de V Efficacité des pa- ratonnerres, qui fut crée à Jirighton, sur la propo- sition de M. Wilfrid de Fonviclle et dont if. Glaishcr est le président ; celui de sir Charles Lyell, pour V Exploration des cavernes du comté de Kent; celui de 11. Fronde, pour mesurer la rapidité de la marche des vaisseaux; celui du professeur Hersehel, pour déterminer te pouvoir conducteur des roches; celui du professseur W'illiamson jiour mesurer l'efficacité du pyromètre de Siemens, etc., etc. Au lieu de se traîner à la remorque du gouverne- ment, l'Association ne craint pas de résister énergi- quemeut. Le ministère, ayant déclaré qu'il ne pouvait accorder de subsides à l'Observatoire de l'île Maurice parce que l'enquête sur l'utilité de sa création n'é- tait pas terminée, l'Association a immédiatement décidé que, jusqu'à nouvel ordre, cet observatoire si utile à l'étude des cyclones serait entretenu à ses frais. Des démarches actives seront faites pour que cette lourde commission, dont le travail est si péni- ble, arrive enfin à formuler des conclusions. Le conseil a continué à soutenir, dans une lutte honorable, contre l'ignorance du chancelier do l'échi- quier, le directeur du jardin de Kcw, le célèbre bo- taniste Ilooker. 11 a également reçu des instructions pour obtenir que le gouvernement local de l'Inde fasse exécuter les observations nécessaires pendant le passage de Vénus en 1874. Une somme de dix mille francs a été arra- chée, non sans peine, au duc d'Argyll, pour les opé- rations photo-héliométriques, mais l'Association n'a point dit son dernier mot à ce sujet. Les deux grandes lectures destinées aux ouvriers n'ont point eu le succès qu'on en attendait. L'une, d'elles était consacrée à l'examen de la théorie ato- mique et moléculaire. L'orateur, M. Clerk-Maxwell, avait pris la peine de réduire en nombres les chimè- res dans lesquelles se plaisent certains atoitiist.es exagérés. On sait qu'on suppose que la pression des g.13: est produit par le mouvement tics mo- lécules; or, d'après il. Clerk-Maxwell, qui a sans doute de bonnes raisons pour se livrer à ces jeux d'esprit, un million de molécules d'hvdrogène, mises côte à côte, auraient une longueur d'un millimètre. Il y en aurait donc un million de milliards dans un millimètre cube. La masse de cette petite sphère étant représentée par 1, celle de l'oxygène serait lf>, celle de l'acide carbonique 14 et celle de l'oxyde de carbone 11. Ces my- riades de molécules d'hydrogène se lanceraient dans tous les sens, contre les parois du vase qui les ren- ferme avec une vitesse de 1 ,859 mètres par seconde (ni plus ni moins) et le nombre des chocs qu'elles donneraient, par seconde, en oscillant autour de leur position réelle sciait de 17,750 millions. Cette affectation de rigueur, cette puérilité des grands nombres incompréhensibles, a fait lever les épaules à plus d'un homme de sens. Les ouvriers n'ont point donné dans Je panneau analytique. Na- ture publie, dans sou numéro du 2 octobre, une poésie satirique sur les évolutions moléculaires. Le non-sens est représenté par un auteur qui prend le pseudonyme infinitésimal -j ■ , comme marchant a l'assaut de la tour fortifiée où se cache la vérité. Les deux derniers jours de la session ont été cou- LA NATURE. 3 Go sacrés à visiter les principaux sites des environs, mais ces excursions, quoique; intéressantes, n'ont otfert aucun incident digne d'être rapporté. EMPLOI DE U LUMIÈRE POLARISÉE DANS LES RECHERCHES MICIUISCOFIQ.l'ES. La micrographie a souvent recours à la lumière polarisée pour msttre en évidence certaines proprié- tés des corps qu'elle étudie. l'our obtenir ]e rayon lumineux polarisé, on dis- pose, au-dessous de la platine du microscope, un petit prisme de i\ieoI, et au-dessus de l'oculaire, un autre plus fort, qui prend le nom d'analyseur. Eu faisant tourner cette dernière pièce, ou produit des effels de coloration très-remarquables sur les sujets que l'on examine. Les expériences ne réussissent qu'avec des substances spécialement préparées etdont la transparence, l'épaisseur, lus saillies opaques sont 1. — CiirUaLLi (hispanique, vus à la lumière polarisa. Grossissement X lu, sensibles aux effets do la lumière polarisée. Les cris- taux de l'asparagine révèlent des tous chatoyants d'une richesse étonnante, si un hahile préparateur a étudié patiemment le degré de concentration de lu- mière le plus favorable. La fig. i, qui ne peut don- ner une idée de la coloration obtenue, montre la ifc?. v Fjg. S!, — Criïlaiu île sulfate de cuivre i!:dairi5d par la lumière rullécliie. — Grossissement X 21). forme des cristaux susceptibles de s'illuminer et de se revêtir de mille nuances que l'on croirait emprun- tées àl'arc-en-cie!. Pour certains cristaux épais, nettement coupés avec des saillies géométriques, les effets de lumière ne sont plus aussi brillants, niais ils n'en offrent pas moins un intérêt réel. Ainsi les cristaux de sulfate de cuivre éclairés par la lumière réfléchie (fig. 2) ne se distinguent pas très-uettement ; leur transparence les fait confondre avec le fond lumineux renvoyé par le miroir. L'aspect change totalement quand on fait usage de la lumière polarisée. Comme le montre la fig. 3, ces mêmes cristaux se détachent sur un fond noir qui les fait ressortir comme des diamants autour *l£$i 0, 4 I ... A. .*r &I& Fig. 3. — Cristauï de sulfate de cuivre éclairés par la lumière polarisée. — Grossissement X 2U. desquels les couleurs du spectre viennent rehausser l'éclat. Chacun d'eux est bordé de filets multicolores. On applique aussi les propriétés de la lumière à l'examen de certaines substances végétales, qui pos- sèdent aussi des facultés polarisantes. Ou remarquera dans la fig. 4, les poils étoiles d'un pétale de Deutzia (fracilis, détachés eu un ton coloré sur un fond bril- lant. Cette préparation permet, en vertu de ses pre- f'iij. i. ~ Épidémie de Deutzia gracilis avec les poils étoiles dé- taillés en noir sur fond hrillant par effet de polarisation. — Grossissement x 50. priétés spéciales, de modifier les effets de couleur par un simple changement de position du prisme polariseur. Suivant un certain angle d'incidence lu- mineuse, les poils qui sont en relief apparaissent ro- ses ou verts, sur un fond noir, suivant un autre ils se montrent inversement noirs sur un fond coloré. L'emploi de la lumière polarisée, dans la micro- graphie, permet de réaliser les plus séduisantes ex- périences, tuais l'opérateur réussit seulement avec certaines préparations faites dans ce but spécial ; en- core faut-il qu'il s'habitue à des manipulations déli- cates et patientes. J- Girard. 5CG LA NATURE. CHRONIQUE Texcncn. — ■ L'ancienne capitale des Aztèques, la ville de Texcoco, située au pied de la Cordillièru orientale de la vallée de Mexico, vient d'être décrite minutieusement par un voyageur, M. Guillaume Hay. Cette antique cité, à peine connue jusqu'ici, compte environ 6,001) habitants dont un tiers appartient à la race indienne, et l'autre tiers est composé de métis. Les environs de Texcoco, sont for- més de roches volcaniques, recouvertes d'une terre végé- tale, épaisse et fertile ; ça. et là se rencontrent des ruines remontant à l'époque de l'apogée de la civilisation aztè- que. Les chemins «le fers européens. — D'après les derniers documents publiés à ce sujet par le ministère des travaux publics, on sait que la longueur totale des che- mins de fer de l'Europe atteint 95,888 kilomètres, c'est- à-dire, plus de deux fois la circonférence du grand cer- cle terrestre. Le pays le plus riche en voies ferrées est la Grande-Bretagne, qui compte une longueur de 24,760 ki- lomètres de chemins de fer. L'Allemagne en possède une longueur de 17,322 kilomètres, la France de 10,051, l'Autriche de 8,051, la Belgique de 5,052. La Russie n'a que 7,674 kilomètres de voies ferrées, chiffre très-rcs- treint pour le plus grand empire du monde. Une locomotive routière. — Un nouveau système de locomotive routière a été essayé à Rouen. Une foule nombreuse a suivi avec un intérêt marqué les premières expériences qui ont eu lieu le 20 octobre. Cette locomotive se compose de deux cylindres à vapeur, accouplés sur un arbre coudé ; le diamètre do chaque cylindre est de 105 millimètres, la course do228 millimètres, ella vitesse moyenne de 220 tours à la minute. Par un procédé nou- veau et ingénieux, les roues dû l'appareil sont recouvertes de bandages en caoutchouc, et ces bandages eux-mêmes reçoivent une garniture de sabots en acier destinés à les préserver des pierres tranchantes du chemin. La largeur des bandages est de 350 millimètres, leur épaisseur est de 40 millimètres. La force que la locomotive peut déve- lopper est de 30 chevaux environ ; elle est alimentée de vapeur par un générateur vertical à tubes. La vitesse de l'appareil varie de 4 à 10 kilomètres à l'heure, suivant l'emploi de vapeur, les rampes à franchir et la charge à traîner. L'affection parusitatre des meutes iln Poitou. — M. Legros,lors d'une des dernières séances de la Société do biologie, a signalé des faits singuliers relatifs à une épidémie fort grave, qui exerce des ravages parmi les chiens des meutes du Poitou. « Un propriétaire, dit M. Legros, a envoyé quelques bêtes malades à M. Mathieu, avec le con- cours duquel, j'ai pu constater, dans le sang de ces ani- maux, la présence de Claires bématiques décrits pour la première fois par MAI. Gruby et Delafond. Ces Maires ont le corps très-étroit, long de ; ™ de millimètre ; ils sont extrêmement vifs, très-alertes et se meuvent encore dons le sang tiré de la veine aubout de 24 heures, n Le roi de l'Oukami. — La R. P. Horner a fait ré- cemment une fort intéressante communication , à la So- ciété géographique, sur le beau voyage qu'il a entrepris de Bagamojo à l'Oukami, où il a pu pénétrer en partant de Zanzibar, « L'Oukami, dit l'explorateur, est gouverné par un roi ou Kinngarou qui jouit du l'autorité la plus absolue et la plus despotique. Celui que nous visitâmes était un vieillard octogénaire regardé comme le fondateur do ce royaume, et vénéré comme une sorte de divinité par ses sujets, qui dans la languedu pavs l'appelaient Mrouiu/uuja Kali, c'est-à-dire Dieu en second. Il avait grand soin d'en- tretenir Sun peuple dans ces idées superstitieuses. C'est ainsi qu'il possédait un turban merveilleux, qui selon lui, le rendait invincible dans les combats, et un tabouret non moins merveilleux, qui avait la singulière vertu d'amon- celer les nuages et de faire tomber la pluie. Dans sa jeu- nesse, il s'était rendu célèbre par ses exploits militaires. Il était parvenu à se former un harem qui dépassait celui du sultan de Zanzibar, car on assure que le nombre de ses femmes s'élevait au chiffre de huit cents. » En dehors de la cour royale, il n'y a plus partout que misère et déso- lation : la traite des esclaves est en pleine vigueur dans l'Oukami. Cependant le R. V. Horner nous apprend que des tentatives sont faites par des hommes dévoués pour lutter contre ces iufàmcs barbaries. • Le sucre de betterave en Allemagne. — La pro- duction du sucre de betterave en Allemagne a pris une importance considérable depuis 25 ans, particulièrement dans le grand duché de Bade, la Saxe et la Silésie. Pen- dant la campagne de l'hiver dernier, il y avait 522 raffi- neries de sucre de betterave en opération, elles ont pro- duit plus de 3 millions de tonnes de sucre quoique le rendement ait élé moindre qu'à l'ordinaire. La douceur de la température durant l'automne et l'hiver derniers a oc- casionné une nouvelle germination des betteraves, peu de mois après qu'elles avaient été récoltées ; une grande partie de leur sucre a été ainsi décomposé avant qu'on les ait fait bouillir. En outre de ce nombre de raffineries, il en existe encore 245 appartenant à la Prusse et spéciale- ment à la Prusse saxonne, où, près de Magdebourg, il s'en trouve un grand nombre rapprochées l'une de l'autre ; il en est de même dans les provinces Rhénanes. Ktratum. Dans le numéro de la Nature du 1" novembre s'est trouvé par accident un dessin incorrect sur les Taupins lumineux, que nous prions les lecteurs de corriger comme il suit. Le Pyropharus noctilucui au vol doit avoir les élvtres étalées ainsi que les ailes, tandis que le dessina- teur l'a fait voler à la façon des Cétoines, qui sont une ex- ception sous ce rapport. Le Pyropharus strabus a les pattes un peu trop longues. <►<«. ACADÉMIE DES SCIENCES Séance du 3 novembre 187!>. — - Présidence de M. de Qi'ATlUÀFAGf.3. Effet de capillarité. — Mettes dans un petit flacon un peu de sulfure de carbone, puis, au travers du bouchon, faites-y plonger un papier à filtrer roulé en flèche, dont l'extrémité supérieure reste au-dessus du bouchon. Grâce à la porosité du papier, le liquide s'élèvera, traversera le bouchon, et, au contact de l'atmosphère, s'évaporera rapi- dement. En s'évaporant, il produira un froid de 16 à 18 de- grés au-dessous de zéro, dans les circonstances ordinaires ; par conséquent, l'eau contenue dans l'air à l'état de vapeur sera condensée et précipitée à l'état de givre. Au contact du sulfure de carbone, cette; eau formera avec lui un hy- drate particulier, étudié depuis longtemps par 11)1. Bcrthe- LA NATURE. 367 lot el Duclaux, qui, se déposant sur le papier, y formera une couche Hanche persistante. Une nouvelle quantité de sulfure remplaçant constamment dans le papier celui qui vient de s'évaporer, le phénomène continue sans cesse et, au bout d'un instant, un champignon blanc de plusieurs centimètres de haut et de large surmonte le flacon. Telle est l'expérience signalée par M. Deeharme et répétée au- jourd'hui devant l'Académie. Elle semble de nature, pour M. Dumas et pour M. Chevreul, à rendre compte de certains phénomènes géologiques, tels que les concrétions ferrugi- neuses et calcaires, dont les formes générales sont iden- tiques à celles des stalagmites artificielles dont nous ve- nons d'indiquer la formation. Dérivés du caoutchouc. — Etudiant le caoutchouc du Gabon, M. Aimé Girard eu a isolé une substance cristal- line blanche qui, soumise à l'analyse, s'est résolue en étïier méLhvliime et eu sucre de raisin. Dans une seconde série de recherches, l'auteur s'attachant au caoutchouc de Bornéo, en retira une seconde matière, analogue pour l'aspect à la première, contenant comme celle-ci de l'éllier méthylique, niais en différant en ce qu'elle renferme du sucre de raisin condensé, si on peut dire ; c'est-à-dire répondant à la formule C^II'^O 1 *, au lieu de C 6 J1 6 6 , qui convenait dans le premier cas. M. Girard pousse les cho- ses plus loin, et voici que le caoutchouc de Madagascar lui abandonne un composé continuant admirablement la série, si bien indiquée par les deux autres. C'est encore une matière cristalline, donnant à l'analyse de Féther mé- tliyliquc, mais on y trouve en outre un sucre dont la mo- lécule contient G lîi ll ls O l! *, c'est-à-dire qui représente le sucre de raisin condensé deux fois. La série si nette au point de vue de la composition chimique se manifeste aussi relativement aux propriétés physiques. Ainsi, le premier composé fond à 212 degrés; e second à 220, et le dernier à 235 : la température monte avec le degré de condensation, ce qui est conforme aux lois établies. 11 en est de même pour les propriétés optiques. Le premier composé est inactif sur la lumière polarisée; le second fait tourner le plan de polarisation de 52 degrés vers la droite; le dernier détermine dans le même sens une rotation de 79 degrés. M. Girard a donc découvert toute une série de composés, liés entre eux de la manière la plus intime, et représentant des éthery dont les acides sont des isomères du sucre de raisin. Volcans el tremblements de terre. — Nous avons dit, dans un précédent article, que M. Gorcix demandait à être envové par l'Académie à IVysiros, dans l'archipel où se manifestent en ce moment des phénomènes volcaniques. Ce géologue arrivé à Smyrsie et sur le point de partir pour l'île qu'il doit étudier, donne sur les faits observés depuis le mois de juin quelques détails nouveaux. Le 2 juin, après une très-violente secousse do tremblement de terre suivie bientôt de deux autres moins fortes, un petit cratère s'ouvrit tout à coup. Des pierres et des cendres Curent lancées do toutes parts et un torrent d'eau salée et chaude convertit l'ancien cratère en un lac. L'évaporation dessécha bientôt le sol qui se trouva recouvert, comme les arbres eux-mêmes, d'une épaisse couche de sel marin qu'on aurait pris pour du givre. Desgaz combustibles s'échappèrent en longues flammes, mais on ne parle pas de. coulées de laves. Le 24 septembre, il y eut recrudescence dans ces phéno- mènes peu à peu affaiblis. De Rhodes on voyait s'élever à l'horizon une épaisse fumée.. Plusieurs habitants furent blessés, et il a été question d'évacuer Kvsîros. Une dépêche télégraphique informe le secrétaire d'un fait moins important peut-être, au point de vue géologique, mais d'un intérêt beaucoup plus poignant pour nous, vu la situation des lieux soumis au phénomène. Vendredi dernier à 1 h. 20, on ressentit à îiancy une secousse de tremble- ment déterre : les sonnettes furent agitées, les objets dé- placés. A 12 kilomètres delà ville, à Varangéville-Saint- Nicolas, les choses prirent l'allure d'un vrai désastre. Des éhoulements se produisirent dans les magnifiques galeries souterraines des salines et ils déterminèrent la ruine totale des bâtiments et des cheminées de l'usine. Dix-sept per- sonnes furent blessées et deux tuées. Nous ne pouvons nous empêcher de nous rappeler, à cette occasion, l'aspect de fêle que présentaient ces mêmes galeries, malgré leur si- tuation à 150 mètres au-dessous de la surface du sol, éclai- rées par d'innombrables torches, lors d'une des dernières courses géologiques du Muséum. Muscles rouges et muscles blancs. — Envoyant un la- pin dépouillé de sa peau tout le inonde a été frappé de la différence de coloration que présentent les divers muscles d'une même région, d'un membre par exemple. Les uns sont rouge foncé, les autres sont presque blancs. Dans un tra- vail du plus vif intérêt, M. Ranvier montre que ces nuances distinguent deux catégories de muscles ayant des structu- res différentes et des propriétés différentes. On se rend compte de ce dernier tait en soumettant, par exemple, les muscles (pi i nous occupent à l'action de l'électricité. Les blancs se contractent presque instantanément, et si on y dé- termine un série très-rapide d'excitations ils donnent une série de contractions très-ncltement distinctes les unes des autres. Au contraire les rouges sont beaucoup plus pa- resseux ; il leur faut un certain temps pour obéir à l'exci- tation et les décharges interrompues n'y font qu'une con- traction permanente. 11 parait que ceux-ci sont de la nature du cceur et comme lui des muscles do la vie ani- male; les autres seraient des muscles de la vie volon- taire. Un bon livre. — C'est YAlmanach astronomique de M. Joseph Vinot, le zélé directeur du journal le Ciel. M. fa je, en le présentant, en fait le plus complet éloge. On y trouve, outre les éléments numériques obligés de tout almauach, une foule de notions intéressantes sur tous les chapitres de l'astronomie. Saisissons cette occasion pour annoncer que M. Yinot reprendra, le 9 de ce mois, à 10 heures 1/2, dans la grand amphithéâtre de l'Ecole de mé- decine, son cours public et gratuit d'astronomie populaire qui a eu tant de succès l'année dernière. Stanislas Minier. »■> LE NID DU REPUBLICAIN Nous empruntons à la dernière édition du bel ou- vrage de M. F. -A. Poucliet, l'Univers ; les infini' ment grands et les infiniment petits \ la description charmante du quelques-unes des extraordinaires con- structions d'oiseaux : « Eu fait do construction ingé- nieuse, suscitée par l'amour de la famille et du tra- vail, dit le savant auteur, il n'en est pas qu'on puisse 1 tin vol. jjiuml iii-R°. L. Hachette et C iB . (Jet ouvrage est illustré de magnifiques gravures, dont le spécimen (lu Sid du Républicain, montre 1» valeur et l'intérêt. "1.58 LA .NATtJlU;. comparer à l'œuvre du Républicain. Ce petit oiseau (lu Cap, gros comme nos moineaux, Auxquels il ras- semble absolument, vit en sociétés nombreuses dont tous les membres se réunissent pour formol' une im- mense cité, ayant l'apparence d'un tait circulaire, entourant le tronc de quelque gros arbre. Ou v compte parfois plus de trois cents cellules, ce qui indique qu'elle est habitée par plus de six cents oiseaux. Ce nid est tellement pesant, quoLevaillaut, qui en re- cueillit un durant sou vovage en Alrique, lut obligé d'employer une voiture et plusieurs hommes pour le transporter. » Le Républicain n'est pas le seul oiseau capable d'édifier une habitation si merveilleuse. On va eu ju- ger par quelques autres exemples empruntés à la même source. « Dans son ouvrage sur les oiseaux de l'Inde, dit M. Ponchet, M. .lerdon rapporte le curieux manège de certaines espèces, du genre llomrains, dont les mâles ont l'habitude, à l'époque de la ponte, d'emprison- ner la femelle dans son nid. lis eu ferment l'entrée au moyen d'un épais mur de boue, qui n'offre qu'une jietite ouverture par laquelle la couveuse respire et peut seulement passer le bec pour recevoir les als- Md du IV'pul>lû:;ii[>. ineuts que lui apporte son trop sévère époux. Cette réclusion forcée ne cesse qu'au moment où su ter- mine l'incubation. « Dans son voyage aux Indes, Sonnerat parle d'une mésange dont le nid, en formede bouteille et fait avec du coton, mérite d'être signalé. Quand la femelle couve à l'intérieur, Je mâle, vraie sentinelle vigilante, reste au dehors, couché dans une poche spéciale, ajoutée à l'un des côtés du goulot. Hais lorsque sa compagne s'éloigne et qu'il veut la suivre, à l'aide de son aile, il bat violemment l'orifice du nid, et par- vient à l'obstruer pour protéger la progéniture contre ses ennemis. « On rencontre parmi la gent ailée de véritables couturières... Je n'entends nullement parler ici des Tisserins, dont les nids, eu herbes fines, connus de tout le monde, représentent un lacis inextricable, mais de la Sijlvia xuteria, bath., charmante fauvette qui prend deux feuilles d'arbres très-allongées lan- céolées, et en coud exactement les bords en surjet, à l'aide d'un brin d'herbe flexible, en guise de fil. Après cela, la femelle remplit de coton l'espèce de petit sac que celles-ci forment et dépose sa progéniture sur ce lit moelleux. Ce nid. qui est extrêmement rare, est un véritable chef-d'œuvre d'intelligence. » Le Propriétaire-Gérant : G. Tissaxdiih. rAiiis. — IMF. siMO* ïu^oh lt co:ir., hue D'^Hruuni, 1. N" 24. — 13 NOVEMBRE 1875. LA NATURK. 569 LES PÈCHES DU CHALLENGER 1 (Suite. — Voy. p. ÏÏO et 22:;.) CXATHOPHAASIA «CAS ET C. ZOEA. Ois singuliers eruslucésSchizopodes ont été dragués le 50 juin 1875, par 1,000 brasses do fond à 114 milles à l'ouest de Madère. Il est très-curieux de constater qu'ils offrent une grande ressemblance avec les Lopho'jastres, autres Schizopodes découverts par Surs, dans son exploration des parages océaniques voisins des îles Lol'oden. Leur CiiuLliypliaïuia ^i^ui, vu de dus Cnal lliophansia gigas, vu de profil. taille est très-grande, gigantesque même, si on con- sidère que les proportions de leurs congénères sont 1 Sous continuai» à énumiirer les magnifiques résultats ob- tenus par la belle expédition du Cliallentjer, grâce au con- cours de 31. K. Lockysr, directeur de Nature, qui nous com- munique les documents Ct les gravures relatifs aux belles invalidations de M. W. Thompson. très-faibles. Ou les a représentés de grandeur natu- relle. L'espèce gigantesque que nous représentons de dos et de profil semble très-abondante, car un se- cond spécimen a été pris ultérieurement à iOO^milles à l'ouest de Madère, par une profondeur un peu plus du double de la première, à 2,200 brasses. Dans la pre- 24 570 LA NATUP.I mière station, In boue, retirée du fond de la mer, était mélangée de sable verdàtre. Dans la seconde, les globii/erum, animaux microscopiques qui semblent, le premier degré de l'épanouissement de la \ie, étaient en nombre immense. L'habitat, des rjna- Ihophamia paraît donc être une vaste province. Le (jmillwphansia zoea, trouvé dans des circon- stances analogues, ne dilfère pas seulement par sa faille, qui est moindre, mais par la partie postérieure de sou bouclier, rj ui est armé d'une poiufeqim l'on ne retrouve pas dans son plus robuste congénère. Dans les deux espèces, le bouclier sternal est euras- iens ' par un rostre ti-ès-lons et épineux. J.in outre, ce tégument est, embelli par dus sculptures très-curieu- ses, des espèces d armoiries naturelles lort étranges. Le bouclier des cruslaeés analogues à 17/jws de uns eaux marécageuses, à la crevette de nos cotes, est. la pièce osseuse du squelette tégument aire que l'on peut surtout considérer comme caractéristique. On ne sait pas très-exactement comment ce bouclier se forme, et par la fusion de quelles parliez il est eu réa- lité produit. L'anatomie du qnalliOjilifinsin vient donner, à cet égard, d'utiles renseignements. En effet, il est facile de voir que cette pièce importante n'est formée que par un repli de la peau, qu'elle ne tient au corps que par la partie antérieure, et que tous les segments tboraciques en sont indépendants. La liberté des mouvements de la pui tie postérieure du corps est donc très-grande. Les antennes, les écailles, les différents organes de la bouche nlfrent beaucoup de ressemblance avec ceux des laphoyastm de Michel Sus, ce qui indi- que que les habitudes des Sehizepodes sons-marins des Açorcs ressemblent beaucoup à celles des îles Lolb- den, par des pro'ondeurs trois ou quatre fois moins grandes. Les pattes-mâchoires ne sont point toutes pareilles comme chez les limules. La division du travail phy- siologique, a déjà commencé à se produire. Tontes les pattes de la région céphalo-thoracique ne sont point chargées de ou mu 1er la triple fonction de préhension, de mastication et de locomotion. Non- seulement les pattes-mâchoires sont terminées par des appareils bifides, servant de pince, mais ou ren- contre de véritables pattes maxillaires, comme chez les lophogastres. La seconde de ces pattes maxillai- res offre mémo une disposition étonnamment surpre- nante. Au bout de chaque maxillaire u° 2, il a. poussé un œil. Cette disposition semble indiquerque la na- ture a organisé l'animal pour vivre dam; des ténèbres si épaisses qu'il faut un moyen spécial pour recon- naître la nourriture avant de la broyer. L'œil étant placé sur la dent, on comprend qu'il est difficile de mieux faire pour que l'animal voie bien clair. Ces yeux accessoires existent dans d'autres famil- les déjà décrites et connues, mais ces animaux n'ayant rien de commun avec les lophogastres, ce précédent ne doit pas diminuer notre admiration pour une aussi grande merveille. On voit que certaines pattes de ces gnathophamias sont pourvues de poils (voy. le g. gigas de dos), dette circonstance montre que ces animaux sont pourvus, comme leurs congénères, de pattes qui leur servent à respirer plutôt qu'à se mouvoir. La forme de la queue indique bien, en effet, que c'est eu agitant celle partie du corps que l'animal progresse, et non en se servant des pattes, qui, mal- gré leur état constant d'agitation, sont réservées plus particulièrement à d'autres usages. — La ïiiiLo j>rochainoini?nt - — LES PLIjS fiH AMIS TELESCOPES DU MO-NDi:. (Suite et ttn, — Vyy. p.i^ iïl, 5^7 ) LU ÏLI.F.SCOI'F, FOUCAULT, I.KS l'I, US PUISSA.MES LUNKTTF.S DES OnSOVATOIHF.S. Le ])lns grand télescope qui existe, avons-nous dit, e>l. celui de lord Piosse. Le meilleur paraît être celui île Foucault, construit par l'Observatoire de Paris et installé sous le ciel plus privilégié de Marseille. Ou sait que le laborieux et regretté physicien a imaginé de remplacer le mêlai dos télescopes par du verre, ce qui diminue le prix de construction et facilite con- sidérablement le travail. Un disque de verre, du dia- mètre voulu et d'une épaisseur proportionnelle, est creusé sur l'une de ses faces suivant une courbure déterminée, el forme un miroir sphérique. Par des retouches locales, longues et délicates, on amène ensuite cette courbure à l'état parabolique et à sa plus grande perfection optique; la distance focale est raccourcie et la lumière est augmentée. On ar- dente cette surface et l'on obtient ainsi un excellent miroir de télescope. C'est le système newton ien qui a été employé. Les rayons réfléchis: par le miroir sont reçus sur un primie, et ou étudie l'image à l'aide d'un oculaire qui traverse le tube du télescope. Le miroir du grand télescope Foucault a fit) centimètres do diamètre et 4'", 80 de distance focale, La lon- gueur totale do l'instrument est de ,"> mètres, le dia- mètre du c rele huraire est de 2 mètres. Il n'a coûté :pie, .00,001) francs. Il a été construit en 18G4 par la maison Secrétan. Monté en équatorial et muni d'un mouvement d'hor- logerie de la dernière précision, il peut être dirigé vers tous les points du ciel et suivre les astres dans leur cours. Au jugement des astronomes des diffé- rents pays qui l'ont vu à l'œuvre, c'est le meilleur des télescopes construits jusqu'à ce jour. Si certaines difficultés, dont j'ai entendu parler par Foucault lui- même, ne l'avaient [ias empêché de terminer le grand télescope de '1 IU ,2Û de diamètre qu'il avait commencé à l'Observatoire de Paris, nous aurions en France un instrument véritablement lion ligne, qui rivaliserait avec celui de lord liosso pour les grossissements dont il serait susceptible, et le dépasserait au centuple en LA NATL'HK. 371 précision clou netteté; le disque du verre, de (l.'it) ktlog., a éléfondu àSatut-Cobaiu, dégrossi et débordé, pur Sautter. [1 est là depuis dix ans, Kspcrons qu'on le tei 'minera un jour. Secrétau construit actuellement, pour Toulouse, uo télescope Foucault de 80 centimètres. Celui de .Marseille a déjà donné de brillants résultats : décou- vertes de nébuleuses, d'étoiles doubles, de variables, M ; r I# I." grand léïmcopt! FouuauH, île l'Ohsorviiloirc i quelles que soient les dimensions prodigieuses et la perfection dos in- struments précé- dents , il y a îles G3 lunettes astronomiques qui , tout en étant moins colossales, sont cependant égales, sinon supérieures à ces télescopes. Aujourd'hui la question se pose entre les télesco- pes et les lunettes, et elle n'est pas encore réso- lue. Il est difficile de décider de quel coté est la 572 LA NATUUE. supériorité. Il est plus facile de construire un grand miroir qu'une grande lentille, mais certainement, à égaillé de diamètre, mie bonne lentille est préférable à mi bon miroir. Les \)\us grandes lunettes qui aient jamais existé ont été construites avant l'invention des verres achro- matiques, et cela à l'Observatoire de Paris, il y a deux siècles. Pour éviter les couleurs diffuses qui se formaient sur le disque de l'astre observé, il fallait de faiblescourburesct des distances focales qui tiennent du fantastique. L'objectif était séparé de l'oculaire pur une distance de plusieurs centaines de [lieds, sans tube naturellement. Il fallait chercher les as- tres en tenant l'oculaire à la main. C'est à propos de ces lunettes fantastiques qu'é- clata en KiOu, entre Auzout et Jlooke, une grande querelle au sujet de la lunette monstre de 10,000 pieds de longueur, que ce dernier voulait con- struire (iaus le but d'apercevoir des animaux dans la lune. Hoche trouvait la chose si réalisable, qu'il écrivait, à Auzout (Mém. de l'Acad, des Sciences;, t. Vil, p. 70), qu'en supposant les mandrins bien faits et d'une bonne longueur, et les verres travaillés et po- lis avec un grand soin, il ne voyait aucune raison qui empêchât de faire aussi facilement une lunette de 1,000 et de 10,000 pieds qu'une de 10. Après avoir réfuté toutes les théories émises par l'astronome anglais sur Ja fabrication de sa lunette incomparable,, Auzout répondait une dernière fois : « .le vois bien que M. Ilooke veut, à quelque prix que ce soit, découvrir des animaux dans la lune, mais je crois qu'il doit se contenter s'il peut y découvrir quelque, ville ou quoique château, car on sera assuré, api'ès cela, qu'il y aura des animaux; et si les par- ties obscures que nous y voyons sont des mers, et qu'on fasse des flottes en cetteplauète-là pour se battre, comme l'on fait ici, ce serait une chose assez diver- tissante de voir quelque jour une flotte ou deux, de cent ou six-vingts vaisseaux chacune, voguer surleurs mers, comme les habitants de la Lune en pourraient voir présentement sur les nôtres. » La plus colossale des lunettes qui aient été em- ployées autrefois fut celle qu'Auzout lui-même avait travaillée; elle avait 300 pieds de longueur focale, el cependant elle ne grossissait que six cents fois. C'est avec un instrument de cette sorte que Domi- nique Cassini ht la découverte de plusieurs satellites de Saturne. Dans lebutd'eu tirer le parti le plus utile, il avait fait monter dans le jardin del'Obseivatoirede Paris de grands mâts et tout un énorme échafau- dage en charpente qui avait servi à la cjiislruetiondo la machine de Marly. Cet appareil était destiné à por- ter les objectifs, et l'observateur devait pouvoir se placer, sou oculaire à la main, dans toutes les posi- tions, à une distance convenable de l'image aérienne. La découverte des verres achromatiques permit de construire des objectifs formés de deux lentilles de verre juxtaposées, complémentaires l'une de l'autre, qui réfractent les rayons de lumière sans les colorer. La première de ces lunettes est biconvexe, et for- mée du verre ordinaire de nos glaces (c/WK-glass) ; la seconde est piano-concave et formée du cristal dans lequel entre une quantité notable do plomb f/h"u£-glass). Ou peut dès lors leur donner une grande courbure, qui rapproche le foyer, et évite ces longueurs désespérantes. Lue lunette d'un ob- jectif de 30 centimètres, dont le grossissement nor- mal e=l de 600 fois, n'a plus maintenant que 5 mè- tres environ de distance focale et de longueur. La difficulté de construire des lentilles de verre pures et transparentes, exemptes de stries, qui n'ab- sorbent que peu de lumière et ne colorent pas les rayons en les réfractant a é'.é le grand obstacle qui a retardé la construction des grandes lunettes. Pour donner un exemple de la rareté des instru- ments d'optique au commencement de notre siècle, je rappellerai que nos lunettes astronomiques les plus répandues aujourd'hui, celles de 1"',00 de longueur, dont l'objectif a i pouces ou 11 centi- mètres de diamètre, que tout astronome a main- tenant chez lui pour son usage quotidien, n'exis- taient pas alors en France. Eu 181M, Napoléon, projetant de se rendre au camp de Boulogne, fit ve- nir Delamhre et lui demanda de lui procurer Mtw excellente lunette. « Sire, répondit l'astronome, nous pouvons vous donner la lunette de Dollond,qui est dans nos cabinets, et Votre Majesté ferait une chose agréable aux astronomes si elle voulait nous accorder en échange une excellente lunette de 4 pou- ces, que vient de construire M. I.erebours. — Llle est donc meilleure? — Oui, sire. — Alors, je la prends pour moi. » Cet objectif achromatique de 11 cent, est le premier qui ait été fait en France. Cràce à la persévérance de Guinaud des Iîreuels, ouvrier du canton de Neufchàtel, de Frauenholèr, opticien bavarois, de Lerebours et de Cauchoix, opti- ciens français, de Mertz, de .Munich, on ne tarda pas à dépasser celte dimension. Seerétau , à Paris, établit ses ateliers de construction sur une base nouvelle, l'ondée sur les derniers progrès de l'optique, et donna à la France les plus remarquables instruments. Sou confrère Lichens s'est placé comme lui à lu tète des opticiens français. Voici , par ordre chronologique, quelles senties grandes lunettes astronomiques qui ont été successivement installées dans les principaux sanctuaires où l'on éLudie les cicux, loin des bruits et des tracas du monde vulgaire. En 181b, Lerebours termina une lunette de 10 cent, de diamètre, qui fut achetée par le bureau des longitudes. C'était à cette époque le plus grand et le j ilas parfait réfracteur qui existât alors dans le monde. Les Anglais n'ont atteint cette même dimen- sion qu'en 1827, et Frauenhofer n'a terminé l'instru- ment de Dorpat qu'en 182i. On aura une idée de la persévérance et des obstacles que rencontrent les op- ticiens dans la construction des objectifs à large ou- verture, si l'on remarque que les difficultés croissent comme le cube du diamètre de l'objectif; autrement dit, un objectif do 20 centimètres est huit fois plus LA NATURE. 573 difficile à réussir qu'un de 10, et un de 21 centimè- tres 27 fois plus difficile qu'un de 7. Kn 1823, Li'ivliours acheva une lundi o de 21 cent, de. diamètre et de H 1 ", 52 de foyer seulement, qui lui uvaiL été commandée par Louis XV 111 pour l'Obser- vatoire. L'année suivante, Frauen- lioferterminaune lunette de même diamètre et de 4 n ',r>3 de foyer pour l'Observa- toire de Dorjuit. C'étaient alors les deux meilleurs inslnunents du monde. Yoiei ce qu'écrivait à cet égard J. llersclicl à Schumacher , dans les Astrono- mitchcNachrick- t.en : « Les détails que m'a transmis M. Struvc sur le pouvoir extraor- dinaire de l'in- strument con- struit parFrauen- liolor ne doivent laisser aucun ', doute sur l'excel- lence d'une lu- nette capable de sé-carer les deux étoiles compo- santes de « du Lion et de donner la mesure de leur écartement. Je ne connais jusqu'à présent qu'une lunette au moyen da laquelle cette étoile ait été vue double; c'est celle de Le re- bours , actuelle- ment montée à l'Observatoire de Paris. » L'astro- nome South s'ex- primait de son côté dans les termes suivants : s Les grossissements sont de 150, 153, 224, 420 et 5(30 ; avec l'avant-dernier, w du Lion présentait sur nu côté une étoile d'un bleu léger ; avec le dernier , les deux étoiles se voyaient admirablement bien. » Les, étoiles doubles sont, en effet, la meilleure épreuve, pour me- surer la puissance des lunettes. En 182'J, on essaya à l'Observatoire de Paris, une '":.: tv. £è.XU is ratid équ;iturinl du l'OmcrvatLii bonne luuetle de! S met. de long et 33 e. dediauiètre construite par Cauelioix. File fut refusée par Arago, qui n'aimait pas Cauclioix. Sir James Soutb l'acheta pour l'Angleterre, et en fit cadeau à l'Observatoire de Dublin. On l'a installée il y a seulement quelques années, et le di- recteur de cet Observatoire , M. Hrunnow, dé- clare que c'est une des meil- leures qu'il con- naisse. En 1855, Mort/ livra à l'Observa- toire de Iîogcn- liausen une lu- nette de 28 cent, d'ouverture et de 5 mètres de lon- gueur. Le même opticien termina en 1838 un objec- tif de 58 cent, et de '7 mètres de distance focale pour l'Observa- toire de Pulkowa. C'est encore au- jourd'hui l'un des meilleurs in- struments qui existent et l'un de ceux auxquels on doit les plus brillantes décou- vertes : il est en- tre les mains de Struvo. Il sup- porte des grossis- sements de 1,000 et nu delà. En 1810, Le- rebours termina pour l'Observa- toire de Paris un objectif de 38 c. de diamètre et de 8 mètres de foyer. Les opticiens an- glais construisi- rent à la même époque une lunette de mêmes dimensions pour l'Observatoire de Cambridge (États-Unis). Ces trois lunettes, de 11 pouces (Pulkowa, Paris et Cam- bridge), étaient les trois plus belles lunettes des ob' servatoires au milieu de notre siècle. Malheureuse- ment, celle de Paris ne réalisa pas les espérances qu'on avait fondées sur elle. Le verre s'altéra, et elle ne put servir. Arago l'avait déjà représentée fonc- ée Paris. > 7 i- LA NATURE. tionnaut sous l'immense rlnme tournant do uotrcOb- servatoire, le plus immense dômu qui existe, ut on la voit encore aujourd'hui dessinée dans V Astronomie, populaire. Mais le dôme e>1 resté solitaire, et sa plus grande curiosité en ce moment est d'être admïrahle- riient constellé d'études jiar les innombrables balles de ebassepot qui l'ont criblé aux derniers jours d'agonie des convulsions de la Commune, il y a aussi à l'Observatoire deux disques de Oint et rrowu pour un objectif, qui ne niesiireiil pas rnoiu- de 75 eentimètres de dîamètie, mais qui ne sont pas assez purs pour être travaillés. Ce sont les plu> grand;, c[ ni exisjlent. La plus puissante luurlle de l'Observatoire de l'a- ris est le grand équatorial de la lourde l'ouest, cou- pole blancbe qui l'ait à peu près le pendant, du dénie dont nous venons de parler. Comme instrument de précision, c'est l'un des plus parfaits qui existent au inonde.. L'objectif est mie lentille île. 52 centimètres I d'ouverture et de 5 mètres de distance focale. Monté sur un pied parallaetique, un mouvement d'horlogc- rie le fait tourner autour de, l'axe du monde, en sens contraire du mouvement de la terre, de sorte que, dirigé vers quelque point du ciel que ee soit, la lu- nette garde constamment l'astre, dans lu ebamp de la visini! ut le suit dans son cours apparent. La coupole tourne elle-même, et l'astronome semble faire excep- tion à la loi universelle qui emporte le ciel, car il reste immobile comme si le globe tournait sous ses pieds sans qu'il participe à son mouvement. Ce ma- gnifique équatorial a été construit par Sccrélan et in- slallé eu 18(30. Il a coûté HO, 000 francs, prix au- quel il serait impossible de le reconstruire actuelle- ment. La grande lunette méridienne, construite en 1805 par Secrétan au prix de 55,000 francs, est un autre chef-d'œuvre de piéeisiou. C'est la plus grande lu- nette méridienne qui existe. Son objectif est de '25 cent., sa longueur est de 5 ni ,S5. L'équafori.d de l'Observatoire du Collège romain, à l'aide duquel le P. Seeehi a fait ses brillantes décou- vertes, acte construit en 185-i par Meitz, de Munich. Son objectif est de '21 centimètres et. sa longueur de ■i'",52. Les oculaires s'étendent jusqu'à 700 et 1 ,1)110. Le savant astronome romain lui a appliqué un puis- sant speetroscope pour l'étude spéciale du Soleil ; plusieurs fois à Homo j'ai été appelé à contempler les protubérances, jets de llanime de trente et qua- rante millu lieues de buuteur qui s'élancent con- stamment autour de cet astre gigantesque, comme les vagues colossales d'effroyables tempêtes. Do 1850 à J 800, plusieurs grandes lunettes ont été construites en France, par Porro et par Dieu ; deux d'entre elles mesiiraienljusqu'à 55 centimètres (Porro) et 52 (Dieu); leur longueur était de 15 mè- tres pour la première et. 15 pour la seconde. Mais elles n'étaient pas plus puissantes que l'équatorial de 52 centimètres de l'Observatoire do Paris. L'équatorial de M. Ilutberfurd, à New-York, par lequel il a obtenu ses belles photographies de la lune, a pour objectif une lentille de 55 centimètres d'ou- verture. Il a été terminé en 1 8 G 9 . En 1SG0, on a établi à l'Observatoire royal de Greenwich un grand équatoiial de 52 centimètres d'ouverture. On peut le mettre sur le. même rang que celui de Paris. Dans la description que le direc- teur de l'Observatoire d'Angleterre, M. Airy, a bien voulu m'adresser, il n'y a pas moins de 55 figures de précision sur les différentes pièces qui constituent cet instrument. Sa monture est toute différente de celle de Paris. Mais les deux instruments sont analogues et .servent aux mêmes usages. L'Observatoire de Chicago s'est fait construire, par Alvan Clark, mie lunette dont l'objectif a un diamè- tre de 17 centimètres. L'Observatoire de Cincinnati possède une lunette équivalente. Nous ne pouvons encore rien dire de la supériorité de ces instruments, aucun fait astronomique important n'avant signalé leur usage. fine grande lunette a été construite en 1800 par Cuok and Sous, fabricants d'instruments d'astrono- mie à York, pour nu commerçant qui fait le plus no- ble usage de sa lortmie, M. Ncwal, fabricant de câ- bles sous-marins, de Catesbead. Le tube, qui a la forme d'un cigare, a 52 pieds de longueur et 5 pieds (i pouces de diamètre au milieu. Le verre de l'objec- tif u 25 pouces (05 cent. 1/2). Le pilier en métal sur lequel il est porté a 20 pieds de hauteur, et environ [lieds île diamètre à sa base. Catesbead n'est pas le lieu où il est destiné à rester toujours; M. Ncwal a l'intention de construire à Madère un observatoire pour l'v établir. Ajoutons encore que l'Observatoire national des l'ilats-L'nis vient de se faire construire la plus grande lunette qui existe. L'objectif a été fourni parCbance, de l'irmingliam. On l'a terminée et montée en Amé- rique. 11 a 20 pouces anglais, c'est-à-dire 00 centi- mètres. L'instrument, installé en 1872, donne des Images bien nettes avec, un grossissement de 1,500. La dépense totale a été; d'environ 50,000 dollars, ou 250,000 francs. MM. Clark, de Cambridge (Massachusetts) ont en- trepris, eu 1872, l'exécution d'une lentille de 09 centimètres pour le gouvernement des Ét.ats-L'nis, au prix de 50,000 dollars'. La lunette dont elle fera par- tie ne sera pas installée dans une ville, mais sur une nioulagne, sur les plateaux élevés de la Sierra-Nevada à une altitude do 2,700 mètres, qui se recommande par la pureté de sou. atmosphère et par un ciel pres- que toujours sans nuages. Le professeur Davidson ut le professeur Young ont étudié dans ce but la Sierra- Nevada et les montagnes Rocheuses. C'est là le plus grand réfracteur construit jusqu'à ce jour. Si l'objectif est parfaitement réussi, on aura dans cet instrument la plus puissante lunette astro- nomique du momie. Sa longueur pourra ne pas dé- passer 10 mètres. Les grossissements dont elle sera susceptible pourront atteindre 2,000. Tels sont les plus grands instruments d'optique qui existent, télescopes et lunettes, réflecteurs et ré- LA NATURE. 375 fracteurs, comme disent nos voisins d'outre-Manche. On voit que jusqu'à présent, les plus parfaits téles- copes ne déplissent pas les grossissements de 2,000 et les lunetl.es employées l,;iÛ0. C'est donc saus rai- son suffisante que notre excellent miûtre Cabinet supposait qu'on pourrait voir dans la lime des objets de la dimension de Notre-Dame de Paris 1 . Un jour sans doute, et sûrement même, on ira plus loin, et cela très-prochainement, si l'on en juge par les progrès laits en optique depuis un demi-siècle. 11 semble que l'Amérique est fortement disposée à pousser aussi loin que possible les tentatives de ce genre. Déjà on vient de proposer d'y fonder une so- ciété par aetion-de -10 dollars chacune dans le but de construire un télescope monstre. Le Scwntiftc American annonce qu'un Américain s'est engagé à payer 2.) dollars pour voir l'occultation de Mars par- la lune, en s'eugugeant à se rendre dans n'importe quelle partie des Etats-Unis, a Ou ne doit pas, dit l'auteur de cette motion, demander pour cela de l'argent au gouvernement, qui a assez à dépen- ser déjà; mais les capitaux seraient promptement couverts si ce télescope monstre était placé à Philadelphie pour l'Exposition de 187t>; les ac- tionnaires auraient sûrement un bénéfice de 200 pour 100, et la science en tirerait gratis un grand profit. » Oh parle aussi d'appliquer un million de dollars, c'est-à-dire plus de cinq millions de francs, à la construction d'un télescope gigantesque, qui se- rait à nos meilleures lunettes ce que le Great-Estem est aux canots. Faisons des vœux pour que d'aussi hardies tentatives puissent réussir, et que l'optique du dix-neuvième siècle rapproche enfin la lune à quelques kilomètres et nous permette enfui d'eu dis- tinguer les habitants! Je ne puis cependant m'empècher d'ajouter, eu terminant, que ce n'est pas tant la dimension des lentilles ou des miroirs que leur perfection, qui eon- 1 Grossir un olijet 5,000 fuis, c'est exactement connue si un e rapprochât d'autant. Or tu distance de la lune est de 00,000 lieues. Ol oculaire la montre donc, comme si elle était à 4H lieues. A celle distance, la meilleure vue serait loin de distinguer .Noire-Dame! On a sauvent répété qu'on la rappro- chait ù 10 lieues, parce qu'un supposait applicable le grossisse- ment de 6,000 du télescope île lurd Kosse; mais ce grossisse- ment n'est pas net, cl quand on dépasse 2,000 pour la lune, un ne voit pas niieuï pour cela. Ainsi, 4S lieues, c'e^t.la distance minimum à laquelle un puisse étudier sérieusement la surface de notre satellite, et comme le télescope de loi cl ilosse n'est que rarement appliqué à eetle étude, c'est en gê- nerai avec des grossissements de 1,000, 80J et 000 qu'on exa- mine celte suil'aee, c'est-à-dire à des rapprochements de 00, 1 L 10 et 100 lieues. C'est assez puur en lever le phm et en hiirc la topographie. On peut voir, du rc^le, que le diamètre de la loue étant de 3,3Si kilomètres, en sous-lendant à nos veux un angle de 51 minutes d'arc, une longueur appareille d'une mi- nute correspond à 100 kilomètres, et une longueur d une se- conde à 1,811) mètres. Or un gan.ssissemeut de 000, et même de 400, sul'lit pour distinguer une seconde. Oit distingue la demi-seconde, soit 000 mèlres environ, avec un grossissement de 800, et un qiuirl de seconde, soit 4o0 mètres, avec un ocu- laire de 1,000. Si te télescope de lord Bosse permet de distin- guer nettement une lungueur de ô00 mètres, ou une surlute de 9 hectares, c'est tout. dtnra aux résultatsdésiréa. On ne saurait croire quelle énorme différence sépare souvent des instruments de même puissance et de même prix. 11 faudrait que de tels appareils fussent "uniquement faits par amour de l'art, et, si l'on peut dire, parties astronomes. Ainsi je pourrais signaler à ce propos que deux jeunes as- tronomes de notre Observatoire, MM. Henry, à qui l'on doit la découverte récente de la comète qui porte leur nom, viennent précisément de réussir à mer- veille un petit télescope, de 4 8 centimètres de dia- mètre et de 1 mètre de distance focale, qui sup- porte nettement un grossissement de 400 fois, dé- double Gamma-deux d'Andromède, etc. Si tous les télescopes étaient aussi parfaits que celui-là, la ques- tion serait résolue en leur faveur, et les lunettes se- raient détrônées. Camille Flamkamon. ><>« LES POISSONS DE CHINE EXPOSÉS Ali CO.NUHÈS DUS OIUEKTALISTES. Tous ceux de nos lecteurs, et ils sont certainement nombreux, qui ont visité au Palais de l'industrie l'exposition des produits de l'extrême Orient, ont dû remarquer deux poissons aux formes étranges, aux éclatantes couleurs, dont l'acclimatement est diï aux soins de notre habile pisciculteur, M, P. Carbonnier; ces deux espèces, dont l'introduction en Kuropc est toute récente, sont le cyprin télescope et le macro- pode. On a cru, jusqu'à ces derniers temps, que tous les animaux figurés sur les peintures chinoises étaient chimériques et qu'ils n'avaient jamais existé que dans l'imagination des artistes du Céleste-Empire; il est parfaitement reconnu, aujourd'hui que nous com- mençons à mieux connaître les produits naturels de l'empire du Milieu , que beaucoup de ces êtres existent réellement ; l'artiste a exagéré souvent cer- taines particularités bizarres, a parfois mal rendu certains détails ; il n'en est pas moins vrai que les êtres représentes peuvent être la reproduction de la nature. Le poisson télescope est une preuve à l'appui de ce que nous venons de dire. Sa conformation est, en effet, singulièrement anomale : son corps, doré suc les flancs et au ventre, d'un noir soyeux comme le velours vers le dos, est globuleux; les dorsa- les sont dédoublées et la queue s'étale en une lon- gue nageoire courbée; les yeux forment sur les cô- tés de lu tète utic saillie qui peut s'élever jusqu'à ri centimètres ; ils semblent portés comme une lentille l'est par un étui de lunette. Ees mœurs de cet étrange poisson semblent, aussi bizarres que sa forme; la forme globuleuse de son corps rend sou équilibre extrêmement instable : aussi ne uage-t-il qu'avec difficulté. M. Carbonnier a observé que, pendant la ponte, qui a lieu au fond de l'eau, les mâles se mettent plusieurs à la poursuite de la ié- •>70 LA NATURE. melle, la poussent de la tête, la bousculent, la font, rouler sur elle-même, lui infligeant ainsi un véri- table supplice jusqu'à ce qu'elle ait évacué ses œufs. Le télescope n'est sans doute qu'une variété du cy- prin doré ou poisson rouge, monstre créé à dessein au moyen de procédés d'élevage assez puissants pour que l'anomalie, première ait pu se perpétuer ; de tout temps, du reste, les Chinois ont poussé; au plus haut degré l'art de créer des monstruosités animales ou végétales. De formes moins étranges, de petite taille, d'un gris pâle peu remarquable au repos, les maeropodes n'attirent d'abord guère l'attention; mais qu'ils viennent à être excités, aussitôt leurs longues na- geoires du dos et du ventre se redressent, les rayons su colorent de pourpre mélangé de vert et de Lieu, la caudale, longue et fourchue, se développe en éventail, les bandes dont les flancs sont ornés de- viennent jaunes, rouges, bleues et sillonnent le corps de rayons auv. couleurs changeantes; la lu- mière se joue sur les écailles et lance mille rayons, tandis que l'œil s'illumine d'une lumière d'un vert d'azur ; aussi ces poissons justifient. -ils les noms de poissons de paradis ou de poissons changeants sous lesquels on les connaît. Les mœurs de ces ravissants petits êtres sont en- core bien plus curieuses que leurs couleurs ne sont jolies. Comme chez beaucoup de poissons, comme chez les vulgaires é.pinochcs de nos ruisseaux de France (les épiuoc.hes sont intéressants à observer et. pourtant si dédaignés dans les aquariums), c'est le mâle qui est chargé des soins de la progéniture, c'est, lui qui soigne et. élève les petits, c'est lui qui l'ait le nid dans lequel devront éciore les œuls; seulement le macropode fait \>n nid à la surface de l'eau et ce nid est un plafond d'écume. Rien de charmant comme la description si imagée qu'a retracée Al. Car- bonnier; aussi no pouvons-nous mieux faire que de lui emprunter quelques ligues. « Les femelles prirent peu à peu, dit-il, un ex- trême embonpoint que j'attribuai d'abord à l'abon- dance de la nourriture, mais qui n'était que le pré- lude du frai. Ku effet, je remarquai, non sans surprise, un grand changement dans l'aspect et la manière d'être de nies poissons. Chez les mâles, les bords des nageoires s'étaient colorés en jaune bleuâtre, l'épine qui prolonge chaque nageoire ven- trale était d'un jaune safrané; ils faisaient, la roue, tout comme les paons et les poules d'Inde, et sem- blaient, par leur vivacité, leurs bonds saccadés, et l'étalage de leurs vives couleurs, chercher à attirer l'attention des femelles, lesquelles ne paraissaient pas indifférentes à ce manège ; elles nageaient avec une molle lenteur vers les mâles et semblaient se complaire dans leur voisinage. « Bientôt, remarquant que les mâles se dispu- taient les femelles et devinant qu'une ponte allait avoir lieu, je choisis le mâle le plus vigoureux et le plaçai avec une femelle dans un aquarium parti- culier. « Après dix minutes passées à examiner leur .nouveau domicile, le mâle vint se placer contre la ace transparente, bien à la surface de l'eau, et ab- sorbant, puis expulsant sans trêve des bulles d'air, il forma ainsi une sorte do plafond d'écume flot- tante, d'une surface d'un centimètre carré, qui se maintint sur l'eau sans résorption. a Bientôt la femelle s'étanl approchée du nu'ile, je vis ce dernier dilater ses nageoires, et se ployer en are comme un cerceau, puis la femelle, qui se tenait verticalement la têle à fleur d'eau, vint eu oscillant, placer — partie inférieure de son corps dans le demi-cercle formé par le mâle, lequel, plovant et contractant ses longues nageoires, l'attacha à son flanc et pendant une demi-minute, au moins, fit d'évidents efforts pour la renverser, llien de plus gracieux que les mouvements de ces animaux parés de leurs vives couleurs, et se laissant tomber ainsi de la surface à l,"i et. 20 centimètres de profondeur, fendant les intervalles de repos, le mâle ne cessait de travailler à sou plafond d'écume. » Enfin la ponte eut. heu, le mâle serrant fortement la femelle contre lui ; les irufs viennent flotter à la surface de l'eau. Le rôle du mâle commence alors; il recueille peu à peu dans sa bouche les œufs épars et les porte dans le plafond d'écume. « Lui seul va se charger des soins nécessaires â l'heureuse incubation de ces eeufs, reconstituant le plafond d'écume dès qu'une lacune venait à s'y produire, prenant avec sa bouche quel- ques amis, là où ils étaient agglomérés en trop grand nombre, pour les placer dans un endroit, inoccupé ; don nant un coup de tète là où la couche d'écume lui semblait trop serrée, pour en éparpiller le con- tenu; remplissant tous les vides en y produisant tout de suite de, nouvelles bulles; n ces bulles de nou- velle formation sont placées immédiatement au- dessojis des oeufs, ce qui les force ainsi à remonter bien au-dessus du niveau de. l'eau ; la portion du cône d'écume renfermant les nuifs n'est dès lors plus mouillée que par capillarité. Aussitôt après l'éclo- sion, le mâle continue à prodiguer aux ombrions les soins qu'il a donnés aux œufs. 11 se met â la poursuite de ceux qui s'échappent, les frappe avec la bouche et les ramène au plafond d'écume; un d'eux est-il malade, le mâle le prend dans sa bouche, va chercher une bulle d'air et nettoie le petit alevin, l'eu d'animaux supérieurs prodiguent des soins aussi intelligents que ceux dont le macropode mâle entoure sa progéniture. Ces maeropodes font partie d'une étrange fami le que les naturalistes désignent, sous le nom de pha- ryngiens labyrinthiformcs. Grâce à une disposition particulière qui leur permet de conserver pendant assez longtemps leurs branchies humilies, beaucoup de ces poissons peuvent cruigrer d'un marais à demi desséche, à un autre plein d'eau, les nageoires éten- dues pour maintenir l'équilibre, en avançant au moyen des opercules fortement dentelés qui, tour â tour ouverts et refermés, donnent à leur corps un mouvement de progression. \y-i y r-;. ■.[■;;•.: '':■:'/; ■;■. .',', ■■" ':'ïkffl3SKïSUÈïS §B^$ Pûis^nis d t=s ciiuï douces du Chinu. M;irro[iudi; Jiùli; cl femelle. — Cyprin lélcsuopc vu l1l3 face H de profil. — Leud&cus idullus. — Iljpojihllmliniditliïs muiitils }78 LA NATURE. Los deux espèces dont nous venons île décrire rapi- dement les mœurs no sont que des poissons d'or- nement, et il est fâcheux que l'attention n'ait pas été appelée, sur l'introduction en France d'espèces qui entrent, pour une large part, dam l'alimentation des habitants du Céleste-Empire ; nous voulons parler de quatre espèces que MM. Dabry de Thiersant et (Uecker ont demie reine ni, signalées. Ces espèces ap- partiennent à la famille des evprins. Lo dessin ci- contre en représente deux, connus dans la science sous les noms d'IIypophlliahinclitliys molitriv et de Leuciscus idellas ; les deux autres espèces font partie des mûmes genres. La chair de ces poissons est excellente et tiès-appréciéo des Chinois, qui en font une grande consommation. Us peuvent peser jusqu'à 40 et 50 livres quand ils sont adultes ; on les élève à l'état domestique dans des viviers. Nous em- pruntons à l'intéressant ouwage de M. Dabry de Thiersant, sur la pisciculture et la pèche on Chine, les détails suivants sur la manière dont les Chinois élèvent les poissons, qui sont pour eux d'une si grande ressource alimentaire : « Le vivier doit être établi autant que possible près d'une éiniiicnce et non loin d'un cours d'eau avec lequel on puisse le faire communiquer. ..L'été, on donnera à manger aux poissons une ou deux fois par jour ; l'hiver, tous les deux jours. La nourriture varie un peu suivant les provinces. Ainsi, dans lo Hun-nan, pendant deux mois et demi, les habitants se servent de préférence de l'eau de fumier. Les autres mois de l'année, ils remplacent cette eau par des herbes aquatiques ha- chées menu. Il n'en est pas de même dans le Kiang-si, où l'élevage des poissons a été poussé [dus loin que partout ailleurs, Les procédés en us.ige dans cette province ont été recommandés comme les meilleurs dans le Cheoit'che-toruj-kao, vaste encyclopédie que l'empereur Kien-long fit publier dans le but de pro- pager ce que la science avait produit jusqu'alors de plus parfait, et do plus pratique sur l'agriculture et l'horticulture. Voici, en quelque mots, la méthode préconisée par le gouvernement et qui fournit, en réalité, les résultats les plus avantageux... Chaque bassin est destiné à recevoir 000 yoiuj-yu (Hypoph- thcthmcItOtys), et 200 houènu-yu (Leuciscus), d'un pouce et demi environ de longueur. La nourriture journalière de ces alevins consiste en herbes aquati- ques hachées menu et en coquilles d'œufs durcis dans le sel, dont les poissons sont très-friands, sur- tout pendant l'hiver. Vers lo milieu de la cinquième lune, en juin, on retire du ha-siu tous les poissons, que l'on dépose sur une toile. On examine si quelques poisson étranger ne s'est pas glissé parmi lese:pèees domestiques, et, le triage opéré, ou transporte ces derniers dans un vivier que l'on a eu soin de creuser non loin du bassin,.. A la deuxième et à la troisième lune (mars ou avril), on prend tous ces poissons et on les met dans un autre grand vivier, que nous nommerons vivier d'élevage... Il faut, aux poissons transportés chaque année du vivier moyen, deux charges d'herbes aquatiques environ, pour cent jours. Ils grossissent alors très-rapidement, et ceux qui, à leur arrivée, pesaient une livre, après douze mois atteignent facilement trois livres ou trois livres et demie... 11 n'est pas nécessaire que les herbes qui sont données aux poissons ans grands viviers soient toujours fraîches ; de vieilles herbes avec la racine remplissent le même but. Il est. rare que celles que l'on jette le soir dans le vivier ne soient pas dévorées entièrement pendant la nuit. L'hiver, la nourriture des poissons est. plus difficile à se procurer. On sup- plée aux herbes par des boules très-sèches, grosses comme le poing, faites avec de la terre grosse, que l'on mélange à des fragments de vieilles nattes eu paille de riz, à moitié pourries, et que Fou coupe eu morceaux [dus ou moins menus, suivant que les houles sont destinées aux movens ou aux grands viviers, nu milieu desquels elles sont jetées tous les deux ou trois jours... Toute famille à la campagne a son vivier, qui, chaque année, est alimenté nu moyen d'alevins qu'on y dépose au printemps. Dans l'espace de douze mois, les espèces domestiques atteignent facilement deux livres et. deux livres et demie; ou pont les pèehcraprès sept mois. La plus grande partie du poisson des viviers est consommée par les habi- tants de la ferme, à moins que la pièce d'eau no soit telle qu'ils puissent multiplier aisément sans crain- dre le dessèchement auquel sont exposés les petits réservoirs. Dans ce cas, connue ces espèces domes- tiques se reproduisent et se développent très-rapide- ment, le vi\ier devient pour sou propiéfaire une mine inépuisable d'alimentation et de revenus. 11 serait vraiment à désirer que l'on put tenter d'acclimater en France ces espèces comestibles, au- jourd'hui surtout que l'on doit redouter l'épuise- ment de nos rivières; c'est une difficulté, sur la solution de laquelle nous appelons toute l'attention de la Société d'acclimatation. E. S. »<« EXPÉDITIONS SCIENTIFIQUES DE K11IYA L' AMOU-DARIA ET LA M Eli d'aIIAL. Le fait de l'occupation par les troupes russes des régions du Turkestan, jusqu'ici fermées aux voya- geurs, offre une importunée considérable au point de vue de la géographie et de la physique du globe. Le gouvernement du czar se préoccupe des questions scientifiques, que sa récente conquête lui permet d'étudier, et plusieurs expéditions scientifiques se sont déjà organisées sous ses auspices, pourexplorer • des. pays à peine connus, cl pour éliminer les incon- nues de grands problème^ de géographie physique. Quelques savants éméritos, MM. lîogdanow, Krauso, Korolikow, Kubu, ont eu pour mission de parcourir le khatiiit de Khiva dans toute son étendue, pour se livrer à des études ethnographiques et géographiques, accompagnés d'un, habile photographe, M. Kriwhow, qui complétera les documents écrits par une série de LA NATURE. m vues, du paysages et Je monuments. Nous passerons sous silence l'expédition du colonel Iscobelew, uni- quement chargé de choisir un poinl stratégique entre la mer Caspienne et Kliiva, a fui de tenir en respect la terrible tribu des Turkomans-Teke, peuplade fé- roce et audacieuse ; mais nous crovons devoir signa- ler plus spécialement les explorations exécutées sous la direction du colonel Cluchowski, et du baron de doKaulbars, dans le but de visiter le delta de l'Amou- Daria, c'est-à-dire de l'ancien Oxus, qui nous offre l'exemple d'un fleuve avant changé de lit; et qui, après s'être jeté jadis dans la mer Caspienne, vient aujourd'hui mêler son onde à celle de la mer d'Aral. D'après les premiers résultais obtenus par l'expé- dition russe, il semblerait que le cours de l'Oxus ail été détourné par les hommes au seizième siècle. Le colonel Gluchowski nous apprend, en effet, qu'il a découvert les traces d'une, digue formidable, parais- saut remonter à cette époque, et dont il a déterminé la position avec la plus scrupuleuse exactitude. Il s'a- girait d'entrepl'cn^'u actuellement une œuvre im- mense, c'est-à-dire de rendre à 1 "Amou-Daria, son ancien lit, de refaire le premier travail delà nature, en détruisant celui de l'homme, de restituer aux côtes de la nier Caspienne, les eaux du fleuve qui les arro- sait autrefois, afin d'ouvrir à la Russie une voie de communication facile et sûre, qui lui épargnerait les fatigues et les dangers d'une marche à travers dos steppes dénudés, des désert., avides. Les travaux gi- gantesques que nécessite le nouveau changement du cours de l'Amou-Daria seront-ils entrepris par la Russie? ne reculera-ton devant les dépenses qu'ils nécessitent et les obstacles qu'ils présentent ? C'est ce que nous ne saurions dire pour le moment, n'avant pas encore connaissance des conclusions de la com- mission russe, mais il nous paraît intéressant de donner au lecteur quelques détails sur l'histoire du grand fleuve qui, après un cours de 1 ,600 kilomètres, baigne de ses eaux les villes de Termedz, Tcliardjou, Kliiva, et d'examiner les conséquences de son retour dans son ancien lit. Le changement du cours de l'Oxus, si singulier qu'il puisse paraître d'abord, est un fait parfaitement admis et démontré, depuis les magnifiques vovages de .Mouravicf, deYambéryct de Stolmitzki. Le premier de ces explorateurs a visité une partie do l'ancien lit du fleuve, le second l'a parcouru également dans le grand circuit qu'il déenl autour du plateau de Ka- llankir, le troisième eu a relevé les méandres sur une longueur de 500 kilomètres. Si le projet russe se réalise, si l'Amou-Daria rentre dans son lit caspien, il en résultera des modifications géographiques fort importantes, et qu'on no pourrait prévoir sans un examen sérieux, à savoir que la mer d'Aral ne tar- derait pas à se dessécher. D'après M, Vcnioukoff, la mer d'Aral constitue un vaste marécage de faible pro- fondeur, qui, malgré sa superficie de 1,'200 milles géographiques carrés, ne contient qu'un volume d'eau relativement peu considérable. M. Elisée Reclus, qui a publié un remarquable travail sur la mer d'Aral, dans le- Bulletin de la Société de géographie, nous démontre que cette niasse liquide ne tarderait pas à. disparaître, paré vaporisation, si l'Oxus ne rempla- çait pas constamment les eaux qui s'échappent sans cesse à l'état de vapeurs. « En raisonnant par compa- raison, dit M. Reclus, nous pouvons admettre que la proportion de vapeur enlevée par année au bassin de l'Aral égale au moins celle que la saison des séche- resses retranche du lac de Copafs, soit une couche d'environ 4 mètres, et que les pluies et les neiges lui apportent on revanche une quantité d'eau égale au plus à celle qui tombe à Ouralsk, soit une tranche de 28 centimètres. L'Aral perdrait ainsi chaque an- née plus de 3 mètres 1/2 d'eau, et par suite il serait complètement à sec dans l'espace de trois années au moins, de cinq années au plus 1 , si l'Oxus et le Iaxartes ne lui apportaient, l'excédant des pluies tombées sur les versants occidentaux du Tiau-Chau, du Pamir, de l'Indou-Kouch. Pour tenir à la même hauteur le niveau du lac d'Aral, ces deux cours d'eau doivent rouler dans l'année une masse totale d'environ 2j0 milliards de mètres cubes. » Les renseignements fournis parles savants russes établissent, sans toutefois donner des chiffres absolus, que la quantité d'eau apportée par les deux fleuves n'est certainement pas suflisantê pour compenser la perle annuelle que la mer d'Aral subit par l'évapu- rat.iou de sou eau. Dans les circonstances actuelles, le bassin de l'Aral tend donc à diminuer, « le désert de sable s'agrandit aux dépens de la solitude des eaux.» Les géographes russes de l'expédition de Khiva ont confirmé ces appréciations, en observant que le lac d'Aïhougkir, dont la présence est nettement indiqué» sur d'anciennes cartes, n'existe plus aujourd'hui. Ou conçoit, d'après ces faits et ces calculs, que si l'Oxus cesse de couler dans la mer d'Aral, ce vaste bassin tendra à disparaître avec une rapidité beau- coup plus grande. « L'Aral, dit M. Ileclus, privé annuellement de plus de cent milliards de mètres cubes d'eau fluviale, perdra au moins le dixième de sa masse; en quatre ou cinq ans, il n'aura plus que la moitié de sa contenance actuelle ; tous ses fonds plats, c'est-à-dire la partie do beaucoup la plus éten- due de son bassin, seront desséchés, et il ne restera plus d'eau que dans les deux bassins qui se trouvent l'un nu centre actuel, l'autre dans les parages occi- dentaux du lac. Ce n'est pas tout, le Syr lui-même, ayant à prolonger son cours dans les plaines dessé- chées qu'emplissaient naguère les eaux lacustres, s'affaiblira dans sa marche, il n'apportera plus qu'une quantité d'eau très-inférieure à son volume actuel, et ce qui restera du lac d'Aral eu dhnimira d'autant ; l'ancienne mer n'offrira plus que de petits lacs et des marais perdus dans les steppes. » Nous avons parlé uniquement des derniers chan- gements du cours de l'Amou-Daria à la fin du seizième siècle, mais en remontant plus loin dans le passé, il 1 L'uuteuiv par des calculs Lasés sur k profondeur moyenne de ta mer d'Ar.il, a calculé que le volume de l'eau , qui k constitue, est de 100 milliards de mètres cubes, 380 LA NATURE. semble évident que ce n'est pas la première fois que ce fleuve singulier a quitte sou lit. A cette époque, comme nous l'avons dit, l'Oxus quitte le bassin de la mer Caspienne pour rentrer dans celui de la mer d'Aral. Il paraît certain que, vers le commencement du treizième siècle, le phénomène inverse s'était produit, et que ce lieu vu, changeant sou cours à la suite de la rupture de ses digues par unfilsdePjcngiz- Khan, s'était jeté dans la Caspienne après avoir coulé pendant plusieurs siècles vers la mer d'Aral. Si les hypothèses du dessèchement du bassin de l'Aral, quand ses eaux cessent d'être alimentées par un fleuve, sont vraies, ce bassin a dû cesser d'exister dans le cours de l'histoire. Or c'est ce que confirme le récit de voyageurs anciens. LU grand nombre de géographes do l'antiquité décrivent la mer Caspienne sans parler de la mer d'Aral dont l'existence n'au- rait pu leur échapper, à une époque où la llaelriane et la Sogdianc étaient si connues du monde grec. Plus tard Marco-Polo, qui a certainement passé dans les régions où s'étendent actuellement les cauxde l'Aral, ne l'ait aucune mention de cette mer intérieure. 11 est probable qu'elle était desséchée à ces époques parce que l'Oxus se jetait dans la Caspienncdepuis quelques siècles. D'après ees faits, il faudrait, considérer l'Aral comme une nappe d'eau intermittente qui aurait plu- sieurs fois été desséchée dans le cours de la période historique, et qui ne tarderai!- pas à se dessécher en- core si les Russes rendent à l'Amou-Daria le lit dans le sein duquel il a déjà roulé ses eaux. (j.vsïos TissAMuer, DONATI Donati (Jean-Raptiste) est né, en décembre 182(1, à P.ivie, du docteur Pierre Donati et de Louise Cun- liai. C'était quelques mois après la mort du célèbre Piazvi, de Païenne, illustre astronome que Donati peut èlre considéré comme ayant remplacé. Il n'a- vait encore que 2j ans lorsqu'il fut attaché à l'Obser- vatoire de Florence que dirigeait l'illustre Amici de Modène, célèbre surtout en France, par les perfee- lioimenieuts qu'il a introduits dans la construction des microscopes, et très-populaire en Italie par les elïorls patriotiques qu'il a faits pour naturaliser à Florence la belle industrie de la construction dtis instruments de précision . Deux ans après, le jeune Donati était nommé astronome adjoint et professeur d'astronomie à l'École supérieure de Florence, et il découvrait la cinquième comète de 1855, dont il en- voyait la description à l'Académie des sciences de Paris. A cette époque, ses communications avec cette grande assemblée étaient fréquentes et importantes. Il venait d'être nommé astronome titulaire lors- qu'il découvrit, en juin 181)8, la merveilleuse co- mète qui devait rester visible jusqu'en janvier 1859, et dont les immenses proportions devaient si vive- ment frapper le vulgaire. Par un bonheur mérité, dent les hommes supérieurs savent seuls profiler, le nom de Donati devenait tout d'un coup populaire. Cette comète, dont nous retraçons un des aspects, semblait bien faite pour ramener les astronomes aux sages théories d'IIévélius et de Gergonne. Donati se consacra à la décrire et à l'observer avec un soin admirable. 11 reçut de l'Académie des sciences de Pans, le prix de la fondation Lalande pour 1851), partagé avec M. Goldsniidth et plusieurs autres observateurs. Peut-être fut-il peu satisfait de n'avoir point été distingué par un prit unique, car depuis cette époque ses rapports avec l'Aca- démie devinrent rares. Il ne les reprit plus que peu de temps avant sa mort. La lettre de remercie- ments qu'il écrivit à l'Académie fut tardive. Il paraît qu'une première lettre avait été égarée, c'est au moins ainsi que l'on explique son silence. Une circon- stance bizarre se produisit à cette époque. Le nom de Donali est estropié dans les tables académiques, on l'écrit Batta-Dunati, et ou le range sous la lettre B. Donati, qui appartenait au parti national italien, applaudit aux événements qui s'aiY.'a^.plirent bientôt dans la haute Italie, et aux annexions qui, agrandis- sant Pieuvre interrompue parle traité de Villafranca, étaient autant d'étapes vers la constitution de Yllalia iina. Fin 180 4, il succéda à Amici, et le transport Florence de la capitale de l'Ilalie vînt accroître con- sidérablement l'importauee de l'observatoire dont la direction lui était confiée. Décidément l'astronome semblait né sous une heureuse étoile. Il profita de celte circonstance pour obtenir du gouvernement ita- lien des crédits suffisants et pour mettre son obser- vatoire au niveau des grands établissements astrono- miques des capitales de premier rang. Il fut aidé dans cette tâche nouvelle par l'enthousiasme que suscita la célébration du centenaire de Galilée, et parla résolution prise de transporter l'Observatoire de Florence dans les jardins d'Aroelri, où le fonda- teur de l'astronomie moderne était mort victime de la plus odieuse persécution. L'inauguration solen- nelle eut lieu en 1872. Donati, qui s'était foulé le pied quelques jours auparavant, ne put y assister. Il fut obligé de faire lire par un de ses amis le dis- cours qu'il devait prononcer. Malgré tout sou génie, Amici n'avait pu parvenir à créer à Florence un centre de fabrication d'instru- ments de haute optique, digue de lutter avec les grands ateliers de précision de Paris et même de Munich. Son successeur fut plus heureux, grâce au gloi ieux anniversaire que nous venons de rappeler. 11 parvint à faire fabriquer, à Florence, une grande machine parallactique, et un antre appareil du même genre, mais de dimensions moindres, qu'il transporta à Palerme, pour l'observation de l'éclipsé de 1870, malheureusement perdue à cause des nuages. C'est encore à Florence, dans l'atelier placé sous l'invoca- tion du grand nom de Galilée, que DonaLi fit construire un grand spectroscope à 25 prismes, qui fut exposé à Vienne en 18775, et qui devint la cause de sa mort. En 1SGG Donati publia un mémoire posthume de llassotti, sur la détermination des orbites a l'aide de LA NATURE. 381 trois observations. Il possédait si bien cette théorie | la constitution physique des astres. Le mémoire qui qu'il se vantait tic pouvoir calculer l'orbite d'une lui assure l'honneur d'avoir inventé cette nouvelle comète en moins de trois jours de travail. | brandie si féconde d'as'roiiomie physique a paru dans Dès que les méthodes de l'analyse spectrale furent | le Ntmva Cimento, en 18G0. connues, Douai! songea à les appliquer à l'étude de ! Ces id' ! es nouvelles mirent quelque temps à se I.Ï COILIÙIC (!iJ iî:MUllji développer. Quand elles eurent pris tout leur épa- nouissement, Doiiali songea à donner à ces études une organisation sérieuse. Il fut un des promoteurs de l'association des sj)ectrosco})iites italiens. En- traîné dans cette voie féconde il conçut le projet d'une autre science nouvelle, à laquelle il donna le nom de météorologie cosmique. L'idée mère repose sur cette idée que toutes les influences qui agissent sur l'état du temps, n'ont point leurorigine dans notre atmosphère, niais qu'il y eu a un grand nombre qui dépendent manifestement de l'état du soleil. M. Donati est arrivé à cette conception fonda- mentale par suite de l'observation de l'aurore bo- réale des 4 et 5 février 1873, qui s'est montrée dans tous les pays civilisés et partout à peu prïs à la même heure locale, comme si elle avait la môme ~m LA NATURE tendance à se propager que l'heure elle-même. En effeL, ce fait mémorable étant constaté, on en doit conclure que les manifestations «I ex triques on ma- gnétiques qui l'ont accompagnée ne pouvaient pro- venir d'un phénomène spécial à la terre, mais de quelque modification dont le pouvoir thermique ou magnétique du soleil était soudainement l 'objet. Ces conceptions grandioses ont été développées dans un mémoire adressé à l'Académie des sciences de Paris, et inséré dans !e n° du 25 mars 1872, et dans le dernier de ses écrits qui se trouve dans la l' c livrai- son du tome I" des Annales do l'Observatoire d'Ar- cetri ; cette publication commença en 1873, un au seulement après l'inauguration de ce bel établisse ment. Qui pouvait croire que l'astronome, si plein de vie, de santé, de projets, allait être enlevé si rapidement à la science, et que son mémoire des Annales del'ob- servatoire allait être son œuvre testamentaire. C'est à Vienne qu'il reçut le germe fatal de l'épi- démie cholérique. Parti malade, il fut atteint en route de la diarrhée piœmoniloire. Arrivée à Bologne, il visita 1 Observatoire, et passa la journée avec, quel- ques amis, au lieu de se soigner comme l'indiquait la prudence. C'est avec peine qu'il gagna Florence. Un médecin appelé en toute hâte ne put. arrêter les progrès du mal, qui avait pris des développements effrayants. 11 expira le 1 2 septembre, après quelques heures de souffrance. La questure le lit enterrer se- crètement, remettant, par motif de prudence, à plus tard la cérémonie funèbre. 1, es personnes qui l'avaient soigné, dans sa courte maladie, furent soumises à une quarantaine rigoureuse. La plupart des détails bio- graphiques que nous avons donnés sont dus à M. Do- minique Cipolctti, son suppléant à l'Observatoire de Florence. La modestie de Douati était si grande, que, sans les patriotiques efforts de ce savant, on igno- rerait certainement la grandeur de la perte que les sciences astronomiques viennent de faire. \V. I)E KoKVll'XLK. LA FAUNE df.h riioroOTKURs eu i.ag lkmain. La Société helvétique des sciences naturelles n tenu cette année sa cinquante-sixième session an- nuelle. La réunion de la Société a eu lieu à Schaf- ihouse. Parmi les nombreux et intéressants travaux présentés, nous avons remarqué la communication de M. ledocleur F. A. Fore!, sur la faune, des pro- fondeurs du lac Léman. Elle nous a paru offrir un grand intérêt, au moment où les investigations des fonds aquatiques sont à l'ordre du jour. En même temps que les naturalistes Scandinaves, anglais et américains prouvaient la possibilité de la vie sous de hautes pressions dans les grandes pro- fondeurs de l'Océan, M. Forel a suivi depuis 1860 des études parallèles dans les lacs suisses et est ar- rivé à des résultats analogues. Le limondu lae Léman, au delà de 30 mètres de fond, est partout d'une finesse extrême, argilo-calcairc, assez plastique pour pouvoir être modelé et cuit au four; si la drague en fait une coupe convenable, on y remarque à peu près constamment la superposition suivante : a. Une cou- che de 3 à 4 centimètres d'épaisseur, légère, jau- nâtre, formée de limon minéral , de débris d'ani- maux morts et d'animaux vivants; c'est la couche animale. — b. L'ne couche noirâtre de 1 centimètre environ d'épaisseur. — c. Une couche bleuâtre, argi- leuse, très-plastique et relativement très-dense, qui paraît se continuer dans la profondeur. C'est dans la couche supérieur que l'on trouve la (aune profonde. M. Forel l'étudié au moyen de deux méthodes distinctes. La première consiste à laisser reposer le limon dans une terrine plate pleine d'eau. Les animaux vivants sortent de la vase l'un après l'au- tre et viennent nager ou ramper dans l'eau; au bout de quelques jours, on laisse sécher le limon et alors les pisidiums, les cypris et les cycfops viennent à la surface du limon tracer les méandres de leurs pas- sages ; enfin, eu raclant le limon sur la lame d'un couteau, l'on obtient les ehétopodes et les nématoïdes. Par ce procédé Pou constate que le limon du fond du Léman est très-riche en animaux vivants, et Pou peut évaluer leur nombre à une centaine environ par litre do limon. La deuxième méthode consiste à tamiser l'eau sale, obtenue par le lavage à très-grande eau du limon -jaunâtre de la couche animale. Avec des tamis déplus en plus fins Pou obtient ainsi, d'une part, des animaux vivants assez inlaels pour qu'on puisse les bien observer; d'une autre part, les débris d'ani- maux morts, spécialement les coquilles de mollus- ques, les carapaces de crustacés, les polypiers de bryozoaires, les œufs et les excréments des diverses espèces. Le nombre de ces débris est énorme cl M. Forel évalue de 5 à 10 mille les fragments de carapaces d'eutomostracés, qu'il a ainsi tamisés dans un litre de limon. Cette abondance de débris organiques peut expli- quer la richesse en produits azotés et phosphatés de certaines marnes et argiles employées en agricul- ture comme amendements. La faune qui vit dans les profondeurs des lacs est soumise aux conditions de milieu suivantes : 1° Les animaux sont dans l'impossibilité de venir respirer à la surface de Pair en nature; 2° L'eau est rarement pure, le plus souvent troublée par les eaux glaciaires en été, torrentielles pendant le reste de l'aimée ; ces eaux, gagnant le niveau correspondant à leur densité, forment des couches horizontales troubles, dont le limon se dépose lentement dans les plus grandes profondeurs; 3° Température très-basse de 5,6,7 ou 8" suivant les lacs et suivant les années ; 4 e1 Température constante- sans variations diurnes ou annuelles ; W Lumière nulle ou très-faible. A l'aide de procédés photographiques M. Forel a prouvé qu'en été, à Morges, la lumière n'influence plus le LA NATURE 385 chlorure d'argent à la profondeur de 50 mètres; j G" Repus presque absolu. Les values ne remuent plus, le i'oiul et les courants du lac sojit Irès-faibles. Le plus fort courant mesuré par M. Forci marchait à raison de 12 mètres par minute; 7° Pression consi- dérable à raison d'une atmosphère par 10 mètres d'eau; 8° Flore presque annulée. Au delà de 25 mè- tres il n'y a plus traces de plantes vertes. Encore quelques algues violettes et un très-grand nombre de belles diatomées. Dans ces conditions vivent les animaux apparte- nant à tous les types et presque à toutes les classes, depuis les vertébrés représentés par les poissons, jusqu'aux protozoaires représentés par les ml'usoires. AI. Forci a étudié aussi la faune des lacs de l\'eu- ehàtel, Zurich, Constance. (ISodeusee et Untcrsee). (Quelques sondages dans chacun de ces lacs lui ont permis de constater, sinon l'ensemble des espèces, du moins un assez grand nombre d'animaux analo- gues pour qu'il puisse, avancer que dans les autres lacs suisses la même l'aune profonde se retrouve à peu près dans les mêmes conditions. Voici les conclusions que formule M. Fore) : 1" il y a dans les lacs trois faunes distinctes : La Faune littorale ou faune des rivages, allant jusqu'à 15 ou 20 mètres de fond. La faune profonde, allant de 20 à 25 mètres jusqu'à 500 mèlres et plus. La Vanne pélagique; 2° Toutes les formes de l'a faune littorale no se retrouvent pas dans la faune profonde; 5° Toutes les formes de la faune profonde ont leurs similaires ou leurs analogues dans ta faune lit- torale. Les modifications qu'on trouve dans les types des profondeurs semblent une adaptation au milieu; h" 11 n'y a pas dans la faune profonde de différen- ces horizontales. Au même niveau, la faune est la mémo à Villeneuvcs et à Morges ; 5° En fait de différences verticales en suivant la profondeur, l'on peut remarquer que quelques (deux ou trois) espèces, que l'on connaît entre 50 et 1(10 mèlres n'ont pas été relrouvécs à 500 mètres, mais que tous les types de 500 mètres se retrouvent en- Ire 50 et l!)0 mètres; 6° Lillérences locales assez fortes. En certaines places sont des bancs de coquilles d'œufs, de cara- paces de crustacés ; 7" Différences suivant les saisons assez importantes pour quelques groupes (larves d'insectes); 8° La faune profonde étant ta mieux déterminée entre 50 et 60 mètres, c'est à cette profondeur qu'il convienl.de l'étudier ; ( J° Eu comparant la faune des différents lacs, l'on reconnaît que les caractères généraux des faunes pro- fondes sont les mêmes; 10" Que les caractères spéciaux varient pour quel- ques tvpes dans les différents lacs. En terminant, M. Forel insiste sur l'intérêt que présentera l'étude des modifications spécifiques dans les différents lacs qui ont dû. servir de centre de for- mation particulière depuis l'époque glaciaire, et dans lesquels les espèces ont dit se modifier isolé- ment pour s'adapter au milieu depuis un temps re- lativement assez court l . CHRONIQUE Les lustres de l'Assemblée nationale. — . Jusqu'ici ou allumait à Lavante les lustres destinés à éclai- rer nos représentants ; on faisait brûler le gaz à petite flamme jusqu'au moment où, en ouvrant, le robinet de canalisation, on donnait aux lumières leur intensité nor- male. Ce système avait l'inconvénient (le brûler du gaz inutilement, d'élever Ja température de l'air en été et de vicier l'atmosphère par les produits de la combustion. Aujourd'hui, grâce à un ingénieux système électrique, on allume les 552 bées de la salle d'un seul coup. On a dis- posé à J'avance desfils conducteurs minces qui permettent à l'étincelle électrique de jaillir à l'orifice même de chaque bec de gaz. Ce procédé, fort pratique, devrait être utilisé dans les théâtres et dans les établissements qui ont un grand nombre de brûleurs. L'application de ce système ingénieux est dû à M. RuhnikiirlV, ni remonte déjà à dix ans environ, quoique certains journaux mal renseignés lui donnait une origine récente. I,:i nii'ili'cinc pneumatique. — M. le docteur llé- clard, secrétaire perpétuel de l'Académie de médecine, a récemment présenté à la docte assemblée de nouveaux appareils inhalateurs fort ingénieux, dus au docteur J.Ren- gude. Ces appareils donnent au'mcdec.in la possibilité d'ad- ministrer directement, par les voies aériennes, des médica- înenlsestrèmemr.nt actifs, et de pratiquer, par conséquent, avec beaucoup plus d'efficacité qu'on ne l'a fait jusqu'à ce jour, le traitement rationnel des maladies laryngées et pul- monaires. M. le docteur Iiongudo a publié sous le titre du Médecine pneumatique une fort intéressante bro- chure, où il décrit. les appareils qu'il a imaginés pour l'inhalation des gaz, des vapeurs, des poussières liquides qui semblent se présenter comme les pins utiles auxiliaires de la thérapeutique pour combattre les terribles maladies des voies respiratoires. Ascension du ballon de Aassau. — Le 20 sep- tembre, M. Coxwell a fuit une ascension avec le ballon le Nassau, qu'il avait acheté à la mort de l'aéronautc, Grecu, et qu'il a réparé avec le plus grand soin. Ce ballon avait servi au due de Brunswick pour traverser la Manche, et au malheureux Cooking pour faire sa fatale expérience avec le parachute retourné. Cette ascension a eu lieu des ruines du palais d'Alexandra Parle ; elle avait pour luit de démontrer qu'il n'existe pas de courant général aérien dans la direction du Sud-Ouest, et par conséquent que la tentative pour traverser l'Atlantique on ballon est. insensée. Le temps était clair et le veut inférieur Venait de Lest. A une hau- teur assez faible, le veut a tourné vers le nord-est, et à 10,000 pieds anglais, il était nord-sud. Les nuages supé- rieurs suivaient cette direction aussi loin que la vue des aéronautesqui s'étaient élevés à 5,000 mètres pouvait por- ter. Ils avaient pris avec eux dans les airs une hélice horizontale destinée à modérer leur force ascendante. ï° échec du lioUoii Transatlantique, — L'as- cension du ballon Transatlantique dont les dimensions 1 Archives des acienvea physiques et nalurcllea. — * Ge- nève, lbîô. 381 LA NATURE. avaienlété diminuées, a eu lieu le 6 octobre tic Capilolitie Grounds (New -York). Le vent, qui semblait pousser le? voyageurs aériens Tins la mer, loe a rejelés vers le nord, Ils sont arrivés après quatre heures de voyage à New Canaan (Comioeliciit), ayant parcouru une distance totale d'environ 1*20 kilomètres. L'ascension s'est terminée d'une façon qui n'est peint nettement expliquée, mais il semble que le ballon s'est choqué contre nue colline. Cet accident, peu ordinaire, a mis le désarroi dans l'é- quipage, qui a saule à terre. Le ballon, abandonné à son malheureux sort, a été retrouvé à un mille de distance. Celle ascension malheureuse est cependant digne de mar- quer sous certain point de vue dans les annales de la science, car les aéronautes ont, pendant ce court voyage, lancé six fois du haut des airs des pigeons qui sent reve- nus en quelques minutes au point de départ. I.e tt-lrgraplic <1n Colorado. — On vient d'établir dans le Colorado, aux Elals-L'nis, une nouvelle, ligne télé- graphique qui passe au sommet du pic de Peak. Celte montagne à plus de 3,000 mèlrcs d'élévation. La station télégraphique qui a été construite à sou sommet est a un niveau qui dépasse de beaucoup celui des stations créées jus pi'ici sur les montagnes. Clic sert de poste météorolo- gique, et, trois fois par jour, elle envoie à Washington une dépêche donnant l'état de l'atmosphère. ACADEMIE DES SCIENCES oùmce du 10 novembre 1873. — Présidence de M. dk Qu/TiiLiAtais. La Société. Ramona. — Au moment de partir pour ltishru, et peut-être pour Tugiirl, Jl. Charles Sainte-Claire, Devillc signale à l'Académie le /.èlc avec lequel la météo- rologie est cultivée dans les l'vréuées. A liugnèrea-de-lSi- gorre, la Société ltamond, toujours digne de l'illustre nom qu'elle porte, et grâce a l'initiative de son prési- dent, 5!. le pasteur FrossarJ, vient, de concert avec une seconde société dont le siège e»l au col de Sincourse, de fonder un véritable observatoire météorologique. 11 con- siste en deux pièces prélevées sur une hôtellerie, établie au pied môme du Pic-du-llidi, à 2,554 mètres d'altitude, et où l'on a disposé tous les appareils cl tous les instru- ments nécessaires. Grâce à des systèmes d'observations simultanées, faites les unes à l'observatoire et les autres au sommet de la montagne, à 2,870 mètres, on a déjà un nombre considérable de résultais importants. Sans doute, ces résultats seraient plus grands encore si la Société lta- mond jouissait de moyens d'action plus étendus; et il faut remarquer qu'il suffirait, pour les lui procurer, que le gou- vernement la reconnût comme établissement d'utilité pu- blique, car alors, outre le prestige de cette désignation officielle, elle acquerrait la faculté de recevoir des dons et des legs. Grâce au chaleureux appui que témoignent à celle, œuvre, d'abord M. Dumas, puis M. Élie deBeaumont et enfin le président lui-même, il est à espérer que celte consécration désirable ne se fera plus longtemps attendre. Le titane des bannîtes. — Analysant une nombreuse série de roches basaltiques d'Auvergne, M. Ruussel y a presque constamment trouvé du titane et du vanadium. Ce dernier est en quantité trop faible pour être dosé, mais on le reconnaît facilement. Au contraire, le titane est par- faitement dosable, et représente ordinairement 0,75 pour 100 de la roche, quelquefois même, comme dans le basalte du Puy-de-Dôme, il s'élève à 2 pour 100 et même à 2,5. Solubilité du plomb dans l'eau. — L'hygiène s'est préoccupée, à maintes reprises, de la solubilité du plomb dans l'eau, et des conséquences d'insalubrité qui peuvent en résulter. Aujourd'hui, 11. Fordos, chimiste bien connu par des travaux importants, reprend la question. Il montre que l'eau aérée attaque le plomb et donne lieu à la forma- tion du carbonate de plomb ou céruse. Si l'expérience se lait dans un vase de verre, la cénise se précipite, sur les parois et les recouvre d'une couche mince, de façon que: les bouteilles rincées à la grenaille sont comme doublées d'une pellicule de matière toxique. En résumant ces fails, M. Dumas rappelle l'expérience qu'il faisait il v a vingt ans devant l'auditoire de son cours de chimie de la Sorbonne : dans une série de (laçons ou mettait de l'eau distillée, de l'eau de pluie, de l'eau de Seine, etc., puis, dans chacun d'eus, on introduisait du plomb. Or on n'était pas arrivé au quatrième flacon, que ce temps si court suffisait pour que l'eau distillée du pre- mier donnât déjà très-nettement les réactions saturnines. Toutefois, ce résultat n'a lieu qu'avec de l'eau très-pure ; la moi ml re trace de sel calcaire rend, pour ainsi dire, le plomb insoluble. .11 Billard et.11. Chcvreul s'empressent de confirmer cette conclusion en ajoutant que le. rôle le plus énergique, pour empêcher la solution, est dévolu aux sul- fates et spécialement aux sulfates de chaux. Lue longue lecture de M. Beigrand roule sur le même sujet el confirme ce fait, que l'eau un peu minéralisée passe sans inconvé- nient dans des tubes de plomb, tandis que l'eau distillée se charge rapidement de sel métallique. Un exemple ancien, rappelé par il. Dumas, nioiilrchien celle énergie dissolvante de l'eau distillée. Il y a quelques années des accidents saturnins (coliques de plomb, etc.) se manifestèrent dans l'équipage d'un vaisseau. On recon- nut que le poison était apporté par l'eau, obtenue, à bord par distillation ; or l'alambic n'offrait pas trace du plomb, le serpentin n'en contenait pas ; il n'v avait, eu p'omb, qu'un polit tuyau de quelques centimètres, que l'eau Ir.i- v ersnit pour se rendre du serpentin dans le réservoir où ou la conservai I. EjJtaiafion dus pUiwU's. — Reprenant un siqet déjà traité par de nombreux chimistes, et récemment par noire collaborateur 11. P. -P. Deliéraiu, .M. Uaiihélciny, profes- seur au lycée de Toulon, étudie, l'évaporatioii à laquelle donnent lieu les plantes. Celte exhalation peut, suivant lui. se faire do trois manières : insensiblement, comme c'est le cas le plus général ; où bien par émission brusque de gaz saturé, qui s'échappe par les stomates, lorsque la plante subit une élévation subite do température ; ou bien enfin par oisudalion, quand le travail d'absorption des racines est plus actif que le travail de fixation du carbone; ce cas a lieu, par exemple, dans l'obscurité. Tlwrmomètrc moteur. — Voici mie idée originale, mais qui ne parait guère susceptible d'application sérieuse. Au- tour d'une roue à axe horizontal, il. de Paz dispose, sui- vant les rayons, une série de thermomètres bien égaux. Cela fait il expose une moitié de la roue au soleil, l'autre étant maintenue à l'ombre. Le tuyau des thermomètres échauffés se dilatant, leur centre de gravité s'éloigne du centre de suspension ; c'est comme s'ils étaient devenus plus lourds ; ils font tourner la roue. SlAXISI.AS HntiKIEU. 1s Propriétaire-Gérant : G. Tissakdiei,. nais. — mi', sinon iuçoi et Cour,, tas d'erfluîh, 1. !i' 25. — 22 NOVEMBHE 1873. LA NATURE. 585 DES DEUX INDIVIDUS EXHIBÉS sous le nom d'hoiimes-chiems. C'est sous ce nom très-peu scientifique, conime ou voit, que l'on présente au publie parisien un paysan russe et son fils âgé de trois ans, qui doivent aux longs poils soyeux qui couvrent tout leur visage, de faire le tour de l'Europe. Cette bizarrerie est d'ail- leurs la seule justification du nom dont les ont affu- blés les plaisants de notre capitale. Ces individus, examinés récemment par quelques anthropologistes, sont on outre remarquables parl'a- trophie du système dentaire. Nous passerons succès ,' isl» *'; f§l?p £mlrian Jcftichjew, fesei- ' Carte des phares des abords de Brest. rait le plus facile. Ce furent les pêcheurs de l'île de Sein, leur syndic le premier, qui eurent l'honneur de débarquer d'abord. Eux seuls pouvaient guetter et saisir l'instant favorable, si excessivement rare, oïl la roche devenait accostable ; eux seuls étaient assez bons nageurs, assez bons marins pour naviguer entre ces rocs sur cette mer qui jamais ne s'apaise et con- quérir cet affreux écueil. Ces hommes, qui ne s'é- taient jamais servis d'un autre outil que de leur filet, consentirent à manier le marteau et le fleuret du mi- neur pour creuser des trous dans la roche. Ces trous étaient destinés à recevoir des barres de fer verticales, ayant pour but de relier les maçonne] ries au rocher, et, par suite, les dif- férentes parties de celui-ci entre elles. Les trous de- vaient avoir 50 cen- timètres de profon- deur sur 7 environ de diamètre ; le percement de cha- cun d'eux devait être payé cinq cents francs 1 . — Ce chiffre seul donne une idée des difficultés aux- quelles on s'atten- dait ; ici nous lais- serons parler le rapport officiel , saisissant dans la sobriété adminis- trative de son style: « Les pêcheurs se mirent résolument à l'œuvre en 1867. Dès qu'il y avait possibilité d'accoster, on voyait accourir des bateaux de pèche ; deux hommes de chacun descendaient sur la roche, munis de leur ceinture de. liège, s'y cram- ponnant d'une main, tenant de l'autre le fleuret ou lu marteau, et travaillaient avec une activité fébrile incessamment couverts par la lame qui déferlait par- dessus leur tête. L'un d'eux était-il emporté, la vio- lence du courant l'entraînait loin de l'écneil contre lequel il se serait brisé; sa ceinture le soutenait et une embarcation allait le prendre pour le ramener au travail. A la fin de la campagne, on avait pu accoster sept fois, on avait en tout huit heures de travail, et quinze trous étaient percés sur les points les plus élevés. L'année suivante, on se trouvait en présence do 1 Au total, l'admraisfralion a pajé 29,000 francs pour 55 trous. Elle a fourni en outre If s outils et Ira cciuturvs de samntage. wt^.i/.ijîfelïyjj:- 390 LA NATURE. plus grandes difficulté? puisqu'il fallait se porter sur des points plus bas qui découvraient à peine, mais on avait acquis de l'expérience; on eut seize accostages, dix-huit heures de trimait et l'on parvint à creuser quarante nouveaux trous ; on put même exécuter les dérasements partiels nécessaires à l'établissement de la première assise des maçonneries. » La construction proprement dite fut entreprise en 1809. Des barres de fer furent implantées dans les trous et l'on maçonna en petits moellons bruts et ci- ment à prise rapide 1 ; son emploi était indispensable, car oti travaillait au milieu des lames qui se brisent sur la roche et parfois a: radiaient des mains de l'ou- vrier la pierre qu'il se disposait à placer. Un marin expérimenté, adossé contre une pointe du rocher, était au guet et l'on se bâtait de maçonner quand il annonçait une accalmie, de se cramponner quand il annonçait l'arrivée d'une grosse lame. Plus de la moitié de la base du phare a été fondée à i m ,50 seu- lement au-dessus des plus basses mers; c'est ce qui a rendu les difficultés tout, à fait exceptionnelles. Les ouvriers, le conducteur, l'ingénieur, il. Cahcn, qui encourageait toujours les travailleurs par sa pré- sence, étaient tous munis de ceintures de sauvetage. Toutes les fuis que l'état exceptionnel de la mer présentait quelques chances de débarquement, une petite chaloupe à vapeur, portant le personnel elles matériaux, partait de File de Sein, de manière à ar- river en vue de l'écueil quatre heures après la pleine mer, mais on ne trouvait pas toujours le calme sur lequel on comptait et la journée était perdue. Quand on pouvait débarquer, on transbordait les matériaux de construction dans les canots d'accostage, et c'est à la main qu'on les déposait sur la roche. 11 s'ensui- vait que moellons en granit de Kersanton et sacs de ciment devaient être assez petils pour être portés par une personne. Kxécutéos dans de semblables conditions, ou ne peut, s'étonner que les maçonneries du soubassement reviennent à près de mille francs le mètre cube. Eu 1869, il en fut exécuté 25 mètres cubes, 11 mètres et demi en 1870, 23 mètres et demi en 1871 54 mètres et demi en 1872, 22 mètres en 1873; au total 1 56 mètres cubes et demi. Elles dominent do lîi mèties environ le, niveau des plus basses mers et atteignent, celui des hautes mers ordinaires, à 1"',50 au-dessous des plus hautes mers. Entre ces deux niveaux le massif plein formant le soubassement forme un cylindre de 7 n, ,20 de dia- mètre. Le plus difficile est l'ait : on est parvenu à com- bler la fissure qui divisait la roche et dans laquelle les vagues rejaillissaient. On a établi sur le piton sud-ouest de l'écueil d'Ar-llen une plate-forme en maçonnerie, qui permet d'y faire accoster la chaloupe ou d'assez forts bateaux et d'y débarquer les maté- riaux directement à l'aide d'un petit appareilde levage dont ils sont porteurs. On peut employer aujourd'hui le ciment de Portland, à prise lente, qui résiste mieux à l'eau de mer que le ciment à prise rapide de Parker-Médina, et toutes les maçonneries exécutées avec cette dernière matière seront recouvertes de ciment de Porlland pour en assurer la conservation. Sur le suubassement, qui sera exhaussé à 2 mèlres au-dessus de la pleine mer d'équinoxe, ou construira un phare de premier ordre dont le projet, ainsi que celui de toute cette construction, est dû à If. Léonce Revnaud, directeur du service des phares. I.e phare d'Ar-Men sera scintillant et de premier or- dre, il sera éclairé par une lampe du nouveau mo- dèle alimentée à l'huile minérale d'Ecosse, provenant de la distillation du bnghûad. La nouvelle lampe porte cinq mèches concentriques ; la flamme a 0'°,11 de diamètre et l'éclat du feu fixe (égal dans toutes les directions) équivaut à celui de 820 lampes carcel ordinaires. En outre, à égalité de lumière, le nouvel éclairage coûte près de quatre fois moins cher que celui à l'huile de colza. La tour du phare aura 30 mèlres de hauteur sur 0'", 50 de diamètre à la base et ^'",90 au sommet; elle comprendra sept étages, dont l'un sera occupé par un appareil sonore destiné à signaler la position en temps de brume. Les ouvriers ne pouvant encore travailler que très- cxocptionnellement à Ar-Men, on les emploie pen- dant, le reste du temps à élever des digues de défense dans l'île de Sem qu'ils habitent et à construire un phare en maçonnerie sur l'îlot Tévennec. De même que la rade de Brest communique au nord avec la Manche parle chenal du Four, à l'ouest avec l'Océan par l'Iroise, elle se joint au sud avec le golfe de Gas- cogne par le Raz de Soin. C'est pour éclairer ce dernier détroit qu'un phare a été construit sur le Tévennec et qu'un autre feu, logé dans une tour eu tôle, sera ensuite élevé sur l'écueil la Vieille. Le phare du Tévennec est terminé, il pourra recevoir sou appareil optique et être allumé avant la lin de cette année (1873). Il est impossible, d'assigner une limite à ces tra- vaux plus téméraires que tous ceux qui jusque-là avaient été tentés pour l'érection des phares. On de- vrait s'estimer heureux de les terminer en 1870. Alors la redoutable côte armoricaine sera vaincue, humanisée ; elle sera devenue hospitalière comme le sont ses enfants bretons, parmi lesquels les ingé- nieurs ont recruté les obscurs et héroïques soldats du travail, pêcheurs et ouvriers, qui, par un labeur inouï, vont faire d'un éeue.il inabordable le piédestal d'un phare protecteur. Charles Boissat, — »<» — LA PLANÈTE JUPITER (Suite. Voj'. p. ù[>7.) L'Annuaire (ht bureau des longitudes, dans le ta- bleau des éléments physiques du système solaire, donne la durée de rotation des planètes principales. On y trouve pour Jupiter le nombre: 9 heures 55 LA NATURE. 391 minutes. C'est, en effet, la moyenne, à peu de chose près, de tontes les déterminations anciennes et mo- dernes de cet élément. Il est, à coup sûr, intéressant de connaître, avec quelque précision, le résultat des recherches aux- quelles se sont livrés les astronomes pour calculer les durées des rotations planétaires. Mais les recher- ches elles-mêmes, dans leurs détails, offrent encore un plus grand intérêt, pensons-nous, que le résultat final. La raison en est aisée à comprendre, et elle est particulièrement frappante pour la planète que nous étudions. Comment, en effet, peut-on reconnaître et calculer le mouvement do rotation d'un corps céleste ? 11 faut pour cela, que des particularités physiques se mon- trent sur le disque, que, ces particularités, faciles obscures ou brillantes, aient une certaine perma- nence, afin que, de l'étude de leurs mouvements ap- parents à la surface, on puisse conclure avec certitude le mouvement qui les entraîne, eu le dégageant des modifications de position nu de forme qui leur sont propres. C'est ainsi que l'observation des taches so- laires a permis d'abord de constater le mouvement du globe incandescent sur son axe, puis la durée ap- proximative de la rotation. Des observations plus précises et plus multipliées ont prouvé que, les lâ- ches ne sont pas absolument tix.es, qu'elles varient de forme, d'étendue, de position; que suivant leur.-, distances à l'équateur solaire, elles donnent des nombres différents pour la durée de la rotation, etc. toutes circonstances qui se sont trouvées du plus haut intérêt pour la constitution pbvsique du so- leil. Des questions toutes semblables vont se présenter pour Jupiter. Son disque, vu au télescope, est par- semé, le dessin de M. Tacchnii en fait foi, d'un grand nombre d'accidents, b indespius ou moins régulières, taches obscures ou brillantes, propres h l'étude, du mouvement en question. Les bandes, à elles seules, grâce à leurs irrégularités, auraient permis d'en cal- culer la durée, qui est assez rapide pour que, dans l'intervalle de deux ou trois heures, le déplacement d'un de leurs points soit sensible, et sans que leurs déformations en masquent la loi. Nous avons sous les yeux deux dessins de Jupiter laits par un habile observateur que la science a eu tout récemment In douleur de perdre, M. J. Chacornac. Le premier re- présente la planète vue le \ 3 octobre 1850, à 8 h. où m. du soir ; le second donne son aspect, le même jour, à S) h. 50m., c'est-à-dire précisément une heurt plus tard. L'une des bandes est partagée en divers fragments de forme très-caractéristique, très-recon- naissables entre eux; la mesure micrométrique de la position de plusieurs points, position qui a varié très-sensiblement dans le court intervalle des deux observations, suffisait évidemment pour obtenir une détermination approchée de la rotation de Jupiter. Mais ee ne sont pas les bandes, ce sont des taches particulières, dont quelques-unes ont offert un de- gré de permanence remarquable, qui ont servi à dé- terminer la rotation de Jupiter. Cette découverte date de l'année 1665 et elle est due à Dominique Cassini. Il est intéressant d'en connaître les détails; voici comment ils sont donnés par Cassini II dans les Élé- ments d'astronomie. « Au mois de juillet de l'année 1605, mou père découvrit divers changements, tant dans les trois bandes obscures de Jupiter que l'on y aperçoit ordi- nairement que dans le reste de son disque, et il y vit naître des brillants, comme on en avuautrefois dans le Soleil. 11 découvrit aussi, dans la partie septen- trionale de la bande la plus méridionale, de Jupiter, une tache qui paroissoit se mouvoir sur son disque apparent de l'orient vers l'occident, et qui, après avoir cessé de paraître, revenoit sur le disque appa- rent et au même point où on l'avoit vue dans la ré- volution précédente, après un intervalle de 9 h. 56', ce qu'il reconnut par un grand nombre de révolu- tions observées pendant les six derniers mois de l'année 1665, et les six premiers mois do l'année 1666. Cette tache paroissoit plus large vers le centre que vers la circonférence, où elle se rétré- cissoit, de sorte qu'elle se pordoil de vue avant que d'arriver au bord de Jupiter ; son mouvement parois- soit plus vif près du centre que vers lesbords, ce qui fait connoîlre qu'elle étoit adhérente à la surface de Jupiter, et qu'elle toueuoit sur son axe par un mou- vement qui, considéré du centre de Jupiter, se faisoit de l'occident vers l'orient. Cette tache, après avoir été visible l'espace d'environ deux années, cessa do paraître jusqu'au commencement de l'année 1672, qu'on l'aperçut de nouveau, dans la même forme et dans la même situation à l'égard du centre de Ju- piter, où on l'avoit vue eu 1665 1006 et 11567- Com- parant les intervalles de six années, ou trouva sa ré- volution de 9 li. 55' 51", et continuant ces observa- tions, jusqu'à la lin de l'année 1074, on trouva que ses révolutions étaient de 9 h. 55' 53" 1/2, plus lentes de deux secondes 1/2 que par la première comparaison.» Ou voit, par ec court exposé de la découverte, que toutes les circonstances du mouvement du rotation et des apparences qui les manifestaient avaient été par- faitement notées par le célèbre astronome : sens et durée du mouvement, variation de la vitesse appa- rente, disparition de la tachevers les bords, fait sur lequel nous reviendron-'; plus loin, parce qu'il est important pour la constitution de l'atmosphère de Jupiter. Mais ce qu'il faut noter, dans les observations de Cassini, comme une circonstance vraiment remar- quable, c'est la longue permanence de la tache qui a fourni les résultats précédents ; nous voyons déjà que, sur un total d'environ huit années, la tache a été visible pendant cinq ans. Après une nouvelle dispa- rition do deux ans et demi, elle reparut encore pendant environ six mois, à partir de juillet 1667, puis fut de nouveau pendant huit ans invisible, pour être observée de mars 1G85 à octobre 16H7, c'est-à- dire deux ans et demi environ. Ces observations 392 LA NATURE. nouvelles donnèrent à Cassini la movenne Ho 9 h. 55' 52" pour la durée Ho la rotation de Jupiter. Lu même tache revint encore en 1692, en 1(194, puis en avril 1708 : rotation 9 h. 55' -48", plus courte de 4 secondes que. la muveiino précédente. Enfin, la même tache noire fut aperçue par MaralJi en 1715. Les divers nombres qui résultent, pour la durée de la rotation de Jupiter, des observations prolongées de Cassini, s'accordent assez entre euv, pour qu'on puisse considérer leurs différences comme dues aux erreurs d'observation. Hais cet accord remarquable n'existe plus, si, au lieu de considérer la tache silongtemps observée parle célèbre astronome, on déduit la durée du mouvement de rotation d'une autre tache qu'il vit, à partir du 15 décembre 1 690, etdont il suivit les mouvements appa- rents, jusqu'au mois du février de l'année 1691. Cette tache fit sa révolution en 9 h. 51 minutes. Or « cette nouvelle tache, plus obscure que l'ancienne, étoit adhérente, non pas à la bande la plus méridionale de Jupiter, mais à la bande moins méridionale du côté du centre, dont elle étoit fort proche, » II faut ajou- ter que, pendant sou apparition, d'ailleurs relative- ment courte si on la compare à celle de l'ancienne tache, elle fut loin de conserver la même ligure; non-seulement elle changea de forme, mais elle se divisa en trois fragments peu éloignés les uns des autres, pour se réunir de nouveau en forme de tache allongée. De deux autres taches, observées également en décembre 1600 et janvier 1691, Cassini déduisit une rotation de 9 h. 53 m.; une cinquième, vue en jan- vier de cette dernière année, lui donna 9 h. ni m. Enfin, « il en parut au commencement de l'aimée 1G92, qui étoient près de l'équinoctial de Jupiter, dont la période n'étoit que de 9 h. 50 m,, et géné- ralement toutes 1rs taches qui passèrent près du centre do Jupiter parurent avoir un mouvement plus vite que celles qui en étoient plus éloignées. » Voilà un fait d'une grande importance, dont les astronomes n'ont pas manqué de chercher aussitôt, l'interprétation physique. Cassini lui-même se hâte, d'ajouté à la constatation du fait une hypothèse qu'il formule en ces termes : a Ces taches, qui avoient un mouvement plus prompt que les autres, étoient aussi plus près de son équinoctial, qui est parallèle aux bandes ; ainsi, suivant l'analogie dos bandes do Ju- piter avec nos mers, on pourrait comparer le mou- vement de ces taches à celui des courants, qui sont plus grands près do l'équateur do la terre que dans tout autre endroit. » Avant de rapporter les explications do ces inégali- tés imaginées depuis par d'autres astronomes, citons les observations qui les ont confirmées. Ilersehel, dans sonmémoirede 1781 sur Jupiter, a trouvé, pour la rotation de Jupiter, déduite d'une même tache obs- cure vue enl778, 9h. 55' 40" et 9 h. 5i' 55", c'est-ii- direenmoyenno9h.55' 16". C'est, à 32 secondes près, le nombre de Cassini. Mais eu 1779, une tache claire équalorialc a fourni au même astronome une rotation do 9 h. 51' 45" et de 9 h. 50' 48". Béer et Meedler, ont lait, du 4 novembre 1854 au 19 avril 1855, une série d'observations de deux taches qui ont donné une moyenne de 9 h. 55' '26" et M. Airy, à la même époque, a trouvé un nombre qui n'est inférieur que de 2 secondes à celui des astronomes allemands. Mais les taches observées avaient une latitude boréale de 5 degrés. Il paraît donc certain que la durée de la rotation de Jupiter, telle qu'on la trouve dans les Éléments astronomiques de Y Annuaire du Bureau des longi- tudes ne peut et ne doit s'appliquer qu'aux taches extra-équatorialcs de la planète, que cette, durée est moindre pour les taches voisines de l'équateur et qu'ainsi entre Jupiter et le Soleil, il y a une analogie évidente en ce qui concerne leurs mouvements de rotation. Mais tandis que la loi des variations de durée que présentent lus rotations des taches solaires est con- nue et a pu être formulée par MM. Carrington, Spœ- rer, Faye, il n'en est pas de même pour les taches visibles sur Jupiter. Il v a là une lacune qu'il serait important do combler, qui tient sans doute à la ra- reté des accidents ayant, sur le disque de la planète, une suffisante permanence, et aussi à la difficulté' des mesures micrométriques. Mais tant que cette étude ne sera point faite avec quelque rigueur, il est aisé do comprendre que toute interprétation physique de phénomènes mal définis sera au moins prématurée. L'examen des conjectures émises au sujet de la con- stitution physique de Jupiter va montrer que cette réserve n'a rien que de légitime. Amkdék Guili.exis. — L;i ^uilr; prochainement. — LES PÊCHES DU CHALLENGER (Suite nt lin. — Yoy. p. 29:1.) FI.ABELLUM ET CEIUTOTROr.lir/S. Les doux coraux sur l'organisation desquels nous avons à appeler l'attention de nos lecteurs appar- tiennent tous deux à la classe très-nombreuse des polypes à tige. Ils ont l'un et l'autre dans leur intérieur un prolongement de ce pivot central, qu'on ne pourrait voir sans en pratiquer uno coupe. Mais la tige intérieure n'est pas le point de départ do cloisons véritables. Les seules séparations qui exis- tent dans la cavité centrale, sont dues à des expan- sions latérales qui se révèlent au dehors par des cicatrices ou côtes dont le nombre est variable et leur donnant un aspect particulier. Ces caractères essentiels sont ceux de, la grande famille des Turbinoliens, auxquels nos coraux appar- tiennent. Quoique ollrant des différences essentielles, que nous allons faire connaître, ils font partie de deux genres très-voisins l'un de l'antre. On pourrait appeler le Ceratotrochus rotifère ou ombellifère, parce que ses tentacules sont disposées LA NATURE. 393 % CeriUotrocliua trouvé il une. profondeur en cercle autour de l'orifice servant à la fois Je bou- che et d'anus, suivant les cas. Le Flabellum ou éventail est comprimé dans le stns latéral. A cette différence d'aspect extérieur il faut enjoindre une plus essentielle qui sert à carac- tériser l'espèce. Le Flabellum est recouvert d'une sorte d'épiderme, tandis que l'épiderme du Cerato- troehus se borne à envelopper d'un bourrelet l'extrémité du ca- lice. Aussi le Ceratotroehus res- semble à une coquille d'un beau blanc, tandis que le Flabellum offre des teintes très-variables. L'épitbélium du Flabellum est brillant et, sur le bord du calice, teinté eu rose léger. Il est hors do doute, d'après ce qui précède, que la génération ne doit point se produire par scissi- parité, mais que le Flabellum, aussi bien que le Ceratotroehus, donne naissance à des animaux qui jouissent d'une grande moti- tité, et qui font l'essai de la vie nomade avant de se fixer d'une façon définitive. Ces êtres sont l'un ct r l'autre aussi parfaits que peuvent l'être dos animaux qui n'ont qu'une bouche pour organe, et qui n'appartiennent pas, par con- séquent, à la classe des coraliaires perfo- rés comme les rayon- nés supérieurs. La disposition des tentacules duFlabel- lura est très-belle et peut se résumer à peu près corarnii nous allons le faire. L'orifice commun ( bouche - anus ) est environné do pe- tits bras mobiles ré- gulièrement rangés en cinq cercles , et correspondants cha- cun à une division longitudinale de la cavité viscérale. La cavité viscérale possède dans son intérieur des cloisons très-minces qui sont disposées suivant le système du développement binaire : 3 du premier cycle, 6 du second, 12 du troisième, 24 du qua- trième, et AS du cinquième. De chaque espace limité par deux cloisons, jail- lit un tentacule; finalement il se trouve autour de la bouche-anus 00 tentacules. Ces 90 tentacules sont disposés sur quatre rangées de manière que tous les tentacules émanant d'un même cycle sont répartis sur le même cercle. Les tentacules les plus voisins de la bouche sont au fond île l'Océan de 1,800 miHreç. flabellum trouvé au fond de l'Océan, à uno profondeur de 1,800 mètres ceux qui émanent du troisième cycle. Ceux du cin- quième et du sixième, de beaucoup les plus nombreux et qu'on rencontre les premiers, sont les plus courts. En outre, chacun d'eux est accompagné de petits tentacules supplémentaires qui n'émanent point des cloisons intérieures. Il n'y a rien d'arbitraire dans ce bel ordre digne des plus brillantes fleurs qui dé- i-aJjËi corent nos parterres. Un esprit /■■:, ■■■■ philosophique trouverait incon- fe.J, •■( /'■'"' :, \ lestablement la raison de chacune Y ' : '"" I de ces dispositions eu rieuses , ,'■, dont nous devons abstraire cer- [j'ï?'-: taiiies irrégularités de détail pour ''."'.- mieux faire comprendre le ma- gnifique plan d'ensemble. Le Flabellum est si vivace que deux spécimens ont épanoui leurs tentacules à bord du Chal- lenger aussitôt qu'on les a mis en contact avec de l'eau de mer. Ces jolis tentacules sont coniques, ils sont nuancés d'une légère teinte rougeâtre, et délicatement veinés près de leur base par des bandes de gris et de jaune tirant un peu sur le rouge. Les Flabellums paraissent être beau- coup plus communs que les Ceratotroehus dans les parages sous-marins voisins des Açores, car on en a retiré plusieurs spé- cimens au commen- cement de juillet, par une profondeur del,0U0 brasses. Ce- lui dont nous devons la reproduction à Nature possède une hauteur de 0°',050. Le grand diamètre du calice est de O^OnS, et le plus petit de m ,030. Nous ferons remarquer que les côtes latérales font un angle de 120° à 1 10° et que, sans être à proprement parler épineuses, elles sont très-fortement den- telées, ainsi que les autres eûtes. Le bord du calice lui-même affecte assez bien la forme d'un cercle entamé d'une façon semi-régulière. Le genre Ceratotroehus et le groupe Flabellum ont été tous deux créés par M. Mihie Edwards père, lorsqu'il a établi les luis de la classification des co- raliaires. Nous ne pouvons malheureusement ici nous atta- cher à montrer les différences spécifiques qui sont très-curieuses, mais, somme toute, moins profondes qu'il ne le semblerait probable, si l'on tenait compte de l'immense différence de milieux, il est facile 594 LA NATURE. d'en conclure qu'en établissant ses divisions, le cé- lèbre naturaliste français a bien réellement mis la main sur un groupement qui existe dans les procé- dés créateurs de la nature. Le. Ceralotrochiis dont la muraille (nous sommes tentés de le dire, la coquille) est blanche, est coloré en garance foncée. Cette matière colorante tirée du fond de l'abîme a été analysée au spectroscope. On lui a trouvé une propriété optique caractéristique. Son spectre d'absorption se compose île trois bandes distinctes. Qui s'attendait à ce qu'il fût aussi curieux à étudier que celui des nébuleuses ! -0- W. J. MACQUORN MNKHÏE S'il est de toute justice que nous rendions un hom- mage mérité aux savants que la morl. enlève à la France , bien fréquemment hélas ! depuis quelque temps, il importe de signaler au moins d'une ma- nière sommaire les travaux des hommes illustres qui succombent à l'étranger. Trop souvent, nous devons le reconnaître, nous avons ignoré jusqu'au nom de théoriciens et de praticiens qui jouissaient dans les pays voisins d'une réputation méritée. Il faut s'effor- cer au moins que leur mort ne nous laisse pas indif- férents ; il iaut (pie nous sachions aussi pourquoi nous avons à les regretter. W. J. Maequorii Hankine, que la mort a enlevé à l'Angleterre, était, un de ces savants dont le nom était peu connu en France. Ses travaux sur la thermo-dv- namique ont. contribué grandement à l'établissement de cette partie de la science et suffiraient cependant pour que son nom doive échapper à l'oubli ; il avait d'ailleurs une réputation méritée comme ingénieur, et savait mener de front les recherches de théorie pure et [es applications les plus variées de la prati- que. Ne fût-ce qu'à cet égard, il serait intéressant de rappeler eu quelques mots les travaux de Rankine. et de montrer, par =011 exemple, qu'il n'est nulle- ment impossible d'être à la fois théoricien et prati- cien. W. J. Macquorn Rankine 1 naquit à Edimbourg, le 5 juillet 1820. Ses études, dirigées spécialement par son père, furent très-complètes. L'Académie d'Ayr, l'Ecole supérieure (fligh Sehool) de Glascow, l'Uni- versité d'Edimbourg, le comptèrent successivement parmi leurs élèves et il y prit tout d'abord un goût très-vif pour les sciences naturelles. Avant même d'avoir terminé ses études (1838). M. Hankine avait manifesté la tendance philosophi- que de son esprit, par un essai sur les Méthodes de recherches en physique; quelques années plus tard (1842), cette même tendance se retrouvait dans sis travaux sur les Conséquences de l'hypothèse des tourbillons moléculaires, de laquelle il déduisait par ' Nous empruntons à YEntjinwrhig une partie lira rp.nFcl- gnfimfnts qui suivent. le calcul une théorie de l'élaslicié, entre autres. La mémo année, il publiait un travail d'une autre na- ture : Recherches sur l'emploi des roues cylindri- ques, etc., dans lesquelles il montrait d'ingénieuses applications de la théorie à la pratique. Ces travaux intéressants à divers égards étaient, en outre, remar- quables par la netteté des descriptions et la clarté du st.vle, qualités rares chez un jeune homme (il avait "22 ans) et que l'on trouve à un haut degré dans tous ses ouvrages. En 1849, les travaux de M. liegnault et du docteur Ere, eu fournissant à Macquorn Rankine des données expérimentales qui lui manquaient, lui permirent de reprendre ses travaux sur la chaleur, qu'il avait aban- donnés ; il réunit les recherches qu'il avait faites dans un mémoire présenté, en 1 850, à la Société royale d'Edimbourg : Action mécanique de la chaleur prin- cipalement sur les gaz et les vapeurs. Ilieu que les idées qu'il émettait dans ce travail ne fussent pas ab- solument nouvelles, la manière remarquable dont il les traite le lit distinguer spécialement. Ce travail un peu modifié sur les indications et les critiques du professeur Thomson, de Glascow, fut publié eu 181)1 dans le Philosophical Magazine, sous le titre sui- vant : Théorie centrifuge de l'élasticité appliqué aux gaz et aux vapeurs. La Ihormo-dvuamiijue, dont les premiers principes furent établis par Mayer, Joule et Coldiug, est rede- vable de nombreux progrès à Clausius, à W. Thom- son, à W. Rankine. Le mémoire de ce dernier Sur une loi générale de la transformation de l'énergie, est des plus importants, et nous regrettons de ne pou- voir nous y arrêter, non plus que sur un mémoire (Oldlines of the science of energetirs), dans lequel il crée une science nouvelle Y énergétique, \m<év. sur les considérations de l'énergie et île laquelle la mé- canique rationnelle ne serait qu'un cas particulier. Nous sommes obligés de passer sous silence de nombreux travaux de mathématiques pures et de mécanique; nous voulons cependant citer encore le discours qu'il prononça à l'ouverture des cours de l'Université de Glascow (1830) : Harmonie de la théorie et de ta pratique dans la mécanique, et un rapport qu'il présenta, eu 1858, à la Philosophical Society de Glascow Sur les progrès de la mécanique appliquée. On peut se rendre compte par l'énuniéralion que nous venons de faire, bien qu'elle. ^ oit incomplète, quel intérêt s'attache aux travaux théoriques de Macquorn Rankine et de quelle importance sont les titres scientifiques que nous venons de résumer. D'un autre côté, les travaux pratiques de Mac- quorn Hankine méritent également d'être signalés, bien que peut-être d'une valeur moindre que ses re- cherches de théorie pure. M. Rankine prit part, en 1850, à la construc- tion des chemins de 1er de Dublin à Drngheda (Ir- lande), sous la direction de sir John Macmill ; de 1841 à 1851, il s'occupa des chemins do fer d'Ecosse; il fit, vers la même époque, un projet de distribution LA NATURE. zm d'eau pour Edimbourg, qui ne fut pas exécuta ; il eu fut de mêmed'un projetd'alimentation et de distribu- tion d'eau pour la ville de Glascow (1852), qu'il fit eu collaboration avec Johti Thomson et dans lequel il utilisait les eaux du lacKatrine. Après une série de lectures faites par Rankinc sur la théorie mécanique de la chaleur à la demande du professeur Louis Gordon, et à la retraite de celui-ci (1855), Rankhie fut nomme professeur de génie civil et de mécanique à l'Université, de Glascow et sa ré- putation comme professeur égala bientôt celle qu'il s'était acquise comme savant. 11 prit, vers la même époque, une part active aux discussions relatives à l'art de l'ingénieur qui furent soulevées, dans les con- grès tenus à Glascow, par l'Association britannique, pour l'avancement des sciences, puis par Ike Institu- tion ofthe. mechanical engineers. 11 fut, en 1858, nommé président de la première session de l'Insti- tution des ingénieurs d'Ecosse: for the encourage- ment and advancement of engineering science and praclice. Et cet honneur lui était bien du tant à cause de sa valeur comme ingénieur, que du zèle qu'il avait montré lors de Ja fondation de cette institu- tion. Les rapports qu'avait Ilankine avec les ingénieurs qui s'occupaient des travaux de construction do na- vire, et ces travaux sont très-importants à Glascow, le conduisirent naturellement à s'occuper d'archi- tecture navale, et bientôt il devint, dans ces ques- tions, une autorité dont la réputation s'étendit dans tout le rovaume. Ses recherches sur ce sujet, recher- ches dans lesquelles il sut allier avec succès le calcul à l'expérience, ouvrirent des voies nouvelles à certains égards. Outre de nombreuses notices biographiques sur des ingénieurs et des savants et des articles remar- quables pour le journal the Engineer, Ilankine a écrit des traités pratiques qui jouissent encore en Angle- terre et en Amérique d'une grande réputation: nous citerons entre autres les traités de mécanique appli- quée (1 848), de machines à vapeur (1852), de génie civil (1802), etc., et un Traité théorique et pratique de la construction des navires, en collaboration avec Watt, Papier et Bames. Lorsque nous aurons ajouté que Macquorn Ran- kine avait de nombreuses occupations comme ingé- nieur consultant, on sera étonné qu'il [lût encore trouver le temps de s'occuper de recherches abs- traites. Une carrière aussi bien remplie, aussi féconde que celle que nous venons do retracer devait attirer à Ilankine des honneurs de tous genres : ils ne lui man- quèrent pas. Dès l'année 1842, il lut nommé mem- bre de la Société royale des arts d'Ecosse, et l'année suivante il était élu membre associé de Y Institution des ingénieurs civils. Ses travaux sur les gaz et les vapeurs lui valurent le titre de membre de la Société royale d' Edimbourg (1850), et cette même année il était désigné comme secrétaire local de la section des sciences mathématiques et physiques au congrès tenu à Edimbourg, par l'Association britannique pour l'a- vancement des sciences. A la suite des travaux de Rankinc sur l'énergéti- que, il fut nommé membre de la Société royale de Londres et reçut le prix Keitli, qui lui fut décerné par la Société royale d'Edimbourg. Enfin, en 1861, Hankine devint président de la PhUosophical So- ciety, de Glascow, et présenta à cette société, jus- qu'à la fin de sa vie, des travaux remarquables ; le dernier parut la semaine qui précéda sa mort. W. J. Macquorn Rankine fut atteint, en 1872, d'une maladie qui l'avait éloigné de ses occupations, tout en lui laissant l'intégrité de ses facultés intel- lectuelles. On pouvait espérer qu'il reprendrait bien- tôt ses recherches et qu'il pourrait mener à bonne fin plusieurs travaux qu'il avait entrepris, lorsqu'il fut enlevé brusquement par une attaque de paralysie ; il était âgé de 53 ans seulement. Telle fut, esquissés rapidement, la vie du savant ingénieur et de l'éminent professeur auquel la thermo- dynamique est redevable de quelques-uns de ses pro- grès. Nous regrettons de n'avoir pu insister davan- tage sur l'importance d'un certain nombre de ces tra- vaux et nous souhaitons que les indications que nous avons pu rassembler puissent être utiles à quelques- uns de nos lecteurs et leur donnent le désir de re- courir aux ouvrages onjisnaux. PISCICULTURE ET LA PÊCHE EN CHINE Pur M. P. Damu- de Thieiisant 1 . Après de longues années passées en Chine, après des voyages nombreux exécutés dans des diverses ré- gions du Céleste-Empire, M. P. Dabry de Thiersant, consul de France et savant distingué, a spécialement étudié la pisciculture chinoise, dont les méthodes, offrent un degré de perfectionnement que nous sommes loin de soupçonner. Non-seulement cet ob- servateur infatigable, dont il a déjà été parlé précé- demment (p. 378), a décrit les engins dont les Chi- nois se servent pour leurs pèches, les procédés qu'ils mettent en usage, mais il a étudié les innombra- bles espèces de poissons qui vivent dans les eaux de l'extrême Orient, et il a rapporté en France 850 es- pèces, dont une grande quantité étaient inconnues jusqu'ici aux naturalistes européens. L'ouvrage qu'il a récemment publié, avec le concours du gouver- nement français, est une œuvre capitale que, nous ne saurions passer sous silence, en raison des révéla- tions dont il abonde. « C'est aux Chinois, dit M. de Thiersant, que revient l'honneur d'avoir créé l'aqui- culture, c'est-à-dire l'art de faire produire à l'eau tout ce qu'elle peut fournir à l'homme d'utile et 1 1 vol. in-folio, fivoe bO |ilanclica ni fciillc-rtoucp. (i. Mas- I ton, 1K7n. 396 LA NATURE. de profitable à l'agriculture. Ce sont eux égale- ment qui ont inventé la pisciculture ou l'élevage artificiel des poissons domestiques. Au milieu des espèces si variées qui peuplent leurs eaux fluvia- les, ils ont su en distinguer un certain nombre auxquelles, en raison de leurs caractères physio- logiques, de leur conformation et de leurs instincts, ils ont cru devoir donner le nom de poissons de lu famille [Kia-yu). Ces espèces, que l'oz» retrouve dans les viviers de toutes les fermes, appartiennent au genre cyprin... Leur origine est encore inconnue. Les ouvrages d'iclithyologie chinoise disent qu'elles ont existé dans les grands fleuves de l'empire, où, suivant l'expression des pêcheurs, « elles sont aussi nombreuses que les étoiles au firma- ment, i) M. de Thier- sant indique les procé- dés, aussi simples que pratiques, que les Chi- nois mettent en usage pour élever les poissons domestiques , et il dé- crit les admirables dis- positions que les légis- lateurs ont prises pour protéger les habitants des eaux contre leurs ennemis, et pour assu- rer leur développement et leur propagation. « Hâtons -nous , dit-il , de suivre l'exemple du peuple le plus indus- trieux de l'univers ; et tâchons d'appliquer avec discernement à nos contrées le résul- tat de sou expérience séculaire. » La multiplicité des filets, des appâts, des engins de pêches employés par les Chinois, est vraiment ef- froyable ; lignes de fond, crocs en fer, éperviers de toute grandeur, de toute forme, sont maniés là-bas avec une habileté, une précision inconnues à nos pê- cheurs européens, — Au milieu des nombreuses descriptions de M. do Thiersant, nous choisissons quelques faits curieux, pris à peu près au hasard, car ils ne représentent qu'une bien faible partie des sur- prises que nous offre son bel ouvrage. La pêche aux cormorans, très-usitée en Chine, dans les lacs et les étangs où il n'y a pas de courants est d'autant plus attrayante pour nous, qu'elle pourrait très-bien s'exécuter dans nos climats; elle a été pendant quelque temps l'objet d'une pratique assez assidue en Angleterre. Voici les curieux détails que M. de Thiersant nous donne à ce sujet: Le cormoran est tres-estimé des Chinois pour la pèche. Ils lui donnent le nom de lou-sse; on le Fig. 1. — PÊchr. sus cormorans, d'après un dessin chinois trouve dans plusieurs provinces, mais on recher- che particulièrement ceux du Hou-nan et du llo- nan. Bien dressés à la pêche, le prix des cormo- rans est assez élevé et va jusqu'à 00 talels (160 ir.) la paire. Ce prix s'explique par les longs soins et. la patience qu'exige leur éducation. Les cormo- rans peuvent pondre à deux ans, et au moment de cet acte, qui a généralement lieu à la troisième lune, on préparc dans un endroit retiré et obscur, un nid de paille sur lequel la femelle vient pon- dre ses œufs, qu'elle couve presque toujours elle- même. L'incubation dure trente jours. Pendant les sept premiers jours, on donne aux oiseaux de la viande hachée très-me- nue qu'on leur distri- bue trois fois par jour et qu'ils préfèrent à toute autre nourriture. Néanmoins , après ce lemps, on ajoute à la viande de bœuf, des petits poissons. Le di- s sème jour, l'éleveur transporte les petits cormorans sur sou ba- teau , où ils prennent aussitôt place sur le perchoir commun, dont les bois sont garnis de chanvre ;" dès qu'ils sont assez forts, on les met à l'eau et on les laissequclques minutes au milieu de leurs aînés. Au bout de quel- ques semaines, ils sont déjà merveilleusement dressés à happer et re- cevoir au passage les petits poissons qui leur sont jetés du bateau. Ce n'est qu'a sept ou huit mois qu'ils sont bien dressés pour la pêche. On leur met alors autour du cou un collier de teng-tser. (rotin) pour les empêcher d'avaler le pois- son ; on leur attache à la patte una cordelette longue de deux pieds environ, et terminée par une flotte en bambou ou en bois. A un signal donné par le pêcheur qui est posté sur son bateau, la main armée d'une gaule fourchue de cinq à dix pieds de longueur, tous les cormorans plongent dans l'eau, cherchent leur proie, et quand ils l'ont saisie, reparaissent à la surface tenant le poisson dans leur bec (fig. 1). Le pêcheur accroche alors la flotte avec sa longue perche, sur laquelle monte aussitôt le cormoran, et, avec sa main retire le poisson, qui est jeté dans un filet. Lorsque le pois- son est très-gros, et pèse, par exemple de sept à huit livres, les cormorans se prêtent une mutuelle assis- tance, l'un prenant le poisson par les nageoires, un autre par la queue, etc. Les plus petits poissons qu'ils LA NATURE. 397 rapportent pèsent un quart de livre. Chaque capture est récompensée pur uu petit morceau de poisson, que l'oiseau peut avaler malgré son collier. 11 arrive souvent que les cormorans fatigués de ne rien prendre, ou bien par paresse, essayent de se reposer : alors le maître impitoyable, frappe à côté d'eux, l'eau avec sa gaule, et les pauvres oiseaux, ef- frayés ; s'empressent de continuer leur travail, qui n'est suspendu que de midi à deux heures. La irait, on les laisse dormir tranquillement. Cette pèche, qui n'est interrompue que par les grands froids, est assez productive; vingt à trente tousse peuvent prendre plus de six franc i de pois- sons par jour. Lu général, les pêcheurs aux cormo- rans sont associûs, et lus oiseaux , appartenant à chaque société, portent une marque particulière; on a le plus grand soin d'eux, et lorsqu'ils sont malades , on leur fait prendre de l'huile de sé- same. Les cormorans peu- vent rendre des services jusqu'à l'âge de dix ans. Les Chinois l'ont une chasse active aux oiseaux d'eau , et les procédés qu'ils emploient sont si bizarres , que s'ils n'a- vaient été sérieusement étudiés et vus de près, on croirait qu'ils sont l'oeuvre de l'imagination d'un conteur. Tantôt ils tendent à la surface de l'eau, de grands filets ver- ticaux, à. mailles larges, nommés me - îso-ouang. Lorsque les vols d'oiseaux viennent pour se poser sur la surface de l'eau, ils s'emmaillent dans les fi- lets qui sont flottants et y ig: 3 s'y prennent en grand nombre. Dans d'autres endroits, ils fout usage de sorte de trébuehets en filets , ye-yany- ouang qui sont tenus ouverts au " N '\* ACADEMIE DES SCIENCES Séance du 17 novembre 1873. — Présidence de M. iie QLAipp:t^i;t;s. M. Burdin. — La section de mécanique vient de per- dre le doyen de ses correspondants, 11. llurdin, ingénieur en chef des' mines, mort à Clermout-t'erraud, dans si quatre-vingt-sixième année, le 12 de ce mois. Le nom de M. Burdin est attaché à plusieurs grands progrès des sciences, (l'est à lui qu'on doit la première turbine, dont l'invention ne lui a rapporté que de l'honneur, tandis que d'autres, plus heureux, grâce à certaines améliorations de détail, en ont tiré, en outre, de grands profits. Mien avant Puncelet et Gorioiis, 51. Hurdin avait dans une quarantaine de pages remarquables déposé le germe de la théorie si féconde du travail. Enfin, il a l'antériorité sur M. Ericson, relativement à l'application de l'air chaud dans l'industrie : encore ici, comme pour les turbines, il n'a pas pu arri- ver à un résultat pratique, mais ses recherches n'eu ont pas moins été de la plus haute utilité pour la solution dé- finitive du problème. Fabrication de la bière. — Pour beaucoup de person- nes, l'événement de la séance a été la communication par M. Pasteur, d'un procédé de fabrication de la bière, par lequel ce liquide serait soustrait à toute chance d'altéra- tion. Ce procédé est fondé, comme celui du même auteur relatif au vin, sur la doctrine maintenant célèbre sous le nom de panspermii\ et d'aorès laquelle la décomposition et la putréfaction des substances organique? sont causées par des germes organisés arrivant par l'air. Nous n'entrons pas dans la description des méthodes indiquées par l'au- teur, parce qui: nous ne pouvons être convaincus de l'exac- titude de sou point de départ. En effel, M. Pasteur pose en fait qu'une décoction de levure de bière, abandonnée dans un ballon ouvert, mais dont le col étiré a été cou- tourné, peut subsister indéfiniment sans altération. Or, on nous a fait assistera des expériences faites rigoureusement suivant les indications de 1!. Pasteur, et dans lesquelles la levure devenait le siège de végétations abondantes. Celles- ci n'apparaissent d'ailleurs pas tout de suite; il faut d'or- dinaire plusieurs mois pour qu'elles prennent naissance, et quelquefois même plusieurs aimées ; mais leur possibi-_ lité met à néant le point de départ de M. Pasteur, et ruine par conséquent tout l'édifice qu'il construit sur cette hase. lin fer jnélèorique. — Au nom de M, Lawrence Smith, professeur à l'université de Louisville (Kentucky), M. Du- mas met sous les yeux de l'Académie une grande lame polie de fer météorique. Elle provient d'une masse volumi- neuse, découverte à Iloword, dans l'Indiana, en creusant un fossé de G0 centimètres de profondeur. C'est un métal analogue à l'acier, et renfermant de gros rognons de ce sulfure particulier de fer et de nickel qu'on appelle troi- hte. Ces rognons sont comme encadrés de phosphure, dit schreibcrile. M. Smith, en terminant son mémoire, se livre à certaines considérations relatives à l'influence du phosphore sur la solub lité du 1er, qui pourrait devenir peut-être le point de départ d'applications industrielles, mais qu'il faudrait, an préalable, soumettre à des études spéciales. Le phylloxéra plus fort que les botanistes. — Pendant très-longtemps les botanistes eut confondu ensemble les végétaux, d'ailleurs fort voisins, qui constituent mainte- nant les Igenres vitis (vigne), ampélopsis (vigne-vierge) et eissus. Or, il résulte des recherches de M. Maxime Cornu (pic le phylloxéra, beaucoup plus avisé, ne commet pas la même confusion. Si en le place sur une vigne, quelle que soit son espèce, il s'y iixe et produit ses rava- ges, mais il respecte les ampélopsis elles eissus. Dosaye de l'ammoniaque, dans l'air. — Déjà nous avons signalé un très-intéressant travail de 11. Truchot, sur la proportion d'acide carbonique contenu dans l'air à diffé- rentes altitudes. Lu même auteur a fait une étude analo- gue au sujet de l'ammoniaque. 11 trouve que Clfirmmit- l'errand doiuuiut, par mètre cube d'air, de milli- grammes d'ammoniaque, le sommet du Puy-de-l)ùme en fournit 3 milligrammes, et le sommet du pic de Siincy ï>,3. Le résultat reste le même, que le temps soit beau, ou couvert, ou pluvieux. C'est un résultat tout à fait imprévu et bien de nature à engager les chimistes à persévérer dans l'étude approfondie de l'atmosphère. Comme le fait remar- quer M. lilie de Dcaumont, les faits de cette nature mon- trent toute l'importance des observatoires établis dans les montagnes. Les résultats qu'ils fournissent constituent comme le cadre fixe où viendront se ranger les données procurées par les observatoires mobiles des aérostats. Le, maximum de densité do l'eau. — Un ingénieur très-distingué, M. Piarron do Mondésir, adresse une expli- cation, toute mécanique, du phénomène connu sous le 400 LA MATURE. nom de maximum de densité de l'eau. ÎS'ous craindrions, sur une simple audition, de ne pas rapporter exactement ce raisonnement, forcément très-délicat, mais le nom de l'auteur nous faisait un devoir de signaler ce travail à l'at- tention de nos lecteurs. Eraporation du sulfure de carbone, — Revenant sur le travail analysé en son nom la dernière fois, M. Decharnift émet des doutes quant à la composition des stalactites blanches produites sur le papier poreux sur lequel s'évapore le sulfure de carbone. On avait admis qu'elles consistent dans l'hydrate de ce corps, mais l'auteur incline plutôt à penser qu'elles sont purement et simplement formées du givre. Eu même temps il annonce avoir reproduit son expérience avec le chloroforme et même avec l'éther suif urique quoi- que plus difficilement. Sta.mslas Meiniek- — *-^<- — BARltEADX DE GRILLE a. cmcuLATiox d'eau. Nous empruntons à la Revue maritime et colo- niale les renseignements qu'elle publie au sujet d'un nouveau système de grilles, destine au ebaulfage de ■■■■■-':■:' p&3i&' !Rï «y>> p mmê : s Si» '•Âjk MglHHIEtSUn Si % .ïfsftS 1 11 : M ^ m& ïxn,éi jjfô s* Slï mêêë mmsmmmmmmm ïmmrnmgmmeimm IÇliiiiïiiiaiiï» l'eau d'alimentation des machines à vapeur. M. [î. J. Ellis, de Livcrpool, a imaginé une, circulation d'eau i travers les barreaux de grille. Le croquis ci-joint montre les dispositions qu'il a adoptées. Les ligures 1 et 2 représentent les barreaux en fonte dans lesquels on a ménagé deux canaux ; les ligures 5 et t eertaiu qu'il peuL être iacilemeiit acclimaté eu burope ; il vit en plein air, et ou en donnait plusieurs espèces originaires de l'Iudc, delaCliine, du Japon, et même de l'Àméii- ipie du Aord. C'est nu piètre M. Perny qui a intro- duit dans notre pays le ver à soie du chêne de la Chine, aussi M. Cuériu-Méneville, a-t-il cru devoir désigner cette espèce sous le uoin de bombyx l'ernyi. Ce ver à soie vit dans le nord de la Chine où le climat est tout à l'ait comparable au nôtre ; il se déve- loppe encore dans l'Inde, où il donne la suie Tussah, d'une solidité exceptionnelle, qui produit ces fou- lards si estimés par leur extraordinaire solidité. L'es- (.4Uf t,\.wç*g£> Via' à 5010 du r.liino (Yamu-iitat). Yatuti-mtu tompliHuLiuail clc - » eli-Niiu':. (Urytid<;ur naliu'iil fi.) — 1, Juuni: ver groî&i. — 2. (Euf grossi. peee du Japon que M. Cucriii-Méueulle a appelée Yaina-Mai, est également digne d'intérêt; elle a été ititioduite déjà dans plusieurs contrées européennes, où elle convertit les mutiles feuilles des chênes, en une substance textile des plus précieuses. ! Déjà sous l'impulsion de M. Cuériu-lléiicvila', le Yania-Maï a été adopté en France, en Autriche et en Angleterre. Il nous saillira de citer les noms de MM. Lamotte-Uaraie, de Milly, l'ersonnat, Maumcnet, de Saulcv, etc., qui dans noire pays ont donné une véritable extension à la nouvelle culture. Eu Autri- che, M. le baron de Bretton, a obtenu à la troisième génération, 4,000 cocons et 5(10, 000 oeufs du nou- veau bombyx, JIM. Wallaee et AYnrd de l'autre coté ' Vny. p. ."'0. de la Manche, ont commencé avec activité l'exploita- tion forestière des rliênes de leurs domaines, par la culture de V Yama-M<û. 11 suffit d'avoir jeté les yeux sur les produits exposés au Congrès des Orientalistes, pour se rendre un compte exact de la valeur de la soie produite par le ver du chêne. Nous avons vu là quatre petits châles brochés du plus bel aspect. Us provenaient du llom- bijx l'ernyi des eultnies du roi d'Italie qui a singu- lièrement encouragé la nouvelle exploitation. C'est dans son domaine de Mandria près Turin, que S. M. Yictor-riminauuel, a fait entreprendre par 11. ComLa de sérieuses expériences d'élevage du nouveau ver à soie. Du reste en ce moment même, M. (Juérin-Ménc- ville, effectue avec le plus grand succès, une éduca- tion de cette espèce à son laboratoire séricole de I\o- . 20 i0'2 LA N'A TU IÏI geul-siu'-Marne. Il a plac' 1 à l'exposition dos (hienta- listes, tlt;s bouquets il' chêne, couverts de ce nou- veau vi' à >oii- tjiii', le publie ne s'est lassé d'admirer, et qui offre pour la franco un inférât d'autant plus grand, qu'il est sust'i.'pt ihle de se iiounii', non-seule- ment du chêne, mais du châtaignier, si abondant sur notre sol. Nous ne décrirons pas toutes les espèces de ver à soie du chêne; nous parlerons seulement de celle qui est la plus Usitée au Japon son-, le nom de Yanin- Mtiï. L'œuf du \ ama-Maï est rond de forme aplatie, d'un brun [il us ou moins fonce et couvert de granu- les noirs. Son plus grand diamètre est U ,u ,00j, niais son épaisseur varie suivant l'état d'incubation où il se trouve ce qui le rend plus ou moins aplati. Nous représentons cet œuf grossi à la droite de notre gravure ( L 2), et de grandeur natu- relle surlai'cuille de chêne placée à la partie infé- rieure du dessin. l'es que le jeune ver est sorti, il acquiert rapide- men l, par son contact avec l'air, un volume supé- rieur à celui qu'il avait dans l'œuf. l'eu de temps après , la jeune chenille est déjà longue de 0"', 007 comme ou le voit surnofro gravure, où nous l'avons figurée, à coté des (mis. Sa tète, le premier segment tlioraciquc et les pattes l'caiHeuses sont d'un roux couleur d'acajou, sans tache, et le reste du corps est d'un jaune doré couleur de gomme-gulte. Tous ces segments à par- tir du deuxième jusqu'au onzième, sont parcourus par cmq lignes longitudinales noires qui se déta- chent très-nettement en rayities distinctes. Au bout de ce premier âge qu i dure seize jours, la chenille après son premier changement de peau, est longue de 0"',01ii, sa couleur e, de long ; notre gra- vure eu reproduit exactement l'aspect, à la partie supérieure du dessin. La couleur de celte énorme chenille est à peu près la ni une que celle des feuil- les dont elle se nourrit. A ce moment qui est son cinquième âge, lu che- Li^iiiUw du 1 tima-wtUi U'^im-^ii iitiUuur uiilun:i nilledii I'. 1 ama-Uiï, ne tarde pas à commencer son cocon; elle réunit deux feuilles avec quelques (ils, qu'elle a pris soin d'attacher à la branche par de minces cordons, fille se nourrit alors des plus ten- dres rameaux qu'on lui donne, contrairement à ce que l'on observe chez les autres vers à soie, puis elle se vide, rend une grosse goutte de liquide transpa- rent et se met à filer. La chrysalide qui est le sixième âge de la chenille, est contenue dans un cocon fermé. Pour l'ouvrir elle est pourvue à sa partie antérieure d'un réservoir de liquide dissolvant qui a la propriété de ramollir !a soie du cocon et qui permet au papillon de su frayer un passage pour en sortir. Le cocon du 11. Varna-Mal offre une grande ressemblance avec celui du ver à soie du mûrier; les Japonais; les dévident très-facile- ment et en for- ment une soie, belle grége , qui ressemble à s'y méprendre à celle du ver à soie du mûrier. Si l'on aban- donne le cocon à lui-même, après un repos de cin- quante jours, le papillon éclôt. Le bombyx du i amti-Maï , dont présente en demi- grandeur un in- dividu femelle, à où lé de son co- con, estd'un beau jaune d'or vil, ti- le corps (pie sur ran t nu peu à l'orangé, tant sur les ailes. Sa tète est d'un jaune roussatre avec les antennes un peu [il us pâles, allongées, à barbes courtes. Le dessous des ailes est brun et semé de points grisâtres. Ces espèces de vers à soie dont nous venons de parler, ne sont pas les seules que l'Orient puisse nous l'ouï nir ;\v J boinb)jx de répine-viiielte,qiii vient de l'Himalaya, celui du ricin , cultivé dans divers districts de la Chine, sont susceptibles de nous four- nir de xérilables sourcs de richesses. .Mais malgré l'initiative d'hommes intelligents, malgré les exem- ples fournis par quelques propriétaires émériles, il est probable que des années s'écouleront, nom- breuses encore, avant qu'on sache tirer profit de ces espèces utilisées sous d'autres latitudes. fspérons toutefois ipie la soi' des nouveaux boinbxx, ne reu- rniilrira pas pour s introduire eu franco autant du ré- sistance ipie celle du ver à suie du minier. L'intro- duction de finduslric de la Niie date eu franco du quinzième siècle ; la culture du mûrier et l'éduca- tion des vers à soie ne reçut cependant une hnpul- LA NATURI 403 sioii vraiment scritiiise que sous lo règne d'Henri IV, c'est-à-dire un siècle après environ, lui 1003, l'ar- thélemy Je Lai'femas, valet de chambre du roi, pu- blia une brochure qui contribua singulièrement à répandre les notions, propres à favoriser le dévelop- pement de l'éducation des vers à soie. Cet opuscule intitulé : La preuve du plant et profit des mûriers, valut à son auteur des lettres de noblesse et le Litre de contrôleur général du rnvnumc Quelques temps auparavant lu Théâtre il ' agriculture d'Olivier de Ser- res, avait déjà vulgarisé l'usage des plants de mûrier et des vers à soie qui s'en nourrissent. »<>* LES PIERRES QUI TOMBENT DU CIEL [Suite et lin. — Yoy. p. il, 1TO, 521, 3o'J,)" On a vu dans notre précédent article, que les météorites constituent des roches aussi variées que les roches terrestres. Or, supposons que sur mi au- tre astre, on recueille des échantillons des diverses roches terrestres, exactement comme nous recueil- lons ici des météorites. La question qui se pose est celle-ci ? Ces roches terrestres oiiL-elles dans leur substance des caractères tels qu'on en puisse con- clure qu'elles dérivent d'un gisement commun? Si l'on vent, pourrait-on conclure de leur élude qu'elles ont eu ensemble des relations stratigraphiques? Remarquons tout de suite qu'il ne suffirait pas de trouver des échantillons rigoureusement identi- ques entre eux pour qu'on fût autorisé à dire qu'ils sont compatriotes. 11 n'y aurait en effet qu'à supposer l'exercice des mêmes causes dans des points différents de l'espace pour rendre compte de l'identité de masses qui pourraient n'avoir eu aucunes relations mutuel- les. Mais, parmi la série des roches terrestres, on trou- verait bien vite, outre les roches homogènes, des masses bréohoïdes, c'est-à-dire formées par !a ei- Hientation de divers fragments appartenant à des es- pèces différentes de roches monogéniques. KL l'étude de ces brèches serait au point de vue qui nous oc- cupe, extrêmement instructive. Ainsi, on trouve dans les Pyrénées une brèche dont les fragments agglomérés se rapportent à des espèces lithologi- ques très-différentes les unes des autres. Dans un échantillon moins gros que le poing on reconnaît aisément du granité, du talcschiste, du phylladc, du calcaire, etc., !c tout à l'état de fragments angu- leux fortement cimenté par une substance argileuse. Il est bien évident que le géologue extra-terrestre qui étudierait cette brèche serait assuré qu'elle pro- vient d'une localité où existaient à l'état de forma- tions distinctes du granité, du talcschiste, du phjl- lade et du calcaire. Il aurait la preuve du même coup que dans ces localités où les diverses roches se se- raient formées, il y aurait eu développement des ac- tions géologiques que nécessite Sa formation des brè- ches; c'est-à-dire, eoneassement de ces diverses ro- ches, charriage et mélange de leurs débris, puis enfin cimeutation de ceux-ci. Ces conclusions seraient bien justes, n'est-ce pas, puisque nous voyons dans les Py- rénées, où nous pouvons aller, que cette brèche est réellement en relation avec les assises de roches dont les débris ont concouru à sa formation. Celte même découverte de relations st.ratigraphiques de roches non observées en place pourrait résulter aussi de ce fait qu'il existerait entre des types très-nettement différents, des passages tnïnéralogiqucs insensibles. Do ce que, par exemple, le granité passe au gneiss par les transitions les plus ménagées, il résulte que ces deux roches se sont formées dans des conditions très-voisines et doivent se trouver en contact : c'est cequialieu. L'nfin, pour borner nos exemples aux cas les plus saillants, il est clair que si notre géologue reconnaissait qu'il peut pat" certaines manipulations de nature à être reproduites dans la nature, trans- former certains types do roches en d'autres types, il en conclurait que ces derniers dérivant des autres, supposent l'existence antérieure de ceux-ci et pro- viennent eouséquemmonl du mèiuo gisement. Ainsi, trouvant que la craie blanche peut sous l'action de la chaleur passer à l'état de marbre blanc comme ce- lui d'Aiitrnu, il serait sûr que celui-ci est le produit d'une transformation de la craie et en conclurait de la manière la plus indubitable que la craie et le mar- bre proviennent du même gisement, ce qui est vrai. Eh bien, ces différentes circonstances se sont présentées dans l'étude dos météorites et, connue nous allons essaver de le montrer, on est en droit de dire que celles-ci sont des fragments qui, mal- gré la grande distance qui les sépare, ont élé jadis en relations stratigraphiques. En effet, beau- coup de météorites sont broc-Informes. Celle que représente la figure 1, tombée le 50 novembre 1866 à Cangas de Onis, près de Santander eu Espagne, est dans ce cas. Les fragments blancs qu'elle renferme en si grand nombre sont formés de la roche oolilhique que nous citions l'autre fois comme étant tombée à maintes reprises et par exemple à llontréjcau (Haute-Garonne), en 18158; la partie sombre dans laquelle ces fragments sont empâtés est identique à la roche tombée entre autres circonstances à Liineiiok (Irlande). D'après ce que nous disions des brèches terrestres, il est clair qui: la météorite de Cangas de Onis démontre les relations stratifiques pour les roches représentées respective- ment par les chutes de llontréjcau et de Limcrick ; et comme les trois types de Cangas, de llontréjcau et de Limcrick comprennent chacun un grand nom- bre de chutes différentes qui les ont fournis à di- verses reprises, ou voit que beaucoup do météorites regardées jusqu'ici comme distinctes, se relient Jes unes aux autres. Mais l'exemple de Cangas de Onis n'est qu'un cas entre autres. Il est des météorites bréohiformes, telle que celle recueillie eu I8(i(j, à Sahit-Mesmin, dans le département de l'Aube, qui renlèrment des frag- ments non plus de la roche oolithiquede Montréjeau, mais de la roche finement grenue dont le type est 404 i,A .NAIL'Uli. tombé lors de l'explosion historiquement célèbre de [ Lueé (17tj8), et qu'un nombre considérable de chu- tes ont fourni depuis. Dansées brèches l;i rochede Lueé est associée, comme tout à l'heurcecHe de Mniitéjeau. à la pierre sombre de l.iiiienck, et celte identité des pâtes ferait déjà pressentir les relations mutuelles de ces deux groupes de brèches, sid'autres observations n'étaient là pour les démontrer. In fait beaucoup plus frappant encore est fourni par l'étude, de la météorite tombée le 28 février 1857, à l'arnalléa, dans l'Inde, licite roche fournie d'ailleurs par d'autres chutes se présente comme une espèce de ] dingue, duul. le.s grains se rapportent à au moins .sept types htliulogiques distincts et parfui- teuicjiL caracléri es. Trois de ces hues sont repré- sentés, cidre autres, pur les chutes de Tadjera, Algé- rie (i 800), de Clntssigny (Haute-Marne, 181,'j) et de iii>hopville (Ltats-L'iiis, 18'iû). Les quatre autres i, 'ont pus encore été signalés à l'état de météorites dis! iules et ont, par conséquent ., ce très-vif intérêt do nous permettre de pressentir l'arrivée plus ou moins prochaine de Ivpes qui n'ont pas été observés jusqu'à présent. D'un autre coté, ks passages iniuéralogiques cités tout à l'heure, connue indiquant les rapports stratigraphiques de roches terrestres, se retrouvent parmi les météorites et. démontrent des liaisons ana- logues. Ainsi, les roches déjà mentionnées' de Lueé et de Montréjeau, qui diffèrent surtout l'une de l'au- tre par la structure globulaire de cette dernière, trouvent d ois la pierre de Forsyth, aux l.lats-1 nis, . ' ■'•;; Fi^. 1.- Iti.LLiLii, nLiusiuuia i: lomijée , le T>0 umembi'c 18GG, .î Cui^nt ik (lui*, provinon de SEinLiindcr, en M^iutiie, i-t t:o u ^î^ Lli h t i lï^meiit^ IiIjiic^ i\e iiiouïtiJaUf tjiiuriités |iac ujjo ^mLii iginxu de lïtncrickilt' . [Ik'.ux ucis du h ^rauduur ualLiriilli;.) un intermédiaire ménagé. Cette transition entre les météorites libres se retrouve entre les brèches qu'el- les peuvent donner et Ja météorite trouvée à Assam, dans l'Inde, eu 18'iu, se rapproche autant des brè- ches du type de Cangas de Oms que de celles du tvpe de Saint-Mesmiu. De même la météorite tombée à Ohaba, dans le. Skbeiibourg, en 18.">7, établit un pas- sage entre les pierres du .Montréjeau et de Linierich ; de même la météorite de Dolgowola, eu Yolhj nie (2o juin 18(54), relie entre elles les masses d'Au- male, Algérie) et de Lueé, etc. Tout à l'heure, à propos des roches terrestres, nous citions comme décelant des relations slratigta- phiques la transformation arliiieielle de certaines pierres en d'autres pierres. Celle transformation que l'on appelle métamorphique peut se reproduire par- mi les météorites où elle donne lieu aux mêmes con- séquences. Le premier fait connu de ce métamorphisme uié- téuritique a démontré, d'api es les considérations pré- cédentes, la relation stratigraphiqne de trois types extrêmement importants de roohei extraterrestres. Le premier, représenté par la chute d'Auinale (Algé- rie), consiste en une roche grise, cohérente, très- dure, dont li cassure rappelle celle de certains grès. Ou y distingue de petites grenailles métalliques, sur- ; tout sur les surfaces |iolies,etl'analvse v décèle l'exis- i lence de minéraux magnésiens, les uns soluhles dans i le.i acides, comme le peridol, les autres insolubles, roiiirno le pjroxène ou l'amphibole. Le deuxième type est représenté, par exemple, par la pierre tombée en Vendée, à Chantonnay, le 5 août 1812. C'est encore une roche grise, mais traversée eu tous sens par de larges marbrures parfaitement noires, dont l'étude a longtemps préoccupé les chimistes cl que Vauquelui avait analysées sans succès. Lu compo- sition chimique de ce type e;t semblable à celle du précédent malgré la différence d'aspect. Liifiu le troisième tvpe se distingue encore bien davantage de la pierre d'Aumale. C'est une pierre, toul à lait noire compacte, très-dure, prenant bien le poli. D'ail- leurs, l'analvse fournit ici encore les mêmes résultats que précédemment. Ce type est tombé à Tadjera (Al- gérie) en 1807. L'h bien des c .périmées très-simples I.A NATL'PR. 40r mit, mnnlré que la pierre du Tadjera n'est antre chose que le résultat du métamorphisme de lu pierre d'An- nale, exactement comme le marbre d'Anlrim est le résultat du mélaniorpliisme de la cr;ue. Prenez un morceau do la pierre grise d'Aumale et, à l'abri du contact do l'air, portez-le à la chaleur rouge; au linut d'un temps convenable, etaprès refroidissement, vous constaterez qu'il s'est transformé dans la pierre ne ire de Tadjera, avec tant de perfection qu'il est impossible de l'en distinguer, de quelque manière que l'on s'y prenne. Cela posé, il est évident que la roche de Tadjera n'a pu se produire que là où il y avait déjà de la ro- che d'Aumale et, par conséquent, que ces(leu\ types proviennent d'un même gisement originel où ils se trouvaient en relations strafigrapliiques. Quant à la pierre de. Cliantonnay, avec ses marbrures noires, on s'assure qu'elle représente le produit du métamor- phisme, incomplet do la roche d'Aumale. Celle-ci chauffée, comme il vient d'être dit, avant d'être en- tièrement métamorphosée en pierre de Tadjera, passe par l'état de pierre de Cliantonnay; et l'on voit que cette dernière pierre démontre les relations strati- graphiques. des deux autres types de deux manières différentes, savoir : en décrivant de l'un d'eux, par transformation métamorphique, puis eu établissant entre eux un de ces passages minéralogiques qui nous occupaient tout à l'heure. Ce que nous venons de dire, pour les trois roches compactes d'Aumale, de Chanlonnav et. de Tadjera, nous pourrions le répéter mot à mot, pour les trois roches oolithiques de Monfrejcau, de lirlaja-Zerkwii t tomliée, ,i Tudjera (Aliri'rie) ^ous forint de uiéLéonte, et <]iu r^ulle du mi'ininiorplii^me de h roche gru-n reprr^-eiHéo , par exemple, par l;i im'téorile d'Amiiale (Algérie). — (Deux tiers de h t;r:iiideur nutore] loV. de Shiwropol; la seconde est le résultat du méta- morphisme incomplet de la première ; l'autre est le résultat de sou métamorphisme total. 11 faut remarquer, à cet égard, que les expériences sur le métamorphisme- météorique ont permis do réa- liser, pour la première l'ois la reproduction artili- cielte de certains types de météorites : les pierres ne ChaiitoniKiy et de Tadjera, d'une part et les pierres do iJelajn-Zerkwa et de Sfrawropol, d'autre part, ont été imitées dans tous leurs détails, les premières au moyen de la pierre d'Aumale et les autres nu moven de la pierre de Montréjeau, Nous verrons que, depuis et toujours dans la même voie, ou est arrivé à repro- duire la pierre do Tadjera, au moven d'une roche ter- restre appelée serpentine. C'est à la l'ois à l'examen des brèches et à la dé- couverte du métamorphisme météoritiqm: que se rattache l'étude d'un fer très-remarquable, reproduit, dans notre figure il et qui a fourni des données très- précieuses pour la stratigraphie des roches extra- terrestres. C'est le fer dérouvert, en 1800 dans la cor- dillère de Deesa, près do Santiago du Chili. Comme on le voit, par la ligure, (''estime masse métallique renfermant à l'état de dissémination des fragments anguleux d'une roche noire de nature essentielle- ment pierreuse,: c'est donc une brèche, mais d'un genre tout différent de celles qui nous occupaient il n'y a qu'un instant. Une étude minutieuse de, ce fer montra que les fragments pierreux sont rigoureusement identiques à la roche de Tadjera, citée déjà tant de fois, l'ourle fer, le résultat, lut un peu plus compliqué; chimique- ment ce 1er est semblable de tous points au fer de. Caille, figuré dans un précédent numéro, mais pour la structure il n'en est pas du tout de même. Traité suivant la manière indiquée on ne peut pas eu obte- nir les ligures de Widmannstadten, que le fer Caille donne si nettement, comme on se le rappelle: à ce point de vue le fer de Deesa, malgré sa composition qui admet du nickel, et les autres éléments météori- m .À NATIJUIv tiques, se comporte pluli'il, comme 1p fer terrestre. D'un autre côte, ou fait ilispaïaUrc. complètement la différence m question, si avmt do soumettre le fur do Cii.illc à l'e.xju'rirtici» de WidmamisUnltrii, on le fuit fondre pnuL 1 le laisser ensuite refroidir très- lentement, l'ar suite de celte fusion, le fer météori- que, sans changer de composition, perd sa structure reeonnaissable aux acides et acquiert Ai'> lors tous lus caractères du fer de Deesa. C'est une espèce de métamorphisme. De façon que, dans le fer de Deesa, les fragments pierreux résultent du métamorphisme de la pierre d'Ainuale et lofer du métamorphique du 1er de ("aille. A part les conséquences qui résultent de ces laits, quant aux relations slraligraphiquos, il faut, bien remarquer qu'ils nous révèlent parmi les météorite* des actions géologiques dont on était lneu loin de se doutei' et qui établissent entre ces roches et les ruasses minérales terrestres une analogie in- time. [tu effet, il n'y a qu'une manière d'expliquer la for. ination du fer do l)eesa, dont la nature complexe et les détails de structure sont si remarquables. C'est de- voir le premier échantillon qui ait été signalé d'un lilon érnplif extra-terrestre tout semblable, à la na- ture près, aux dyKes de porphyre et de basalte que renferme en si grand nombre l'éeoree de notre globe. Kvideiiiment du fer de Celle, préalablement fondu, a été injecté au travers d'assises superposées et frac- li 1 ^ un<^ pur le^ autres dans lu mrUWmU) tocohi' n. 11' \ juin 1S1"2, ;l AuumTCi; ULmitl"). (Demi-^raTuli.'Pir naturi'llc.) turées de roche d'Aumale qui, sous l'inlluence, de la chaleur, s'est transformée, on roche de Tadjera et s'est trouvée empâtée en fragments dans la pâte mé- tallique, comme, des débris de gneiss, par exemple, sont, si souvent empâtés dans les filons de granité. JNous allons revenir sur ces faits importants qui montrent dans le gisement originel dus météorites faut d'analogies avec la terre elle-même, mais avant, et pour résumer ce qui précède nous dirons rpu: dès aujourd'hui il y a plus du. vingt types distincts de roches météoritiques pour lesquels est faite la preuve des relations strutigraphiques. Les méthodes qui ont concouru à cet te démonstration et sur lesquelles nous ne pouvons insister, sont, très-nomhreusoset leur con- clusion commune est d'autant moins attaquable. Il eu résulte que. l'on est, en droit de constituer à proprement, parler une qrolofjin des météorites, qui, dès maintenant, a fourni des données intéressantes. Kilo consiste à déterminer lo rôle géologique de, di- vers types météoritiques comparés aux roches terres- tres, et, comme résumé de ces études, à tenter la restauration du globe d'où proviennent les roches cosmiques. Déjà nous venons de voir, par l'exemple du fer de Deesa, qu'il y a dos météorites éruptives. Et notons en passant, que les fers, d'ailleurs assez nombreux, qui ne donnent pas do figures par l'expérience, de Widmnnnstiotlen peuvent être, considérés, d'après ce qui précède, comme des échantillons de filons en- tièrement métalliques. D'un antre coté des études spéciales ont montré que la pierre de Chantonnay re- présente, à l'inverse ^]n type de liions complètement, pierreux. Il y a donc parmi ces liions cosmiques au moins autant do variété que parmi les liions terres- tres. Sur la terre, les éruptions de roches supposent toujours l'existence antérieure Au failles, c'est-à-dire de, foules mettant ou communication l'intérieur du globe, avec l'atmosphère. Ces failles se reconnaissent, souvent au rejet qu'elles ont fait subir aux roches qui constituent leurs deux parois; ces roches d'abord LA NATURE. 407 en continuité, sont écartées verticalement de quu.nl.i- tes qui peuvent être considérables. Do plus lu sur- face de ces t'ailles montre les traces de frictions éner- giques; elle est polie, cannelée et striée. De. même les météorites présentent, dans une foule de cas, des failles véritables avec rejets et polissage. La ligure 3 montre par exemple un fragment delà chute d'Au- mières (Lozère, 4 juin 1H12), où une faille en re- coupe une autre, qu'elle rejette de plusieurs centi- mètres. Cette secondi! faille se présente en haut, à gauche de la figure, dans une situation à peu près horizontale, et se continue en bas. à droite, parallè- lement à sa première direction, mais descendue par la grande faille oblique, à plus de cinq centimètres. La pierre d'Amnières est constituée justement par cette roche grise dont nous avons parlé, comme fournie par la chute d'Aumale, et qui jouit de la cu- rieuse propriété de devenir noire sous l'inll uence de la chaleur. Or, on conçoit que les glissements qui ont eu lieu h; long des failles et en ont poli les surfaces, ont du développer de la chaleur: il en résulte que les points voisins de ces surfaces ont subi un vrai métamorphisme qui, de gris qu'ils étaient, les a co- lorés eu noir. Aussi les failles apparaissent-elles, do loin, comme de fines lignes noires tracées à la plume. l'in comparant divers échantillon': on voit que plus les rejets sont considérables, et. par conséquent plus l'effort mécanique a été grand, plus la ligne noire est épaisse. Son épaisseur permet donc de se faire une idée de l'énergie des actions dynamiques subies par la pierre ; et la roche grise d'Aumale et d'Au- mièros nous apparaît comme une sorte de thermo- mètre extrêmement sensible de nature à rendre de grands services dans l'étude des météorites. Far exemple, nous avons vu, dès le début de ces études, que l'intérieur des masses météoriliques est extrêmement, froid, imprégné du froid de l'espace. Eh bien, grâce, aux remarques précédentes, relatives au métamorphisme météoritique on peut se deman- der si la mesure de la température, jusqu'ici incon- nue de l'espace, n'est pas de nature à devenir l'objet d'une mesure expérimentale. Les météorites , on effet, permettraient peut-être d'en faire un cas par- ticulier do la méthode des mélanges. 11 suffirait de les refroidir assez pour qu'une application subite de chaleur à l'extérieur reproduisît la croûte noire et mince, pour qu'on fût eu mesure d'apprécier la tem pérature qui règne dans les régions interplanétaires. Mais ce sujet est encore trop vague pour que nous y insistions davantage. i'iovenons aux phénomènes géologiques dont les météorites nous oll'renl des traces. Les failles terres- tres sont très-fréquemment remplies par dus miné- raux concrétionnées dont l'ensemble constitue les filons métallifères. Chez les météorites, on retrouve des filons de même nature, filons qu'il ne faut pas confondre avec les filons éruptifs cités tout à l'heure. Le fer doPallas, représenté dans un précédentarticle, constitue un type des plus nets de filon météoritique concrétionué. Il contient, comme on se le rappelle, des cristaux do pérldot, noyés dans une sorte d'é- ponge métallique. Quand on scie cette météorite pour la soumettre ensuite à l'expérience de Wid- mamishetten, on reconnaît que la matière métallique s'est concrétionnée lentement autour des cristaux pierreux, exactement comme dans certains filous terrestres où l'on voit de la galène déposée peu à peu sur des cristaux entiers ou brisés de barvtine. l.'n autre exemple, peut-être plus instructif encore, est. fourni par le 1er du désert d'Atacama, eu Bolivie, qui consiste aussi en une éponge ferrugineuse enve- loppant des fragments pierreux. Ici, ces fragments ne sont plus des cristaux, ce sont des débris irrégu- liers de la roche que nous avons citée sous le nom de (limite, ci qui consiste dans le mélange du péridot granulaire avec le fer chromé. Cette météorite, au point de vue des actions auxquelles elle est due, et du mécanisme de sa formation, est la reproduction rigoureuse do certains filons du llarz, appelés par les mineurs filons en, cacardas, et qui consistent dans des fragments irréguliers de roches schisteuses, en- veloppées de couches concentriques de divers miné- raux eonerétionnés tels que le quartz et la galène. Enfin, c'estaussi sur les failles que prennent nais- sance, dans l'écoree terrestre, les phénomènes vol- caniques. Sans affirmer qu'il y ait eu, parmi les mé- téorites, de véritables volcans, on no peut contester qu'il n'y ait plusieurs roches cosmiques identiques à celles qui sur la terre ne se rencontrent que parmi les éjections débouches ignivomes. Du nombre sont les météorites alumiueuscs, comme celle de Juvinas et dc.loiuac, tout à fait identiques à certaines laves et, par exemple, à celles de certains volcans islandais. — Oit peut citer aussi la météorite singulière tom- bée en 18im, à Igast, en Livonie, et qui est sembla- ble à une ponce quartzifère. — On peut citer la météorite de Chassigny, Haute-Marne (-1815), tout à fait pareille à la dunite, si fréquente à l'état de frag- ments empâtés dans les basaltes de l'Ardèchc et de l'île llourbon. — Enfin, on peut ajouter que les mé- téorites charbonneuses manifestent des analogies in- times avec certaines matières bitumineuses d'origine volcanique. En résumé, les météorites offrent au géologue : Des roches normales ; Des roches élastiques (brèches) ; Des roches métamorphiques ; Des roches éruptives; Des roches lilonniennes concrétionnées. Des roches volcaniques. On ne peut qu'être frappé de l'analogie que pré- sente tout cet ensemble avec celui des roches ter- restres. En outre, comme conséquence nécessaire de ce rapprochement, on est conduit à se demander si les masses cosmiques, dont nous venons d'étudier les principaux caractères, n'occupaient pas, dans ce gisement commun d'où elles dérivent, des positions relatives analogues à celles qu'affectent les roches terrestres dans l'épaisseur de notre globe. Mais c'est 408 LA NATCHK. lu un nouveau sujet d'éludé qui demande à être traité à part et que nous n'aborderons pas aujour- d'hui. Stanislas Mecsier. ■»<•«- L'EUCALYPTUS GLOJIULUS Une question d'un 'puissant intérêt, l'assainisse- nient des terrains marécageux au moveii de planta- tions d'Eucalyptus globulus vient d'être traitée dans la séance de l'Académie des sciences du lô octobre dernier ; !e moment nous semble doue propice pour donner quelques détails sur un arbre dont les qua- lités multiples n'ont été appréciées en Europe que depuis une vingtaine d'années. Déjà grâce aux efforts infatigables de M. Ramol, on est parvenu à l'acclima- ter dans le sud de la Franco, en Algérie, en Corse, eu Espagne, à Cuba et au Mexique ; et les immenses avantages que l'on a retirés de la propagation de en végétal nous donnent lien de penser que sa culture ne tardera pas à s'étendre dans tous les pavs chauds. Originaire, de la Tasmanie, où il a été découvert en 1792, par La Hilhirdière, pendant le, voyage, à la recherche de l'infortuné La Peyrnusso, l'Eucalyptus globulus, par sa beauté, sa solidité et sa hauteur, qui n'a vraiment de rivale que celle du Wellingtonia de Californie, par les services de tout genre qu'il est appelé à nous rendre, méritait d'être plus rapide- ment connu de nous. Nous empruntons aux Fraifmenia phijto(/rnpkif.B nustraliœ, du savant directeur du jardin botanique de Melbourne, le docteur Muller, une description dé- taillée de cet arbre magnifique : « L'Eucalvptus globulus, de la famille des Mvr- taeées, est un arbre très-élevé, à rameaux tétragoues au sommet. Ses fouilles le? plus jeunes sont subcor- diformes, opposées; les autres alternent, diversement péliolces , coriaces, uni-colores , comme vernies, aiguës et souvent un peu contournées eu faux depuis la base, ou étroitement, lancéolées, allongées en 11111- crone et couvertes de nervures pennées, saillantes; les nervures de la circonférence sont éloignées des bords. Les boutons floraux sont pruinoux, \erru- quenx, ridés ou presque lisses , à double opercule. Le tube du calice est souvent hémisphérique ou pyramidal, turbiné, anguleux ou pourvu de cèles rares égalant presque la longueur de l'opercule inté- rieur , déprimé hémisphérique ou subitement en forme de bouclier depuis le centre. Les filets des éta- mines sont allongés, les anthères subovales. Leurs fruits grands sont souvent hémisphériques ou dépri- més, turbines. Us ont \, 5 à 3 loges; le sommet de la capsule est élevé et un peu convexe. Le tronc dont les lames corticales extérieures (comme chez le pla- tane) sont souvent détachées, est lisse et cendre, n Cet arbre d'une rapidité de croissance extraordi- naire est connu sous le nom de gommier bleu de Tasmanie (Tasmanian Mue qum tree) à cause de ses feuilles d'un vert bleu opaque. Poussant dans les vallées et sur les versants humides des montagnes boisées, il atteint souvent fiO à 70 mètres de hauteur avec 10, 15 ou 20 mètres de circonférence à la base et plus rarement 100 mètres avec 28 mètres de cir- conférence. Son bois droit, régulier, n'a comme du- reté de rivaux que les bois de taun et do teck, sur les- quels il l'emporte en ce sens qu'il est respecté par les animaux xylophages, grâce à la substance aromati- que dont il est imprégné. Enfin, lorsqu'il est exposé quelque temps à l'air, il devient incorruptible, il est alors utilisé pour tous les travaux maritimes tels que digues, jetées, quais, etc.; on en l'ait aussi des tra- verses de chemin doter, des poteaux télégraphiques ; enfin, la plupart des baleiniers d'Ilobart-town et des steamers entre, la Tasmanie et l'Angleterre sont eu Eucalyptus. L'exportation de ce bois, dit l'habile jar- dinier de la ville de Paris, M. André, s'est élevée il y a quelques aimées à Van Diemen à plus de 800,000 li- vres sterling, soit 20 millions de francs. L'n des ces arbres qui avait 97 mètres de haut et dont les pre- mières branches se montraient à (iô mètres, a été vendu, étant débité fi, 140 francs. L'exposition lie Lombes en a vu deux troncs énormes, et des plan- ches de plus de 2' mètres de longueur sur r>"',50 de large et de m ,08 d'épaisseur envoyées par le capi- taine Goldsiuith sont arrivées en Angleterre. Il ne faut pas que nous songions pour notre part à obtenir des résultats aussi merveilleux, la différence ie tem- pérature est trop grande même en Provence pour que nous voyions l'eucalyptus atteindre? les propor- tions que nous citions plus haut. Xous devons dire cependant que les semis faits à Antihes, à Ilyèrcs et dans les environs ont donné des résultats très-satis- faisants et que cinq ans ont suffi pour que, certains sujets atteignissent 20 mètres de haut. A Paris quel- ques essais ont été tentés, un eucalyptus a même atteint 4'", 50 en quatre mois d'été, mais il a fallu le rentrer l'hiver et nous ne pourrons jamais en faire sous notre latitude que des piaules de serre et d'a- grément. La première idée qui vienne à l'esprit lorsqu'on envisage cotte rapidité de croissance, c'est la facilité du reboisement de nos forêts épuisées ; car bien que la consommation du bois ait baissé dans des proportions notables depuis l'application du fera l'industrie, elle est encore telle qu'il est facile de prévoir le moment où nos forêts ne pourront plus suffire à nos besoins. Nous possédons en France d'immenses étendues de terres incultes ou malsaines telles que la Crau, les Laudes, les étangs de Tbau et d'Aigucs-mortes, !a Camargue, l'embouchure du Var qui pourraient être sans grands frais plantées d'Eucalyptus et qui, vingt ans après, gràee à la prodigieuse faculté d'absorption do eo végétal l seraient devenues des terres de pre- mière qualité. 11 faut lire dans la brochure du docteur Guimbert les quelques pages qu'il consacre à cette importante question bien digne d'être prise en consi- dération par nos économistes et nos agriculteurs. 1 II peut absorber dix fois îon poids en vm^-t-cjunlre heures. LA NATURE. M9 Mais il nous faut signaler certains autres avanta- gea non moins précieux que nous procurerait l'accli- matation i!e l'eucalyptus. Grâce aux puissantes éma- natiuns camphrées de ses feuilles, les influences pa- ludéennes sont combattues, et l'on attribue à l'im- mense quantité d'eucalyptus qui poussent eu Australie le peu de fièvres qu'on v constate. Les Anglais qui ont été les premiers à reconnaître cette propriété bienfaisante ont fait aussitôt dans leur colonie du cap l'essai de ces plantations; deux ou trois ans ont suffi pour faire disparaître complètement les conditions insalubres de. leur possession. Quelques années après , pareil essai fut fait en Algérie : en 1867, 15,000 eu- calyptus furent plan- tés par M. Trottier dans une propriété qu'il possédait prés rie la rivière Ilamize et, où les fièvres sévis- saient cruellement. Dès l'année suivante, bien que les arbres n'eussent pas plus de deux ou trois mètres de haut, les fermiers furent com- plètement préservés îles lièvres qui n'ont plus reparu depuis cette époque. Il eu a été de même à la ferme de Ben Maebv- dlin qui était entou- rée de marécages, de même encore sur les rives du Yar où le docteur Gimbert cite à l'entrée du pont du chemin de fer une maison de garde- barnère voisine de terrassements , de colmatages. Cette maison était meurtrière; tous les ans , oir était obligé de changer les gardiens dont la santé était attaquée par l'impalu- disme. M. Villard, ingénieur, fit planter, il y a deux ans, quarante arbres dans le voisinage de la maison; dès cette année les employés do la voie furent pré- servés delà fièvre. Plaidé en fourré autour des lieux malsains, il empêche par son ombre l'action du soleil sur la terre, empêche les miasmes de se por- ter au loin et les modifie par ses émanations antisep- tiques, eu même temps qu'il absorbe l'humidité du sol , condition essentielle de la [production des miasmes ; enfin grâce à la persistance de son feuil- lage, la terre n'est plus couverte de ses détritus qui produisent en se désomposaut les effluves perni- cieuses. Mais ce ne sont pas les seuls services que l'on ait déjà tirés de l'Eucalyptus et l'extension de cette cul- ture en Espagne a permis de constater les propriétés fébrifuges de cette plante qui a reçu dans le pays le nomd'ar&re à la fièvre. Les expériences répétées des docteurs iinmel , à Montevideo, Carlotti, en Corse, Tristany, en Espagne , Mares , en Algérie , Gimbert et Gubler, en France, ont permis de con- stater qu'il guérit le plus souvent les cas rebelles à la quinine et aux autres fébri- fuges. On l'applique également comme désinfectant au pan- sement des plaies résultant d'accidents ou d'opérations chi- rurgicales , on rem- ploie comme stimu- lant local par l'appli- cation de feuilles fraîches sur les plaies qui ont de la peine à se cicatriser. Le doc- teur Gubler en con- seille également l'usage dans les af- fections catarrhales et, les 'maladies des voies respiratoires. On ne saurait donc trop encourager les efforts tentés pour l'acclimatation d'un arbre qui possède tant de qualités di- verses, hier incon- l'-ucalyplus glfjlmlus. mle5 parmi nous, cl dont la propagation intéresse l'hygiène encore plus peut-être que. l'in- dustrie. GA.BMEL M.UICKL. LA PLADÏÈTE JUPITER (Suite et lin. — Voy. [•■>:;('■ 3X7 nlTiGO.) L'étude télescopique du disque de Jupiter fourmt- elledes notions positives sur la constitution physique de la planète? Cette question peut se poser d'une autre façon, et se résumer en ces deux autres ques- tions: W'-'tiï 410 LA NATURE. Que sont les Landes obscures, de teintes et de couleurs variées, que sont les bandes brillantes? Comment expliquer les taches noires ou sombres, plus ou moins permanentes, plus ou moins variables, fil. les taches brillantes que quelques observateurs ont aussi aperçues sur Jupiter? iXous avons déjà vu Cassiui comparer le mouve- ment des taches à celui des courants équatoriaux, les bandes étant assimilées aux mers terrestres; mais on n'a pas tardé à comprendre- que les bandes variaient trop souvent de forme, d'étendue et de po- sition, pour qu'on puisse les regarder comme des masses liquides, renfermées dans des bassins solides et consistants. Ou sait coin nie ni 'W. lleixhel expliquait les ban- des et comment il rendait compte, soit de leur parai léhsme, soit de l'inégalité de vitesse des taches selon qu'elles étaient plus on moins voisines des régions équatoriales. Voici ce qu'il dit, à cet égard, dans un mémoire de 1 7 'J Ti : <.< Je suppose que les bandes bril- lantes cl les régions polaires de Jupiter, dont la lu- mière surpasse celle des bandes faibl s ou jaunâtres, sont les zones où l'atmosphère de cette planète est le plus remplie dn images. Les bandes faibles corres- pondent aux régions dans lesquelles l'atmosphère, complètement, sereine, permet aux rayons solaires d'arriver jusqu'aux portions solides de la planète où, suivant moi, la réflexion est moins lorte que sur les nuages, s Le parallélisme des bandes provient, suivant le, même astronome, des vents analogues à nos alizés qui existent dans les régions équinoxiales de Jupiter et qui sont dus au mouvement de rotation. Les ta- ches sont des nuages accidentels que les courants équatoriaux entraînent avec des vitesses variables, selon leur latitude joviceiltrique plus ou moins grande. Arago, en rapportant, l'opinion d'ilersche!, fait une réserve au sujet delà direction des vents réguliers de la pbmèLe; il fait remarquer qu'ils doivent souf- fler dans une direction opposée à celle des alizés ter- restres, puisque ces derniers, tendant vers l'ouest, ralentiraient le mouvement de rotation au lieu de l'accélérer. Aussi, pour résoudre celte difficulté, ad- niet-ou aujourd'hui généralement que ce sont les alizés supérieurs ouenutre-alizés, qui detenriitio.nl le mouvement propre des taches'. Cette hypothèse, en effet, s'accorde avec l'observation. Mais nous avons déjà fait voir ailleurs qu'elle n'était pas nécessaire, et que l'on peut aussi considérer les alizés proprement dits, comme rendant un compte suffisant du mouve- ment propre dos taches. « Si les taches, disions-nous, sont des accidents atmosphériques ayant un mouve- ment propre, comme tous les astronomes le pensent, ce n'est pas la rotation du globe do Jupiter qu'on dé- termine, mais la rotation des nuages ou mieux la différence de durée de la rotation de Jupiter et du mouvement propre du nuage. Or, si l'on suppose que ce nuage se forme à une latitude donnée, soit en- traîné vers l'équateur, par une cause analogue à la cause des vents alizés terrestres, son mouvement de rotation éprouvera un retard, mais ce retard sera d'autant plus considérable que la latitude du point où le nuage s'est formé sera plus grande. Les taches qui auront des points de départ plus voisins de l'é- quateur paraîtront se mouvoir plus vile que les au- tres, et c'est aussi ce que l'observation constate, a Du reste, à considérer avec W. llerschel, Béer, Mirdler et. Arago, les taches obscures qui ont servi à déterminer la durée delà rotation connue des nuages accidentels, il y a nue sorte de contradiction avec l'o- pinion des mêmes astronomes qui regardent les ban- des brillantes comme formées de nuages doués d'un pouvoir réfléchissant supérieur à celui du sol de la planète. Évidemment, s'il en est ainsi, les taches obs- cures sont des vides, destrouéesdans l'atmosphère do Jupiter, produites probablement par des mouvements des niasses aériennes en forme de tourbillons ou de trombes : le dessin de M. Taechiiii (p. ôà7) offre plu- sieurs exemples de taches obscures de ce genre. Dans eettehvpntlièse, les bandes blanches seraient formées d'une accumulation de nuages semblables à nos ciuiudi, à surface fortement réfléchissante ; les ban- des sombres laisseraient voir le sol au travers d'une atmosphère encore chargée de vapeurs, mais de va- peurs plus transparentes ; les taches les plus som- bres enfin seraient, comme nous le venons de dire, des espaces à peu près eut ièrenient dépourvus de va- peurs réfléchissantes, des trouées dans l'atmosphère jovienne. Quant à celle atmosphère, elle parait devoir être li ès-prnfoude ou très-dense : c'est ainsi qu'on expli- que un phénomène constaté partons les observateurs ,î savoir que les bandes obscures ou brillantes s'af- faiblissent considérablement vers les bords du disque, l'ecr et Mœdlcr disent, à propos des taches qui leur servirent en lSô-i et. 18/iïï à mesurer la durée de ro- tation: « Les taches dont nous parlons ne purent, jamais être poursuivies jusqu'aux bords ; elles s'éva- nouirent, toujours 1 h, 21 m. ou 1 h. 27 in. après leur passage par le centre. Cet intervalle répond à "..]'!" ou rii° de longitude jovieentriquc, à partir du centre ; amsi dans une contrée du globe où l'affaiblis- sement causé par l'atmosphère n'atteignait pas en- core le double du minimum, ces taches étaient déjà invisibles, ce qui no peut s'expliquer qu'eu admet- tant, une atmosphère très-dense de la planète, » Arago dit de même avee raison: « La diminution et l'aug- mentation de la réllexion des parties des bandes qui se correspondent près des bords de la planète a lieu naturellement; en effet, un nuage doit paraître d'autant plus lumineux, que le soleil l'éclairo plus obliquement; d'autre part, la portion d'atmosphère diaphane qui correspond à la bande obscure doit rouvover à l'œil d'autant plus de lumière qu'elle a plus de profondeur. » Nous ne savons si le, lecteur envisage comme, nous ces conjectures sur la constitution atmosphérique de Jupiter. Mais elles nous semblent bien insuffisantes, bien incomplètes et bien vagues. Pour ne prendre LA NATURE. 411 qu'un exemple, n'cst-il pas clair on effet, qu'elles ne peuvent s'appliquer aux taches obscures pour ainsi dire permanentes que mentionnent les observa- tions prolongées du premier Cassini. Lu lenteur des variations des saisons sur Jupiter explique bien la permanence d'une taeJic pendant quelques-uns de nos mois : ainsi les deux taches observées par Mœd- lcr et Béer, de novembre 1854 à avril 1N55, sont restées visibles pendant 167 jours terrestres, cinq mois et demi. Une telle durée d'une masse atmo- sphérique sur notre terre serait considérable mais il faut, considérer que ce n'est guère que la vingt-cin- quième partie de l'année de Jupiter, comme la moi- tié d'un des mois de cette planète. Mais que dire de la tache si longtemps observée par Cassini, laquelle paraît s'être montrée au mémo point depuis lui].') jusqu'à 1 7 1T). c'est-à-dire pendant cin- quante années avec de longs intervalles, il est vrai, des disparitions; pendant des années entières, l'il- lustre astronome put, l'observer, sansqu'aucun doute lui restât sur son identité. Nuage ou trouée, il est également difficile d'expliquer ce long séjour, en mii mémo point, d'un produit atmosphérique, l'aul-il supposer, comme on l'a fait, qu'eu cette région de Jupiter existent, de hautes montagnes, un immense plateau que l'on verrait ainsi surgir quand l'atmo- sphère qui le recouvre serait moins chargée de va- peurs, tandis (pie les parties plus denses de l'air ambiant masqueraient, encore toutes les régions voi- sines ? Conjectures, on le voit, purement hypothé- tiques. Dans tout ce qui précède, nous n'avons abordé qu'une partie des questions relatives à la constitu- tion physique de Jupiter, et, encore, sommes-nous loin d'avoir exposé tous les doutes qu'elles font naî- tre dans l'esprit, tous les desiderata bien propres à faire hésiter tous ceux qui ne font pas de la science une affaire d'imagination et qui préfèrent un fait bien établi, Lien précis à la plus séduisante des hypothè- ses. Mais cette notice est. d«jà longue et nous ne voulons pas mettre plus longtemps à l'épreuve la pa- tience de nos lecteurs. Amédée Guii.lejiis. LE PORT ALLEMAND DE \YIlIIEDISIRVEN Il se passe actuellement de l'autre côté du Rhin, des faits de la plus haute importance au sujet des- quels il nous semble utile d'appeler l'attention pu- blique: le gouvernement allemand ne recule devant aucun sacrilice pour utiliser les ressources de la science, au point de vue militaire, et pour doter l'empire d'une marine formidable, capable de riva- liser avec celle des premières nations maritimes. Des travaux gigantesques, que nous croyons pouvoir mentionner comme des merveilles de l'art des con- structions de l'ingénieur, ont été exécutés sur les côtes de l'empire d'Allemagne, qui, si exiguës qu'elles soient, ne s'en hérissent pas moins, d'appa- reils formidables, de ports puissants, et de forteres- ses défendues par les fameux canons d'acier, que l'ingénieur Rrupp sait fondre dans ses usines. Le mois dernier, les membres du conseil fédéral et du fleiehstag allemands, ont été invités à visiter le nou- veau port allemand de Wilheloishaven, D'après le Sjicrneshe zcilung, les visiteurs, firent la traversée de Bremerhaven à Wilhelmshaven sur un navire (t pavoisé, comme dans un jour de fête, orné de pa- villons et de banderolles. » La Bévue maritime, publie d'après le Uiviski marititna, de curieux détails sur une solennité, qui a fait sensation en Allemagne. Le maréchal de Moltke était l'objet de l'admiration générale, a A notre passage, dît un des témoins de cette fête, nous pûmes observer avec plaisir les favo- rables dispositions des ports des deux gracieuses villes de Geestcmfuule et de Rremerhaven, qui main- tenant comptent, environ 50,000 habitants chacune, et qui voient apparaître clin/ elles et sur le Weser un nombre extraordinaire de navires, véritable forêt de mâts, fîeei prouvait à chacun de nous qu'une flotte militaire doit être pour l'Allemagne quelque chose de plus qu'un objet de luxe. Dès que le Mosel eut son avant tourné, vers la rade de J.jhde, nous aper- çûmes un certain nombre de navires, parmi lesquels nous reconnûmes les corvettes Jlcrlha et Ariadne et le navire en essai la Lorcieij. Tous les yeux se diri- gèrent, sur ces bâtiments avec un intérêt marqué; car c'élait un spectacle, tout nouveau pour plusieurs d'entre les conseillers qui étaient à bord du Mosel, que celui d'un simulacre de combat en pleine mer... « Williehnshaven est bâtie, au bord de la mer, sur un terrain qu'il a fallu disputer pied à pied, à l'eau, et ee qui est pis encore à la vase et aux ma- rais. Çà et là s'élèvent les habitations, isolées et groupées, formant de longues rues et, présentant par- tout l'asp.ect d'une cité naissante. Avec quel intérêt naturel, les membres de la commission ne durent- ils pas contempler ces établissements maritimes, pour lesquels on conçoit de si belles espérances et on a voté de si grasses sommes !... u Les visites que nous finies au Grosser Kurfiirst continue notre narrateur allemand, et à la frégate Prinz Friedrich Cari, en activité de service, furent très-intéressantes ; nous admirâmes à bord de celle- ci, les canons Krupp, qui lancent des projectiles du poids de 200 kilogrammes. « Pendant le petit nombre d'heures de notre sé- jour dans cette ville, nous n'eûmes pas le temps de faire une visite sérieuse aux grands établissements maritimes que l'on y a construits ; nous pûmes à peine jeter un coup d'oeil sur les machines et les ate- liers, et remarquer la série des navires placés sur les doux eûtes du grand bassin: Y Augusta, les deux [régates Kronprinz et Friedrich Cari, l'imposant liœniij Wilhelm, le Prins Adalbert, l'aviso Falkc, V Aider, atc. u A 7 heures du soir, nous nous rendîmes à bord 412 LA NATURE. du Kœnig Wilhelm, toute la batterie avait été trans- formé un un grandiose salon. Six cents personnes prirent, place à la table, somptueusement servie. Le feld-maréehal de Moltkn porta lu premier toast : « A la santé rie S. M. l'empereur, qui accroît toujours l'empire et se montre le conservateur de la paix, grâce à l'armée et à la Hotte. » Les canons de la plage saluèrent ce toast de 101 coups de canons. Le chef de l'Amirauté, ministre de la marine, von Stosh, prit ensuite la parole et acclama le Conseil fédéral, le Reichstag, et les botes qui se trouvaient à bord du Kœnig Wilhelm. En qualité de Prussien, il pria les assistants de vouloir bien lui permettre de rappeler que 20 nus auparavant, AYiihelmsbaven, était un dé- M^rt, fit que la valeur, unie à un esprit sérieux et, à la constance, avait seule pu produire ces grandioses constructions que les fédérés admirent aujourd'hui. » « C'est îi vous Messeigneurs du Reichstag et du Conseil fédéral, dit en terminant l'orateur, qu'il ap- partient de nous aider à accroître nos avantages et élever notre (lotte à la hauteur qu'exige la dignité, l'honneur et la sécurité de, l'Allemagne. » Pendant trop longtemps, nous avons failli, par excès d'indifférence, ne daignant môme pas jeter les veux par-dessus nos murs. Que Jes terribles leçons d'un passé récent, nous soient salutaires, et (rue l'exécution d'un port allemand de l'importance de celui de Wilhelmshaven, ne reste fias inaperçu, de ce coté du Rhin. Ces travaux qui viennent d'être inau- gurés eu Prusse, sont la conséquence directe de la science; qu'on ne l'oublie pas ; c'est, par la science qu'une, nation peut s'élever aujourd'hui, c'est à la source vivifiante de l'étude qu'elle peut puiser sûre- ment les éléments de sa grandeur. 0. T. LA MÉTËOllOLOfUG COSMIQUE Tel est, comme nous l'avons dit dans notre article nécrologique sur Jean-TSaptisto Donati, le nom du la science, nouvelle que l'immortel directeur de l'Ob- servatoire d'Areetri a créée, quelques mois avant d'être enlevé par une terrible épidémie. Cette science, naissante a été révélée par la grande aurore boréale que Donati a fait observer par tous les agents diplomatiques du royaume italien. Devenus les bases et les fondements d'une science si importante, ces beaux et grandioses phénomènes acquièrent une importance toute nouvelle, on peut dire exceptionnelle; aucune des circonstances qui les concernent, ne doit dorénavant être, néjjliïée, quoi- qu'il soit difficile de tout dire à leur endroit, Pour .convaincre nos lecteurs de la richesse inépuisable de ces variétés, dont ou ignore la cause, nous avons [iris, en quelque sorte au hasard, deux dessins. Voisins l'un de l'autre, l'approchés par le hasard, ils montreront mieux l'un et l'autre que de mer- veilles à décrire, que d'explications à découvrir. Notre, première aurore, observée en France au mois de septembre 1731, a été, dessinée par Mairou dans son bel ouvrage. C'est, une des apparitions qui (Mit pu porter certains physiciens à s'imaginer que les aurores boréales étaient des queues de comète ! La seconde, est beaucoup plus moderne. Elle fut observée par des Américains dans l'ancienne Amé- rique russe, aujourd'hui territoire d'Alaska, le 27 décembre 1 80."). On dirait un ruban lumineux formé par Ses replis d'un rideau de cirrhus qui vient du zénith et descend juqn'à l'horizon. Le spectacle fait involontairement songer à l'échelle mystérieuse que, suivant la légende, le patriarche aurait, vue en rêve. Il est probable que- l'extrême bizarrerie de ces ap- parences tient à quelque circonstance, dont on trou- vera l'explication simple quand on aura fait, un pas plus avant, mais sur lesquelles nous devons réserver notre opinion tout, entière. Donati s'est borné, comme nous l'avons dit dans sa notice, nécrologique, a établir rigoureusement le synchronisme relatif à chaque méridien successif. En d'autres termes, si toutes les heures étaient comptées d'après un même méridien universel, on verrait que l'aurore a fait le tour du monde, en marchant juste aussi vite que le mouvement appa- rent du soleil. Cette belle et grande loi, aussi simple que les plus lumineuses énoncées par le grand Keppler, prouve surabondamment que la cause des aurores gît dans le soleil lui-même. Cette vue si nette vient confirmer les longs et magnifiques tra- vaux de M. Jlrowii, l'astronome de, Trcvandum, qui a exposé des lois expérimentales non moins logiques, non moins surprenantes, et cela sans connaître les travaux de llonati, qui n'étaient point alors parvenus dans l'Inde. M. Browu a remarqué que les aurores boréales ont. une périodicité de 2(i jours, c'est-à-dire qui semble réglée sur le mouvement de rotation du soleil autour de son ave. llien de plus naturel, si on admet la théorie de l'incomparable Hansteen qui veut que le soleil soit le siège de puissants courants élec- triques, en un mot, que ce soit un immense solé- noïde tels que ceux qu'Ampère et Arago nous ont appris à construire. Eu effet, il n'est point admis- sible que la surface du soleil soit homogène, d'où il résulte, que l'action magnétique des divers méri- diens solaires qui se déplacent sans relâche doit varier incessamment; mais tous les 20 jours les divers méridiens solaires reprennent la même position relative à nous, d'où résulte que tous les 26 jours les mêmes méridiens ont repris leur même position, et (pie, par conséquent, l'action magnétisante du soleil doit offrir cette, période. En comparant les mouvements de la pression barométrique en Ecosse et en Tasmanic, M. Brown a constaté que les variations sont simultanées dans ces deux stations dont, la latitude magnétique est la même, et qui sont situées l'une dans l'hémisphère autral, l'autre dans l'hémisphère boréal. Cette simultanéité rappelle évidemment celle qui a été constatée dans l'apparition des aurores dans les deux hémisphères. Mais ce n'est pas tout, car ces LA NATURE 413 jjlu ubif deux variations sont périodiques et leur période est également de 20 jours. D'où résille l'idée hardie i|ue les variations de la pression barométrique sont dues à des variations de l'action magnétique du soleil etiiidependaiil.es de la gravitai ion. (]i:ttc idée renverserait de tond en comble pi isieiirs Ihéorios admises par certains physiciens. Nou-soule- rnent les aurores se- raient un signal que le temps a changé, mais on comprend qu'elles doivent èlre insépara- bles de ce changement de temps , puisqu'elles dérivent, elles aussi, de l'électricité du soleil. M. lirown n'a point jeté eu l'air cette con- ception à l'état brut, sans l'étayer de nom- breuses observations et de sérieux corollaires, l'eudant le cours de l'année 18G'J, il a établi dans les montagnes du sud de l'Inde neuf sta- tions , pour déterminer la valeur de la variation barométrique , et. il a étudié une période dis- tincte de la précédente, dont l'exislenee est con- statée pour toute la terre, et que l'on nomme diurne ou plu- tôt senii-diurne. Le tableau de ces nombreuses observa- tions prouve que l'am- plitude varie propor- tionnellement à la va- leur absolue de la pression , e'esl-à-due pins granile dans le voisinage des plaines que sur les sommets escarpés . l) : où il n'est pas dilïieile de déduire qu'il faut que la pres- sion mémo surproduite par une force extérieure, telle que le serait une action électrique émanée du soleil. Chemin faisant, Jl. lirown attaque, dans ses Mé- moires {voir les comptes rendus 1872-1 875), des préjugés mis en avant par des météorologistes qui n'ont point observé la nature et que l'on trouve énoncés dans tous les traités de physique : 1 IJ La va- peur à l'état vésiculaire est un mythe; car M. Brown a longuement observé a:i télescope de la v.qi.uir :-■■ :■ v:: . ■ ... .. i ■ ■ . ' ' '- : S^Tv ". . ... ■'■/.;..■'-.: ' '■'■:■/' '•'.''■'' •ijk^nt, 1731. A(.nji(! liPni.iL; ijLi^rviJi: i!;nii 1' A. L is!,:i, le 27 décembre 1SG3. d'eau et s'est convaincu que le globule est plein. 2° 11 a observé que le phénomène de l'évaporatiou, même dans les plaines les plus chaudes de l'Inde, ne produit aucun mouvemmt latéral, malgré l'énorme, quantité d'eau qui se rend ainsi dans les nuages. 11 eu résulte, que tout le mécanisme de la circulation atmosphérique et océa- nique, dont on a l'ait tant de bruit, parait loin d'avoir dans la na- ture la mémo împor- taneequedan» la science contemporaine. o" 11 a observé que la direction (les nuages est tout à fait indépendante des variations de la pression barométrique. Ce fait saillant résulte de très- longues et très-uuni- hi'euscs observations faites en Ecosse, avec un grand soin et dans lesquelles on tenait compte de la direction relative do toutes les couches. Suivant M. lirown le moteur de tous eos mouvements atmosphé- riques ne peut être que l'électricité solaire. .Nous reviendrons avec plus de détails sur tous ces faits (pie nous ne pouvons qu'indiquer d'une façon sommaire. Mais n'est-ce point une coïncidence digne d'être signalée, que de voir le témoignage de lirown confirmé par Douati mourant, et Douati don- ner îaisun , par des voies nouvelles, à l'in- comparable Ilausteeu, ce génie si peu com- pris et cependant qui rayonne de si vives lu- mières, qui ne l'a pié- cédé ([lie de quelques mois dans la tombe. [.Lus notre dernière revue de météorologie nous avons critiqué, avec quelque, vio- lence, des opinions du l'ère Uenza, qui nous parais- saient erronées. Mais nous serions désespères qu on vit dans noLre polémique une attaque contre le talent de cet observateur qui nous parait digne de continuer la tâche de Douati, car il a déjà orga- nisé, aux frais du gouvernement italien, les observa- tions électriques dans sept observatoires météoroio- HA LA NATURE. giques, parmi lesquels nous citerons Vloneullei'i et le grand Saiut-lieninrd , dont la grande élévation rend les indications si précieuses C'est le célèbre l'iilinici'i, clo rObservaloiru vésuvien, qui est l'iaven- leur des instruments en vidage dans ces nouvelles stations. i\ul doute que la météorologie cosmique, entre des mains pareilles, ne fasse des pas de géant, et qu'on ne puisse dire bientôt d'elle: Mes ji:ireil3 à tUaix Luis in- si 5 , tout pir, lamiLiilro, Et puLir JL'Ul'S coups d'e^ai veidiuit du* roups de itiaihv. W, DE rOXVIELI.E. CI1R0N!QL T E Les «rebidée» du Muséum. — La serre des or- chidées au Jardin dos Piaules, où les olius prussiens oui causé de sérieux désastres, a été complètement réparée, et de magnifiques [leurs s'y épanouissent actuellement au mi- lieu de 1 atmosphère eliauile Ole elles sent plongées, lies fleurs multicolores, les plus admirables productions végé- tales, sont très- recherchées des amateurs. Elles ont une valeur considérable, comme l'atteste une vente célèbre faite à Londres. Lord l.oiide».buroiigli, grand amateur d'orchi- dées, a jiavc un bel exemplaire de Cymbidinm cburiœiim S livres 10 scliellings, c'est-ù-dire L 21'2 francs, un autre pied de l.i même espèce, TTi livres 10 scheUiius(l,S,S7 tr. 00) un F.pitlenilruin vileUinum ma jus, 1(i liv. Iil schr.llmgs, (ït'2 l'r. Û0). 70 pieds d'orebidées ont proluit à la vente dont nous parlons plus de '20,0011 francs, La collection des orchidées du Muséum, unique dans son genre, avait été presque entièrement détruite, pendant le siège de Paris, par les projectiles ennemi.-.. Elle est redeieuue aujour- d'hui ce qu'elle était jadis; .souhaitons que nos autres blessures se cicatrisent de même ! Tremblement de terre si Aljjcr. — Les feux sou- terrains qui ont si fréquemment ébranlé cette année l'ccorco terrestre ne se sont pas livrés à un long re- pos. Ils viennent de manifester leur action dans mitre co- lonie algérienne. Une secousse de tremblement de terre assez violente s'est fait sentir à liouffariek, le 1G octobre dernier, à dix heures quarante-deux minutes du soir et a duré au moins cinq à six secondes. La direction des oscillations n'a pu être exactement dé- terminée, les avis sont i peu prés partagés. Cependant on penche pour la direction du sud au nord. Le 17 oc- tobre, on ne reconnaissait aucune trace de dégâts : pas de lézardes aux bâtiments, pas d'accidents d'aucune na- ture, mais les populations, on le conçoit, ne sont que bien médiocrement rassurées. JLcs couleurs d'uuiïinc ù 1 l' vitosiitimi de Vienne. — 51. le professeur Kopp, qui a étudié spécia- L ment ces remarquables produits exposés à Vienne, nous apprend que l'industrie des couleurs dérivées du goudron de houille s'est signalée par de remarquables progrès. Elle a pris une extension considérable. « La fuchsine, constituée par un sel de rosanilinc, dit M. Kopp, s'obtient exclusivement parla réaction d'un poison violent, l'acide arsénique, sur l'aniline commerciale. Pour se faire une idée de l'énorme consommation d'acide arséuique provoquée par la fabrication delà fuchsine, nous n'avons qu'à rappe- ler que pour l'Allemagne seule, elle ost évaluée à 1 ,!10fl,(l0Q Lilog.; or, de beaucoup, la plus grande partie des résidus arsénifères était écoulée dans les fleuves et rivières, et ce n'est que dans quelques localités, comme par exemple à Iluan, près dTdbcrferd, et pendant quelque temps dans les environs de bàle, que ces résidus étaient soumis à des traitements rationnels pour eu retirer l'arsenic sous une forme commerciale. » Le violet llofiiianu, qui, en 1 S G 7 , était une nouveauté, se, fabrique aujourd'hui en abondance; le vert-lumière a pris une extension considérable ; i l'Ex- position de Vienne, figurent enfin de magniques échantil- lons de violets et de verts de inétliylaniline. Connue nou- veauté de l'Exposition, M. Kopp mentionne la safrauine, belle matière colorante rouge rose, qui donne à la «oie le plus admirable et le plus brillant aspect. Or »!e lu Colombie anglaise. — Lu journal amé- ricain constate que l'or expédié par express des bords de la rivière Fraser et des districts aurifères de la Colombie anglaise depuis 1KÔS jusqu'au 1" Septembre 1873, s'élève à 2.", 478,011 dollars. En estimant à la moitié l'or apporté par les particuliers durant la même période, on peut éva- luer la production totale de la Colombie, durant les quinze dernières années à iïmillionsde dollars; c'est une moyenne de 2,^01,0(10 dollars par an. Le développement des res- sources minérales du district a été dû surtout à. la con- struction d'une roule jusqu'au district minier de Caribou et qui a coûté 1 ,!ij0,00() de dollars. La tète délègue estle port de Vole sur la rivière Frayer, à l'une des extrémités, et la ville de Jiakerville, sur la voie de William, à l'autre bout : la route à 'il'liJ milles de longueur, et serpente le long île la cote. Ainsi que dans les districts aurifères de la Californie, de Meuula, d'Australie, l'or ne peut plus s'ex- traire des placées par de simples lavages. Il faut mainte- nant des installations pour broyer, des machines il vapeur pour l'épuisement des eaux. Les exploitations se réduisent en ce moment il une trentaine d.e compagnies. La plus im- portante est la compagnie appelée Lane et Kui'tz Cariboo Mining Company, qui appartient à des actionnaires ot capi- talistes de San Francisco. Quelques autres mines sont ex- ploitées par des capitalistes anglais. La plupart des exploi- tations fournissent du minerai d'or eu quantité rémuné- rafive ; et pour le petit nombre des mines qui ne se trouvent pas dans ce cas, il faut attribuer l'insuccès à l'insuffisance des capitaux mis en jeu. Pèsc-bcbés. — A l'Académie des sciences morales et politiques, à propos d'un rapport fait par 51. Levasseur sur le résultat de ses observations à l'exposition de Vienne, en ce qui concerne l'éducation de l'enfance, 51. Lévêque a si» gnalé un berceau envoyé à cette exposition par M. le doeLeur Coussin (de Bellevue), et combiné de manière à indiquer le poids d'un enfant. L'un autre côté, dit la Gazette de Médecine, 51. llusson a donné d'intéressants détails sur d'autres berceaux-balances essayés dans les hôpitaux de Paris et destinés aussi à l'aire connaître le poids successif do l'enfant. Cet instrument vient en aide à la surveillance administrative. 11 est, en effet, certain que toutes les deux ou trois semailles la différence de poids fournit sur le Irai* temeut du nourrisson nue indication qui n'est pas à dédai- gner. 5Liis la nécessité de déshabiller les enfants n'est pas sans inconvénients. tExplorntîon du désert de Libye (Afrique), — On a récemment vu passer à Leipzig, à destination de Trieste, deux fourgons de bagages pour l'expédition qui va bientôt explorer le désert de. Libye (partie orientale du Sahara). La forme insolite des coiis, leur taille énorme LA NATURE. 415 attiraient l'attention îles passants; mais ce qu'on remar- quait surtout, ilit Y Officiel d'après la Gatellu de. Cologne, c'était un grand nombre de caisses vides en fer. On pou- vait en compter jusqu'à 50(1. Ces récipients- doivent servir ii transporter l'eau nécessaire au personnel de l'expédition charnue de ces caisses peut contenir 100 livres (mesure allemande) d'eau. Elles sont éniailiér.s à l'intérieur, pour que le liquide puisse s'y conserver plus longtemps intact. Ces provisions sont la principale garantie de la réussite de l'entreprise ; car, si l'expédition a ce qu'il lui faut eu ce peine, indépendamment des ressources que lui fourniront les sources et les puits, elle pourra manœuvrai' dans toutes les directions. On sait que c'est le vie-roi d'Egypte qui fail généreusement les frais de cette exploration à travers le désert. Ce prince avait déjà soutenu de ses deniers, le vayageiirSitiweinl'LUth le zoologue lloAcl, sans parler de Baker, qui, en dehors des Irais de son expédition, a reçu du vice-i'oi pendant quatre ans, 10,000 liv. st. chaque année. 11 est probable que l'expédition nous apportera des renseignements sur la géologie et le relief de la partie, est du Sahara, qu'elle nous dira par exempte si dans celte section du grand désert il existe des chaînes de montagnes, des dépressions, des hau- teurs, des oasis, des formations de sable, etc.; en un mol, qu'elle fera connaître un coin de notre globe, grand comme le centre de l'Europe et resté jusqu'à ce jour complètement inexploré et inconnu. Ce départ d'Europe des voyageurs aura lieu à la fin de, novembre. , On quittera l'Egypte au commencement de décembre, et, à la fin de ce dernier mois, nous pourrons avoir déjà des relations du voyage, da- tées peut-être île Tarufreh, Huant au but principal, Koufra, au centre du désert de Libye, ou peut y parvenir pour la fin de janvier dans les circonstances les plus favorables, fl avait d'abord été question do partager l'expédition en deux troupes, mais il a élé décidé que tout le inonde partirait ensemble de Minicli ou de Sioul, en se dirigeant vois l'ouest. Ces deux points mil élé choisis à cause de leur position sur un chemin de fer; ils formeront une base fixe d'opérations. OhacrvïilîonH sciciitïfiifues des Russes à Kivn. — ■ Le temps que les troupes russes doivent passer encore dans le lUianat de Kbiva est employé, sur les ordres du généralkaufhnann, à la continuation des études scientiques interrompues par l'expédition contre les Turcomans. Le colonel Gluebowski et le lieutenant-colonel baron Kaulbars ajoute le Jouïnul officiel, à qui nous empruntons ces do- cuments, sont occupés en ce moment à des levés topogra- pbiques du pays. Les 1,'sbeks de Kbiva ne manifestent plus cette haine fanatique contre les étrangers (kafirs) qui do- mine ou général chez les musulmans d'Asie. Ils sont très— connnunïtatils, dit un correspondant russe de la Gazette tï Ausbourg , et ne prétondent poïut'que toutes les inven- tions européennes sont des ouvrages du démon (shaitan). C'est ce que peuvent constater les officiers qui s'occu- pent de topographie, de photographie et d'aj,tronomie. Les photographias prises par M. Kriwhow excitent parlout les plus vives sympathies. Les indigènes s'eflorccnt devenir en aide à l'artiste et ils se laissent très-volontiers photo- graphier. La cause en est que les Khivaius ne peuvent èlre Considérés comme des Usbeks pur sang ; l'introduction il esclaves persanes ayant depuis des siècles amené un mélange de races, de mémo que le voisinage des Russes a provoqué un mélange avec le .sang moscovite. Lanière du divan Lloghi Mat Xiaz était une prisonnière russe. Connue nous l'avons déjà dit précédemment, l'cxpé- ililion russe ne manquera pas de nous fournir une quan- tité de détails du plus haut inléivl, sur des nations à peine connues. V est-il pas triste, qu'il faille la guerre pour ame- ner ces résultats I Le télégraphe Hughes. — Depuis que M. Hughes découvrit en ISilO, aux Etals-Unis, le synchronisme de son curieux appareil, à l'aide des vibrations d'une tige métallique, il lit faire des progrès rapides à son admira- ble découverte, qui prend tous les jours une plus grande extension. Un habile praticien, M. G. Miricl, vient de pu- blier un remarquable ouvrage, où il décrit avec de grands développements le télégraphe Hughes, où il explique la théorie de son emploi, où il parle de sou maniement et des avantages qu'oitïo ce beau système. Le livre de M. G. Miricl sera apprécié par tous ceux qui s'intéressent aux progrés de la télégraphie. BIBLIOGRAPHIE lue synthèse physique. — Ses inductions cl ses tlMuc- l'wna. — Cniveesalité des grandes forces ; leurs condi- tions originelles ; leur rôle dans le fluide cthcic. Avec un appendice physieo-plivsiologique, par le docteur An;. DiuiAsi) (de Lunel). officier de la Légion d'honneur, médecin principal de, l rH classe, en retraite, médecin consultant à Vichy. — Paris 1873. — Un vol. iu-18, de 18"j pages. — E. Savy, éditeur, 21, rue Nautefeiiille, Paris. — Prix : 3 francs. Le ciel géologique. — Prodrome de, géologie comparée, par Xt.vni'slas MECxfï.u. — 1 vol. in-8". — Einnin Didut frères, bis et C", Jîlj,rue Jacob, Paris. — Prix: i francs. Ce bel ouvrage, auquel le monde savant a déjà fait un .si favorable accueil, abonde en vues nouvelles, élevées, qui en font une oeuvre essentiellement originale; l'auteur y jette les hases d'une science nouvelle, appelée à un grand avenir, et certainement destinée à ouvrir de vastes hori- zons à la pholosophie naturelle. EMPLOI DES TUYAUX DE PLOMB l'OUH I.A CONDUITE DES HAIJX. Le conseil municipal de Paris a élé saisi, dans une de ses dernières séances, d'une question d'hygiène publique des plus importantes, puisqu'elle met en cause la sauté de plusieurs millions du personnes. Il s'est occupé d'une espèce d'agitation qui s'est pro- duite depuis quelque temps et qui continue encore au sein de la population parisienne au sujet de l'u- sage des tuyaux de plomb servant à la distribution des eaux potables. Cette agitation a pour point de départ une pétition présentée à la signature d'un grand nombre de per- sonnes honorables, pétition par laquelle on demande la suppression absolue des tuyaux de plomb et leur remplacement par des tuyaux également de plomb, mais revêtus intérieurement d'une mince couche d'é- tain. On invoque pour cela l'action délétère des compo- sés plombiques, action malheureusement trop connue, et l'on admet que la surface de ce métal en contact ■il G LA NATL'KK. ;tvcc l'wiu qu'il transporte forme en s'oxydant des composés qui entrant tin dissolution dans cette eau, sont ingérés journellement, par les habitants au grand détriment de leur santé. La question ainsi posée prend son origine dans un sentiment des plus hono- rables ; elle intéresse, en effet, la plus grande partie des populations ; car ue n'est pas seulement à Paris que les eaux sont ainsi distribuées, mais encore dans toutes les grandes villes et même dans les campa- E ll(;s - Les faits qu'on a invoqués sont-ils vrais'.' les crain- tes qu'on a suscitées, doivent-elles être regardées connue sérieuses'.' Ces questions, le savant directeur des eaux, et égouts de Pans a promis de les résoudre, dans une prochaine publication, et l'on peut être as- suré qu'elles seront résolues de manière à ne laisser aucun doute dans les esprits. Mais, en attendant cette publication, il ne sera certainement pas déplacé de traiter ici la question aussi brièvement que possible. Disons tout d'abord que ce n'est, pas la première fois que cette question surgit; elle s'est déjà pro- duite il y a une vingtaine d'années. Vers cette époque un honorable industriel a proposé, connue aujour- d'hui, de remplacer les t. uvaux ordinaires de plumb par des tuyaux élamés à l'intérieur. Je ne sais si les conseils d'hygiène et de salubrité de la ville de Paris se sont occupés de cette proposition, mais il est très- probable qu'ils eu ont eu connaissance; dès lors, si l'emploi de ces tuyaux étamés n'a pas été prescrit, c'est que très-probablement ces corps savants, si ex- perts dans les questions de ce genre, ont jugé que les conditions dans lesquelles s'effectuait la distribu- tion tic nos eaux ne présentaient aucun inconvénient p r,ir la santé publique. Voyons, en effet, si ces craintes d'intoxication sont réellement sérieuses. Il est parfaitement connu de tous les chimistes que le plomb placé dans de l'eau pure aérée (eau distillée) s'oxyde rapidement et se change eu hydrate et en carbonate de plomb, dont une partie se dissout à la faveur de l'acide carboni- que de l'atmosphère. C'est ainsi que lîamicl a retiré 02 grammes d'indrato et de carbonate de plomb de six voies d'eau distillée laissées pendant deux, mois dans une cuve de plomb. C'est encore un fait de cette nature que l'on a observé quand on a introduit l'eau de mer distillée dans l'alimentation des équipages; les ap- pareils de condensation de la vapeur d'eau, ainsi que les réservoirs, étant de plomb, on a signalé des cas d'intoxication par l'usage de cette eau, et depuis l'emploi de vases étamés, ces accidents ne se sont plus produits. Ces faits nous démontrent que quand il s'agira de conduire et de conserver des eaux pures, comme eau distillée, eau de citerne alimentée par la pluie et peut-être certaines eaux très-pures qui cou- lent sur les roches granitiques, il sera très-prudent, sinon absolument nécessaire, de piosci'iro l'emploi de tuyaux de plomb non revêtus intérieurement d'un agent protecteur, puisqu'il est démontré que ces eaux peuvent dans ces comble us se charger d'un composé toxique Mais si l'eau pure aérée attaque le plomb avec le- quel elle se trouve en contact, il n'en est plus de mémo quand cette eau renferme quelques millièmes seulement de sels terreux, comme sulfate et carbo- nate de chaux, et même des matières organiques. Les eaux de cette nature sont sans action aucune sur le plomb et ne peuvent se charger d'aucun principe délétère fourni par ce métal. Tous ces faits sont uou- seulement très-bien précisés dans les traités de chi- mie, mais sont encore démontrés expérimentalement dans les cours de nos écoles. Il suffit maintenant de considérer la composition générale des eaux qui alimentent Paris pourvoir que toutes ces eaux, même celles qui doivent nous être amenées, renferment ces sels terreux dans la pro- portion par litre d'environ 0,1 (puits de Grenelle) jusqu'à O/li) (eau d'Areueil et canal de l'Ourcq). Ton tes ces eaux sont par leur nature incapables de se charger par dissolution des composés toxiques du plomb, à la condition de se conformer aux indications données pur M. le docteur uuérard, c'est-à-dire que le plomb n'émerge pas à l'intérieur de la conduite de fer et ne soit pas directement en contact avec ce métal et l'eau ; car ce savant a démontré que le plomb étant positif par rapport au fer et surtout à la toute, dans ce cas le plomb peut s'oxyder et se car- bonater. Mais nous croyons savon' que toutes les dis- positions convenables sont prises par l'administra- tion pour obvier à cet inconvénient, que l'étamage intérieur des tuvaux de plomb no pourrait guère pré- venir. Comme on le voit par cet osposédes connaissances scientifiques, les craintes qu'on a fait naître sont vé- ritablement imaginaires, et l'expérience pratique journalière, et l'on peut dire séculaire, vient encore protester contre elles. En effet, tous nos établisse- ments publics sont non-seulement alimentés d'eau potable à l'aide de ces tuyaux de plomb; mais un grand nombre étaient, il y a peu de temps encore, munis d'immenses réservoirs doublés de ce métal, dans lesquels l'eau séjournait pendant assez long- temps. Cependant il n'est, je pense, à la connais- sance de personne que les populations sédentaires ou autres qui les ont habités pendant des temps assez longs aient eu à souffrir d'une intoxication ploinbi- que quelconque 1 . 1 [.article que l'on vient de lire est (la à un clihuisle dis- tingué, M. Personne, qui l'a écrit pour ta ilazvtte hebdoma- daire de médecine. Jious uviuns l'intention do rassurer déjà nos traiteurs nu sujet des craintes, depuis longtemps répandues dans le public, relativement à la circulation des eaux potables dans les tuvaux de plomb Nous n'avons rien à ajouter a l'ar- ticle de M. Personne, qui rend un réel service eu signalant au public ries vérités depuis longtemps connues des chimistes. L'alarme est semée depuis quelque temps par quelques jour- naux politiques qui, malheureusement , l'ont souvent preuve d'ignorance, quand ils abordent des questions tecluiiuuos. G. T. Σ l'rujtri-ctaire-CàïmU : G. Tissandiel, rAi.is, — imp. SIMON naçoi ht Oimp., huf. o'srrunTii. 1. INDEX ALPHABÉTIQUE Awdémle des sciences (Séances bebdo- mndairfis), 44'2, 150,' 173, 191, 207, '233, 240, 234, 271, 30S, 318, 335, 384, 509. Académie des sciences naturelles de Phi- ladelphie, 31. Accroissement de la population de Lon- dres, uù. Acile carbonique [Les migrations de l'j, 107. Action de la chaleur sur le yU'us ulinr- bonneux, 303. Aéi'ulithes, 87, 143, 297, 292, 324. Aérunaute en Russie (Un), 31. Aérostat captif de Vienne, 111. Aérostation, ti3. Aérostats [Direction naturelle des), 77. Aérostats militaires irança's, l'2(i. Aérostats militaires en l'eusse, 16. Affection parasitaire des meutes du Poi- t;m. Agnssiz aux îles Elisabeth, 175. Age du bronze eu Sibérie, 62. Age du renne, 83. Aimants [travaux de M, Jamin), 154. Ammoniaques composés, 338. Amou-Daria (L'), 378. Animaux utiles, 301. Apports du Milet lecanul de Suez (Les),l 27. Apus [L'), 18B. Arachnides dans les gisements métal- lifères de Diidley, 127. Arbres bouteilles (Les), 15. Arbres (Durée de l'exislence des':, 40. Arrosage des rues de Londres, 159. Arts disparus (Les), 71. Arts du dessin en France à l'époque du renne, 83. Arunj inuseivoium, 77. Ascensions aérostatiques, 127, 142, 319, 383. Association britannique, 523, 345, 504. Association française pour l'avancement des sciences. Congrès de Lyon, 1Gb, 234, '16% 334- Associations pour protéger les nids d'oi- seaux, 111. Assurances de l'usine Krupp (Les), 159. Aslacus zaleucus, 220. Aurore, boréale du 5 février, 240. Azote atmosphérique et la végétation (L'), 70. B Baleine prise dans un cJhle, 334. Barreaux de grille à circulation d'eau, 400. Bateau de sauvetage en fer, 31 lialeau porte-torpille, 548. Ballons (voy. Aérostats], lloa-constridnr de Toodoocottah (Le) , 138. Bouées de sauvetage à lumière inextin- guible, 241. Bouùc de sauvetage lumineuse, 77. c Cacatoès (Les), 200. Calédonie (Nouvelle-), 215. Canon russe de 40 tonnes (Le), 235. Cap RUnc-Nez et cap Gris-Sez, 135. Capillarité (Effets de), 307. Carbonisation épigénique du diamant, 300. Carpenter à l'Académie des sciences (Le docteur), 127. Carrière de pierres lithographiques, 174. Cartes du Dépôt de la guerre, 115, 134. Cartes de veuts et de courants, 2U3. Chaleur solaire (Curieuse utilisation de la), 158. Challenger (Expédition et pèche), 97, 200, 225. Champignon colossal, 206. Champignons comestibles et vénéneux, 181. Champs de lave du lac Klamath (Orégon), 62. Changement de forme de, la comète Henry, 240. Charbon (A propos de la cherté du), 222. Charrue mitrailleuse (Nouvelle), 63. Chemin de fer du Iiighi, 7, -— — de l'Asie centrale, 47. du Grand Central asiatique, 78. du Mont-Cenis, 104. européens, Chine centrale (Voyaje dans la), 211. Chloroforme en chemin de fer (Le), 222. Choléra (Le), 206, 226. Ciel (Le) au mois de juin, 2. juillet, 05, août, 113. septembre, 21 1 . Ciel (Le) au mois d'octobre, 284 ■ ■ novembre, 352, Climat des montagnes, 355. Coloration Accidentelle des eaux douces ou marines, 281. Comètes (Les nouvelles), 223, 271. Concours de groseilles en Angleterre, 254. Condensation du gaz par le charbon pur, 319. Congrès des météorologistes à l'Exposi- tion de \ienne, 318. Conservation des vins [De lu], 329. Conservation des viandes, Coquillage (Le plus petits des), 78. Correspondance, 287. Coste, 295, 327. Côte du Gsbon (La), 32C. Coton aux îles Fidji, 13. Cotopaxi (Ascension do], 4h, Cuuteurs d'aniline, 414. Cours de géologie du Muséum, 1 1 ] . Criquets dévasleurs (Les), 230, 258, 298, 314. Croisade scientifique (Une grande) , 40. Cucujns, 175. Culture delà betterave, 34(i. Cyclones (Les), '247, 207, 310. D Dans les mitigés, 3"21 , Darwin (Argument contre), 4lï. Dattier (La culture an), 1 L Ï0. Découverte de l'Amérique par les Scan- dinaves, 187. Découverte de Troie, 174. Découverte d'objets île l'âge de nierre-, 518. Défenses fossiles de mammouths livrées au commerce, 1Î1Û. Dérivés de lu houille (Traités des], 16. DJrLvés du caoutchouc, 33lj. Désert de Libye, 414. Détroit de Magellan, 32 Diamants à l'Exposition dr> Vienne, 251, Diamants du Cup, 351. Diatomées, 14. Dolmen de Caranda, 320. Dynamite, 273. E I!.iux d'égnuls à Genuevilliers (Ltilisatiun dos), 353. 2fi. 418 INDEX ALPHABÉTIQUE. École Anderson aux îles Elisabeth, 257 Enseignement en Allemagne [L'), 253. Enseignement supéri-nir en France, 1. Établissement scientifique de IJurlin<*ton- Jlnuse, 62. Etés extraordinaires, 78. Euculvphis plohulus, 408. Ei.imenn scientifiques en (Urine, 63. Exhalation tics niantes, 58i. Expédition à la recherche de Lmtrçstono, RI. du Challenger, 97. de Samuel li.iker, 127. - allemande du Congo, 127. - allemande au pôle, 11. aérostatique de M, Wise, 254. de Khivn, 120, 28(>, 378, 415. — ~ dans h: Kur-West, 222. Evploilatinn de la tourbe en Angleterre, 3(14. Exploration du fleuve Bleu, 387. Exposition de Vienne, 94, 127, 158, 233, 254. universelle de Madrid, '239. ËTiiporilion de Tenu par les feuilles (!.";, 1113, Faune du lac Léman, 382. fécondation de la sauge (La), 204. Fer en Amérique (Le), 318. Ferrr-Bonfs de JI. Dupuy de Lômf Fétidité de l'eau de la Clydn, 1!XL l'Iachat 'Eugène!, 87. FI . iivea'(Les), 250. Fiore carbonifère du dé-parlement Loire (La), 310. Fondations par l'air comprimé (Les) Fends de la mer, 30, 35, 40, 07 Forêt submergée sous la Tamise, Fourmis rouges, 31. France industrielle (La), 91. Frégate cuirassée allemande, 79. Fungu ides ^Développement sur les or f ; 3. 159. de la ,148. 246. 125. eaux! Gnmme (La), 57. Géographie do l'Afrique centrale, '20(i. Géographie physique dû la mer, 227. Gnathophansia, 309. Goitre et le sulfate de chaux (Le), 303. Graines de peuplier à Paris [Les], 78, Grottes de Menton [Les), 109. Grue colossale, 334. Guano (Nouvelle variété de), 254. Guinée (La), 239, 244. II Hanstein (Christophe), 207. Hérodote et sir Baker, 158. Homme- Chien (L') ( 332, 385. Houille en Amérique (La), 222. Huiles minérales, 151, JJyalonema toxeres, 225. Hygiène (Leçons il"), 223. I lie Saint-Paul, 00. Iles des Navigateurs (Les), 339. Indo-Chine, 152. Induction péripolaire, 248. Industrie des mines en Russie, 47. Infusoires, tîO. Instruments enregistreurs photographi- ques, 00. Isthme de fj'iricn, 111. Itinéraires des grandes épidémies, 287. J Jardin de Kiew (Le), 15. Jupiter (La planète), 3, 357, 300, 409. K Kauri (Le), 15. Khi va (Expédition de), 129, Laboratoires du Muséum (Les nouveaux), 5. L.ic Okceliobee (Le), 189. Ladrerie bovine, 224. Lagon de la mer de Corail, 50. Liebig, 24. Limon de la Seine examiné un microsenpe 10. Locomotive routière. Lumière électrique à Londres, 158. Lumière polarisée dans les recherches microscopiques, 305. I.une (Chaleur de la), 52. (son influence sur les éléments ma- gnétiques du globe pendant une éclipse] 47. Lustres de l'Assemblée Nationale, Z£3. M Machine à gaufrer IcYelonrsd'UtrecJit, i)*2, ----- cleiitro médical de rtnlnukorfr, 61. magnéto-e'leclriquc de Gramme, 341 . Schemioth, 125. Mae-Clure, 398. Marées [Utilisation de la forces des), G'J. Murs (La planète), 3, 60, 143, 171,' 240. Marleau-pilon à vapeur, 95. Manry.M. F. 53, 73, 203, 227. Médecine (Heyue de], ti4, 18ti, Médecine pneumatique, 383. Mégatbérmni du Muséum {Le), 50t>, Membres correspondants de l'Associalion britannique, 202. Mers martiales, £ 24U. Métallurgie du fer et de l'acier (Procédé Siemens], 184. Météores aqueux, 235. Météore de Bruxelles, 259. Météorite d'ïïull, 143. Mêtûoritfts (voy. ÀérolilliesJ. Météorologie cosmique, h\l. Météorologie fossile, 319. Météorologie (Revue de], 48, 112, 175, 243. auï Étals-Unis, li>. Mètre (Le), 17. Microscope appliqué au diagnostic (le), 80, Mitie de corindon en Pensylvniiie, 3 1 S. Minfis d'or de l'Alaska, 7*M), Mirage extraordinaire, 20(1, Miroirs d'air (I, es), 138. Moisissures microscopiques (Les , 349, Moneccs (Les), 100. Monument à la mémoire de Liebig, 2rG.. Mortalité en France (La), 21 i. Moulins di's cannes à sucre, 44. Mouvements des plantes, 351. Muscles rouges ft muscles blancs, 3G7. K Naufrage aérien, 139. Navigation à va|ienr en Angleterre, 47. Navire décuirassé (Le), 49. Navires à vapeur (Dimensions compara tivts des), 192. Navires circulaires de l'amiral PopoiT, 255. Xélnlon, 289. Nid du HépuLlicain, 567. Nitroglycérine et la dynamite ([.il], 273. Nouvelles de Lmngstnnc, 330. Nuages artificiels, 305. Nuages (Dans les], 321 . Suées de criquets aux Étals-Lnis, 273, Observations de la comète IV de 1873, 271. Observations météorologiques (îSoiiYfiHefl 2n:î. Observatoire de Paris, 7iTi. Observatoire Dudley à Àlbanv, 59. (EnU de poulpe. lIjPS;, 533. Oiseau nio^nenr [V) : 13. Ombres cxtr;i ordinaires, £5, Opposition de Ja planùle Flore, 1 OS , Opposition de la planète (jercto, 17 ï Or de Ja Colurrjhie anjrlnrsn, 114. Orage du aooL ù Mîmes, 190. Orage du 2 l J juillet, à l'avis, 150. Orchidées du Muséum, i\i. Palestine (Exploration enl, 101. Panama (Isthme de), 15. Papyrus d'kbers (Lii), 135. Passage de Vénus ! préparai ifs eo Russie^, 174. Pêche aux harengs, 302. Pèche de marsouins dans le gnlfe de Mar- seille, 301. T'&he et pisciculture en Chine, 305. Pèches du Challenger, 220, 225, 3U9, 502, Perce-oreilles (Les), 99. Percement du St-r r othnrd [Le], 130. Perse contemporaine (La), 12G. Pèse-bébés, 414. Pétrole (Le), 222. Phare d'Ar-men [Le], 387. rhénate d'ammoniarjue contre la pustule maligne [Le], 320. Phénomène acoustique de fiebel Nagu.s, 123. Phénomènes volcaniques de l'Archipel, 255. Photographie (Curieuse application de la), 223, rhvlloxéra (Ici, 4, 18, 43, 37, 143, 235, 287,310, 324,330, 5ïi2. Pierres musicales, 10. Pierres qui tombent du ciel (Les), 87, 143, 2U7, 202, 324, 530. 1NI1KX ALI'HABKTIQUK. 419 rouvre, 4/ f Do, Pisciculture eu chemin do. Ter i^La';, ( Ji> Plage de Galeux (oscillations du J;i;, ôi, Planètes et étoiles dciubLcs. 53Li, Planète (Une nouvelle], 207. Plongeons [les], 1 10. PJiiïc météenque d'Alexandrie, 219, Poison des PiihuLÛus, 15. Poissons de Cliinej 575. Poissons (rhalenr niaxitim qu'ils peuvent supporter] '15. Polarix [Le], 81, 113, 2UN. Puni pesa ineendieà L 1 Exposilion du Vi chihï, ni. Pont de SclimirUihel, 9. de Combe, ÏUj. — — (le plus grand du monde], 47, Ponts aux États-Unis, '27. Purl. allemand de Wilhelnisluiven, 411. Puils de mer dans les Indes aimUiises, 26 ï. rouis [U) r r Ài\, r>û3. Presn: scientifique en Xurwége [I.a;, ()2. Printemps perpétuel (Le), lUIl. Prix d'un million de franes, 189. Produits de l'oxydation des fers météori- ques, 271. Projet de conimuLÙiatioii avec les hale- tants de Vénus, 2$7. Proportion d'acide carbonique contenue dans laie à di vendes altitudes, 1&1 . Propriété acoustique d'une luntainc de l'Institut, 03. Protoxyde d'azote, 125, Puits k gaz combustible, 174. Puits ^laeé de Yermont, lî). n Rails Cti Amérique, 259. Réactif de Ja galène, 335» Récompenses à l'Exposition de Vienne, Hései'voirs de llc-ntsouris, 259. Hevue aérostatique, 5131. Revue agricole, 118, 108, 269. Roi de TOukami (l.e), Ronalds (Krands), 222. Rose (Gustave], 159. Route d'Amérique sur l'Océan, G2. Ruyaiime d'ÀLchin (Le), 502. Rupture du câble de bin^upare par un poifiSOD, 100. Salenica Varispina r 220. Sareuplu^csdaiis le Calvados (Découverte de), 254. Saturne, 00. Sélénîu m [Effets de la lumière sur le), 21 H. Sépulture île lùfrc de pierre, 5Û0. Siii^e-liou ou Mtirikitu^ 111. Singes (Intelligence des), 9a. Sinistre aérien, 351. Société africaine d'Allemagne, 32. Société d'acclimatation de Cincinnati, 239. Société de micruscopie, 3ô4. Société Uamond, 581. Société scientifique de Buenos-Àyces, 63. Suleil elles Colonies françaises 'h' 1 , 350. Solubilité du plomb dans Peau, 38i. Sondage* (vûy. Fond do la nier], 3j, eLc. Spartcrie chez les Arabes, 31. Spnetroscope totalisateur de M. l.ockver, 150: Spuctred aériens, 5;», Spilïberjr, 100, H-,3. Statistique de la poste anglaise, 190. Succédané de la ipiinine, 350- Sucre de betteraves en Allemagne, r>(i(i. Snliute d'aiïiiiLoniaquu [Nouveau procédé de l'abi icatioiij lu. T Taupins lumineux (Les), 537. 'JViiiture et itn pression par l'indigo, 114. Télégraphe d'Australie, 11. Télégraphe du Brésil [Interruption dans la pose du], 239. Télégraphe, du Colorado, 384. Télégraphe Hughes, 415. Télégraphe transatlantique [un miracle de la science), ti5. Télégraphie atmosphérique, 195, 212, 232. Télégraphie électrique on Ànglets ire [ Développements de la], 188. Télescope de Melbourne, 277. - — - de lord Rosse et de hisse], 307 . Télescope Foucault, 371. Télescope d'un million de dollars, 52. Télescope et microscope, 223. Températures extraordinaire;; observées pendant l'expédition de liliiva, 129. Tempêtes, 28b\ Texcoco, 3Gb". Tbéorie nouvelle des aurores polaires, 240. Théorie solaire de M. Zollner, 224. Thermomètre moteur, 581. Titane; des basaltes-, 384. Torpilles offensives, 177. Torpilles prussiennes, 177. Traînée persistante d'un bolide, 287. Transmission du choléra, 271. Traversée de l'Atlantique en ballon, 107, 183, 501. Tremblements de terre sous-marins, 13. de Saint-Pierre, 98, 115. en France, 2U9. au Chili, au Pérou, cle. ,05,120, 200,207, 239, 414, de Valpuraisu, 270, Trombes marines, 191- Tunnelsous la Tamise (Le second], 132. Tuyaux, de plomb pour la conduite des eaux, 415. u LÎLiliLù des oiseaux, Vuclie (Je 200,000 francs, 398. Vnleur d'une pomme do terre (La], 77. Y mit clmuil des déserta du Turkcslun, 223. Vénus (La planète), 3. Yénus [rassage de), 02. Ver à soie (un nouveau), 223. Vers à soie de l'allante et du chêne, 560, 401. Vie dans l'obscurité [l.a),'190. Vignobles en 1873, 222. Vision (l'iiéiiomènes de la), 94. Vitalité des inseclcs aquatiques, 333. Volcan Cotopaxi, 40. Volcans et tremblements do terre, 300. Volcan Jlauna Loa, 53 i. Voyages (voy. Explorations) . w Wagons ambulances, 141. Wagons de chemins de fer américains, 69. ERRATA \ 'ni; 1 11 co .2 1. 13 40. — 2, — 50 ^_ 511, __ 2. — 23 _- 17-4, — 2, — 38 — 2i3, — 1, — 20 — t — v — ï« au liou t\f. Itoralis lise! Polmis. — — Physiologiste lisea Philolo- — — Donataires lisez Doitaleuis. — — Apparition lises Opposition. — — Serravillc lisez Serrat'ulle. — — Oicllo lisez lîicllfi. rape243,C(>U, l.ôl, _ B _ , — no au lieu de Visevune lisez Viyetiano. — — Dumadonata lirez Dumo d'Os- sola. — n — i — — Cogne lisez Coni. — » — 18 et 30, — Ditimniiria lisez Dammara. — i, — ni , — — Sigilluria lisez Siyillaria. — n — 54, — — Stigucaria lisez Stigïftaria. LISTE DES AUTEURS P A K OU RE llï II X B ÉTIOLE tÎEHriLLON [[)*). — Dos champignons comestibles et vénéneux, 181. — Des deux individus exhibés sous les noms d'Uom- nies-Chiens, 585. Hleiizï (H). — Les ponts aux Étals-Unis, 27. — Les wagons îles chemins de fers américains, 09. — Les fondations par l'air comprime, 148, — La métallurgie du fer et de l'acier, procédé Siemens, 184. Boissay (Chaules). — Le chemin de for du Rî^lii, 7. — Le chemin de fer du Mout-Gcms, 104. — Le second tunnel sous la Tamise, 132, — Le phare d'Ar-mcn, 387. liu-n'curs (Ca.), — La télégraphie atmosphérique, 193, 212, 232. Dehéuain (P.-F). — Évaporation de l'eau par les feuilles, 1G3. Delvaillk (D r C). — Le papyrus d'Ébcrs, 135. Flammarion (Cahillë). — La planète Mars, d'après les derniè- res observations astronomiques, 145,; 171. — Les plus grands télescopes du monde, 277, 307, 370. Fdsyieme (WiwniD de). — Les expéditions allemandes et la conquête du jiule Nord, 11. — La météorologie des mois de Mai, Juin, Juillet, 48, 112, 175. — Bulletin de la naviga- tion aérienne, 63. — Un miracle de la science, 05. — Cu- riosités de la météorologie; les miroirs d'air, 138. — Déve- loppement de la télégraphie électrique en Angleterre, 188. — Revue météorologique, 243. — Coste, 295, 320. — Donati, 380. — La météorologie cosmique, 412. Fbmssinet (A). — Chacornac, 358. Gaiuel (D r C. M). — La gamine, 36. Gamugoii (D r F). — Lc » grottes de Menton et la question de l'homme fossile, 109. Giuard (Jules).— Les diatomées, 14. ~- le fond d'un lagon de la mer de Corail, 30. — La vie animale dans les grandes profondeurs de la mer, 35. — Phénomène acoustique de Gebel-Nagus, 123. — La distribution géographique des huiles minérales, 151. — Exploration de la Palestine, 191. — L'exploilalion de la tourbe en Angleterre, SOI. — Les moi- sissures microscopiques, 349. — Emplui de la lumière pola- risée dans les recherches microscopiques, 305. Giiuiin (Maurice). — Les perces-oreilles, 09. — Les criquets , dévastateurs, 231, 239,514. Les taupins lumineuï, 337. Guillehis (Amédi'k). — Bulletins astronomiques : lu ciel aux mois de Juin, Juillet, Août, Septembre, Octobre et .No- vembre, 2, G5, 143, 210, 284, 352. — La planète Jupiter, 357, 360, 409. Guillemis (Eucèm:).— Les cartes du dépôt de 1: guerre, 113, 134. Jolï (D r S). Les arts du dessin en France à l'époque du renne, 83, — Coloration accidentelle des eaux douces ou marines, 281 L.15DIUS iE ; . — L'apus, 189. Utilisation des eaux d'égout à Gennevilliers, 353. Lltout (Charles). — L'itinéraire des grandes épidémies, 288. — De la conservation des vins, 329, Lhëkitilk (L). Durée de l'existence des arbres, 40. — Nou- veaux moulins des cannes à sucre, 44. — L'île Saint-Paul, 90. — Le cap Blane-ftez et le cap Gris-Nez, 135. M.incEL (Gauuiel), — La Kouveile-Culédonie, 215. — I.e dé- nouement de l'histoire du polaris, 298. — L'eucalyptus ylo- bulus, 408. JIaîigoi.lé (Élik). — M F. Maurv, 52, 73. — L'œuvre de Maury, 202, 227. Mexaelt (Ebsjîst}. — Revues agricoles, 118, 198, 2u9. — Lu culture de la hetterave, ses avantages, 34G. Mecsieh (Stanislas). — Académie des sciences, séances heb- domadaires, 142, 139, 115, 191, 207,233, 210,251,271, 303, 318, 351, 384, 599. — Les pierres qui tombent du ciel, 87, 292, 324,539, 403. Niai:dei Buec-cet, — Machine magnéto-électrique île Gramme, 341. Bj.xaiid (L£os). — Le navire décuirassé, 49. — Les torpilles offensives, 177. — Les navires circulaires de l'amiral l'u- poff, 255. — Le. bateau porte-torpilles, 348. SciiXEiuEn (Aimé).— Les monères, 109. Saist-kichïl [P. du). — Les arts disparus, 71. — Machine Schcmiotli, 1-3. — Les wagons ambulances, 140. — Le canon russe de 40 tonnes, 235. — Les bouées de sauvetage à lumière inextinguible, 241. Tissamheb. (Gastos). —L'enseignement supérieur en France, 1 . — Les nouveaux laboratoires du Muséum, 5. — Le mèlre, •17.— L'Observatoire de Paris, 53.— Ombres extraordinai- res, 54. — Une souscription scientifique, 39. — Les instru- ments enregistreurs photographiques, 00. — L'azote atmo- sphérique et la végétation, 70. — L'expédition du Challenger et les sondages océaniques, 97. — Les découvertes du pola- ris, 113. — La teinture et l'impression par l'indigo, lit, — Le percement du Saint-Gothard, 130. — Rupture du cible de Singapore par un poisson, 100. — Traversée de l'Atlan- tique en ballon, 107, 183. — Les tremblements de terre en France, 209. — Pluie météorique, 219. — Le» fonds de la mer, 240. — Les fleuves, 250. — La nitroglycérine et la dynamite, 273. — Bans les nuages, 321. — L'Amou-Daria et la mer d'Aral, 578. — Le port allemand île W'illielms- haven, 411. — La pêche et la pisciculture en Chine, 395. Vigxf.s (E). — Le phylloxéra, 4, 18, 47, 57, —Les plongeons, 119. Zuuoiikh (F). — Les cyclones, 247, 20Ï, 310. 1. (U'} . — Revues médicales, 60, 180. TABLE DES MATIÈHES N. B. Les articles de la Chronique, imprimés dans ce volume en petits caractères, sont indiqués dans notre table en lettres italiques. Astronomie. Bulletins astronomiques poui" les mois de Juin, Juillet, Août, Septembre, Octobre ut Novembre (A. Giilli;- mis] 2, 03, «3, 2io, 285, L'Observatoire de Paris (G. Tishsïdier) L'Observatoire Dudley a Albany !G. Tissandieu). . . . L'opposition de la planète Flore. . . > La planète Mars, d'après les dernières observations astro- nomiques. — Conditions rie son habitabilité (C. Fi.iw- mamon). 145, Les nouvelles comtl.es, ............ 223, Les plus grands télescopes du monde : Télescope de Mel- bourne, de lord Ilosse, de Lassol, dû Foucault !C. Fi.ah- mbiotî) '277, 307, La planète Jupiter (A. Gum.leuix) 357, 560, La chaleur de la lune Le télescope d'un million de dollar* . Influence de la lune sur les éléments magnétiques du globe Le prix de la première lunette employée au passage rie Vénus Préparatifs en lUfssie pour le passage de Vénus , , . Observations de l'opposition tic la planète Gctita. . . Changement de forme et spectre de la comète de MM. Henry Les mers martiales Observation de la comète IV de 1S73. Projet de communication avec les habitants de Vénus. Théorie solaire de M. Zollner Planètes et étoiles doubles l'hy^titiuc. La gamme (I)' C. H. Gariei.) Machine électro-médicale de Rulimkorff Les instruments enregistreurs (G. Tissaïiiiek). .... Phénomène acuusliquo de Gebel riagus (J. Gihauti]. . . Les limants. — Travaux de M. Jamin Le spcclroseope totalisateur do M. N. Lockyer L'induction péripolaire , Machine magnéto-électrique de Gramme (Xiaudet Ure- ucet) Emploi de la lumière polarisée dans les recherches mi- croscopiques (J. GntAim) Pierres musicales , Singulière propriété acoustique d'une fontaine de l'Institut Une nouvelle lumière électrique à Londres Effets de la lumière sur le sélénium Effets de capillarité Le télégraphe Hughes 31)2 33 108 171 271 370 409 32 32 47 02 171 1 74 240 210 271 287 •22 i 330 56 01 (10 123 134 130 210 341 303 10 03 138 218 307 415 < lilmlf. Les nouveaux laboratoires du Muséum (G. Tissaïuieu), L'azote atmosphérique et la végétation (G. Tissanduh). 70 Les migrations de l'acide carbonique et les phénomènes du rochage iOG La teinture et l'impression par l'indigo (G. Tissandieii). 114 Kvaporation de l'eau par les feuilles (P.-P. Dehëuain). 163 La niiro-glycérine et la dynamite (G. Tjssasdier). . . , 273 Carbonisation épigénique du diamant 300 De la conservation des vins (Ou Leïort) 320 l'tilisation des eaux d'égoul à Geimevilliers (E. Lanïuun) . 533 Emploi des tuyaux de plomb pour la conduite des eaux. 415 Nouveau procédé de fabrication du sulfate d'ammo- niaque 10 Le protoxyde d'azote 125 Une nouvelle variété de guano 254 Proportion de l'acide carbonique dans l'air t à diffc~ rentes altitudes 287 Condensation du gaz par le charbon pur. ..... 319 Un réactif de ta galène 335 Succédané de la quinine 330 Conservation des viandes 331 Ammoniaques comj/osés de l'esprit de bois 336 Dérivés du caoutchouc 306 Le titane des basaltes 384 Solubilité du plomb dans l'eau 384 Les couleurs d'aniline à l'Exposition de Vienne. . ■ . 414 Sciences naturelles. Le Phylloxéra (E. Vresrs) 4, 18, 43, 37 Examen microscopique du limon déposé pendant les crues delà Seine (J. Girard). , .... 10 Les diatomées [J. Girard) , . . . . t 14 Le i'oud d'un lagon de la mer de Coriiil (,[. Giraud). . . 50 La vio animale dans les grandes profondeurs delà nier [J, Girard) 35 Les oscillations des côtes cl la plage de Cayeui . . . 34 Durée, de l'existence des arbres (L. Lucritieu) 40 J,es infiniment petits 00 L'oiseau moqueur. 12 L'arum muscivorum. • 10 Les arts du dessin en France, à l'époque du renne ;)>', Joi.t) 83 Les per ce-oreilles (M. Giraud) 99 Les munères (À. Schneider). . . ' " 109 Les plongeons [E.Yigses] 119 Le cap lllanc-Keï et le cap Gris-Nez (1.. 1 héritier). , . 135 Iles champignons comestibles et vénéneux (A. Bertillo^V 181 L'apus 189 Les cacatoès 200 La fécondation de la sauge ... 204 Astncus zaleueus 220 Salenica varispina 220 liyalonema toxeres 225 Les criquets dévastateurs (M. Ghiahd). . 230, 238, 298, 314 Les grottes de Menton et la question de l'homme fossile (D' F.Gariuoou) 169 L'école Anderson aux iles Elisabeth 237 422 TABLE DKS MATIERES. Culoration accidentelle des eaux douces et marines \B' K. Joiï'; Le mégath^rium du Muséum d'histoire naturelle. . . . La flore carbonisée du département de la Loire Les œufs de poulpe Les taupius lumineux [M. GiuAnn). ......... Les n, épissures microscopiques [i. Gin.wuj) ...... Le nid du Républicain.. Les pèches du Challenger. 220, 225, 569, Gnalhophansia gi^iis Les poissuns de Chine exposés au congrès des orienta- listes ;E. S.] La faune des profondeurs du lac Léman. . , L'eucalyptus globulus [G. AIaiil-el] Ije kauri Les arbres bouteilles Chaleur maxima que pcuvc.nl supporter les ]fei^sans. Les fourmis rouges Une nouvelle pieuvre r . . . L'âge du brotjze en Sibéi ic ....... Développement îles fungoides sur les oiseaux vivants. Les chauves-souris de l'époque antédiluvienne cl les chauves-Souris contemporaines Les plus petits des coquillages },es graines de peuplier à l'avis De l'intelligence des singes Lu pieuvre française à Tlrighton Le singe-lion du Jardin d'acclimatation Une foret submergée sous la Tamise Le boa-constricior de Poodoocolah. . Agassiz. aux îles Elisabeth La vie dans l'obscurité , . Un champignon colossal Un nouveau ver à soie . Huée de criquets aux Etats-Unis Pêche de marsouins dans le golfe de Marseille. . . Découverte d'objets de l'âge de pierre La société de microscopic de Victoria Vitalité des insectes aquatiques Reproduction du phylloxéra. , . . 350, Les mouvements des plantes L homme-chien Exhalation des plantes Les orchidées du Muséum Mëtcorologio, — Pbjsiquc du globe. La météorologie des mois de Mai, Juin, Juillet (W. de Fosvieue) Revue météorologique [W- de I'osyielle}. .... - Ombres extraordinaires. — Spectres aériens et auréoles lumineuses (G. Iissa>dieii) Les inslruments enregistreurs photographiques (G. Tis- «ASMEIl/ Les tremblements de terre en Italie, en France, eu Amé- que, etc 05, 08, 116, 126, 200, 21)!), 239, Les pierres qui tombent du ciel [S. Msunieu) 87, 202, 324, 359, L'eipédition du Challenger et les sondages océaniques (G. TissASDiEtt] 97,220, Températures extraordinaires observées pendant l'eipé- dition de Ithiva. . • • » • « Curiosités de la météorologie. —Les miroirs d air (\V. de Fonviëllej , l'luie météorique '(G. TisSAxteEii) Les cyclones [F. ZimcuEii). 247, 2G7, Maury et son œuvre (E. Mahgok£). . . . 52, 73, 203, Les fleuves (G. Tissahuier). ............ Les fonds de la mer [G. Tissaxmeii) Dans les nuages [G. Tissandier] L'Amou-Daria et la mer d'Aral (G. Tissaïdieii) La météorologie cosmique [W. de Fonvielle) Service météorologique aux Etats-Unis Le détiiit de Magellan Ijis élis extraordinaires 281 303 510 31!) 5B7 302 3G!) 37 ..» 582 408 15 13 13 si 17 02 03 03 7X 7 M 93 93 III 123 158 173 190 200 222 270 301 518 531 335 552 331 552 584 414 48 23 00 270 403 225 129 158 219 318 227 250 240 321 378 412 13 32 78 1. a météorite d'Huit 142 Les orages du samedi 20 juillet, à Paris . ...... 159 Le printemps perpétuel 190 Orage du 9 août à Nimes 191 Trombes marines. . 191 Un mirage extraordinaire 200 Lèvent chaud des déserts du Tttrkcstnu 225 Météores aqueux 238 Le climat de la côte de Guinée. .......... 259 Aurore boréale du 5 février « . 2i() Théorie des aurores polaires 210 Souvclle méthode de représentation des observations météorologiques 235 Phénomènes volcaniques dans l'archipel 255 Tempêtes 285 Traînée persistante d'un bolide 287 Congrès des météorologistes à Vienne 518 Le volcan Mauna Loa. 334 Le climat des montagnes 3.»5 Volcans et tremblements de terre 5U0 La Société Ramond 384 Tremblement de terre à Alger 414 Exploration du désert de Libye 414 Observations scientifiques des liasses à Khiua. . . . 415 Géographie. — Yuyngos d'exploration. Les expéditions .allemandes et la conquête du pôle Xord (W. de Fonvii,i.i.e) 11 L'expédition du Polaiis 81-115 Le riéncùmenl de l'histoire du Poluris [G. Marcel). 215 L'ile Saint-Paul (L. Lmémtuh'i 90 Voyage d'exploration en Indu-Chine par J. Gakïieii. , . 132 Les explorations au Spitzberg. . 101, 195 Explorations en Palestine (.1. Cumin) 191 Nouveau voyage dans la Chine centrale 211 ■Nouvelle-Calédonie (G, Maiicel]. 213 La Guinée septentrionale 244 Le royaume d'Atcliin 302 Le voyage du Challenger. . . . 40, 97, 220, 223, 309, 592 La côte du Gabon 520 Les îles des ïavïgateurs. . . • 359 La Société africaine 52 J^'emièrc ascension du Cotopaxi 40 Kxpédilions à la recherche de Livingstone par le Congo 01 Les champs délave du lac Klamalh-Orcgon 02 Sir et ladg Samuel liaker 120 La Perse contemporaine 120 L'expédition allemande du Congo 127 Départ de la Juniatu 138 Hérodote et sir Bahcr 138 Le lue Okeechobee 190 La géographie de l'Afrique centrale. ..... . 200 Exploration dans le Far-West 222 L'expédition de Khiva 280 Exploration du fleuve Bleu. 280 Nouvelles de Livingstone 350 ]£■ soleil elles colonies françaises 531) Texcoco ;|0B Le roi de l'Oukami JUU ' Le Challenger à l'ile Saint-Paul 3 ,J 8 Retour de la Diana o98 Mécanique. — Art de l'Ingénieur. Le chemin de fer du rtighi (Cit. Uoissat) 1 Le télégraphe d'Australie 15 Les ponts aux États-Unis (II. Blekzï] 27 Moulins des cannes à sucre {L. Luïuiiieh) 44 Les wagons de chemins de fer américains (11. Bleuzy). . 09 Marteau-pilou ^> Machine à gaufrer le Velours d'L'U'echl 92 Le chemin de fer du Mont-Cenis (Ga. Boissaï) 10i TABLE DES MAT1KRES. Pompes a incendie à l'eiposition de Vienne 127 Le percement du Saint-Gothard [G. Tissandieh) 150 Le second tunnel sous la Tamise (Ch. Boissavi. .... 132 Les fondations par l'air comprimé (H. Iïi.f.iisï'i 1 48 Rupture du câbie de Singapore par un poisson(G, Tissa 1 *- bifh') 100 La métallurgie du fer et de l'acier [H. Iîi.ekzv). .... 184 Développement de la télégraphie élcclrique en Angle- terre (W. tie Fo^vieij.e). . . , 188 La télégraphie atmosphérique. — Les tuyaux pneumati- ques. — Le matériel et les dépêches. — Lps dérange- ments (Ci[. BosTEsres) 103, 212, 232 Les ports de mers dans les Indes anglaises . 20 i Exploitation de la tourbe en Angleterre (J. Girard). , . 504 Le phare d'Ar-men (Ch. Bot^say), . 587 Barreaux de grille à circulation d'eau 400 Le port allemand de Wilhelnishaven 411 Isthme de Panama . , 1S Les voies ferrées (le V Asie centrale, .,.,,.. 47 Le plut grand pont du monde 47 Utilisation de la. force des marées 02 Le Grand Central asiatique 78 Le canal de l'isthme Darien 111 Les apports du .Mi et te canalde Suez. 127 Curieuse utilisation de la chaleur solaire 158 Hails en Amérique , 250 Les réservoirs de Monfsauris 250 Une nauvcllemine de corindon, . 518 Une grue, colossale 354 Une locomotive routière, ■ 306 Thermomètre moteur. 384 Mrtlecjnc et Physiologie. Revues médicales D T Z O'i-180 Machine électro-médicale (il Phénomènes de la -vision. 9i Le choléra . ■ 200-220 La mortalité en France 21 i L'ilinéraire des grandes épidémies :Cu. Letout). . , . 288 Des deux individus exhibés sous le nom d'IIommes- Clnens (IV .!. Beutillon) 385 Le poison lies J'ahonins. . 15 Les maladies régnantes D' Z. 04 L'agoraphobie 04 Le carbonate de lilhine dans la goutte et la grarellc. 04 Corps étrangers dans le conduit auditif G4 Le. chloroforme en chemin de fur. 222 Le pouls 271 Le pouls redoublé , $ 50-3 Action de la chaleur sur le virus charbonneux. . „ 5113 I s goitre et le suif aie. de chaux 505 Le phénate d'ammoniaque contre lu pustule maligne. 520 Affection parasitaire des meutes du Poitou Muscles rouges et muscles blancs 507 La médecine pneumatique 385 Pèse-bébés ; 414 Agriculture, Le phylloxéra (E. Yigiîes) 4, 18, 13, 57 Revues agricoles, Concouis de moissonneuses [E. Hk- na.ilt). . . , 118, 108, 200 Réédites dérobées. — Concours hippique. ■ — Fermes écoles. — Écoles debergers. , 198 La question des subsistances 200 Machine Scheinioth (P. dp. Saint-Michel). .,,... 125 La culture de la betterave (E. M^ault) . * 540 Les vers à soie à l'Exposilinn du congrès des orienln- listes 300 Le ver à soie de l'ailaiile 500 Les nuages artificiels 503 Le ver à *oie du chêne 401 La culture du dattier 120 Association pour protéger tes nids d'oiseaux. . . . 111 Les vignobles en 1875. 222 La ladrerie bovine 224 Le sulfure de carbone contre le phylloxéra 224 Apparition du phylloxéra aux environs, de Cognac. 255 Observation sur le phylloxéra ailé 287 ïjcs animaux tdiles , 301 Nouvelles études sur le phylloxéra 319, 550, 352 Le sucre de betteraves en Allemagne. 50S Une vache de 200,000 francs 5BS Art militaire — Clarine. Le navire décuirnssé (L. Renard) 49 Le Barussia, frégate cuirassée allemande 7!) les cartes du dépôt de la guerre. — Carte derétal-major, — Carte du nivellement général de la France (E. Gujli.eïiï) 115-134 les wagons ambulances (P. uk ÇAiNT-lIicnn.]. .... 140 Les torpilles offensives [L. Rexar») » . . , 177 Dimensions comparées des navires à vapeur 102 Le canon russe de 40 tonnes à l'Expoaitun de Vienne (P. te Siisi-îirciiEi.) 255 Bouées de sauvetage k lumière inextinguible (P. de Saiït- Miciiei.) 241 Les navires circulaires de l'.imiral Popoft (L. 11e>abd). . 253 Le bateau porte-torpilles [L. Ri maru). 518 La navigation à vapeur en Angleterre , . 47 Bouée de- sauvetage lumineuse. 77 Les torpilles prussiennes , 142 il f^ron antique. Ombres extraordinaires. (G. Tissamuer) 54 Trnvcriée de l'Atlantique on ballon (G. Tissandieh]. 107, 183 254, 501 Dans les nuages [G, Tissantjieh) 321 Les aérostats militaires en Prusse 18 Un acronaule français en ilussie 31 Hulléliii de la navigation aérienne 03 Direction naturelle des aérostats , 77 L'escapade du ballon captif de. Vienne 111 Les ballons militaires français 126 Une ascension aérostatique à Berlin 127 Ascensions aéroslatiques . , . 142 Horrible naufrage aérien i-d) Ascension du roi de Siam 174 Revue aérostatique 501 Ascension du ballon le Jean-Bart 318 Sinistre aérien 551 Ascension du. ballon le Nassau 583 Deuxième échec du ballon transatlantique 583 Notices ncerologîfiues. — Histoire de la science I.iebig 24 M. F. Maury (E. NAnoomS) 52, 73 Eugène Flachat. 87 l.û papyrus d'Éhers (D r Delvmlle) 155 La découverte de l'Amérique par les Scandinaves. . . 187 Aérolithes et tremblements de terre, d'après Lycnsthènes. 207 L'œuvre de Maury (Z. Matiuolcé). . 203, 227 L'école Andersen aux îles Elisabeth 257 Christophe llansteen 207 Sélaton 2t *9 C.sle 205,327 Chacornac (Fraissixet) 338 Donati 380 Macquurn Ptankine, j . , 304 Gustave Rose. , , 10 " Francis Honulds 2ï2 Un monument à la mémoire de IJebig 2«ti Mort de Mac Clure 30S 421 TABLE DES MATIÈRES. Sociétés savantes. —Associations scientifiques. Expositions universelles. Académie des sciences. — Comptes rendus des séantes hebdomadares (S. Mbosier). 142, 159, 175,191, 207, 223 240, 254, 271, 287, 303, 319, 335, 351, 384, 3B9 L'Association française pour l'avancement des sciences. _ Congrès de Lyon 1873 155, 234, 262 L'Association britannique 323, 315, 364 Académie des sciences naturelles à Philadelphie. . 31 Société scientifique de Buénos-Ayrcs 02 L'établissement scientifique de !inilington-llo:ise. . . 02 Logement gratuit des professeurs à l'Exposition de Vienne 127 L'Exposition russe à Vienne, , . . 158 Société d'acclimatation de Cincinnati. 239 Exposition uiiiicrseUc du Madrid 2 )9 Les diamants de l'Exposition devienne 254 Les membres correspondants du V Association brilan- nifjuc t> "- j Les récompenses à l' Exposition de Vienne . ..... 502 Congre» des météorologistes à Vienne 51 S L'Association française >>oi Variétés, — Généralités. L'enseignement supérieur en France (G. Ti BSAxnuui) . Le mètre [G. Tissamdieu) L'Observatoire de Paris (G. Tissasimer) Une souscription scientifique (G, ïissandiek). . . . Un miracle de lu science (\V. jie Fok vielle). . . . Les arts disparus [l'. de Saint-Michel) Le dolmen de Caranda La pèche et la pisciculture en Chine (G. Tissanuieu). Vue grande croisade scientifique L'industrie des mines en Ilussie La route d'Amérique sur l'Océan La presse scientifique en Norvège Nouvelle charrue mitrailleuse Les examens scientifiques cil Chine La valeur d'une pomme de terre L'accroissement de la population de Londres . . Le docteur C.arpcnlcr à l'Académie des sciences, 1 17 53 50 65 71 520 305 46 47 62 02 02 62 77 93 127 Expériences pour l'arrosage des rues de Londres . . Les assurances de l'usine Krupp Découverte d'une carrière de pierres lithographiques. Un puits à gaz combustible Découverte de Troie * Prix d'un million de francs Les défenses fossiles de mammouths livrées au com- merce Fétidité do Veau de la Chjde -, . . . Statistique de la poste anglaise A propos de la cherté du charbon La houille en Amérique l'enseignement en Allemagne, .......... Découverte de sarcophages dans le Calvados Concours de groseilles en Angleterre La pechc aux harengs l-tC fer en Amérique Une baleine prise, dans un câble Une découverte archéologique . Les mines d'or de l'Alaska Sépulture de l 'âge de pienc Les chemins de fers européens ■ Les diamants du Cap Les lustres de l'Assemblée nationale, Le télégraphe du Colorado Or de la Colombie anglaise Kjbliogruphle. Traité des dérives de la bouille, par MM Ch, Giuarc et ue Laike Manuel du microscope dans ses applications au diagno- stic et à la médecine, par Mil. Mathias Huval et Léom LeLF.HOCLLET. . . La France industrielle, par I',um. Foiiui Vin des animaux, par liiiEUX Leçons d'Iiv^LÙne, par le l) r * Kiast . Télescope et microscope, par MM. Zoiiceif.r et Margoli. L'eau, par 51, G, Tissanjiteh. Traité de la conservation des vins, parM P.tsri:cii. La marine cuirassée, par Dislêhi; ISouveau traité dt> chimie industrielle, par Yasser. Une synthèse physique, par Duhamd, Le ciel géologique, par S. Meunier 159 159 174 171 174 189 100 190 100 222 222 253 234 234 302 318 534 353 350 550 566 351 383 384 414 16 80 91 200 225 225 250 520 500 309 415 415 FIN DUS TAH1.KS, FAII19. — Mil'. 1IMOV HAÇON ET COUP., RUE I) ' r S V r n I H ,